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Nuhen & autres. Au bord du lac, on trouve celui de S. André, qui a été autrefois une ville: la plaine eft fertile en vins, en bled, en fruits & en chataignes, particuliérement autour du lac: elle eft fort peuplée; & généralement parlant, c'eft un beau & riche pays: on y voit quantité de villages, deux beaux bourgs, Cham & Bar, une riche abbaye de filles, qu'on nomme Frawenthal, au bord de la Reuff, & la ville de Zoug, qui fait l'article fuivant. Tous les habitans de ce canton font catholiques, & reconnoisfent toujours la jurisdiction de l'évêque & de l'official de Constance: ils ont une étroite alliance avec les cantons de Lucerne, d'Ury, de Schwitz & d'Underwald; & quand ils s'asfemblent, on les appelle ordinairement la Ligue des cing Cantons. * Etat & Délices de la Suisfe, t. 2, p. 458.

2. ZUG ou ZOUG, ville de Suisfe, capitale du canton de ce nom : elle ne fe trouve marquée en aucun lieu avant cinq cens ans ; on rapporte fon origine aux feigneurs de Hallville, qui la bâtirent dans un lieu commode, près du lac auquel elle donne ausfi fon nom. Les comtes de Habsbourg fuccéderent à fes feigneurs, & à ceux-ci, les ducs d'Autriche, qui en firent leur place d'armes contre les cantons, qui l'asfiégerent en 1352: quoique la garnifon Autrichienne eut abandonné la place, les habitans fe défendirent bien; & ayant enfin été pris, leurs vainqueurs les reçurent dans leur alliance, & Zoug devint le feptiéme canton, parce qu'il obtint le pas fur Glaris, qui eft néanmoins un peu plus ancien, ayant été aggrégé au corps Helvétique en 1351.* Longue rue, Defcr. de la France, 2 part. p. 277. Etat & Délices de la Suisfe, t. 2, p. 459.

La ville de Zug, 1.6, c. 27, eft fituée au bord oriental du lac, dans une belle & fertile campagne, au pied d'une agréable coline, qui, s'élevant peu-àpeu, forme une montagne: les rues y font grandes & larges, les maisons asfez bien bâties. On y remarque quatre édifices religieux: l'églife collégiale de S. Oswald, qui eft presque au milieu de la ville; un Couvent de Capucins, qui eft à un coin, fur une hauteur; & l'églife paroisfiale de S. Michel, qui eft hors de la ville, avec un couvent de religieuses, à côté.

Le 3 de Mars 1435, la rue, qui étoit au bord du lac s'abîma dans l'eau, avec tout un rang de maifons, & la muraille de la ville, qui la bordoit de ce côté. Il y eut vingt-fix maifons abimées, & cinquante perfonnes noyées. Les habitans bâtirent de nouvelles rues, de l'autre côté de la ville, & firent, avec le tems, comme une nouvelle ville, qu'ils environnerent de murailles & de tours: ce quartier eft appellé Neustatt, c'eft-à-dire, la nouvelle Ville. En 1594, quatre maifons furent abîmées tout d'un coup dans le lac. Presque tous les habitans du pays attribuerent ces tristes évenemens aux carpes du lac, lesquelles, en creufant infenfiblement le rivage & les fondemens des maifons, en occafionnerent la ruine. En effet, l'on y pêche asfez ordinairement des carpes, depuis cinquante, jusqu'à quatre-vingt-dix livres.* Haller. Chronic. 1. 54, C. 4.

A la principale porte de l'églife de S. Oswald, on lit cette inscription:

Justus erat Karolus, Konstantinusque devotus,
Clemens Ludovicus, Henricus, corpore castus,
Templa Deo fundant, ea dotant, Idola calcant
Auctores fidei, pugiles pro nomine Christi
Hæc quia fecerunt

Intrare polos meruerunt.

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Dona fibi dantes aurum cum thure libantes.
Diis myrrham fociant, proni fua corpora curvant.

terre,

Au-dedans de l'églife, on voit une ftatue équestre, en bois, fous laquelle eft l'écu des armes d'Angleavec ces mots, autour: SANCTUS OSWALDUS, REX ANGLIE, PATRONUS HUJUS ECCLESIÆ. La figure de S. Oswald, eft ornée d'un manteau royal, & a fur la tête une couronne. On remarque encore, dans cette églife, plufieurs tombeaux, avec des épitaphes.

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La ville de Zug n'a point d'autorité fur la campagne des environs, ce qui fait que le canton eft partagé en cinq quartiers, dont la ville en forme deux & la campagne trois. Les trois de la campagne font: Mentzingen, Egeri & Bar, qui eft un bourg dans la plaine, près de la ville. Ces cinq communautés enfemble, compofent un corps de république Démocratique, qui commande à tout le canton. L'Amman, ou le chef de l'état, eft changé tous les deux ans, & pris tour-à-tour dans chacune des cinq communautés. Il réfide toujours à Zug, avec la régence du pays. C'eft pour cela, que quand on prend un amman, dans l'une des communautés de la campagne, il eft obligé d'aller faire fa demeure dans la ville, pour tout le tems que dure fa charge. Du reste, la ville a fon confeil, fon chef, & fes officiers à part.

Le canton de Zug n'a pas fix bailliages, comme le difent Stanian, auteur de la relation de la Suisfe & l'abbé de Longueruë, dans fa description de la France ancienne & moderne: il en a feulement cinq, fans compter ceux dont il jouit en commun, avec les autres cantons. Ruchat, auteur des délices de la Suisfe, appelle ces bailliages, des gouver nemens: car il dit que cette petite république donne des gouverneurs à quelques places qui lui font fujettes, comme à Cham, à S. André, [ ou plûtôt à S. Adrien] à Hunenberg, à Walchweil, à Steinhaufen, [dont la haute jurisdiction appartient à Zurich ] & à S. Woffgang.

Le Lac de Zug, en Allemand, Zuger-zée, partage presque entiérement le canton de Zoug en deux parties inégales: l'une orientale, qui eft la plus grande; & l'autre occidentale, qui eft plus petite. Il s'étend, en longueur, du Nord au Midi, tournant néanmoins un peu vers le Midi oriental.

que.

ZUGABBARITANUS, fiége épiscopal d'AfriOn ne fait dans quelle province. La conférence de Carthage fait mention de Germanus, évêque donatiste. * Harduin. collect. conc. t. 1, p. 1098.

ZUGANA, ville de l'Arabie-Heureufe: Ptolomée, 1.6, c.7, la marque dans les terres; & le manuscrit de la bibliothéque Palatine, écrit Lugana, pour Zugana.

ZUGÄR, ville de l'Afrique propre : Ptolomée, 1.4, c. 3, la compte parmi les villes, qui fe trouvoient entre les fleuves Bagradas & Triton.

ZUJA, riviere d'Espagne, dans l'Estremadoure. Elle prend fa fource dans la Sierra Morena, & fe jette dans la Guadiana, un peu au-dessus de Medefin. * Délices d'Espagne, p. 360.

ZUICHEM, village des Pays-Bas, dans la Frife, au quartier appellé Ostergo, & à une lieue de Leuwarde. Ce village eft remarquable, parce qu'il a donné la naisfance à Viglius ab Ayta, chef & préfident du confeil-privé à Bruxelles, fous le regne de Philippe II, roi d'Espagne, & qui fut chancelier de l'ordre de la Toifon d'Or. Il mourut à Bruxelles, en 1577, âgé de 70 ans. Son corps fut enterré à Gand, dans l'églife de S. Ravon, dont il avoit été prevôt mîtré. Il fit plufieurs belles fondations, entr'autres, celle d'un collége, pour les Frifons, à Louvain, & qui porte fon nom.

ZÚICKAU, ville d'Allemagne, au marquifat de Misnie, dans le cercle de Voigtland. Cette ville, fituée fur la Mulde, au pied des monts Fichtelberg, eft la principale ville du cercle. Henri l'Cifeleur, la fit aggrandir, & lui donna de très-beaux priviléges: mais on ne fauroit garrantir ce qu'avancent plufieurs historiens, qu'il la mit au rang des villes libres &

Impériales. Il eft néanmoins certain qu'elle jouit ongtems de fa liberté, & que ce fut Fréderic le Mordu, marquis de Misnie, qui la lui ôta, en 1308. *D'Audifret, Géogr. t. 3.

Zuickau confine avec le cercle de Voigtland, mais n'y est pas compris : il eft dans le cercle d'Eytzeburge.

ZUIDBERQUIN, paroisfe de France, aux Pays-Bas, dans la Flandre - Flamingante, & de la fubdélégation de Casfel. Cette paroisfe eft confidérable.

ZUIDBEVELAND. Voyez BEVELAND. ZUININBERG. Corneille, qui cite les mémoires & plans géographiques, 1698, dit que Zuininberg eft une ville d'Allemagne, qui n'eft pas fort éloignée du Rhin, & qu'elle eft des dépendances du Landgrave de Hesfe. Tout cela n'a ni exactitude ni précifion. Au lieu de Zuininberg, on écrit Zwingenberg; & c'eft une petite ville, appartenante au Landgrave de Hesfe-Darmstadt, fur la route de Heidelberg à Francfort, en pasfant par Darmstadt.

ZJLFA. Voyez ZULPHA.

ZULLICHAW, ville d'Allemagne, dans la Siléfie, au quartier de la principauté de Crosfen, qui fe trouve à la droite de l'Oder. Elle eft environ à une lieue, au Nord, de ce fleuve, & environ à cinq lieues, à l'Orient feptentrional, de la ville de Crosfen.

1. ZULPHA ou ZULFA, ville de l'Arménie, fur la route d'Ervan à Tauris, entre Nakfivan & Astabat. C'est l'ancienne patrie des Arméniens, que ChaAbas emmena en Perfe. Elle eft fituée entre deux montagnes, fur l'Aras, qui ne laisfe que très-peu de terrein de côté & d'autre. Cette riviere ne commence à porter batteau, qu'à deux lieues ou environ audesfous de Zulpha: car au-desfus, elle ne peut guéres fouffrir que des radeaux. Comme le pays au-desfous de Zulpha s'abbaisfe & s'étend en plaines, le cours du fleuve devient plus tranquile. Il y avoit autrefois, à Zalpha, un beau pont de pierre, fur l'Aras; mais Cha-Abas le fit rompre, & ruina la ville, pour ne rien laisfer aux Turcs. Il ruina ausfi tout le pays entre Ervan & Tauris, afin que fi l'armée Ottomanne marchoit de ce côté, elle ne trouvât point de quoi fubfister. Il emmena, en Perfe, tous les habitans de Zulpha & des environs, & les disperfa en divers endroits de fon royaume, où ils firent fleurir le commerce en foye. Ce font eux, qui ont bâti la ville de Zulpha, qui n'eft féparée d'Ispahan, que par la riviere de Senderou, & qu'ils appellent Zulpha la neuve, pour la distinguer de la vieille Zulpha d'Arménie. Voyez l'article fuivant. Une troifiéme partie de ce peuple, fut disperfée dans plufieurs villages, entre Ispahan & Sciras. * Tavernier, Voyage de Perfe, 1. 1, c. 4.

Ni par les ruines de Zulpha, ni par fa fituation, on ne voit pas que cette ville ait jamais eu aucune beauté les pierres étoient grosfiérement asfemblées, fans ciment; & les bâtimens resfembloient plus à des caves, qu'à des maifons. Le côté du NordQueft étoit le plus habité, & il n'y avoit presque rien de l'autre côté. Les terres, qui font au voifinage de Zulpha, étant très-fertiles, il y eft revenu quelques familles Arméniennes, qui y vivent doucement. Cogia-Nazar, l'un des principaux Armé niens, qui fortirent de Zulpha, s'étant rendu puisfant, par le négoce, & ayant acquis un grand crédit auprès de Cha-Abas & de Cha-Sefi, fon fuccesfeur, il fut fait Kelonter, c'est-à-dire, chef & juge de la nation Arménienne, fit batir, en faveur de fa patrie, deux grands caravanferas, qu'on voit à Zulpha, de côté & d'autre de la riviere.

A une demi-lieue au-deçà de Zulpha, avant que de pasfer un torrent, qui fe jette dans l'Aras, on reut prendre deux chemins, pour aller à Tauris. L'un, qui eft la route la plus ordinaire tire au Sud-Eft: l'autre, qui eft à la gauche, tire au Nord-Eft.

Entre Nakfivan & Zulpha, de côté & d'autre, au Septentrion & au Midi, il y a dix couvens de chrétiens Arméniens, éloignés de deux ou trois

lieues, plus ou moins, les uns des autres. Ils recon noisfent le pape, & font gouvernés par des religieux Dominicains, de leur nation. Four y avoir toujours un nombre fuffifant de religieux, on envoye de tems-en-tems, à Rome, des enfans du pays, qu'on juge les plus propres à l'étude : ils y apprennent la Langue Latine & l'Italienne, & ils y trouvent les fecours nécessaires pour leur profesfion. On compte, dans ce quartier, environ fix mille ames, qui fuivent l'églife Romaine en toutes choles, à la réferve de l'office & de la mesfe, qu'ils chantent en Arménien, afin que tout le monde l'entende. L'archevêque étant élu, on l'envoye à Rome, où le pape le confirme. Il fait fa réfidence dans un gros bourg, qui eft un des plus beaux lieux de toute l'Afie. Le vin & les fruits y font excellens, & on y trouve en abondance tout ce qui eft nécesfaire à la vie. Chaque couvent eft accompagné d'un bourg ou gros village, dont voici les noms. Le premier, qui eft du côté du Nord, s'appelle Abarener; le fecond, Abraghonnex; le troifiéme, Kerna; le quatrième, Soletak; le cinquiéme, Kouchkachen; le fixiéme, Giaoux; le feptiéme, Chiabonnez; le huitième, Araghouche; le neuviéme, Kouzuk, le dixième, Kizouk, & ce dernier eft aux frontieres du Curdistan ou de l' Asfyrie. C'eft où les Arméniens croyent que S. Barthelemi & S. Matthieu ont été martyrifés: & ils difent qu'ils ont encore quelques reliques de ces deux apôtres. Plufieurs Mahometans même y viennent en dévotion. Il y a deux ou trois de ces couvens, où l'on reçoit charitablement les Chrétiens, qui viennent de l'Europe, quoique les moines y foient fort pauvres. Ils vivent d'ailleurs dans une grande austérité, ne mangeant presque jamais que des herbes. Ce qui les rend fi pauvres, c'est la tyrannie des gouverneurs, qui viennent de tems-en-tems, & à qui il faut qu'ils fasfent des préfens. Comme ils n'ont pas le moyen de donner beaucoup, ces gouverneurs ne les aiment pas; & les traitent de maniere à les obliger d'en aller faire leurs plaintes au roi.

A une lieue & demie du principal de ces dix couvens, il y a une haute montagne, féparée de toutes les autres, & faite en pain de fucre, comme le pic de l'isle de Tenerife. Au pied de cette montagne, il y a quelques fources, qui ont la vertu de guérir ceux qui ont été mordus d'un ferpent; & même, fi l'on porte quelques ferpens à cette montagne, ils y meurent ausfi-tôt.

2. ZULPHA, ville de Perfe, près d'Ispahan. Il y en a qui la nomment Iulpha, & d'autres, Giclpha, chacun fuivant, dans ces noms étrangers de villes, de provinces & de rivieres, l'ortographe qui lui femble la meilleure. Zulpha ett éloignée d'Ispahan, vers le Midi, d'une demi-heure de chemin d'un homme de pied; & la riviere de Senderou pasfe à peu près dans une distance égale entre les deux villes. Le chemin, qui mene de l'une à l'autre, eft ce qu'il y a de plus beau à Ispahan, & dans tout le reste de la Perfe; mais il ne pasferoit pas pour extraordinaire en Europe, où l'on voit plufieurs avenues de maifons particulieres, qui furpasfent en beauté celle dont je vais faire la description. C'est une allée de plus de quinze cens pas de long, fur foixante & dix ou quatre-vingt de large, coupée presque également par la riviere, fur laquelle il y a, dans cet endroit, un beau pont, dont je parlerai plus bas. Elle commence par un pavillon, d'environ quarante pieds en carré, qui joint le derriere du palais du roi, & qui eft à double étage, percé en haut & en bas, de plufieurs grandes fenêtres, fermées par des treillis de bois artistement travaillés. Il n'y a que le roi & fa maifon, qui entre par-là dans cette allée: car ceux qui fortent d'Ispahan, pour aller à Zulpha, ou en d'autres lieux, au-delà de la riviere, fe rendent dans l'allée, par une porte de la ville, qui touche le pavillon. Cette allée eft appellée la rue de Tcharbag, c'eft-à-dire, la rue des quatre jardins. Un canal régne tout du long, depuis le pavillon, d'où fort un ruisfeau, qui le remplit, jusqu'au grand pont. Les deux bords du canal, qui font de pierre de taille, & larges de deux ou trois pieds, forment un che

cens pas

min, que les pasfans prennent quelquefois: car le chemin ordinaire, tant pour les gens de pied, que pour les chevaux, eft de côté & d'autre de l'allée, depuis les arbres, jusqu'aux murailles des jardins du roi, qui ferment l'allée des deux côtés: c'eft un chemin relevé de pierre de taille, & de quatre pieds de large ou environ. Il n'y a qu'un rang d'arbres de chaque côté; & ce font des arbres fort droits & fort hauts, appellés Tchinards, qui n'ont, au haut, qu'une grosfe touffe. L'espace, qui eft entre le canal & les arbres n'eft point pavé, & laisfe un champ, que l'on feme quelquefois. Environ à deux du grand pavillon, le ruisfeau tombe dans un basfin de trente ou trente-cinq pieds de diametre; & dans cet endroit, comme dans d'autres, qui font plus bas, & où il y a ausfi d'autres basfins, l'allée eft croifée, par un chemin pavé & relevé comme les autres, & de dix à douze pieds de large. A maingauche de ce premier basfin, il y a un pavillon, à peu-près de même grandeur & de même structure que celui qui eft au commencement de l'allée; & c'eft dans une fale basfe & voûtée, au milieu de laquelle il y a un basfin d'eau, qu'on va prendre le caffé. De ce pavillon, jusqu'au pont, l'allée prend de la pente, & l'eau fait quelques cascades. * Tavernier, Voyage de Perfe, 1.4, c. 6.

Tous les jardins, qui font de côté & d'autre, foit en-deçà, foit au-delà du pont, appartiennent au roi. Mais ni ces jardins, ni celui de Hezardgerib, qui eft le plus beau de toute la Perfe, ne font enjolivés & entretenus, comme ceux que nous avons en Europe: car on n'y voit point de beaux parterres, ni d'allées de charmes, ni d'autres embellisfemens, qui font fi ordinaires en Italie & en France. On y laisfe croître l'herbe en beaucoup d'endroits; & on fe contente d'avoir un grand nombre d'arbres fruitiers, & de ces grands arbres touffus par le haut, plantés à la ligne, ce qui fait toute la décoration des jardins de Perfe. Des deux côtés des murailles des jardins, qui ferment l'allée, on voit, dans de justes intervalles, des portes asfez bien enjolivées, & audesfus de chacune, un petit falon.

Presqu'au milieu de l'allée, entre le grand pavillon, où elle commence, & le pont, il y a, à gauche, une maifon de Dervis, à qui le roi a donné un de fes jardins, pour y bâtir. Ils gardent quelques reliques d'Aly, ou de quelqu'autre prophète; & on les voit en pasfant fous une voûte, devant laquelle les Perfans font une profonde inclination. Ces Dervis vont par les rues, toujours deux-à-deux, un vieux & un jeune, & instruifent les marchands fur la religion. Ils font habillés de peaux de mouton, à peu-près comme les peintres nous représentent faint Jean. Ils tiennent toujours devant leur porte, un grand vaisseau, plein d'eau, avec plufieurs petits pots; & tous les pasfans, qui ont foif, peuvent al ler boire dans ce lieu-là, fans qu'on leur demande rien: ils y trouvent même de la glace en Eté, afin que l'eau foit plus fraîche.

La riviere de Senderou, qui, comme toutes les autres rivieres de Perfe, à la réserve de l'Aras, ne porte point de batteau, coupe l'allée, qui eft continuée par un pont, auquel on a donné le nom d'Alyverdi-Kan, qui l'a fait bâtir, & on l'appelle ausfi le Pont de Zulpha. Il eft bâti de bonnes briques, avec des pierres de taille, & eft tout uni, le milieu n'étant pas plus élevé que les deux bouts. Il n'a guéres moins de trois cent cinquante pas de longueur & de vingt en largeur; & il eft foutenu de quantité de petites arches de pierre, qui font fort basfes. De chaque côté, il a une gallerie, large de huit ou neuf pieds, & qui va d'un bout à l'autre. Plufieurs arcades, de vingt-cinq à trente pieds de haut, foutiennent la plate-forme, dont elle eft couverte; & ceux qui veulent être plus à l'air, quand la chaleur n'eft pas grande, peuvent pasfer par-desfus. Le pasfage, le plus ordinaire, eft fous les galleries, qui tiennent lieu de parapet, & qui ont plufieurs ouvertures fur la riviere, par où elles reçoivent de la fraîcheur. Elles font fort élevées par-desfus le rez-de

chaussée du pont; & on y monte, par des escaliers aifés, le milieu du pont, qui n'a que vingt-cinq pieds de large, eft pour les charriots & les autres voitures. Il y a encote un autre pasfage, quand l'eau eft basfe, en Eté; & il eft fort agréable, pour fa fraîcheur. C'eft un petit chemin, qui touche le fond de la riviere, où il y a des pierres dispofées, afin qu'on puisse pasfer, fans fe mouiller le pied. Il traverse toutes les arches, d'un bout du pont à l'autre, par une porte, que l'on a faite à chacune; & l'on y descend de desfus le pont, par un petit escalier, que l'on a pris dans les épaisfeurs. Il y en a un de même, de chaque côté du pont, pour monter fur la plateforme de la gallerie; cette plate-forme a plus de deux toifes de large, avec fes garde-fous de côté & d'autre. Ainfi, il y a fix pasfages fur ce pont, un par le milieu, quatre aux deux côtés; favoir: les deux galleries & leurs plate-formes, & le petit chemin, qui perce les arches. Ce pont eft véritablement le feul bel ouvrage de la Perfe.

Après qu'on a pasfé le pont de Zulpha, on trouve que la grande allée de Tcharbag continue encore l'espace de plus de huit cens pas, jusqu'au jardin de Hezardgerib. Le ruisfeau, qui pasfe par le milieu de cette autre moitié de la grande allée, vient de la même riviere de Senderou, qu'on a coupée trois ou quatre lieues au-desfus d'Ispahan. Quand on a marché environ quatre cens pas, on trouve une cascade, qui tombe dans un basfin, & de côté & d'autre de la cascade, il y a dix ou douze marches, qu'il faut monter, pour gagner le bout de l'allée. Elle a en face la maifon qui eft au-devant du grand jardin de Hezardgerib, c'eft-à-dire, de mille arpens; & cette maifon confiste en un fallon, qui eft fur la porte de la maifon, avec quatre petites chambres aux quatre coins. Le jardin eft beau, pour la Perfe. Comme il a été pratiqué fur la pente d'une colline, il est compofé de feize terrasfes, foutenues par une muraille de fix à fept pieds de haut. Toutes les fontaines n'ont qu'un petit filet d'eau; & ce qui fe voit de plus raifonnable dans ce jardin, eft la quatriéme terrasfe. C'eft un grand basfin octogone, de plus de fix-vingt pieds de diamètre, autour duquel il y a, dans des distances égales, plufieurs petits tuyaux, qui jettent de l'eau de la hauteur d'environ trois pieds; & on descend dans ce basfin, par trois marches. Un canal de pierre regne au milieu de la principale allée, qui vient aboutir au bâtiment; & ce canal eft de la même largeur que celui de l'allée de Tcharbag, qui en reçoit l'eau, & lui eft oppofé en droite ligne. Au dixiéme étage, on trouve un autre basfin, de même grandeur & de même forme que celui du quatriéme; & au dernier, qui termine la grande allée, & la longueur du jardin, il y a un autre canal, qui traverse toutes les allées, qui font, comme la grande, de toute la longueur du jardin. On y voit quelques fallons ouverts de tous les côtés, pour prendre le frais, & quelques cascades & napes d'eau, le long du canal; mais pour des parterres, des allées de charmes, & d'autres enjolivemens de cette nature, il n'en faut point chercher, ni au jardin de Hezardgerib, ni en aucun autre jardin de la Perfe.

Après avoir marché environ cent pas, au-delà du pont, dans la grande allée de Tcharbag, on trouve, à la droite, une rue, entre de grandes murailles de jardins, qui appartiennent au roi; & cette rue conduit à Zulpha, qui n'eft éloignée du pont, que de deux ou trois portées de mousquet.

La ville de Zulpha eft proprement une colonie d'Arméniens, comme je l'ai dit, dans l'article précédent; & c'eft de-là, que cette colonie a pris le nom de Zulpha. Elle s'eft tellement accrue depuis, qu'elle peut pasfer aujourd'hui pour une asfez grande ville, ayant près de demi-lieue de longueur, & étant large à peu-près de la moitié. Il y a des rues principales, qui en font presque toute la longueur; & l'une de ces rues a, de chaque côté, une rangée de Tchinards, dont le pied eft rafraîchi par un petit canal d'eau, que les Arméniens conduifent dans leurs jardins. La plupart des autres rues ont de même une

rangée

rangée d'arbres, & un canal. Pour ce qui eft des maifons, elles font généralement mieux bâties & plus riantes à Zulpha, qu'à Ispahan.

On regarde l'établissement des Arméniens, auprès d'Ispahan, comme une des plus grandes marques de

la bonne conduite de Cha-Abas I. du nom. Les Arméniens ayant bien établi leur nouvelle colonie, d'autres, à leur exemple, fortirent de Tauris, d'Erivan & de divers autres lieux, & vinrent s'habituer à Zulpha. Le nombre des habitans de cette nouvelle ville, s'eft accru encore depuis, par quelques autres Chrétiens de diverfes fectes, comme Jacobites, Cophtes & Nestoriens, qui demeuroient auparavant dans les fauxbourgs d'Ispahan. Le roi voulut qu'ils eusfent ausfi leur quartier de l'autre côté de la rivieré, avec les Arméniens; & comme il ne fe trouvoit point de maifon, pour les loger, il leur permit de prendre au-desfous de Zulpha, vers le Couchant d'Hiver, en tirant le long de l'eau, autant de terre qu'il leur en étoit nécessaire, pour des maifons & pour des jardins. Cha-Abas, en tirant les Arméniens du pays, ne leur rendit pas un fi mauvais office qu'on pourroit fe l'imaginer. Ils n'étoient tous que de pauvres laboureurs, qui ne favoient alors ce que c'étoit que le négoce, & qui, dans une province frontiere, étoient fouvent maltraités des Turcs & des Perfans. Depuis ce tems, ils font devenus riches: ils ont même cet avantage, fur tous les autres Chrétiens d'Orient, qu'ils posfedent des terres & ont de belles franchifes, le roi ne permettant pas qu'on leur fasfe la moindre injustice, ni qu'aucun Mahometan demeure à Zulpha. Ils ont le privilége d'être ausfi bien couverts que les Perfans, & d'avoir, comme eux, à leurs chevaux des brides d'or & d'argent. Leurs femmes font ausfi très-richement habillées, & portent des brocards de Venife, & d'autres précieufes étoffes, que l'on fait en Europe. Le roi nomme celui qu'il lui plaît d'entre les Arméniens, pour être leur chef, & les gouverner fous l'autorité royale. On l'appelle Kelonter; & c'est lui qui eft leur juge, dans les différends qui leur peuvent furvenir, & qui les taxe, pour faire la fomme qu'ils doivent payer tous les ans au roi.

Leur langue et vulgaire ou littérale: la vulgaire eft fue de tous les Arméniens; mais la littérale eft pour la religion, & n'eft fue que par les eccléfiastiques. Ils écrivent, comme nous, de la gauche à la droite, & ont des caracteres particuliers, depuis environ quatre cens ans. Ils ont trois langues, qui leur font comme naturelles, & néanmoins fort différentes. L'Arménienne, qui eft celle de leur ancienne patrie, & qu'ils ont confervée de pere en fils; la Perfanne, qui eft celle du pays où ils demeurent préfentement; & la Turque, qu'ils ont ausfi héritée de leurs ancêtres, & dont ils fe fervent le plus dans le commerce. Pour ce qui eft des femmes, elles ne parlent guéres d'autre langue que l'Arménienne, parce qu'elles n'ont aucun commerce avec les Etrangers, & qu'elles fortent rarement. Il y a quelques Arméniens, qui parlent ausfi Italien, & même François; ce qu'ils apprennent dans les voyages qu'ils font en Europe.

Il y a, à Zulpha, environ quinze ou feize, tant églifes que chapelles d'Arméniens, entre lesquelles il faut compter deux monasteres de filles. Ils ont un archevêque & plufieurs évêques, avec leurs moines. On trouve ausfi à Zulpha des Augustins, des Carmes, des Capucins & des Jéfuites, c'est-à-dire, deux ou trois perfonnes, au plus, de chacun de ces ordres religieux. Les Jéfuites, qui font venus les derniers, n'ont, dans Zulpha, qu'une petite maifon; mais leur jardin eft d'une asfez grande étendue. Quelque petit que foit le nombre de ces religieux, il eft encore plus grand que celui de leurs paroisfiens: car dans tout Ispahan & dans tout Zulpha, à peine trouvera-t-on cinq ou fix perfonnes, qui fasfent profesfion de la religion Romaine, foit parmi les Francs venus d'Europe, foit parmi les Francs nés en Perfe. Pour ce qui eft des Arméniens, ils font fi attachés la leur, qu'ils ne veulent pas même entendre parler d'aucune autre ; & l'on a reconnu, en divers rems, que c'étoit l'intérêt feul, qui en portoit quelquesTom. VI

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Quand une femme de Zulpha accouche quinze ou vingt jours, & même deux mois avant la fêre de Noël, on differe le baptême de l'enfant, jusqu'à cette fête, pourvu que l'enfant ne foit pas malade, auquel cas, on le porteroit à l'églife, pour le faire baptifer, fans cérémonie. Autrement, dans toutes les villes & tous les villages, où il y a des Arméniens, & où il pasfe une riviere, ou bien où il y a un étang, on couvre de tapis deux ou trois batteaux plats, & on y dresfe une espéce d'autel. Le matin du jour de Noël, dès que le foleil fe leve, tout le clergé Arménien, tant celui du lieu, que celui du voifinage, fe rend fur ces batteaux, vêtu des ornemens eccléfiastiques, avec la croix & la banniére. On trempe la croix par trois fois dans l'eau, & à chaque fois on y jette de l'huile fainte. Après cela, on lit la liturgie ordinaire du baptême, & l'évêque ou le prêtre prenant l'enfant, le plonge dans l'étang ou dans la riviere, jusqu'à trois fois, en difant les paroles ordinaires: Je te baptife au nom du Pere, &c, Le roi de Perfe fe trouve ordinairement à cette cérémonie, quand il eft à Ispahan; & il fe rend à cheval au bord de la riviere, avec les grands de fa cour. La cérémonie achevée, il fe rend à Zulpha, au logis du Kelonter, chez lequel le dîner eft préparé. A l'isfue du repas, on apporte au roi le préfent qu'on lui fait toujours dans ces rencontres, & qui, d'ordinaire, eft quelque galanterie, qui vient d'Europe, & qui ne vaut guéres moins de quatre à cinq mille écus. Quand ils n'ont rien de galant à lui préfenter, ils mettent pareille valeur, dans un basfin, en ducats d'or, & l'offrent au roi avec de grandes foumisfions. Ils font ausfi des préfens à quelques feigneurs & aux eunuques, qui font à fa fuite, fans compter ce qu'ils envoyent à la mere du roi, fi elle exifte encore aux fultanes, fes femmes, & à fes fœurs.

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ZULFICH ou ZULCH, ville d'Allemagne, dans la dépendance de l'électorat de Cologne, & enclavée dans le duché de Juliers. Elle eft fituée fur la petite riviere de Nasfel, qui fe jette dans l'Ersft; elle fe trouve à quatre lieues, au Midi, de Juliers, & à égale distance, à l'Occident, de Bonn. On croit que c'est le Tolbiacum des anciens. *Jaillat, Atlas.

ZULTZ, ville de Siléfie, dans la principauté d'Oppelen, entre le petit Glogaw, au Sud-Eft, & Steinaw, au Nord-Ouest.

ZUM-STAEG, lieu de la Suisfe, dans le canton d'Uri, au pied du mont Saint Gothard, près de Syllinen. Quoique les Cartes ne marquent le mont Saint Gothard que fort loin de Syllinen, cependant tous les habitans du pays en comptent le commencement dès le lieu nommé Zum-Staeg, c'est-à-dire, d la Montée, & qui eft au pied de la montagne, à trois lieues d'Altdorff, & à une petite lieue de Syllinen. Ce chemin eft un pasfage fort important, pour entrer en Italie. * Etat & Délices de la Suisse, t. 2, p. 410.

ZUM-WASSER ou WASSERGMEIND, communauté de Suisfe, au Tockenbourg, dans la province fupérieure, au Thour-Thal. Cette communauté ne comprend que le feul village de Neslau, avec un certain nombre de maifons féparées. * Etat & Délices de la Suisfe, t. 3, p. 317.

ZUMAIA, ville d'Espagne, dans le Guipuscoa, près de l'Océan, fur la rive gauche de la Viole, qui la baigne avant que de fe jetter dans la Mer. * Délices d'Espagne, p. 85.

ZUMAQUE, vallée de l'Amérique méridionale, au Pérou, au-delà des Cordelieres, qui bornent la province de Quixos, du côté du Nord. Gonzales' Pizarre étant parti de Quito, & ayant pasfé les montagnes de la Cordeliere, entra dans cette vallée, qui eft à cent lieues de Quito, felon le rapport des géographes. Il y trouva des vivres & des rafraichisfemens en abondance, & y demeura deux mois, au bout desquels il enpartit, avec foixante bons foldats, pour aller découvrir le pays de la Canelle. *Relat. de la riviere des Amaz.par le P.d'Acugna, c.3.

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ZUMI, peuples de la Germanie: Strabon, 7.75 p. 290, les compte parmi les peuples qui furent fubjugués par Maraboduus.

ZUMMENSIS, fiége épiscopal d'Afrique, dans la Numidie. Felix eft qualifié Zummenfis Episcopus, dans la conférence de Carthage, No. 114. Il eft déclaré abfent, pour caufe de maladie; & fon adverfaire donatiste, fe nommoit Silvanus.

ZUNDERT, village des Pays-Bas, au BrabantHollandois, dans la baronie de Breda. Ce village & celui de Rysbergen, ne forment qu'un feul tribunal. Le premier eft asfez confidérable on l'aprelle le grand Zunder, pour le distinguer du petit Zunder, qui n'en eft qu'à une petite demi-lieue. Près de Rysbergen, il y a un moulin à eau, fur la riviere de Vegreyle. Jeanne, duchesfe de Brabant, engagea, en 1387, pour la fomme de mille francs de France, le village de Zundert, avec ceux de Haagje, Sprundel & Nispen, à Jean de Polanen; & depuis ce tems-là, tous ces villages ont été unis à la baronie de Breda. Cependant, comme cette princesfe avoit ftipulé pour elle & fes héritiers, qu'en rembourfant cette fomme de mille francs, ces villages feroient réunis à fon domaine, Charles II, roi d'Espagne, fit offrir, en 1664, ce remboursement au prince d'Orange; mais les offres ne furent point acceptécs, , parce que la baronie de Breda étoit alors fous la domination des états-généraux, à qui Philippe IV avoit cédé, par le traité de Munster, tout le Brabant-Hollandois. Le hameau de Vernhout cft une dépendance de Zundert, & n'en eft éloignée que d'une demi-lieue. Ce ha eau eft une feigneurie particuliere, qui a un schout, un fecrétaire & un receveur des domaines.* Janiçon, Etat préfent des Prov. Un. p. 198.

ZUNGRA, lieu fortifié, dans la Cilicie, felon Ortelius, qui cite Nicetas.

ZUPHONES. Voyez NOMADES. ZUR-KIRCHEN, village du pays des Grifons, dans la Ligue-Haute ou Grife, au val de Saint Pierre, dans la dépendance de la communauté de Lugnitz. Il fe trouve, dans ce village, des bains femblables à ceux de Cumbels- Baiden. * Etat & délices de la Suisfe, t. 4, p. 16.

ZURARA, ville de Portugal, dans la province d'Entre-Douro & Minho. Cette petite ville, fituée fur la rive gauche de la riviere d'Ave, vi-à-vis de Villa-da-Conde, fe trouve à quatre lieues de Porto. C'est une place de peu d'importance.* Délices de Portugal, p.705.

ZURDES, château de France, dans la Provence, & qui appartient aujourd'hui à l'évêque de Sisteron. Ce château fut bâti par le comte Guillaume, qui y joignit une belle églife, en reconnoisfance d'une faveur du ciel, qui l'avoit préfervé, en ce lieu, de tomber entre les mains des Sarrafins. Il reçut, à tems, un fecours confidérable, avec lequel il les défit en 963.

ZUREND, ville de Perfe, dans la province de Kerman. Les géographes du pays, felon Tavernier, Voyage de Perfe, 1.3, la marquent à 73 d. 40'. de longitude, & à 35 d. 13'. de latitude. Il fe fait, dans cette ville, de très-belle poterie, qui furpasfe la fayence; & il s'y trouve ausfi quantité d'Anna, qui eft une couleur rouge, dont les Perfans fe rougisfent les ongles, ce qu'ils estiment un grand ornement. Ils en rougisfent ausfi, par parade, le devant des chevaux, la queue & le desfous du ventre, jusqu'au lieu où touche l'éperon. On en fait de même aux chevaux du roi ; mais on y ajoute une petite bordure dentelée tout au tour, & qui va en pointes, comme celles de nos anciennes couronnes ducales; ce qu'il ne feroit pas permis de faire aux chevaux des particuliers.

ZURENSIS, fiége épiscopal d'Afrique, dans la province Proconfulaire, felon la conférence de Carthage, No. 133, où l'on voit que Trifolius, Episcopus Aborenfis, après avoir fouscrit pour lui, fouscrivit pareillement pour Paulinus Zurenfis, qui étoit préfent; mais qui ne favoit pas écrire, ni peut-être lire: car il eft dit, litteras nesciens.

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1. ZURICH, canton de la Suisfe, & celui qui a le premier rang entre les cantons. Il eft borné, au Nord, par le Rhin, qui le fépare du canton de Schaffhoufe & du pays de Klergaw; a l'Orient, par le Thourgaw & par le comté de Toggenbourg; au Midi, par le canton de Schwitz; & à l'Occident, par celui de Zug, & par les provinces libres. Le territoire de ce canton, fait partie du pays des anciens Tigurini, qui, plufieurs années avant que Jules-Céfar commandat dans les Gaules, avoient défait l'armée Romaine, & tué le conful Lucius Casfius, qui la commandoit, & fon lieutenant Pifon, qui avoit été conful. Les mêmes Tigurini fe joignirent aux Cimbres & aux Teutons, & furent du nombre des Helvé. tiens, que Céfar battit & contraignit de retourner dans leur pays. La plupart veulent qu'ils ayent pris leur nom d'une ville, nommée Tigurum; mais ce nom n'eft employé que par des écrivains modernes, qui fe font imaginés que Zurich a été appellé Tigurum; ce que l'on n'a jamais dit, ni dans la premiere ni dans la moyenne antiquité. Le pays des Tigurini, appellé anciennement Fagus Tigurinus, s'étendoit jusqu'au lac de Constance; & les anciens y marquent deux villes; l'une, appellée Forum Tiberii, & l'au tre, Arbor-falix, qui eft Arbon. Il y en a qui y ajoutent Vitodurus; & fous les fils de Constanti 1, on y bâtit Constance. * Ftat & délices de la Suisfe, t. 2, p. 2, Longuerue, Description de la France, part. 2, p. 253.

Sous les rois François, le Pagus Tigurinus s'appella Durgau ou Turgan: car Turig ou Turieg, aujourd'hui Zurich, étoit, comme on voit dans les patentes des Carlovingiens, fitué dans le pays de Turgau, in Pago Durgogenfi, & dans le ducté d'Allemagne, in Ducatu Allamannico; ce qu'on lit dans une charte de Louis le Germanique, datée de la vingtiéme année de fon regne, dans la France orientale, & rapportée entiere, par Guilliman.

Ce pays, qui avoit fon comte, fous les rois & les ducs, étoit divifé en plufieurs territoires, que l'on appelloit ausfi Pagi ou pays. Le territoire des environs de Zurich, étoit nommé Zuricgou ou Zuricgauge, comme on le voit, dans un acte daté de la trente-feptiéme année du roi, Louis le Germanique, un Jeudi, le 3 de Décembre 865. Cet acte eft dans la collection Allemannique de Goldaft, No. 18. Mais au nombre 37, le même auteur rapporte un autre acte, dans lequel le pays eft nommé Turgau, Pagus Durgauve, & la contrée de Zurich eft appellée Situs. Ce qui eft certain, c'est que le nom de Turgau vient de la riviere de Thur, laquelle traverse le pays de ce nom d'un bout à l'autre; ce qui n'a aucun rapport, ni avec les Tigurini, ni avec la ville de Turig ou Zurich. Il eft certain ausfi, par cette charte de Louis le Germanique, que l'on avoit commencé à prononcer Zurige, pour Turige, fuivant la coutume Teutonique, où l'on change le T en Z.

Les descendans des anciens Tigurini ont foutenu, dans tous les fiécles, la réputation de gens de cœur; & peut-être eft-ce autant pour cette raison, que pour la puisfance, la grandeur & la richesfe de leur ville, que les autres cantons leur ont cédé le premier rang, quoique Zurich foit entrée la derniere dans l'alliance des cantons Suisfes. Les habitans ont fait tout leur posfible, pour donner à leur ville le titre de Métropole de toute la Suisfe. Mais le corps Helvétique s'eft constamment oppofé à cette vaine prétention & n'a jamais pasfé au canton de Zurich, que le titre de premier entre les égaux. C'est toujours le premier député de Zurich, qui préfide aux diétes: il propofe les matieres qui doivent y être débattues; il recueille les voix, forme les réfolutions, & fait toutes les autres fonctions de préfident d'une asfemblée. Ce canton ne préfide pas aux diétes feulement, mais en tous les tems & en tous les lieux: car c'est lui, qui a le foin de convoquer les diétes, en écrivant des lettres circulaires aux cantons, pour les informer des raifons pour lesquelles on les asfemble. Cependant, pour que la ville de Zurich ne puisfe fe dire la Métropole de la Suisfe, on a laisfé à chaque canton la liberté de former une asfemblée générale. La régle

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