Images de page
PDF
ePub

messe. Marmol, Numidie, l. 7, c. 22, qui parle de cette forterefle, dit que les habitans de la province de Sugulmefle la bâtirent, après que leur ville capitale eut été détruite. Quelques-uns lui donnent environ mille maifons, & d'autres feulement cinq ou fix cents habitans, parmi lesquels il y a quelques artifans & quelques marchands.

TENEHOA, province du royaume de Tunkin, au couchant de Rokbo; elle a la province de l'oueft au nord, Aynam à l'oueft, & la mer au fud. Cette province est un pays bas, abondant principalement en riz & en bétail. On y fait un grand négoce de poiffon, comme on fait généralement fur toutes les côtes de la mer. * Dampier, Voyage autour du monde, t. 3, p. 29.

TENENDEZ, montagne d'Afrique, au royaume de Maroc. C'est une grande montagne de l'Atlas, qui regarde le midi; c'eft pourquoi, quelques-uns ne la comprennent point dans la province d'Escure; mais d'autres l'y mettent, parce qu'elle eft de la Barbarie. Elle eft bien peuplée de Bérebéres, qui font farouches, mais braves, & qui fe piquent fort de nobleffe. Ils ont quantité de petits barbes, très-légers & très-vigoureux. Le pays ne porte point de froment, mais quantité d'orge; & les habitans ont grand nombre de gros & menu bétail. Le fommet de la montagne eft couvert de neige durant toute l'année. 11 y a beaucoup de nobleffe, qui a un chef pour la gouverner. Il n'y a dans toute la montagne ni ville ni bourgade fermée, mais plufieurs villages fort peuplés; car bien que le pays foit froid, il ne laiffe pas d'être abondant en pâturages, & l'âpreté de la montagne, qui eft fort roide, fert affez de défense aux habitans. Les feigneurs de cette mon. tagne & de celle de Tenfit, auffi bien que ceux de la province de Dara, étoient tous parens, & on les nommoit les Mezuares; mais leurs divifions donnerent lieu au chérif de fe rendre maître de leurs pays. Ils auroient été capables de lui réfifter, s'ils euffent été bien d'accord. Ils lui donnent encore aflez de peine par leurs fréquentes révoltes. * Marmol, Royaume de Maroc, 1. 3, c. 75, p. 123,

124.

TENERAND, bourg de France, dans la Saintonge, au diocèle de Saintes, de l'élection de Saint-Jean-d'Angely.

TENERICUS, champ de la Bootie, au voisinage du lac de Copaïs. Strabon, l. 9, p. 412, 413, & Paufanias, 1. 9, c. 26, en parlent. Il tiroit fon nom du poëte Tenerus; fils d'Apollon & de Melia.

1. TENERIFFE, ifle d'Afrique, & l'une des Canaries. C'eft la Nivaria de Pline. Son nom eft compofé de Tener, qui dans la langue des habitans fignifie neige, & d'Iffe une montagne. Elle a l'ifle de Salvages au nord, la grande Canarie à l'orient méridional, l'ifle de Gomére au midi occidental, & l'ifle de Palme à l'occident feptentrional. Souchu de Rennefort, hift des Indes orient. 2 part. l. 1, c. 2, donne à l'ifle de Teneriffe dix-huit lieues de lon gueur, & huit de largeur. La principale fortereffe, qui en garde l'abord, & qui eft fituée à 284 de latitude, eft compofée de quatre bastions, & commande auffi fur un bourg nommé Santa-Crux. Vers le nord, en côtoyant la mer, on trouve trois fortins, & au midi un fort, en forme de tour. En allant à la ville, on rencontre deux petits forts quarrés, & toute la défenfe de cette ville n'eft que dans la difficulté de les paffer. Cette ville fe nomme LAGONE OU LAGUNA, autrement SAN CHRISTOVAL DB LA LAGUNA. Voyez ce mot. Il y a quatre maifons de religieux, qui font des dominicains, de faint François, de faint Diego & des auguftins; deux monafteres de filles, & deux églifes paroiliales. A deux lieues au-deffus de Lagone, il fort d'une montagne une grofle fontaine, ombragée d'une haute futaie fort épaiffe. Les côteaux font remplis d'orangers, de citronniers & de grenadiers. Au pied de la montagne eft un hermitage, par les côtés duquel l'eau descendue avec impétuofité, s'affemble au deffous, dans un canal, & coule tranquillement l'espace d'une lieue & demie dans la plaine. Cette eau eft enfuite conduite, pendant une demilieuc, par un aquéduc, jusqu'à deux cents pas de la ville, dont les habitans fe fourniflent de cette eau. Les beftiaux font abrevés dans un lac voifin, qui eft fur une montagne, entourée d'autres montagnes plus hautes, qui la bordent. Le bled que l'on recueille dans cette ifle reffemble au bled de Turquie : le vin de Malvoisie s'y trouve en

abondance; la pipe coute ordinairement vingt ducats, & les droits de fortie dix-fept reaux: ainfi, elle revient à quatre-vingt-neuf livres de France, & contient quatre cents quatre-vings pintes de Paris. L'argent eft fort commun dans cette ifle, les marchands étrangers y font trèsbien leur compte. Les épées, piftolets, couteaux, peignes habits, manteaux longs, noirs & gris, chapeaux à grands bords, toiles & rubans, tout cela y eft d'un fort bon débit. Presque toute l'ifle eft entourée de montagnes inacceffibles. On trouve dans cette ifle beaucoup de foufre minéral, qu'on transporte en Europe. Il y croît une plante appellée Legnan, par les infulaires. On en porte une grande quantité en Angleterre, où l'on s'en fert au lieu de régliffe. Il y a aufli des abricotiers, des pêchers & autres arbres fruitiers, qui portent deux fois l'année ; des poiriers & des amandiers, dont le fruit a une couverture mince & tendre, & des limons, nommés prefiados par les Espagnols; c'eft-à-dire, gros ou pleins, parce qu'ils en ont d'autres petits enfermés fous leur écorce. On y trouve des cannes de fucre, un peu des cannes de fucre, un peu de coton, des pommes de coloquinte & d'autres fruits de plufieurs espéces. Le rofier y fleurit à Noel ; mais les tulipes ne s'y plaifent pas. Il croît au bord de la mer une herbe à feuilles larges : les chevaux qui en mangent en meurent presque toujours, quoiqu'aucun autre animal ne s'en trouve incommodé. On a vu à Teneriffe des tuyaux de bled chargés de quatre-vingts épis, & cependant ils n'y croiflent pas bien haut. Il y a eu des années qui ont produit une fi abondante récolte, que chaque muid de bled en a rapporté cent trente. On y trouve des ferins, des cailles, des perdrix plus groffes que les nôtres, des ramiers, des tourterelles, des corneilles, & de tems à autres on y voit quelques faucons qui y paffent des côtes de Barbarie. Quant aux poiffons, il y a le cherna poiffon fort large & très-bon, des meros, des dauphins, des écreviffes de mer qui n'ont point de pieds, des moules & des clacas. Le clacas eft un poiffon à coquille, il eft fort rare & croît dans les rochers; on en trouve d'ordinaire cinq ou fix dans une feule & grande coquille, au coin de laquelle ils montrent quelquefois leur tête. C'est par-là qu'on les tire, après avoir élargi un peu davantage, & rompu ces ouvertures avec une pierre. Il y a auffi une autre espéce de poiffon qui reffemble à une anguille; il a fix ou fept queues d'environ un pied, qui s'uniffent toutes à une feule tête & à un corps de même longueur que ces queues. L'ifle de Teneriffe eft remplie de fontaines & de fources d'eau fraîche, qui a le gout de lait ; mais parce qu'à Lagone elle n'eft pas fi claire que dans les autres endroits, on la fait paffer au travers d'une certaine espéce de pierre fpongieufe taillée en maniere de baffin, pour l'éclaircir. Les vignes qui produifent le plus excellent vin de Canarie, croiffent toutes dans l'espace d'une lieue aux environs du rivage de cette ifle. Celles qu'on plante à une distance plus éloignée, n'ont pas le même fuccès, & fi l'on porte du même plant dans quelqu'autre de ces ifles, il n'y produit point de fruit.* De l'Ifle, Atlas.

Corneille dit qu'un homme de beaucoup d'esprit qui y a paffé vingt ans en qualité de marchand & de médecin, en s'attachant avec beaucoup d'exactitude à la bien connoître, a jugé que cette ifle, dont le fond eft extraordinairement chargé de foufre, étoit autrefois en feu, & qu'elle fauta tout-à-coup en l'air, ou toute entiere, ou du moins en fa plus grande partie; que plufieurs montagnes compofées de grands quartiers de pierres & de rochers noirs & brulés, entaffés les uns fur les autres, telles qu'on les voit de tous côtés aux environs de cette ifle, & furtout en fa partie méridionale, avoient été comme vomies des entrailles de la terre dans le tems de ce grand embrafement; & que le plus grand monceau de foufre s'étant trouvé environ au centre de l'ifle, avoit élevé le pic à la hauteur où l'on voit à préfent cette montagne. Il ajoute que quiconque fera une férieufe attention fur la fituation & l'arrangement de ces rochers, ne pourra s'éloigner de cette penfée; puisqu'ils font dispofés de telle forte près de trois ou quatre lieues aux environs du pic, & dans un tel ordre l'un au-deffus de l'ordre, presque jusqu'au pain de fucre, qu'il faut néceffairement le repréfenter que tout le fond venant à s'enfler & à crever en même tems par l'agi. tation & par le foulevement des ruiffeaux & des torrens de foufre contenus dans fon fein, dans ce bouleversement univerfel de l'ifle, les uns s'arrêterent & s'affermirent au plus

haut par-deffus tous les autres, & formerent le pic, & les autres roulerent & fe renverferent par leur propre pefanteur, fe venant ranger plus bas, où ils formerent d'autres monceaux moindres par dégrés que le précédent à mefure qu'ils s'en éloignoient, principalement au côté du fudoueft: car il a de celui du pic presque jusqu'au bord de la mer de grands monceaux de ces pierres & rochers brulés entaffés les uns fur les autres. C'eft là qu'on voit encore aujourd'hui les véritables fonderies, ou les lits des ruisfeaux de foufre qui couloient de toutes parts dans ces contrées de l'ifle, qui ont fi fort confumé & defféché ce terroir, qu'il ne peut produire que des ronces; mais au côté feptentrional du pic, il n'y a point, ou fort peu de ces pierres, d'où ce médecin conclut que le feu fit fon plus grand effort, & fe déchargea plus qu'ailleurs, vers le côté qui eft au fud-oueft. Il dit de plus, que beaucoup de mines de divers métaux le découvrirent & fauterent en l'air en même tems. Auffi y a-t-il plufieurs de ces rochers brulés, qui femblent une mafle de terre & de fer mêlés ensemble, d'autres d'argent & quelques-uns de cuivre, fur-tout dans un endroit de ce quartier du fud-oueft, appellé Azulejos, qui est une montagne fort haute. Il y a là une grande quan tité de terre d'un bleu clair, mêlée avec des pierres bleues couvertes d'une rouille jaune, comme celle du cuivre ou du vitriol. Outre plufieurs petites fources d'eau vitriolée, qui lui ont fait conjecturer qu'il y avoit eu une mine de cuivre, on y trouve auffi des eaux nitreufes, & des pierres pleines de falpêtre, & couvertes d'une rouille de couleur de fafran, & qui a le gout de fer.

L'an 1704, il y eut dans cette ifle un des plus épouvantables tremblemens de terre dont on ait jamais entendu parler. Il commença le 24 de décembre, & en trois heures de tems on en fentit vingt-neuf fecouffes affez violentes. Elles augmenterent tellement le 27, que la frayeur fut générale, & le peuple fit des proceffions & des prieres publiques dans la campagne. Le 31, on découvrit une grande lumiere du côté de Monja, vers les montagnes Blanches. La terre s'y étant ouverte, il s'y étoit formé un volcan, qui jerta tant de pierres, qu'il s'en forma deux montagnes allez hautes; en forte que les matieres combuftibles qui en allumerent plus de cinquante feux aux environs, fortirent.Cela dura jusqu'au de janvier de l'année fuivante. Enfuite l'air fut obscurci par des cendres & de la fumée, & la terreur fut fort augmentée lorsque fur le foir on vit plus d'une lieue de pays tout en feu. C'étoit l'effet d'un autre volcan qui s'étoit ouvert avec plus de trente bouches à la circonférence d'un quart de lieue du côté d'Oroctova. Il fe forma en même tens un torrent de foufre & d'autres ma. tieres bitumineuses, du côté de Guimar, & il en fortit un pareil de l'autre volcan; cependant les fecouffes continuant avec la même violence, renverfoient les maisons & les édifices publics de Guimar. Le 2 de février, un autre volcan s'ouvrit près de ce lieu, dont l'églife fut presque entierement renversée. Les premieres nouvelles que l'on reçut à Cadix de ce tremblement de terre, portoient qu'il n'étoit pas encore cellé le 23 du même mois.

Les perfonnes de qualité, dit Souchu de Rennefort, P. 273, font fort civiles à Téneriffe, & le menu peuple, comine dans toute l'Espagne, eft extrêmement fier & peu laborieux. L'artifan, toujours l'épée au côté, ne peut s'asfujettir à garder sa maison : il est li fainéant, qu'il aime mieux vivre de légumes & de racines, que de prendre la peine de chaffer, quoique le gibier foit fort commun. Les femmes ne regardent que d'un ail par une petite ouverture qu'elles font à leur voile.

Le Pic DE TENERIFFE eft une montagne de cette ifle. Les Maures l'appellent Elbar, les Espagnols & les Portugais el Pico de Terraira, & les autres Européens la nomment le Pic de Teneriffe ou le Pic des Canaries. On le regarde comme la plus haute montagne du monde, & fon fommet qui a quarante-fept mille hoit cents douze pieds de hauteur, s'éleve tellement au deffus des nues, que quand le ciel eft ferein, on le peut voir de foixante milles en mer; d'autres difent de quarante lieues, & Corneille avance qu'on le voit de foixante. On n'y monte qu'aux mois de juillet & d'Août, parce que le reste de l'année cette montagne eft couverte de neige, quoiqu'on n'en voye jamais dans l'ifle de Téneriffe, ni dans les autres ifles Canaries. Quoique le pic de Teneriffe s'éleve visiblement au deffus des nues, cependant comme la neige y tombe & s'y confer

ve, il faut qu'elle ne s'étende ve, il faut qu'elle ne s'étende pas au-delà de la moyenne région de l'air.* Bernb Varenius, Géogr. générale, l. 1,

C. IQ.

Dans l'hiftoire de la compagnie royale de Londres, puy bliée en anglois par Thomas Sprat, on voit une relation de quelques marchands qui ont eu la curiofité de monter jusqu'au fommet de cette montagne. Ils partirent d'Oratava, l'un des ports de l'ifle, fitué au côté feptentrional à deux lieues de l'Océan, & marcherent depuis minuic jusqu'à huit heures du matin qu'ils arriverent au fommet de la premiere montagne que rencontrent ceux qui vont vers le pic. Enfuite ils pafferent par divers endroits fablonneux, au travers de plufieurs hautes montagnes qui étoient nues, rafes, découvertes & fans arbres, ce qui leur fir endurer une fort grande chaleur, jusqu'à ce qu'ils fuffent arrivés au pied du pic, où ils trouverent de grandes pierres qui fembloient être tombées du plus haut de la montagne. Sur les fix heures du foir ils commencerent à grimper le pic; mais à peine eurent-ils fait une lieue, que le chemin fe trouvant trop rude pour y faire palfer leurs montures, ils les laifferent avec quelques-uns de leurs valers. Comme ils s'avançoient toujours vers le haut, l'un d'entr'eux fe fentit tout-à-coup faifi de frillons de fiévre, avec flux de ventre & vomillement. Le poil des chevaux qui étoient chargés de leur bagage, étoit hériffé comme la foie des pourceaux. Le vin qui pendoit dans des bouteilles au dos d'un cheval, étoit devenu fi froid, qu'ils furent contraints d'allumer du feu pour le chauffer avant d'en boire, quoique la conftitution de l'air fut affez chaude & tempérée. Après que le foleil fut couché, il commença à faire fi froid par un vent qui fe leva, qu'ils s'arrêterent entre de groffes pierres fous un ro cher, où ils firent un grand feu toute la nuit. Sur les quatre heures du matin ils recommencerent à monter, & étanc arrivés une lieue plus haut, un des leurs à qui les forces manquerent, fut contraint de demeurer à un endroit où les rochers noirs commencent. Les autres pourfuivirent leur voyage jusqu'au pain de fucre, où ils rencontrerent de nouveau du fable blanc, & étant parvenus aux rochers noirs qui font tout uni comme un pavé, il leur fallut encore marcher une bonne heure pour grimper jusques au plus haut du pic, où enfin ils arriverent. L'air s'y trouva moins vaporeux & moins étouffant qu'au bas de la & moins étouffant qu'au bas de la montague. Il étoit pourtant rempli de vapeurs chaudes & vaporeufes qui leur rendirent le vifage extrêmement rude. Il n'apperçurent dans toute cette route aucun changement notable dans l'air. Ils curent fort peu de vent; mais il fouffloit avec tant de violence au fommet du pic, qu'à peine pouvoient-ils fe tenir debout. Ils dînerent là, & reconnurent que leurs liqueurs fpiritueufes étoient presque devenues infipides, & qu'au contraire leur vin étoit plus fpiritueux. Le fommet où ils étoient n'a pas plus d'une aune & un quart de large. Il eft au bords d'un puits nommé Caldera, qui peut avoir de largeur une portée de mousquet, & à peu près cent aunes de profondeur. Ce puits eft fait en forme de quille, creux en dedans comme une chaudiere, & couvert de tous côtés de petites pierres lâches, mêlées avec du fable & du foufre, d'entre lesquelles s'élevent diverfes vapeurs de chaleur & de fumée. On ne fauroit remuer ces pierres qu'il n'en forte de très-nuifibles vapeurs. Ils penferent étouffer pour en avoir voulu tirer une de fa place, tant il s'éleva fubitement de ces vapeurs. Ces pierres étoient fi chaudes, qu'il leur étoit impoffible de les manier. Ils ne descendirent pas plus de cinq ou fix aunes dans le puits, à caufe que leurs pieds glit. foient; quoiqu'il y en ait qui fe font hazardés à descendre jusqu'au fond. Ils ne virent rien de remarquable, qu'une espèce de foufre clair & transparent qui étoit attaché comme du fel au deffus des pierres. Ils découvrirent du fommet du pic de la grande Canerie à quarante lieues de là, l'ifle de Palme à dix-huit, & celle de Gomer à fept. Le trajet de mer qui eft entre deux, ne leur paroiffoit que d'un quart de lieue. Dès que le foleil fe montra fur l'horizon, l'ombre du pic ne fembla pas feulement couvrir toute l'ifle & la grande Canarie, mais aufli la mer jusqu'aux bords, où le fommet du pain de fucre ou du pic paroiffoit vifiblement s'élever en haut, & lancer fon ombre jusques dans l'air même. Le foleil ne fut pas fort élevé, que les nuées qui remplirent l'air deroberent à leur vue & la mer & toute l'ifle, à la réferve des fommets des montagnes fituées plus bas que le pig auquel elles paroiffoient attachées. Ils trouverent plufieurs belles & bonnes fontaines, qui fortoient la plupart du

fommet & s'élançoient fort haut comme des jets d'eau naturels. Ils descendirent par le chemin fablonneux jusqu'au pied du pain de fucre; & comme il eft presque droit à niveau, ils curent bientôt parcouru tout ce chemin. Ils rencontrerent en cet endroit une caverne d'environ douze aunes de profondeur & de dix-huit de largeur. Elle reflembloit à un four & avoit une ouverture en haut de plus de dix aunes de diamètre. Ils descendirent par-là avec une corde que leurs valets tenoient ferme. Au milieu du fond de cette caverne étoit un puits rond plein d'eau, comme un gouffre auffi large que l'ouverture d'en haut, & à peu près de fix toifes de profondeur. Ils jugerent que cet cau provenoit des neiges, qui, en fe fondant, couloit le long des rochers. Toute la hauteur du pic de bas en haut en droite ligne, eft eftimée communément de deux lieues & demie. Dans toute cette route on ne trouve ni arbriffeau, ni feuille, ni herbe; mais feulement des pins & une certaine plante garnie d'épines, comme la ronce qui croît parmi ce fable blanc. A côté du lieu où ils pafferent la nuit, eft encore une autre plante dont les branches ont huit pieds de hauteur, & un demi d'épaifleur. Elles font dispofées en carré vis-à-vis l'une de l'autre, & par ce moyen forment quatre coins, à chacun desquels il y a une branche qui s'éleve en haut comme un jonc. Au bout des tiges croiffent de petits grains ou baies rouges, qui étant prefiées rendent un lait vénimeux. Ce fuc exprimé fur la peau de quelque bête, en fait tomber le poil auffi-tôt. Cette plante eft répandue par toute l'ifle, & on la croit une espèce d'Euphorbum.

2. TENERIFFE, ville de l'Amérique méridionale, dans la terre-ferme, au gouvernement de fainte Marthe, dans les terres, fur la rive droite de la riviere appellée rio grande de la Madalena, au-deffous de Tamalameque, & à quarante lieues de la ville de fainte Marthe, en tirant au fud-oueft. Le chemin pour aller de Tenerifle à la ville de fainte Marthe eft fort difficile par terre, mais on peut aller affez commodément d'une de ces villes à l'autre par la grande riviere de la Magdeléne, en faisant le refte du chemin par mer. * De Ifle, Atlas. De Laet, Description des Indes occidentales,

1. 8, c. 20.

TENESIS, contrée de l'Ethiopie, fous l'Egypte, dans les terres. Strabon, l. 16, p. 770, dit qu'elle étoit habitée par des Egyptiens proscrits par Pfammitichus, & qu'on appella par cette raifon Sebrites, Sebrita, c'est-à-dire étrangers. Ces peuples avoient une reine à laquelle obéisfoit l'ille de Meroé, qui étoit voifine de la Tenefis, & qui étoit formée par le Nil. Cafaubon doute fi la ville Tenupfis de Pline, l. 6, c. 30, n'étoit point dans cette contrée, & fi les habitations de cette ville qu'il nomme Semberrita, ne font point les Sebrita de Strabon.

On croit que cette ville Tenupfis eft la Dangala du royau me de Sennar.

TENEVILLE, bourg de France, dans le Bourbonnois, au diocèfe de Nevers, élection de Moulins. C'eft une paroiffe à huit lieues de Moulins, & à cinq de l'Allier, pays de monticules, terres douces à feigle d'affez bon rapport; les foins font aflez abondans, les pâcages étendus & bons, le profit des beftiaux qu'ils engraiffent, allez confidérable, étant à portée presque de toutes les foires; peu de vignes; plufieurs étangs.

1.TENEZ, province d'Afrique, au royaume de Trémécen. Elle a au levant celle d'Alger, au couchant celle de Trémécen, le mont Atlas au midi, & la mer Méditerranée au feptentrion, depuis l'embouchure du Chilefou de Cartena, jusqu'à celle de l'Açafran. Tout ce pays abonde en bled & en troupeaux; il y a cinq villes dont la capitale porte le nom de la province, & a été fujette aux rois de Trémécen. Quand Mahamet Bénizeyen mourut, il laifla trois fils, dont l'aîné Abu Abdali fuccéda à la couronne, & les deux conjurerent contre lui. La conjuration découverte, le second nommé Abu Zeyen fut long-tems prifonnier, jusqu'à ce que Barberouffe le délivra & enfuite le fit prendre. Le troifiéme qui s'appelloit Abu Yahaia s'enfuit à Fez, & à la faveur de Hamet Oataci, il fe rendit maître de ce pays, où il regna plufieurs années & prit le titre de roi de Tenez. Après fa mort fon fils Bu Abdila lui fuccéda, qui fut perfécuté de Barberouffe jusqu'au point de le contraindre à paffer en Caftille avec fa famille & un de fes freres, pour demander du fecours à Charles-Quint, & comme on tardoit à l'expédier, il retourna à Oran, croyant que le marquis de Comares travailloit pour lui. Sur ces entrefaites Dieu lui inspira

de fe faire chrétien & fon frere de même, de forte qu'ils retournerent en Castille, où ils furent baptifés & leur état demeura aux Turcs: c'eft une des dépendances d'Alger qui rapporte le plus de revenu. Marmol, Royaume de Trémécen, l. 5, c. 30.

*

2. TENEZ, ville d'Afrique, au royaume de Trémécen, capitale de fa province. Elle eft fituée sur la pente d'une montagne à demi-lieue de la mer, à mi-chemin d'Oran & d'Alger. Ptolomée lui donne 11d 30' de longitude, & 334 30' de latitude, & la nomme Lagonte. Elle eft enfermée de murs, & a une forterelle avec bonne garnifon, où le commandant qu'on envoie d'Alger fait fa demeure. Les Arabes de cette contrée font belliqueux & fe piquent d'honneur & de bravoure ; auffi ont-ils fouvent aidé les habitans à fe défaire de leurs gouverneurs Turcs qui les tyrannisent beaucoup. Ceux de la ville font grofliers & ruftiques, quoiqu'ils ayent grand commerce avec les étrangers, parce qu'on transporte d'ici à Alger & ailleurs du bled & de l'orge, dont toute la contrée eft fertile de même qu'en pâturages. Les abeilles y rapportent beaucoup de miel & de cire. Vis-à-vis de la ville il y a une iflette où les vailseaux se mettent à l'abri pendant la tempête, quand ils ne peuvent demeurer au port. Le cadet Barberoulle prit cette ville après la mort de fon frere aîné, & depuis elle a toujours été aux Turcs.

Le pere Hardouin & la plupart des géographes croyent qu'elle occupe la place de Céfarée de Mauritanie. Voyez Célarée 8.

3. TENEZ ou TENEX, ville des états du Turc, en Egypte, dans la partie de cette contrée appellée Elbechrie ou Beheyra, à l'est de Damiette, felon Davity, états du Turc en Afrique, p. 348. Burchard appelle cette ville Taphnis & la prend pour la Tanais de l'écriture fainte. Elle a un golfe ou lac qui eft pris par Pinet pour le lac Sirbon de Ptolomée. Niger dit que les mariniers l'appellent Stagnone ou Barathra, & ceux du pays Bayrena, mais Pigafet prétend qu'on le nomme le golfe de Damiette; & Muntegazze, dans fon voyage, l'appelle Barera. Ce lac reçoit l'eau d'une petite branche qui part du grand bras du Nil du côté de l'eft. Il eft extrêmement dangereux à caufe du fable mouvant qui s'y trouve, qui fe haulle ou fe baille, quelquefois plus, quelquefois moins.

TENEZA, petite ville d'Afrique, au royaume de Maroc. Elle eft dans une fituation avantageufe. Les anciens Africains la bâtirent fur la pente d'une montagne du grand Atlas, à trois lieues de la riviere d'Ecifelmel, vers le levant. Tout le pays qui eft entre cette riviere & la ville, eft une plaine où on recueille quantité de froment & d'orge, & où l'on nourrit quantité de gros & de menu bétail. C'est pour cela que la plupart des habitans de la ville font des laboureurs & des gens de la campagne. Ils font braves & grands ennemis des Arabes, qui par le paflé les incommodoient par leurs courfes. * Marmol, Royaume de Maroc, 1.3, c. 35, P. 46.

TENEZONE, bourgade des Grifons, dans la ligue de la Caddée, en latin Tinnetio. Cette bourgade, avec Rovena Als-Molins & la vallée Falera, forme la premiere des cinq parties qui compofent la communauté d'Oberlax. * Etat & délices de la Suiffe, t. 4, p. 52.

1. TENG, ville de la Chine, dans la province de Quangli, au département de Gucheu, cinquième métropole de la province. Elle eft de 64 51' plus occidentale que Pekin, fous les 24d7 de latitude. * Atlas Sinenfis.

2. TENG, ville de la Chine, avec fortereffe, dans la province de Honan, au département de Nanyang, feptiéme métropole de la province. Elle eft de sd 42' plus occidentale que Pekin, fous les 33d 40' de latitude.

3. TENG, ville de la Chine, dans la province de Xantung, au département d'Yencheu, feconde métropole de la province. Elle eft de od 36' plus occidentale que Pekin, fous les 35d 46' de latitude.

1. TENGCHENG, fortereffe de la Chine, dans la province d'lunnan, au département de Langkiu, cité de la province. Elle eft de 17d 30' plus occidentale que Pekin, fous les 25d 45' de latitude.

2. TENGCHENG, montagne de la Chine, dans la province de Xantung, au territoire de Tengcheu, cinquième métropole de la province. Elle eft au nord de cette métropole, & fameufe par la victoire que Hanfinius y remporta fur le roi Ci. * Atlas Sinenfis.

TENGCHEU,

TENGCHEU, ville de la Chine, dans la province de Channton, où elle a le rang de cinquième métropole. Elle eft de 34 26' plus orientale que Pekin, fous les 374 20' de latitude. Quoique le territoire de Tengcheu foit pour la plus grande partie en terre-ferme, fa capitale eft cependant dans une ifle féparée du continent par un canal. Elle a a un port très-commode & où fe tient ordinairement la grande flotte des Chinois. La métropole de Tengcheu a dans fa dépendance huit villes, qui font

[blocks in formation]

Par la divifion que fit Yvus, le territoire de Tengcheu fut joint à la province de Cingcheu. Anciennement il étoit habité par un peuple nommé Gaoy; il n'étoit pas encore foumis aux Chinois, & il ne paffa fous leur domination que du tems de la famille Hiaa. Du tems des rois, Tengcheu étoit une des dépendances du royaume de Ci. Le nom qu'il porte préfentement lui fut donné par la famille Tanga. On y voit trois temples fameux ; & ce qu'il y a de remarquable, c'eft que les rofeaux qui croiffent dans cette province font carrés, quoiqu'ailleurs ils foient presque toujours ronds.Les huitres y font en abondance, & on y trouve auffi la pierre de Nieuhoang, ou pierre de Vache, qui eft renfermée dans l'eftomac des animaux & qui a de grandes propriétés. Au nord de cette ville on découvre la montagne de Tengheng. On voit du même côté le mont Chevy, où eft une pierre ronde qui entre dans la mer. Les habitans nomment cette pierre Chu, ce qui veut dire la perle.* Ambaffade des Hollandois à la Chine, c. 49.

TENGCH'UEN, ville de la Chine (a) avec fortereffe, dans la province d'Iunnan, au département de Tali, feconde métropole de la province. Elle eft de 16d 55' plus occidentale que Pekin, fous les 25d 34' de latitude. On voit près de cette ville le mont Kico, fameux pour la quantité de fes pagodes & de fes monaftères. (b) C'eft de ces lieux qu'eft venu dans l'empire de la Chine la connoiffance de la doctrine idolâtre de Fé, doctrine qui fut retenue par la famille Hana, après qu'elle fe fut emparée du pays. Les Chinois n'adoroient auparavant que le Xangri, c'est-à-dire le fouverain empereur. (a) Atlas Sinenfis. (b) Ambassade des Hollandois à la Chine, c. 52.

TENGEN IN HEGOW, petite ville d'Allemagne, dans la Suabe, au-dessus de Stulingen. Il eft du domaine de la maifon d'Autriche, & appartient au landgraviat de Nellenbourg. Quelques Suifles attaquerent l'an 1455 le comte Jean de Tengen & Nellenbourg, ravagerent fes terres & mirent le feu à la ville de Tengen, à caufe que ce comte avoit fait jufticier à Eglizou quelques-uns de leurs parens dans les guerres précédentes. * Zeyler, Topogr. Suev.

P. 74.

TENGFUNG, ville de la Chine, dans la province de Honan, au département de Honan, fixiéme métropole de la province. Elle eft de 4d 34 plus occidentale que Pekin, fous les 35d 20' de latitude. Cette ville eft remarquable en ce que les Chinois la prennent pour le milieu du monde. * Atlas Sinenfis.

TENIA-LONGA. Voyez TAENIA-LONGA. TENIÆ, fontaines de l'Arcadie. Paufanias, l. 8, c. 13, dit qu'elles étoient à une petite distance du fépulcre d'Ariftocrate, & à fept ftades de la ville Amilius.

TENISSA, ville de la Mauritanie Céfarienfe. Prolo

mée, l. 4, c. 2, la marque dans les terres entre Irath &

Sudava.

TENITANUS, fiége épiscopal d'Afrique, dans la Byzacène. Son évêque eft nommé Paschafius dans la notice des évêchés d'Afrique, & Latonius episcopus plebis Tenitana dans la conférence de Carthage, no. 120. Euchratius à Thenis fouscrivit au concile de Carthage fous faint Cyprien. Cette ville eft nommée Thena ou Thana par quelques anciens, & Theana par Ptolomée.

TENITRUS, montagne de la Macédoine, felon Vibius Sequefter, qui dit qu'elle étoit au voifinage d'Apollonie, & à la vue de Dyrrachium.

TENIUM, ville de l'Achaïe, felon Etienne le géographe. Sur une médaille rapportée dans le tréfor de Goltzius on trouve ce nom; THNEION, Teniorum. Ce nom national

n'appartient pas néanmoins aux habitans de Tenium dans l'Achaie, mais à ceux de l'ifle de Tenos ou Tenus. Voyez TENOS.

1. TENNA, riviere d'Italie, dans la Marche d'Ancone. Elle prend la fource au pied de l'Apennin, & coule du midi occidental au nord oriental. Dans ce cours, elle reçoit alfez près de fa fource deux petites rivieres appellées Tennacola & Salino, toutes deux à la gauche : plus bas elle groffit fes eaux de celle d'une autre riviere qu'elle reçoit à la droite; & enfin elle va fe jetter dans le golfe de Venife où elle a fon embouchure près de porto Fermano, entre les em bouchures du fleuve Chiento & du torrent Leta vivo. On la nomme auffi Tingo. * Magin, Carte de la Marche d'An

-cone.

[ocr errors]

2. TENNA. On donne ce nom dans le pays des Grifons, à la troiliéme jurisdiction de la communauté d'Ilantz, dans la ligue Grife. Tenna eft auffi une terre seigneuriale, qui dépend du feigneur de Rhætzuns. Ce quartier eft fauvage & étroit, & fitué dans une très-haute montagne.* Etat & délices de la Suisse, t. 4, p. 17.

TENNACH. Voyez THANE.

TENNAGORA, ville de l'Inde, en-deça du Gange. Ptolomée, l. 7, 6. 1, la donne aux Soretanes de la Paralie & la marque dans les terres.

TENNELET ou TEMMELET. Voyez TEMMELET. TENNENBACH, Porta Cæli, abbaye d'hommes, ordre de câteaux, dans la Suabe au Brisgaw, à trois lieues au nord de Fribourg.

TENNENBERG, château & feigneurie d'Allemagne, dans la Thuringe fur les confius de la feigneurie de Reinhartsbrunn, du côté d'Eisenach, il y a dans cette feigneurie la ville de Waltershaufen, fituée à un mille de Gotha, proche d'Enfelberg & d'une petite riviere appellée Horfel. Le château avec la feigneurie de Tennenberg, fut engagé autrefois à l'abbaye de Reinhartsbrunn, & depuis en 1483, aux comtes de Gleichen, mais il fut dégagé par les landgraves de Thuringe. En 1545, ce château appartenoit avec les dépendances à Jean Frédéric, électeur de Saxe. Il paffa depuis aux ducs de Saxe-Eyfenach, & enfin après l'extinc tion de cette branche au duc de Saxe-Weimar, * Zeyler, Topog. Saxon. p. 181.

TENNIKOU, Vallis Liliorum, abbaye de filles, ordre de cîteaux, dans le Thourgace. Elle fut fondée l'an

1257.

TENNONENSIS, fiége épiscopal d'Afrique, dans la province proconfulaire, felon la notice des évêchés d'Afrique, où fon évêque eft nommé Crefconius Tennonenfis.

[ocr errors]

TENNSTADT, ville d'Allemagne, dans la Thuringe proche des deux petites rivieres appellées Seltenlein & Schambach, entre Thamsbrucken & Weißlenfée. Elle appartient à l'électeur de Saxe. Cette ville, qui eft à trois milles d'Erfurt, a pris fon nom des arbres appellés en allemand Tannen, dont elle étoit entourée autrefois. Ses environs font très-fertiles, & il y a du côté de l'occident un petit bois très agréable appellé Bruchborn, duquel fortent diverfes petites fources d'eau qui entrent dans la ville de Tennftadt. En 1632 cette ville fut prife & pillée par les Impériaux, qui maltraiterent les magiftrats, comme on le voit plus amplement dans le théâtre de l'Europe, fol. 622, b. Après la paix conclue à Prague, quoique l'électeur de Saxe fe fût rangé du côté de l'empereur, les Impériaux pillerent encore une fois la ville de Tennstadt en 1641, à ce dit le même théâtre de l'Europe, tom. 4, fol. 633, ao * Zeyler, Topogr. Saxon. p. 180.

que

1. TENOS, ou TENUS, aujourd'hui TENO, ou TINE, ifle de l'Archipel, & l'une des Cyclades, au midi oriental de l'Ile d'Andros, dont elle n'eft féparée que par un détroit de mille pas felon Pline. C'eft des peuples de cette ifle ou de la ville de même nom qui y étoit anciennement, que fait mention une médaille de l'empereur Sévere, fur laquelle on lit ce nom THNION. Teniorum. Pline, 1. 4: c. 12, qui lui donne quinze mille pas de longueur, dit, fur le témoignage d'Ariftote, qu'elle fut anciennement appellée Hydrusfa, à caufe de l'abondance de fes eaux. Etienne le géogra phe ajoute qu'on la nomma aufli Ophiufa, à caule de la quantité de ferpens qu'on y trouvoit. La ville de TENOS, à ce que dit Strabon, l. 10, fub finem, n'étoit pas grande; c'eft de cette ifle dont parle Ovide dans ces vers, Metamorph. l. 7, v. 469. Tome V. Nnnnn

At non Oliaros, Didymaque, & Tenos, & Andres,
Et Gyaros, nitidaque ferax Peparethos Oliva,
Gnossiacas juvere rates.

2. TENOS OU TENUS, ville de l'Eolide, felon Hérodote, l. 1, no. 149.

3. TENOS, ville de la Theffalic; c'eft Ariftote qui en parle, in Mirabilib.

TENSA, ifle d'Italie, dans la grande Gréce, felon Solin. Il n'y a que lui qui connoiffe cette ifle; mais il y a grande apparence que cet endroit de Solin eft défectueux, & qu'au lieu d'une ifle nommée Tenfa, il a voulu parler de la ville

TEMSA OU TEMPSA.

TENSE OU TENCE, ville de France, dans le Velay, fur la riviere de Lignon, à l'orient méridional d'Iffengeau, & au midi occidental de Montfaucon. C'étoit autrefois une ville clofe; mais elle fut démantelée, durant les guerres de religion.

TENSIFT, grande riviere d'Afrique, au royaume de Maroc. Elle fort du grand Atlas, près de la ville d'AnimMey, & traverfant la province de Duquela, elle va fe rendre dans l'Océan, près de Safi, après avoir reçu dans fon fein plufieurs autres fleuves de cette montagne : les principaux font l'Ecifelmel, le Huel-Nefufa & l'Agmet. Ces rivieres après avoir traverfé les fpacieufes & fertiles plaines de la province de Maroc & celle de Duquela, fe vont joindre avec celle de Tenfift, laquelle, quoique profonde, eft guéable en quelques endroits pendant l'été. Elle a près de Maroc un pont de pierres de quinze grandes arches, qui est un des beaux édifices de l'Afrique, bâti, à ce qu'on tient, par Jacob Almanfor, roi & pontife de Maroc ; mais Budobus, dernier roi de la famille des Moahedines ou Almohades, en fit abattre trois arches durant la guerre qu'il eut contre Jacob, premier roi des Bénimérinis, pour empêcher le fiége de Maroc: ces trois arches n'ont point été refaites depuis. Prolomée appelle l'embouchure de cette riviere Afama, & la met à 7d de longitude, & à 32d de latitude. Selon de l'ifle, la riviere que Marmol appelle TENSIFT, le nomme préfentement GOUDET.* Marmol, Defcript. génér. de l'Afr. l. 1, p. 16, 17.

le

TENSIT, montagne d'Afrique, au royaume de Maroc. C'est une partie du grand Atlas, qui eft bornée au couchant de la montagne Tenendez, & atteint vers l'orient celle de Dedez, dans la province de Fedla Elle eft bornée du côté du midi par le défert de Dara, & aboutit vers le feptentrion, aux autres montagnes du grand Atlas. Quelques hiftoriens la mettent à la tête de la province de Dara, du côté du Sus éloigné, parce qu'elle a toujours été aux Mezaures, fans dépendre de la province d'Efcure; mais les anciens l'y com. prennent parce qu'elle eft de la Barbarie, & ne mettent dans la Numidie que la partie du mont Atlas, qui regarde le midi. C'eft un pays fort peuplé, arrofé de la Dara, le long de laquelle il y a cinquante bourgades. Il pleut fort peu dans fes montagnes, parce qu'elles regardent le midi, & s'étendent à travers les fables de la Libye, de forte que pays eft fort chaud. On n'y recueille point de froment, mais beaucoup d'orge; il y a fort peu de troupeaux. La riviere Dara eft bordée des deux côtés de palmiers, qui portent les meilleures dattes de toute l'Afrique, & fi délicates que la moindre humidité les fait fondre comme du fucre. On en transporte peu en Europe, & celles qu'on y porte font bien fechées auparavant, & enfermées dans de petits cabas couverts de peaux de mouton, pour les mieux préferver de l'humidité. Il y a tant de palmiers le long de cette riviere, qu'on y va plufieurs lieues à couvert deffous, fans être incommodé de l'ardeur du foleil. Les habitans font bafanés & fort camus, & les femmes fe fardent pour être plus belles, & vont toujours le vifage découvert. Le commerce de ce peuple eft dans la province de Dara, & aux autres provinces de la Numidie & de la Libye, jusqu'au pays des Négres, ce qui les fait vivre richement, & avoir beaucoup d'or de Tibar.* Marmol, Royaume de Maroc, l. 3, c. 76, p. 125.

TENTERD N, bourg d'Angleterre, au comté de Kent. Il a droit de tenir marché public. * Etat préfent de la Gr.

Bret. t. I.

TENTUGAL, bourg de Portugal, dans la province de Beira, au voisinage de Coimbre, du côté du couchant, dans une plaine délicieuse & fertile. Il fe tient tous les ans dans ce bourg une foire le premier de novembre. Près de ce

bourg on voit cette fontaine merveilleufe nommée FERVENÇAS, Ferventia, qui, quoiqu'elle n'ait guères plus d'un pied de profondeur, engloutit tout ce qu'on y jette, arbres, animaux & autres chofes. Dans le feiziéme fiécle, le roi Jean III y fit jetter un cheval, qui s'enfonça infenfiblement dans la fontaine, & on eut beaucoup de peine à l'en retirer. Plufieurs années après, le cardinal Henri en fit l'épreave fur un arbre coupé, qui fut englouti entierement, & disparut pour toujours. On prétend que dom Cifnando commença à peupler Tentugal en 1030, qu'il fit bâtir la fortereffe. Dans la fuite le comte Henri l'aggrandit & la rebâtit même presque entierement à neuf en 1108. I! accorda au bourg de grands priviléges. C'eft le chef lieu d'un comté, dont le roi Emanuel inveftit dom Rodrigue de Melo. Ce titre eft paffé dans la maifon des marquis de Ferreyra. *Silva, Poblac de Espana, p. 176.

1.TENTYRA. On lit ce mot dans une élegie d'Ovide Triftium, l. 1, eleg. 9 ; mais ce mot eft corrompu, & les meilleures éditions portent Tempyra, au lieu de Tentyra. Voyez TEMPYRA.

2. TENTYRA ou TENTYRIS, aujourd'hui DANDÉRA ville d'Egypte, & la métropole d'un nome appellé NO MUS TENTYRITES, du nom de cette ville, felon Strabon, Pline, Ptolomée & Etienne le géographe. Le premier, l. 17, p. 814, ajoute que les Tentyrites faifoient la guerre aux crocodiles plus qu'aucune autre nation ; & qu'il y avoit même des gens qui croyoient que les Tentyrites avoient un don particulier de la nature, pour pouvoir réduire ces animaux; mais Sénéque, l. 4, c. 2, dans fes questions naturelles, nie abfolument que les Tentyrites euffent en cela reçu de la nature aucun avantage fur les autres hommes. Ils ne maitrifent les crocodiles, dit-il, que par le mépris qu'ils en ont, & par leur témérité; ils les pour fuivent vivement; ils leur jettent une corde, les lient & les trainent où ils veulent: auffi en voit-on périr beaucoup de ceux qui n'apportent pas toute la préfence d'efprit néceffaire dans une occafion fi périlleufe. Cette antipathie des Tentyrites pour les crocodiles que les habitans des autres vilks adoroient caufa entr'eux une haine qui en vint à une guerre ouverte, dont Juvenal parle dans fa quinziéme satyte, vers. 33.

Inter finitimos vetus atque antiqua fimultas,
Immortale odium, & nunquam fanabile vulnus
Ardet adhuc, Ombos & Tentyra, fummus utrimque
Indè furor vulgò, quod Numina vicinorum
Odit uterque locus, quum folos credat habendos
Effe Deos, quos ipfe colit.

TENU, (le) petite riviere de France, en Bretagne, dans le duché de Rets. Elle paffe à l'abbaye de la Chaume, & à Machecou. Après avoir reçu l'écoulement du lac de Grand-Lieu, elle fe jette dans la Loire.

TENUPSIS, ville de l'Ethiopie, fous l'Egypte. Pline 1.6, c. 30, la donne aux Nubai. Voyez TENESIS. TENUS. Voyez TENOS.

TENZEGZET, ville d'Afrique, au royaume de Tréme cen. C'eft une place forte, au haut d'un rocher, fur le chemin de Fez, à Trémecen, entre le défert d'Angad & le territoire de cette ville. Au pied paffe la riviere Tefma, qui descend du mont Atlas, & fe rend dans celle d'Arefgol. Le pays aux environs eft fort bon pour le bled, & il y a de grands pâturages où errent beaucoup d'Arabes. Les rois de Trémecen tenoient une bonne garnifon dans cette ville à caufe de fon importance; mais à l'arrivée des Turcs les Arabes y entrerent & la tinrent long-tems, fans qu'elle fût habitée. Ils s'en fervoient feulement à ferrer leurs bleds quand ils alloient au défert. Les Turcs l'ont fortifiée depuis. Ils y ont fait bâtir un arfenal, & y tiennent une forte garnifon.* Marmol, Royaume de Trémecen, 1. S, C. 4, p. 322.

TENZERA, montagne d'Afrique, au royaume de Maroc. Elle confine avec celle d'Ayduacal, & s'étend vingtdeux lieues du côté du levant jusqu'à celle de Néfife, qui est frontiere de la province de Maroc, & fon côté méridional divife cette province de celle de Sus. Le grand chemin de Maroc à Tarudant pafle entre ces deux montagnes, & a un détroit en un lieu nommé Mafcoratan, très fort d'affiette. Les Bérebéres de cette montagne ont leurs habitations en des lieux élevés & escarpés ; mais quoiqu'elles foient grandes, elles ne font pas fermées de murailles, Ils nourriffent

« PrécédentContinuer »