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rent entrer en guerre contre les Romains, ils choifirent Pyrrhus roi des Epirotes. Tous ces capitaines s'en allerent mécontens & ennemis de ceux de Tarente, qui nonobftant leur grande mifere, étoient devenus fi arrogans, qu'ils ne voulurent jamais fuivre les avis de ces capitaines; ce qui tâcha entr'autres tellement Alexandre contr'eux, qu'il fit tous les efforts pour transporter dans le territoire des Turiens le grand confeil des Grecs, qui étoit accoutumé de s'affemÅler dans le temple d'Hercule, au pays de Tarente, & il fit faire après un bâtiment commode proche la riviere d'AtaJandre pour l'affemblée de ce confeil. Hannibal fut le premier qui leur ôta leur liberté, & les Romains en firent une colonie.

Hérodote prouve, dans fon troifiéme livre, que du tems de Darius & de Milon Crotoniate, la ville de Tarente fut gouvernée par des rois. Florus dit que Tarente étoit autrefois la capitale de la Calabre, de la Pouille & de la Lucanie. Sa circonférence étoit grande, fon port avantageux, fa fituation merveilleufe, à caufe qu'elle étoit fituée à l'embouchure de la mer Adriatique, à la portée d'un grand nombre de places maritimes où les vaiffeaux alloient; favoir, en Iftrie, dans l'Illyrique, dans l'Epire, en Achaïe, en Afrique & en Sicile. Au-deffus du port du côté de la mer, étoit le théâtre de la ville qui a occafionné fa ruine; car le peuple s'y étant rendu un jour pour voir des jeux qui s'y faifoient, obferva que des hommes paffoient près du rivage; on les prit pour des ennemis. Les Tarentins fans aucun autre éclairciffement, fe moquerent d'eux,& les tournerent en ridicule; il fe trouva que c'étoient des Romains, qui s'étant apperçus des folies de ceux de Tarente, envoyerent des députés à la ville pour fe plaindre de l'affront qu'on leur avoit fait fans aucune raifon. Les Tarentins les chafferent honteufement de leur ville. Les Romains mirent fur pied une groffe armée, pour venger les injures de leurs concitoyens. Les Tarentins en firent autant, appellerent Pyrrhus à leur fecours : il y vint avec ce qu'il put ramaffer de troupes en Epire, en Theffalie & en Macédoine. Il battit d'abord les Romains, il en fut enfuite battu deux fois, & obligé d'abandonner l'Italie; ce qui entraîna la perte de Tarente. TiteLive dit, 9 & 12, que les Tarentins s'étoient emparés de la flotte des Romains, en avoient tué le chef, & challe avec mépris les ambassadeurs que le fénat de Rome y avoit envoyés pour fe plaindre de ces violences; que là-deffus les Romains leur avoient déclaré la guerre, les avoient fubjugués, & enfuite leur avoient rendu la liberté. On ne fait quand, ni par qui, Tarente a été ruinée, ni de quelle maniere elle a été rebâtie fur le pied qu'on la voit aujourd'hui. Biondo, au fixiéme livre de les hiftoires, & Sabellicus, au livre quatrième de la huitiéme Ennéade, difent que cette ville avoit été rebâtie par des habitans de Calabre, & par quelques autres peuples chaffés de leur patrie au tems que Totila, roi des Goths, pilla Rome. Quoi qu'il en foit, il s'en fallut beaucoup qu'elle eût alors fon ancienne grandeur; puisqu'on la répara feulement dans cet endroit, proche du port, & entouré de trois côtés par la mer. Dans la fuite on la fortifia encore d'une muraille du côté de la terre, & pour plus grande fûreté on y fit un foffé tout à l'entour. Après la décadence de l'empire romain en Italie, les Tarentins furent fujets aux empereurs de Conftantinople jusqu'à l'arrivée des Sarrazins en Italie, dont ceux-ci conquirent d'abord une grande partie : ils s'emparerent du golfe de Tarente; mais après qu'on les eut chaffés de l'Italie, Tarente tomba fous la domination des princes & rois de Naples, qui honorerent ce pays du titre de principauté. Plufieurs particuliers en ont porté le nom, entre lesquels on compte quelques perfonnes de la famille des Urfins de Rome. Le premier de ceux-ci fut Jean-Antoine, qui l'avoit achetée de Jacques, comte de la Marck, prince de Tarente, & mari de la reine Jeanne II. Cette vente fe fit du confentement de cette reine. Le dernier prince de Tarente de la famille des Urfins fut Jean, qui posfédoit de belles qualités. On voit encore dans cette ville plufieurs veftiges de fon ancienne grandeur, comme quelques reftes du théâtre, de bâtimens publics & de l'embouchure de fon célébre port. Cette embouchure eft fermée préfentement avec de groffes pierres, de forte qu'il n'y a que de petites barques qui puiffent y entrer. On a bâti fur ces pierres des arcades par où l'eau de la mer entre & fort au tems du flux & du reflux, ce qui y amene une quantité de poiffons, dont la pêche eft fi abondante qu'on en fournit aux peuples de la Calabre, de la Pouille, de la Bafilicate & des autres

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pays voisins. Le peuple appelle la petite Mer cet endroit où l'ancien port étoit : il a trente milles de tour, ayant huit milles de longueur fur deux de largeur, quoique Strabon ne faffe fa circonférence que de douze milles & demi; mais il faut que ce paffage de Strabon ait été corrompu: les pêcheurs qui y navigent incefllamment, & le mefurent presque pas à pas, font foit du contraire, puisqu'il eft environné de hauts rochers de tous côtés. En fortant de fon embouchure on entre dans le golfe de Tarente, que les habitans nomment la grande Mer. La ville d'aujourd'hui eft fort petite en comparaifon de l'ancienne, dont elle n'occupe qu'une des extrémités. Elle eft plus longue que large. A fon extrémité vers la terre ferme eft fituée la forterefle, entourée des eaux de la mer. Ferdinand d'Arragon I, roi de Naples, la fit réparer. Silius-Italicus racontant dans fon fecond livre la défaite des Romains par Annibal, à Cannes, nomme les Tarentins entre les peuples qui abandonnerent les Romains, & fe rangerent du côté de l'ennemi.

Le philofophe Archytas mit en grande réputation cette ville. Saint Jérôme en parle avec éloge dans la lettre qu'il écrit à Paulin, où il dit que Platon fit le voyage de Tarente pour le voir.Horace, au premier livre de ses Odes, Ode 28, adresse ces vers à ce même Archytas:

Te maris & terra, numeroque carentis arena,
Menforem cohibent, Archyta,

Tarente a donné encore le jour à Ariftoxéne, à Lurite, deux philofophes célébres de leur tems, à plufieurs autres hommes illuftres par leur favoir & leurs autres qualités. On garde dans cette ville les reliques de faint Catalde fon premier évêque. En fortant de la ville on voit d'abord une petite églife bâtie fous terre par l'apôtre faint Pierre, qui, à ce qu'on dit, débarqua dans ce lieu, & fe rendit de-là à pied jusqu'à Rome. Cette église est en grande vénération dans le pays. Le terroir de Tarente eft gras & fertile. Pline loue les porreaux, les figues, les noix, & les chataignes & fur-tout le fel de Tarente, qu'il dit furpaffer en douceur & en blancheur tous les autres fels.

Varron fait l'éloge du miel de Tarente. La riviere de Galafo paffe à trois milles de la ville; quoique Tite - Live la mette à cinq. Cela peut avoir été du tems de Tite-Live, & dans la fuite des tems ce fleuve a pu s'élargir & s'approcher de la ville.

Aujourd'hui le grand commerce de Tarente confifte en bled, en huile, & en huitres marinées d'une façon toute particuliere, ce qui les rends excellentes. On en envoye quantité par toute l'Italie.

TARETICA, promontoire de la Sarmatie Afiatique, fur la côte du Pont-Euxin. Ptolomée, l. 5, c. 9, le marque entre Tazos & Ampfalis. Le manuscrit de la bibliotheque palatine porte Toretice pour Taretica ou Taretice.

TARF, petite riviere d'Ecolfe, dans la province de Nithesdale, fe jette dans le Bladnoch après avoir coulé quelque tems à l'occident de Krée.

TARGA, petite ville dans l'Afrique, au royaume de Fez, fur la côte de la mer Méditerranée, à fept lieues de Tétuan, vers le levant, dans une plaine qui eft entre deux montagnes. Elle eft enfermée de vieux murs, ayant du côté de la mer un château qui n'eft pas bien fort, quoique bâti fur un rocher. Cette ville doit fon origine aux Goths, qui la fonderent lorsqu'ils étoient maîtres du pays. Elle étoit autrefois fort peuplée, & le gouverna pendant quelque tems ellemême; mais après la prife de Ceuta par les chrétiens, la plûpart des habitans & les plus nobles fe fauverent dans les montagnes, & il n'y demeura qu'environ fix cents familles de pêcheurs, qui falent leur poiffon pour le vendre aux muletiers qui viennent de tous les endroits de cette contrée jusqu'à trente lieues à la ronde. La pêche y eft fi abondante, qu'on affure qu'elle pourroit fournir de poiffon la moitié du royaume de Fez. Cette ville eft environnée de tous côtés de grandes & épaifles forêts remplies de finges; & les montagnes voisines font très-froides & fort escarpées, quoiqu'il y ait un petit canton où l'on féme de l'orge; de forte que plus grande partie du bled qu'on y mange vient de dehors, & eft apportée par ceux des montagnes & de l'Algarbé. Les habitans de Targa font brutaux & grands yvrognes, qui fe piquent de bravoure; mais fur le moindre foupçon de quelques vaiffeaux chrétiens, ils quittent la ville & fe fauvent Tome V. Ggggg

la

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rac.

TARGAZIN, ville de Perfe, dans la province d'Hié

TARGEA, lieu de France, dans le Bourbonnois, diocèle de Clermont, élection de Gannat. C'eft une parciffe fituée à une lieue de la riviere de Bouble, & à cinq de celle de l'Allier. Les environs font de bonnes terres à feigle, beaucoup d'avoine, bons pâcages, foins abondans. Il y a un commerce de beftiaux, & quelques étangs. La cure vaut cinq cents livres. La paroiffe fait partie du duché de Bourbonnois : il y a plufieurs annexes.

TARGILENSIS. Il eft parlé d'un évêché de ce nom au troifiéme livre des Decretales, l. 3, c. 14, de Regularib.

TARGINES, fleuve d'Italie. Pline, lib. 3, c. 10, le met dans le pays des Locres. C'est aujourd'hui le Tacina. Ortélius remarque que Gabriel Barri place une ville de même nom près de ce fleuve, & que cette ville eft préfentement nommée Vernauda.

TARGON, lieu de France, dans la Guienne, diocèfe & élection de Bordeaux.

TARGOROD ou TRESCORT, ville de la Moldavie, au confluent de la riviere de Séreth & de la Moldava, environ à quinze lieues au-delfous de la ville de Soczowa. Quelques géographes la prennent pour l'ancienne Ziridava; mais Lazius n'en convient pas. Voyez ZIRIDAVA.* De l'Isle,

Atlas.

TARGOVISCO ou TARVIS. Voyez TERGOWITZ. TARGUEZ, habitation des Bérebéres, dans l'Afrique, dans le pays appellé Eftuque. L'habitation de Targuez eft la principale. Il y a fur un petit tertre un château où demeure le cheque ou feigneur du pays, qui eft tout coupé de rochers, quoique fertile en orge. On y nourrit quantité de chèvres, dont les habitans font leur principal trafic. Ces Bérebéres font de la tribu de Muçamuda, & ils en ont encore d'autres pour voifins qui logent comme eux dans de maifons, & qui ont des villes & des châteaux. * Dapper, description des Biledulgerid. p. 205.

TARIANA, ville de la Sufiane. Elle étoit felon Ptolomée, l. 6, c. 3, dans les terres, entre Albina & Sele.

TARICHEA. Voyez TARICHÉE.

TARICHÉE, ville de Galilée, dont Jofeph, in vita fua 1010 a fouvent parlé. Il dit qu'elle étoit à trente ftades de Tibériade. Il infinue qu'elle étoit maritime, puis qu'il dit qu'il s'y embarqua pour venir à Tiberiade. Pline, 7.5, 6. 15, la place au midi du lac de Généfareth. Suétone, in Tito. la nomme urbem Judea validiffimam Tarichaam. Jofeph. de Bello, 1. 2.

*

TARICHIÆ. Voyez PELFAIE. TARIFFE, ville d'Espagne, dans l'Andaloufie, fur le détroit de Gibraltar, à cinq lieues de la ville de ce nom en tirant à l'oueft. On l'appelloit anciennement Julia-Traducta ou Julia Joza, parce qu'on y avoit fait venir une colonie de Carthaginois. Elle eft fur une petite hauteur qui lui donne une vue fort étendue; mais elle n'a ni port ni baye propre à recevoir des vailleaux. On prétend qu'elle a été bâtie par Tariffe général des Maures, qui pafferent le détroit à la follicitation du comte Julien, pour s'emparer de l'Espagne. La ville eft encore environnée des murs & des tours qu'il y fit bâtir. Il y a encore un château affez élevé & petit, d'une fabrique très-ancienne où le gouverneur loge. Tariffe ne laiffe pas d'être grande, mais elle eft déferte: à peine y compte-t-on huit cents habitans. Les rues font fort étroites & tortues, on voit encore bien des maifons bâties à la moresque, avec des plates-formes au lieu de toits; elle n'eft pas pavée: cette ville eft fort pauvre, parce qu'elle ne fait aucun com

merce. Le pays eft très-fertile dans un climat doux & tempéré, arrofé de quantité de petits ruiffeaux. On n'y connoît presque jamais d'hiver, & les figuiers, les orangers, les citronniers plantés en pleine terre, quoique négligés rapportent de très-bons fruits. On y trouve encore vers le mois de décembre des figues excellentes. Les côteaux remplis de vignes font dans une expofition charmante; le vin eft excellent malgré le peu de foin que l'on prend des vignes, & la mauvaise maniere que l'on a de le faire. * Labat, Voyage d'Espag. t. I, p. 207.

Du côté de l'oueft de Tariffe il y a une grande plage de fable dans un enfoncement qui conduit jusqu'au cap de la Royo, en laquelle on peut mouiller, lorsqu'on vient du côté de l'oueft, ne pouvant entrer dans le détroit; le meilleur endroit eft dans le fond de la plage, vers le nord de l'isle de Tariffe à la petite portée du canon de la plage, par fept ou huit braffes d'eau, fond de fable menu, où les ancres tiennent bien; mais il ne faut pas mouiller trop proche de l'isle, car il y a plufieurs roches qui gâtent les cables; on eft à couvert par cette ifle des vents depuis le fud-fud-eft jusqu'au nord. Il ne faut pas s'y laiffer furprendre des vents d'oueft, & fud-oueft, car la mer dans ce tems eft fort groffe, & l'on auroit peine à doubler l'ifle Tariffe; les gens du pays affurent que la mer annonce quand le vent eft prêt à s'élever. Les marées dans cet endroit font au nord & fud à douze heures; le flot porte à l'oueft & le juffant à l'eft. On peut faire de l'eau du côté de l'oueft hors la ville de Tariffe; mris on ne peut passer à terre de l'ifle qu'avec des bateaux.* Michelot, Portug. de la Méditerranée, p. 7.

Environ dix milles au fud eft-quart-d'eft du cap de la Plata, gît l'ifle de Tariffe qui s'avance beaucoup en mer, fur laquelle eft une tour ronde. Environ par le milieu de cette diftance vous voyez une groffe pointe avec quelques taches blanches qu'on appelle cap de Royo del Poirco, du côté de l'oueft de ce cap il y a une plage de fable un peu enfoncée, qu'on appelle Boullognia, devant laquelle on peut mouiller avec le vent du nord-oueft, nord & nord-est, à huit & neuf brafles d'eau, fond de fable fin. Entre l'ifle & la ville il y a une chapelle fur un monticule de fable blanc, qui de loin paroît ifolé. On peut mouiller auffi devant la ville pour les vents d'oueft, nord-oueft & nord; favoir entre l'ifle & la ville, par fept à huit bralles d'eau, fond de fable fin; mais ces mouillages ne font que pour relâcher, & lorsqu'on ne peut fortir du détroit.

Marques des feches ou baffes de Tariffe.

Droit au fud du cap de Royo del Poirco, environ fix milles & trois milles à l'ouest de l'ifle de Tariffe, il y a un petit banc de roches fous l'eau fort dangereux, qui gît nord & fud, de l'étendue d'environ un mille. Les gens du pays le nomment les Lachas de la Royo; il n'y refte que cinq pieds d'eau de baffe mer, & les courans d'eft près de ce banc vous y attire.

On peut paffer entre l'ifle de Tariffe & les rochers, rangeant la côte d'Espagne & l'ifle Tariffe à discrétion ; car il y a quinze à vingt braffes d'eau : à trois à quatre cents toifes de l'ifle, & lorsqu'on vient du côté de l'oueft il faut

ranger, comme nous avons dit, la côte, mettant la proue ou le gouvernail fur la ville de Tariffe, continuant cette route jusqu'à ce qu'on foit bien à l'eft du cap de la Royo del Poirco, alors on fera auffi à l'eft des dangers, enfuite on rangera à discrétion la pointe de l'ifle Tariffe; mais fur-tout, il faut obferver les différens courans qui font le long de cette côte. C'eft pourquoi il ne convient guère de paffer à terre de ces dangers avec un gros vaisfeau, à moins d'avoir le vent ou la marée favorable; cela eft plus propre pour des galeres que pour des vaiffeaux; il vaut mieux paffer à mi-canal, rangeant un peu plus la barbarie ou la mer qui entre continuellement dans le détroit; & après avoir pallé ce danger, il faut fe rapprocher de la côte de Tariffe, principalement en venant dans la Mediterrranée.

TARIJA, ville de l'Amérique méridionale, dans le Pérou, par les 21° 48′ de latitude auftrale, à cinquante lieues au fud-oueft du Potófi. Elle eft fituée dans une grande vallée dont elle a pris le nom entre les montagnes des

1

Plata.

Chiriguanás, presqu'à l'embouchure d'une petite riviere qui fe décharge dans Rio-Grande, ou Rio-Vermejo, une des plus grandes rivieres qui entre dans le Rio-de-laTARIM, ville de l'Iemen ou Arabie heureuse. Elle eft fituée dans le pays qui porte en particulier le nom de Hadramouth. Edriffi la place affez près de la ville de Siam ou Siabam.

TARINA, ville de la petite Arménie, felon Ortéljus, qui cite Ptolomée. C'est une faute : Ptolomée place Tarina dans la grande Arménie, entre Aftacana & BaLisbiga.

TARINATES, peuples d'Italie, dans la Sabine, felon Pline, . 3, c. 12. Il y a encore aujourd'hui dans la Sabine une bourgade appellée Tarano; on croit qu'elle retient le nom de ces peuples. Voyez TARANO.

TARIONA, lieu fortifié dans la Liburnie, felon Pline, 1. 3, 6. 22. Le nom moderne eft Tnina, fi nous en croyons Niger. Le pays où cette fortereffe étoit fituée s'appelloit TARIOTARUM REGIO. Les TARIOTA de Pline font, à ce qu'on croit, les mêmes que Strabon, l. 7, p. 316, & quelques autres appellent AUTARIOTE.

pas

TARKU, ville d'Afie, dans les états de l'Empire Rus fien, & la capitale de Dagheftan. Elle eft fituée fur la côte occidentale de la mer Caspienne au nord de Derbent, dont elle eft éloignée d'environ quinze lieues, & à vingt lieues de Tarki. TARKU qu'on écrit auffi TIRCK, TARKI & TARGHOE, eft bâtie dans la montagne entre des rochers fort escarpés, & qui font fi pleins de coquilles, qu'il femble qu'ils en foient tout compofés. La plupart de ces coquillages font de la grandeur d'une noix, & il n'y a presque point d'espace de la largeur de la main où l'on n'en trouve cinq ou fix. Quoique le roc foit extrêmement dur, il ne laiffe d'y avoir de belles prairies fur le haut de la montagne. Il fort de ces rochers plufieurs fources qui découlent de tous côtés, & dont l'eau entre dans la ville avec un murmure fort agréable. La ville de Tarku n'a point de murailles. On y voit environ mille maisons bâties à la perfienne, quoimoins bien. Les habitans de cette ville font barbares & méchans; mais les femmes & les filles ne laiffent pas d'avoir de la douceur pour les étrangers. Elles ont toutes le vifage découvert, & ne font point refferrées comme celles de Perfe. Les filles ont les cheveux noués en quarante trefles qui leur pendent autour de la tête. * Oléarius, Voyage de Moscovie & de Perfe, l. 6, p. 150.

que

TARMAD ou TER MED, nom d'une ville qui appartient, felon quelques géographes, à la province de Thokhareftan. Elle eft fituée fur la rive droite, ou feptentrionale du fleuve Gihon, felon quelques-uns; & felon d'autres, fur la rive méridionale ou occidentale : mais cette différence vient de ce que cette ville eft peut-être bâtie des deux côtés de cette riviere, ou parce que l'une des deux parties. qui la divifent, a été ou ruinée ou bâtie en divers tems. Les tables d'Abulfeda donnent à cette ville 31d 15' de longitude, & 374 35' de latitude feptentrionale. Quelques-uns ne lui donnent que god de longitude; mais les auteurs ne varient pas fur le fujet de fa latitude. La différence qu'il y a entr'eux touchant la fituation de cette ville, fait que quelques-uns la comptent entre les villes de la province de Maouaalnahar qui confine avec le Khoraflan. Cette ville a une fort grande jurisdiction, & comprend un fort grand nombre de bourgades & de villages. * D'Herbelot, Bibliot.

orient.

TARMAH, nom d'une ville de la province de Berberah, qui eft la Barbarie d'Afrique, & que nous appellons aujourd'hui la côte de Cafrerie, qui s'étend le long de la province de Zanguebar, & regarde l'Océan oriental ou d'Ethiopie. Cette ville eft plus méridionale que celle de Carcounah de trois journées. Tout auprès on voit la montagne ou le promontoire nommé Kabacouni.

TARMIS. Voyez THARMIS.

ne,

TARMON, petite ville d'Irlande, dans la province d'Ulfter, au comté de Fermanagh, au nord du lac d'Earfur les frontieres du comté de Dunnegal, avec un château bien fort; elle est à dix milles de Balleck. 1. TARN, (LE) Tarnis, riviere de France, dans la province de Languedoc. Elle fort du Gevaudan, prend fa fource au mont de Lofére près de Florac, traverse le Rouergue, d'où rentrant dans le Languedoc, elle paffe à klby, reçoit l'Agout à Saint-Sulpice, enfuite coule à Mon

tauban, & fe jette dans la Garonne au-deffous de Moisfac. Cette riviere eft très confidérable, particulierement depuis fa jonction avec l'Agout; elle commence à être navigable à Gailhac, & facilite le commerce des vins de ce pays avec les Anglois. On avoit entrepris de la rendre navi gable dès Alby, mais on n'y a point réuffi.

2.TARN, bourg de France, dans le Limousin, élection de Limoges, il eft bien peuplé.

TARNADÆ, lieu chez les Helvétiens. L'itinéraire d'Antoniu le marque fur la route de Milan à Mayence, en prenant par les Alpes Pennines, Il étoit entre Octodurum & Penneloci, à douze milles du premier de ces lieux, & à treize milles du fecond. Simler croit que l'Agaunum de Rhéginon & le Tarnada d'Antonin font la même place. Voyez SAINT MAURICE.

1. TARNE ou TARNA, ville de l'Achaïe, felon Etienne le géographe.

2. TARNE, ville de la Lydie. Homére, Iliad. E. 1. 44, & Strabon, l. 9, p. 413, en font mention. 3. TAKNE ou TARNIS, fontaine de Lydie, felon Pline, L. 5, c. 29, dit qu'elle fortoit du mont Tmolus.

1. TARNIS, fleuve de la Gaule Aquitanique. Pline, 1. 4, c. 19, & Sidonius Apollinaris, parlent de ce fleuve. Quelques-uns l'ont pris pour la Dordogne; mais comme Pline dit que le Tarnis féparoit les Tolofani des Petrocori, c'est-à-dire, les Touloufains des Périgourdins, ce ne peut être que le Tarn, qui conferve ainfi fon ancien

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au

TARNOWITS, petite ville d'Allemagne, dans la Si-. léfie, à quatre milles de Strelits & à quatre de Bendschin. Elle appartenoit autrefois aux ducs de Jagerndorff, qui en furent privés par jugement, & elle fut adjugée à la couronne de Boheme. Zeyler, Topog. Sil. p. 183. 1. TARO ou VAL-DI-TARO, petit pays d'Italie, jourd'hui l'une des dépendances du Plaifantin. Il eft situé entre le Parmefan, le Plaisantin & l'état de Génes. Ces principaux lieux font Borgo di Val di Taro, Bardi & Compiano. Ce pays a eu long tems fes princes particuliers. Les Fiesques l'ont poffédé. Il pafla enfuite à la maison de Landi, qui le vendit au duc de Parme en 1682.

2. TARO ou BORGO DI VAL DI TARO, petite ville d'Italie, dans le Plaifantin, & la capitale du pays appellé Valdi Taro. Elle eft fituée fur la rive droite du Taro, qui lui donne fon nom. Elle a été acquife par les ducs de Parme avec le pays dont elle est la capitale. Voyez l'article précédent.

3. TARO, Tarus, riviere d'Italie. Elle a fa fource dans la partie méridionale du duché de Milan, au voifinage de la fource du torrent Auanto. Son cours eft d'abord d'occident en orient, jusqu'à ce qu'elle foit entrée dans l'état de Landi, qu'elle traverse en ferpentant & en courant du midi, occidental au nord oriental. Elle tourne enfuite vers le nord, & après avoir traversé le Parmefan, elle va fe perdre dans le Pô, entre les embouchures de l'Ongina & de la Parma. Les principaux lieux qu'elle arrofe, font Chiefa del Taro, g. Compiano, g. Borgo di Val-di-Taro, g. Belforte, d. Cornegliano, d. Fornuvo, d. Dans fa courfe elle reçoit diverfes rivieres, entre autres le Tarola, d. la Valdena, d. le Ceno, g. le Rigio-Rio, g. le Stirone, g. le Rigoza, g.

TARODUNUM, ville de la Germanie. Ptolomée l. 2, c. 11, la marque près du Danube, au voifinage d'Ara flavia, & Lazius croit que le nom moderne eft Dornftet.

TAROGILLA, petite ifle de la mer du Sud, à trois ou quatre lieues de Panama.

TAROM, ville de Perfe, dans la province de Fars, près de Seirdgian, felon Petis de la Croix, dans son histoire de Timur Bec, l. 3, c. 68.

TARON, contrée de l'Afie, dont parle Cédrene & Cu ropalate. Ortélius croit que ce pouvoit être quelque contrée de la Syrie.

1.

TARONA, ville du Cherfonnéfe Taurique. Elle étoit dans les terres, felon Ptolomée, . ;, c. 6, qui la place entre Taphros & Poftigia.

Tome V. Ggggg ij

TARONNE, perite riviere de France, en Sologne, ainfi nommée parce qu'elle tarit affez fouvent, elle vient des étangs qui font au-dellus de Chaumont; descend par l'étang de la Motre dans celui de Ville-Comte, & dans celui de Gué-Malon; pais entre dans le Beu

vron.

TARONTO, lac de l'Amérique feptentrionale, dans la Nouvelle France, au nord du lac de Frontenac, & à l'orient de celui des Hurons, dans lequel il fe décharge par plufieurs

Ouvertures.

TAROPECZ ou TOROPECZ, ville de l'Empire Rusfren, dans le duché de Rescow, aux confins de la Lithuanie, & du duché de Smolensko, fur les bords d'un lac qui la mer à couvert des courfes en tems de guerre; elle a un château, & eft à dix-huit milles polonoifes de Vichkicłuki.

TAROS. Voyez TIRISCUM.

TAROSIA, ville épiscopale, fous la métropole de Sergiopolis, felon Ortelius , qui cite Guillaume de Tyr.

TAROUCA (S. Jean de), abbaye d'hommes, ordre de cireaux, en Portugal, dans la province de Beyra, au diocèle de Lamego. Elle a été fondée l'an 1122.

TAROULA, nom d'une des trois fortereffes que les Portugais avoient élevées dans l'ifle Fidor, l'une des Molaques. Elle étoit bâtie au fommet d'une montagne, près de la ville où fe tient le roi ; elle étoit beaucoup plus forte par fon afliette que par les ouvrages de l'art. * Davity, Illes Molu

ques, p. 762.

TAROZA ou CAROSA, fiége épiscopal que la notice des patriarchats d'Antioche & de Jerufalen met fous la métropole de Théodofiopolis.

TARPÆUM ou TARPAUS MONS, nom qu'Etienne le géographe donne au mont Tarpeïn ou Capitolin. Voyez

CAPITOLE.

TARPE, ville d'Italie, felon Etienne le géographe, qui donne ce nom à la ville que les anciens ont appellée SA TURNIA. Elle étoit fur le mont Tarpein ou Capitolin. Voyez SATURNIA & CAPITOLE.

TARPEIUS. Voyez CAPITOLE.

TARPETES, peuples d'Afie, fur le Pont - Euxin, dans la Sarmatie Afiatique, felon Strabon, l. 11, pag.

495.

TARPHARA, ville de l'Arabie heureufe, felon Etienne le géographe.

1. TARPHE, ville des Locres Epicnémidiens, felon Homére, Iliad. E. Etienne le géographe dir que c'eft la même que Pharyga; cependant Strabon les diftingue.

2. TARPHE, fontaine qu'Etienne le géographe met dans le pays des Locres Epicnémidiens, au voifinage de la ville Pharyga.

TARPODIZUM. Voyez PARPODIZUM. TARQUINIA. Voyez TARQUINIENSES. TARQUINIENSES, peuples d'Italie, dans la Toscane, c'est ainsi que Pline, L. 3, c. 5, nomme les habitans de la c. 5, nomme les habitans de la ville, que Tite-Live, /. 1, c. 34 47, nomme TARQUI& NII, & Ptolomée TARQUINA, 1. 3, c. 1. Juftin, l. 20, c. 1, dit qu'elle tiroit fon origine des Grecs. Elle devint enfuite colonie romaine, & enfin un fiége épiscopal: un de fes évêques eft nommé Apuleius Tarquinienfis dans un decret du pape Hilaire ; mais cet évêché a été uni à celui de Corneto. Le nom moderne de cette ville eft la Tarquinia, & par corruption la Taquina.

On a trouvé en travaillant dans les environs de Corneto, les anciennes fépultures de la ville Tarquinia. Ces fépulcres ou ces grottes font à mi côte de la colline, fur laquelle étoit cette ville. On fait feulement par tradition, qu'elle avoit été en cet endroit ou dans un lieu peu éloigné, & c'étoit tout ce qui s'en étoit confervé. La découverte de ces grottes fit trouver quelques autres monumens, qui ne laisferent plus lieu de douter, qu'elle n'eût été réellement en cet endroit. Ces grottes font creufées dans la montagne. Ce font pour la plupart des chambres de dix à douze pieds en quatré, fur neuf à dix de hauteur. Les portes font au milieu des côtés oppofés, & font une enfilade. Les ouvertures ou portes étoient fermées d'un mur moins épais que ceux qui féparoient ces cellules les unes des autres. On voyoit dans quelques-unes des reftes de peintures, c'est-à-dire, du rouge, du bleu, du noir, qui fembloient narquer des

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compartimens plutôt que des figures, car l'humidité avoit presque tout effacé. Chaque cellule avoit deux grands bancs on relais taillés, & ménagés dans la montagne, ou faits de briques d'environ quatre pieds de large fur toute la longueur de la cellule: c'étoit là qu'on étendoit ces corps morts. On a trouvé fur les bancs les gros offemens qui ont échapé à la longueur du tems. On a trouvé fur les mêmes bancs, & à côté des corps, des armes que la rouille avoit presque confommées, comme des épées larges & longues, des fers de pertuifanes de plus de deux pieds de longueur, & de fept à huit pouces de largeur, & fort épais. Des lames de couteaux ou de poignards grandes & fortes; mais tellement mangées & cariées par la rouille, qu'elles ne pouvoient fe tenir drones. Il fembloit qu'elles fuffent de filigramme, pour les manches : il n'étoit plus question des hampes. On n'y trouva aucune inscription.* Labat, Voyage 'Italie, t. 5, p. 33.

Ce qu'on a rencontré de plus entier & en plus grande quantité, ce font des vafes de terre de toute espéce. Quelques uns étoient aux pieds, & d'autres à la tête des corps, c'étoient des coupes, des buyes ou cruches à une ou deux anfes, des foucoupes, & aux bas des bancs, il y avoit des fourneaux, des pors affez gros, de grands vafes & autres uftenfiles de ménage. Toute cette poterie étoit fort entiere; on en a trouvé dans toutes les cellules que l'on a ouvertes. A la vérité, ces piéces & particulierement celles qui étoient verniffées, étoient couvertes d'une espéce de talque blanchâtre, qui en couvroit toute la fuperficie fans endommager le vernis, ni la couleur : car la plupart de ces vafes étoient couverts d'un vernis noir avec des ornemens rouges allez bien travaillés. Les buyes étoient d'une terre blanche fi lége re, que le moindre fouffle les ébranloit, quoiqu'il y en eût qui pouvoient contenir deux pintes. Tous ces ouvrages étoit faits au tour, les anfes des buyes étoient ajoutées, auffi-bien que quelques ornemens qui les couvroient, l'entrée en étoit faite à gaudrons. Les fourneaux qu'on a trouvés dans ces cellules font de la même figure que ceux que l'on fait encore aujourd'hui en Italie, en France, en Espagne & autres pays. Pour de l'or & de l'argent on n'en a pas trouvé dans ces cellules. Soit que le pays ne fût pas alors riche en ces métaux, foit que ce ne fût pas la coutume pourtant trèsancienne, comme on le voit par les fépulcres de David & de Salomon, foit que les ouvriers qui ont ouvert ces cellules fe foient faifis de ce qu'ils ont trouvé, & qu'ils ayent été affez fages pour n'en rien dire, il eft certain qu'on n'en a point eu de connoiffance, à la réferve d'un feul anneau : on le croyoit d'or, & il paroiffoit tel fur la pierre; mais ayant été fondé avec le burin, on trouva qu'il n'étoit que de cuivre couvert de deux feuilles d'or, ou d'une fort épaiffe. Il n'étoit pas rond comme font ordinairement les anneaux mais ovale; il avoit un pouce dans fon plus grand diametre, & étoit gros comme les plumes de corbeau, dont on fe fert à deffiner. La montagne Tarquinia eft à préfent un bois, où il n'est pas aifé de rien découvrir qui puille faire conoître quelle grandeur ni quelle forme cette ville avoit. Ceux qui eurent la commiflion de la ruiner s'en acquitterent bien fidelement.

TARQUINIENSIS LACUS. Voyez SABBATUS. TARQUINPOLE, village de France, dans la Lorraine, au diocèle de Merz, où le peuple croit qu'un Tarquin avoit bâti une ville à deux lieues & demie de Marfal, au milieu de l'étang de Linde; mais c'est une tradition mal fondée, fuivant de la Sauvagere, qui marque dans fa disfertation fur le briquetage de Marfal, imprimée en 1740, que dans les anciens titres de 1339, 1344, 1394 & même 1629: il eft écrit Telkem Paul, Tacampach, Techenpul, Techemphul, & que les payfans prononcent aujourd'hui Taquenpole; cependant il croit que ce mot a dû être formé de deux mots allemans qui fignifieroient, lieu où l'on a couvert un marais: lieu où l'on a pratiqué une chauffée sur le marais. Il le prouve allez bien, & fur-tout que la fin de ce mot, quoique différemment écrit, fignifie un endroit marécageux, ou un pilotis pratiqué dans un endroit aquatique. Quoi qu'il en foit, on voit en ce lieu des débris des murs d'une très grande épaiffeur, l'emplacement d'un gros château & revêtu d'une chauffée romaine. Il eft vraisemblable que c'étoit une place forte des anciens Gaulois, qui aimoient fort à fe cantonner dans les marécages, & que les Romains leur ont fuccédé. On y voit des reftes d'inscriptions de cet derniers, entre autres d'un Monianus Magnus, & plufieurs

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TARRAGA. Voyez TARRAGENSES. TARRAGENSES, peuples de l'Espagne citérieure; ils étoient alliés des Romains, felon Pline, l. 3, c. 3. Leur ville eft nommée Tarraga par Ptolomée, l. 2,6.6, qui la place dans les terres & la marque dans le pays des Vascones. On la nomme aujourd'hui TARREGA; elle eft dans la Catalogne, à fix lieues de Lerida, en allant à Barcelone.

TARRAGONE, ville d'Espagne, dans la Catalogne, fur la côte, environ à fept milles au nord-eft-quart-de-nord de la pointe de Salo, entre deux rivieres, le Gaya & le Francoli. Elle fut bâtie par les Phéniciens, (a) & non par le prétendu Tubal, comine quelques antiquaires fe font efforcés de le perfuader, & fut appellée Tarcon, d'où les Latins ont formé Taraco & les Espagnols Tarragona. Ayant été détruite, les Scipions la réparerent & en frent une très-belle place d'armes (b) contre les Carthaginois. Ils en firent leur réfidence ordinaire, & on croit qu'ils font enterrés auprès des anciennes murailles. Quelques tems après on y établit un confeil ou une affemblée pour rendre la juftice dans tout le diftrict de cette ville. Augufte s'y trouvant dans la vingttroifiéme année de fon regne, lui donna le titre d'Augufta. Il y reçut divers ambaffadeurs, entr'autres ceux des Indes & ceux de Scythie; & ce fut à Tarragone qu'il rendit ce fameux édit dont S. Luc parle, & dans lequel il ordonnoit le dénombrement de l'univers. Anciennement elle étoit fi puisfante, fi riche & fi confidérable, que dans la répartition qui fut faite de l'Espagne, les Romains donnerent fon nom a la plus grande partie de ce vafte continent, en l'appellant TARRACONNOISE. Ses anciens habitans furent les premiers qui bâtirent un temple à Augufte, qui fut le premier à faire des plaifanteries fur cette balle flatterie : les députés de cette ville lui ayant dit qu'il avoit cru un palmier fur fon autel, il leur répondit: C'eft une preuve que vous facrifiez fouvent dellus. Ce temple d'Augufte fut rétabli par Adrien. L'empereur Antonin le Pieux aggrandit le port de Tarragone en 150. Cette ville étoit environnée de murailles bâties de gros quartiers de pierres, & fon port étoit garni d'un grand mole, dont on voyoit encores les ruines il n'y a pas long-tems. Les Maures la prirent en 719, & la raferent jusqu'aux fondemens. Elle demeura abandonnée jusqu'en 1038, que le pape Urbain II ordonna à don Bernard, archevêque de Tolede, de la peupler de rechef & d'y rétablir le fiége épiscopal. Le pape la donna enfuite à Raimond Beranger, comte de Barcelone, & celui-ci la céda à S. Oldegaire, évêque de Barcelone, qui en fut déclaré archevêque par une bulle du pape. Il fit réparer l'églife cathédrale. Suivant une tradition, cette églife avoit été bâtie par l'apôtre faint Jacques, qui s'embarqua à Tarragone, pour retourner à Jerufalem, & laiffa dans la premiere de ces villes S. Agathodore fon

disciple, pour premier évêque. En 1151, Tarragone retourna fous l'obéillance de Raimond, dernier.comte de Catalogne. L'archevêque Bernard Cor la lui avoit rendue. En 1641, les François mirent le fiége devant cette ville. Les habitans firent une belle défense, & tinrent jusqu'à ce que l'armée espagnole fût venue à leur fecours, & eût obligé l'ennemi à fe retirer. On découvre dans cette ville & aux environs beaucoup de monumens anciens, comme des médailles, des inscriptions & des mafures de quelques bâtimens qui paroillent avoir été magnifiques, & entr'autres d'un cirque où le faifoient les courfes des chevaux dans une place appellée aujourd'hui, la plaça de la Fuente, & d'un théâtre qui étoit en partie taillé dans le roc, & en partie bâti de gros quartiers de marbre, dai s F'endroit où eft à préfent l'églite de Notre-Dame du Mirade. Aujourd'hui Tarragone eft dans la même fituation fur une colline, dont la pente s'étend infenfiblement jusqu'au rivage de la mer. Son port n'eft pas des meilleurs, à caufe des rochers qui embarrallent le fond & qui en défendent l'entrée aux gros vailleaux. Elle a une bonne enceinte de murailles, ouvrage des Maures, & eft encore défendue par des baftions & divers autres ouvrages réguliers à la moderne, garnis de plufieurs pièces de canon pointées vers la mer, pour empêcher les corfaires & autres ennemis d'en approcher. La ville n'eft ni fi grande, ni fi peuplée qu'elle l'étoit anciennement; car, quoique fes murailles ayent asfez d'enceinte pour contenir deux mille maifons, on n'y en compte qu'environ cinq cents presque toutes bâties de groffes pierres de taille quarrées. Il s'y fait un grand commerce, & le terrein y produit en abondance du grain, de très bon vin, de l'huile, du lin, & on y nourrit quantité de troupeaux. Elle eft honorée d'un fiége archiepiscopal, tellement ancien, qu'il dispute la primatie à celui de To. léde, & d'une univerfité allez renommée. La cathédrale qui porte le nom de fainte Thécle, mérite d'être vue, auffi bien que l'églife de Notre-Dame du Miracle, dont une partie a été bâtie & ornée des pierres & des marbres qu'on a tirés du débris de cet ancien théâtre dont j'ai deja parlé; on y voit un ordre religieux qu'on ne voit guères ailleurs. ils s'appellent les freres du fang très-pur de Chrift & de Marie; leur habit eft presque femblable à celui des capucins. Comme cette ville eft bâtie fur une hauteur, on y jouit d'un air pur & d'une vue charmante. D'un côté on voit la mer, de l'autre on découvre une vafte campagne, fertile, bien cultivée & bien peuplée, couverte d'un grand nombre de bourgs & de gros villages, qui font un des plus beaux paysages du monde. Tarragone a produit Paul Orofe, hiftorien eccléfiaftique fort climé des favans. A la vérité les Portugais s'efforcent de prouver qu'il étoit natif de Braga en Portugal; tout ce que nous avons de plus pofitif fur l'antiquité de l'églife de cette ville, c'est qu'en 260, un nommé Fructuofus, qui a été mis dans le catalogue des Saints, en fut évêque, & que dans le onzième fiécle le pape Urbain II envoya le pallium à celui qui la gouvernoit en ce tems; ce qui fait voir clairement que fi elle ne conferva pas le caractère primatial pour lequel il s'éleva tant de disputes, du moins depuis ce tems elle a joui de celui de niétropolitaine. Pierre II, roi d'Arragon, obtint du pape Innocent III, en 1204, que fes fuccelleurs feroient couronnés à Sarragoce, par l'archevêque de Tarragone, ce qui s'obferva jusqu'en 1318, que l'églife de Sarragoce fut élevée à la dignité de métropole. Après que la ville de Tarragone eut été rétablie par l'expulfion des Maures, qui occuperent la Catalogne près de quatre cents ans, Bernard Fort fonda le chapitre de la métropolitaine au mois de novembre 1154, & dom Bernard Beranger, comte de Barcelone, confirma cette fondation. Ce chapitre eft composé d'onze dignités, qui font le grand archidiacre, l'archidiacre de Villafau, l'archidiacre de S. Laurent, le facriftain, le chantre, le prieur, le doyen, le thréforier, l'infirmier, l'hospitalier, l'archidiacre de S. Fructuofo, de vingt-quatre chanoines, de vingt-quatre prébendiers & de foixante-neuf bénéficiers. Le diocèle s'étend fur cent quatre-vingt-dix-fept paroiffes, fur deux abbayes, fur trois prieurés & fur deux commanderies. L'archevêque jout de vingt mille ducats de revenu, & a pour fuffragans les évêques de Barcelone, de Tortofe, de Lerida, de Vich, d'Urgel, de Girone, d'Elne & de Solfone.

Entre la pointe de Salo & Tarragone, il y a un enfoncement & une plage de fables vers le milieu de laquelle fe Ggggg iij

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