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à la dignité de ville , en l'appellant THEODOSIOPOLIS: l'empereur Anastase en fit une ville égale à celle de Dara, l'entoura de fortes murailles, & la nit en état d'incommoder autant les Perses que Dara. Elles étoient toutes deux fort propres à faire des courses sur leurs terres. Il y a dans l'Arménie, ajoute Procope, Persic.1.1, 6. 17, à quarante-deux stades de Theodoliopolis, du côté du septentrion, une montagne, qui n'est pas des plus roides, & qui produit deux sources, d'où fortent deux grands fleuves, l'Euphrate & le Tigre ; mais Procope, remarque de Tournefort, Voyage du Levant, t. 2, p. 117, n'a pas connu les sources de ces fleuves, qu'il fait fortir de la même montagne. Strabon a été mieux fondé à dire que les sources de ces fleuves étoient éloignées de deux cents cinquante milles ou de deux mille cinq cents stades. On croit atsez communément qu'Erzeron est l'ancienne ville de Théodosiopolis : la chose néanmoins ne paroît pas trop aflurée, à moins que l'on ne suppose, comme cela se peut, que les habitans d'Arize se fuflent retirés à Théodosiopolis, après qu'on eut détruit leurs maisons. Cédrene rapporte que sous l'empereur Constantin Monomaque, qui mourut vers le milieu du onziéme fiécle, Artze étoit un grand bourg pleinde richesses, habité par les marchands du pays, & par plufieurs autres marchands ou facteurs fyriens, arméniens, & autres de différentes nations, qui comptant beaucoup sur leur grand nombre & fur leurs forces, ne voulurent pas se retirer avec leurs effets à Théodosiopolis, pendant les guerres que l'empereur eut avec les Mahometans. Théodofiopolis étoit une grande & puislante ville, qui passoit pour imprenable dans ce tems - là, & qui étoit située proche d'Artze. Les infidéles ne manquerent pas d'affiéger ce bourg, les habitans se défendirent vigoureusement pendant fix jours. Abraham, général des alliégeans, voyant leur opiniâtre résistance, & appréhendant que la place ne fût secourue, y fit mettre le feu, sacrifiant un si riche butin à sa réputation. Cédrène affure qu'il y périt cent quarante mille ames, ou par le fer ou par le feu. Les maris, dit-il, se précipitoient dans les flammes avec leurs enfans. Abraham y trouva beaucoup d'or & de ferremens que le feu n'avoit pu dévorer. Il en fit sortir plusieurs chevaux & autres bêtes de somme. Zonare raconte à peu près la même chose de la destruction d'Artze, mais il ne parle pas de Théodosiopolis. Ces auteurs assurent seulement qu'Artze étoit sans murailles, & que ses habitans en avoient fortifié les avenues avec du bois. Comme la place fut réduite en cendres, & que ce passage est absolument nécessaire pour le commerce, il y a beaucoup d'apparence que le reste de ces pauvres habitans, & les marchands étrangers, qui s'y vinrent établir dans la suite, pour ne pas tomber dans un pareil malheur, se retirerent à Théodosiopolis, qui en étoit près, suivant Cédrène.

Les Turcs, à qui peut-être le nom de THEODOSIOPOLIS parut trop long & trop embarrassant, donnerent le nom d'Artzerum à cette place, c'est-à-dire, Artze des Grecs ou des chrétiens; car, Rum ou Rumili, signifie en langue turque la Romaine ou la terre des Grecs. Ils distinguent la Romelie ou Rumili en celle d'Europe & en celle d'Asie, ainsi d' Artzerum on a fait Arzerum, & Erzerum, comme pro- nonce la plupart des Francs.

Il ne faut pas confondre cette ville de Theodofiopolis avec une autre de même nom, qui étoit sur le fleuve Aborras, dans la Mésopotamie. Voyez l'article suivant; mais elle pourroit bien être la même que THEODOSIA. Voyez THEO. DOSIA, no. 3.

2. THEODOSIOPOLIS, ville de la Mésopotamie, sur le bord du fleuve Aborras. Le tems ayant tellement détruit les murailles de cett eville, qui servoit de ce côté-là comme de rempart à l'Empire, qu'au lieu de donner quelque aflurance aux habitans, elles les tenoient dans une appréhension continuelle. Justinien les répara en divers endroits, & arrêta, par ce moyen, les incursions que les Barbares faifoient en Mésopotamie. * Procop. Ædific. 1. 2, c. 5.

3. THEODOSIOPOLIS, ville de la grande Arménie. Procope, Edific. 1. 3,6.5, dit: Lorsque Théodose devint maître du royaume d'Arface, il bâtit sur une colline un fort qu'il appella de son nom. Comme ce fort étoit aisé à prendre, Cavade le prit en passant & en allant à Amide. Anastase fonda depuis une ville dans laquelle il renferma la colline & le fort. Quoi qu'il fit pour lui donner son nom, il ne pur lui ôter celui de fon premier fondateur. Car, quelque

changement qu'on apporte aux choses, on ne change pas ailément les noms auxquels les hommes font accoutumés. La muraille de cette ville étoit affez large; mais la hauteur n'étant que de trente pieds, ne répondoit pas à la largeur, & ainsi la muraille n'étoit pas en état de foutenir un fiége, fur-tout s'il étoit inis par les Perses. De plus elle n'avoit audehors ni murailles ni follé, & elle étoit commandée par une hauteur voifine. Justinien s'avisa premierement d'y faire creuser un folle fort profond, & femblable à ceux que creuse la chute d'un torrent entre deux montagnes. Depuis il fit couper des rochers, & tailler des précipices & des abysmes; & afin que la muraille fût d'une hauteur extraordinaire, & tout-à-fait imprenable, il y fit faire des fortifications semblables à celles de la ville de Dara. Il fit boucher les créneaux de la muraille, & n'y laissa que l'ouverture nécetfaire pour tirer. Outre cela il fit élever une galerie à l'entour, & mettre d'autres créneaux par-deifus. Il fit aussi tirer par dehors une seconde muraille, & y ajouta tant d'autres fortifications, que chaque tour pouvoit passer pour une petite forteresse. Enfin, il y établit une garnison & un chef pour la commander; de forte que les Arméniens ne pouvoient plus appréhender que les Perses les attaquassent de ce côté-là.

4. THEODOSIOPOLIS, OU PEPERINES, siége épiscopal de la province d'Afie, selon la notice de Léon le Sage, qui le met sous la métropole d'Ephèse.

5. THEODOSIOPOLIS, ou THEODOSIOPOLIS-Nova, siége épiscopal de la Thrace, selon la lettre des évêques de cette province à l'empereur Léon. Cette lettre se trouve dans le recueil des conciles.

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6. THEODOSIOPOLIS, fiége épiscopal d'Egypte dans la province d'Arcadie. La notice de Léon le Sage met ce fiége sous la métropole de Xyrinchus; & celle d'Hiéroclès le marque sous la métropole de Cyno.

7. THEODOSIOPOLIS, fiége épiscopal d'Egypte, dans la premiere Thébaïde, sous la métropole d'Antino, selon la notice de Léon le Sage, & fous celle d'Hermui ou d'Hermai, selon la notice d'Hiéroclès.

8. THEODOSIOPOLIS, siége épiscopal de l'Asie proconsulaire. La notice d'Hiéroclès le marque sous la métropole d'Ephèse.

9. THEODOSIOPOLIS, siége épiscopal d'Asie, dans l'Osthoène. La notice d'Hiéroclès met ce siége sous la métropole d'Edesse. Cette Théodosiopolis pourroit être celle que Procope place dans la Mésopotamie, sur le fleuve Aborras. Voyez THEODOSIOPOSIS 2.

10. THEODOSIOPOLIS, ou APRUS. Voyez APROS. Cette ville étoit métropole, & avoit sous elle les évêchés suivans :

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THEON-HOCEMA. Voyez DEORUM-CURRUS. THEON-SOTER. Voyez SOTERUS.

THEON-TRAPEZA. Voyez ASTYPALEA.

1

THEONONTATE, pays de l'Amérique septentrionale dans la nouvelle France, situé à la côte occidentale du lac des Hurons. Ce pays étoit autrefois habité par beaucoup de Hurons, dans le commencement de nos colonies ; c'est où le pere de la Roche d'Aillon, recollet, avoit établi la mission des Hurons ; mais depuis, les Iroquois ont détruit ces Hurons, & ruiné ce pays qui étoit très-peuplé.

THEOPHANES. Voyez THESPANIS.

THEOPHILA, ville de l'Inde, en-deçà du Gange. Ptolomée, 1.7, 6. 1, la marque au nombre des villes qui étoient à quelque distance de ce fleuve, du côté de l'occident.

THEOPOLIS. Voyez ANTIOCHE, No. I.
THEOPROSCOPON. Voyez THEUPROSEPON.

THEOSANG, bourg des Indes orientales, dans l'isle de Formose, sur la côte. Rechteren, dans son voyage aux Indes orientales, qui se trouve dans le recueil de ceux de la compagnie des Indes, formée dans les Provinces-Unies t. 5, p. 190, dit que quand un habitant de ce bourg est dangereusement malade, & qu'il souffre de grandes douleurs, on lui met un nœud coulant autour du col: on l'en

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leve ensuite comme si on le vouloit jetter; on l'étrangle ainfi, & on le laisse retomber afin de faire ceffer plus promptement sa douleur par une prompte fin de sa vie.

THER, felon Corneille, & THEO, OU THEOL, selon Coulon, riviere de France, p. 310, & Jaillot, Atlas, riviere de France, dans le Berri, élection d'Isloudun. Elle a sa source dans un lieu nommé Fontheols, à quatre lieues au midi d'Isloudun, & après s'être jointe à la riviere de Tournemine, près d'Issoudun, elle va se jetter dans l'Arnon, à Reuilly.

1. THERA, isle de la mer de Créte, & l'une des Sporades. Pline, 1. 2, c. 87, dit que cette isle se forma la quatriéme année de la cent trente-cinquiéme olympiade, ce qui répondroit à la cent cinquième année de Rome; mais il y a faute certainement dans cet endroit de Pline: car l'isle de THERA existoit long tems avant cette olympiade, comme on le voit par le témoignage d'Hérodote, qui nous apprend qu'elle fut nommée CALLISTE, ou l'isse très belle. Cadmus la trouva si agréable, qu'il voulut y laisser Membliarès, fon patent, avec des Phéniciens pour la peupler. Le même auteur, Paufanias, 1. 37, & Strabon, 18, affurent que Theras, descendant de la race de Cadmus, donna le nom de Thera à cette isle; qu'impatient de la vie privée qu'il menoit à Lacédémone, il pafla dans l'isle de Calliste, après avoir eu la régence du royaume de Sparte, sous la minorité de ses neveux Eriftène & Proclès, fils de fa fœur Argia, veuve d'Ariftodème. Callifte étoit alors occupée par les descendans de Membliarès, dont il vient d'être parle. The ras prit poffeffion de l'ifle, accompagné d'une partie des Minyens qui s'étoient sauvés des prisons de Lacédémone par l'habileté de leurs femmes. Ces Minyens venoient de quelques-uns de ces fameux héros, qui avoient suivi Jason dans la Colchide. A leur retour ils s'arrêterent à Lemnos, où leur postérité retint le nom de Minyens, dont on ne connoît pas la généalogie. Quoi qu'il en en soit, ces Minyens ne furent pas les plus forts à Lemnos: les Pélasgiens, autres peuples de Grece, les chafferent. Dans cette triste situation ils se présenterent à Lacédémone, où ils furent fi bien reçus, qu'on leur distribua des terres, on leur permit d'époufer des Lacédémoniennes, & on maria leurs femmes à des Lacédémoniens : comme les Minyens descendoient de héros vagabonds & ambitieux, on s'apperçut bientôt qu'ils en vouloient à l'autorité souveraine. La-dessus ils furent arrêtés & condamnés à mort; heureusement pour eux, on attendoit la nuit à Lacédémone pour faire mourir les criminels. Leurs femmes ayant obtenu des magiftrats la grace de voir leurs maris, avant qu'on les exécutât, elles changerent d'habit avec eux dans les prisons. Les hommes fortirent déguisés en femmes, pendant que les femmes resterent dans les prisons déguisées en hommes.

Hérodote, de qui ce conte est tiré, nous a conservé les noms des deux descendans de Theras, qui regnerent dans cette isle; savoir, Aefanius & fon fils Grynus. Ce dernier alla consulter l'oracle de Delphes, suivi des plus illustres personnes de Thera, parmi lesquelles étoit Bartus, fils de Polymneste, ou de Cyrnus, homme de qualité, fort estimé parmi les Minyens. L'oracle répondit qu'il falloit aller bâtir une ville fur les côtes de la Libye, & la prêtresle leur montra Battus. Cette ordre fut négligé; les Minyens ne favoient pas même où étoit la Libye; mais la sécheresse qui dura sept ans dans Thera, & qui fit mourir tous les arbres à l'exception d'un seul, obligea le roi de retourner à la prêtresse, qui ordonna une seconde fois qu'on fit bâtir une ville en Libye. On fut contraint d'obéir; & ce fut l'origine de Cyrène, patrie du poëte Callimaque. Strabon, l. 1, p. 57, qui place l'isle de Thera entre Crete & l'Egypte, ne donne à Thera que vingt-cinq milles de tour, & affure qu'elle est d'une figure aflez longue. Il faut que les chofes soient bien changées depuis ce tems. Thera se trouve située entre l'ifle de Candie & les Cyclades. Elle a trente fix milles de tour, & fa figure représente affez bien un fer à cheval. A l'égard de sa situation, il faut corriger le passage de Strabon, par celui de son compilateur Etienne, & lire Κυνερίας, au lieu de Κυρηναίας ; car Etienne le géographe place l'ifle de THERASIA entre la Crete & la Cynurie, quartier du Péloponnése, appartenant aux Lacédémoniens, & souvent disputé entre les Argiens & les Lacédémoniens. Il n'est pas étonnant qu'elle ait pris la figure d'un croiffant, car il est arrivé une multitude de changemens autour de cette ifle. Thera , outre son changement de figure,

a acquis onze milles d'étendue plus qu'elle n'avoit du tems de Strabon, mais elle a perdu toutes ses belles villes. Hérodote affure qu'il y en avoit fept, & l'ifle devoit être puiffante, puisqu'il n'y eut que Thera & Melos, qui, dans cette fameule guerre du Péloponnéfe, oferent se déclarer pour les Lacédémoniens contre les Athéniens, dont toutes les autres ifle de Grece suivirent le parti.

On prétend que cette ifle & quelques autres du voisinage sont sorties du fond de la mer. Voyez le détail de ces changemens au mot SAN, à l'article SANT-ERINI, qui est le nom moderne de cette ifle, & dont on a fait SANTORIN. Le P. Richard, jésuite, dit qu'elle est au 56d de longitude, & au 37o & demi de latitude nord. Elle a au midi l'isle de Candie, dont elle eft éloignée d'environ quatre-vingt-dix milles,, elle a autour d'elle, à diverses distances, les ifles d'Amorgos, Therafiejos & Namphio. Ptolomée la met mal-à- propos, proche des côtes de l'Attique, au-desfous de l'isle de l'Eubée; il y place les villes d'Ocao & Eleusme.

2. THERA, isse que Ptolomée, 1.3, 6. 15, place au-delfous, ou au midi de l'Eubée, fub Eubaa; mais on voit par les deux villes qu'il lui donne, que cette ifle est la même que celle dont il est parlé dans l'article précédent. Voyez THERA, no. I, & au mot SAN, l'article SANT-ERINI.

3. THERA, ville de l'Afie Mineure, dans la Carie, selon Ptolomée, 1.5,0.2, qui la marque entre lymus & Pystus. Ortelius croit que c'est la même qu'Etienne le géographe place dans la Carie.

4. THERA, ville qu'Etienne le géographe donne aux Rhodiens. Il en fait une ville différente de celle qu'il met dans la Carie, & il ajoute qu'elle étoit située dans un lieu fort bas.

5. THERA, ville de la Sogdiane, felon Etienne le géographe.

THERACUM, ville d'Egypte. Il en est fait mention dans la notice des dignités de l'Empire, fect. 20, où on lit: Cohors prima Lufitanorum Theraco. Ortelius foupçonne que Theracum pourroit être corrompu d'Hieracum.

THERADES INSULÆ, isles dont parle Athenée. Son interpréte Jacques Dalechamp, juge qu'Athenée par The rades infula entend les isles THERA & THERASIA.

THERE. Paufanias, 1.3, 6.20, dit qu'on donnoit ce nom à l'espace de terre qui se trouvoit entre le temple Taletum & la forêt Euoras, dans la Laconie.

THERALA. Voyez THARELA.

THERAMBUS, ville de Macédoine; elle est placée par Hérodote, l. 7, no. 123, dans la péninsule de Pallene.

1. THERAMNE, THERAPNÉ, Ou THERAINE, ville du Péloponnése, dans la Laconie, au voisinage de Sparte. Paufanias, Lacon. c. 20, fait entendre que pour aller de Sparte à Therapné, il falloit traverser le fleuve Eurotas. Paufanias donne à THERAPNÉ le titre de ville; mais Suidas se sert simplement du nom du lieu, & le scholiafte de Pindare, Od. 1, v. 43, en fait un village. Ce dernier ajoute qu'il y avoit un temple dédié à Castor & Pollux. C'est à quoi Stace, Silvar. l. 4. Carm. 8, v. 52, fait allufion dans

ces vers:

Et vos Tyndaride, quos non horrenda Lycurgi,
Taygeta; umbrosaque magis coluere Therapna.

Ce même poëte Thebaid. 1. 7, v. 793, parlant de Castor & de Pollux, les appelle Therapnai Fratres. Les poëtes disent que Jupiter ordonna que ces deux jumeaux passeroient alternativement un jour dans le ciel, & un autre au dessous de la terre ; & c'étoit sous Therapné qu'ils se cachoient. Ainsi cette fiction poëtique s'étoit mêlée à l'astronomie; &, pour rendre une raison ingénieuse du lever & du coucher des deux étoiles appellées Caftor & Pollux, les anciens ont dit qu'elles fortoient de l'hémisphere inférieur, du côté de Therapné, qui est véritablement vers l'horizon oriental de Lacédémone, & que par le mouvement diurne, elles s'élevoient à la plus haute partie du ciel. En effet, il ne s'en faut que de cinq à fix degrés qu'elles ne foient verticales, & dans le Zenith de Lacédémone. Therapné étoit encore celébre pour être le lieu où Diane avoit éré adorée pour la premiere fois. On y voyoit un temple confacré à Ménélas, qui y avoit été enterré avec Hélene. Comme cette belle Lacédémo nienne y avoit été élevée, les poëtes l'ont appellée la NymVuuuuij

Tome V.

phe de Theraphné. * La Guilletiere, Lacédém. ancienne & nouvelle, liv. 4, p. 319, & fuiv.

On voit les ruines de Therapné à une portée de mousquet del'Enokorion, gros fauxbourg de l'ancienne Lacédémone, qui s'étendoit jusques-là dans le tems qu'elle étoit dans sa splendeur. Auprès de ces ruines il y a deux ou trois fontaines fur le grand chemin. On les nomme aujourd'hui fimplement Vryfis; & ce font apparemment celles que Paufanias appelle Meffeys & Polideucea. A la main droite de Therapné on trouve deux ou trois chapelles de caloyers, qui sont sur une des collines du Portais ou Taygetus:vraisemblablement c'étoit l'ancienne bourgade Alesias, où le prince Mileta, fils du roi Lelex, inventa l'usage des meules de moulin & trouva le secret de moudre le bled.

Il y en a qui croyent que THERAPNE est le véritable nom de cette ville, & que THERAMNE OU THERAMNE font

corrompus.

2. THERAMNÆ, ville de la Lycie, selon Lutatius Placidus, 1.3, Thebaid. cité par Ortélius. Il ajoute qu'elle étoit confacrée à Apollon.

1. THERAPNÆ, ville de l'isle de Crete, selon Pline, 1.4, c. 12. Solin en fait aussi mention.

2. THERAPNÆ, lieu quelque part sur l'Océan Atlantique, in Orphei Argonaut.

THERAPNÉ. Voyez THERAMNE, no, I.

& de la Thessalie, vers les Thermopyles, selon Hérodote, 1.7, no. 123 & 127.

1. THERMÆ, lieu de Sicile, sur la côte méridionale de l'ifle, felon Pomponius Mela, 1.2,0.7, qui le marque après Héracléa, en avançant d'orient en occident. Pline, 1.3, c. 8, qui écrit THERMÆ, donne à ce lieu le titre de colonie. Les sources d'eau chaude qui avoient donné le nom de Therma à ce lieu, sont appellées aqua Laroda, par l'itinéraire d'Antonin, qui les marque à quarante milles d'Agrigentum. Ces bains subsistent encore. On les trouve au voisinage de la ville Sciacca ou Xacca.

2. THERMÆ, bains de l'Attique, au voisinage de la ville de Corinthe, selon Xénophon, cité par Ortélius.

3. THERMÆ. Voyez THERMUS.

4. THERMA-HIMERÆ. Voyez au mot Himera, l'article HIMERA-THERMA.

5. THERMÆ-STYGIANÆ. Voyez au mot BAGNI, l'article BAGNI-CERETANI.

THERMÆUS-SINUS, golfe de la mer Egée, fur la côte de la Macédoine. (a) On le nomme (b) auffi Thermaicus Sinus, & ce nom, comme le premier, vient de celui de Therma que portoit anciennement la ville de Thessalonique, quoiqu'il y en ait qui distinguent Therma de Thessalonique. Ce golfe qui s'avance beaucoup dans les terres,

THERASIA. Voyez THERA & au mot SAN, l'article mouille la péninsule de Pallène, la Paraxie, la Chrestonie, SANT-ERINI.

THERBITZA. Voyez THERMITZA.

THERCOLA, lieu que Curopalate, cité par Ortélius, met auprès d'Hierapolis & apparemment dans la Syrie.

THEREBINTHE. Voyez TEREBINTHE. THEREIN, THARAIN, OU TEREIN, en latin Tara, riviere de France, dans le Beauvoisis. Voyez Terain.

THERENUS, fleuve de l'isle de Crete, selon Diodore de Sicile. Ce fleuve couloit près de Gnofia, où l'on a dit qu'avoient été célébrées les noces de Jupiter & de Junon.

THERGUBIS, ville de la Mésopotamie, selon Prolomée, l. 5, c. 18. Elle étoit dans les terres.

THERIACE, lieu qui produit une forte de vin trèsagréable. C'est Ortelius qui en parle, d'après Dionys. Uticenfis, Agriculture, l. 5, c. 2.

THERIMONTE. Voyez NICOSE A.

THERIODES. Hérodote, liv. 4, no. 181, & Ptolomée donnent à la Libye cette épithete grecque, qui veut dire abondante en bêtes farouches; & Ptolomée, l. 7, 6.3, la donne encore à un golfe de la Chine.

THERIONARCE, isle de l'Asie mineure, dans la Doride. Pline, 1.5, 6.31, la place près de Gnide.

THERIS, abbaye d'hommes, ordre de saint Benoît, en Allemagne, dans la Franconie, au diocèse de Bamberg.

1. THERMA, bourgade de Sicile, selon Etienne le géographe, qui lui donne le titre de bourgade sur le témoignage de Philiste, 1. 3, parce que du tems de ce dernier elle n'avoit pas encore le titre de ville. Ce ne fut que dans la fuite que les Romains y établirent une colonie à laquelle ils donnerent le nom de Therma Himera. Voyez au mot HER. MA l'article HIMERA-THERMA.

2. THERMA, bains de l'Afie mineure, dans la Bithynie. Etienne le géographe dit qu'on les appelloit THERMA PYTHIA. Ces sources d'eau chaude étoient apparemment au voisinage d'Aftacum; car le même Etienne le géographe met Pythium près du golfe Aftacène. Procope, 1.5, Edif. 6.3, fait mention de ces bains. Dans un endroit appellé PYTHIA, il y a, dit-il, des sources d'eau chaude, d'où plusieurs personnes, & principalement les habitans de Constantinople, tirent un notable foulagement dans leurs maladies. Justinien lailla en cet endroit des marques d'une magnificence toute royale, en y faisant bâtir un superbe palais, & un bain pour l'usage du public. De plus, il y fit conduire par un canal tout neuf, des eaux fraîches, afin de tempérer la chaleur des autres.

3. THERMA, ville de la Cappadoce. Elle est marquée dans l'itinéraire d'Antonin, sur la route de Tavia à Césarée, entre Tavia & Soanda, à dix-neuf milles de la premiere de ces places, & à vingt-huit milles de la se

conde.

4. THERMA, ville située aux confins de la Macédoine

la Mygdonie, la Bottiée, la Pierie, la Perrhébie & la Magnésie, ce qui a fait que Pline l'a nommée par excellence le golfe de Macédoine : Sinus Macedonius. On l'appelle présentement GOLFE DE SALONIQUE Ou golfo di Salonichi. (a) Pomponius Mela, 1.2, c. 3. (b) Plinius, 1. 4, c. 10.

THERMASTIS, lieu voisin de Constantinople, selon Pierre Gylles dans sa description du Bosphore de Thrace.

THERMAX, municipe de l'Attique. Suidas le donne à la tribu Erechtheide.

THERME ou THERMA, ville de Thrace, felon Suidas. C'est la même qu'Etienne le géographe, Apollodore & Thucydide mettent dans la Macédoine. Elle étoit sur le golfe Thermaus auquel elle avoit donné le nom. Voyez THERMAUS-SINUS, & THESSALONIQUE.

THERMENÆ, ville de la premiere Cappadoce; il en est fait mention dans le sixiéme concile de Constantinople, cité par Ortelius.

THERMENSES MAJORES PISIDIÆ, peuples dont il est parlé dans une inscription rapportée dans le trésor de Goltzius, p. 500 & 501. L'ortographe du mot Thermenses varie quelquefois dans cette inscription, où on lit tantôt TERMENSES, tantôt THERMESES. Voyez TER

MISSUS.

THERMERIA, lieu voisin de Constantinople, selon Pierre Gylles dans sa description du Bosphore de Thrace.

THERMES, mot françois formé du latin THERMA, & dérivé du grec Θερμῃ, qui signifie chaleur. Tite-Live, 1.36, 6.15, en décrivant le Pas des Thermopiles, dit que ce lieu étoit nommé par les uns PYLA, & par d'autres THERMOPYLE, parce qu'on trouvoit des eaux chaudes dans l'endroit le plus resserré entre les montagnes. Les Romains par cemot THERME entendoient des bains d'eau chaude; & onl'appliqua tellement aux édifices où étoient ces bains, qu'il s'étendit même jusqu'à ceux où l'on se baignoit dans de l'eau froide.

Les Thermes eurent rang parmi les édifices les plus somptueux de l'ancienne Rome: on s'y lavoit l'hiver avec de l'eau tiéde, quelquefois avec des eaux de senteur, ou, par une autre forte de mollesse, on faisoit seulement sentir à son corps les vapeurs chaudes de l'eau. L'hiver on s'oignoit le corps avec des huiles & des parfums de prix ; & l'été, après être forti du bain tiéde, on alloit se rafraîchir dans de l'eau froide.

Les Thermes étoient si vastes, qu'Ammien Marcellin, 1. 16, c. 6, pour donner une idée de leur grandeur, les compare à des provinces entieres, in modum provinciarum extructa Lavacra. Ce qui nous reste encore aujourd'hui de quelques anciens Thermes, nous fait juger de leur étendue prodigieufe.

Le nombre de ces Thermes étoit aussi surprenant à Rome que leur grandeur. Publius Victor dit qu'il y en avoit plus

Balnea post decimam lasso, centumque petuntur
Quadrantes, &c.

de huit cents, & Pline le jeune, l. 4, epist. 8, dit qu'ils s'é- a fait illusion à cette forte d'exaction, quand il a dit toient augmentés à l'infini: Que nunc Roma ad infinitum auxere numerum. Les empereurs les firent d'abord bâtir pour leur usage particulier, enfuite il les abandonnerent au peuple & en firent bâtir pour lai. Outre les Thermes où l'on ne payoit rien, il y en avoit d'autres qui se donnoient à ferme, & de plus les principaux citoyens avoient des bains particuliers chez eux.

Ces Thermes étoient accompagnés de divers édifices & de plufieurs piéces & appartemens. Il y avoit de vastes réservoirs où se raffembloit l'eau par le moyen des aqueducs; des canaux qu'on avoit ménagés servoient à faire écouler les eaux. Les murailles des réservoirs étoient si bien cimentées, que le fer avoit de la peine à rompre la matiere employée à la liaison des pierres. Le pavé des Thermes comme celui des bains, étoit quelquefois de verre, le plus souvent néanmoins on y employoit la pierre, le marbre, ou des pièces de rapport qui formoient un ouvrage de marqueterie de différentes couleurs.

La description des Thermes de Dioclétien qui nous a été donnée par André Baccius, fournit une idée complette de la grandeur & de la magnificence romaine dans ces fortes d'ouvrages; on y voit entr'autres un grand lac dans lequel on s'exerçoit à la nage; des portiques pour les promenades, des basiliques où le peuple s'assembloit avant que d'entrer dans le bain, ou après en être forti, des appartemens où l'on pouvoit manger, des veftibules & des cours ornées de colonnes, des lieux où les jeunes gens faisoient leurs exercices, des endroits pour se rafraîchir, où l'on avoit pratiqué de grandes fenêtres afin que le vent y pût entrer aifément ; des lieux où l'on pouvoit fuer, des bois délicieux plantés de planes & autres arbres; les endroits pour l'exercice de la course, d'autres où on s'assembloit pour conférer ensemble, & où il y avoit des siéges pour s'affeoir; des lieux où l'on s'exerçoit à la lutte; d'autres où les philosophes les rhéteurs & les poëtes cultivoient les sciences par maniere d'amusement; des endroits où l'on gardoit les huiles & les parfums; d'autres où les lutteurs se jettoient du sable l'un sur l'autre, pour avoir plus de prise sur leurs corps qui étoient frottés d'huile.

L'usage des Thermes, comme celui des bains, étoit très. ancien à Rome. Les peuples de l'Asie en donnerent l'exemple aux Grecs, & ceux-ci le transmirent aux Romains, qui avoient des Thermes avant que les médecins Grecs euslent mis le pied à Rome : époque que l'on rapporte à l'an 535 de la fondation de Rome, fons le confulat de L. Emilius & de M. Licinius, Homere, Odyss., v. 248, compte l'usage des Thermes, λουτρά Θερμα, au nombre des plaisirs honnêtes de la vie.

Semper autem nobis conviviumque gratum, Citharaque,
Chorique,

Vestesque mutatoria, lavacraque calida & cubilia.

Plaute décrit dans les deux vers suivans les exercices auxquels on formoit la jeunesse dans les Thermes.

Ibi cursu, luctando, hafta, disco, pugilatu, pila,

Saliendo, sese exercebant magis quam scorto aut saviis.

C'étoit une des fins qu'on s'étoit proposées dans l'établissement des Thermes. Par ces exercices on augmentoit la force des jeunes gens, on leur donnoit de l'adresse & on les instruisoit dans les sciences. Une autre vue que l'on avoit eue, c'étoit la conservation de la santé, & peut-être la volupté y entra-t-elle aussi pour quelque chose.

J'ai déja dit qu'il y avoit des Thermes où l'on entroit librement & fans qu'il en coutât rien, & que dans d'autres il falloit payer; du reste la somme que l'on donnoir étoit modique; on en étoit quitte pour la plus petite piéce de monnoie, comme Juvenal le remarque dans sa fixième satyre :

Cadere Sylvano porcum, & quadrante lavari.

Cette piéce pourtant ne suffisoit pas lorsqu'on venoit trop tard, c'est-à-dire, après les dix heures, il falloit alors payer, felon le caprice des personnes préposées, pour le service des Thermes. Martial, l. 10, épigr. 70,

Les Ediles avoient inspection sur les Thermes, & fous eux étoient plusieurs ministres inférieurs, de forte que l'ordre y regnoit, malgré l'entiere liberté que l'on y trouvoit. Il n'y avoit aucune distinction pour les places.

D'abord les bains des hommes & des femmes n'étoient point communs: mais cette indécence arriva sous les mauvais empereurs. Cependant les endroits où chaque sexe se baignoit étoit séparé. Agrippine, mere de Néron, fit faire un bain, destiné uniquement à l'ufage des femmes ; elle fut imitée par d'autres. L'empereur Adrien ordonna que les bains des femmes fussent séparés de ceux des hommes.

Le signal pour venir aux bains & pour en fortir, se donnoit au son d'une cloche; s'y l'on s'y rendoit un peu tard, on couroit risque de n'avoir que de l'eau froide pour se baigner; c'est ce que signifient ces deux vers de Martial, 1. 14, epigr. 163.

Redde pilam: Sonat as Thermarum ; ludere pergis ?
Virgine vis fola, lotus abire domum.

L'heure pour entrer dans les Thermes, étoit, selon Pline, 1.3, 6.1, la huitiéme heure du jour en été, & la neuviéme en hiver. Martial, l. 14, epigr. 8, semble dire la même chose dans ce vers.

Sufficit in nonam nitidis octava Palaftris.

Et Spartien, in Adriano, nous apprend que l'empereur Adrien défendit qu'on se mît dans le bain en public avant la huitiéme heure. Galien, De Sanitate tuenda, 1.5, rapporte qu'un certain philosophe nommé Primigène, étoit attaqué de la fiévre le jour qu'il manquoit de se baigner. L'usage des bains étoit quelquefois interdit, fur-tout à l'occasion d'un grand deuil ou d'une calamité publique, comme nous le voyons dans Tite-Live & dans Suétone. S. Clément d'Alexandrie, Pedag. 1. 3, c. 5, dit que les nobles faifoient porter aux bains des draps de toiles trèsfines, & des vases d'or & d'argent fans nombre, tant pour l'usage du bain que pour celui du boire & du manger. Entr'autres ustensiles, on s'y servoit de petites étrilles d'or ou d'argent. C'est à quoi Perse fait allusion, quand il dit :

I, puer & ftrigiles Crispini ad balnea defer.

Les malades, au lieu d'étrilles, se servoient d'éponges. On pratiqua des Thermes à Rome & dans les principales villes de l'empire. La liste en seroit trop longue; d'ailleurs j'en ai parlé sous les articles auxquels ils appartien

nent.

THERMEUSIS, isle de la mer Egée, selon Ortelius, qui cite Pline. On trouve effectivement le mot Thermeusim dans quelques exemplaires de Pline, 1. 4, c. 12, mais c'est un mot corrompu, comme le pere Hardouin l'a remarqué dans les manuscrits qu'il a consultés, & qui au lieu de Thermeufim, Irrhefiam, lisent Thermeus (Sinus) Irrhefiam. Ainsi il est question du golfe Thermeus, & nullement d'une isle nommée Thermeusis.

1. THERMIA. Voyez PHLIUS.

2. THERMIA. Voyez. THERMIE.

THERMIDA, ville de l'Espagne Tarragonnoise. Prolomée, l. 2, c. 6, la donne aux Carpétains. Au lieu de Thermida, le manuscrit de la bibliotheque palatine porte Thermeda. C'est aujourd'hui Rajas. Voyez ce mor.

THERMIDAUA, ville de la Liburnie. Elle est placée dans les terres par Ptolomée, l. 2, c. 17. Magin lit Thermidana pour Thermidana.

THERMIE OU THERMIA, ifle de l'Archipel, l'une des Cyclades, entre l'isle de Zia au nord & celle de Serfante au midi. Tournefort, Voyage du Levant, t. 1, p. 125, la met à vingt-cinq milles de Syra, de cap en cap; mais, ajoute-t-il, il y a plus de quarante milles d'un port à l'autre; car, pour entrer dans le canal de Thermie, il faut faire presque le tour de la moitié de Syra. On ne compte, par la même raison, que douze milles de Thermie à Zia, Vuuuu iij

quoiqu'il y en ait bien trente-fix milles d'un port à l'autre. Le voifinage de Thermie à Zia, ne permet pas de douter que Thermie ne foit l'ifle de Cythnos, puisque Dicæarque, de ftatu Gracia, la place entre Céos & Sériphus. Il en fortit un grand peintre, qu'Euftathe, ad Dionys. Perieg. appelle Cydias, & les anciens, suivant Etienne le géographe & Julius Pollux, eftimoient les fromages de Cythnos: c'est encore dans cette ifle que fut rejetté par la tempête le faux Néron, esclave, grand joueur de luth & grand musicien, accompagné d'une troupe de gens de sa forte, armés & foulevés, comme Tacite, Hift. 1. 2, c.8, nous l'apprend. L'ifle de Thermie n'est pas escarpée comme la plupart des ifles de l'Archipel, son terroir elt bon & bien cultivé: on y recueille peu de froment, beaucoup d'orge, affez de vin & de figues pour les habitans; mais fort peu d'huile. On prétend que la foie de cette ifle est aufli bonne que celle de Tine; il est vrai qu'elle s'y vend sans coque, au lieu qu'à Tine, on y en laisse beaucoup. Celle de Thermie vaut ordinairement un écu la livre, quelquefois cent fols, & même jusqu'à deux écus, ce qui apporte un profit corfidérable au pays. Le reste du négoce y confitte en orge, en vin, en miel, en cire, en laine; le coton se travaille dans l'ifle, pour l'usage des habitans: on y fait ces voiles jaunes dont les femmes des illes se couvrent la tête; c'est une espéce de gaze allez jolie. Il y a à Thermic une si prodigieuse quantité de perdrix, qu'on en porte des cages remplies dans les isles voisines, où elles ne se vendent que deux parats, c'est-à-dire, trois fols la pièce: mais on y voit peu de lapins & point de liévres: pour du bois, il n'en faut point parler, on n'y brule que du chaume. Les habitans de cette ifle font tous du rite grec, excepté dix ou douze familles latines, dont la plupart sont des matelots François, qui n'ont qu'une pauvre chapelle dans la maison de campagne du conful. L'évêque Grec y eft fort à fon aise, & a plus de quinze ou seize églises dans le seul village de Thermie. La principale est dédiée au Sauveur, fort jolie & bâtie tout au haut du lieu. La plupart des monastères font abandonnés, excepté deux sous le nom de la Vierge, & autant sous celui de S. Michel Archange..

bre, presqu'à moitié enterré, & orné de bas-reliefs. Il y
a aussi quelques autres tombeaux de pierres du pays; c'est
un méchant granit qui se délite facilement. Il reste un terme
de marbre affez maltraité, dont la draperie paroît fort
belle. PALEO-CASTRO est dans un autre quartier de l'ifle,
& n'est pas si ruinée que Hebreo Castro; mais on n'y trouve
ni marbres, ni aucuns restes de magnificence. En récom-
pense on y observe de très belles plantes, surtout un ar-
buste, dont le bois eft recherché par les Turcs, pour faire
les poignées des sabres. On prétend que l'on compte encore
dans cette ville cent une églises, parmi lesquelles il y a,
à la vérité, plusieurs chapelles. Tournefort fit avec son
cadrand universel les remarques suivantes:

Serpho est au sud de Thermie.
Serphopoula au fud-eft.

Siphanto entre le sud-est & le sud-fud-est.
Le Milo rette du sud au fud-fud-ouest.

Le nom de THERMIE vient du grec ΘΕΡΜΟΣ, qui fignifie Chaud. De THERMIA, on a fait par corruption FERMIA & FERMINA.

THERMISSA. Voyez DIDYME I.

THERMITZA, lieu fortifié aux environs de Thessalonique, & dans la Macédoine apparemment. C'est Cédréne qui en parle. Ortelius dit que Gabius, interpréte de Curopalate, nomme ce lieu Therbitza.

1. THERMODON, fleuve de la Cappadoce. Ptolomée, 1.5, 6.6, marque fon embouchure dans le PontPolémoniac. Ce fleuve eft fameux fur-tout chez les poëtes, parce qu'ils vouloient que les Amazones habitassent sur ses bords. Virgile, Eneid. l. 11, v. 659, en a

parlé,

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Quales Threicia quum flumina Thermodontis
Pulsant, & pictis bellantur Amazones armis.

Properce, lib. 3. Eleg. 14, dit:

Qualis Amazonidum nudatis bellica mammis
Thermodonteis turba lavatur aquis.

Le principal village de Thermie en porte le nom; l'au- Et Valerius Flaccus, 1. 4. Argonaut. verf. 600.

tre, qui n'est pas fi grand, se nomme Silaca; les deux ensemble contiennent fix mille ames. Les habitans de toute l'ifle, payent ordinairement mille écus pour la capitation, & pour la taille réelle on leur fait payer environ fix mille écus. Le port de Saint-Erini, à deux milles du village, est commode pour les vaisseaux marchands, de même que celui de S. Etienne, qui est du côté de Silaca: celui-ci regarde le sud-fud eft; mais l'entrée du premier est entre le nord-nord-est & le nord-eft.

Outre les puits qui font aux environs des villages, l'ifle ne manque pas de sources : les plus remarquables font les eaux chaudes dont l'isle a tiré fon nom. Ces eaux sont dans le fond d'un des culs-de-fac du port, au nord-est à droite en entrant. La principale source bouillonne au pied de la colline, dans une maison où l'on va laver le linge, & où les malades viennent suer; les autres fources sortent à quelques pas de là par petits bouillons, & forment un ruisseau qui va se rendre dans la mer, d'où l'on croit que toutes ces eaux viennent parce qu'elles sont salées. Elles blanchiffent l'huile de tartre, & ne causent aucun changement à la folution du fublimé corrosif. Les anciens bains étoient au milieu de la vallée. On y voit encore les restes d'un réservoir bâti de briques & de pierres, avec une petite rigole, par le moyen de laquelle l'eau du gros bouillon se diftribuoit où l'on vouloit. On trouve auffi dans cette ifle

les ruines de deux anciennes villes Hebreo-Caftro & Paleocaftro. HEBREO-CASTRO, ou la Ville aux Juifs, est au fud-ouest fur le bord de la mer, & fur le penchant d'une montagne, auprès d'un port où il y a un petit écueil. La magnificence & la grandeur de ses ruines frapent & annoncent que c'étoit une puissante ville, & celle même dont Dicæarque, de statu Gracie, a fait mention. Parmi ces ruines on remarque trois belles cavernes creusées à pointe de ciseau dans le roc, & enduites de ciment, pour empêcher que les eaux de la pluie ne s'écoulassent par les fentes : les restes des murailles bâties de gros quartiers de pierres de taille en zig-zac, & comme en pointe de diamant, font conjecturer que ce sont les ruines de l'ancienne citadelle. On n'y découvre aucune inscription qui donne le nom de la ville. On remarque auffi un fort beau tombeau de mar

Quid memorem, quas Iris aquas, quas torqueat Ancon?
Proxima Thermodon hic jam fecat arva: memento.
Inclyta Amazonidum, magnoque exorta Gradivo
Gens ubi.

Dans les livres latins, dit Cellarius, Geogr. ant. 1. 3, c. 8, le nom de ce fleuve se trouve souvent augmenté d'une syllabe, & on lit Thermodoon pour Thermodon. Il ne décide pas que ce ne foit une faute, il se contente de dire : cette orthographe n'est pas la meilleure, verum minus rectè : car, ajoute-t-il, les Grecs écrivent conftamment la seconde fyllabe par un • Θερμώδων; ce qui empêche qu'en latin on ne puifle lire Thermodoon; parce que par-là la seconde fyllabe deviendroit breve.

2. THERMODON, fleuve de Scythie. L'auteur du livre des fleuves & des montagnes dit que ce fleuve se nommoit auparavant Crystallus. Ortelius croit que ce fleuve Termodon est le même que le précédent; & il dit qu'Euftate a pensé la même chose.

THERMOPOLIS, ville aux environs de l'Illyrie, selon Ortelius, qui cite Procope, Perfic. lib. 2.

THERMOPYLES OU PYLES, passage de soixante pas de largeur, entre la Phocide & la Theffalie. Divers lacs, outre la mer de Locride & le mont Oeta, embarrassoient encore cette espéce de défilé, que Philippe nommoit la Clef de la Grece. * Les Phocéens, voulant avoir une barriere facile à garder, contre leurs implacables ennemis les Theslaliens, bâtirent une muraille aux Thermopyles, unique voie qui conduifoit de Theffalie en Phocide. Les ouvertures laitsées dans cette muraille, pour ne pas entierement boucher le chemin, s'appellerent Πύλαι, Portes; à quoi quelques bains chauds d'alentour firent ajouter θερμαί chaudes, & de ces deux mots se fit le mot de THERMOPYLES. Quoiqu'on donne communément soixante pas de largeur à ce passage, il y a des endroits où une voiture peut à peine paffer; ce qui a fait qu'Erodote, 1.7, 0.166, a appellé ce déircit αμαξιτὸς μούνη. Il ajoute que la montagne, qui forme le passage des Thermopyles, du côté de l'occident, est très escarpée, & que la mer inonde une partie du chemin du côté de l'orient. C'est près de ce défilé qu'on

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