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delbourg, qui s'étoit accrue, & étoit devenue fort riche, par la décadence du négoce de Ziric-zée, dont les sables avoient comblé le port; cependant celleci est encore fort marchande; elle est asfez jolie & bien peuplée: les fortifications, qui la défendent, font bonnes, & le débit du fel & du poisson y est fort confidérable: fon église principale a été dédiée autrefois à faint Livin. Albert de Baviére y fonda, en 1378, un chapitre de vingt-quatre chanoines: il y avoit, avant la révolution arrivée dans la religion du pays, fix belles maisons religieuses.

Le favant Pierre Peckius, docteur en droit dans l'université de Louvain, puis conseiller au parlement de Malines, étoit né à Ziric-zée. Il mourut en 1589, laisfant Pierre Peckius, son fils, héritier de son nom, de sa science & de ses biens...

ZİRIDAVA, ville de la Dace, selon Ptolomée, 1.3, c.8. Le nom moderne est Scaresten, si nous en croyons Lazius, 12. Keip. Romana.

ZIRINIA. Voyez ZEIRINIA.

ZIRKEES, village des Indes, dans la province de Guzurare, à une lieue & demie de la ville d'Amadabar. Ce village est célebre, par un beau sépulchre qu'on y voit, & qui est l'ouvrage d'un roi de Guzurate, qui le fit bâtir en mémoire d'un Kafi, qui avoit été fon précepteur, & que plusieurs prétendus miracles, faits après sa mort, ont rendu fameux. Tout le bâtiment, dans lequel on compte jusqu'à quatre cent quarante colomnes, de la hauteur de trente pieds, eft de marbre, ausfi-bien que le pavé, & fert de tombeau à trois autres rois, qui ont voulu y être enterrés avec leurs familles. A l'entrée de ce fuperbe tombeau, est une grande citerne pleine d'eau, & fermée d'une muraille, qui est percée de tous côtés de plusieurs fenêtres. Les Mahométans de ces quartiers-là y vont faire des pélerinages. C'est dans le village de Zirkées, que se fait le meilleur indigo du pays. A une lieue de-là, il y a un grand jardin, accompagné d'une belle maison , que le grand-mogol Chou-Chimauw fit faire, en mémoire de la victoire qu'il remporta, dans ce lieu-là, fur le sultan Mahomet Begeran, dernier roi de Guzurate, & après laquelle il unit ce royaume à ses autres'états. * Mandesto, Voyage de Perse aux Ind. orient.p.83, édit. 1727.

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ZIRMA, fleuve d'Afie vers l'Hyrcanie: car Agathias, 1.4, fub finem, le place aux environs des monts Carduchi.

ZIRONA, Isle du golfe de Venise, sur la côte de la Dalmatie, & de la dépendance du comté de Traw. Cette isle, qui n'est pas grande, est placée, par le pere Coronelli, entre les isles de Bua, de Solta, Olynta & de Pianca; au Midi occidental de la premiere; à l'Occident feptentrional de la feconde, & à l'Orient de la troifiéme. * Carte de la Dalmatie.

ZIS. Voyez Zız.

ZISPERHAUS, Zapolia, ville de la Haute-Hongrie, au comté de Scépuze. * Hist. & Defcr. de la Hongrie, 1.3, édit. 1688.

ZITÆ, peuples, dont il est parlé dans l'histoire Miscellanée, 1. 22, qui paroît les placer au voisinage de la Bulgarie.

ZITHA, ville de la Mésopotamie: Ptolomée, L. 5, c. 18, la compte parmi les villes situées au bord de l'Euphrate, & la place entre Banabe & Bathautha. Elle est appellée Sitha, par Zofime, 1.3, с. 15.

ZITHIUM. Voyez ZOITHIUM.
ZITHUNIUM. Voyez ZETUNIUM.

ZITRACHA, ZITRACH ou ZITRACHAN. Voyez

ALBANIE, NO. 1.

ZITTAU, Zittavia, ville d'Allemagne, au marquifat de la Haute-Luface, sur la Neiff, à quatre lieues au-dessus de Gorlitz, fur la frontiere de Bohême. Wenceslas, roi de Bohéme, la fit aggrandir en 1253, & la fit entourer de murailles en 1255. Elle est renommée pour sa bonne bierre. * D' Audifret, géogr. t. 3.

ZITURON, lieu de la Perse. Il en est parlé dans l'histoire Miscellanée, 418, qui le met au voisinage

de Crésiphonte. Elle est nommée Siafur, dans Cédrène.

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1. ZIZ ou ZIS , montagnes d'Afrique, dans la Barbarie au royaume de Fez. C'est une chaîne de quinze montagnes froides & rudes, qui prennent leur nom de la riviere de Ziz, qui en fort, & bordent la province de Fez, du côté du mont Atlas. Elles commencent, vers le Couchant, à la province de Tedla, dans le royaume de Maroc, où la montagne de Dédès le sépare de celui de Fez, & elles s'étendent jusqu'aux confins de Mezetalça. La province de Sugulmesse les borne au Midi; au Nord elles ont les plaines d'Ecdescen & de Gureygure: de forte qu'elles peuvent avoir trente-cinq lieues du Levant au Couchant, fur quatorze de largeur. Elles font peuplées de Zénégues si endurcis au froid, que parmi tant de neiges & de glaces, ils ne s'habillent pas plus chaudement que les autres Bérébéres, excepté qu'ils portent des bottines de cuir, & s'entortillent les jambes de haillons, lacés avec des cordes; mais ils vont tête nue, toute l'année. Ils font grands voleurs, & ont toujours guerre avec les Arabes, dont ils vont enlever la nuit les troupeaux dans la plaine; aussi celui que les Arabes rencontrent, paye pour tous, & est bien-tôt mis en piéces. Leurs montagnes font toutes couvertes d'herbes; mais il y a peu de bois. On y trouve une si grande quantité de couleuvres, qu'elles vont par les maifons, comme les chiens & les chats: elles s'approchent lorsqu'on mange, afin qu'on leur jette quelque chose, & ne font aucun mal, à moins qu'on ne les attaque. Il y a plusieurs villages, dont les maifons font faites de bois ou de cloisons, enduites de terre & de plâtre, & couvertes de pailles; mais les plus riches ont des cabannes de nates de jonc. Ils nourrissent quantité de menu bétail, & trafiquent à Fez & à Sugulmesse, où ils portent de la laine & du beurre, & menent des anes & des mules; mais ils ne vont point à la derniere de ces villes, que les Arabes ne se soient retirés dans les déserts, parce qu'ils leur feroient un mauvais parti; & quelquefois ceux-ci envoyent devant leurs tentes & leurs troupeaux, & attendent les Zénégues au passage, pour se venger de leurs larcins. Ceux-ci font robustes, & fi brutaux, qu'ils ne demandent ni ne donnent la vie dans le combat. Ils lancent des dards, dont ils font aussi assurés que s'ils tiroient avec des arbaletes. Ils font autant d'effet, & ils ont, outre cela, quelques arquebuses. Ils font plus de trente mille combattans, tous gens de pied, & battent toujours les Arabes dans les montagnes, comme ils en sont battus dans la plaine, parce qu'ils n'ont point de cavalerie; mais le commerce les oblige quelquefois à faire trève. Toutes les caravannes, qui passent dans ces montagnes, leur paye tribut, pour chaque charge de chameau, & tout ce qui passe sans passe-port est détroussé. Il y a deux de leurs montagnes qui ont des mines d'argent; savoir, celle d'Aden & d'Arucanez; mais ces mines leur apportent peu de profit. On y voit encore les ruines d'une ville, appellée Calaat-Aben-Tavyla, & dont les murs font de bois, lié avec du plâtre. Il y demeure quelques pauvres gens. * Marmol, Afrique, t. 2, 1.4, с. 119.

2. ZIZ ou ZIS, riviere d'Afrique, dans la Barbarie, & qui fépare en partie le royaume de Fez de celui de Trémécen. Elle a sa source dans les montagnes des Zénégues; &, après avoir passé par la ville de Garciluyn, & par les états de Quinena, de Matagara & de Reteb, elle va mouiller Sugulmesse, & de-là, elle se rend dans les déserts, où elle se convertit en un lac. Dapper. Afriq. p. 204, dit que la riviere de Ziz fort d'une montagne de l'Atlas, qui porte le même nom, & que prenant son cours entre des montagnes, elle arrose les pays dont il vient d'être parlé, passe près du fort de Suahila, & va se jetter dans un lac, entouré de tous côtés de sablons.

3. ZIZ ou Zez, riviere d'Afrique, dans la Barbarie, au royaume d'Alger. Elle traverse la province de Trémécen, du Midi au Nord, en ferpentant, & va se jetter dans la Mer Méditerranée, près de

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de Larissa, les habitans du pays.

izara, par

ZIZERS, en latin, Ciceronium, bourg des Grifons, dans la ligue de la Caddée, & dans la communauté des quatre Villages, à la droite du Rhin. C'est un gros bourg, dans la paroisse duquel il y a un bon bain d'eau minérale, qui charrie des paillettes d'argent & de cuivre, du vitriol, de l'alun, & autres minéraux. Il passe pour être propre à la guérifon de divers maux. On l'appelle Frewis-bad. On voit, dans Zizers, un beau palais, nouvellement bâti, qui appartient à Mrs. de Salis; & dans l'église, il y a quelques-uns de leurs tombeaux en marbre. * Délices de la Suisse, t. 4, P. 47.

ZIZERUS, riviere & port de l'Inde, selon la plupart des exemplaires imprimés, de Pline, 1.6, c. 23, où on lit: Secuta atas propiorem curfum tutioremque indicavit, fi ab eodem Promontorio Zizerum amnem, Portum Indiæ peteret; mais Pintaut & le pere Hardouin ont jugé, fur la foi des anciens manuscrits, qu'il falloit lire Zigerum Portum Indiæ, & retrancher absolument amnem, qui ne se trouve point dans les manuscrits qu'ils ont consultés. Le pere Hardouin même veut qu'on lite Zigerum, au lieu de Zizerum; & Pintaut conjecture que ce port Zizerus est le même que Pline, un peu plus bas, appelle Muziris primum emporium India, & qui est nommé Muziris & Modiris, dans Ptolomée, 1.7 & 8. Le nom moderne du port Muziris, est Caul, felon Molet; Anor, felon Ramufio ; & Calecut, selon le pere Hardouin.

ZIZEUM, lieu situé aux confins de la Colchide. Il devoit être au voisinage de la ville Theodorias : car Agathias, 1.5, ineunte, dit que le préfet Théodore, dans son expédition contre les Zanni, campa entre Theodorias & Zizeum.

ZIZIERE. Corneille, qui cite Davity, dit: ville 'd'Assyrie, fur le bord du Tigre. Quelques-uns la prennent pour Zigire de Ptolomée.

La ville, dont parle Ptolomée, s'appelle Zigira, & ne fauroit être celle de Davity, puisque celle-là étoit à une grande distance du Tigre.

ZMIRNA, ville de la premiere Mæfie. C'est la notice des dignités de l'empire qui en fait mention.

:

ZMYRNÆI. Voyez SMYRNA.

ZNAIM OU ZNOYM, ville de Bohême, au marquisat de Moravie, sur la Teya, vers les frontieres de l'Autriche. Cette ville est située à sept lieues communes, d'Allemagne, de Brinn, & à dix lieues de Vienne. L'empereur Sigismond y mourut, en 1437, & les Suédois la rrirent en 1645. * Jaillot, Atlas.

ZOA. Voyez ZOES.

1. ZOAN. Vovez TANIS.

2. ZOAN ou ZOVAN, bourg d'Italie, dans l'état de Venife, au Bresfan, près de la source de l'Oglio, felon Corneille & Maty. Ce bourg, que je ne trouve point dans la carte de Jaillot, quelque détaillée qu'elle foit, pourroit conferver quelques traces nom des anciens Suanetes peuples de la

du

Rhétie.

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ZOANA, ville de la Petite Arménie. L'Itinéraire d'Antonin la marque sur la route d'Arabissus à Satala, entre Tonofa & Gundusa, à vingt-cinq milles du premier de ces lieux, & à vingt-trois milles du second.

1. ZOAR, nom d'un lieu, selon Suidas, qui ne le désigne pas plus particulièrement.

2. ZOAR. Voyez ZOARA. 1. ZOARA ou ZOAR, ville de la Palestine. C'est la même que Segor ou Bala. Voyez SEGOR. Etienne le géographe fait de Zoara une bourgade de la Palestine; & la notice des dignités de l'empire, place Zoara fur le lac Asphaltide; ce qui fait voir que cette ville a subsisté longtems. Egefipe, 1.4, c. 18, nomme cette ville, Zoaras, & la comprend dans l'Arabie. Il y a apparence que c'est la même ville que Ptolomée, 1.5, c. 17, appelle Zoara, & qu'il place dans l'Arabic-Pétrée. Cette ville étoit, dans le septiéme fiécle, un fiége épiscopal de la troifiéme Palestine, ou premiere Arabique, dans le patriarchat de Jérusalem. * Commainville, Table des Evêchés.

2. ZOARA, felon Dapper, Afrique, p. 200, & ZAORAS, felon Marmol, Afrique, t. 2, l. 6, c. 42. Ville d'Afrique, dans la Barbarie, & de la dépendance de la province de Tripoli. Cette petite ville, fituée sur la côte, est mise, par Marmol, à dix-fept lieues de l'isle de Gelves, du côté de l'Orient; & par Dapper, à treize milles de cette isle. Quoi qu'il en foit, Zoara est fermée de méchantes murailles, & habitée par de pauvres gens, qui font de la chaux & du plâtre, qu'ils portent vendre à Tripoli, ou qui s'adonnent à la pêche, & vont en course avec les vaisseaux Turcs. Cette ville a été fondée par les Africains, & étoit autrefois très-peuplée, à cause d'un port, où l'on abordoit de tous côtés pour le commerce. Ptolomée lui donne quarante-un dégrés quinze minutes de longitude, & trente-un dégrés trente minutes de latitude. Il la nomme Pofidone. Elle fut ruinée, la premiere fois, par Occuba, avec Tripoli, & elle a été encore ruinée plusieurs fois depuis. Bosfat, dans son histoire de l'ordre de Saint Jean de Jérusalem, 1.1, rapporte qu'en 1552, quelques habitans de Zoara, étant esclaves à Malte, promirent de conduire les Chrétiens fürement, jusqu'à leur ville, fi on vouloit leur rendre la liberté. Elle leur fut accordée; & on choifit le prieur de Capouë, qui partit avec seize vaisseaux, & environ trois cens chevaliers. Ils descendirent à terre, le 14 d'Août, & attaquerent la place avec tant de promptitude, que les habitans, surpris, ne furent point en état de résister. Le gouvernement de Tripoli charge Zoara de tant d'impôts, que les habitans de cette ville font fort misérables. Le bled y y eft fi cher, qu'on estime un homme riche, quand il peut en avoir deux ou trois muids de provifion. Leur ville n'est plus même aujourd'hui qu'un méchant village.

ZOARAS. Voyez ZOARA.

ZOBBEN, CZESEBEN, ZEBEN ou CEBEN, ville de la Haute-Hongrie, sur la riviere de Tarza, au comté de Scepuse. Elle fut prise sur les mécontens, en 1684.

ZOBELITZ, ville d'Allemagne, dans la HauteLuface, felon Corneille, qui ne cite point son garant. Jaillot, qui écrit ZEBELITZ, en fait seulement un village, sur la riviere de Schops, entre Prybus & Baudisfen.

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ZOBITES. Eusébe, dans sa préparation évangélique, donne ce furnom à Elihu, fils de Barachel, qui est appellé, dans le livre de Job, c. 32, v. 2 & 6, Buzites, de Buz, licu de sa naissance. Cet Elihu eft cet homme, qui, voyant que les amis de Job n'avoient plus rien à lui répondre, se mit en colére contre eux, les accusa d'imprudence, & se vanta de fon bon sens & de sa sagesse.

ZOCATORA ou ZOCOTORA, Isle, située à l'entrée de la Mer Rouge, sous le treiziéme dégré quarante minutes de latitude septentrionale. Elle a le royaume de Caresen au Nord, & le royaume d'Adel au Midi occidental. Cette isle peut avoir vingt lieues de long, fur neuf de large. Il y a partout de fort bonnes rades, & des bayes propres à retirer les vaisseaux. Elle n'est connue des Européens, que depuis 1506. L'air, quoique très-chaud, y est fort fain, parce qu'il y regne ordinairement un vent de Nord. La terre y est haute, montagneuse, séche & stérile, excepté quelques vallons, où l'on nourrit des bestiaux. L'encens & l'aloës, qui y viennnent, passent pour les meilleurs du monde. On y trouve du vermillon; & la Mer jette souvent de l'ambre fur ses côtes.

Cette isle dépend du roi de l'Arabie-Heureuse, qui la fait gouverner par un Sultan, lequel fait sa réfidence dans un bourg, appellé Tamary, & couvert d'un fort, éloigné de la Mer d'une portée de canon, & accompagné d'une redoute. Sur le fort, il y a quatre piéces de canon.

Cette isle est la Dioscuria, Dioscorida ou Dioscoridis Infula des anciens. On tient qu'Alexandrele-Grand la conquit à son retour des Indes, & qu'il la peupla de Grecs, pour qu'ils eussent soin de cultiver la plante dont se tire l'aloës. Nous savons qu'elle fut découverte par Fernand Bereyra, capitaine Portugais. Thomas Rhoe, ambassadeur d'Angleterre, auprès du Mogol, dit, dans ses mémoires, en parlant de l'isle de Zocatora, qu'elle est habitée par quatre nations différentes; par des Arabes, qui y pasferent dans le tems que la conquête en fut faite par les ancêtres du Sultan, qui y regnoit, lorsque cet ambassadeur dressoit ses mémoires. Ceux-là baisent la main au Sultan, lorsqu'ils se présentent devant lui. La seconde forte d'habitans, est un peuple traité en esclave, & qui baise les pieds au même Sultan, & travaille continuellement à son service, & à préparer fon aloës. Les Bedouins, qui sont la troifiéme forte d'habitans, sont plus anciens dans le pays que les autres. Le roi de Zocatora a eu, avec eux, de longues guerres. Ils vivent dans les montagnes en grand nombre ; & on les y laisse aujourd'hui en paix, à condition qu'ils éleveront leurs enfans dans la religion de Mahomet, ce que toutefois ils ne font pas. On croit que ce font les anciens Chrétiens Jacobites. La quatrième sorte de ces Infulaires, est un peuple fort grossier & miférable, qui n'a point de demeure arrêtée, qui couche le plus souvent dans les bois, tout nud, tout défiguré, portant de longs cheveux, & n'ayant aucune communication avec les autres. Ils ne vivent que de racines, & la moindre chose leur fait peur; de forte que leur vie est peu différente de celle des bêtes brutes. Il y a grande apparence que ces sauvages sont les habitans originaires de l'isle de Zocatora. Saint François Xavier obferva qu'ils portoient tous des petites croix; qu'ils faifoient leurs prières en Hebreu, & qu'ils avoient beaucoup d'autres pratiques du Christianisme, dont ils ne pouvoient rendre au

:

cun compte.

ZOCHAZA. Voyez MENZOCHAZA.

ZODIAQUE, grand cercle, que les astronomes & les géographes conçoivent, biaisant en forme d'écharpe, entre les deux poles du Monde, coupé à angles obliques de 23 dégrés & demi, par l'équateur, au commencement des fignes du Belier & de la Balance, & auquel on donne une largeur de fix à huit dégrés de chaque côté de l'écliptique, pour compofer une largeur de douze à seize dégrés; de forte que l'on peut dire que le Soleil est toujours sous le milieu du Zodiaque. La premiere section du Zodiaque, faite par l'équateur, au commencement du figne du Belier, se nomme Section Vernale; parce que c'est lorsque le Soleil est dans ce point, que le Printems commence. La seconde section, où est le commencement de la Balance, s'appelle Section Automnale; parce que c'est quand le Soleil se trouve dans ce point, que commence l'Automne.

Ce cercle eft appellé Zodiaque, du mot Grec Zodion, qui fignifie Animal, & lui a été donné, à cause des douze signes qu'il contient, qui nous font presque tous représentés sous le nom & sous la figure de quelque animal. Les noms, qu'il a plu aux anciens de donner à ces douze signes, font: le Belier, le Taureau, les Gemeaux, le Cancre ou l'Ecrevice, le Lion, la Vierge, la Balance, le Scorpion, l'Archer ou le Sagitaire, le Capricorne, le Verseau &

les Poissons; & ces noms se trouvent exprimés dans ces deux vers:

Sunt Aries, Taurus, Gemini, Cancer, Leo, Virgo, Libraque, Scorpius, Arcitenens, Caper, Amphora, Pisces.

Ces noms ont été pris des douze constellations, qui étoient dans ces signes, au tems d'Hipparque; mais depuis, elles ont changé de place, comme je le dirai plus bas. Les deux colures des solstices & des équinoxes divisent le Zodiaque en quatre parties égales, pour les quatre saisons de l'année; & chaque faifon comprend une de ces parties, dans laquelle il y a trois signes.

La ligne, qui est représentée au milieu du Zodiaque, nous marque, par ses trois cent foixante dégrés, la route du Soleil. Il ne s'en écarte jamais; au lieu que les autres Planetes s'en éloignent, tantôt vers le Midi, tantôt vers le Septentrion, les unes plus, les autres moins, jusqu'à cinq, fix, sept ou huit dégrés; ce qui fait que quelques-uns donnent environ jusqu'à seize dégrés à la largeur du Zodiaque, afin qu'il enferme toutes les Planetes. Cette ligne s'appelle Ecliptique, parce que les éclipses de Soleil ou de Lune n'arrivent jamais que quand la nouvelle ou la pleine Lune se fait dans la même ligne ou fort proche. On la nomme encore Orbite du Soleil, parce que le Soleil la parcourt, par fon mouvement propre, d'Occident en Orient, en avançant, chaque jour, d'environ un dégré, & l'achevant de parcourir dans une année. Ainsi, on voit que le Soleil a deux mouvemens différens, qu'il est nécesfaire de bien entendre, parce qu'ils fervent à proportion pour les autres Planetes. Imaginons-nous donc que le Soleil, emporté par le premier mobile, fait un tour chaque jour d'Orient en Occident, & que pendant qu'il est emporté de la forte, il retourne, par fon mouvement propre, vers l'Orient. Cela compose l'année solaire, qui eft cet espace de tems que le Soleil employe à parcourir tout le Zodiaque, & qui eft d'environ trois cent foixante-cinq jours, cinq heures quarante-neuf minutes & feize fecondes.

Dans l'usage, on confond le Zodiaque avec la ligne écliptique, à laquelle on fait faire un angle, avec l'équateur, de vingt-trois dégrés & demi; parce qu'on a observé que le Soleil ne s'éloignoit jamais davantage au-dessous de l'équateur, que de vingttrois dégrés & demi, & ne s'abaissoit jamais plus audessous; d'où il fuit, que les poles de l'écliptique sont éloignés des poles du monde aussi de vingt-trois dégrés & demi: & comme l'écliptique est un cercle, ausfi-bien que l'horison, & que deux grands cercles se coupent toujours en deux également, il s'enfuis que la moitié du Zodiaque paroît toujours sur l'horifon.

Lorsque nous avons dit que le Zodiaque étoit conçu biaisant en forme d'écharpe, entre les deux poles du monde, il faut entendre, par-là, qu'il divise tout le monde obliquement, à l'égard de l'équateur, & qu'il le divise en deux parties égales, dont l'une est dite Septentrionale, à cause que les fix fignes septentrionaux s'y trouvent ; & l'autre Méridionale, à cause que les fix fignes méridionaux s'y trouvent. Cette obliquité du Zodiaque, & le cours du Soleil, contribuent à produire la diverse température des saisons.

On divise ordinairement le Zodiaque en douze parties égales, qu'on appelle signes, dont la suite se compte d'Occident en Orient, en commençanı au point de la section vernale, & où le Soleil, avançant de son mouvement propre, passe de la partie méridionale à la septentrionale. Ces signes se peuvent prendre en deux façons: ou pour la douziéme partie du Zodiaque, à commencer depuis l'équateur; ou pour les constellations du Belier, du Taureau & des autres, qui, par la disposition de leurs étoiles représentent ces animaux. Ces constellations étoient des signes, ou des douziémes parties du Zodiaque, dès le tems d'Hipparque; mais depuis, elles ont tellement changé de place, que la constellation, qu'on

2

nomme le Belier; est fortie du signe du Belier, c'est-à-dire, de la premiere douziéme partie du Zodiaque, pour passer dans le figne du Taureau; & ainsi des autres, à cause du mouvement particulier des étoiles. C'est pour cela, qu'on a distingué deux fortes de Zodiaques; l'un Visible & Senfible dans le firmament, où font les constellations des douze fignes; & l'autre, Rationnel dans le premier mobile, dont les douzièmes parties ont retenu le nom des mêmes fignes; parce que du tems des premiers astronomes, les constellations, qui font les douze fignes, étoient au-dessous de ces douziémes parties du Zodiaque du premier mobile. Ainsi, quand on dit que le Soleil est au Belier, on n'entend pas au Belier du firmament, mais au Belier du premier mobile. De même, quand on dit que le Soleil eft dans un Signe, ce mot dans, fignifie desfous; c'est-à-dire, que la ligne, tirée de la terre par le Soleil, rencontre ce point dans l'écliptique. Nous disons pareillement qu'une planete est dans un signe, quand la ligne, tirée de la terre par cet astre, rencontre dans le firmament quelque partie de ce signe. Il faut donc concevoir un figne comme une pyramide, qui a fa base dans le ciel, & fa pointe à la terre, & que l'astre sera dans ce figne, s'il est dans cette pyramide.

Le Soleil entre tous les mois dans un figne, & c'est environ le 20 de chaque mois. Je dis environ, parce qu'il n'entre pas dans chaque signe à un même jour de chaque mois dans une année, & que ce jour n'est pas tout-à-fait le même dans toutes les années, se trouvant une différence continuelle dans chaque année, à cause de l'inégalité du mouvement propre du Soleil.

On peut aifément trouver, en tout tems, le lieu du Soleil dans le Zodiaque; car comme tous les jours de l'année & les mois sont marqués sur l'horifon du globe terrestre, & que vis-à-vis on voit tous les dégrés de l'écliptique, avec les fignes, conformément aux jours que le Soleil entre dans ces fignes, il fera aifé de connoître, par ce moyen, le lieu du Soleil dans le Zodiaque, en un jour proposé; par exemple, le douziéme d'Avril: car vis-à-vis de ce jour-là, on voit fur l'horifon le vingt-troifiéme dégré du Belier, pour le lieu du Soleil qu'on cherche. Si au contraire on vouloit savoir en quel jour de l'année le Soleil feroit en quelque point du Zodiaque; par exemple, au vingt-troifiéme dégré du Belier, il n'y a qu'à chercher, sur l'horifon, ce vingt-troifiéme dé gré, & vis-à-vis on trouvera le douziéme d'Avril, pour le jour que l'on cherche.

Comme l'équateur a fon axe, qui, passant par ses deux poles, lui eft perpendiculaire, & est par conféquent le même que l'axe du monde; de même, le Zodiaque ou l'écliptique a son axe, qui, passant par ses deux poles, est aussi perpendiculaire à fon plan, & par conféquent se fait, avec l'axe de l'équateur, un angle de vingt-trois dégrés & demi. La différence, qu'il y a entre ces deux axes, est que l'axe de l'équateur eft immobile, & que l'axe du Zodiaque se meut avec les deux poles, par le mouvement du premier mobile.

Le point du Zodiaque, qui se leve, se nomme Horoscope, & celui qui répond à la partie supérieure du Méridien, est appellé Point culminant, & Copernic l'appelle Médiation du Ciel, à l'égard des étoiles; mais le point, qui répond à la partie inférieure du Méridien, s'appelle Fond du Ciel. Les deux points de l'écliptique, les plus éloignés de l'équateur, & quisont éloignés de 90 dégrés ou d'un quart de cercle des deux points équinoxiaux, s'appellent points solstitiaux; parce que quand le Soleil y est parvenu, par fon mouvement propre, il semble, pendant quelques jours, ne point avancer dans l'écliptique, en se levant & en fe couchant environ dans les mêmes points de l'horifon; & alors on dit que le Soleil est dans son solstice, qu'on nomme SolIlice d'Eté, quand il entre dans le signe de l'Ecrevice, ce qui arrive environ le 21 de Juin; & Solstice d'Hiver, quand il entre dans le sigine du Capricorne, ce qui arrive environ le 21 Décembre. Ces deux

points solstitiaux de l'écliptique, avec les deux points
équinoxiaux, font appellés Points Cardinaux de
l'Ecliptique, parce qu'ils déterminent les commen
cemens des quatre saisons de l'année: car, quand le
Soleil est parvenu au point équinoxial du Belier, il
fait le commencement du Printems; & l'Automne
commence lorsque le Soleil est au point équinoxial
de la Balance. Le commencement de l'Eté est au
point solstitial de l'Ecrevice; & le commencement
de l'Hiver, au point solstitial du Capricorne. Les
fignes, qui répondent à ces quatre points cardinaux,
savoir: les quatre, ۷,,,, comme étant
les commencemens de quatre saisons de l'année,
font aussi appellés Cardinaux. Les trois premiers des
douze; savoir: ४, ४, ᄇ, sont appellés Signes du
Printems; les trois suivans, ໑, ໙, m, Signes
d'Eté; les trois suivans,,m;, Signes d' Au-
tomne; & les trois derniers,
,), Signes
d'Hiver. Voici leurs noms Latins & François, avec
leurs caracteres, & le jour du mois auquel le Soleil
entre au commencement de chaque figne.

Aries
Taurus,
Gemini,
Cancer,
Leo,

Virgo,
Libra,

Le Belier.

Le Taureau.
Les Jumeaux.
L'Ecrevice.
Le Lion.

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La Vierge.

mp 22 Août.

La Balance.

22 Septembre.

m 23

Octobre.

Novembre.

Scorpius, Le Scorpion.
Arcitenens, Le Sagittaire. → 22
Caper, Le Capricorne. % 21 Décembre.
Amphora, Le Verseau. 23 Janvier.
Pisces
Les Poissons. )( 18 Février.

Les planetes font dans les signes du Zodiaque, &
même toutes les étoiles du firmament, qui font hors
du Zodiaque, en prenant les fignes d'une maniere
plus étendue que nous les avons pris ci-devant; fa-
voir: en faisant pasfer par les deux poles de l'éclip-
tique, & par les douze divisions du Zodiaque, fix
grands cercles, qui diviseront toute la sphere du
monde en douze parties égales, que l'on prendra
pour les douze fignes du Zodiaque; & alors il n'y
aura point d'étoile dans le Ciel qui ne soit dans quel-
ques fignes pris dans ce sens.

Le premier usage du Zodiaque, est que par fon obliquité il fait le changement des saisons, & l'inégalité des jours, portant le Soleil alternativement vers les deux poles monde. Secondement, le Zodiaque est la mesure du mouvement second d'Occident en Orient, mouvement qui est commun aux planetes & aux étoiles fixes. C'est l'équateur, qui est la mesure du mouvement premier d'Orient en Occident, mouvement qui est aussi commun aux planetes & à toutes les parties du Ciel. En troifiéme lieu, l'écliptique est la régle des éclipses du Soleil & de la Lune: car les éclipses n'arrivent que quand ces luminaires font au-dessous de cette ligne, ou fort proche. En quatriéme lieu, l'écliptique divise, comme l'équateur, le monde en deux parties égales, dont l'une, Septentrionale, comprend le pole septentriohal; & l'autre, Australe, comprend le pole mé ridional. En cinquiéme lieu, le Zodiaque nous montre la latitude des planetes & des étoiles fixes, qui 'est leur distance de l'écliptique de côté & d'autre, comme leur déclinaison est leur éloignement du cercle équinoxial de part & d'autre. En fixiéme lieu, c'est dessus l'écliptique que l'on compte la longitude des étoiles, laquelle se prend depuis la section vernale, felon les fignes, jusqu'à la section de l'éclip. tique, & d'un grand cercle tiré par les poles du Zodiaque & par l'étoile ; & c'est ce qui fait que le mouvement propre des étoiles se nomme ausfi mouaussi sur un cercle paralléle à l'écliptique, & fe divivement en longitude. Cette longitude se compte se en véritable & en apparente. Enfin, le Zodiaque par fon mouvement propre, vers l'Orient, jusqu'à nous apprend combien le Soleil avance chaque jour, ce qu'il ait parcouru de dégré en dégré, pendant un

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an, toute l'écliptique, qu'il ne quitte jamais, en ré trogradant peu à peu contre fon mouvement diurne, qui l'emporte tous les jours de l'Orient en Occident, dans l'espace de vingt-quatre heures.

Pour bien comprendre ces deux mouvemens, il faut les comparer à ceux d'un petit animal, qui, tournant fur une grande roue 365 fois en un an, ne laisferoit pas, pendant le tems de ces 365 révolutions, de s'avancer contre ce premier mouvement, peu à peu, jusqu'à ce qu'il eût fait tout le tour de la roue, en recommençant toujours son mouvement contraire d'année en année, c'est-à-dire, de 365 tours en 365 tours.

ZODOCATHA, ville de la Palestine, selon la notice des dignités de l'empire.

ZOELÆ, peuples de l'Espagne-Tarragonnoise: Pline, 1.3, c.3, les comprend sous les Asturi; & dit, 1. 19, c.1, que leur cité étoit voisine de la Gallecia, & près de l'Océan. Le lin de ce pays étoit anciennement en réputation. C'est ce qu'on appelloit Linum Zoëlicum. On en transportoit en Italie, où on s'en servoit pour faire les rets, filets ou toiles à prendre les bêtes fauves.

ZOES ou ZOA, ville d'Afrique, dans la Cyrenaïque: Hérodote, 1.4, p. 121, dit que Battus fut le fondateur de cette ville. On croit que le nom de cette ville pourroit être corrompu: car quelques manuscrits lisent Zóης, & d'autres, Ζώης. Le treifiérne concile d'Ephèse donne le nom de Ζοέως, à un siége épiscopal, dont l'évêque se nommoit Macedonius; mais Ortelius croit que ce siége étoit en Egypte, & non dans la Cyrénaïque.

ZOEST ou SOEST. Voyez SOEST.
ZOFALA. Voyez SOFALA.

ZOFFA ou ALFAQUES, baye de la Mer Méditerranée, fur la côte d'Espagne, dans la Catalogne. Environ dix-huit milles, au Nord-Eft-Quart de Nord, de Peniscola, est la montagne de la Rabitta ou Ravitta, qui fait, à la gauche, l'entrée de la baye de Zoffa, & qu'on nomme, à cause de cela, la Ravitta de Zoffa. La baye de Zoffa eft fort grande, ayant dix à douze milles de longueur, & quatre à cinq de largeur. Elle est formée par plusieurs isles basses & marécageuses, qui sont bordées de grandes plages de fable. On reconnoît l'entrée de cette baye, par la montagne de la Ravitta, qui paroît de fort loin; mais on ne peut voir ces bas terreins, qui sont sur la droite de la baye, que lorsqu'on en est à huit ou neuf milles. La reconnoissance de Peniscola fait connoître la montagne de la Ravitta, & la montagne fait connoître la baye de Zoffa. Quand on vient du côté du Sud, pour aller mouiller dans la baye de Zoffa, il faut ranger à une petite portée de canon, le côté de la montagne de la Ravitta, où l'on voit quelques tours de garde sur le bord de la Mer; & comme du côté de la droite, où sont ses basses terres, il y a de longues pointes de sable, qui s'avancent à près de deux milles loin des plages, & fur lesquelles il y a très-peu d'eau, on laisse toujours les deux tiers du chemin de l'entrée sur la droite; & on évite tous ces dangers. Entre cette basse pointe, & la côte de la Ravitta, on trouve quatre à cinq brasses d'eau, presque également par tout, avec un fond de vase molle, où l'on ne fauroit briser, en cas qu'on y échoue. * Michelot, Portul. de la Médit. p. 36.

Le mouillage de la baye de Zoffa est vis-à-vis d'un vieux monastere ruiné, qui est au pied de la montagne de la Ravitta, à la petite portée du canon. On y est par quatre à cinq brasses d'eau, fond de vase molle, où les ancres tiennent parfaitement bien. On va ordinairement faire de l'eau à un grand puits, qui est au-devant du vieux monastere, & il est aussi facile de faire du bois. On peut aussi aller mouiller du côté de l'Est de cette basse pointe, environ à quatre milles de ce monastere, en s'éloignant à un mille des basses terres. On y est pareillement, par quatre brasses d'eau, fond de vase & de fable. En 1680, on y espalma les galéres du roi. Dans le fond de cette baye, vers l'Est du monastere, il y a une petite isle plate, fur laquelle est une tour à fix côtés,

& qu'on appelle la tour de faint Jean. Elle est à dix milles du monastere. Le terrein, qui se trouve entre ce monastere & cette tour, du côté du Nord, n'est autre chose que des terres basses, remplies de marécages & d'étangs, bordés de grands arbres; mais dans les terres, ce font par-tout de hautes montagnes. Environ à quatre à cinq milles, vers le NordOuest du monastere, il y a une petite ville, qu'on appelle Anposta, & qui est située dans une grande plaine. Les traverfiers du mouillage de Zoffa font les vents depuis le Sud-Sud-Est, jusqu'au Sud-SudOuest. On remarque qu'ordinairement pendant l'Eté, le vent de Sud-Ouest y regne presque tous les jours; ce qu'on appelle l'embas, & que pendant la nuit, il vient au Nord & au Nord-Eit, par rapport à la situation des terreins. Le vent de NordOuest y est fort impétueux ; mais comme il vient de la terre, il n'excite pas une grosse Mer. La latitude est de 40 d. 22. & la variation de cinq à fix dégrés, vers le Nord-Ouest. Lorsqu'on vient du côté de Salo, pour aller à la rade de Zoffa, il faut s'éloigner de ces basses terres, dont nous avons parlé: car les couraris portent ordinairement à la plage, à cause de la riviere & des étangs. On a vu plusieurs vaisseaux échoués à la plage; ainsi, en partant de la rade de Salo, pour aller à celle de Zoffa, il faut, pour éviter ces plages, faire la route du SudOuest quart de Sud, principalement lorsqu'il eft nuit.

Environ dix-huit milles, vers l'Est-Nord-Eft de la pointe de la Ravitta, est l'entrée de la riviere de Tortofe. Il y a, entre cette riviere & cette pointe, plusieurs isles fort basses, bordées de sable, qui s'avancent fort au large: il faut faire un grand tour, pour aller dans la riviere de Tortose, & s'éloigner des isles, du moins de deux milles. On trouvera, à cette distance, quatre à cinq brasses d'eau. Presque aux deux tiers du chemin de Zoffa, à l'entrée de la riviere de Tortofe, on voit fur ces isles plates, plusieurs monceaux de sel, qui, de loin, paroissent fort blancs, & deux tours de garde.

ZOFFINGUEN, ville de Suisse, au canton de Berne, dans l'Argow, à une petite lieue, au Midi, d'Arbourg. Le chemin, qui conduit de l'une de ces villes à l'autre, est beau & uni. Celle de Zoffinguen est fort jolie. Elle s'appelloit autrefois Tobinium, & fut fort considérable, sous l'empire des Francs; & après la ruine de Windisch, elle devint la principale de l'Argow. Elle avoit droit de battre monnoie; & on y voit quantité de ces piéces de monnoie, qui ne font marquées que d'un côté, & qu'on appelle Nummi bracteati. Elles sont au coin de Zoffinguen. Il y avoit autrefois, dans cette ville, un collége de chanoines, fondé par les comtes de Fribourg. Les Bernois en ont fait une espéce de bailliage; & celui qui en a la charge, s'appelle Schaffner, c'est-à-dire, administrateur; mais il n'a point d'autorité sur la ville, qui releve immédiatement de Berne, & qui jouit de plusieurs bons priviléges. Le pays est bon, & les habitans font riches. Le temple mérite d'être vu. Il y a un beau clocher, qui fut bâti dans le dernier fiécle. Les bourgeois ont une bibliothéque, où l'on trouve quelques manuscrits curieux. On y voit aussi une très-belle orgue. Cette bibliothéque fut fondée en 1695, & elle s'augmente tous les jours. La ville a son avoyer, son grand & fon petit conseil, sa justice & fon drapeau. Celui à qui on confie le drapeau, en tems de guerre, est obligé de jurer qu'il le gardera si bien, qu'en cas de besoin, il en fera ce qu'en fit leur avoyer, mé Nicolas Dut, dans la bataille de Sempach, en 1386. Cet homme, se voyant serré de près, déchira fon drapeau en cent piéces, & se les fourra toutes dans la bouche, où on les trouva après sa mort, & d'où on les rapporta à la maison. Au-dehors de la ville, on voit une jolie plaine, qui est la place du tirage, ornée d'un beau tilleul, dont les branches font élargies & entrelassées avec tant d'adresse, qu'on y a pratiqué des chambres. Près de Zoffinguen, est une grande forêt, nommée Bonwald ou Bowald, qui porte les sapins les plus beaux & les plus hauts

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