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ce lieu étoit aux environs de l'Inde ou de l'Arabie. THAPSA, ville de la Palestine (a) dans la tribu d'Ephraïm. Sellum, fils de Jabès, ayant mis à mort Zacharie, roi d'Ifraël, Manahem, général des troupes de ce prince, fe fit reconnoître pour roi, (b) & la ville de Thapfa lui fermé les portes, il la prit de force, & exerça contre fes habitans les dernieres cruautés, jusqu'à ouvrir les femmes enceintes pour faire mourir leur fruit. Voyez Jofeph, Antiq. l. 9, c. 11. (a) Dom Calmet, Dict. (b) IV Reg. 15, 16, & 17. Ans du monde 3233, avant J. C. 767,avant l'ére 771.

ayant

THAPSAQUE, Thapfacus ou Thapfacum, ville de Syrie, fur l'Euphrate, où l'on paffoit ce fleuve pour venir de la Méfopotamie, dans l'Arabie déferte, & pour aller de l'Arabie déferte dans la Méfopotamie. Elle n'étoit pas loin de l'embouchure du Chaboras, dans l'Euphrate. Les anciens géographes en ont beaucoup parlé. Il paroît par la route que tenoient les rois d'Affyrie, en venant vers la Paleftine, qu'ils devoient palfer l'Euphrate, à Thapfaque. Tous les anciens géographes ne s'accordent pas à mettre cette ville dans la Syrie. Ptolomée, l. 5, c. 19, la marque dans l'Arabie déferte, mais aux confins de la Syrie. Pline, 1. 5, c. 24, & Etienne le géographe la mettent dans la Syrie. Ce dernier dit qu'elle fut bâtie par Seleucus. Cela ne fe peut pas, du moins n'en jetta-t-il pas les fondemens; il put la réparer ou l'orner. Ce qu'il y a de certain, c'est que Thapfaque fubfiftoit long-tems avant Seleucus. Xenophon, de Cyri minoris exped. l. 1, p. 150, nous apprend que cette ville étoit grande & opulente du tems de Cyrus. C'est à Thapfaque, felon Arrien, l. 1, p. 116, & l. 3, p. 168, que Darius palla l'Euphrate, foit lorsqu'il marcha contre Alexandre, foit dans fa fuite après qu'il eut été vaincu. L'écriture fainte femble faire mention de cette ville, lorsqu'elle étend l'empire de Salomon depuis Thipfach jusqu'à Gaza, ou comme porte le grec, depuis Thapfa jusqu'à Gaza, ou Thaphfa, felon la vulgate. Il y a d'autant plus d'apparence à cela, qu'on fait que David avoit pouffé les bornes de fon royaume jusqu'à l'Euphrate, fleuve fur lequel étoit la ville de Thaplaque.

THAPSIPOLIS, ville qu'Etienne le géographe place près de Chalcédoine, & dont il eft dit que le nom national eft THAPSIPOLITA. N'en déplaife à Etienne le géographe, il feroit bien étonnant que dans un lieu fi connu que le voifinage de Chalcédoine, il y eut eu une ville, dont aucun auteur ancien n'auroit fait mention; ainfi cette Thapfiopolis doit être regardée comme une ville fort fuspecte. Berckelius croit que c'eft la même ville que celle dont Etienne le géographe parle dans l'article qui fuit immédiatement, & où il auroit du dire rais, módis zλýcior Kugxndóvos. Le nom national fembleroit détruire la remarque de Berckelius; mais fi la faute eft conftante dans Etienne le géographe, comme on ne peut guères en douter, il n'y a pas grand inconvénient à dire qu'une faute en aura attiré une autre.

THAPSIS, fleuve de Scythie, au voifinage du Palus Méotide, felon Diodore de Sicile, l. 20. A la marge, dit Ortélius, on lit árns. Voyez PSAPIS.

1. THAPSUS, ville de l'Afrique propre. Ptolomée, /. 4, c. 8, en fait une ville maritime, au midi de la petite Leptis. Dans la table de Peutinger Thapfus eft marquée à huit mil. les de la petite Leptis. Strabon écrit de deux façons le nom de cette ville. Dans un endroit il dit pòs Oax, ad Thapfo, & plus bas, après avoir parlé d'Adryme ou Adruméte, il dit: tira aos óis, Deinde eft urbs Thapfus. Cette ville étoit très-forte; & la guerre de Céfar, & encore plus fa victoire, rendit la ville de Thapfus fameule. * Hirtius, De

bell. Afric.

2. THAPSUS. Voyez TAPSUS.

1. THAR, ville de l'Arabie heureuse. Ptolomée, 1. 6, c. 7, la donne aux Themi. Le manuscrit de la bibliotheque palatine lit Ithar, au lieu de Thar.

2. THAR, petite riviere de France, dans la baffe Normandie, au Cotentin. Elle a fa fource entre le Thanu & la Manche, du diocèse d'Avranches; paffe par la Haye Paisnet, Saint-Urfin, l'abbaye de la Lucerne, & après avoir reçu au-deffus de la Mare-Bouillon un ruilleau qui a fa fource à la Rouille & à Ange, elle fe décharge à Catteville, à la pointe du That.* Vaudôme, Manuscrit géog. Corn.

Dict.

THARA. Voyez TANEA.

COUCHANT. C'eft ainfi que les Arabes nomment la ville de Tripoli de Barbarie, que les chevaliers de Malte poffédoient lorsqu'elle fur prife fur eux par Sinan Bacha, avec Dragut, après avoir manqué de prendre Malte qu'il avoit affiégée par ordre du grand Soliman. Cette prife de Tripoli arriva l'an 957 de l'hégire, & de Jesus - Christ I550.

THARABOLOS SCHAM, c'est-à-dire, TRIPOLI DE SYRIE. Les Arabes ont ainfi corrompu en leur langue le nom de la ville de Tripoli de Syrie. Abul-Farage remarque qu'elle fut prife par les Francs, c'eft-à-dire, par les Croifés l'an 503 de l'hégire, qui eft l'an de Jefus-Chrift 1109. Selon le même auteur, elle fut reprise fur les mêmes Francs par Kelaoun, feptiéme roi d'Egypte, de la dynastie des Baharites, l'an 688 de la même hégire, qui eft de Jefus-Christ 1289, & Saladin, ni aucun autre avant Kelaoun, n'avoit ofé l'attaquer. Il la démolit & en bâtit une autre un peu éloignée de la mer ; & c'est la ville de Tripoli qui fubsiste aujourd'hui au pied du mont Liban. Voyez TRIPOLI DE SYRIE.

THARABOZAN. Les Turcs nomment ainfi par corruption la ville de Trébizonde, que les Grecs ont appellée Trapezus. C'est une ville de la Cappadoce fupérieure, fituée fur la mer Noire, & où demeuroient les Comnènes, princes Grecs qui fe difoient empereurs. Mohammed II s'en rendit maître en l'année 86, de l'hégire, & de Jefus-Chrift 1460. David Comnène en fut le dernier em

pereur.

THARASENSIS, fiége épiscopal d'Afrique, dans la Numidie. La notice des évêchés d'Afrique nomme l'évêque de ce fiége Cresconius. Zozimus, episcopus à Tharafa, assista au concile de Carthage, fous faint Cyprien.

THARASSA. Voyez TARASSA.

THARAZ, nom d'une ville du Turqueftan. Al-Bergendi, dans le fixiéme climat, en parlant de l'état où fe trouvoit cette ville du tems qu'il écrivoit, dit que tous les habitans étoient Mufulmans; mais que cela n'empêchoit pas qu'ils n'euffent un grand commerce avec les Turcs ou Tartares. Il dit auffi que Tharaz étoit affez proche des villes de Gighil & d'Asfigiab, & qu'elle avoit dans fon territoire, à quatre parafanges de distance, une fort groffe bourgade nommée Selg' ou Schelg'. Il ajoute qu'Abou Mohammed Abdalrahman, fils d'Iahia, fameux prédicateur de Samarcande, & plufieurs autres personnages célébres pour leur vertu & pour leur doctrine, en étoient fortis. Selon Aboul-Feda, la ville de Tharaz eft fituée fur les confins, en deçà du Turquestan, aflez près d'Asfigiab, que l'on ne compte point parmi les villes turques; mais parmi les mufulmanes. Suivant le même auteur, elle est à 894 so' de longitude, fous les 44d 25' de latitude feptentrionale, que d'autres mettent à 43d 35'.

THARE, campement des Israëlites, dans le défert. De Thahath, ils allerent camper à Tharé, d'où ils vinrent dreffer leurs tentes à Méthca.* Num. 33, 27.

THARELA, lieu de la Palestine. Il en eft parlé dans Jolué, c. 18, 27. Les Septante lifent THERALA.

THARIBA, village environ à trois fchones de la ville de Candara, felon Etienne le géographe, in voce Kárðapa. Voyez CANDARA.

THARMIS-VALLIS, vallée dont parle Sidonius Apollinaris, l. 5, epift. 13. Ortélius dit qu'un manuscrit qu'il a confulté, portoit Tarmis pour Tharmis. Le pere Sirmond lit auffi Tarmis. Ortélius foupçonne qu'il faudroit lire TARNIS, parce que Sidonius Apollinaris employe ce nom dans un autre endroit, in Propemptico ad Libellum.

dit

THARNE, montagne de l'Attique. Pline, l. 11, c. 38 que les lievres de cette montagne avoient deux foies. Le pere Hardouin voudroit lire Parnetha, au lieu de Tharne. Voyez fa remarque fur cet endroit de Pline.

THARO, ifle du golfe Perfique, felon Ptolomée, l. 6, c. 7. Les interprétes lifent Tharro.

THARRA, ville de l'Inde, au-delà du Gange. Elle eft placée par Ptolomée, l. 7, c. 2, dans la Cherfonnèse d'Or.

THARRANA, ville de l'Inde, au-delà du Gange. Prolomée la marque fur la côte du grand golfe. Au lieu de Tharrana, le manuscrit de la bibliotheque palatine lit Throana.

THARSANDALA, fortereffe de la Thrace, dans la THARABOLOS-GARB, c'eft-à-dire, TRIPOLI DU province de Rodope. C'eft, felon Procope, l. 4, 6. 11.3

une des fortereffes que l'empereur Juftinien fit élever dans la Thrace, pour la préferver des courfes des ennemis. THARSATICUM. Voyez TARSATICA.

THARSIS, lieu maritime dont il eft parlé en plufieurs livres de l'écriture, fur-tout à l'égard des navigations qui furent faites fous le regne de Salomon. Ceux qui ont lu dans ce dictionnaire l'article d'OPHIR, auront remarqué la méthode que j'y ai fuivie. Je vais la fuivre encore dans l'article de THARSIS, comme la plus propre à me garantir d'erreur. Commençons par les paffages de l'écriture où il eft parlé de Tharfis.

Paffages où il eft parlé de Tharfis.

I. Sa flotte, ( de Salomon,) avec celle du roi Hiram, faifoit voile de trois ans en trois ans, & alloit en. Tharfis, d'où elle rapportoit de l'or, de l'argent, des dents d'éléphans, des finges & des paons, troifiéme livre des Rois, chap. 10,

verlet 22.

II. Au fecond livre des Paralipoménes, chapitre 9, verf. 21, on lit: La flotte du roi faifoit voile de trois ans en trois ans, & alloit avec celle de Hiram en Tharfis, & elles apportoient de-là de l'or, de l'argent, de l'yvoire, des finges & des paons, ou des perroquets.

lil. Dans le fecond chapitre de Judith, felon la vulgate, il eft parlé de Tharfis au verfet 13; mais il eft bon d'y joindre le précédent & les deux fuivans, pour plus de clarté. Il paffa,(Holoferne,) de là aux confins de l'Affyrie. Il vint aux grandes montagnes d'Angé, qui font à gauche de la Cilicie. Il entra dans tous les chateaux, & le rendit maître de toutes les places fortes. Il prit d'affaut la célébre ville de Melothe. Il pilla tous les habitans de Tharfis & les enfans d'Ismaël, qui étoient à la tête du Défert, & au midi de la terre de Cellon. Il paffa l'Euphrate & vint en Méfopotamie. passa Il força toutes les grandes villes qui étoient là, depuis le torrent de Mambré jusqu'à la mer ; & il fe rendit maître depuis la Cilicie jusqu'aux confins de Japhet, qui font au

midi.

IV. Ajoutez à ces paffages celui des Paralipoménes, liv. 2, chap. 20, verf. 36 & 37: Jofaphat, roi de Juda, fit amitié avec Ochozias, roi d'Ifraël, dont les actions furent très impies; il convint avec lui qu'ils équiperoient une flotte pour aller à Tharfis. Et ils firent bâtir des vaiffeaux à Afion gaber; mais Eliezer, fils de Dodau de Marefa, prophétifa à Jofaphat, & lui dit: Parce que vous avez fuit alliance avec Ochozias, Dieu a renverse vos deffeins, & vos vaiffeaux ont été brifes; de forte qu'ils n'ont pu aller à Tharfis.

V. Le livre des pleaumes & les prophétes font auffi mention de Tharfis. On lit dans le pfeaume XLVII. verf. 8: In Spiritu vehementi conteres naves Tharfis, c'està-dire, Vous briferez les navires de Tharfis par un vent impétueux. La verfion, felon l'hébreu, porte : Vous les avez brifes, comme le vent d'orient brife les vaiffeaux de Tharfis.

VI. Et dans le LXXI. verf. 10: Les rois de Tharfis & les Illes offriront des préfens. Les rois d'Arabie & de Saba lui apporteront des dons. La vulgate dit: Reges Tharfis & Infula munera offerent: Reges Arabum & Saba dona adducent. La vulgate & l'hébreu ne différent point l'un de l'autre.

VII. Ifaïe, après avoir dit que le jour du Seigneur va éclater fur tous les fuperbes .... ajoute, Et fuper omnes naves Tharfis, & fuper omne quod vifu pulchrum eft, c'està-dire, fur tous les vaiffeaux de Tharfis, & fur tout ce qui eft beau & qui plaît à l'œil. Ou comme l'hébreu peut s'expliquer, fur les plus belles peintures. Ce paffage d'Ifaïe eft du 2°. chap. v. 16.

VIII. Jérémie parle plus pofitivement, chap. 10, v. 9. On rapporte, dit-il, de Tharfis le meilleur argent, ( en latin, argentum involutum : on peut auffi traduire de l'argent en lames, & d'Opbas l'or le plus pur.

IX. Ezéchiel dit: Saba, Dedan, les négocians de Tharfis &tous fes lions, vous diront: Ne venez-vous pas prendre les dépouilles? Vous avez assemblé tout votre monde pour vous faifir du butin, pour enlever l'argent & l'or, pour emporter Les meubles & tout ce qu'il y a de précieux, & pour piller des dépouilles infinies, chap. 38, v. 13.

X. La prophétie de Jonas a des circonftances qui levent plus vifiblement les difficultés. Voici les lieux où il eft parlé de Tharfis, chap. I, verf. 3. Jonas fe mit donc en chemin;

mais il réfolut d'aller à Tharfis pour fuir de devant la face du Seigneur. Il descendit à Joppé, & ayant trouvé un vaiffeau qui faifoit voile pour Tharfis, il y entra avec les autres, &c. Tharlis eft encore nommé deux fois dans le livre de Jonas, mais fimplement, & fans circonftance qui falle rien à notre fujet. Remarques fur ces paffages.

Plufieurs commentateurs ont mis Ophir & Tharfis fur la même route, & ont cherché dans un de ces lieux ce qu'on rapportoit de l'autre : mais c'eft une erreur qui les a conduit à une multitude d'autres. Il n'eft plus question d'Ophir. Nous avons amplement traité cette matiere en fon licu. Il faut le borner ici à ce que l'écriture dit de Tharfis. Elle les diftingue, diftinguons-les donc aufli ; mais fuivons l'examen de ces paffages.

Les deux premiers nous apprennent ce qu'on rapportoit du voyage de Tharfis, mais ils ne nous montrent, ni d'où l'on partoit, ni par quelle route on y alloit.

mont que

Le troifiéme eft plus inftructif à ces deux égards; mais il paroît que l'auteur du livre de Judith a rapporté la course d'Holopherne dans un ordre, qui n'eft pas exactement celui dans lequel ce général des Affyriens parcourut le pays dont on parle dans ce paffage. Holopherne part de l'Affyrie, va vers la Cilicie, jusqu'aux montagues d'Angé, qui font à la gauche de la Cilicie, par rapport au chemin qu'il a fait, c'eft-à-dire, que ces montagnes étoient au nord, car le nord eft à la gauche de quiconque vient de l'orient. Cette fituation a perfuadé à D. Calmet que c'étoit le même le mont Argée; voilà donc Holopherne en Cilicie il prend les forts & les châteaux apparemment de la Cilicie & tout au plus de la frontiere; il prend d'affaut la ;'il "prend_d'affaut ville de Melothe, pille les habitans de Tharfis & les enfans d'Ismaël, qui étoient à la tête du défert & au midi de la terre de Cellon. Si Mélothe eft une ville de Cilicie, felon la conjecture de D. Calmet, quel faut ne faut-il pas faire de-là jusqu'à la terre des Ismaëlites, qui feroient à la tête du défert; car quel défert? Si l'on étoit bien afluré que Cellon fut la même chofe que Chellus, dont il eft parlé dans le livre de Judith, c. 1, v. 9, & qui, felon D. Calmet, étoit un canton de la Palmyrène, il faudroit entendre quelqu'un de ces déferts vers l'Euphrate; mais on voit que l'auteur de ce livre, après avoir fait paffer Holopherne dans la Cilicie & au nord de ce pays là, lui fait enfuite paffer l'Euphrate, & le méne dans la Méfopotamie; mais quelle Mélopotamie? Eft-ce celle qui étoit entre l'Euphrate & le Tigre, aujourd'hui le Diarbeck? Mais quelles conquêtes Holopherne alloit-il faire de ce côté là, & pourquoi pren dre cette route? Il eft plus naturel de croire que l'hiftorien facré le répéte, pour ainfi dire, & recommençant à parler de la campagne d'Holopherne à la fortie de l'Affyrie, il raconte de nouveau comment il palla l'Euphrate, entra dans la Méfopotamie de Syrie, avança jusqu'a Mambré, & poulfa de-là fes conquêtes jusqu'à la mer, & depuis la Cilicie jusqu'aux confins de Japhet, qui font au midi. Cette répétition femble déranger l'ordre géographique des conquêtes d'Holopherne, & y jetter une obscurité, qu'augmentent encore les pofitions de Mélothé & de la terre de Cellon. Suivant les conjectures de dom Calmet, Tharfis devroit être dans la Cilicie ou au voifinage, & peutêtre la Tharfis d'Holopherne ne feroit pas différente de Tharfe ville de Cilicie.

Le V. paffage tiré du pleaume 47, ( 48, felon l'hébreu,) v. 8, dit, felon l'hébreu de mot à mot: Dans un vent d'orient, vous briferez les navires de Tharfis. Rien n'empêche que ce ne foient les vaiffeaux de Tharfe, qui étoient fur une riviere, dont l'embouchure eft au fond d'un' golfe.

Le VI. paffage, qui eft du pfeaume 71, v. 10, ne détermine aucun climat par lui-même ; cependant un auteur ne laiffe pas de s'en fervir, comme nous dirons ci-après, pour fixer Tharfis dans l'Arabie, par un fentiment particu lier; & ce qui paroîtra furprenant, c'eft ce que le favant homme, qui a préféré ce fentiment, le fert du påffage de Judith, cité ci-deffus, pour l'appuyer.

Le VII. pallage n'indique point où étoit Tharfis ; au contraire, par la maniere dont les Septante l'ont rendu, il donne lieu de croire que ce n'étoit pas un canton particulier, mais la mer en général; car au lieu de dire fur tous les vaiffeaux de Tharfis, ils difent, fur tous les vaisseaux

de la mer. De même dans Ifaïe, chap. 23, v. 1, il y a dans T'hébreu, criez, hurlez, vaiffeaux de Tharfis ; les Septante dilent vaiffeaux de la mer. La vulgate qui, au chapitre 2 conferve Tharfis conformément à l'hébreu, dit au c. 23 aiffeaux de la mer comme les Septante.

Les Septante changent de fentiment fur la Tharfis d'Ezechiel, au lieu de dire Saba, Dedan & les négocians de Tharfis, comme l'hébreu & la vulgate, ils difent & des négocians de Carthage; la nouvelle verfion latine fur T'hébreu, jointe à la vulgate, avec les notes de Vatable, dit les négocians fur mer, mercatores maris; cependant l'hébreu porte bien Tharfis en cet endroit; ainfi les Septante & ce traducteur ont fubftitué une explication conjecurale au texte même. Il femble que cette idée de prendre Tharfis pour Carthage, foit venue en traduifant Ezechiel; car dans un autre paffage de ce prophéte, au chap. 27, v. 12, on lit encore dans l'hébreu, les négocians de Tharfis; les Septante le rendent par les marchands Carthaginois, & la vulgate les a fuivis en cela, Carthaginenfes negotiatores tui. Nous examinerons ailleurs ce que la flotte de Tharfis en rapportoit.

L'hiftoire de Jonas s'accommoderoit affez de Carthage ou de Tharfe pris pour Tharfis; mais la difficulté eft de concilier cette Tharfis avec le paffage des Paralipoménes, 1. 2,c. 20, v. 35 & fuiv. Il n'eft pas encore tems d'en propofer la conciliation; voyons auparavant quelles ont été les opinions des favans fut Tharfis.

Auteurs qui ont pris Tharfis pour toute la mer en général.

On vient de voir que dans les deux paffages d'Ifaie les Septante entendent par Tharfis la mer prife en général. général. Le paraphrafte chaldaïque, & faint Jérôme, fur le premier chapitre de Jonas, & en divers paflages de l'écriture, ont été de ce fentiment. Leight, dans fa critique facrée, croit que c'eft une des quatre qualifications du mot Tharfis; felon lui, «ce mot Tharfis fe prend en divers fens ; » premierement pour l'Ocean; il rapporte à ce fens le pas» Tage du troifiéme livre des Rois, c. 10, v. 22, celui du » fecond livre des Paralipoménes, c. 9, v. 21, celui du pleaume 48, v. 8, & du pfeaume 72, v. 10, celui d'Ifaïe, » c. 2, v. 16, & celui de Jérémie, c. 1o, v. 9, il donne » pour raifon que quand les rayons du foleil donnent fur » la mer, elle paroît de couleur bleue. Secondement, » Tharfis fignifie une pierre précieuse, que nous appellons turquoife, & c'eft fon fens propre & primitif. Troifié» mement, ce mot fe prend pour un pays extrêmement éloigné. Quatriémement, pour Tharfe & les environs, » c'est-à-dire, pour la Cilicie. Il croit que Tharfe eft la » Tharfis de Jonas; que la Tharfis de l'exode, c. 28, » v. 20, & c. 39, v. 13, d'Ezéchiel, c. 10, v. 9, & de » Daniel, c. 10, v. 6, fignifie la pierre précieufe; que » dans les Rois, les Paralipoménes & les pfeaumes, Tharfis » n'eft que l'Océan. Selon lui, quand les Septante, en tra» duifant le paffage d'Ifaïe, c. 2, v. 16, ont rendu Tharfis " par Thalaffa, Oaxaca, la mer, ils ont, pour ainfi dire, » montré l'origine de ce mot grec, car, ajoute-t-il, je pense » que les Grecs ont commencé par dire parva, & enfuite » de aparσa eft venu λ. » Il renvoie aux Mifcell. Sacr. de Fuller, l. 2, c. 10, & à de Dieu fur l'exode, c. 28, verf. 20.

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Matthieu Beroalde, cité par Ortélius, croit que Tharfis fignifie Tharfe & la Cilicie & tout l'Océan. Jofeph Acosta, de Natur. novi orbis, l. 1, c. 14, cité de même, veut que Tharfis, dans l'écriture fainte, fignifie toute la vafte mer ou quelque pays très-éloigné. Saint Jérôme eft du même fentiment, quoiqu'il ne s'y tienne pas fort conftamment; car expliquant un paffage d'Ifaïe, il dit : « Tharfis eft, ou >> une contrée de l'Inde, comme le veut Jofeph, ou plutôt » toute la mer eft nommée Tharfis, THARSIS ve! India re»gio eft, ut vult Jofephus, vel CERTE omne Pelagus Tharfis » appellatur. » Il dit dans l'explication du dernier chapitre d'liaie: « On appelle en hébreu Tharfis la mer, ou, à ce » que l'on dit, une contrée de l'Inde, quoique Jofeph » croye qu'en changeant une lettre, Tharfis eft nommée » pour Tharfe, ville de Cilicie. Tharfis lingua hebræa mare » appellatur, &, ut aiunt, India regio, licet Jofephus litter a » commutata THARSUM putet nuncupari, proTharfis URBEM CILICIA. » Voici ce qu'on lit dans fon commentaire fur Jonas: « Jonas fe retirant de devant la face du Seigneur,

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voulut s'enfuir à Tharfis, que Jofeph explique par

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fe, ville de Cilicie, en changeant feulement la premiere » lettre; mais autant que l'on peut l'apprendre dans les li»vres des Paralipoménes, on appelle ainfi un certain lieu » de Nnde, car les Hébreux croyent que la mer en général » eft appellée Tharfis, felon ce paffage: Par un vent im» pétueux vous briferez les navires de Tharfis, c'eft à-dire, » de la mer. Et dans Ifaïe: Hurlez, vaiffeaux de Tharfis, » de quoi je me fouviens d'avoir fait mention dans une » lettre à Marcelle, il y a beaucoup d'années. Le prophéte ne vouloit donc pas aller à un lieu déterminé; mais » en s'embarquant fur la mer, il fe hâtoit d'arriver où il pourroit, & cela convient mieux à un homme qui fuit » & qui eft effrayé de ne pas choifir murement le lieu de » fa fuite, mais de prendre la premiere occafion qui fe » préfente de partir. ››

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Voici les paroles mêmes de la lettre à Marcelle, dont parle S. Jérôme dans ce paffage. «Quaris_fi Tharfis lapis Chryfolitus fit aut Hyacinthus, ut univerfi interpretes vo5 lunt, ad cujus coloris fimilitudinem Dei fpecies fcribatur. » Quare Jonas propheta Tharfis ire velle dicatur, & Salo»mon & Jofaphat in regnorum libris naves habuerint que de » Tharfis folita fint exercere commercia, ad quod facilis eft responfio; Homonymum effe vocabulum quod & India regio »ità appelletur & ipfum mare quia caruleum fit & fæpe folis » radiis percuffum, colorem fupradictorum lapidum trahat & » à colore nomen acceperit, licet Jofephus pro litera mu »tata gracos putet Tharfum appellare pro Tharfis. » Dans ces pallages de S. Jérôme, on voit qu'il revient volontiers au fentiment, felon lequel Tharfis fignifie la mer en gé néral. C'eft, dit-il expreflément, la penfee des Hébreux. Il témoigne n'approuver guères celle de Jofeph, qui prend Tharfis pour Tharfe. Mais ce qui eft furprenant pour moi, c'eft que ces mêmes paffages ont fervi à Gaspar Varrerius, Portugais, pour avancer que S. Jérôme avoit cru qu'Ophir & Tharfis étoient la même chofe; il croit le prouver en mettant devant ces paffages celui-ci pris du commentaire fur Ifaïe. Ophir eft un lieu de l'Inde où fe produit le meilleur or, eft autem Ophir India locus in quo aurum optimum nascitur; comme fi Ophir, étant un lieu de l'Inde, & Tharfis auffi, ce devoit être le même.

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M. Huet, évêque d'Avranches, dans fon commentaire fur les navigations de Salomon, c. 3, §. 10, refute ainsi le fentiment de ceux qui prennent Tharfis pour la mer. » Ceux qui ont cru que Tharfis étoit un nom générique, qui fignifie la mer, comme l'ont pensé l'interpréte Chal» déen & S. Jérôme, qui cite les Hébreux pour auteurs de » cette opinion, ne l'ont fuivie que pour n'avoir pas bien » compris certains paffages de l'Ecriture, comme celui ci » du troifiéme livre des Rois, c. 22, v. 49. Le roi Jofaphat fit conftruire fur la mer une flotte, qui devoit aller en Ophir, » au lieu que dans l'hébreu on lit, avoit fait conftruire une flotte pour Tharfis. Et cet autre d'Ifaïe; Pouffez des hurle» mens, vaiffeaux de la mer, au lieu de quoi on lit dans » l'hébreu, vaiffeaux de Tharfis ; celui de Jonas: Jonas fe » leva pour s'enfuir, &c. & cet autre des pfeaumes, » un vent impétueux vous briferez les vaiffeaux de Tharfis fi par ce terme de vaiffeaux de Tharfis, on devoit enten» dre vaiffeaux de la mer, tous ceux qui voguent fur la » mer, quelle qu'elle foit, mer Egée, mer Adriatique, » mer Noire, pourront être appellés vaiffeaux de Tharfis, » & quelque part qu'ils aillent, foit du côté de l'occident » ou de l'orient, ils feront toujours cenfés aller à Thatfis, » ce qui feroit de la derniere abfurdité. Ceux qui ont » avancé que l'on pouvoit expliquer Tharfis, par le mot » grec Thalaffa hata ne prouvent rien. J'avouerai même » qu'il y a eu fubtilité dans cette invention, pourvu qu'on » m'accorde qu'il n'y a aucune certitude. Bérofe rapporte » dans Alexandre Polyhiftor la racine chaldaïque de Tha» laffa Oaxaca; mais cela ne fait rien à notre fujet, & quand même il feroit vrai que ce mot de Tharfis eût été quelquefois employé pour fignifier la mer en général, & » que de là on cût fait le mot Thalaffa áλarra, cela ne fe» roit encore rien contre notre fentiment; car il faut cher» cher l'étymologie d'un mot dans fa racine, & non pas » dans les fyllabes ajoutées à cette racine; dans fon fens » propre & non dans un fens donné dérivativement, pour parler ainfi. Il est bien plus raifonnable de dire qu'on a appellé vaiffeaux de Tharfis, des vaiffeaux qui devoient » aller à Tharfis, & que le vailleau fur lequel étoit Jonas

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p'étoit pas feulement en mer; mais que par mer il alloit » à Tharfis, & c'eft une conféquence très jufte, que de » dire que ces vaifleaux de Tharfis, dont il eft parlé dans » les Rois & dans les Paralipoménes, étoient des vaiffeaux » qui devoient aller à Tharfis. » Apud Eufeb. in chronic. Le fentiment que réfute ainfi M. Huet, eft pourtant celui des Septante, qui rendent dans le paffage d'lfaïe Tharfis par la mer, & de Grotius qui croit que toute la mer a été ainfi nommée. Voyez ci après le fentiment de D. Calmet & celui du P. Bonfrerius.

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De ceux qui ont cherché THARSIS dans l'ARABIE.

Le Grand, dans une differtation qu'il a jointe au voyage du P. Jérôme Lobo, Differt. 6, p. 263, & où il traite de la mer Rouge & des navigations de Salomon, dit : « On » n'eft pas moins en peine pour déterminer où étoit Tharfis » qu'où étoit Ophir. La plus conmune opinion eft que »Tharfis, proprement dite, eft la Bétique, c'est-à-dire, » l'Andaloufie & les royaumes de Grenade & de Murcie, » en Espagne, & que l'on peut entendre par Tharfis l'Afrique, & peut être la iner en général ou toutes les côtes. » Quelques-uns en plus petit nombre veulent que Tharfis » foit dans les Indes, & même vers la Chine, & chacun » s'efforce d'appuyer fon opinion d'un grand nombre d'au»torités; mais comme nous avons peu d'écrivains du tems » de Salomon qui ayent écrit, ou de fes navigations, ou » de la géographie ; il me femble qu'on ne peut guères ap»porter que des raifons de vraifemblance, & que les témoignages de Strabon, de Joseph, de Pline, & de tant d'autres écrivains qui ont écrit fur ces matieres, peuvent plus fervir à faire connoître l'érudition de ceux qui les » citent, qu'à découvrir la vérité. »

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Avant que de paffer outre, je crois qu'il doit m'être per mis de faire ici une réflexion fur la prétendue inutilité des paffages de Strabon, de Jofeph, de Pline, &c. Il n'eft pas vrai que ces auteurs ne puiffent pas être allégués pour examiner où eft un pays dont parle l'écriture fainte; ils n'ont point parlé de Tharfis à la vérité, la raison en elt aifées Strabon n'avoit vraisemblablement point lu l'écriture fainte, le feul livre où Tharfis foit nommée. Jofeph qui l'avoit lue ne l'avoit pas peut-être allez exactement comprise; peut être qu'il a fuivi la tradition de fon tems, qui expliquoit Tharfis par la mer de Tharfe : l'idée des navigations de Salomon s'étoit obscurcie avec le tems; on favoit bien qu'elles s'étoient faites, mais on ne favoit que confufément le terme où alloient les flottes. D'ailleurs, Jofeph, auteur peu exact & d'un jugement très-borné, pour ne rien dire de pis, confond perpétuellement les marchandifes d'Ophir & de Tharfis. Il ne peut donc guères fervir feul à éclaircir une difficulté qu'on voit bien qu'il n'a pas fentie; mais Strabon, Pline & les autres géographes en général, peuvent être allégués lorsqu'il s'agit de déterminer un lieu; car outre qu'ils nous apprennent le plus ou le moins de fibilité qu'il y avoit dans la navigation vers tel ou tel endroit, ils marquent aflez jufte les principales productions de chaque pays; l'argent eft de ce nombre. On rapportoit quantité d'argent de Tharfis. Il faut donc trouver un pays où il y ait eu, ou des mines, ou un commerce abondant, qui y rendoit l'argent très-commun: alors le témoignage des géographes & des autres écrivains anciens qui aflurent qu'un pays abordoit de ce métal, joint à la dispofition des lieux, par rapport aux mers, fert à éclaircir la difficulté, en faifant voir la convenance d'une conjecture ou les inconvéniens d'une autre, à laquelle ces témoignages font oppofés; mais fuivons ce que dit l'auteur cité. "Strabon, Pline, Héliodore ne font ni contemporains, ni » témoins oculaires; je crois qu'il faut s'en tenir à l'écriture » fainte, & l'expliquer par elle-même. Cela fuppofé, » qu'on confére le pleaume de David avec ce que nous li» fons dans le troifieme livre des Rois, c. 9, v. 26 & 28, » ( cette derniere fituation n'eft bonne qu'à tout confondre; car dans le pallage qu'elle indique, il n'eft parlé que d'Ophir & non de Tharfis,) chap. 10, v. 11, & 22. (Le verfet 11 eft encore cité ici mal-à-propos par la même raifon) «dans les paralipomènes, . 2, c. 9, v. 21, C. 20, »v. 36. On trouvera que Tharfis étoit en Arabie. David dit que les Ethiopiens fe profterneront devant le Seigneur "que fes ennemis lécheront même la terre : que les rois de » Tharfis & les ifles feront voir leurs offrandes; que les

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» rois d'Arabie & de Saba apporteront leurs préfens. On » ne peut disconvenir que ce pfeaume ne foit une pro-. phétie de la naifance de Jefus-Christ, & de la ma» niere dont fa divinité a été reconnue par les Mages 5 »or, ces Mages n'étoient pas d'un pays fort éloigné les » uns des autres. La myrrhe, l'encens qu'ils ont offert, » marquent affez qu'ils étoient de l'Arabie. David le dit » lui-même.

Arrêtons-nous un moment. David parle des rois d'Arabie & de Saba. On fait que Saba étoit dans l'Arabie heureufe, donc Tharfis y étoit aufli il faudra donc y mettre Tharfis, & les Illes, nom que l'écriture emploie fouvent pour fignifier l'Archipel, la Gréce & l'Europe, que les anciensHébreux ne connoillent que fous ce nom-là. Les Mages font figurés par quelques-uns des rois dont il est parlé dans ce pfeaume, à la bonne heure; mais ce pfeaume eft-il borné à l'adoration des Mages? Il eft confacré à prédire les gran deurs de Jefus-Chrift adoré de toutes les nations. Il n'y a qu'à lire depuis le huitiéme verfet jusqu'à l'onziéme inclufivement. Il y a dans la vulgate, & il dominera d'une mer à l'autre, & depuis le fleuve jusqu'aux extrémités de la terre ; les Ethiopiens (l'hébreu dit : Les habitans du défert) fe profterneront devant lui, & fes ennemis baiferont la terre en fa préfence; les rois de Tharfis & les ifles lui offriront des préfens, les rois d'Arabie & de Saba lui apporteront des dons.

TOUS LES ROIS DE LA TERRE L'ADORERONT, TOUTES LES NATIONS LUI SERONT. ASSUJETTIES. Faut-il borner à l'adoration des Mages le fens de tous ces verfets? Point du tout. En lifant tout le verfet l'on voit que le prophéte a voulu défigner des peuples diverfement litués, afin d'exprimer l'étendue du regne du meffie, figuré dans ce fait cantique. Ainfi ce qu'on allégue en preuve, en peut fervic pour la réfutation de ce fentiment. David ne dit pas ce que l'on fuppofe qu'il a dit ; favoir, que Tharis, Saba & l'Arabie étoient des pays voifins. Il fait entendre précisement le contraire. Suivons l'auteur.

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» Les flottes de Salomon qu'on armoit à Afiongaber, al»loient à Ophir & à Tharfis, ou par détachement ou en» femble. Celles de Jofaphat qui périrent dans ce port, de>> voient faire la 'même route & le même commerce. Rex "verò Jofaphat fecerat claffes in mari qua navigarent in Ophir propter aurum & ire non poterant, quia confracte » funt in Afiongaber, Reg. l. 3, c. 22 1. 22, V. 29, particeps v. 29,& » fuit ut facerent naves que irent in Tharfis feceruntque claffem in Afiongaber, Paralip. 1. 2, c. 20, v. 36. Il fem»ble que l'écriture confonde ici Tharfis & Ophir, parce » que c'étoient les mêmes navires qui alloient à l'un & à » l'autre : foit qu'ils fe fuflent féparés à la fortie de la mer » Rouge, foit que la divifion fe fît ou à Sophala ou ailleurs, » ils revenoient toujours de compagnie; enforte qu'on appelloit cette flotte ou la flotte d'Ophir ou la flotte de » Tharfis, comme on voit qu'oa marque indifféremment » ces deux lieux dans l'écriture fainte, en parlant de la de» ftination de ces navires. »

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Les Aottes de Salomon deftinées pour Ophir, & celles qui étoient deftinées pour Tharfis, n'alloient ni ensemble ni par détachement; l'écriture ne le dit en aucun endroit. Elle dit que la flotte d'Ophir alloit à Ophir, & nomme les biens qu'elle en rapportoit. Celle de Tharfis n'alloit qu'à Tharfis, & l'écriture (pécifie de même de quelles fortes de richelles elle revenoit chargée. La flotte de Jofaphat qui périt au port d'Afiongaber, étoit deftinée pour Ophir, le pallage cité du troifiéme livre des Rois le dit, & ne dit pas qu'elle fut deftinée pour Tharfis. Le paffage des Paralipoménes parle de deux flottes, l'une pour Tharfis, & l'autre à Afiongaper pour Ophir, & cette feconde flotte Dieu la détruifit aufli, comme il eft dit au livre des Rois, où fa destruction eft marquée. L'écriture ne confond donc point Ophir avec Tharfis, le premier pallage ne convient qu'à Ophir, le fecond diftingue les deux flottes & les deux ges. Elles ne fe féparoient ni à la fortie de la mer Rouge, ni à Sophala, ni ailleurs, puisqu'elles étoient dans des mers différentes & bien éloignées l'une de l'autre On ne trouve nulle part dans l'écriture fainte, que la même flotte ait été appellée indifféremment flotte d'Ophir & flotte de Tharfis. L'une n'étoit point l'autre, elles n'avoient rien de commun entre elles. Leur route étoit différente. C'eft ce que je ferai voir dans la fuite de cet article d'une maniere fi fimple & fi nette, que l'on s'étonnera fans doute que tant de favans ayent bronché en un chemin fi uni & fi aife: mais ne quit

Tome V. sffff

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tons pas encore le Grand, qui femble avoir raffemblé tous les préjugés qui ont égaré les écrivains antérieurs." Lorsqu'Holoferne, dit-il, marcha pour affiéger Béthulie, il trouva, après avoir traverfé la Cilicie, que les montagnes » étoient occupées par les Juifs. Il fit un grand tour; facca» gea la riche ville de Mélothi; ravagea les terres de Thar » fis & des Ismaëlites, & en enleva les habitans. Tharfis eft » donc dans l'Arabie, & je crois que ce pays & celui de » Saba en faifoient partie, & que quand David dit : Les Ethiopiens fe profterneront devant lui, les rois de Tharfis, » ceux de Saba, les ifles lui feront des préfens, il parle parti>> culicrement de l'Arabie, connue autrefois fous le nom d'Ethiopie, laquelle s'étend le long de la mer Rouge, » jusqu'au golfe d'Ormus, & que c'eft là que les flottes » de Salomon alloient chercher les pierreries & tout ce qu'Ophir & la côte de Sophala ne pouvoient leur four

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Je ne fais pourquoi le Grand trouve une fi grande facilité à expliquer Tharfis en faveur de l'Arabie. Il me paroît que fa conféquence ne vient pas affez naturellement après ce qu'il a fait. Holoferne vient de ravager la Cilicie, il a pris quantité de villes, entre autres Melothi, fi cette ville n'eft pas Mallos de Cilicie, on le perd de vue, & on ne fait plus où il va; mais fi c'eft la même, le voilà encore en Cilicie, & le faut en eft un peu rude de le transporter delà tout à-coup avec une armée auffi nombreuse que la fienne, au midi de la Palestine, dans l'Arabie heureufe. J'ai déja répondu à l'abus fait du passage de David; il eft inutile de le répéter ici.

Il ne laiffe pas de fe propofer des objections auxquelles il tâche de répondre. La premiere regarde Huet, dont nous rapporterons enfuite le fentiment. Ce favant prélat a pris la côte occidentale d'Afrique pour Tharfis en partie, & fuppofe qu'on faifoit le tour de l'Afrique dont il prouve la pollibilité par l'autorité des anciens. « Il n'y a nulle appa»rence, dit le Grand, que dans un tems où la navigation » étoit fort ignorée, des vaiffeaux fortis d'Afiongaber fe » foient éloignés des côtes, qu'ils ayent doublé le cap de » Bonne Espérance, paffé & repaffé la ligne, rangé des pays » incultes & barbares pour aller chercher ce qu'on trouvoit • affez près d'Afiongaber. » J'avoue avec le Grand que, quoique le tour de l'Afrique ne fût pas impoffible, il répugne que les vaiffeaux deftinés pour Tharfis l'ayent jamais fait, non pas pour les raifons qu'il allégue, mais parce qu'il étoit inutile, & que les dangers qu'il eut fallu efluyer pour le faire, euffent été à pure perte.

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La feconde objection eft celle-ci, il falloit trois ans pour ce voyage. Il y répond ainfi : » Le tems de trois ans qu'on employoit pour des voyages fi courts, ne paroîtra pas trop " long, fi l'on fait réflexion qu'ils alloient le long des terres, » que la navigation eft difficile, qu'étant à Sophala il falloit » remonter des rivieres, abattre & façonner les bois que » ces vailleaux apportoient. » La réponse eft auffi frivole que l'objection. Les trois ans employés à ce voyage font une ancienne erreur qui fe trouve dans Jofeph, & qui a été répétée dans une infinité de livres. L'écriture fainte dit que le voyage de Tharfis ne fe faifoit qu'une fois tous les trois ans; & non pas qu'on y employoit trois ans. Sophala ne peut répondre qu'a Ophir, où l'écriture dit que la flotte alloit tous les ans, qu'a-t-il de commun avec Tharsis, où l'on n'alloit que tous les trois ans?

La troifiéme objection regarde Jonas. >> Si on dit que Jo» nas voulant aller à Tharfis, s'embarqua à Joppé, aujour » d'hui Jaffa, port de la Palestine, dans la Méditerranée » pour aller à Tharfis, & qu'ainfi le vaiffeau qui le portoit, » étoit obligé de faire tout le tour de l'Afrique. Nous » RÉPONDRONS qu'il peut y avoir eu une autre Tharfis ; » mais que quand ce feroit le pays dont nous parlons, » Jonas peut fort bien s'être embarqué à Joppé, pour pas» fer à quelque lieu plus proche de la mer Rouge. »

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Ce n'est pas répondre à l'objection. Selon cette interprétation, le vailleau fur lequel Jonas s'embarqua, ne feroit pas parti pour Tharfis, mais pour un port différent de Tharfis; or l'écriture dit formellement que ce vaiffeau faifoit voile pour Tharfis. Et furrexit Jonas ut fugeret in Tharfis à facie Domini, & descendit in Joppen, & invenit navem euntem in Tharfis : & dedit naulum ejus, & descendit in eam ut iret cum eis in Tharfis à facie Domini. Si Tharlis étoit un de ces rivages où l'on alloit par la mer Rouge, il n'y auroit pas eu à Joppé des vailleaux pour ce pays là,

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puisque de Joppé les vaiffeaux n'avoient aucun autre pasfage pour aller dans les mers méridionales, qu'en failant le tour de l'Afrique; circuit inconcevable fon inutilité, quand on fonge qu'il n'y avoit qu'à s'embarquer à Afiongaber, pour s'épargner un détour fi long, fi dangereux & fi peu connu en ce tems là.

De ceux qui ont cherché THARSIS dans les INDES. Bochart convient que Tharfis doit être à portée de la Méditerranée, & toutes les recherches tendent à faire voir que tous les paffages s'y accordent ; mais celui des Paralipoménes l'embarraffant, il en conclut qu'il falloit qu'il y eut une autre Tharfis dans la mer des Indes, & proche d'Ophir, qui eft, felon lui, la Taprobane, c'est-à-dire, Ceilan. Et comme les conjectures ne lui manquent point au befoin, il ajoute que c'eft peut-être le cap de Cori, à la pointe de la presqu'ifle en-deçà du Gange. Elle reflemble affez, dit il, à la pointe de Calpé, voiline de Tartellus, où il avoit déja pofé fon autre Tharfis; cela, pourfuit-il, peut avoir fait naître aux Phéniciens la pensée d'appeller cette pointe Tharfis, parce que ces deux lieux étoient fort éloignés de Tyr, & qu'on y alloit chercher des métaux. On a vu dans les paffages de S. Jérôme déja cités, que ce faint trouvoit dans les autres qui l'avoient précédé une opinion déja établie en faveur d'une Tharfis dans les Indes. Il est vrai qu'il femble citer Jofeph pour cette feconde, auffibien que pour la premiere; mais je ne trouve point dans Jofeph même, que cet hiftorien ait connu d'autre Tharfis que Tarfe & la Cilicie & Huet, de Navigat. Salomon. c. 3, v. 12, a manqué d'exactitude quand il a imputé à Jofeph d'avoir fait deux Thartis, & d'avoir prétendu que l'une étoit la ville de Tharfe en Cilicie, & placé l'autre dans les Indes: furquoi il cite le livre des antiquités, . 1, c. 7, & l. 9, c. 11. Jofeph c. 7, & l. 9, c. 11. Jofeph en l'un & en l'autre endroit ne parle que de Tharfe en Cilicie, & ne dit pas le moindre mot de Tharfis dans les Indes.

Le favant le Clerc déférant trop au fameux paffage des Paralipoménes mal entendu, juge qu'on en peut conclure que Tharfis doit avoir été un pays des Indes, & rapporte le fentiment de Bochart, fans oublier fa conjecture fur le voifinage d'Ophir, & la reffemblance du cap Cori avec le promontoire de Calpé en Espagne. Il examine enfuite le fentiment de Huet, que nous rapporterons ci- après, & conclut ainfi : « J'aime donc mieux chercher dans les Indes, avec Bochart, la Tharfis dont il est parlé ici ( fur » le troifiéme livre des Rois, c. 10, v. 22) quoique nous » ne puiffions nous affurer par aucune conjecture en quel » endroit elle étoit, finon qu'elle devoit être près d'Ophir.»

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Opinion de D. Calmet.

Dom Calmet balance entre l'opinion qui prend Tharfis pour toute la mer, & celle qui met une double Tharfis, l'une dans la Méditerranée, l'autre aux Indes. « Sanctius, dit-il, croit que la mer en général eft nommée Tharfis, » & que les vaiffeaux de Tharfis font ceux qu'on employe » dans les voyages de mer, par oppofition aux nacelles & >> aux barques dont on fe fert fur les rivieres, les Sep» tante traduifent quelquefois Tharfis par la mer, & » l'Ecriture donne également le nom de vaiffeaux de Thar» fis à ceux qu'on équipoit à Aliongaber, fur la mer Rou» ge, & qui alloient dans l'Océan, comme à ceux qu'on équipoit à Joppé & dans les ports de la Méditerranée. Nous ne voyons guères, ajoute-t il, d'autre moyen que » celui-là, pour expliquer tous les passages où il est parlé » des vaiffeauu de Thatfis.

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» Car d'un côté (c'est toujours D. Calmet qui parle) » nous voyons allez clairement que Tharfis fignifie la ville » de Tharfe & la Cilicie, & de l'autre nous remarquons qu'on équipoit des vaifleaux de Tharfis, ou pour aller à » Tharfis, dans des lieux d'où l'on ne peut préfumer qu'on voulût aller à Tharfe en Cilicie. Par exemple, l'auteur » du livre de Judith décrivant la route d'Holoferne, dit qu'il alla en Cilicie, & qu'il pilla tous les enfans de Tharfis. Jonas fuyant devant la face du Seigneur, s'embar» qua à Joppé, pour aller en Tharfis, apparemment à Tharfe en Cilicie. Les prophétes Ifaie & Ezéchiel met» tent parmi les vaiffeaux marchands qui venoient trafi» quer à Tyr, ceux de Tharfis. La Cilicie étoit tout-à-fait

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