Images de page
PDF
ePub

marquable eft un Gymnasfe complet, avec des bains, dont la dispofition, l'étendue & toutes les dépendances font coformes aux régles de Vitruve. Histoire de l'Accadémie & des Belles - Lettres, t. 1 P. 396.

[ocr errors]

Ces témoignages d'une grande & ancienne ville, fe trouverent confirmés par les inscriptions que l'on déterra, & par celles qui avoient déja été découvertes aux environs. Elles font presque toutes d'une espèce de marbre rouge veiné, dont la carriere fubfifte encore à Vieux. Dans ces inscriptions, & fur-tout dans celle qui fut transportée de Vieux à Thorigny, du tems de François I. il eft parlé de la ville des Viducasfiens, Civitas Viducasfium, que l'on trouve ausfi nommée dans Ptolomée, & dont Pline fait mention dans le dénombrement des peuples de la feconde Lyonnoife, Parrhifu, Trecasfes, Andegavi, Viducasfes, Vadicasfes, ou plutôt Vadiocasjes, fuivant

d'anciens manuscrits.

Cette inscription, qui fut transportée au château de Thorigny, fe trouve dans les mêlanges d'antiquités de M. Spon, à qui elle avoit été communiquée. C'eft une bafe de marbre de cinq pieds de haut, fur deux de large, dont les trois faces font écrites. La premiere, qui manque dans M. Spon, apprend que cette bafe foutenoit la ftatue d'un P. Sennius Solemnis, originaire de la ville des Viducasfiens, à qui les trois provinces des Gaules avoient, d'un commun confentement, déféré cet honneur dans fa ville, où l'on avoit asfigné pour cela un certain espace fous le Confulat d'Annius Pius & de Proculus, qui tombe en l'an de Rome 902, qui eft celui où l'empereur Maximien fut tué à Aquilée.

TRES PROV. GALL.

PRIMO V. MONUM. IN SUA CIVITATE POSUERUNT LOCUM ORDO CIVITATIS VIDUC. LIBENTER DED. P. XVIIII. AN. PIO ET PROCULO COS.

[blocks in formation]

VIDUGASSES, peuples de la Gaule lyonnoife, felon quelques exemplaires de pline, l. 4, c. 18. Le pere Hardouin a corrigé cet endroit. Voyez VADICASSII.

VIDULA, nom d'un fleuve de la Gaule, felon Floard, cité par Ortelius qui remarque que le traducteur rend VIDULA par Vefle. Vefle ou Véle eft en effet le nom moderne de cette riviére, que Papire Masfon, de flum. Gal. p. 70. appelle en latin VIDULA, ou VELA. Voyez VEsle.

VIERDUS. Voyez VIERUEDRUM.

[ocr errors]

1. VIE, petite riviére de Françe dans la haute Normandie au diocèfe de Lifieux. Elle a fes fources au pays d'Auge, environ deux lieues au-deffous de Gaffey; & après avoir arrofé les bourgs de Vimontier de Montgommery, de Livarot & autres, elle entre dans la Dive à une ou deux lieues au-deffous de fainte Barbe en Aug.* Corn. Dict. fur des mémoires manufcrits.

2. VIE, riviére de France, dans le bas Poitou. Elle naît au-deffus de Poire fur la roche, & prenant d'abord fon cours du côté de l'occident elle arrofe Afpremont & S. Maixant fur Vie: de-là tournant vers le midi, elle aide à former l'ifle de Rié,& va enfin fe perdre dans la mer par une affez large embouchure, où elle donne le nom à deux différens lieux; fçavoir la croix de Vie à la droite, & S. Gilles fur Vie à la gauche. * Jaillot, Atlas.

VIECHTELBERC. On donne ce nom àl'une des montagnes qui environnent la Bohême du côté du couchant. Cette montagne eft remarquable en ce que quatre belles riviéres y ont leur fource; fçavoir l'Egra, le Meyn, le Nab & la Sala. * Corn. Di&t.

1. VIEIL, ou S. MARTIN DU VIEIL BÉL'EME, bourg de France dans le Perche au diocèfe de Seez, élection de Mortagne. Ce bourg eft fort peuplé, &

En voici une qui eft écrite fur une bafe carrée, & on voit un prieuré dépendant de l'abbaye de Martaillée en forme d'autel.

DEO MARTI
C. VICTORIUS

FELIX PRO SE ET
JUNIO FILIO SUO
ET MATERNE VIC-

TORIS CONJUGIS MEA V. S. L. M. DIALE. ET BASSO COS. IDIBUS MARTIS.

Sur laquelle on a remarqué que le mot MEE a fans doute été mis au lieu de SUA, pour éviter l'équivoque; & que DIALIS, le premier des deux Confuls nommés dans l'inscription, ne fe trouve point dans les fastes qui nous restent, où l'on voit des Confuls du nom de BASSUS fous Néron, fous Sévere, fous Valérien, fous Gallien, & fous le Grand-Constantin. Dialis fut apparemment un de ces Confuls fubstitués, qui font presque toujours omis dans les fastes.

On a trouvé à Vieux un grand nombre de médailles antiques du haut & du bas Empire, depuis les premiers Céfars jufqu'aux enfans du Grand Conftantin, d'où il eft naturel de conclure que cette ville des Viducaffiens n'a été entierement détruite ou abandonnée que dans le quatrieme fiecle, dans quelque révolution dont l'hiftoire a négligé le détail.

La plus rare de ces médailles eft grecque. Le jeune Diaduménien y eft reprefenté en bufte avec cette infcription, M. ONEA AIAAOYMENIANOK. On voit au revers le philofophe Héraclite avec cette légende

ΗΡΑΚΛΕΙΤΟΚ ΕΦΕΚΙΩΝ.

Toutes les médailles de Diaduménien font rares; & les grecques encore plus que les latines, le revers de celle-ci eft unique. Il refteroit à fçavoir fi c'eft par l'Océan, des bords duquel la ville des Viducaffiens étoit fi proche, ou fi c'eft à travers l'efpace immenfe des terres que les peuples de cette contrée entretenoient commerce avec les grecs. Peut-être que la cu

moutier.

2. VIEIL; (le) château de France dans le Bourbonnois, élection de S. Amand; il y a tout auprès un bourg auquel ce château donne fon nom.

VIEIL-CHATEL, châtellenie de France dans la Bourgogne, au diocèfe d'Autun, recette de Semur avec un village de même nom. La riviere de ferain y a un pont. C'eft un pays froid, maigre, plein de rochers & de broffailles. Les chanoines du chapitre d'Avallon font collateurs de la cure, & il y a une chapelle à laquelle nomment les habitans: elle ne rapporte par an que foixate & quatorze livres. Le fief du blond dépend de Vieil-Châtel.

VIELLAR, bourg de France dans l'Armagnac diocèfe d'Auch, élection d'Armagnac.

VIEILLE, village de Fance dans la haute Normandie. Ce village qui eft confidérable, fe trouve feulement féparé de la ville de Beaumont-le-Roger, par un pont de pierre qui eft fur la Rille. Sa paroiffe qui porte le titre de Notre-Dame, eft proche d'une chapelle dédiée à S. Martin. On voit fort fouvent fur les prairies de cette paroiffe une quantité furprenante de toiles qu'on y fait blanchir tout le long d'un gros ruiffeau, qui prend fa fource du côté du Beaumesnil, & qui entre dans la Rille un peu au-deffous de Beaumont. * Corn. Dict. Mémoires dreffez fur les lieux en 1701.

eit

VIEILLE-BRIOUDE, Vetus Brivas; ville de France, dans l'Auvergne, fur la riviére d'Allier, au voifinage de Brioude. Il y a dans cette ville un pont de pierre d'une feule arche, & qu'on croit avoir été conftruit par ordre de Céfar. Ce monument digne des Romains. On voit à Vieille-Brioude un prieuré fous le titre de S. Vincent, & une maifon de chanoines réguliers. Le prieuré eft à la nomination de l'abbé de Pébrac. Au refte cette petite ville eft du Dauphiné d'Auvergne & du reffort du bailliage de Montpenfier. * Piganiol, Defer. de la France, t, 6, p. 336.

VIELITSKA, village de Pologne dans le palati

nar

nat de Cracovie furune montagne. Il donne fon nom à une faline au-deffus de laquelle il eft bâti, & qui fournit abondamment du fel de roche, qu'on taille comme des colonnes de pierre ou de marbre, & qu'on tire comme d'une carrieré. Cette montagne contient deux ou trois lieues de pays: plus de quatré cens ouvriers ont leurs habitations dans fa concavité, d'où l'on ne fort & où l'on ne defcend que par une machine fufpendue à un gros cable, attaché à une grue au-deffus de l'ouverture de cet abime. * Mémoires du Chevalier de Beaujeu, 1. 2, c. 1. VIEILLIBACH, ou plutôt WIETLISPACH. Voyez

WIETLISPACH.

VIELLA, BIELLA ou VIELE, bourg, dans le comté de Comminges & dans la valée d'Aran, dont il est le chef lieu, fur le bord de la Garonne. *Jaillot, Atlas.

VIELLE, ou VIELE, ville de France, dans la Gafcogne, au Turfan, fur le bord de la riviére de Bas. Cette ville eft fort petite. * De l'Ifle, Atlas. VIELMUR, ville de France dans le haut Languedoc, voyez Villemur 2.

VIENNA, ville de la Gaule Narbonnoife fur le Rhône, & la capitale des Allobroges, felon Strabon, 7. 4. Il en eft parlé dans Céfar, Bel Gal. 1.7, c. 9. Pomponius Mela, l. 2, c. 5. la met au nombre des villes les plus opulentes, & Pline, l. 3, c. 4, lui donne le titre de colonie. Elle eft marquée dans Ptolomée, Z. 2, c. 10, comme la feule ville des Allobroges; mais c'eft que ce Géographe s'eft contenté de donner le nom de la capitale de ce peuple. Elle étoit encore opulente du tems d'Aufone qui en parle ainfi, in Arelat.

Accolit Alpinis opulenta Vienna colonis.

Les belles-lettres étoient cultivées à Vienne, & on s'y faifoit un plaifir de lire les vers des poëtes de Rome. Nous en avons une preuve dans ces vers de Martial, /. 7, epigr. 88, de fuis libris, qui fe félicite de ce que fes ouvrages font lus à Vienne des grands & des

petits:

Fertur habere meos, fi vera eft fama, libellos
Inter delicias pulchra Vienna fuas.
'Me legit omnis ibi fenior,juvenisque,puerque,
Et coram tetrico cafta puella viro.
Hocego maluerim quàm fi mea carmina cantent,
Qui Nilum ex ipfo protinus ore bibunt.
Quàm meus Hifpano fi me Tagus impleat auro,

Pafcat & Hybla meas, pafcat Hymettos apes. Dans le moyen âge, la ville de Vienne ne fut pas moins célebre, puifqu'elle devint la métropole d'une province des Gaules, à laquelle elle donna fon nom. Séneque, in ludo mortis Claudii Imp. dit qu elle eft à feize milles de Lyon. Dans le tréfor de Goltzius on trouve une médaille de Néron avec ces mots : VIENNA LEG. VII. CLAUDIANA Voyez VIENNE.

N.3.

1. VIENNE, (la) Vigenna riviére de France. Elle prend fa fource aux confins du bas Limoufin & de la Marche, quelques lieues au-deffus de Tarnac, paffe à S. Léonard, au ried de la ville de Limoges à S. Junien, en traverfant le Limoufin du levant au couchant. Elle n'eft point navigable dans l'étendue de cette province, & n'eft pas même propre à être rendue telle, à caufe de la quantité de rochers qui fe trouve dans fon lit. Elle perd une partie de fes eaux à Aixe, bourg fitué à trois lieues au-deffous de Limoges, où elles entrent dans un gouffre qui eft au milieu de fon lit, comme celles du Rhin au-deffus de Bingh. La Vienne defcend du Limoufin dans le Poitou, & traverse une grande partie de cette derniere Province, fans y apporter aucun avantage, ne commençantà être ravigable qu'à deux ou trois lieues audeffus de Châtelleraud. Elle reçoit la Creufe à quatre lieues au-deffous de cette ville, & fe jette dans la Loire à Cande, en Touraine. * Piganiol; Defcr. de la France, t. 5, p. 349.

2. VIENNE, en Allemand WIEN, riviére d'Allemagne dans la baffe Autriche, au quartier du bas Viennerwald. Elle prend fa fource aux confins du Tome VI.

quartier du haut Viennerwald, au midi oriental de Maurbach; & prenant fon cours en ferpentant vers le nord oriental, elle mouille divers petits lieux; & étant entrée dans un des fauxbourgs de la ville de Vienne à la droite, elle ferpente par fa plaine & autour des murailles, jufqu'à fon embouchure dans le Danube. Cette petite riviére donne fon nom à la ville de Vien ne.* Jaillot, Atlas.

3. VIENNE Vienna, ville de France dans le Dauphiné, fur le bord du Rhône, où elle avoit ci-de vant un beau pont de pierre oriental bâti en 1265, eft entiérement ruiné. Cette ville fituée à cinq lieues au midi & au-deffous de Lyon, à la chute de la riviére de l'Ifere dans le Rhône, eft fort ancienne, puifqu'elle étoit la capitale des Allobroges, qui s'étendoient de puis le lac Léman, le long du Rhône, jufqu'au conAuent de ce Aeuve & de l'Ifere; de forte que ces peuples avoient trois villes principales, Vienne, Ge nève & Cularon, qui a depuis été nommée Grenoble. Ils étoient très-puiffans, & capables de faire la guerrė aux Romains , comme l'affure Cicéron dans la troifieme Catilinaire, où il dit male pacatis. Les Romains leur avoient confervé la liberté ; & durant la guerre de Catilina, ils avoient envoyé asfurer le Sénat de leur fidélité. Mais ils prirenr les armes contre la république, pour profiter des troubles excités dans Rome; de forre qu'Horace parlant de ce peuple,dit: rebufque novis Infidelis Allobrox.

Ils furent punis de leur infidélité ; car Pontinus les ayant vaincus l'en 693, les Romains, pour mieux affurer leur conquête, établirent une colonie à Vienne, enfuite une autre à Genève, & une troificme à Cularon.* Longuerue, Defcr. de la France,

part. 1, p. 319.

Vienne fut fous l'Empire romain, une des plus puisfantes de la Gaule Tranfalpine. Elle ne céda point à Narbonne, qui étoit une bien plus ancienne colonie. C'eft pourquoi Eufèbe de Céfarée, dans fon histoire eccléfiastique, dit que les plus illuftres métropoles des Gaules, étoient Lyon & Vienne.

Les Rois Bourguignons s'en étant emparés, y établirent leur réfidence dans le cinquiéme fiécle.

Bofon qui fe fit proclamer Roi de Provence en 879 la fit fa capitale, & les autres Rois fes fuccesfeurs en uferent de la même maniere, jufqu'à Rodolphe le Lache.Sous ce Prince & fous l'Empereur Conrad le Salique, fon héritier, les Archevêques de Vienne eurent un très-grand pouvoir dans la ville & dans le pays voifin. Rodolphe ayant fait une donation du Comté de Vienne à l'Archevêque Burcard & à fon Eglife en 1023, ce qui n'empêcha pas Renaud, Comte de Bourgogne, de s'emparer de Vienne, que l'Empereur Henri le Noir lui laisfa en faifant la paix avec lui en 1044. Renaud eut pour fucceffeur fon fils Guillaume aux comtés de Bourgogne & de Vienne, & il jouit en cette ville des droits de régale, qui appartenoient à l'Empire. Guillaume laiffa le Comté de Vienne à fes fils Renaud & Etienne. Celui-ci allant à la Terre-Sainte, engagea le Comté à fon frere Guy, Archevêque de Vienne qui l'acquit pour fon Eglife. Etienne étant mort dans cette expédition, l'an 1102, l'Archevêque demeura en poffeffion du Comté.C'eft ce Prélat, qui, l'an 1119, fut élu Pape, & prit le nom de Calixte II. L'Empereur Conrad, de la maifon de Suabe, appuyale droit des Archevêques de Vienne, & accorda à fes Prélats la garde de la ville, & tous les droits de régale, ce qui fut confirmé par Fréderic Barberouffe en 1153.

Les Ducs de Zeringen avoient prétendu que tout le royaume de Bourgogne leur appartenoit, en ver tu du don que les Empereurs Henri IV. & V. & Lo thaire leur avoient fait. Conrad de Zeringen avoit pris le nom de Roi: Berthold, fon fils, s'étoit contenté de porter celui de Duc. L'empereur Frédéric, feigneur fouverain de ce royaume, le retira en 1167 de Berthold, à qui il ne laiffa que peu de villes.

Cet empereur avoit donné à perpétuité, dès l'an 1157, la dignité d'Archichancelier du royaume de

X

Bourgogne & d'Arles aux archevêques de Vienne. Il reftoit encore des héritiers defcendans par mâles des comtes de Vienne & de Macon. Celui qui paroiffoit avoir le meilleur droit étoit Hugues de Vienne, Seigneur de Pagny, qui vendit en 1255 à l'archevêque Jean de Burnins, tout ce qui lui pouvoit appartenir dans la ville & dans le Comté de Vienne.

On ne voit point que les comtes de Vienne ni leurs defcendans, qui portoient le nom de Vienne, ayent été vaffaux des Archevêques ; mais il eft certain que les Dauphins de Viennois ou Comtes d'Albon, l'ont toujours été, & ont fait foi & hommage de leur Comté ou Dauphiné aux Archevêques de Vienne. André de Bourgogne, Dauphin & prince du fang de France, fit hommage à l'Archevêque Humbert & enfuite à Burno en 1123; André prenoit alors le nom de Guigues. Son fils, nommé auffiGuigues, rendit le même devoir en 1243, à l'Archevêque Jean de Bernins. Ses fuccesfeurs ont rendu le même devoir aux Archevêques, quoique les Dauphins ayent tâché de fecouer le joug, ce qui a excité à diverfes fois de grands différens.

Humbert, dernier Dauphin de la maifon de la Tour-du-Pin, fe fir céder la feigneurie & la hautejuftice de la ville par le chapitre de l'églife métropolitaine, ce que l'archevêque Bertrand de la Chapeile fit casfer en 1339, par le pape Benoit XII, qui rendit fon jugement à Avignon, au mois de Décembre de la fixième année de fon Pontificat.

Humbert ayant tranfporté fes états à Charles, petit-fils du roi de France, ce grand prince ne fe difpenfa pas de rendre les mêmes devoirs que les Dauphins fes prédeceffeurs à l'archevêque & à l'églife de Vienne. Les archevêques n'étoient pas Seigneurs abfolus de la ville de Vienne, dont les habitans ne vouloient reconnoître d'autres fouverains que l'empereur feul. Ils avoient de grands priviléges qu'ils ne purent conferver contre un fi puiffant prince que le roi de France. L'empereur charles IV, oncle maternel du roi charles V, fils de fa fæeur Bonne de Luxembourg, donna le vicariat impérial, dans le royaume d'Arles, au Dauphin Charles, fils aine du roi, qui n'étoit alors âgé que de dix ans, & on lui donna pour Lieutenant-General, Charles de Boville, qui commandoit en chef dans la province. Le roi voulut étendre fur toutes les villes & les lieux enclavés dans le pays, le pouvoir de fon fils, en qualité de Vicaire Géneral de l'empire. Cet officier entra en armes dans Vienne, l'an 1378, le jour de Noël : il y exerça de grandes violences, pour obliger les eccléfiaftiques & le corps de ville de fe foumettre à l'autorité du Dauphin, vicaire de l'Empire il interdit les juges & les magiftrats ordinaires: il fit abattre les armes de l'archevêque au-deffus des portes, y fit mettre celles de l'empe reur, & du Dauphin fon vicaire. Les magiftrats & Le peuple refuferent quelque tems de fe foumettre ; mais par le confeil du pape Clément VII. Ils prêterent ferment de fidélité au roi de France Charles VI, qui fit fon entrée folemnelle dans Vienne en 1385. Lorfque l'empereur Sigifmond paffa par Vienne, les Viennois voulurent encore le reconnoître pour leur fouverain; mais ils reconnurent quelque tems après, Te Dauphin Charles, fils de Charles VI, qui alla en Dauphiné; enfin ces différens fe terminerent entiérement en 1448. Le Dauphin Louis, fils de Charles VII, gagna le chapitre de faint Maurice & le peuple de Vienne, qui fe déclarerent pour lui; de forte que l'archevêque Jean de Poitiers fut contraint de reconnoître le Dauphin pour fon fouverain, de lui faire hommage pour tout fon temporel, & de lui céder tout droit de fupériorité & de reffort. A l'égard de la justice ordinaire, il fe fit un pariage entre le Dauphin & l'Archevêque.

Trois ans après, le même Dauphin Louis établit dans la ville de Vienne le fiége du bailliage du Viennois, qui avoit été auparavant à Bourgouin. Depuis ce tems, l'autorité temporelle de l'archevêque a toujours diminué, & la ville même eft beaucoup déchue de fon ancienne fplendeur.

La fituation de Vienne n'eft point belle. Cette

ville eft haute & baffe, & refferrée par des montagnes. L'enceinte des murailles eft de quatre mille fept cens quatre-vingt toifes, & le circuit eft d'environ une lieue & demie. Ses portes principales font, celles de Lyon, nommée Montconfeil; celles du pont du Rhône, d'Avignon, de Pipet & de faint Martin. Les rues font étroites & mal percées. La Métropole eft une fort belle églife; c'eft un ouvrage gothique. Le parvis qui eft au-devant eft une plate-forme, fur laquelle on monte par vingt-huit degrés. Il y en a trois autres fur cette plate-forme pour monter dans l'Eglife. Le frontifpice eft affez beau: il eft chargé d'une infinité de figures taillées dans la pierre, qui eft percée à jour en plufieurs endroits. I eft auffi orné de plufieurs niches, où il y a quelques figures de grandeur naturelle. Deux hautes tours, qui fervent de clocher, font élevées chacune fur quatre pilliers. Le vaiffeau eft grand & élevé : il est bien percé, fa longueur eft de cent quatre pas fur trente-neuf de large. La voûte eft foutenue fur quarante-huit colonnes, dont vingt-quatre font enga gées dans le vif du bâtiment. Elle eft environnée de hautes galeries. Le chœur eft un peu plus élevé que la nef. A côté du grand - autel on remarque le tombeau de François Dauphin, fils du Roi François I. fous. une lampe de bronze, avec une infcription. L'églife eft pavée de grandes pierres, & la voûte eft azuréé & chargée d'étoiles dorées. Ses couleurs font paffées.

le

L'archevêché de Vienne eft fort ancien. Ce qu'il y a de conftant; c'eft que du tems d'Eufebe, Lyon & Vienne étoient les deux plus illuftres Métropoles des Gaules. Son églife fut d'abord dédiée fous le nom des Maccabées, & au commencement du huitieme fiécle fous celui de S. Maurice. Son archevêque prend aujourd'hui le titre de grand Primat des Gaules, & a pour fuffragans les évêques de Valence de Die, de Grenoble, de Viviers, de S. Jean de Maurienne & de Geneve. Il y a trente-fept ou trente-huit évêques de ce fiége qui font reconnus pour faints. Cette Eglife étoit autrefois fort riche; mais les guerres & les malheurs des tems ont fi confidérablement diminué fon revenu, qu'en 1385, les Commiffaires du pape, après avoir vu & examiné ce qui lui reftoit, réduifirent fes Eccléfiaftiques à cent, au lieu de trois cens dont elle étoit auparavant compofée. Cet archevêché ne vaut aujourd'hui qu'environ vingt-deux mille livres de rente. Le chapitre eft compofé de vingt chanoines en y comprenant le doyen, le précenteur, le chantre, le capifcol, facriftain, les quatre archidiacres & le chancelier. L'archevêque confére les offices de facriftain, de chancelier, les quatre archidiacres, & deux petites chapelles. Le doyen confére la dignité de capifcol, la cure de l'églife, & dix-huit places de Clercs. Le Capifcol pourvoit à celle des clergeons. C'est par ces places de clercs & de clergeons qu'on peut entrer dans ce chapitre, & qu'on eft capable d'en pofféder les bénéfices, nul de dehors n'y pouvant être admis. Tous les écléfiaftiques de cette Eglife font incorporés, & ne font point amovibles que pour crime ou pour défobéiffance. Le chapitre confére toutes les autres dignités, canonicats & offices. Les Dauphins fe faifoient honneur d'être reçus chanoines de la Métropolitaine de Vienne, & y fiégeoient en cette qualité lorfqu'ils venoient dans cette ville. Le chapitre proteftoit dans ces occafions, que la féance qu'on leur accordoit ne préjudicieroit point à la qualité de feudataires de cette Eglife, comme comtes d'Albon. Les dauphins rendoient cet hom mage tous les ans, la veille de S. Maurice, ou en perfonne, ou par quelqu'un de leurs officiers, & of froient un cierge jaune du poids de douze livres. Cette cérémonie fe pratique encore aujourd'hui. Le juge de Vienne préfente ce cierge au nom du Roi, & protefte que ce n'est que par dévotion. Le chapitre répond par la bouche de celui qui reçoit le cierge que c'est par hommage.

Outre le chapitre de l'églife Métropolitaine, il y en a encore trois autres à Vienne; celui de S. Pierre, celui de S. André le bas, & celui de S. Sévere. Le chapitre de S. Pierre étoit autrefois une Abbaye

de benedictins qui fut fécularifée en 1612. Il eft compofé d'un abbé & de vingt-quatre chanoines, qui font obligés de faire preuve de nobleffe de trois quartiers du côté paternel, & d'autant du côté maternel. L'abbé feul à la jurisdiction & correction, qui, en fon abfence appartiennent au chapitre. Il doit être prêtre, & porte le camail & le rochet par tout où il va en habit d'églife; & il a la croix pectorale dans fes cloîtres. Il officie dans fon églife avec la mitre & la croffe ; & il a la collation de toutes les dignités, & de tous les offices du chapitre, avec lequel il confére alternativement les canonicats. Il a, outre cela, la collation de fix prieurés, & d'un prieuré de filles, qui eft à Sainte Colombe-lez-Vienne. Le chapitre de S. André eft compofé de religieux de S. Benoît non réformés, & l'Abbé eft commendataire, & confére tous les offices clauftraux; & les places monacales, S. Sévere eft le troifieme chapitre de Vienne. Ses revenus font très-modiques, & il n'eft compofé que de quatre chanoines & du curé. Les canonicats ne fe réfignent point. Lorfqu'ils vaquent, le chapitre les remplit. C'eft dans cette églife que fe rendent les archevêques de Vienne, lorfqu'ils veulent prendre poffeffion de leur archevêché. Le chapitre de la cathédrale s'y rend auffi, & reçoit fur le grand Autel le ferment que fait l'archevêque, de maintenir & obferver tout ce qui eft contenu dans les tranfac tions paffées entre le chapitre & les précedens archevêques. Après ce ferment, on l'habille pontificalement, & on le conduit en proceffion à la Métropolitaine, où il eft inftalé. Il y a dans le diocèfe deux autres chapitres, qui étoient autrefois des monaftéres de bénédictins, & dont le titre Abbatial eft uni à l'archevêché. Le premier eft le chapitre de SaintChef, à fept lieues de Vienne. Il fut fondé vers le milieu du fixieme fiécle, & fécularifé fous le regne de François I, en 1535, par le pape Paul I I I. Pour pouvoir obtenir un de ces canonicats, il faut être habitué dans cette Eglife; & pour être reçu habitué, il faut faire preuve de nobleffe de quatre quartiers du côté paternel, & d'autant du côté maternel. L'archevêque de Vienne confére, en qualité d'abbé, tous les canonicats; mais il ne peut les donner qu'à des habitués. Le théologal & le capifcol ne font pas obligés d'être gentilshommes. L'abbé jouit de douze mille livres de revenu, & le doyen de quatre mille livres. Le chapitre de S. Bernard de Romans étoit auffi un monaftére de Bénedictins, fondé dans le huitieme fiécle par S. Bernard, archevêque de Vienne. Il y a plus de deux cens ans qu'il eft fécularifé.

S. André le haut de Vienne abbaye de filles, ordre de S. Benoit, reconnoît S. Léonien pour fon fondateur. Il y a eu autrefois cent religieufes; mais il fut détruit par les Vandales. Ermengarde, femme du roi Raoul, obtint de ce prince, qu'il feroit rétablir ce monaftere. Aujourd'hui on n'y reçoit que des filles nobles, fans pourtant les obliger à faire des preuves.

Il y a à Vienne plufieurs autres églifes & couvens. On remarque le fauxbourg de Sainte Colombe, qui eft au-delà du Rhône; il eft fauxbourg de la ville, & cependant du Lyonnois. On y voit une affez haute tour qui commande au pönt. L'archevêché eft une maifon affez commode. A côté de ce palais, eft la Salle des Clémentines, ainfi nommée des conftitutions qu'on y fit pendant la tenue du concile général, auquel le pape Clément V préfida, M. de Moléon dit que cette falle aujourd'hui fert à ferrer le foin d'une auberge. L'abbaye de S. Pierre eft ancienne; elle eft environnée de folides murailles. La voûte de la nef n'eft que lambriffée celle du cœur eft peinte & foutenue par deux colonnes fort élevées. On n'en terre dans cette églife que lés archevêques de Vienne, & on voit ici de même, que dans les autres églifes de Vienne, & ailleurs dans la ville, une quantité furprenante d'infcriptions antiques. Chorier a re cueilli celles qui avoient été découvertes jufqu'à lui, & celles qui l'ont été depuis, fe trouvent dans le voyage littéraire de deux religieux bénedictins, & dans le voyage liturgique de Mr. de Moléon.

Le quinziéme concile général fut affemblé à Vien

nè en 1311 par ordre de Clément V, l'ordre des Tem pliers y fut aboli.

Il y a à Vienne une fabrique d'ancres, tant pour les galéres, que pour les vaiffeaux du roi, & une manufacture pour mouliner & dévider les foies. Des ouvriers allemands avoient donné lieu à l'établiffement d'une fabrique de fer blanc à Vienne; mais elle ne fubfifte plus, quoiqu'elle méritât beaucoup d'attention. Il fe fait auffi dans cette ville un commerce de vins.

Le bailliage de Viennois comprend les bailliages particuliers de Vienne, de Grenoble, de Saint Marcellin, & la jurisdiction royale des Romans. Le’ bailli eft d'épée, & la justice fe rend par un vicebailli, ou lieutenant-géneral.

Les dehors de Vienne le long du Rhône font agréables, & forment un beau coup d'œil. A quatre ou cinq pas de la ville, hors de la porte d'Avignon, on trouve une pyramide antique, qu'on appelle l'Eguille. Elle eft fur une voûte carrée, foutenue par quatre pilliers, & qui a vingt ou vingt-quatre pieds de haut. La pyramide eft à peu près de la même hauteur, & le tout eft de pierres fort dures & grandes, fans aucun ciment. Il n'y a aucune infcription; ce qui fait qu'on ne peut pas affurer pour quel ufage ce monument a été érigé. Il y a néanmoins apparence que c'eft le tombeau de quelque Romain. Au 48?! degré 14 minutes de latitude, & au 34: 32 de longitude.

4. VIENNE, ville d'Allemagne, la capitale de l'Autriche, à la droite du Danube dans l'endroit où la petite riviére de Vienne, qni lui donne fon nom fe jette dans le Danube. Cette ville fituée à fix milles des frontiéres de Hongrie, & à dix à l'oueft de Presbourg eft ancienne, & a été connue autrefois fous les noms d'Ala Flaviana, Caftra Flaviana, Flavianum, Julisbona, Vindobona & Vindum. Elle peut en quelque façon être regardée aujourd'hui comme la capitale de l'Allemagne; les empereurs depuis plufieurs fiécles y ayant établi leur réfidence ordinai re. La ville de Vienne environnée de murailles, de bastions, de foffés, de contrefcarpes, n'a pas l'agré ment de ces villes, dont les avenues charment par la variété des jardins, des maifons de plaifance & des autres ornemens extérieurs, qui font les fruits de l'entiére fécurité que porte la paix avec foi. Vienne cependant à des fauxbourgs d'autant plus agréables, qu'ils font rebâtis tout à neuf; le dernier fiège n'ayant fait que des mafures de tout ce qu'ils pouvoient avoir de beau. On peut dire qu'il n'y a qu'un fauxbourg du côté du midi, tout ce qu'on a rebâti autour de la ville, d'une rive du Danube à l'autre, à la droite de ce fleuve, n'étant qu'une fuite d'édifices qui ne pou roit faire qu'un même fauxbourg, entre lequel & la ville, il y a une grande efplanade néceffaire dans toutes les villes de guerre, pour voir les approches de l'ennemi, & pour pouvoir l'écarter. Les murail les de la place font en affez bon état ; mais les foffés & les contrefcarpes paroiffent manquer d'entretien & quelques endroits même des murailles manquent de parapets.

Il y a un autre fauxbourg au feptentrion de la ville dont il eft féparé par un bras du Danube, & an autre bras de ce fleuve en fait une ifle. Sijamais quelque ennemi fe logeoit dans ce fauxbourg, il pourroit étrangement incommoder la ville, à laquelle il fait face dans toute fa longueur; outre que le bras du Danube qui coule entre deux, eft très-petit. Ce fauxbourg n'a aucunes fortifications. On a projetté plufieurs fois de le fortifier, & on a même quelquefois commencé à mettre la main à l'œuvre, comme on en voit quelques marques; mais on s'est toujours arrêté.

[ocr errors]

Si on fait abftraction des fauxbourgs, on trouvera que la ville de Vienne n'eft pas grande ; & on n'y voit point de grandes rues. La rue qui aboutit à la Cour n'eft ni plus grande, ni plus large que les' autres. Il y a quelques places, & celle du marché neuf eft la plus belle, à caufe des bâtimens nouveaux, ou renouvellés qui l'environnent: On voit plufieurs palais affez beaux; entr'autres celui du

, pour

Prince de Leichtenftein, qui eft bâti fut un deffein jour & une belle ouverture à tout le bâtiment. Le affez grand & magnifique; mais il eft eftropié d'un fameux pere Poggi Jéfuite, également bon peintre côté, étant borné par une autre maifon que le Prin- & bon architecte, a peint tout le grand berceau, ou ce n'a jamais pu acheter, & qui appartient aux com la voûte du milieu, de même que plufieurs autels, qui tes de Staremberg. Sans cette contiguité, le palais de font admirer l'adreffe de fon pinceau. Ce qu'il y a de Leichtenstein feroit libre, & feroit face de tout cô- particulier dans la peinture de cette voûte, c'eft tés fur la rue. Mais il lui manqueroit encore un jar- que, regardée d'un certain endroit de l'églife, elle din; tout l'espace dont il peut difpofer étant un pe- repréfente fi naturellement une coupe, ou Cuppola, tit entre deux, qui empêche qu'il ne touche la mu- felon le langage des Italiens, qu'on la croiroit réelle, raille de la ville. Le prince Eugéne a auffi fait bâtir effective & exauffée fur la voûte. L'églife du premier un Palais, où malgré la petiteffe du terrein, on ne ou du grand collége des mêmes religieux n'a rien de laiffe pas de voir regner le bon goût de ceux qui en 'remarquable que la richeffe & la propreté des autels ont donné le deffein Les généraux Caprara & Rabu- qui, pour la plûpart ont été bâtis par des Seigneurs tin en ont de même fait bâtir chacun un. Il y a enco- particuliers. Au devant de la porte de cette église re à Vienne d'autres palais, & diverfes belles mai- & fur une place affez grande, il y a une colonne fons qui font voir la richeffe & la magnificence de de bronze qui foutient une figure de la fainte Viercette cour. Ce qu'il y a d'étonnant, c'eft que dans ge, de même métal avec le ferpent à fes pieds, en une capitale qui peut être dite fort bien bâtie, & où figne de fon immaculée conception. Sur le piedestal l'on voit une grande quantité de Palais & de belles qui porte la calonne, il y a quatre anges auffi de maisons, la cour ou le palais eft fort peu de chofe. bronze, en attitude de combattans contre quatre Le bâtiment qui devroit être le plus magnifique & monftres, figures apparemment du péché le plus riche de tous, ne répond nullement à la gran- montrer que la fainte Vierge en a été délivrée. Mais deur du maitre qui l'habite. Le vieille cour ett pi- ces ftatues font fi peu proportionnées, qu'on prendroit toyable. Les murailles y font auffi épaiffes que celles prefque les anges même pour des monitres, vu leur des plus forts remparts: les efcaliers y font pauvres groffeur démefurée. On fait dans certains jours de & fans ornemens, les appartemens bas & étroits, l'année des dévotions publiques au pied de cette coavec les platfonds couverts de toiles peintes les lonne, & l'on bâtit une efpéce de tente de bois, où planchers d'ais de fapin tels qu'ils font chez les moin- l'empereur & la famille impériale, qui affiftent à ces dres bourgeois Enfin le tout auffi fimple que s'il exercices de piété, fe placent hors de la foule. Cette avoit été bâti pour des moines. Ajoutez à cela que colonne, à ce que quelques uns croyent, fut dreffée pour tout jardin, il n'y a qu'un petit enclos fous les à l'honneur de la fainte Vierge, en action de graces fenêtres de l'appartement de l'impératrice, où l'on de la délivrance d'une pefte. plante quelques fleurs, & où l'on tient un peu de verdure. Il faut pourtant convenir que les nouveaux appartemens attachez à ce vieux palais, font d'une apparence un peu meilleure, & qu'au moins ils préfentent un affez long afpect de fenêtres; mais les fenêtres ni les portes n'ont rien que la pure ouverture dans les murailles, fans aucun de ces ornemens qui les accompagnent, dans les palais modernes, & dans les cloitres un peu magnifiques, où une des fenêtres feroit fouvent honte à toute la façade de la cour de Vienne. On a travaillé depuis quelques années à un théâtre un peu apparent pour les comédies & pour les opéra, à des fales pour une bibliothèque & à un lieu pour le manege des chevaux. La chapelle de la cour de Vienne eft une feule voûte d'environ cent pieds de long, où la cour peut à peine fe remuer dans certaines cérémonies qu'on a coutume d'y faire. Il est vrai qu'il y a près de la cour une églife qu'on appelle Aulique, & qui eft deffervie par des Auguftins déchauffés. La cour s'y rend par une longue galerie qui unit cette églife au palais, & on y celebre les plus importantes cérémonies. Mais cette églife n'eft pas de la Cour; & c'eft par hazard qu'elle fert à cet ufage, parce qu'elle eft voifine. On voit à Vienne quelques églifes qui peuvent paffer pour belles; mais elles ne font pas en grand nombre. Le dôme, ou l'églife Métropolitaine, eit d'une architecture gothique, ornée en dehors & en dedans de ces colifichets ou ornemens arabesques de pierre, qui étoient fi fort du goût du vieux tems. Il y a une tour encore plus godronnée que l'églife, & dont la fléche jufqu'à la pointe eft toute de pierres déchiquetées. Elle a une hauteur confidérable; & dans le dernier fiége, Soliman convint d'épargner ce clocher, & de ne le point battre avec fon artillerie. Il y a de l'autre côté de l'églife une autre tour ou clocher commencé; mais il n'eft élevé quejusqu'à la hauteur des murailles de l'Eglife. On dit qu'il fut entrepris en même-tems, ou peu de tems après l'autre ; mais que l'architecte de la premiere tour, pour ôter à fon rival le moyen de partager avec lui la gloire de cet édifice, le tua en le faifant culbuter du haut d'une fenêtre en bas.

La nouvelle église du fecond college des Jéfuites, car ils en ont trois à Vienne, eft d'un deffein hardi & magnifique. Outre fa grandeur qui eft confidérable, toute la voûte du milieu appuye fur des colonnes torfes, qui partagent les chapelles en nombre égal de l'un & de l'autre côté, & donnent un grand

On voit un autre monument de la piété de la maifon impériale, pour une femblable occafion. C'est la pyramide dreffée en l'honneur de la fainte Trinité, dans la place du marché-neuf. Cette pyramide eft de marbre blanc furmontée d'un grouppe de nuées, fur lequel font les trois perfonnes de la fainte Trinité, en figures de bronze doré. La ftatue de l'empereur Léopold, en posture de fuppliant, à genoux, & les yeux tournés contre les perfonnes facrées, eft au pied de la pyramide. Sur les trois faces de ce monument, qui eft triangulaire, on lit des infcriprions latines qui témoignent, au nom de l'empereur, fa reconnoiffance & fes actions de graces, pour la délivrance de la pefte en 1579. Ces infcriptions furent compofées par l'empereur Léopold lui-même. La pyramide & fon piedestal font environnés d'une balustrade de même marbre.

Les dominicains, les auguftins, les bénédictins, & les cordeliers ont des églifes dans la ville; mais elles n'ont rien de remarquable. Celle des auguftins déchauffés cependant eft appellé Aulique, & fert pour les fonctions de plus grand éclat, quand la cour veuty affifter. Le cloître des récollets y eft en fi grande vénération, que pour ne point chagriner ces religieux, & pour ne leur point caufer la moindre peine, il eft défendu de la part du fouverain aux propriétaires des maifons qui leur font oppofées, de hauffer leurs bâtimens, ni d'ouvrir des fenêtres qui les regardent. C'eft tout le contraire de ce qui fe pratique ailleurs, où les religieux ayant des couvens voifins des maifons des féculiers, fe privent. euxmêmes de la vue. Les capucins, contre l'ufage ordinaire de leur ordre, font dans la ville; & c'est dans leur églife, qui à quelques ornemens près, eft femblable aux autres de leur inftitut, qu'eft la chapelle où l'on enterre les princes de la maison impériale.

Il ya dans Vienne une univerfité fondée en 1365 par Alber III, archiduc d'Autriche, & dont les chaires font en grande partie occupées par les peres jéfuites. Le refte eft occupé par des profeffeurs féculiers. L'édifice oùfont les écoles eft fi mal conftruit, qu'on est étonné que tant d'empereurs qui ont aimé les lettres, n'aient point fait conftruire un plus beau théâtre pour les mufes. Enrécompenfe il y a une bibliothèque publique,qui eft d'un grand ufage pour les pauvres gens qui veulent étudier. Elle a été fondée, fuivant l'infcription qui eft fur la porte, par un certain Vindag, qui ayant commence & continué fes études par le fecours de quelques bienfaiteurs, arriva au bonner de docteur ;

« PrécédentContinuer »