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eft telle dans ce point. S'il furvient une affaire; qui exige une diéte des treize cantons, celui qui la demande, s'adresse au fénat de Zurich, pour demander que tous les cantons foient convoqués ; & s'il y a une nécessité presfante de former une telle asfemblée, chaque canton, à la rigueur, la peut convo

quer.

Les députés de Zurich, dit Stanian, dans fa relation de la Suisfe, expédient, à la levée des diétes, l'Abscheid, ou recès, que l'on envoye à tous les cantons, & qui contient les réfultats de leurs délibérations: ainfi, ils font ausfi-bien les fecrétaires que les préfidens de ces asfemblées; & ils portent toujours la parole, quand les députés des cantons font envoyés pour complimenter, ou pour traiter avec le ministre d'un prince étranger. Mais il y a eu du changement fur cet article. Ce que dit Stanian, étoit fort ordinaire avant la paix commune de 1712. C'étoit le fecrétaire du bailliage de Bade, qui expédroit l'Abscheid, ou recès; mais les Réformés s'étant apperçus que cette place de fecrétaire étoit fouvent remplie par des gens peu capables, ou qui étoient de la religion catholique, ils foupçonnerent la fincérité de ces fecrétaires, du moins pour les chofes qui concernoient la religion: ausfi fut-il arrêté, par le traité de paix, dont il vient d'être parlé, qu'il y auroit à l'avenir deux fecrétaires, dont le premier feroit de Zurich ou de Berne, & le fecond, de la religion catholique; qu'ils figneroient les actes conjointement; & que, lorsque l'asfemblée feroit finie, ils les liroient aux députés, qui les approuveroient, afin qu'il ne s'y pût trouver ni différence, ni fausfeté, ni autre pareil inconvénient.

Enfin, il faut remarquer que la ville de Zurich eft comme la chancellerie de toute la Suisfe; que c'eft par cette raison, que toutes les lettres des fouverains font portées.

y

Le terroir du canton de Zurich eft mélé de montagnes & de campagnes, qui toutes rapportent quelque chofe pour l'ufage de la vie. Il eft fertile en bons grains, & les lacs & les rivieres y font riches en poisfons. On y voit quantité de vignobles; mais le vin y eft verd: cependant on peut le garder trente ans, fans qu'il fe gâte, & plus on le garde, plus il s'adoucit. Cette apreté du vin, vient du voifinage des Alpes, dont les neiges, qui croisfent perpétuellement, refroidisfent beaucoup l'air, & empêchent que les raifins ne puisfent mûrir. On conte, à cefujet, qu'un ambasfadeur de France s'étant fait montrer, à Zurich, entr'autres curiofités, la cave de la ville, dit qu'il n'avoit jamais vu tant de verjus à la fois. L'illustre Suheuchzer remarque, dans un esfai, qu'il a donné, de l'histoire naturelle de la Suisfe, qu'en quelques endroits de ce canton, comme à une lieue & demie de la ville, près de Regenstorff, & d'un petit lac, nommé Catzenfée, il fe trouve une certaine terre, dont on pourroit, en cas de befoin, faire de la tourbe.

2. ZURICH, ville de la Suisfe, & capitale d'un canton de même nom, en Latin, Tigurum. C'est une des plus confidérables villes de la Suisfe, pour fa beauté, pour fa puisfance, & on pourroit ajouter, pour fon ancienneré, s'il y avoit quelque fondement à faire, fur ce que difent les annales du pays, que la ville de Zurich fut bâtie cinq ans après Tréves, & qu'ayant été ruinée par Attila, elle fut rétablie par Thuricus, fils de Theodoric, roi des Goths, d'où elle prit le nom de Thuricum, qu'elle mettoit autrefois fur fa monnoie, & qui a produit le nom de Zurich. Mais on a vu, dans l'article précédent, qu'aucun ancien n'a connu la ville Tigurum.

Quoi qu'il en foit, on peut dire qu'elle eft dans une fituation tout-à-fait agréable, fur le penchant de deux collines, à l'isfue d'un beau grand lac, qui dégorge la riviere de Limmat, & partage la ville en deux parties inégales, jointes enfemble, par deux grands ponts de bois. Le plus grand, qui eft vers le milieu de la ville, près de l'hôtel-de-ville, eft fi large, qu'il fert de promenade & de lieu à tenir le marché des fruits & des herbages; l'autre, placé plus haut, eft tout couvert; de forte qu'on peut s'y

promener commodément, & y être à l'abri des injures de l'air. Sur le premier, on a un aspect fort agréa ble: car on peut porter la vue fur les deux côtés de la ville, que l'on voit en perfpective; & d'un côté, fur le lac; & de l'autre, fur le cours de la riviere. *Etat & délices de la Suisfe, t. 2, p. 5.

Les rues de Zurich font propres, les maisons asfeż bien bâties, fans être magnifiques. La ville eft fortifiée à la moderne, avec de larges fosfés, revêtus de pierre de taille. Entre les bâtimens publics, qu'on voit dans la grande ville, qui eft à la droite de la Limmat, le plus confidérable eft le grand temple, qu'on nomme Groff-Munster, ou le temple de faint Felix & faint Regula, à caufe de ces deux martyrs de la légion Thébaine, dont on croyoit que les os y étoient enfévelis, & pour lesquels les anciens habitans avoient une grande vénération. La ftructure de ce temple eft asfez fimple. Ses deux tours font ce qu'il y a de plus remarquable. Celle où font les cloches, eft couverte de cuivre. On y voit, au-dehors, taillée en pierre, la figure d'un cavalier à cheval, & qui doit être celle de Rupert, duc de Suabe, fondateur de cette églife. A l'autre, ausfi en dehors, on voit la ftatue, en pierre, de Charlemagne, avec une couronne dorée, en mémoire de ce qu'il avoit enrichi cette églife.

nes;

Autrefois cette églife étoit desfervie par un chapitre de chanoines, fondé par Clovis III, roi de France. Quand la ville de Zurich embrasfa la réformation, on retint le nom & les rentes des chanoide forte que le doyen & le chapitre y font toujours corps. Ils posfédent, fur ce pied, les mêmes biens, qu'ils posfédoient avant la réformation, & ils ont de quoi vivre largement: ausfi font-ils chargés d'un grand travail; car le moins qu'ils prêchent, c'eft une fois le jour; & asfez fouvent ils prêchent deux ou trois fois. Quelques-uns de ces chanoines font pasteurs, d'autres profesfeurs, & d'autres administrateurs de cette églife ou des pauvres. C'est-là, que l'on voit le collége & les auditoires publics, où l'on enfeigne les humanités, les langues favantes, la philofophie & la théologie. C'eft-là encore, que fe trouve une vieille bibliothéque, asfez riche en manuscrits, parmi lesquels on remarque une grande bible latine, écrite fur du parchemin, & que l'on dit être un préfent de Charlemagne. On y voit ausfi un grand nombre de lettres de Bullinger, & celles que quelques autres grands-hommes lui ont écrites. Elles font toutes reliées enfemble, & font plufieurs volumes in-folio.

La maifon de ville eft dans le même quartier. Elle fut bâtie à neuf en 1694, au bord de la Limmat, fur les fondemens de l'ancienne, qui furent trouvés bons & folides. On n'a rien épargné de ce qui étoit capable de l'embellir. L'édifice eft d'une belle fymmétrie, & de belles pierres de taille, très-bien travaillées. Le portail, où l'on monte, par un perron de quatre ou cinq marches, eft construit de marbre noir, & fes colomnes repofent fur des bazes de fontes. Au-desfus, on lit cette inscription:

DEO

ET PATRIE SAC. HÆC CURIA JUSSU

ET AUSPICIIS

S. P. Q. T.

É FUNDAM. EXTR. ET COND. EST ANNO CHR. MDCXCIV. ET SEQQ:

Tout ce que l'art & l'industrie des fculpteurs en pierre & en bois, des peintres & des ouvriers en plâtre, étoit capable de produire, a été employé à l'ore nement de cet édifice. Dans le premier vestibule, on voit deux grands tableaux, qui représentent toutes les espéces de poisfons du lac & de la Limmat; & fi l'on entre dans les chambres, on trouve divers autrès-beaux tableaux, & des lustres magnifiques, chargés de très-belles figures, qui repréfentent les héros des républiques anciennes, & ceux de la Suisfe. Les deux chambres, où s'asfemblent les confeils,

ont chacune un beau grand fourneau à couronne
la mode du pays, de très-belle brique blanche, d'ou-
vrage de Wintherthour, & où l'on voit plufieurs fi-
gures emblématiques, avec les plus célebres batailles
des anciens Suisfes, qui ont procuré ou asfuré leur
liberté.

Près du pont d'en haut, eft une églife, nommée Waslerkirck, c'est-à-dire, l'églife de l'eau, parce qu'elle eft au bord de l'eau. On y a mis une bibliothéque publique, richement fournie: au-desfus, on a bâti une falle, qui tient toute la longueur & la largeur du temple, & dont on a fait le cabinet des raretés. Il est très-bien fourni. On y voit une quantité furprenante de diverfes merveilles de la nature & de l'art, rangées dans un bel ordre, & distribuées dans des espéces de garderobes. Il y a ausfi de grandes cartes du canton de Zurich, & de quelques autres, & qui passent pour être très-exactes. Elles font faites à la main. A quelques pas de-là, on trouve, fur la riviere, une machine fort ingénieufe, pour fournir de l'eau à la ville. Ce font de grosfes roues, comme des roues de moulin, & que l'eau fait tourner. Elles font garnies de fceaux de cuivre, qui, en tournant, puifent l'eau de la riviere, & la vuident dans des canaux, d'où elle eft portée dans des fontaines, fur le pont auquel ces roues font attachées; & de-là, elles coulent dans diverfes maifons particulieres.

Dans la petite ville, qui eft fur la Limmat, on voit le temple, nommé Frawen-Munster, c'est-àdire, le Moustier des Dames, parce que c'étoit une abbaye royale de dames ou de religieufes nobles, fondée en 853, par Louis le Germanique, fils de Louis le Débonnaire, qui y établit, pour premiere abbesfe, fa fille Hildegarde, & donna, à cette abbaye, le droit de battre monnoye, d'avoir jurisdiction fur la ville, de nommer le préfident & tous les asfesfeurs du tribunal de justice, & divers autres droits, avec de grands biens. Louis le Germanique ne fe réferva que le haut-domaine, la fouveraineté & la protection ou avouerie du monastere de Thureg ou Turic, que l'on prononçoit Zuric; & ce nom de Turich, fe trouve dans les actes les plus anciens. A Hildegarde fuccéda une autre fille de Louis, nommée Berthe. Ce fut elle, qui obtint de fon frere l'empereur, Charles le Gros, le droit de battre monnoye: de forte qu'il reste encore quelques anciennes piéces, où l'on voit ces mots: Moneta Turicenfis. Le 30 de Novembre 1524, l'abbesfe, nommée Catherine, fille de Jean Wernher, baron de Zemberen, feigneur de Mefskirch & de Wildestein, remit tous les droits de tous les biens de cette abbaye entre les mains des magistrats, les priant de la réformer, & d'employer les revenus à la gloire de Dieu, & au foulagement des pauvres. Les magistrats ne firent ufage de cette cesfion, qu'en 1526, où l'on commença à battre monnoye, pour la premiere fois, au nom de la ville; & on établit un nouveau tribunal, pour administrer la justice au même nom. Ce monastere, dont les revenus font entre les mains d'un administrateur, a été converti en un college de charité, où l'état entretient un certain nombre de pauvres écoliers, qui font nourris, vêtus & enfeignés gratis. Le temple, où l'on voit encore la ftatue de la premiere abbesfe, Hildegarde, avec celle de Berold, fon chapelain, fert à former les asfemblées de la paroisfe, & celle d'une petite église Françoife, que l'on a recueillie à Zurich.* Longuerue, Defc. de la Fr. part. 2, p 254.

A quelque distance du Frawen-Munster, eft le temple paroisfial de faint Pierre, dont on a rebâti le clocher tout à neuf, il y a peu d'années, parce qu'il avoir été brûlé par le feu du ciel. Près de ce temple, il y a une très-belle place, qu'on appelle Lindenhof, c'eft-à-dire, la cour des tilleuls. Elle a été ainfi nommée, parce qu'elle ett toute plantée de cette espéce d'arbres, fous lesquels on fe promene à l'ombre en Eté, & où l'on jouit d'une agréable fraicheur. Mais ce qu'il y a encore de plus beau, dans cette place, c'eft fon élevation: car comme elle occupe le haut d'une colline fort élevée, au bord de la Limmat, on y a la vue de toute la ville & des campagnes voifi

ànes, qui font une très-belle perfpective. Autrefois, au lieu de cette place, il y avoit une forteresse, qui commandoit toute la ville, & qui étoit la réfidence des gouverneurs du pays, du tems des rois Francs de la premiere & de la feconde race, & des empereurs Allemands.

A l'un des bouts de la ville, on voit l'arsenal. On compte l'arfenal de Zurich pour le mieux fourni de toute la Suisfe. Dans l'un de ces bâtimens, on montre la figure de Guillaume Tell, habillée & armée à l'ancienne mode Suisfe. On y conferve fon arbalête, avec laquelle il abbattit la pomme de desfus la tête de fon fils, en 1307. Enfin, on y voit l'épée & les gantelets de Levemberg, le chef de payfans rebelles, qui oférent asfiéger Berne, vers le milieu du dernier fiécle, & battirent cette ville avec des canons de bois.

Il n'eft pas posfible de détailler tous les édifices confidérables de Zurich; cela nous meneroit trop loin. Il y a cinq églifes paroisfiales, où l'on prêche ordinairement, la grande églife, l'églife des dames, ou Frawen-Munster; l'églife de faint Pierre, celle des Dominicains, & celle d'Oetembach ou de l'Hôpital. Il ne faut pas néanmoins oublier de remarquer que tout joignant l'églife des Dominicains, il y a un vieux grenier, où l'on garde du bled de l'année 1540, qu'on appelle communément le chaud Eté, à caufe des chaleurs excesfives, qu'il y eut dans tout le cours de cette année. Ce bled fe conferve fi bien, qu'on en peut faire encore aujourd'hui d'asfez bon pain, pourvû qu'on ait foin de le tremper vingt-quatre heures dans l'eau, avant que de s'en fervir. Du reste, il y a un autre grenier public, au bord de la riviere, qui eft toujours très-bien fourni.

On voit encore en partie, à Zurich, cette fimplicité & cette candeur des anciens Suisfes, & leur humanité envers les étrangers: la vertu & la piété paroistent régner parmi les habitans, mais fans faste & fans éclat. On peut même dire, à la louange de ce canton, que dans le tems du changement de religion, il furpasfa fes alliés en défintéressement: car il convertit en ufages pieux les revenus des églifes; c'eft ce qui fait que l'on voit de toutes parts un fi grand nombre d'hôpitaux, tous bien rentés.

Chacun fait que la ville de Zurich renonça à la religion catholique - Romaine en 1524, & qu'elle embrasfa la réformation d'Ulric Zuingle, ce fameux réformateur de la Suisfe. Depuis ce tems, on a entretenu, à Zurich, une accadémie ou collége, où l'on enfeigne la théologie & quelques autres fciences, & qui a toujours fourni de favans hommes, entr'autres, les Bullingers, les Stuckius, les Lavaters, les Hospinians, les Hottingers, les Heideggers, & plufieurs autres, dont il feroit trop difficile de faire l'énumération.

Les habitans de Zurich pasfent pour être fort curieux; ils aiment le travail, font industrieux; & il n'y a point de ville, dans la Suisfe, où l'on trouve plus de monumens dans l'histoire du pays: ceux qui ne font pas gens de lettres, s'appliquent au négoce : leur principale manufacture eft celle du crêpon, qui pasfe pour le plus beau qui fe voie; ils l'envoient par-tout, par le moyen de la Limmat, qui fait la communication avec le Rhin, par le moyen de l'Aare, dans laquelle elle fe jette à 6 ou 7 lieues de-là. Les femmes de Zurich font fort réfervées en public, mais d'un commerce asfez aifé à la maison: on distingue les filles d'avec les femmes, en ce que les premieres portent, fur la tête, une espéce de touffe, ou de noeud de rubans, qui eft la marque de leur état. Les hommes y font affables, officieux, fidéles, religieux à tenir ce qu'ils ont promis: & dans la guerre, ils ont autrefois donné des preuves de leur valeur; ils imiterent le canton de Lucerne, & fe firent eux-mêmes canton, en 1351. Leur ville étoit impériale, & n'avoit jamais fait partie de la maifon d'Autriche ; cependant à fon occafion, il s'alluma une guerre entre les Autrichiens & les cantons: elle avoit déja fait alliance avec les cantons d'Uri & de Schwitz, dès l'an 1251; & quoique Albert, archiduc d'Autriche, eut en général fait beau

coup de mal à tous les Suisfes, &, en particulier, à ceux de Zurich, il n'avoit néanmoins jamais pu les détacher de l'empire. Plufieurs autres archiducs avoient ausfi tenté la même chofe inutilement, employant toutes fortes de moyens, pour la ranger fous leur obéisfance: voici ce qui fut caufe qu'elle entra dans la confédération. Les nobles du voifinage s'étant unis avec un troupe de bandis, pour piller les villes & les opprimer, les bourgeois de Zurich s'alliérent avec les villes de Constance & de S. Gall, & avec la ville & l'évêque de Basle; avec ces alliances, ils devinrent respectables aux nobles, qui n'oferent plus les attaquer à force ouverte. Jean de Hapsbourg tâcha seulement de surprendre leur ville, par le moyen de quelques intelligences fecretes, qu'il avoit prati quées; mais il n'y réusfit pas : fon desfein fut éven té la même nuit que les nobles & les bandits devoient l'exécuter. Les bourgeois fe tinrent fur leurs gardes, & plufieurs des auteurs de la conspiration y furent tués. Albert & Othon d'Autriche formerent, là-desfus, le projet de faire le fiége de Zurich, & commençoient déja à mettre des troupes fur pied, lorsque les bourgeois, qui voyoient n'avoir aucun fecours à attendre de l'empereur, entrerent dans l'alliance des quatre cantons, en 1351. Albert voyant la ville de Zurich entrée dans l'alliance des quatre cantons, en fut fi irrité, qu'il s'empara, fous ce prétexte, de Rapperschwyl, & asfiégea enfuite Zurich, avec une puisfante armée; mais Agnés, reine de Hongrie, princesfe adroite, fe rendit médiatrice, & entreprit de ménager un accommodement entre fon frere & les Suisfes. Albert ne voulut point recevoir les conditions que fa fœur lui propofa; il en faifoit tous les jours de nouvelles, que l'on ne pouvoit fe réfoudre à accepter; de forte que les chofes vinrent dans un état qui fit juger aux Suisfes qu'il en faudroit nécessairement venir aux mains: ils prirent les devans, & s'emparerent les premiers du pays, qui forme aujourd'hui le canton de Glaris, & l'admirent dans leur alliance.

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de l'exercice de leurs charges: ces confeils ont à leur téte deux chefs, qui font les chefs de tout l'état, & que l'on appelle bourgue-mestres : le petit-confeil est partagé en deux bandes, dont chacune, avec un bourgue-mestre à la tête, gouverne tour-à-tour pendant fix mois. Outre ces asfemblées, il y en a encore plufieurs autres, établies pour le bien de la police, & pour l'administration de la justice; mais je n'entrerai pas dans ces détails.

Le canton de Zurich eft d'une étendue confidérable; &, après celui de Berne, il n'y en a point de plus grand dans la Suisfe.

L'auteur des délices de la Suisfe, dit que le canton de Zurich eft compofé de trente-cinq bailliages ou gouvernemens, dont il y en a dix-fept, qui font gouvernés par des baillifs, qu'on y envoie, qui font obligés d'y réfider, & que, pour cette raifon, l'on appelle Exterieurs, & dix-huit Intérieurs, ainfi nommés, parce qu'ils font gouvernés par des feigneurs du confeil étroit de Zurich, qui réfident dans la ville, faifant toujours les fonctions de fénateurs & qui vont de tems-en-tems administrer la justice: les premiers, ajoute-t-il, font Kybourg Gruningen, Eglifeau, Regensberg, Grifenfée, Andelfingen, Knonaw, ou la province-libre, Wedifchweyl, Lauffen, Hegy, Sax ou Forsteck, Flach, Alticken, Weinfelden, Pfin, Steineck, Neuferen: Les autres font: Altstetten, Regenstorff, ou Alten-Regensperg, Bulach, Neu-Ampt, ou le Nouveau Gouvernement, où eit Stadel, &c. Rumlang, Schwamendingen & Dubendorff, Hongg, Horgen, Wollishofen, Wiedikon, Stafa, Manedorff, Meilen Ehrlibach, Kuffnacht, Wipkingen, Birmenstorff Urdorff & Wettfchwyl: la plupart de ces derniers, ne font que des villages.

jus

Le Lac de Zurich eft long d'environ neuf lieues, & fa plus grande largeur d'une lieue. Il s'étend du Septentrion au Midi, & tant foit peu du côté de l'Orient, principalement à fa partie fupérieure. Il fait à peu-près la figure d'un arc, & eft förmé par la Lint, qui y entre au-desfous de Grinaw, & en fort à Zurich, fous le nom de Lindmatt, ou Limmat. Il eft partagé en deux parties, par une langue de terre, qui s'y avance confidérablement, formant une espéce de promontoire, fur lequel eft fituée la ville de Rapperfchwyl. La partie, depuis l'embouchure de la Lint, jusqu'à Rapperfchwyl, s'appelle le Lac fupérieur; & l'autre, depuis Rapperfchwyl qu'à Zurich, fe nomme le Lac inférieur, ou le Lac de Zurich. Ce lac eft abondant en diverfes fortes de poisfons, dont quelques-unes font même inconnues ailleurs. On voit la figure de chaque espéce, repréfentée dans deux grands tableaux, au premier vestibule de la maifon de ville de Zurich. Du côté occidental du lac, s'éleve le mont Albis, qui eft asfez haut; & du côté de l'Orient, on voit une chaîne de montagnes, moins hautes, plus cultivées, & de meilleur rapport. Du reste, les deux rives du lac font garnies de vignobles, de belles prairies, de jardins, de bosquets, de maifons de plaifance, qui, entremêlées de quelques chaumieres, font une variété des plus agréables, fur-tout du côté qui regarde le Soleil levant, parce que les vins y font meilleurs que du côté oppofé au Soleil couchant, où ils font toujours un peu verds.

La forme du gouvernement, fous lequel eft aujourd'hui la ville de Zurich, avoit été établie dès l'an 1336: elle tient de l'Aristocratie & de la Démocratie; & c'eft apparemment ce qu'a voulu infinuer l'auteur des délices de la Suisfe, en difant que ce gouvernement eft Aristocratique, mais asfez libre. « La ville, continue-t-il, eft partagée en trei»ze tribus; une des nobles, & douze de bourgeois: » on prend de chacune de ces tribus, un certain » nombre de perfonnes, pour compofer le petit» confeil, qui eft de 55 membres, & le grand-con» feil, qui eft de 200, & en qui réfide la fouveraine"té: chaque tribu bourgeoife fournit douze per»fonnes pour le grand-confeil, & trois pour le pe» tit; mais la tribu des nobles a le privilége d'en » fournir dix-huit pour le premier, & fix pour le » fecond; après quoi, pour rendre ce dernier complet, on prend encore fix autres perfonnes dans » les tribus, où l'on croit trouver le plus de gens » de mérite». Ce calcul n'eft pas juste, & le raifonnement eft obfcur: il falloit dire que le grand & le petit-confeil compofent ensemble le nombre de deux cent douze membres; que le grand eft formé de cent foixante-deux perfonnes, & non de deux cent: car les douze fujets, que fournit chaque tribu, joints aux dix-huit de la tribu des nobles, ne font que cent foixante-deux membres; d'ailleurs, le petit-confeil n'eft pas non-plus de cinquante-cinq perfonnes car les trois, que fournit chaque tribu, que fournit chaque tribu, les fix de la tribu des nobles, & les fix perfonnes de mérite, choifies indifféremment dans toutes les tribus, ne font que le nombre de quarante-huit, qui, avec les cent foixante-deux du grand-confeil, comque pofent en tout deux cent dix membres, ausquels, fi l'on ajoute encore les deux bourgue-mestres, on trouvera les deux cent douze membres des deux confeils: il faut néanmoins remarquer que le nombre de confeillers de la république excéde fouvent celui de deux cent douze, parce que les bourguemestres, & quelques autres officiers de l'état, font admis dans les confeils, lorsqu'ils ont fini le tems

ZURINAS, peuples de l'Amérique méridionale, au pays des Amazones, à la droite de la riviere de ce nom, entre la riviere des Omopaleas, ou des Curiguéres, & celle de Parana-Miri, autrement, la petite riviere. Ces peuples, ainfi que les Caupunas, font les hommes les plus adroits & les plus curieux,

l'on connoisfe dans le pays, pour les ouvrages de la main. Ils font des fiéges en forme d'animaux avec tant de délicatesfe, & qui font fi commodes que l'invention humaine n'en fauroit trouver de meilleurs. Ils font des Estolicas, qui font leurs armes ordinaires, d'un bâton fort délié, avec tant d'adresfe, qu'on ne doit pas s'étonner fi les autres nations du pays fouhaitent d'en avoir; & ce qui eft admirable, d'un morceau de bois, le plus grosfier, ils en tirent une figure du relief fi au naturel, & avec tant

de perfection, que beaucoup de nos fculpteurs pourroient bien apprendre d'eux. Ce n'eft pas feulement pour la fatisfaction de leur esprit, & pour leur propre commodité, qu'ils travaillent à ces ouvrages, c'eft encore pour le profit qu'ils en retirent, puisqu'ils en font commerce avec leurs voifins, de qui ils obtiennent, en échange, tout ce qui leur est nécesfaire. * Relat. de la riviere des Amazones, par le Pere d'Acugna, c. 63.

ZURITA, ville d'Espagne, dans la Castille vieille, au Nord-Eft de Toléde, & près de Pastrana, au Midi, fur le bord du Tage. Cette petite ville, défendue par un vieux château, dont le Tage lave les murailles, eft une commanderie de l'ordre de Calatrava. On recueille dans fon terroir du fafran, de l'huile & du vin fort délicat. * Délices d'Espagne,

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ZUROBARA, ville de la Dace, felon Ptolomée, l. 3, c. 8. Niger croit que ce pourroit être aujourd'hui Temeswar. Le manuscrit de la bibliothéque Palatine lit Zuribara, au lieu de Zurobara, & Ortelius écrit Zurobora, fondé apparemment fur quelqu'autre manuscrit.

ZÜRTA, fleuve des environs de la Thrace, felon Ortelius, qui cite Marcellinus Comes, & ajoute que c'eft près de ce fleuve, qu'Aristus fut vaincu par les Bulgares. Ce fleuve eft appellé Zorta, par Jornandès.

ZURULUM. Voyez TZURULUM. ZURZACH, bourg de Suisfe, au comté de Bade, fur le Rhin, à cinq milles d'Italie, au-des fous de Keiferftoul. C'eft un grand & beau bourg, célebre, principalement pour fes foires, où il fe débite une quantité prodigieufe de marchandifes, dans un petit espace de tems. Elles fe tiennent le Lundi après le Dimanche de la Trinité, & le premier de Septembre. Zurzach eft un lieu fort ancien. Il avoit autrefois trois ponts fur le Rhin; mais il n'en a plus depuis longtems. Pour fuppléer à ce défaut, on trouve toujours, fur le bord du fleuve, des bateliers prêts à pasfer les voyageurs; & quand on vient de quelque endroit d'Allemagne à Zurzach, on trouve pareillement des bateliers au petit village de Rhinen ou Rheinen, vis-à-vis de Zurzach. On a découvert, dans ce bourg, divers monumens d'antiquité, quantité de médailles Romaines, & les ruines d'une vieille forteresse, qu'on croit une des quarante, que Drufus fit construire le long du Rhin. Les religions, catholique & protestante, font également reçues à Zurzach. On y voit une jolie église paroisfiale, où les Protestans & les Catholiques font tour-à-tour le fervice divin. Dans la muraille de cette églife, près de la porte, on a enchassé une pierre rompue, où l'on voit un fragment d'inscription, qui étoit entiere, en 1535, & que Tfchudi, qui la vit alors, rapporte ainfi:

M. JUNIO M. F. VOLT. CERTO
DOM VIEN. VETERAN.
MIL. LEG. XIII. GEMINE
CERTUS ET AMIANTUS
PII HÆREDES FECERUNT.

Cette inscription a donné lieu à plufieurs favans de croire que çe Certus, dont elle fait mention, a été le fondateur ou le réparateur de Zurzach, & qu'il lui donna fon nom de Certiacum, dérivé de Certus, dont on a fait Zurzach. A côté de l'églife paroisfiale, il y en a une collégiale, qui eft le double plus grande & plus haute. On en attribue la fondation à Charles le Gros. Les chanoines, qui la desfervent, font richement rentés. Quoique Zurzach appartienne à l'évêque de Constance, & foit fous la dépendance d'un baillif, que l'évêque établit à Klingnau ; cependant ni dans l'un ni dans l'autre de ces endroits, le baillif n'a point le droit de glaive. Quand on y a condamné quelque criminel à mort, on le met en

tre les mains du baillif de Bade. Outre cela, pendant tout le tems que dure la foire à Zurzach, toute jurisdiction de l'évêque cesfe, & le baillif de Bade y a une autorité abfolue. A une lieue au-desfous de Zurzach, la riviere de l'Aare fe jette dans le Rhin; & on y voit un village, nommé Clobentz. Entre Zurzach & ce Clobentz, il y a un endroit, dans le Rhin, où le cours de ce fleuve eft coupé par une chaîne de rochers élevés, qui le traverfent dans toute fa largeur, d'un bout à l'autre, & qui ne laisfent qu'un pasfage étroit au milieu, où deux petits batteaux ou nacelles de pêcheurs peuvent pasfer de front. Quand l'eau du fleuve eft basfe, elle coule toute par cette ouverture; & fi l'on met au-desfus une planche, qui repofe fur les deux rochers oppofés, on peut traverfer le Rhin à pied fec. Dans ce tems-là, on voiture toutes les marchandifes fur le Rhin, avec de petits batteaux. Mais lorsque l'eau du fleuve eft haute, ce qui arrive principalement en Eté, que le Rhin eft grosfi par la fonte des neiges, l'eau pasfe par-desfus cette chaine de rochers, dans toute la largeur du fleuve, & alors il n'eft plus posfible d'y naviger. On eft obligé de décharger les marchandifes au-desfus de cette cataracte, pour les recharger au-desfous. * Etat & Délices de la Suisfe, t.3, p. 135& fuiv.

ZURZURA, ville de la Grande-Arménie, felon Ptolomée, 7.5, c. 13. Le manuscrit de la bibliothéque porte Zurzua, au lieu de Zurzura.

ZUTÆ. Voyez OZUTI.

ZUTHI. peuples d'Afie, dans la Carmanie déferte. Ptolomée, 1.6, c.6, les marque dans la partie méridionale de cette contrée; & fes interprêtes, au lieu de Zuthi, lifent Chuti ou Cuthi.

1. ZUTPHEN, quartier des Pays-Bas, dans la province de Gueldres, avec titre de comté, qui comprend quatre baronies. Le comté de Zutphen a été un état posfédé par des feigneurs héréditaires, longtems après l'érection de Gueldres en comté, & enfuite en duché. Il fe trouvoit déjà établi dans le milieu du dixiéme fiécle fous le regne d'Othon le Grand. Wichman, qui fonda alors l'abbaye d'Altena ou Eltenberg, étoit comte de Zutphen: il laisfa ce comté à fes descendans, qui étoient, à caufe de cette terre, vasfaux de l'évêque & de l'églife d'Utrecht, comme on le voit, par un titre de l'an 1021, rapporté par Heda. Ces comtes n'ont fini qu'au commencement du douziéme fiécle. Ce fut alors que Gerlac, dernier comte de Zutphen, étant mort, en 1107, ce comté vint à Gerard, comte de Gueldres, fils du premier comte Othon, & parent, par fa mere, du comte Gerlac; & depuis ce tems-là, ce comté fut uni inféparablement à la province de Gueldres.* Longueruë, Defcr. de la France, 2. part. p. 37.

Le comté de Zutphen eft féparé du Velau, par l'Ysfel, du côté de l'Occident; il a, au Nord l'Over-Ysfel; à l'Orient, l'évêché de Munster; & au Midi, le duché de Cléves. Il a pris le nom de Zutphen, qui en eft le chef-lieu. Les quatre baronies, qu'il comprend, font: Bronchorft, Berghe, Baer & Wisch. On y compte fix villes; savoir:

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Il y a, outre cela, dans ce comté, huit dépendances, qui font: la Drosfarderie du comté de Zutphen, qui a fix villages; l'Ecoutetterie de Zutphen, qui en a cinq; la Drosfarderie de Bredevorde, qui en a trois; la Justicerie de Doesbourg, qui en a trois ; l'Ecoutetterie de Lochem; les Seigneuries de Borckeloë, d'Anholt & de Laethem.

2. ZUTPHEN, ville des Pays-Bas, dans la province de Gueldres, au bord oriental de l'Ysfel, & la capitale du comté de Zutphen. Cette ville, fituée à deux lieues de Deventer, à quatre d'Arnhem, & à fix de Nimégue, fut fondée il y a plus de fept cent cinquante ans. Sa fituation eft naturellement forte; car elle a, d'un côté, la riviere d'Ysfel, & de l'au

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tre, celle de Breckel, qui remplit fes fosfés, & qui la traverle par le milieu, & va fe jetter dans l'Y siel. Son nom vient du mot eenen, qui, dans la langue qui, dans la langue du pays, fignifie des prairies, & de celui de Zudt, qui veut dire Midi, ce qui fignifie prairies méridionales. Elle étoit autrefois du diocéie de Munster; mais en 1560, elle fut mife fous le nouvel évêché de Deventer. Son églife principale, qui eft fort ancienne & fomptueufe, étoit dédiée à fainte Walburge. Elle a une tour très-haute, qui fut fort endommagée en 1446, & en 1606, par la foudre; mais on la répara en 1638. Il y avoit autrefois un chapitre de douze chanoines, avec un prevôt & un doyen. La fondation en ett attribuée à Othon de Nasfau, premier comte de Gueldres, qui y eft enterré avec fa femme Sophie, fille & héritiere de Wichman, dernier comte de Zutphen. Ses édifices, les plus remarquables, font: la maifon de ville, le collége des députés du comté, & un ancien bâtiment, qu'on nomme s' Graven haft ou le palais du comté. Comme elle s'étoit jettée dans le parti des états des Pays-Bas, fous le gouvernement de Guillaume I, prince d'Orange, elle fut attaquée & prife d'asfaut, par Fréderic de Toléde, fils du duc d'Albe, l'an 1572. On pendit un grand nombre de bourgeois; & quand les bourreaux furent las, on noya le reste dans l'Ysfel. Ce traitement obligea toutes les autres villes de la Guelures & de l'Over- sfel, d'ouv i leurs portes aux Espagnols. Quelque tems après, Zutphen fut reprife, par le parti du prince d'Orange; mais après fa mort, elle revint au pouvoir des Espagnols, qui traiterent encore fort mal les habitans, en 1583. Le prince de Parme y fit mettre une nombreuse garnifon, & fit élever plufieurs forts aux environs, pour en rendre accès plus difficile. Les états l'asfiégerent deux fois inutilement, en 1584 & 1586, lorsqu'une partie de l'armée du comte de Leicester, qui en faifoit le fiége, fut mife en déroute, par celle du prince de Parme. Elle demeura ainfi fujette du roi Philippe II, jusqu'en 1591, qu'elle fut prife le 30 Mai, par le comte Maurice de Nasfau, prince d'Orange, qui, neuf jours auparavant, avoit furpris le fort de Zutphen, par le moyen de quelques foldats déguités en payfans & en payfannes. En 1672, les François, fous la conduite de Philippe de France, duc d'Orléans, fe rendirent maitres de Zutphen, en peu de jours, quoiqu'elle fût abondamment pourvue & défendue par une garnifon de deux mille cinq cens fantasfins, & de quatre compagnies de cavalerie, fans compter les habitans. fans compter les habitans. Mais en 1674, les François abandonnerent tout ce qu'ils avoient pris, & raferent les fortifications, qui confistoient en neuf bastions. Elles ont été relevées depuis, & augmentées confidérablement.

ZUTZ, paroisse du pays des Grifons, dans la ligue de la Caddée & dans la partie d'en bas de la Haute-Engaddine. Zutz eft le fiége du ministral, ou chef de toute la communauté de la Haute-Engaddine. Ce chef doit toujours être, ou lui, ou du moins, fon lieutenant, de la noble & ancienne famille de Planta. Il y a une tour, qui porte le même nom que la paroisfe. * Etat & Délices de la Suisfe, 2.4. p. 62.

ZUXA, petite riviere d'Espagne, dans l'Estremadoure, felon Corneille, qui ne cite point fon ga rant. Il ajoute qu'elle a fa fource dans la Sierra Morena, & qu'elle va mêler fes eaux avec celles de la Guadiana, un peu au-desfus de Medelin.

Si Corneille avoit nommé cette riviere Zuja, il auroit pu citer les délices d'Espagne, & la plupart des cartes. Voyez ZUJA.

ZUYDENZED ou ZUIDERZEE, grand golfe de l'Océan Germanique, fur la côte des Pays-Bas, & qui fépare la Frife occidentale, de la Frite orienta le. Ce golfe a été formé par l'inondation de la Mer, qui, étant entrée par l'embouchure du Flevon, ou Flie, & de l'Ems, a couvert trente lieues de pays, dont il ne resta que la côte, qui forma, dans la fui te, plufieurs isles, qu'on nomme aujourd'ui Texel, Eyerland, Fiiland, Schelling & Ameland. Ainfi, la Weft-Frisland, ou Frife occidentale, fut féparée

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de l'autre, par une Mer de dix ou douze lieues de large. Godefroy, moine de faint Pantaleon, dit, dans fa chronique, que cette inondation arriva en 1170, & qu'alors, l'Océan étant entré avec violence dans la Frife, inonda la plus grande partie du pays, vers Staveren. Mais Ubbo Emmius, dans fon histoire de Frife, prouve, par l'autorité d'Emon, abbé de Verum, qui vivoit en Frife, du tems du moine Godefroy, au treiziéme fiécle, que la plus grande inondation, & la ruine totale de tant de peuples, étoit arrivée vers l'an 1225. Cette même inondation forma, avec le lac de Flevon, une Mer de trente lieues de longueur, que l'on nomme Zuyde rée, c'est-à-dire, Mer du Midi, parce qu'elle eft au Midi du grand Océan, duquel elle eft féparée, par les isles dont nous venons de parler, & qui s'étendent jusques vis-à-vis de la Frife orientale. Le Zuyderzée baigne la Nord-Hollande ou Weft-Fri fe, la Hollande méridionale, la feigneurie d'Utrecht, le duché de Gueldres, la feigneurie d'Over-Ysfel, & celle de Frife.

ZUYD-SCHANS, fort des Pays-Bas, au BraFant-Hollandois. Il eft construit à l'embouchure du Zoom, dans l'Escaut oriental, & à la droite, en entrant, vis-à-vis du Nord-Schans, autre fort, qui, ausfi-bien que Zuyd-Schans, eft près de la ville de Berg-op-Zoom, & destiné pour fa défense.

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ZUYT-GEEST, jurisdiction des Pays-Bas, áu Brabant-Hollandois, dans le marquifat de Berg-opZoom: c'est une jurisdiction fans village. E le commence à une demi-lieue, au Sud, de Berg-or-Zoom, & s'étend jusqu'à une lieue & demie, à l'Orient, vers la Bruyére de Huybergen, & jusqu'à l'Escaut, du côté de l'Occident. Le tribunal ett compofé de cinq échevins, & de deux Jurés; & la charge de fécretaire eft remplie par celui de Halfteren. Le Drosfart de Wouw en eft le baillif. Les magistrats fe font confervé le droit d'établir le receveur. Il y avoit autrefois un polder, renfermé dans cette jurisdiction; mais il a été fubmergé vers la fin du quinziéme fiécle. * Janiçon, Etat préfent des ProvincesUnies, t. 2, P. 234.

ZUZIDÁVA, ville de la Dace. C'est Prolomée, 43, c.8, qui en parle. Ortelius fourçonne que ce pourroit être la ville Sucidava, que la notice des dignités de l'empire met dans la Scythie.

ZUZIM Voyez ZOMZOMIM.

ZWEYSIMMEN, village de Suisfe, au canton de Berne, dans le Haut-Sibenthal, dont il eft le principal lieu. C'est un beau & grand village, qui a, fur une hauteur, fon temple, asfez bien bâti.* Etat & Délices de la Suisfe, t. 2, p. 229.

ZWEZEN, bailliage d'Allemagne, dans la Thuringe, aux environs de lene. Ce bailliage, qui étoit protestant, a été posfédé par Christien-Auguste, cardinal de Saxe-Zeits, qui embrasfa la religion catholique, en 1695, jusqu'à fa mort, arrivée en 1725, après laquelle il a été joint aux terres électorales du cercle de Saxe.

ZWILFELD, ad duplices aquas, abbaye d'hom. mes, ordre de S. Benoît, en Allemagne, au dicctè de Constance, à une lieue & d. du Danube, à la gauche, dix lieues au-desfus d'Ulm, rétablie fous l'invoca-" tion de la Vierge, vers la fin du onzième fiéclé. -ZWINGEN, feigneurie de Suisfe, dans le pays que posfede l'évêque de Bâle, comme prince de Porentru. Le chef-lieu de cette feigneurie, eft un châ teau de même nom, bâti auprès de la ville d'e Lauffen, qui en dépend.* Dél. de la Sif, t.3, 1.267.

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ZWOL ou SWOL, Zavolla, ville des Pays-Bas, dans la province d'Over-Ysfel, au pays de Zallant, à une lieue de Deventer, & à deux de Campen C'est une place forre & très-réguliere, défendue par un double fosfé, templi des eaux de la petite ri viere d'Aa, qui s'y joint à celle du Vecht; & c'eft le pasfage ordinaire de la Holande vers les provin ces de Frife, de Groeningue & d'Over-Ysfel. Sa fituation eft fort avantageufe, étant bâtie fur une éminence, d'où elle commande la campagne; & il y a, outre cela, trois forts, qui empêchent l'accès de cette place.

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