Images de page
PDF
ePub

dateurs avoient intention de faire. A cette description que Garcillaflo de la Vega, dit avoir tirée de Pedro de Cieça de Léon, c. 105 ; il ajoute la relation fuivante, qui lui avoit été envoyée du Pérou. Parmi plufieurs antiquités, dit-il, qu'on voit dans une province du pays de Callao, nommée Tiahuanacu, il y en a une qui mérite qu'on en transmette le fouvenir à la postérité. Elle est près du lac que les Espagnols appellent CHUCUYTA, & dont le véritable nom eft CHUQUIVITU; On y voit des édifices fort grands, & entr'autres une cour de quinze braffes en carré, & de deux étages de hauteur. A un des côtés de cette cour, il y a une fale de quarante-cinq pieds de long, & de vingt-deux de large, couverte de chaume, comme étoient les appartemens de la maifon du foleil à Cusco. La cour dont on vient de parler, les murailles, la fale, le plancher, le toit & les portes, font tous d'une feule pierre qu'on a prife & taillée dans un grand rocher. Les murailles de la cour ont trois quarts d'aune d'épaiffeur ; & quoique le toit de la falle foit de pierres, il femble néanmoins être couvert de chaume; ce qui a été fait afin qu'il imitât mieux la couverture des autres logemens. Le marais ou le lac joint un des côtés de la muraille, & ceux du pays croient que ces batimens font dédiés au Créateur de l'univers. Il y a dans le voisinage quantité d'autres pierres mifes en œuvre, qui repréfentent diverfes figures d'hommes & de femmes, & qui font parfaitement bien travaillées; les unes tiennent en main des vafes, comme fi elles vouloient boire ; d'autres font affifes, d'autres debout, d'autres femblent vouloir paffer un ruiffeau, qui coule au travers de ce bâtiment, & d'autres repréfentent des femmes & des enfans, qu'elles ont à leur fein ou à leur côté, ou qui les tiennent par le pau de la robe. Les Indiens prétendent que ce font des hommes qui furent autrefois transformés en ces ftatues, pour les péchés énormes qu'ils avoient commis, & particulierement pour avoir lapidé un homme qui paffoit par cette province. TIANE. Voyez TYANA.

TIANO ou THIANO, ville d'Italie, au royaume de Naples, dans la terre de Labour, au couchant de Capoue, dont elle est éloignée de quatre lieues. Cette ville, qui est ancienne, étoit la capitale des Sidicins. Voyez TEANUM: aujourd'hui ce n'eft plus qu'une petite ville: le dôme n'a rien de remarquable, mais on voit un fameux monaftère de religieufes appellé Notre-Dame de Foris; il fut fondé par les Lombards, dans le tems qu'ils étoient maîtres de cette ville. On trouve, au voifinage de Tiano, des eaux minérales, qu'on prétend falutaires pour les gens qui ont la pierre.

Il y avoit anciennement un évêché, qui fut enfuite à Civitare, & enfin reuni à Saint-Severo.

TIANUM. Voyez TEANUM.

TIARE, lieu de l'ifle de Lesbos, au voisinage de la ville de Mitylène. Pline, l. 19, c. 3, dit que ce lieu produifoit une grande quantité de truffes, & Athénée remarque la même chose.

TIARANTUS, fleuve de Scythie. Hérodote, l. 4, dit qu'il fe jette dans le Danube : dans le pays on le nomme Seretus, felon Peucer, cité par Ortélius, Thefaur.

Cependant, fi le Tiviscum de Ptolomée eft aujourd'hui Tergowitz, comme le penfe le commun des géographes; le feuve Tiarantus fera aujourd'hui le Jalonicks, que Samfon appelle Launiza : ce fentiment s'accorde avec celui de Mercator, qui prétend que le nom moderne d'Axiopolis eft Flotz. Flotz eft marqué dans nos cartes fur le Jalonitz, vers fon embouchure dans le Danube.

TIARE, ville de la Troade, felon Pline, 5, c. 30. Ortélius foupçonne que c'eft le même lieu que TIARA. TIARIULIA, ville de l'Espagne Tarragonnoife. ProJomée, l. 2, c. 6, la marque dans les terres, au pays des Ilercaons.

Tiariulia ne fauroit être Teruel, ville de l'Aragon. Or, toutes celles des Ilercaons doivent le chercher fur les Côtes de la Catalogne. Ce x qui difent que c'eft Trauygue, rencontrent mieux. TIASA. Voyez TIESA.

ra

u

TIASSA, fontaine ou fleuve de la Macédoine, felon Héfyche. Athénée en fait un fleuve qu'il nomme TI ASSOS. TIASSUS ou TIASSOS. Voyez TIASSA & TIESA. TIASUM, ville de la Dace. Ptolomée ; l. 3, c. 8, la marque au voisinage de Nentidava & de Zeugma. Le nom moderne eft DIOD, felon Lazius,

TIAUSPA, ville de l'Inde, en-deçà du Gange. Ptolomée, l. 7, c. 2, la marque près du fleuve du côté de l'occident, entre Afigramma & Ariftobathra. Au lieu de Tiauspa, fes interprétes lifent TIAUSA.

TIBA, colonie d'Afrique, felon Onuphre, qui cite Prolomée. Peut-être ce mot, dit Ortélius, fe trouvoit-il dans l'exemplaire dont s'eft fervi Onuphre; cependant je ne le vois dans aucun de ceux que j'ai confultés ; il fe pourroit faire qu'il y auroit faute dans Onuphre, & qu'au lieu de THIBA, il faudroit lire TICIBA.

TIBAENS, (faint Martin de) abbaye d'hommes ordre de faint Benoît, en Portugal, dans la province enue Duero & Minho, au diocèfe & à une lieue au couchant de Brague. L'abbé est régulier, & triennal. TIBARENI, peuples du Pont, aux environs de la Cappadoce. Pomponius Mela, l. 1, c. 9, Strabon, l. 12, p. 548, & Pline, l. 6, c. 4, en font mention. Ils font appellés TIBRANI par Euftathe, & TIBARI par Eufébe Prap. l. 1. Leur pays touchoit celui des Calybes, & ils faifoient confifter la fouveraine félicité à jouer & à rire. Pintaut a remarqué, fur Pomponius. Méla, que fouvent on écrivoit TIBARANI pour TIBARENI. La contrée qu'habitoient ces peuples eft nommée TIBARANIA OU TIBARENIA par Etienne le géographe. C'eft encore d'eux dont parle Diodore de Sicile, l. 14, fous le nom de TIBARISTRIBUS. Ces peuples étoient fi fort attachés à l'équité, qu'ils n'auroient pas voulu attaquer leurs ennemis en guerre, fans les avoir avertis du lieu & de l'heure du combat. Quand leurs femmes avoient mis un enfant au monde, elles fervoient leurs maris, qui fe mettoient au lit, & faifoient les accouchées.

TIBARI, peuples dont parle Eufébe, Prap. I. 1, qui dit que leur coutume étoit de précipiter les vieillards. Ces TIBARI font les mêmes que les TIBARENI. Voyez ce

mot.

TIBARITANUS, fiége épiscopal d'Afrique, dans la Byzacène, felon la conférence de Carthage, où Victor est qualifié episcopus plebis Tibaritana. * Hardouin, Collect. conc. t. 1, p. 1087.

TIBAS, contrée où croiffoit le vin appellé vinum Tibe num, felon Galien; mais il ne dit point où étoit cette contrée. Ortélius foupçonne qu'elle pouvoit être dans l'Asie, où il y avoit un peuple appellé TIBII. Voyez ce mot.

TIBELIUS, lieu d'Afie, au voifinage de la Lafique. Agathias, l. 4, qui dit qu'il y avoit une garnifon dans ce lieu, ajoute qu'il faifoit la borne entre les Mifimiens & les Abfiliens.

TIBERIA, ville de Thrace, felon Callifte, cité par Or. télius. Elle devoit fa fondation à l'empereur Tibere dont elle portoit le nom.

1. TIBERIACUM, ville d'Italie, au voisinage de Ravenne. Voyez au mot AD, AD-CABALLOS, dans le pays des Ubiens.

2. TIBERIACUM, ville de la basse Germanie, felon l'itinéraire d'Antonin, qui la marque fur la route de Colonia-Trajana à Colonia Agrippina, entre Juliacum & Colonia-Agrippina, à huit milles de la premiere de ces villes, & à dix de la feconde. C'est aujourd'hui Bercheim, qui conferve en quelque forte fon ancien nom.

TIBERIADE, ville la Galilée, à l'extrémité méridionale du bord occidental du lac de Génézareth, qu'on appelloit auffi mer de Tibériade de fon nom. (a) On croit que fon nom aucien étoit Cinnereth, Chammath, ou Emath, Raccat, ou Recchat; mais Reland, Palaft. t. 2, p. 1037; montre affez bien que cela eft fort douteux, & n'eft fondé que

fur ce que la mer de Cinnereth fut depuis nommée mer de Tibériade; ce qui ne prouve point du tout que Cinnereth & Tibériade foient la même chofe; de plus, il remarque que le lot de Nephtali (b) ne commençoit du côté du midi qu'à Capharnaum, () qui eft plus feptentrionale que Tibériade; & toutefois Cinnereth, Hemath, & Reccath font du lot de Nephtali. Tibériade n'en peut donc être, puisqu'elle étoit tout au midi du lac de Tibé riade. (a) Dom Calmet, Di&t. (b) Matth. 4, 13. (©) Josué,

[blocks in formation]

ville de Sephoris, dont il avoit fait la capitale de la Galilée. Il fit la dédicace de Tibériade dix ans après, deux ans environ avant le baptême de Jefus-Chrift. Il y avoit, affez près de Tibériade, des bains d'eau chaude, & elle étoit fituée dans un lieu où il y avoit quantité de tombeaux & de corps morts, (a) ce qui étoit tout-à-fait contraire aux ufages des Juifs. Cette ville fe trouvoit à trente ftades d'Hippos, à foixante de Gadare, à cent vingt de Scythopolis (b) & à trente de Turichée. S. Epiphane, lib. 1. adverf. hæref. p. 127 & 128, remarque que le comte Jofeph découvrit du tems du grand Conftantin, dans les archives ou dans le tréfor de Tibériade, l'évangile de S. Jean & les actes des apôtres traduits en hébreu, & qu'avant ce tems, il n'étoit permis à aucun chrétien de demeurer à Tibériade, ni à Capharnaum, ni à Nazareth, ni à Diocéfarée, & que le comte Jofeph ayant obtenu de Conftantin la permisfion d'y bâtir une église au nom de Jesus-Chrift, il fe fervit d'un grand temple nommé Adrianeum, qui n'avoit jamais été achevé ni confacré; il le fit achever & confacrer pour l'ufage des chrétiens. Lampride nous apprend auffi que les empereurs Alexandre, Sévére & Adrien avoient eu deffein de mettre Jefus-Chrift au rang des dieux, & de lui confacrer des temples: d'où vient qu'encore aujourd'hui, dit cet auteur, on voit dans toutes les villes des temples fans ftatues, que pour cette raifon on appelle des Adriens. Dans la fuite, Tibériade fut érigée en évêché fuffragant de l'archevêque de Nazareth, & cette ville fut le lieu de la naiffance de S. Jofeph de Paleftine. (4) Jofeph, Antiq. 1. 18, c. 3. (b) Idem, de vita fua,

p. 1025.

Tibériade, dit le pere Nau, dans fon voyage de la Terre-Sainte, p. 599, a été une ville fort petite, fi l'on en juge par les murailles d'aujourd'hui, qui font en bon état, fort élevées & toutes entieres. Il y a en France des monastères auffi vastes, & qui la verroit en Europe par le dehors, pourroit penfer que c'en étoit un. Sa figure eft presque carrée, les murailles font fans tours: elles ont feulement leurs créneaux, d'où on pouvoit fe défendre. La grande porte qui eft du côté d'occident eft condamnée, & on n'entre que par une qui eft du côté du midi; peu de gens y demeurent, & l'on n'y voit par-tout que des débris. On trouve néanmoins fur le bord de la mer un château qui a été bien fort en fon tems, & qui entre beaucoup de bréches a plufieurs chofes entieres. Après cette fortereffe, il y a des ruines qui femblent être d'une grande églife; mais cela eft fi peu vifible & fi près de terre, qu'on a peine à s'en appercevoir, à moins d'y faire une particuliere réflexion. L'églife qui eft enfuite près des murailles qui regardent le feptentrion, au bout de la ville & presque fur le rivage, n'eft pas de même; elle n'a rien de ruiné, c'est une feule nef affez grande. Le prince Tancrede en eft, à ce qu'on croit, le fondateur, &, felon les apparences, c'eft de cette églife que parle Guil Jaume de Tyr, l. 2, c. 13. Elle fut dédiée à S. Pierre, parce que ce fut là que Notre-Seigneur, felon la tradition, apparut à ce faint, & aux autres disciples qui pêchoient, & leur fit connoître fa puillance par une pêche abondante. Cette églife fut d'abord changée en mosquée. A préfent elle fert d'étable. Les murailles qui environnent aujourd'hui cette ville, ont été bâties, à ce qu'on prétend, pår une veuve Juive qui les fit faire, afin que les Juifs qui y étoient alors en aflez grande quantité y demeuraffent, mais il y a long-tems que les extorfions & la tyrannie des Turcs les en ont chaffés, de forte qu'il n'y en a pas un aujourd'hui. Entre ces murailles & le bord de la mer, il y a plufieurs palmiers. D'ici l'on a une très-agréable vue fur la mer de Galilée, à côté de laquelle on voit l'Arabie pierreufe; & l'on y remarque aifément l'endroit où le Jourdain fe décharge dans cette mer. * Le Brun, Voyage du Levant, t. 2, p. 3 2 3.

Tibériade s'étendoit autrefois plus d'une demi-lieue fur le rivage du lac qui porte fon nom. La largeur étoit beaucoup moindre, étant bornée à fon occident d'une haute montagne fort escarpée & presque fans talut, qui l'empêchoit de s'accroître de ce côté. Tout eft plein de belles ruines, qui font connoître fon ancienne beauté. On en voit de continuées jusqu'à un admirable bain d'eau chaude, qui eft encore entretenu, & où l'on va fe baigner ; on fent dedans une chaleur extraordinaire caufée par les exhalaifons de l'eau. Uy a dedans deux baffins; l'eau eft fi chaude dans l'un

qu'il eft impoffible de la fouffrir, celle qui eft dans l'autre eft plus tempérée. La fource de cette eau eft à fix ou fept pas hors de ce bain; elle eft fi chaude & fi bouillante, qu'il n'eft non plus poffible d'y tenir la main, que dans un pot qui bout fur le feu. Son goût eft enfoufré, ferré & falé; elle est médicinale, & les bains en font tout-à-fait falutaires. Jofeph, . 4, de Bell. c. 1,& l. 5, antiq. c. 4, appelle ce lieu Emaus, & il eft à croire que ces eaux médicinales d'Emaus, dont parlent Nicéphore & Sozomène, ne font autres que celleslà, car on n'en trouve point à l'Emaus, où Notre-Seigneur fut invité par deux de fes disciples le lendemain de fa réfurrection. Près de cette fource d'eau ardente, il y en a une autre qui ne l'eft pas tant, elle fert à modérer dans le bain l'ardeur de l'autre.

Le LAC DE TIBÉRIADE, l'ÉTANG DE TIBÉRIADE, la MER DE TIBÉRIADE, tous ces noms fignifient la même chofe que le LAC DE GENESAR OU GENESARETH, ou la MER DE CINERETH ou de CENNERETH,.ou fimplement la MER DE GALILÉE. Voyez CENNERETH.

Ce fut aux environs de cette ville que Saladin battit Lufignan, & le fit prifonnier vers l'an 1187.

مى

TIBERIANI-CAMPI. Frontin, de Coloniis, p. 114 120, donne ce nom à des champs d'Italie, qu'il croit fitués entre Rome & Tivoli. Ils avoient pris le nom de l'empereur Tibere, parce que ce prince les avoit fixés à vingtcinq arpens.

TIBERINA-CASTRA, lieu de la Vindélicie. Lazius, in fua Vienna, dit que c'eft le village de PERINGEN, au voifinage de Dingelfing, dans la batle Baviere.

TIBERINA-INSULA, ifle du Tibre, dans la ville de Rome, felon Vitruve, cité par Ortélius. Suétone la nomme l'ifle d Esculape, iu Claudio; & felon Plutarque, in Publicola, on Publicola, on l'appelloit à Rome l'ifle Sacrée & l'ifle des deux Ponts. Voici de quelle maniere il rapporte l'origine du premier nom. Parmi les biens des Tarquins, il fe trouvoit une pièce de terre dans le plus bel endroit du champ de Mars; on la confacra à ce dieu, dont on lui donna le nom; les bleds ne venoient que d'être coupés, & les gerbes y étoient encore. On ne crut pas qu'il fût permis d'en profiter, à caufe de la confécration qu'on venoit d'en faire; mais on prit les gerbes & on les jetta dans le Tibre avec tous les arbres que l'on coupa, laiffant au dieu le terrein tout nud & fans fruit. Les eaux étoient alors fort baffes, & ces matieres ne furent pas portées fort loin, par le fil de l'eau, elles s'arrêterent à un endroit découvert, y prirent racine, arrêterent le limon que l'eau charioit, ce qui forma un amas fi confidérable, qu'il devint une ifle qu'on appelle à Rome l'ifle Sacrée, où il y a divers temples confacrés aux dieux, & plusieurs portiques. On l'appelle en latin, ajoute Plutarque, l'isle des deux Ponts. Il y a pourtant des écrivains qui prétendent que cela n'arriva pas lorsque cette pièce de terre de Tarquin fut confacrée à Mars, mais plufieurs fiécles après, lorsque la Vestale Tarquinie lui dédia un champ qui lui appartenoit & qui touchoit à celui de Tarquin.

TIBERINA-REGIO, contrée de la Cappadoce. Il en eft fait mention dans les lettres de S. Grégoire de Nazian ze, citées par Ortélius. C'est dans cette contrée qu'étoit le lieu nommé ARIANZUS.

TIBERINI. Voyez TIFERNUM.

1. TIBERIOPOLIS, ville de la grande Phrygie, felon Ptolomée, l. 5, c. 2, & Socrate. Le cinquiéme concile de Conftantinople l'attribue à la Phrygie Pacatiane, & Sophien Tappelle STROMIZZA.

2. TIBERIOPOLIS, ville de la Bulgarie, fur le bord du Pont-Euxin, felon Leunclavius, qui cite Curopalate. Il ajoute que le nom moderne eft VARNA.

TIBERIS. Voyez ALBULA, THYMBRIS & TYBRE. TIBERON, (cap de) cap de l'Amérique feptentrionale, dans la partie occidentale de l'isle de Saint-Domingue, au midi de celui de Dame Marie, ou Donna Maria. Il a pris fou nom d'une espèce de poillon qu'on y pêche, & qui eft gros comme un chien d'attache.

TIBERTINI. Voyez TIFERNUM & METAURENSES. TIBERVILLE, bourg de France, dans la Normandie, élection de Lifieux. Il y a droit de foire & de marché.

TIBESIS. Voyez PATHISSUS.

TIBET, THIBET ou TOUBET, (a) pays de Tartarie. C'eft la partie feptentrionale du royaume de Tangut. Le Tome V. A Aaaaa

Tibet à la Chine à l'eft, à l'oueft le Mogol, & au fud un coin du Mogol, & les états du roi d'Ava; on l'appelle encore Barantola, c'eft le nom que différentes nations tartares donnent à tous les pays qui font depuis la grande riviere Ta long, jusqu'à la fource du Gange, & qui connennent plus de vingt degrés de l'orient à l'occident, & plus de huit du feptentrion au midi. Le pere du Halde, (b) dans fa carte, donne cette étendue au Tibet, & avoue luimême, qu'il eft difficile d'établir des limites bien précises dans ces contrées. Les habitans de Cachemire & des villes fituées au-delà du Gange, lui donnerent le nom de Bouson ou Boman. Les Chinois l'appellent Tfan & Tfan li, parce que fes peuples ont donné le nom de Tfan pou à la riviere qui le traverfe; les uns & les autres le nomment fouvent Lafa, parce que c'eft dans le pays de Lafa qu'eft fitué le Pagode, où réfide le grand lama, qui, par cette raifon, eft de tout le Tibet, le canton le plus respectable, le plus habité & le meilleur ; on y trouve toutes les commodités de la vie, & l'on y voit grand nombre de lamas & de pélerins. L'on ne fait pas bien d'où vient encore le nom de Tangouth, qu'on trouve fur quelques cartes d'Afie. Il a paru au pere du Halde, d'après le pere Regis, que c'étoit un nom commun à tous les pays, depuis les terres des Tartares Kokonor, contiguës aux terres de Si ning, ville de la province de Chenfi, allant jusqu'à la fource du Gange, & qu'ainfi il comprend le Tibet, & les larges plaines & tous les déferts qui font à fon nord & à fon Quest.

Les peuples du Tibet vivent de la culture de la terre, & habitent des bourgades ou villages, & des villes, mais elles font toutes fort petites, & il n'y en a pas une qui foit en état de défense; Lafa même où le grand lama tient fa cour, eft plutôt un temple célébre qu'une ville. Il y a auffi un très-grand nombre de pagodes, dont la plupart font

beaux & riches.

D'une infinité de rivieres qui arrofent le Tibet, on ne peut dire quelles font celles qui fourniffent tout l'or qui fe transporte à la Chine, & qui y eft à meilleur marché que par-tout ailleurs, apparemment que l'on en trouve dans les fables de plufieurs de ces rivieres; il eft certain que la grande riviere Kin cha Kiang, qui entre dans la province d'Yun nan, en charrie beaucoup dans fon fable, auffi fon nom fignifie-t il fleuve à fable d'or.

Il n'y a guères qu'un fiècle que le Tibet étoit gouverné par un roi naturel du pays, prince affez puiffant, que l'on pourroit croire avoir été le Prêtre-Jean fi célébre dans l'histoire ; dès lors le grand Lama ou Dalai Lama, demeuroit à Lafa, mais il n'étoit pas fouverain temporel du pays, il étoit feulement reconnu pour chef des Lamas, du Tibet & de toute la Tartaric. Les Tartares, qui le reverent comme une divinité fur terre, jugerent que le roi de Tibet ne le traitoit pas affez honorablement, & que c'étoit à eux à venger fa dignité du mépris qu'on en faifoit. Un roi des Tartares Eluths, appellé Couchi han, étant à leur tête, vint fondre fur le roi de Tibet, le défit en bataille rangée, le fit prifonnier, & le fit mourir : il donna le royaume de Tibet au Da lai Lama, fe tint même honoré de fe dire fon vaffal, & pour lui affurer cette conquête, il fixa fa demeure auprès de Poutala, montagne dans le pays de Lafa, où eft bâti le pagode de ce pontife. Effectivement ce roi, quoiqu'il demeura au cœur des états de Tibet, ne fe mêloit en aucune forte du gouvernement de ce royaume; fe contentoit de régner fur les Eluths qui errent çà & là, felon leurs coutumes, dans les terres où il y a de meilleurs pâturages. Le fils & le fucceffeur de Couchi han ne fe mit pas en peine de retourner dans un pays que fon pere avoit abandonné, & protégea encore le grand lama. Talai han, petit-fils de Couchi han, marchoit fur fes traces & fur celles de fon pere, lors. que pour défendre le grand lama, il eut à faire la guerre avec un prince, neveu du Caldan, roi des Eleuths, & nom. mé Tfe vang raptan, qui avoit envie, difoit-il, de remettre les lamas fur l'ancien pied, & de les réduire au point de n'avoir d'appui que dans la bonté & dans la puiffance des princes du pays. Talai han fut défait & tué dans un combat que lui livra l'armée de Te vang raptan, le pays de Lafa fut ravagé, les pagodes pillés; on n'épargna pas celui du grand lama, où l'on trouva des richelles immenfes ; cependant les Thibétains & autres Tartares fidéles dans leur attachement au grand lama, ayant eu le tems de fe reconnoître, après quelques combats, & aidés des troupes de l'empereur

de la Chine, ont forcé celles de Tfe vang raptan de fe retirer dans leur pays. Depuis cette guerre l'on ne peut rien dire de bien certain fur la forme du gouvernement; mais avant ces troubles le grand lama étoit le maître abfolu fpirituel & temporel de tout le Tibet. Comme il faifoit profeflion de ne pas s'embarraffer des affaires du fiécle, il ne s'occupoit que du gouvernement fpirituel & pour le temporel choifitloit un homme du pays, auquel il donnoit le nom de Tipa, avec le pouvoir de gouverner les peuples en fon nom. Ce Tipa ou vice-régent porte l'habit le plus réveré, c'est-à-dire, celui des lamas, quoiqu'il ne foit point allujetti aux obligations de cet état, & qu'il foit marié. Cette puiflance temporelle, jointe ainfi à la fpirituelle, n'a pas peu contribué à porter au plus haut degré le respect que l'on a pour le grand lama : il va jusqu'à l'adoration.

Ce pontife demeure dans le plus beau des pagodes, qui font en grand nombre fur la montagne de Toutala, & en occupe l'étage le plus élevé, & qui en est le septiéme; il est placé fur une espéce d'autel affis fur un large & magnifique couffin, les jambes croifées, c'eft en cet état qu'il reçoit les adorations des gens du pays, & d'une multitude furprenante d'étrangers, même de l'Indouftan, qui entreprennent de longs & pénibles voyages pour venir à deux genoux lui of-. frir leurs hommages & recevoir fa bénédiction. Dans le tems que les armées des Eleuths entroient dans les terres du Tibet, il fe trouva à Lafa une princefle Tartare, avec fon fils, dont les terres étoient au nord de la mer Caspienne, cat les Tartares après les Tibétains, font les plus aflidus à rendre leurs devoirs au grand lama.

Les princes ne font pas plus dispenfés des humiliantes cérémonies que le bas peuple, & ne font pas plus respectés du grand lama; il ne rend le falut à perfonne, ne fe découvre ni ne fe leve jamais pour qui que ce foit ; il fe contente de mettre la main fur la tête de fes adorateurs, qui croyent obtenir par-là la rémiffion de leurs péchés.

Les princes & les peuples fe foumettent fans peine à tous ces devoirs, par l'idée qu'ils ont de la fainteté du grand lama; ils font perfuadés que Foë vit en lui, qu'il fait tout, qu'il voit tout, qu'il lit dans le fond des coeurs, fans qu'il lui foit néceffaire de faire des questions, ou d'ordonner des informations; qu'il eft immortel, & que quand il paroît mourir, il ne fait que changer de demeure en renaislant dane un corps tout neuf, qu'il ne s'agit alors que de chercher en quel lieu il lui a plu de prendre une nouvelle naisfance, & qu'il ne manque pas de fe faire reconnoître. Quel bonheur pour le pays de l'avoir trouvé; on a vu des princes Tartares faire eux-mêmes cette recherche, ils font néanmoins obligés de s'en rapporter à certains tamas, qui seuls font inftruits des fignes auxquels il peut être reconnu, ou plutôt qui feuls connoiffent quel eft l'enfant que le précédent grand lama a défigné pour être fon fuccceffeur.

Les prodiges qu'on attribue aux lamas & certaines chofes furprenantes qu'ils font quelquefois, contribuent à entretenir une fuperftition fi aveugle & fi générale ; ils les ont même fait connoître dans des fiécles reculés, car quoique le Tibet foit une des moins illuftres parties de l'Afie, on n'a pas laiffé d'en parler il y a fort long-tems. Marc Paul Vénitien, qui écrivoit au XIIIe fiécle, & qui fe trouva à la fuite des Tartares connus à la Chine, parle affez clairement du chef de ces religieux Tartares nommés Lamas.

Ce grand pontife confere divers degrés de pouvoir & de dignité à fes lamas, qui font les religieux & les prètres, dont le plus éminent eft d'être boutoulou ou fo vivant. Hy a dans le Tibet un grand nombre de pagodes pour eux & pour les lamas les plus diftingués. Il ne faut pas croire que ce ne foit que les habitans du Tibet qui puiffent parvenir à la dignité de lama, on voit des Tartares & même des Chinois qui y aspirent, & qui vont à Lafa pour le devenir. Ceux qui peuvent être admis au rang des disciples du grand lama, qui ne paffent pas le nombre de deux cents, regardent ce choix comme un vrai bonheur & comme une grande fortune; c'est parmi eux qu'on choifit les grands lamas fubalternes; les houtouctous même, quelques marques qu'ils s'imaginent avoir en eux de la préfence de Foë, ne font point reconnus pour tels, à moins qu'ils n'ayent demeuré un certain tems dans l'école du grand lama; mais ils n'ont pas été plutôt faits houtouctous, qu'ils vivent dans l'honneur & dans l'opulence par la foule des adorateurs qui viennent à eux de toutes les contrées voisines, & par quantité de préfens qu'on leur fait. Les lamas font les doc

la

teurs chargés d'inftruire les peuples; comme toute la fcience des plus favans confifte à favoir lire leurs anciens livres, & que la plupart ne les favent pas même lire, on peut dire généralement qu'ils font très-ignorans. La raifon pour la quelle ils ne favent pas même lire leurs anciens livres, c'eft que la langue dans laquelle ils font écrits, eft une langue morte dont ils ne peuvent faire ancun usage, ni en parlant en public, ni en compofant des livres.

On trouve pourtant chez ces peuples d'aflez bons médeeins; on en voit aufli quelques-uns qui favent fupputer le mouvement des aftres & prédire les éclipfes.

La langue qu'on parle au Tibet eft entierement différente de celle des Tartares, elle eft presque la mêine que celle des peuples nommés Si fan, & elle n'en differe qu'en certains mots & en quelques prononciations. Le pays des Si fan confine avec trois provinces de la Chine; favoir, celle de Chenfi, celle de Se tchuen & celle d'Yun nan, depuis le 35d de latitude nord, jusqu'au 30°, & s'étend à l'occident jusqu'à la riviere d'a long. Cette conformité de langage des Si fan avec les Tibétains, fait que nonobftant la diverfité qui le trouve dans la forme du gouvernement & dans la maniere de vivre & de fe vêtir, les Chinois comprennent fous le nom de Si fan, ces peuples leurs voifins, & tous ceux du Tiber, & quelquefois même, comme on le voit dans leurs livres, toutes les nations occidentales à leur empire. C'est par cette raifon que la langue & l'écriture du Tibet eft fort fouvent nommée par les Chinois, langue de Si fan, écriture des Si fan.

On ne fait rien de bien particulier des plantes que fournit le Tibet, ni des avantages qu'on en peut tirer pour le commerce; on pourroit en être inftruit par la voie de Bengale, car il y a plufieurs années que le chemin de-là jusqu'au Tibet y eft connu. (a) Mémoires du P. Gerbillon. (b) Desc. de la Chine, fol. t. 1 & 4.

Il y a beaucoup de musc dans le Tibet: les habitans en font un commerce considérable. L'animal qui produit ce musc fe nomme cerf du musc: il reffemble à la gazelle : fa tête approche de celle du cochon ou du fanglier. Il a des défenses comme l'éléphant. On éleve ces animaux, & on les fait paître par troupeaux. Il leur vient tous les ans fous le ventre une tumeur qui croît avec la lune. Lorsque cette tumeur eft mûre, elle leur caufe de la démangeaifon. Pour remédier à cette incommodité, ils fe frottent contre les roches, & font crever la tumeur qui l'occafionne. Le fang ou le pus qui en fort, fait le musc. Le jaunâtre eft le meilleur. Ces animaux, ne fe nourriffant que de nard, produifent un musc excellent, & très recherché. Manuscrits de la Bibl. du roi.

TIBIANA. Voyez TABIANA.

*

TIBIGENSE-OPPIDUM, ville de l'Afrique propre, Ce. lon Pline, L. 5, c. 4. C'eft la THIGIBA de Ptolomée, l. 4, 4. 3, & la Tibha de fes interprétes.

TIBII, peuples d'Afie, aux environs de la grande Arménie, felon Octélius, qui cite Cédréne & Curopalate, & ajoute que leur métropole fe nommoir TIBIUM. Gallien 4.1. Meth. medendi, fait aufli mention de ces peuples. Strabon, lib. 7, p. 304, dit qu'on donnoit le nom de TIBI1 aux esclaves que l'on tiroit de la Paphlagonie. C'eft à quoi fait allufion Lucien dans fon Timon, p. 73, ed. Bened. Selon Suidas toute la Phrygie étoit appellée TIBIA.

TIBILIS. Voyez TIBILITANE-AQUÆ. TIBILITANE-AQUÆ, lieu de l'Afrique propre. L'itinéraire d'Antonin la marque fur la route de Cirta, à Hippone, entre Cirta & Villa Serviliana, à cinquante quatre milles du premier de ces lieux, & à quinze milles du fecond. Ce lieu eft nommé TIBILIS dans la cent vingt-huitiéme lettre de faint Augustin, ad Donatum, & c'étoit un fiége épiscopal. Voyez TIBILITANUS.

TIBILITANUS, fiége épiscopal d'Afrique, dans la Numidie. La notice des évêchés d'Afrique nomme fon évêque Simplicius.

TIBINA. Voyez TUBUNIS. TIBIRITANA. Voyez TIBIURA. TIBISCA, ville de la balle Mafie, felon Ptolomée, 1.3, 6. 10. Le nom moderne eft Sophia, à ce que dit Niger.

TIBISCUM, ville de la Dace. Prolomée, l: 3, c. 8, la marque au nombre des villes les plus confidérables de ce quartier.

TIBISCUS, fleuve de la Dace, felon Ptolomée, 4.,

7. Ce fleuve fe trouve nominé Tibiffus dans une ancienne inscription rapportée par Gruter, p. 448,2°. 3. Pline, 4. 4, 6. 12, l'appelle PATH ISSUS, & l'anonyme de Ravenne T1BISIA. Ila fa fource dans les monts Krapack, & fon embou chure dans le Danube, un peu au deffus de celle de la Save. Le nom moderne eft TEISSE

TIBISENA OSTIA. Valerius Flaccus, l. 6, nomme ainfi l'embouchure d'un fleuve de Scythie. Comme aucun auteur ne connoît ce fleuve, Ortélius feroit tenté de croire que dans Valerius Flaccus, au lieu de Tibifenaque juxta Oftia, il faudroit lire Boryfthenaque juxta Oftia. Ce qu'il y a de cer tain, c'eft que la fable que rapporte Valerius Flaccus eft placée par Hérodote dans une contrée appellée Hylea, & qui étoit voifine du Borysthène.

TIBISIA, fleuve de la Sarmatie Européenne, felon Jornandès. C'est le Tibiscus de Prolomée.

TIBIUM, montagne de Phrygie. Etienne le géographe dit qu'elle tiroit fon nom d'un certain Tibius, & qu'elle le donnoit aux esclaves appellés Tibiens. Voyez TIBII.

TIBIURA, ville de l'Afrique, felon l'acte du martyre de l'évêque S. Felix, cité par Orrélius. Il ajoute que Baronius aime mieux lire TIBARITANA ou TIBARENSIS, que TIBIURA.

TIBRACANA, ville de la Médie. Prolomée, l. 6, c. 2, la marque dans les terres. Au lieu de TIBRACANA, le manuscrit de la bibliotheque palatine porte THE

BARGA.

TIBRE, fleuve d'Italie, en latin TIBERIS, auparavant TYBRIS & premierement ALBULA, felon Pline, 1.3, 6.5, Virgile dit la même chofe dans le huitiéme livre de l'Éneïde, v. 330.

Tum reges, asperque immani corpore Tybris,
A quo poft Itali fluvium cognomine Tvorim
Diximus: amifit verum vetus Albula nomen.

Ce fleuve que les Italiens nomment Tevere, prend fa fource a l'Apennin, dans la partie orientale du Florentin affez près des confins de la Rómagne ; il coule en ferpentant du nord occidental au midi oriental. Il reçoit diverfes.rivieres; la Souara, d. le Nicone, d. la Paglia, d. la Carpina, g.

la Lefa, g. l'Afino, g. le Chiscio joint au Topino, g. la Puglia, g. le Neftore, d. le Chiane, d. Rio-Turbido, d. Rio-Chiaro, d. la Nera, g. le Campano, g. la Friglia, d. 'l'Himella, g. le Galantino, g. la Farfa, g. le Correfe, g. le Teverone, g. la Galera, d.

Les villes qu'il arrofe, font Borgo, g. Cina di Castello; g. Eratta, g. Todi, g. Orta, d. Citta-Cafteliaria, d. Rome, d. Porto, d. Oftie, g..

Le Tibre, en fe jettant dans la mer, fe partage en deux bras, dont celui qui eft à la droite prend le nom de FIUME CHINO, & celui qui eft à la gauche conferve celui de Tibre ou Tevere. Ce dernier, qui court au fud-ouest, étoit l'unique par lequel ce fleuve fe déchargeoit autrefois dans la mer, & c'est ce qui avoit fait donner à la ville qui étoit fur fon bord oriental, le nom d'OSTIA, comme étant la porte par laquelle le Tibre entroit dans la mer; car on prétend que la mer baignoit autrefois les murailles de cette ville, de forte qu'on pourroit penfer que l'ifle Sacrée ; appellée aujourd'hui Ifola Grande, n'a été compofée ou accrue que du limon du Tibre qui s'eft ouvert un autre canal dans la partie occidentale de cette terre, & en a fait une ifle. Le Tibre fe décharge donc à préfent dans la mer par deux bouches. On appelle l'ancienne Foce di Levante ou Bocca de la Fiumara, la bouche du Levant ou de Fiumara, c'est-àdire, du grand fleuve, quoiqu'elle ait à préfent si peu d'eau, qu'il n'y a plus que les felouques qui y puiffent pas fer. La bouche du Ponent s'appelle communément Fiumicino ou le petit fleuve, quoiqu'il ait beaucoup d'eau, & que ce foit le paffage de tous les bâtimens qui vont à Rome. Le Fiumecino, dit Michelot dans fon portulan de la Méditerranée, fe jette dans la mer, au milieu des plages romaines. A l'entrée de cette riviere, principalement du côté du nordoueft, il y a une longue pointe baffe, qui s'avance fort au large, fur laquelle il y a quelques tours & maifons ça & là, & plufieurs arbres, qui, de loin, reffemblent à des voiles ou à des tours. Au bout de cette pointe il y a des pointes de fable fous l'eau, qui vont fort au large, auxquelles il faut prendre garde. Il ne peut entrer dans ce fleuve que des barTome V. A Aaaaa ij

ques & des tartanés: l'entrée en eft allez large; mais comme il y a plufieurs bancs de fable, il faut y être pratiqué. A trois ou quatre milles, plus au fud-est de fonembouchure, il y a proche de la mer, une grofle tour à huit côtés, avec une espéce de pavillon au milieu, qui donne une entiere connoiffance de l'embouchure de cette riviere, & qui eft d'une grande conféquence: proche de la tour, au fud-eft, on voit deux grandes maisons. De la pointe de Fiumechin au cap d'Ancio, la route eft de fud-eft, quatre degrés vers le fud, trente-quatre milles entre les deux il y a un peu d'en foncement, les terres font fort baffes proche la mer, on voit quelques tours & maitons le long de la marine. Presque à moitié chemin de l'un à l'autre, il y a une pointe un peu avancée, fur laquelle on voit une tour qu'on appelle tour de Vayanica, & environ fix à fept milles plus au fud-eft, on trouve celle de S. Lorenzo, aussi fur une pointe; il y en a encore une autre entre celle-ci & le cap d'Anchio. Lorsqu'on eft par le travers de cette groffe tour où eft le pavilkon, qui eft trois milles au fud-eft de l'entrée de la riviere du Tibre, on découvre affez diftinctement le haut du dôme de l'églife de S. Pierre de Rome. Toute cette côte, depuis la pointe de fainte Marinelle jusqu'au mont Cercelle, l'espace d'environ cent dix milles, eft bafle & bordée de plages de fable. On les appelle les Plages Romaines. Depuis Palo jusqu'au cap d'Ancio, il y a une très-grande plaine & plufieurs marécages & étangs, ce qui fait en partie que les vapeurs y font très épaiffes, & l'air gras; & c'est ce qui empêche de reconnoître la terre, & qui rend cette côte plus dangereufe, outre que les mers portent le plus fouvent vers la plage, à quoi il faut prendre garde. Labat, Voyage d'Italie, t. 8, p. 60.

Le Tibre n'a été fameux que parce qu'il arrofoit la capitale du monde. Il eft large dans Rome d'environ trois cents pieds: il eft affez rapide, & a beaucoup de profondeur. Suétone rapporte qu'Augufte le fir nettoyer, & l'élargir un peu, afin de faciliter fon cours. D'autres princes ont fait auffi leurs efforts, pour empêcher les défordres de fes inondations; mais presque tous leurs foins ont été inutiles. Le Sirocco-Levante, qui eft le fud-eft de la Méditer ranée, & qu'on appelle en Italie le vent marin, fouffle quelquefois avec une telle violence, qu'il repoutfe, ou du moins arrête les eaux du Tibre à l'endroit de fon embouchure; mais quand les neiges de l'Apennin, ou une pluie de quelques jours viennent à groffir les torrens qui tombent dans le Tibre, cette riviere caufe des inondations, qui font le fleau de Rome, comme les embrafemens du véfuve font le fleau de Naples. L'eau du Tibre eft toujours trouble & jaunâtre; mais quand on la laiffe repofer du foir au lendemain, elle devient belle & claire, & l'on asfure qu'elle eft parfaitement bonne; cependant on a toujours fait des dépenfes prodigieufes pour faire venir d'autres eaux à Rome, & ce que l'on faifoit autrefois à cet égard, on le fait encore aujourd'hui. * Miffon, Voyage d'Italie, t. 2, p. 176.

[ocr errors]

TIBRONANUS SALTUS, bois dont il eft fait mention dans une ancienne inscription rapportée par G. Mérula, dans fa Gaule Cifalpine. Ce bois devoit être dans le Milanez.

TIBULA, ville de l'isle de Sardaigne. Elle eft marquée par Prolomée, 4.3, 6. 3, fur la côte feptentrionale de Fisle, entre Juliola Civitas & Turris-Biffonis civitas. L'itinéraire d'Antonin, qui écrit TIBUL, lui donne un port, d'où il commence trois de fes routes. Cette ville étoit apparemment la capitale des peuples Tibulatii, qui habitoient, felon Ptolomée, dans la partie feptentrionale de

l'isle.

TIBULATII. Voyez TIBULA.

TIBUR, ville d'Italie, dans le Latium, fur le fleuve Aniénus, au pays des Patini. Cette ville étoit ancienne, puisqu'Horace, 42, Od. 6, attribue fa fondation aux Grecs:

Tibur, Argeo pafisum colono.

[blocks in formation]

Veit in Kernten.

TIBURNICENSIS, fiége épiscopal d'Afrique. Voyez Tuburnicenfis.

1. TIBURSICENSIS. Voyez TUBURSICENSIS.

2. TIBURSICENSIS, fiége épiscopal d'Afrique, dans la province proconfulaire. Valerius fon évêque fouscrivit à la lettre fynodique des peres de la province. * Hardouin. Collect. conc. t. 3, p. 749..

TIBURTES, peuples d'Italie, dont la capitale étoit Tibur. Voyez TIBUR.

TIBÚZABETENSIS, fiége épiscopal d'Afrique, felon la conférence de Carthage, num. 187, où Martinianus eft qualifié episcopus loci Tibuzabetenfis. On ignore de quelle province étoit cet évêché.

TICANA. Voyez TRUCONES.

TICANONA, TACONA, ICACONA OU ICATONA, ville d'Egypte, felon l'itinéraire d'Antonin, qui la marque entre Cene & Oxyrynchon, à vingt milles du premier de ces lieux, & à vingt-quatre milles du fecond. Simler croit que c'eft la ville de Cô de Ptolomée. Voyez Co.

TICAO, ifle d'Afie, une des Philippines: elle a huit lieues de circuit; elle eft habitée d'Indiens, qui font la plûpart fauvages; a un bon port, de l'eau & du bois en abondance; & eft à quatre lieues de Burias.

TICARIUS, fleuve de l'ifle de Corfe. Prolomée, lib. 3, . 2, marque l'embouchure de ce fleuve fur la côte occidentale de File, entre Pauca civitas & Titanis portus. Le nom moderne eft Groffo, felon Léander.

TICCOTA, ville des Indes, au royaume de Décan, à trois lieues d'Homoware, & à fix lieues de Vifiapour, felon Corneille, qui cite le voyage des Indes de Mandello, l. 1. Au lieu de TICCOTA l'édition de ce voyage, P. 240. ( Paris 1659 ) porte Tieco, & lit Hounware pour Homoware.

2

TICELIA, fiége épiscopal de la Libye. Theodulus for évêque affifta au concile de Chalcédoine tenu l'an 45. *Hardouin, Collect. conc. t. 2, P. 19.

TICENA, ville de l'Afrique propre. Prolomée la marque au nombre des villes qui font entre les fleuves Bagradas & Triton, & au midi de Carthage. Au lieu de TiCENA, le manuscrit de la bibliotheque palatine porte Tr CELIA. Voyez TICENSIS.

TICENSIS, fiége épiscopal d'Afrique, dans la Byza cène. Son évêque eft nommé Gallus dans la notice des évêchés d'Afrique, auffi bien que dans la conférence de Carthage, num. 121. Ce pourroit être la ville Tices de l'anonyme de Ravenne, & la Ticena de Ptolomée. La notice épiscopale de la Byzacène parle d'un fiége nommé à Ticibus, & parmi les fignatures de la lettre fynodique des peres de la Byzacène, dans le concile de Latran, fous le pape Martin, on trouve ces fouscriptions: Romuli episcopi civitatis à Ticibus & Candidi patria Dicenfis episcopus. Si au lieu de Dicenfis, die du Pin, il faut lire Ticenfis, comme le conje&ure Balufe, Tice fera différente de Tuibus: ce qui n'eft guères vraisemblable.

TICHASA, ville de l'Afrique propre. Elle eft marquée par Prolomée, & 4, 63, au nombre des villes qui font k entre les fleuves Bagradas & Triton, & au midi de Carthage.

TICHEI, lieu de France, dans la Bourgogne, du dio

Le même poëte, lib. 1, Od. 7, a vanté la beauté de Ti- cèle de Befançon, à trois licues de Dôle, & à deux de bur, qu'il préfere à toutes les villes grecques:

Me nec tam patiens Lacedæmon

Nec tam Lariffe percuffit Campus opina, Quam domus Albunea refonantis

Et praceps Anio & Tiburni lucus, & uda Mobilibus pomaria ripis,

Seuvre. C'eft un pays de bois, de brouffailles & de plais nes. La riviere de Laufeon paffe au bord de l'un des finages, & la Sablonneufe au bord d'une autre,

TICHIOES, lieu fortifié aux environs de Trachina, felon Etienne le géographe. Ortélius foupçonne que ce pour rait être le lieu appelle Tichins par Strabon. Voyez TICHIUS.

« PrécédentContinuer »