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toit autrefois soumis au khan de cette presqu'isle; mais depuis environ soixante ans ils en ont un particulier, qui est d'une même famille que ceux de la Crimée. Il ne reconnoît point les ordres de la Porte, & se maintient dans une entiere indépendance, par rapport à toutes les puissances voisines. Les Tartares Koubans occupent à la vérité quelques méchans bourgs & villages le long de la riviere de Kouban; mais la plus grande partie d'entr'eux vit sous des tentes vers le pied des montagnes du Caucase, où ils vont chercher un asyle lorsqu'ils se voyent preffés de trop près par les puislances voisines; ils ne subsistent absolument que de vols & de brigandages; ils font même des courses jusqu'à la riviere de Wolga, & la paffent fort souvent en hiver pour aller surprendre les Callmoucks & les Tartares de Nagaï. C'est pour couvrir le royaume de Casan contre leurs invasions que le feu empereur de la Ruffie a fait élever ce grand retranchement, qui commence auprès de Zaritza, fur la Wolga, & vient aboutir au Don, vis-à-vis de la ville de Twia. Les Tartares de Kouban ne different en rien de ceux de la Crimée, excepté qu'ils ne font pas tout-à-fait si aguerris, & qu'ils ont moins d'ordre & de fubordination parmi eux. Les Turcs les ménagent extrêmement, parce que c'est principalement par leur moyen qu'ils se fourniffent d'esclaves Circaffes, Géorgiennes & Abasses qui sont fort recherchées en Turquie, & qu'ils craignent qu'en cas qu'ils vouluslent les poufler trop, ils ne se missent sous la protection de la Ruffie, ce qui incommoderoit furieusement les provinces voisines de la Turquie. Lorsque les Tartares de la Crimée font menacés de quelque grande tempête, ou qu'il s'agit de quelque grand coup à faire, les Tartares Koubans ne manquent pas de leur prêter la main : ils peuvent faire environ quarante mille hommes tout au plus. * Hiftoire des Tatars,

P. 474.

Les TARTARES MOUNGALES OU MUNGALES. Le pays que la tribu des Tatars & ses diverses branches ont occupé autrefois, est cette partie de la grande Tartarie, que nous connoissons maintenant sous le nom du pays des Moungales. Il est à présent borné à l'est par la mer orientale, au fud par la Chine ; à l'ouest par le pays des Callmoucks, & au nord par la Sibérie. Il est situé entre les 40 & sod de latitude, les 110 & les 1 50o de longitude. Ses frontieres commencent vers les 42d de latitude sur le rivage de la mer Orientale, au nord de la Corée, & courant de là à l'ouest, elles côtoyent les montagnes qui séparent cette presqu'ifle & la province de Leaotun de la grande Tartarie. Enfuite elles viennent joindre la grande muraille de la Chine vers les 142a de longitude, & la suivent sans interruption jusqu'à l'endroit où la grande riviere de Hóaag se jette dans la Chine, ' à travers la grande muraille, vers les 38d de latitude; de-là tournant au nord-ouest elles côtoyent le pays des Callmoucks,& viennent gagner les sources de la riviere de Jeniséa. Elles suivent même cette riviere sur la rive occidentale jusque vers les 494 de latitude, & revenant ensuite à l'est, elles vont gagner la riviere de Selinga au-dessus de Selinginskoy; puis continuant à l'est, elles côtoyent les pays dépendants de la Sibérie, & viennent aboutir à la rive méridionale de la riviere d'Amur, vers l'endroit où la riviere d'Albaffin s'y jette de l'ouest-sud-ouest; elles suivent enfin toujours les bords de cette grande riviere jusqu'à fon embouchure dans la mer Orientale; ensorte que le pays des Moungales n'a pas moins de quatre cents lieues d'Allemagne en sa plus grande longueur, & environ cent cinquante en sa plus grande largeur. Comme ce pays fait une partie confidérable de la grande Tartarie, il participe aussi à tous lesavantages & à toutes les incommodités qui sont propres à ce vaste continent; cependant parce qu'il est plus montueux que le pays des Callmoucks, il est plus rempli d'eau & de bois. Il s'y trouve cependant des endroits très-stériles. Les Moungales qui habitent à présent ce pays, descendent de ceux qui, après avoir été pendant plus d'un fiécle en poffession de la Chine, en furent rechaflés vers l'an 1368, & comme une partie vint s'établir vers les sources des rivieres de Jeniféa & Selinga, & l'autre alla s'habituer entre la Chine & la riviere d'Amur, vers la mer Orientale; on trouve deux sortes de Moungales fort différens les uns des autres en langue, en religion, en coutumes & en manieres; savoir, les Moungales de l'oueft appellés aussi Calcha-Moungales, qui habitent depuis la Jeniféa jusque vers les 134 de longitude, & les Moungales de l'est ou Nieucheu-Moungales, qui habitent de puis les 13.4d d de longitude jusqu'aux bords de la mer Orien

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tale. Les Moungales en général font d'une taille médiocre, mais bien renfoncée; ils ont le tour du visage fort large & plat, le teint basanné & le nez écrasé, mais les yeux noirs & bien coupés; leurs cheveux font noirs & forts comme du crin, ils les coupent ordinairement fort près de la racine & n'en gardent qu'une feule touffe au sommet de la tête, qu'ils laissent croître de leur longueur naturelle; ils ont fort peu de barbe, & portent des chemises & des caleçons fort larges de toile de coton', ou de quelque autre petite étoffe: leurs robes leur viennent jusqu'à la cheville du pied, & font communément faites aufli de toile de coton, ou d'une petite étoffe qu'ils doublent de peaux de brebis. Les Moungales de l'ouest portent aussi quelquefois des robes entieres de ces peaux, ils les attachent sur les reins avec de larges courroies de cuir; leurs bottes font fort larges & ordinairement faites de cuir de Ruffie; leurs bonnets sont petits & ronds, avec un bord de fourrure de quatre doigts de large. Les habits des femmes sont à peu près les mêmes, excepté que leurs robes font plus longues, leurs bottes font ordinairement rouges, & leurs bonnets plats avec quelques petits ornemens. Les ar mes des Moungales consistent dans la pique, l'arc, la fleche & le sabre qu'ils portent à la chinoise. Ils vont à la guerre à cheval comme les Callmoucks; mais il s'en faut beaucoup qu'ils foient aussi bons foldats que ces derniers. Les Moungales de l'ouest habitent sous des tentes, & ne vivent que du produit de leur bétail, qui consiste en chevaux, chameaux, vaches, brebis, & est généralement d'une fort bonne qualité; maisil ne peut être mis en comparaison avec celui des Callmoucks, ni pour l'apparence, ni pour la bonté: excepté leurs brebis qui furpassent quasi celles des Callmoucks; elles ont la queue d'environ deux empans de longueur, & d'autant de tour à peu près, pesant ordinairement entre dix & douze livres, qui n'est quasi qu'une seule piéce d'une graiffe fort ragoutante, les os n'en étant pas plus gros que ceux de la queue de nos brebis; ils ne nourriffent que des beftiaux qui broutent l'herbe, & ils ont fur-tout les pourceaux en horreur. Les petits marchands chinois viennent en foule leur porter du riz, du thé-bouy, qu'ils appellent cara tzchay, du tabac, de la toile de coton & d'autres petites étoffes, plusieurs menus uftenfiles, & enfin tout ce dont ils peuvent avoir besoin, qu'ils leur troquent contre du bétail; car ils ne connoiffent point l'usage de la monnoie. Ils confervent le culte du Dalai-Lama, quoiqu'ils ayent un grand-prêtre particulier appellé Kutuchta; enfin il y a en tout peu de différence entre eux & les Callmoucks. Ils obéiffent. à un khan, qui étoit autrefois comme le grand khan, de tous les Moungales; mais depuis que ceux de l'est se font. emparés de la Chine, il est beaucoup déchu; cependant il est encore fort puissant, pouvant aifément mettre cinquante à soixante mille chevaux en campagne. Le prince qui regne présentement sur les Moungales de l'ouest s'appelle Tuschidtu-Khan, il fait son séjour vers les 47d de latitude, fur les bords de la riviere d'Orchon, & l'endroit où il campe ordinairement est appellé Urga, & est à douze journées au fudest de Selinginskoy. Plusieurs petits khans des Moungales, qui habitent vers les fources de la Jeniféa & les déferts de Goby, lui font tributaires, & quoiqu'il se soit mis lui-même sous la protection de la Chine, pour être mieux en état de faire tête aux Callmoucks, cette commission n'est au fond que précaire & honoraire, obtenue de fon pere par les intrigues des lamas; car loin de paver le moindre tribut à l'empereur de la Chine, il ne se passe point d'année que cet empereur ne lui envoye des présens magnifiques, & la cour de Pekin, d'ailleurs accoutumée de traiter fort rudement les peuples qui lui font tributaires, en use en toutes occasions avec tant de ménagement à l'égard de ce prince, qu'on voit bien qu'elle le redoute plus qu'aucun autre de fes voifins, & ce n'est pas fans raifon; car s'il lui prenoit fantaisie de s'accommoder avec les Callmoucks aux dépens de la Chine, il donneroit fort affaire à l'empereur. Les Moungales qui sont sous l'obéillance de Tuschidtu Khan, sont proprement iffus de la tribu des Tartares, & de plusieurs autres tribus turques établies en ces quartiers, que Gengis-Khan foumit, & qui se firent ensuite une gloire d'être comprises sous le nom de Moungales, que ce prince avoit renda fi illuftres: à celles-ci vinrent se joindre ceux des Mogoules fugitifs de la Chine, qui trouverent moyen de se sauver par l'ouest. Les Moungales de l'est vivent la plupart de l'agriculture, & ressemblent en tout aux Moungales de l'ouest, excepté qu'ils sont plus blancs, fur tout le sexe. On y trouve même de Tome V. Hhhhhij

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très-belles femmes. La plupart des Moungales de l'est ont des demeures fixes; ils ont même des villes & des villages, & font en tout beaucoup plus civilisés que le reste des Moungales & Callmoucks. Ils ne font ni sectateurs du culte du Dalai Lama, ni du culte des Chinois: le peu de religion qu'ils ont paroît être un mixte de ces deux cultes, qui fe trouve quali réduit à quelques cérémonies nocturnes qui tiennent plutôt du sortilège que de la religion. Ils descendent quasi tous de ceux d'entre les Mogoules fugitifs de la Chine. Comme la vie voluptueuse des Chinois à laquelle ils s'étoient accoutumés depuis long-tems les avoit trop amolis pour qu'ils pussent se réfoudre à reprendre la vie simple & pauvre de leurs ancêtres, ils se mirent à bâtir des villes & des villages, & à cultiver les tertes à l'exemple des Chinois.

le nom de Bi, & ne prend celui d'Oli qu'après qu'elle a reçu les eaux de la riviere de Chatun, qui vient s'y décharger du sud eft, environ à vingt lienes de l'ofero Teleskoy. Le cours de la riviere d'Irtis vient se jetter du fud-tud. ouest, à 60d 40' de latitude; enfuite elle tourne tout-à fait au nord, & va se décharger vers les 65d de latitude dans la Guba Tajfaukoya, par laquelle ses eaux font portées dans la mer Glaciale, vis-à-vis de la Nova Sembla, vers les 70d de latitude, après un cours d'environ cinq cents lieues. Cette grande riviere est extrémement abon dante en toutes fortes d'excellens poissons; ses eaux font fort blanches & légeres, & fes bords sont fort élevés, & par-tout couverts de grandes forêts; mais ils ne font cul tivés qu'en fort peu d'endroits vers Tomskoy. On trouve sur

Ils font venus à bout de rentrer une seconde fois en poffef-les rives de l'Obi de fort belles pierres fines, & entr'autres

fion de la Chine, & il n'y a pas apparence que les Chinois les en chafssent si tôt. Les trois plus considérables villes qu'ils possédoient avant cette révolution, étoient Kirin, Ula & Ninkrita, situées sur la rive orientale de la riviere de Songoro, qui se jette dans la grande riviere d'Amur, à douze journées de fon embouchure. La ville d'Ula située à 44d 20′ de latitude, étoit la capitale de tout le pays de Nieuchen, & la résidence du plus puissant des Moungales de l'est. Ils avoient outre celui là divers autres petits khans, qui, quoique bien moins considérables, ne laissoient pas de se conferver dans une indépendance entiere à son égard; mais depuis que les khans d'Ula ont éré affez heureux pour s'emparer de la Chine, ils ont absolument réduit tous les Moungales de l'est sous leur obéissance, & fi on trouve encore quelques descendans de ces petits princes qui portent le titre de khan, ce n'est plus qu'une petite fatisfaction que la cour de Pekin leur veut bien laisser; car au fond, ils ne sont que des esclaves de la volonté de l'empereur de la Chine. Encore observe t-on d'en arrêter toujours les plus considérables avec leurs familles à la cour, sous prétexte de leur faire honneur comme à des princes du sang. Depuis que les Moungales de l'est sont en poffeffion de la Chine, ils ont bâti plusieurs autres villes, bourgs & villages vers les frontieres de la Chine, & ils s'étendent de jour en jour davantage de ce côté. Leur langue est un mélange de la langue chinoise & de l'ancienne langue mogoule, qui n'a quasi aucune connexion avec la langue des Moungales de l'ouest. * Hift. générale des Tatars, p. 167 & suiv.

Les TARTARES NOGAIS OU NOCAIZI habitent une plaine unie, laquelle est située près des fleuves Axai & Sulack: ce font le Jaick & le Wolga. Le pays est borné à l'orient par les Cosaques du Jaick, au septentrion par les Callmoucks de la dépendance de l'Ajuka-Khan, à l'occident par les Circafses, enfin au midi par la mer Caspienne. Une partie de ce peuple étoit soumise au schamchall, & en dépendoit: ils furent conquis par les Russes en 1722. L'autre partie obéissoit au fultan Mamuth Axai. Ceux qui dépendoient du schamchall entrerent dans sa rebellion en 1725, & une partie fut exterminée l'année suivante par les troupes de Ruffie; l'autre fut dispersée: mais depuis que le schamchall a été arrêté, ils font revenus dans leur pays, & se sont soumis. Ils dépendent présentement du commandant de Suetoy

Kreft.

Ces Tartares n'ont ni maisons ni villages : ils habitent l'été & l'hiver, qui n'est pas rigoureux, dans leur pays, sous des tentes qu'ils transportent dans les lieux de leur plaine, où se trouve le meilleur pâturage. Ils vivent uniquement du provenu de leurs bestiaux, qui consistent principalement en chameaux, chevaux & bêtes à cornes. Ils n'ont point d'autre trafic que celui des chevaux & des chameaux à deux bosses, qui sont des dromadaires. Ils payoient au schamchall un tribut qui consistoit en quelque bétail. Présentement on leur en impose un qu'ils font obligés de porter à Suetoy-Krest. Ce sont en général de mauvais foldats. Leurs armes consistent en fleches; quelques-uns ont des sabres. * Description des peuples à l'occident de la mer Caspienne, faite sur les lieux par M. Garber, officier au service de la Russie.

Les TARTARES TELANGOUTS habitent maintenant les environs d'un lac, que les Russes appellent Ofero Teleskoy, & les Callmoucks Altan-nor: ils sont sujets du contaisch, & menent à peu près la même vie que les autres Callmoucks. L'Ofero Teleskoy est sitné vers les 52d de latitude au nord est du lac Sayflan, & peut avoir environ dix-huit lieues de longueur sur douze de largeur : c'est de'ce lac que la grande riviere d'Obi a sa source: elle porte d'abord

des pierres transparentes rouges & blanches, en tout femblables aux agates, dont les Russes font beaucoup de cas. Il n'y a point d'autres villes sur les bords de cette riviere que celles que les Russes y ont bâties depuis qu'ils font en possession de la Sibérie. Le grand nombre de rivieres qu viennent de côté & d'autres tomber dans cette riviere, la groffiffent, en forte qu'en passant devant la ville de Narym, à plus de quinze lienes de son embouchure, elle a déja une demi-lieue de largeur. La Guba Taffaukoya, par laquelle la riviere d'Obi se décharge dans la mer Glaciale, est un grand golfe de cette mer dont nous avons eu pen ou point de connoissance jusqu'ici. Il s'étend depuis les 65d jusqu'au détroit de Nassau, & n'a pas moins de soixantedix lieues d'Allemagne en sa plus grande largeur. Comme, outre l'Obi, Nadim, Purr & Tafs, & un grand nombre d'autres moindres, y viennent y tomber, il n'est pas étonnant que les eaux de ce golfe foient douces jusques bien près du Weygatz. Son fond est par-tout argilleux & affez uni: & comme le froid y est trop grand pour que la glace de la Guba se puisse fondre tout à-fait dans l'été, on la trouve toujours couverte de glaçons qui flottent de côté & d'autre fur ce golfe; & c'est la raison pourquoi les strousses ou bateaux des Ruffes n'osent se risquer trop avant sur la Guba. Lorsque le printems est assez beau pour que les glaçons qui descendent de l'Obi & de la Jéniféa, puillent le fondre avant d'arriver aux embouchures de ces rivieres, les eaux sont balles pendant toute l'année dans l'obi, la Jéniféa, l'Irtis, & dans toutes les autres rivieres qui ont communication avec celle-ci; mais lorsque le printems est froid & humide, en forte que les glaçons bouchent les embouchures de ces rivieres, alors elles débordent de tous côtés, & en font faire de même à toutes les autres rivieres qui ont communication avec elles. * Hift. générale de Tatars, p. 114 & suiv.

Les TARTARES TUNGUSES. De Krasnajar, en descendant la Jéniféa jusqu'à Jénifeskoi, le pays est habité par les Tartares Tunguses, & par les Tartares Burattes. Čes derniers demeuroient autrefois aux environs de Sélinginskoi; mais lorsqu'ils commencerent à se joindre aux Moungales, à l'instigation des Chinois, on les a transférés aux environs du lac de Baikal, dans les montagnes, & ils payent leur tribut aux czars en pellereries. A l'égard des Tunguses, ils font belliqueux, & peuvent mettre quatre mille hommes sur pied, bien montés & armés d'arcs & de fleches; ainsi les Moungales n'oferoient faire des courses dans leurs quartiers, si ce n'est à la dérobée, pour enlever des chevaux & du bétail. Ils s'habillent en hiver de peaux de moutons, & portent des bottines à la chinoise. Leurs bonnets ont une bordure d'une fourrure large, qu'ils hausfent & baissent suivant le tems qu'il fait, & ils ont une ceinture garnie de fer, large de quatre doigts, avec une fleche qui leur sert de flute. Ils vont tête nue & rasés en été, n'ayant qu'une treffe par derriere à la chinoise : ils portent un habit de toile bleue de la Chine, piquée de coton, & ils font sans chemise. Ils ont naturellement peu de barbe, leur visage est assez large, & ils ressemblent aux Callmoucks. Lorsque leurs provisions commencent à diminuer, ils vont par hordes à la chaffe du cerf & des rennes, qu'ils enferment dans un cercle, & ils en tirent un grand nombre qu'ils partagent entr'eux : car il arrive rarement qu'ils manquent leur coup. Les femmes font à peu près vêtues commes les hommes: la seule différence qu'on y trouve, c'est qu'elles ont deux trefles de cheveux qui leur pendent des deux côtés de la tête, & leur tombent sur le sein. La pluralité des femmes est permise aux Tun

guses, & ils les acherent sans se mettre en peine si elles ont été possédées par d'autres. Ils croyent qu'il y a un Dieu au ciel, auquel ils ne rendent cependant aucun culte, & ils ne lui adressent point de prieres. Quand ils veulent consul ter leur faitan ou magicien, pour savoir s'ils auront du fuccès à la chasse ou dans leurs courses, ils le vont trouver pendant la nuit en battant la caisse. Lorsqu'ils veulent se divertir, ils font de l'arak de lait de vache, qu'ils laisfent aigrir, & qu'ils distillent à deux ou trois reprises entre deux pots de terre bien bouchés, avec un petit tuyau de bois: ils font ainsi une bonne eau de-vie, dont ils boivent jusqu'à perdre tout sentiment. Les femmes ne sont pas plus réservées que les hommes fur cet article. Parmi les Tunguses tout monte à cheval, hommes, femmes, garçons & filles; & tous se servent d'arcs & de fléches. Au lieu de pain ils mangent des oignons de lis jaunes sechés: ils en font une forte de bouillie, après les avoir réduits en farine; mais ils n'ont aucune connoissance du labourage ni de l'agriculture. Chez eux, comme ailleurs, on eftime ceux qui ont de grandes richesses: ils les acquierent par le commerce qu'ils font avec les Targasi & les Xixi, qui font fous la domination des Chinois. Ce trafic consiste principalement en pelleteries, qu'ils négocient contre de la toile & du tabac. Les Tunguses prétendent être descendus des Targasi ou des Aorsi, avec lesquels ils font des alliances, & vivent en bonne intelligence. * Le Brun, Voyage, t. 3, p. 434 & fuiv.

Les TARTARES TUNGUSES DE NISOVIER habitent en partie fur les bords de la riviere Tunguska. Ils ont les cheveux noits & longs, noués par derriere, & ils leur tombent sur le dos comme une queue de cheval. Leur vifage est assez large, sans avoir le nez plat, & ils ont les yeux petits comme les Callmoucks. Ils vent nuds en été, rant hommes que femmes, à la réserve d'une ceinture de cuir qui couvre leur nudité. Les femmes ont leurs cheveux treffés avec du corail, auquel elles attachent des petites figures de fer. Les hommes & les femmes portent au bras gauche un certain pot rempli de bois fumant, qui empêche les mouches de les piquer. Ces infectes se trouvent en si grande quantité sur la riviere de Tunguska, qu'on est obligé, pour s'en garantir, de se couvrir le visage & les mains. Ces Tartares y sont si accoutumés, qu'ils ne les sentent qu'à peine. Ils aiment la beauté, dont ils ont cependant une idée fort finguliere, puisque, pour y contribuer, ils se font coudre & piquer le front, les joues & le menton avec du fil trempé dans une graille noire, qu'ils retirent ensuite des cicatrices, dont les marques leur demeurent, & font estimées parmi eux comme un grand ornement; aussi n'en voit-on guères qui n'en ayent de pareilles. L'hiver ils s'habillent de peaux de rennes sans aprêt, dont le devant est orné de peau de cheval, & le bas de peau de chien, fans se servir de toile, ni de laine, & ils font une espéce de ruban, & du fil de peau de poisson. Ils se couvrent aussi la tête de peaux de rennes, sans en ôter les cornes, surtout lorsqu'ils vont à la chasse de ces animaux, dont ils approchent, par ce moyen, en se glissant sur l'herbe. Lorsqu'ils font à portée, ils ne manquent guères de les percer de leurs fléches. Quand ils veulent se divertir ils se mettent en rond, & l'un d'entre eux se tient au milieu du cercle, un bâton à la main, dont ils tâchent de donner sur les • jambes de ses compagnons en tournant; mais ils l'évitent avec tant d'adresse, qu'il arrive rarement qu'ils en soient atteints; & s'il en touche un, on plonge dans la riviere celui qui a reçu le coup. Ils posent les corps de ceux qui meurent parmi eux tout nuds sur un arbre, & les y laissent pourrir; ensuite de quoi ils mettent les os en terre. Ils n'ont point d'autres prêtres que leur schaman ou magicien ; mais ils ont tous des idoles de bois dans leurs cabanes d'une demi-aune de long & de forme humaine, auxquelles ils préfentent à manger ce qu'ils ont de meilleur, comme les Oftiaques, & avec aussi peu de propreté. Ces cabanes qui font faites d'écorce de bouleau, sont ornées en-dehors de queues & de crinieres de chevaux, de leurs arcs & de leurs leches, & il y en a peu qui ne foient entourées de jeunes chiens pendus. Ils se nourriffent de poisson en été, & ont des barques d'écorces d'arbres cousues ensemble, qui ne laissent pas de contenir sept à huit personnes, & qui font longues, étroites & fans bancs. Ils s'y tiennent à genoux, & se servent de rames larges par les deux bours, qu'ils tiennent par le milieu. Ils les manient avec beaucoup

d'adressfe & d'agilité, mouillant tous en même tems sur les grandes rivieres comme sur les petites. Ils pêchent en été & chassent tout l'hiver. Durant cette derniere saison, ils se nourriflent de cerfs, de rennes & de choses pareilles.

Les TARTARES USBECKS DE LA GRANDE BOUCHARIE. Voyez BUCHARIE.

Les TARTARES USBECKS DE CHARASS'M. Leur pays est habité présentement par les Sartes, qui font les anciens habitans de ce pays; les Turkmanns, qui vinrent s'y établir long-tems avant les Tartares, après s'être séparés des Kanklis, parmi lesquels ils habitoient auparavant dans le pays de Turkestan; & par les Usbecks qui font les Tartares, qui y vinrent avec Schabacht, sultan, & les autres descendans de Scheybani-Khan, fils de Zuzi-Khan. Les Sartes & les Turkmanns s'entretiennent de leur bétail & de l'agriculture, mais les Ufbecks vivent, pour la plupart de rapine; & comme ils sont un même peuple avec les Usbecks de la grande Boucharie, ils ont aussi le même extérieur, le même culte, les mêmes inclinations & les mêmes coutumes, excepté qu'ils sont beaucoup moins polis & plus inquiets. Ils habitent en hiver dans les villes & villages qui sont vers le milieu du pays de Charass'm, & en été ils viennent camper pour la plus grande partie aux environs de la riviere d'Amû, & dans les autres endroits où ils peuvent trouver de bons pâturages pour leur bétail, en attendant quelque occasion favorable pour brigander. Les Usbecks du pays de Charass'm font incessamment des courses sur les terres voisines des Perfans, tout comme les Usbecks de la grande Boucharie, & il n'y a ni paix ni treve qui les en puisse empêcher, puisque les esclaves & autres effets de prix qu'ils en emportent en ces occasions, font toute leur richesse. Lorsque les forces de cet état ne sont pas partagées, il peut facilement armer quarante à cinquante mille hommes d'assez bonne cavalerie. * Hift. des Tatars, p. 515.

TARTARES-ZAPOROGES. Voyez TARTARIE.

TARTARI, nom qu'Hermolais & Paul Emile donnent aux peuples du Chersonnese Taurique, que Pline appelle Tractari. Leunclavius prétend, qu'au lieu de Tartari, il faut lire Tatari, & que ce nom est formé de celui d'une riviere nommée Tatarus. Voyez TRACTARI. * Ortélius, Thefaur.

TARTARIE, (la grande) comprend tous ces vastes pays qui font renfermés entre le fleuve Etel ou Volga, & la mer Oriental. Au midi elle est bornée par la Chine, par le Tibet & par le fleuve Gihon; au nord elle confine dans toute son étendue à la Sibérie. Les anciens l'appelloient Scythie, lui donnoient à peu près les mêmes limites, excepté du côté du nord, parce que la Sibérie leur étoit totalement inconnue.

Les montagnes qui environnent ce vaste pays de tous côtés, semblent annoncer que la nature a voulu l'appuyer. Au nord des sources du Gange, on trouve une chaîne, qui courant du nord, à l'ouest, va jusqu'à Kaschgar, continue son cours à l'ouest, prend ensuite au nord-ouest, en ferpentant le long du fleuve Sirr ou Jaxartes, jusques vers Tharaz. Du côté de l'orient elle va gagner les frontieres de la Chine, suit la grande muraille, remonte au nordest vers Leao-tong, & se termine sur le bord de la mer Orientale. Dans toute cette étendue, elle porte chez les Tartares le nom Koutchouq-tag & d'Uskunglug-tugra.

Plus au nord, à l'ouest de la riviere d'Irtisch, au nord du lac Saiflan, on trouve une autre chaîne de montagnes qui court vers l'est, cotoyant la riviere de Selinga jusqu'au lac Paikal; delà elle va gagner la rive septentrionale du fleuve Amour, vers Nerzinskoi, & fuit ce grand fleuve jusqu'à la mer Orientale: elle porte le nom d'Ouloug tag ou de Tougra-toubous-long: mais ce n'est qu'une continuation de celle qui est plus au midi, appellée Toutchong-tag. Elles sont jointes ensemble par un rameau, qui part de la derniere, à l'ouest des fources de la Jéniséa, court du sud au nord, en cotoyant la rive occidentale de cette grande riviere, jusqu'au 52d de latitude, qu'elle trouve l'Oulongtag, ou grande montagne. Cette chaîne de montagnes eft ce qu'on appelloit anciennement Kutt, & maintenant Altai. Ces deux grandes chaînes de montagnes se joignent encore vers le nord de la mer Caspienne, & après s'être abbaissées considérablement, elles se relevent & vont gas gner la ville de Samara, où elles portent le nom d'Aralltag, ou montagnes des Aigles, & courant alors directeHhhhhiij

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ment du sud au nord, elles servent à séparer la Russie de la Sibérie, & vont se terminer vers le détroit de Nassau & la nouvelle Zemble.

Telle est la vaste charpente qui soutient la plus grande partie de l'Afie. A ces chaînes, & fur-tout à celles du midi, c'est-à-dire, à celle qui va depuis Khoten jusqu'à la Chine, & qui renferme la petite Bucharie comme dans un cercle, tous les grands terreins sont comme suspendus & s'abaisfent à mesure qu'ils s'éloignent de ce centre, qui est comme la charpente de tout l'édifice.

De ces montagnes partent quantité de fleuves, qui sont entraînés en différens sens, felon la pente des terres: les uns du côté du midi, comme l'Indus & le Gange, qui vont se perdre dans la mer des Indes; les autres du côté de l'occident, comme le Gihon & le Sihon, qui se jettent dans la mer Caspienne. L'Obi, la Jenisea, le Selinga, la Lena, se précipitent vers le nord, & se déchargent dans la mer septentrionale. L'Amour, le Hoam-ho & le Kiam, après un long cours, vont se rendre dans la mer orientale. Tous ces grands fleuves partent de la ceinture qui environne le terrein compris entre Caschgar & la Chine, d'un côté ; le Tibet & la Tartarie, proprement dire, de l'autre. On lui a donné dans ces derniers tems le nom de petite Bucharie.

Dans cet intérieur on n'y trouve qu'une terre si brûlée par l'ardeur du soleil, qu'elle est fluide, & coule au gré des vents. Les voyageurs qui osent tenter d'y'pénétrer, y font engloutis. La providence y a cependant ménagé quelques endroits pour servir de passages à ceux qui veulent pénétrer à la Chine. On y trouve aussi quelques rivieres. Je ne parle point de celles qui font le long des montagnes: elles n'ont pas un grand cours. Je parle de quelques-unes qui fortent de la partie des montagnes qui est à l'occident, vers Kaschar & Khoten, & qui coulent vers l'orient. L'une, foit que le terrein n'ait pas affez de pente, soit que les sables accumulés en empêchent le cours, s'arrête & se perd au milieu du désert. Les deux autres vont plus loin: elles se réunissent & vont se jetter dans un grand lac appellé Lop, situé dans la partie la plus basse de tout ce grand terrein. Voilà une idée générale de la Tartarie. * Hift. générale des Huns, par M. de Guignes, l. 11, p. 1, 11 & suiv.

On divise aujourd'hui la Tartarie en trois parties : la Tartarie chinoise, la Tartarie indépendante, & la Tartarie Ruffienne.

La Tartarie chinoise est à l'orient de la Tartarie indépendante: elle est séparée de la Chine par la grande muraille. Sa partie orientale contient le pays de Nieu Tch ou des Tartares Man-Tcheous, & le Leaoton; l'autre celui des Mongous ou Mogols, dont une partie est tributaire de la Chine, & l'autre est sous sa protection: ils sont séparés les uns des autres par le grand désert de Gobi.

La Tartarie indépendante s'étend plus au midi que la précédente, & va fort loin à l'occident. Elle est bornée au nord par la Ruffie Afiatique ou Tartarie russienne; au midi par les Indes, la Perse, & à l'occident par la mer Noire. Elle est divisée en deux parties, l'orientale & l'occidentale. L'orienrale est très grande & contient les états du grand khan des Eleutches ou Callmoucks, de qui le Tibet dépend aujourd'hui, le Turkeftan & le pays des Usbeks. La partie occi. dentale, qui eft entre la mer Caspienne & la mer Noire, & celle d'Azof, comprend le Dagistan, la Circaffie, dont une partie appartient au khan de la petite Tartarie, & divers petits peuples libres qui habitent aux environs du mont Caucafe, ou d'Elbours.

La Tartarie russiene est aussi étendue que les deux autres parties de la Tartarie prises ensemble; mais comme elle s'étend au-delà du cercle polaire, & est exposé aux vents du nord, elle est presqu'entierement stérile vers le septentrion. Les pays qui font au midi seroient fertiles s'ils étoient cultivés. Ce que l'empire de Russie posséde en Tartarie, est divisé en trois gouvernemens, qui font, Cafan, Astracan & Tobolsk, ou la Siberie.

TARTARIE, (LA PETITE) comprend la Crimée & les pays qui font au nord de la mer Noire.

TARTARO, riviere d'Italie, dans l'état de Venise. Elle a sa source dans le Véronése, d'où prenant son cours d'occident en orient, elle traverse la Polésine de Rovigo, & se rend à Adria. Au-dessous de cette ville elle se partage en deux bras, dont le plus considérable va se perdre dans l'Adige, & l'autre va se jetter dans le Pô. Voyez Adria 4,

& Tartarus 2, qui font les anciens noms. * Vischer, Théâtre de la guerre en Italie.

1. TARTARUS, nom d'un fleuve dont fait mention Antonius Liberalis. Il le place dans la Phtie, près de la ville Mélita.

2. TARTARUS, riviere d'Italie, au nord du Pô, & appellée Atrianus par Ptolomée. Voyez ATRIANORUM-PALUDES & ATRIANUS.

TARTAS, ville de France, dans la Gascogne, au diocèse d'Acqs, élection de Lannes, à vingt lieues de Bordeaux, sur une riviere nommée Midouze, qui se jette dans l'Adour. Cette ville, qui est agréablement située, & affez bien bâtie, quoiqu'elle soit petite, étoit importante, lorsque les Huguenots en étoient les maîtres. Ils la tenoient pour une de leurs places de sureté. Quelques-uns ont voulu qu'elle eut pris fon nom des anciens Tarusates; mais il y avoit long-tems qu'il n'étoit plus question de ces peuples, lorsque Tartas a été bâtie. De Valois, Notit. Galliar.p.545, &. Longuerue, Descript. de la France, part. I, p. 191, disent qu'elle doit son origine aux Gascons, qui la bâtirent après, avoir occupé le pays où elle est située. Ils l'appellerent TarTASSU, ce qui signifie en langue basque un lieu où il ya quantité de cette espéce de chênes, qu'on nomme en cette langue Tarta. Elle a eu ses vicomtes sous les comtes de Gascogne dès l'an 960. Le premier qu'on trouve s'appelloit rex Tortus. Ses succesleurs, jusqu'à l'an 1312, ont toujours joui de ce vicomté, auquel ils avoient joint par mariage ce lai d'Acqs. Arnaud Raymond, dernier vicomte de Tartas & d'Acqs, mourut en cette année-là, après avoir vendu fes deux vicomtés à Jean, vicomte ou fire d'Albert, par où ces deux vicomtés entrerent dans cette maison, dont les biens ont été réunis à la couronne de France sous Henri IV. La ville de Tartas est bâtie sur la pente de la montagne en forme d'amphithéâtre, & le haut étoit défendu par un château en forme de citadelle; mais ce château fut démoli en 1621.11. y a dans cette ville deux paroisses avec un couvent de filles, & les recollets ont un couvent dans le fauxbourg. Après que l'on a paffé le pont pour sortir de Tartas, on trouve une belle promenade de plusieurs rangées d'arbres au bord de la riviere, & plus avant on rencontre des bois & des sablons pendant deux lieues. Il se tient à Tartas un marché considérable pour les seigles que l'on y rapporte des Landes.

TALTESIORUM-SALTUS, forêts d'Espagne. Justin, lib. 44, cap. 4, dit, qu'on prétendoit que ce fut là que les Titans avoient combattu contre les dieux, & que ces forêts avoient été habitées par les Curetes. Henricus Coquus donne à ce quartier de l'Espagne le nom de los campos de Tarif.

TARTESSIS, contrée d'Espagne, dans la Bétique, vers l'embouchure du fleuve Batis. C'étoit, selon Strabon lib. 3, p. 148, le pays qu'habitoient de son tems les Turdules, ainsi nommés de la ville Tartessus, qui ne subsis. toit plus du tems de Strabon. Eratosthene donnoit auffi le nom de Tarteffis au pays voisin de Calpe & à l'ifle Erythea, & Scaliger remarque que cette Tarteflide est appellée par Aufone Campi Arganthonini, du nom d'un certain Arganthonius, qui, selon les anciennes histoires, régna dans ce pays-là.

TARTESSUS, ville dela Bétique. Strabon 1. 3, p. 148, dit que le fleuve Batis se jettoit dans la mer par deux embouchures, & qu'entre ces deux embouchures il y avoit en autrefois une ville appelléc Tartessus, & il ajoute que le pays des environs s'appelloit Tartesside; mais fi nous nous en rapportons à Pomponius Mela, lib. 2, cap. 6, dont le témoignage est préférable, puisqu'il étoit né dans ce quartier-là, nous trouverons que Tartessus étoit la même chose que Carteja, qu'elle étoit voisine de Calpe, & fur la baye qui formoit ce promontoire, appellée aujourd'hui la baye de Gibraltar. Voyez CarTEJA.

TARTESSUS-MONS, montagne de la Bétique, selon Sextus Aviénus, cité par Ortélius.

TARTONNE, lieu de France, dans la Provence, diocèse de Digne. Il y a dans cette paroisse une fontaine d'eau salée, dont l'usage est permis aux habitans, qui en tirent du sel en la mettant bouillir dans un chaudron. Ce fel, quoique bon, ne l'est pas au même degré que celui de Mo

riez.

TARTRE, (le) lieu de France, dans la Bourgogne, diocèse de Besançon ; il est situé sur un côteau qui est fron

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tiere du comté de Bourgogne. Il y passe une petite riviere nommée la Seille qui n'est pas navigable dans cet endroit ; il y a un pont.

TARUALTÆ, peuple de la Libye intérieure, selon Prolomée, 1. 4, 6.9.

TARUANA, lieu d'Asie, dans la Carmanie. Prolomée, l. 6, c. 8, qui dit qu'il étoit dans les terres, ne nous apprend point si c'étoit une ville ou un village. TARUANNA. Voyez TEROUANNE. TARUBANI. Voyez TEROUANNE.

TARUDA, ville de la Mauritanie Césariense. Ptolomée, l. 4, c. 2, la marque près d'Egea.

TARUDANT, ville d'Afrique, au royaume de Maroc. Les Maures la nomment Teurant. Elle a été bâtie par les anciens Africains, à douze lieues de Téceut du côté de l'orient, & à deux du grand Atlas vers le midi. Sans être peuplée, c'est une ville affez belle & affez commerçante. Elle a été autrefois libre, mais elle fut assujettie par les Bénimérinis lorsqu'ils se rendirent maîtres de la Mauritanie Tingitane, & ils en firent la capitale de la province & des contrées voisines. Le gouverneur ou viceroi y faisoit fa résidence, à cause du commerce des Négres, & on y bâtit une fortereffe. La ville recouvra sa liberté par la chute des Bénimérinis, & se gouvernoit par quatre des principaux habitans qui fe changeoient tous les fix mois. L'an 1511, les chérifs gagnerent les premiers de la ville, & obtinrent par leur moyen, que ceux de Tarudant leur entretiendroient cinq cents chevaux pour arrêter les courses des chrétiens du cap d'Aguer & de leurs alliés. A la faveur de ces troupes & des Zaraganes, avec quelques autres communautés, ils ils se rendirent maîtres de la ville, & ensuite de toutes les provinces voisines. Le chérif Mahomet étans depuis roi de Sus, répara les murs de la ville & du château, & y ajouta de nouvelles fortifications, la peuplant de tant de marchands & d'artifans, que c'est encore aujourd'hui une des principales villes d'Afrique. Ce chérif y avoit fon magasin d'armes, fon arsenal & la plus grande partie de ses trésors, comme à l'endroit le plus sûr de fon état; mais ayant été affaffiné en 1557 par le Turc Hascen, celui-ci s'empara de cette ville. Les habitans font de bonnes gens qui s'habillent de drap & de toile, comme ceux de Maroc. Le territoire de la ville est grand, & du côté du mont Atlas il y a de grands villages de Bérebéres Mucamudins, & vers le midi plusieurs aduares ou habitations d'Arabes, avec une communauté de Bérebéres qui vivent sous des tentes, & font riches & belliqueux. Ils font plus de cinq mille chevaux Leur principal quartier est à quatre lieues de Tarudant sur les confins d'Eufaran. Leurs chefs fur furent les premiers qui favoriserent les chérifs, & les fuivirent dans toutes leurs guerres: de ce nombre étoit Ali, fils de Bucar, qui égorgea Muley Hamet & ses petits-fils dans Maroc, lorsqu'il fut la mort du chérif. Tout le côté de cette province qui regarde la Libye, appartient à ces peuples, & ils se font payer le tribut des habitans qui veulent cultiver les terres. * Marmol, Royaume de Maroc, 1.3, C. 24.

TARUESEDE, lieu de l'Helvétie. L'itinéraire d'Antonin le place fur la route de Brégentz à Côme, entre Coire & Chiavenne, à foixante milles du premier de ces lieux, & à quinze milles du second. C'est aujourd'hui Splugen, selon Simler, & S. Giacomo dans le val de Chiavenne, selon Scudus, cité par Ortélius.

TARUIDUM, TARUEDUM OU ORCAS, promontoire de la grande Bretagne. Ptolomée, 1.2, 0.3, le marque sur la côte septentrionale après l'embouchure du fleuve Nabaus. On croit que c'est présentement Dungisbehead en Ecoffe, dans la province de Cathners.

TARVIS, en latin TARVISIUM, bourg d'Allemagne, dans la Carinthie, audiocèse de Bamberg. Il a pris fon nom de ses anciens habitans appellés Taurisci. Strabon fait l'éloge des mines d'or qui étoient, autrefois dans ce quartier, & il dit que de fon tems on en voyoit encore dansles vallées d'Idria & de Pleffe. Les Romains ont tellement épuisé ces mines, qu'au lieu de l'or qu'on y trouvoit, on n'en tire plus que du vifargent, en abondance à la vérité, ce qui produit un grand revenu à la maison d'autriche. * Zeyler, Topogr. Carinthiæ, p. 102.

TARVISIUM. C'est ainsi que Caffiodore, Procope, Paul-Diacre & Réginon appellent la ville que nous connoiffons aujourd'hui sous le nom de TREVISO. Voyez ce

mot..

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TAS, TAAS OU MALCAMSEI, riviere de la grande Tartarie, se décharge dans un golfe de la mer Glaciale, que les Moscovites nomment Guba Tassarkoia, vis-à-vis de la nouvelle Zemble.

TASACARTA, lieu d'Egypte. L'itinéraire d'Antonin le marque sur la route de Péluse à Memphis, entre Daphnès & Thou, à dix-huit milles du premier de ces lieux, & à vingt-quatre milles du second.

TASACCURENSIS, siége épiscopal d'Afrique, dans la Mauritanie Césariense, selon la notice des évêques de la province, où il est parlé de Prequarius Tafaccurenfis. * Hardouin, Collect. conc. t. 2, p. 875.

TASAGORA, ville de la Mauritanie Césariense, selon l'itinéraire d'Antonin, qui la marque sur la route de Cala à Rufucurrum, entre Ad Regias & Caftra-Nova, à vingtcinq milles du premier de ces lieux, & à dix-huit milles du fecond.

TASARTA OU THASARTE, lieu de l'Afrique propre Il est marqué dans l'itinéraire d'Antonin sur la route de Telepte à Tacapa, entre Capfe & Aqua Tacapina, à vingtcinq milles du premier de ces lieux, & à dix huit milles du second.

TASBATTENSIS ou ATHASBATTE, fiége épiscopal d'Afrique, dansla Byzacène. Son évêque est nommé Marcellinus dans la notice des évêchés d'Afrique, & Julianus Tasbattensis, dans la conférence de Carthage. douin, Collect. conc. t. 2, p. 873, t. 1, p. 170. TASCA. Voyez PHASCA.

*

Har

TASCHKANT, ville de la Tartarie, sur les frontieres des Indes, en tirant vers Talasch. Cette ville est située à la rive droite de la riviere de Sirr à 45d de latitude, & 92d 40' de longitude. Elle est fort ancienne, & elle a été plusieurs fois détruite & rebâtie à l'occasion des fréquentes guerres entre les princes Tartares de son voisinage. Qoiqu'elle ne soit pas grand'chose à présent, elle ne laisse pas d'être la residence d'hiver du khan de la Casatschia Orda, qui posféde une partie du Turkestan; car dans l'été il va camper de côté & d'autre sur les bords de la riviere de Sirr, felon la coutume de tous les princes Tartares. * Hift. généalog. des Tatars, p. 49.

TASCI, peuples de la Perside, selon Denys le Périégéte, Orbis descript. v. 1069, qui les met au voisinage des Pafargarde. Son ancien interpréte remarque que les Tasci étoient habiles à manier l'arc.

TASCIA, ville des états du Turc en Afie, dans la province de Toccat, au dessus des montagnes Noires, selon Davity, Cappadoce, p. 36. Il ajoute que cette ville est renommée par la victoire que Junno Bafsa y remporta fur Techel, Perfan, tenu par les siens pour un grand prophéte.

TASCODUNITARI & CONONIENSES, peuples de la Gaule Narbonnoise, selon quelques manuscris de Pline, 1.3, 6.5, au lieu de quoi d'autres manuscrits & quelques exemplaires imprimés portent TASCODUNI, TARUSCONENSES, d'autres TASCONI, TARACUNONIENSES, & d'autres TASCONI, TARUSCONIENSES. Le pere Hardouin qui fuit cette derniere leçon, regarde les autres comme des noms corrompus. Il se fonde sur le manuscrit de la bibliotheque royale, & fur l'ordre alphabétique que Pline eft accoutumé de suivre. Les Tasconi, ajoute-t-il, habitoient vraisemblablement dans l'endroit où est aujourd'hui Montauban, ville que mouille la petite riviere Tesco, aujour'd'hui le Tescou, qui s'y jette dans le Tarn. Cette riviere Tesco pouvoit avoir donné fon nom au peuple TASCONI OU

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