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zigord fut fondé par le cardinal de Taleyran; mais étant mort avant de l'achever, le pape Grégoire XI consomma ce pieux deffein. La fondation eft pour vingt collégiats, dont quatre doivent être prêtres, pour deffervir la chapelle que ce pape voulut être dédiée à S. Fronton. Celui de fainte Catherine fut fondé en 1382 par le cardinal de Pampelonne, neveu du pape Innocent VI, pour vingtquatre bourfiers. Il donna fa maison, fituée dans la rue des Argentiers, où eft ce collége, la terre de Verberaub, &c. Celui de Saint Nicolas ou de Mirepoix, fut fondé par Guillaume du Pui, évêque de Mirepoix, l'an 1416, pour huit collégiats, dont l'un doit être prêtre. Le collège de Foix fut fondé en 1457, par Pierre, cardinal de Foix, pour vingt-cinq bourfiers. Ce magnifique prélat le dota de grands revenus, & l'enrichit d'une nombreuse & excelfente bibliotheque, qui a été diffipée sur la fin du fiècle dernier. C'eft dans ce collége que M. de Marca, mort archevêque de Paris, & M. de Bosquet, mort évêque de Montpellier, avoient fait leurs études. Celui de S. Raymond fut fondé par Pierre de Saint-André, évêque de Carcallonne, comme il paroît par les armes de SaintAndré, qui font fur la grande porte, & en quelques autres endroits de ce collége. Ces armes font d'azur à un château fommé de trois tours d'argent, maçonné de fable, & furmonté de trois étoiles d'or.

Outre ces colléges il y en avoit plufieurs autres dans Toulouse; mais le roi, par fes lettres patentes de 1550, les fupprima tous, hormis ceux que je viens de nommer, & voulut que des biens de ces colléges fupprimés fullent érigés deux colléges aux Arts, où feroient lues les langues hébraïque, grecque & latine. On s'appliqua à pourvoir celui de l'Esquille de bons régens, & l'on compte parmi ceux qui y ont enfeigné, Adrien Turnèbe, Tubœuf, Thomas Barclay, Durand, &c. Ce collége, pour l'entretien duquel la ville donne tous les ans quatre mille livres, eft préfentement régi par les peres de la doctrine chrétienne, qui y enfeignent les humanités & la philofophie. Cette mailon offre aux yeux une grande & belle façade qui a quaTante-cinq toifes de long. Jusqu'en 1656, les lettres patentes du roi Henri II n'avoient été exécutées qu'à demi; mais cette année elles le furent entierement par l'établiffement d'un fecond collége aux Arts, dont on avoit donné la direction aux jéfuites. Ils occuperent d'abord un couvent qui avoit apparténu aux religieufes auguftines; mais cette mailon n'étant pas affez fpacieuse pour un collége, la ville accepta les offres que lui firent trois anciens capitouls, de donner pour Joger ces peres la maifon de Bernuy, à condition qu'elle leur céderoit les colléges de Verdale & de Montlezun, avec leurs dépendances. Ces colléges étoient du nombre de ceux, qui, par les lettres patentes de 1550, avoient été Isso, avoient été fupprimés. C'est aujourd'hui un des plus floriflans colléges du royaume, & n'est pas moins le collège de Touloufe, que l'eft celui de l'Esquille. Il y a dans ce collège un morceau de fculpture qui eft exquis, & de la main de Bachelier. Il représente Hercule, qui s'étant débarraffé de fes langes, étouffe de chaque main un ferpent. Les attitudes font fi naturelles & fi animées, que les connoiffeurs y trouvent quelque chofe du Laocoon du Vatican.

La chartreuse eft belle & mérite d'être vue. Le cloître fait plaifir à voir à caufe de fa longueur. Le long de la Garonne on trouve un quai & un cours qui eft une affez belle promenade. Il y a outre cela une terraffe à la porte de Montolieu. Le jardin de Frescati s'étend dans la campagne, & a d'allez belles allées; mais il est à présent fort négligé. Le moulin du Bazacle a feize meules que la Garonne fait tourner, étant retenue par une digue courte, mais trèsforte. Ces feize meules vont toujours, fans qu'on entende, comine par-tout ailleurs, le tintamare des roues, ni des meules. On voit descendre les bâteaux par le pas de la navigation qui eft le long de la chauffée près du Bazacle. Ces bâteaux descendent avec une vîtelle infinie, & on les croit engloutis lorsqu'ils font au pied de la cascade, parce que la rapidité de l'eau y forme de gros bouillons qui s'élèvent plus de fix pieds par-deffus, & font faire aux bâteaux qui donnent contre, un mouvement extraordinaire. Le moulin du Bazacle eft remarquable par fa grandeur & fa fabrique. Les roues qui font tourner les arbres y font attachées de niveau, & tournent dans des cylindres verticaux, où l'eau tombant, les oblige à fe mouvoir. Chaque meule peut moudre quarante ou cinquante feptiers de grain par jour.

Ce moulin appartient à plusieurs particuliers, & rapporte
environ cent vingt mille livres par an. Tout joignant ces
meules, mais dans un endroit féparé, font quatre moulins
à foulon qui agiffent auffi par la chute des eaux de la Ga-
ronne; les roues du moulin du Bazacle ont environ trois
pieds de diametre extérieur, & huit pouces d'épaiffeur;
elles font de bois coupées obliquement & en arrondiflant;
l'extérieur eft cerclé de fer haut & bas, & les cylindres
dans lesquels elles fe meuvent, font compofés de plu-
fieurs pièces jointes ensemble, comme les douves d'un
muid. Les débordemens de la Garonne ont plufieurs fois
emporté ce moulin, entr'autres l'an 1536 & l'an 1712;
mais fon utilité l'a fait rétablir auffi tot; il y a un autre
moulin auprès du château, & qui eft femblable à celui
du Bazacle, mais il n'eft pas fi clair, & ne rapporte
aux propriétaires qu'environ cent mille livres de revenu.
La ville de Toulouse a produit un grand nombre de
perfonnes diftinguées dans la république des lettres. Je ne
parlerai ici que de ceux dont elle n'a point placé les buftes
dans fon capitole. Jean Doujat, profeffeur de droit en la
faculté de Paris, Jacques de Tourreil & Jean Galbert Cam-
piftron, tous trois de l'académie françoife, étoient de Tou-
loufe, de même que Guillaume Marcel, connu par plu-
fieurs ouvrages d'hiftoire qu'il a donnés au public; ce der-
nier fut commiffaire de la marine au département d'Arles,
où il mourut le 27 de décembre de l'an 1708, âgé de
foixante-un ans. L'on a trouvé parmi fes papiers un dic-
tionnaire pour apprendre plufieurs langues, & un livre de
fignaux pour les évolutions navales. Le
fignaux pour les évolutions navales. Le pere Antonin Clo-
che, général des dominicains, a auffi fait honneur à la
ville de Toulouse, fa patrie; il fut élu général de fon ordre
l'an 1686, & il a gouverné pendant trente-quatre ans
avec beaucoup de régularité & de prudence; il eft mort à
Rome au mois de Février 1720, âgé de quatre-vingt-qua
torze ans, & a été univerfellement regretté à caufe de fes
grandes qualités.

Saint Saturnin envoyé de Rome dans les Gaules, dès l'an 245, vint à Toulouse l'an 250, fous le confulat de Decius & de Gratus, il en fut le premier évêque, & fut martyrifé quelques années après fous Valerien ou Gallien. Saint Papoul, prêtre, compagnon de faint Saturnin, fur martyrisé au territoire de Toulouse dans le Lauraguez, au lieu qui porte fon nom. Saint Exupere fut fait évêque après faint Silve, fucceffeur de faint Rhodane, banni par les Ariens fous Conftance, & mort en exil avant l'an 1417; mais après la prife de Rome par les Goths. Quelques-uns eftiment que Rhodane étoit évêque d'Eaufe, qui étoit la métropole de la troifiéme Aquitaine, maintenant la Gascogne, aux droits de laquelle la ville d'Auch a fuccédé; ils le fondent fur quelques exemplaires de Sulpice Severe, où il eft appellé Elofanus, qui a plus de rapport à Elufanus qu'à Tolofanus. Saint Germier en fut fait évêque l'an 510 ou 511, jusqu'en 560. Saint Honet, Honeftus, prêtre de l'églife de Toulouse, compagnon de faint Saturnin, fut envoyé par lui au-delà des Pyrénées, & prêcha dans la Navare & la Biscaye, & il mourut dans le cours de fes misfions fous le fucceffeur de faint Saturnin. Saint Erembert fut fait évêque de Toulouse en 656, se démit en 668 ou 669, & retourna dans le monaftère de Fontenelles ou de faint Wandrille au pays de Caux, où il mourut vers l'an 678. Saint Louis, fils de Charles II, roi de Sicile, & petit-neveu de faint Louis, roi de France, fut fait évêque de Toulouse au mois de décembre 1296, & facré au mois de février fuivant: il mourut au bout de fept mois d'épiscopat ou environ; vingt ans après la mort, Toulouse fut érigé en archevêché. Saint Bertrand, évêque de Cominges, étoit fils de la fille de Guillaume Taillefer, comte de Toulouse, il fut chanoine & archidiacre de l'église de Toulouse avant fon épiscopat; il ne quitta ni le canonicat ni l'archidiaconé de Touloufe pendant qu'il fut évêque. Les reliques de faint Thomas d'Aquin furent transportées en cette ville l'an 1 369. * Baillet, Topogr. des faints, p. 496.

Quoique le pape Jean XXII, dans fa bulle d'érection de l'évêché de Toulouse en archevêché, ne donne à l'archevêque de Touloufe que cinq fuffragans; les évêques de Montauban, de Pamiers, de faint Papoul, de Rieux & de Lombez; il a cependant encore Lavaur & Mirepoix. Cet archevêché renferme deux cents cinquante paroifles, & rapporte à l'archevêque cinquante-cinq ou foixante mille livres de rente. Le chapitre de la cathédrale eft composé

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d'un grand archidiacre, d'un archidiacre de l'Auraguais & de vingt-quatre chanoines. Sous Raymond V, comte de Toulouse, l'héréfie des Albigeois donna lieu à l'établiffement d'un tribunal d'inquifition à Toulouse, pour achever de détruire les reftes de ces hérétiques. Un arrêt du parlemet de Paris du 17 de mai de l'an 1331, déclara que ce tribunal étoit une cour royale. Les Albigeois ayant été entierement détruits dans la fuite, ce tribunal dont la rigueur faifoit trembler même les plus innocens, eut à peu près la même décadence que l'héréfie qui avoit donné lieu à fon établiffement; il ne lui refta que quelques légers attributs. Un de ceux qu'il a confervés le plus long-tems, étoit celui de fe faire apporter l'élection des capitouls, pour examiner fi parmi ceux qui étoient élus, il n'y en avoit point quelqu'un qui fut fuspect d'héréfie; mais dans le fiécle dernier, M. de Montchal, archevêque de Toulouse, fe fit attribuer ce droit, à l'exclufion de l'inquifiteur par arrêt du confeil, parce que, felon les conftitutions canoniques, les évêques font inquifiteurs nés dans leurs diocèfes. Quoique l'inquifiteur de Toulouse n'ait aujourd'hui qu'un vain titre fans fonctions, les dominicains ne laiflent pas cependant de faire pourvoir par le roi un religieux de leur ordre de cet officé, parce qu'il y a quelques gages attachés à cette charge. Les abbayes du diocèfe de Toulouse

font

Grand Selve, Le Mas Garnier
Eaunes,

La Capelle, *Piganiol, Description de la France, t. 4, p. 225 & suiv.

S. Saturnin ou S. Sernin, Favas.

Vers l'an 1302 ou 1303, ou même plus tard, car ces dates ne font pas bien certaines, les états généraux du Languedoc qui étoient affemblés à Toulouse, réfolurent de Tupplier le roi de vouloir établir un parlement qui résidât à Touloufe, & qui jugeât en dernier reflort tous les procès de la province, tant civils que criminels; le roi leur accorda leur demande par fon édit donné à Touloufe, & voulut que ce parlement fut pour lors compofé de deux préfidens lais, de fix confeillers lais, de fix conseillers clercs, d'un procureur du roi & d'un greffier. Sa majefté choisit & nomma pour remplir ces places, Pierre de Cher chemont & Jacques de Saint-Bonnet préfidens. Deodat d'Estaing, Geofroi du Pleffis, Geofroi de Pompadour, Gui de Torfai, Yves de Rochecœur & Aubert de Falbuau, confeiller lais; Thibaud d'Espagne, Pierre de Chappes, Bégon de Caftelnau, Othon de Pardailhan, Aymeric de Bafillac, & Pierre de Savigni confeillers clercs; Antoine de Calmont procureur du roi, & Raymond Galtrand, greffier. Le jeudi 10 de janvier, à huit heures du matin, le roi revêtu d'une robe de douze aulnes, d'un drap d'or frifé fur un fond rouge broché de foie violette, parfemée de fleurs de lis d'or, & fourrée d'hermines, étant accompagné des princes & feigneurs de fa cour, partit du château Nar bonnois, où il logeoit, pour fe rendre à un grand falon de charpente que la ville avoit fait conftruire dans la place de faint Etienne, pour y tenir le parlement. Le roi y étant entré, monta fur fon trône, & tous ceux qui avoient droit de s'asfeoir prirent les places qui leur étoient deftinées, le roi dit que le peuple du pays de Languedoc l'ayant humblement fupplié d'établir un parlement perpétuel dans la ville de Toulouse, &c. il avoit confenti à fes demandes, aux conditions inférées dans les lettres d'érection, desquelles il commanda qu'on fît la lecture; le chancelier s'étant levé, & ayant fait une profonde révérence au roi, fit une harangue fort éloquente, après laquelle il donna à lire les lettres patentes au grand fecrétaire de la chancellerie, puis il lui remit le tableau où étoient écrits les noms de ceux qui devoient composer le parlement de Touloufe; le fecrétaire les ayant lus tout haut, le roi fit dire à ces officiers de s'approcher, & ils reçurent des mains des hérauts leurs habits de folemnité; les présidens des manteaux d'écarlate fourrés d'hermines, des bonnets de drap de foie bordés d'un cercle ou tiffu d'or, des robes de pourpre violette & des chaperons d'écarlate fourrés d'hermines. Les confeillers lais eurent des robes rouges avec des paremens violets, & une espéce de foutane de foie violette par-deffous la robe, avec des chaperons d'écarlate parés d'hermines. Les confeillers clercs furent revêtus de manteaux de pourpre violette étroits par le haut, où il n'y avoit d'ouverture qu'aux endroits à mettre la tête & les bras ; leur foutane étoit d'écarlate & les chaperons auffi. Le procureur du roi étoit

vêtu comme les confeillers lais, & le greffier portoit une robe diftinguée par bandes d'écarlate & d'hermines. Tous ces officiers ainfi revêtus prêterent leur ferment au roi ayant les deux mains fur les évangiles écrits en lettres d'or. Après la prestation du ferment, le chancelier fit paffer ses magiftrats dans les fiéges qui leur étoient destinés, & le roi leur fit connoître en quoi confistoit leur devoir, par un discours très-éloquent, dont le texte étoit: Erudimini qui judicatis terram; ce discours fini, les hérauts congédierent l'aflemblée par le cri accoutumé. (b) Peu de jours après, cette compagnie commença fes féances dans le château Narbonnois que le roi leur donna pour rendre la juftice, fans en ôter néanmoins le gouvernement au viguier de cette ville, qui continua d'y faire fa demeure avec la garnifon ordinaire pour la défenfe du château. Voyez les annales de Toulouse, par de la Faille. (a) Piganiol, Description de la France, t. 4, p. 264 & fuivantes. (b) La Faille, annales de Toloufe.

Les fubfides extraordinaires que le roi faifoit lever en Languedoc, furent la caufe d'une révolte presque générale. Le parlement foutint, tant qu'il lui fut poffible, l'autorité royale dans Toulouse, mais à la fin il fut contraint de fe réfugier à Montauban. Le roi irrité contre les Languedociens, & parti culierement contre les Toloufains, fupprima par édit de l'an 1312 le parlement de Touloufe, l'unit & en incorpora les officiers à celui de Paris, & le parlement de Toulouse ne fut rétabli qu'en 1419, par lettres - pattentes du dauphin, régent du royaume, datées du mois de mars de cette année. Ce fut le 29 mai fuivant, qu'on comptoit 1420 que le parlement fut inftallé dans Toulouse. Par cette feconde érection il n'y eut qu'un préfident, qui étoit l'archevêque de Toulouse, onze confeillers & deux greffiers ; il n'y eut point pour lors de procureur du roi, auffi n'en étoitil point parlé dans les lettres d'érection. Vers l'an 1425, le parlement de Touloufe fut transféré à Beziers pour repeupler cette ville, qui avoit foutenu un long fiége contre le comte de Clermont, & la récompenfer de tous les maux que ce comte lui fit fouffrir après qu'il l'eut prife. Le parlement ne demeura pas long-tems à Beziers, puisqu'en 1427 Charles VII le réunit une feconde fois à celui de Paris, duquel il ne fut féparé pour être ftable à Toulouse qu'en 1443, par édit de Charles VII, donné à Saumur le 11 d'octobre. Cet édit ne fut même lu & publié à Toulouse que le 4 juin de l'an 1444. Ce parlement ayant donné un arrêt contre quelques habitans de la ville de Montpellier, & Geofroi de Chabanes, lieutenant du duc de Bourbon, gouverneur de Languedoc, en ayant empêché l'exécution, le parlement, par un arrêt, ordonna que Chabanes & trois autres perfonnes qui lui étoient attachées, feroient pris au corps. Cette conduite déplut fi fort au roi, qu'il interdit le parlement, & le transféra à Montpellier au mois d'octobre 1466. Les généraux des aides, qui en ce tems étoient du corps du parlement, furent auffi transférés a Montpellier. Deux ans après, il fut rétabli à Toulouse où il revint avec les généraux des aides; mais ces derniers retournerent peu de tems après à Montpellier : le duc d'Uzès & les autres pairs, dont les pairies étoient fituées dans le relfort de ce parlement, lui préfentoient des roles, auffibien que les comtes de Foix, d'Armagnac, de Bigorre, de Lauraguez, de Rouergue & tous les autres feigneurs des grandes terres de Languedoc. Les archevêques d'Ausch, de Narbonne & de Toulouse n'en étoient point exempts. La qualité de préfident des états & celle de pere fpirituel du parlement, ne dispenfoient point les deux derniers de cette redevance; enfin, les rois de Navarre, en qualité de comtes de Foix, d'Armagnac, de Bigorre & de Rodès; Marguerite de France, fille du roi Henri II, fœur de trois rois & reine elle-même, comme comteffe de Lauraguez, &c. lui ont rendu cet hommage.

Le parlement de Toulouse comprend dans fon reffort les fénéchauffées du Languedoc, de Rouergue, de Querci, du pays de Foix, & la partie de la Gascogne, qui renferme les fénéchauffées de l'ifle Jourdain, d'Ausch, de Leictoure, de Tarbes & de Pamiers. Ce parlement eft conpofé de fix chambres, la grand'chambre, la tournelle trois chambres des enquêtes & celle des requêtes. Les confeillers ont un privilége qui leur eft particulier, c'est d'avoir féance au parlement de Paris, felon l'ordre de leur réception, de même que ceux du parlement de Paris

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Les fénéchaux font les premiers officiers qui reffortiffent au parlement ; ils font en Languedoc ce que les baillis font dans les autres provinces. Il n'y avoit autrefois que trois fénéchaux en Languedoc; favoir, de Toulouse, de Carcasfonne & de Nismes; mais à préfent il y en a huit, & par conféquent autant de fénéchauffées, dans chacune desquelles il y a un préfidial. Ces fénéchauffées font Touloufe, Caftelnaudary, Carcaffonne, Limoux, Beziers, Nimes, Montpellier & le Puy ; elles connoiffent des appellations des jurisdictions royales de leur reffort, & ces jurisdictions font appellées en Languedoc vigueries; on en compte vingt-neuf dans cette province.

Dans la fénéchauffée de Touloufe il n'y a aucun bailliage royal, mais feulement la fénéchauffée & préfidial, & de fimples judicatures; le fénéchal eft d'épée. La justice se rend en fon nom dans la fénéchauffée feulement, où il a droit de préfider, comme auffi au préfidial. Ses appointemens font de trois cents cinquante livres, & payés fur le domaine. Il a auffi droit de commander le ban & arriereban, & pour l'élection des capitouls, on lui propofe quaTante-huit fujets qu'il peut réduire à vingt-quatre. Le parlement de Touloufe fuit le droit écrit dans les jugemens. La cour du petit fcel de Montpellier & la cour des conventions de Nîmes, reffortiffent encore au parlement de Toulouse; enfin, la derniere espéce de jurisdiction qui en releve, eft celle des juges d'apeaux, c'eft à dire, des juges qui connoiflent de l'appel d'un autre premier juge, & dont les appellations vont au parlement.

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L'univerfité de Touloufe eft compofée de quatre facultés; celles des arts, de théologie & de droits y furent établies en exécution du traité de paix de l'année 1228, par lequel Raymond VII s'obligea de donner quatre cents marcs d'argent pour fervir de fonds au payement des gages de deux profefleurs en théologie, de deux en droit, de fix pour les arts libéraux, & de deux pour la grammaire. Nos Tois ont depuis confirmé cet établitlement, & ont augmenté le nombre des profeffeurs. Il y en a actuellement quatre royaux pour la théologie; ils font nommés par le roi & aux gages de fa majefté; quatre profeffeurs conventuels pris quatre ordres mendians, ils participent aux émolumens, mais ils n'ont point de gages; deux profeffeurs de l'ordre de faint Dominique, dont les chaires ont été fondées par feu l'abbé de Tourreil. Le droit fut enfeigné à Toulouse par Accurfe, qui donna' lieu à l'établiffement de cette faculté, qui eft aujourd'hui compofée de fix profeffeurs; cinq pour de droit civil & canonique, & le fixiéme pour le droit françois. La faculté de médecine eft la moins ancienne, elle n'y a été établie pour faire corps avec l'univerfité qu'en l'année 1600, elle eft actuellement compofée de quatre profeffeurs, la faculté des arts n'en a que deux. Cette univerfité, par fon établiffement & par plufieurs bulles, doit jouir des mêmes droits que celle de Paris; elle a envoyé des députés aux conciles généraux & aux états du royaume où elle a été appellée. Le recteur, quoique marié, peut procéder par cenfures, c'eft-à-dire, par interdit & excommunication contre ceux qui violent les ftatuts, felon les bulles des papes Innocent IV & Benoît XIII, ce qui a été confirmé par plufieurs arrêts du parlement. François I, par fes lettres patentes du mois d'août 1533, donna le droit de chevaleie aux profeffeurs de cette univerfité, & l'un d'eux, appellé Blaife Auriol, ayant reçu l'anneau d'or, l'épée & les éperons dorés, les profeffeurs font depuis enterrés avec ces marques d'honneur. L'académie des belles lettres de Toulouse a été érigée par lettres-patentes du mois de feptembre 1694, elle eft compofée d'un chancelier & de trente-cinq académiciens ordinaires; elle a fuccédé aux jeux floraux, dont l'origine doit être rapportée à l'an 1323 : ce fut alors que fept perfonnes de condition qui avoient du goût pour la poëfie, appellée en vieux langage du pays Gaye Science, inviterent tous les poëtes ou Trouvaires des environs, de venir à Touloufe le premier jour de mai de cette même année, & promirent de donner une violette d'or à celui qui réciteroit les plus beaux vers. Ce deffein plut aux capitouls, & il fut décidé dans un confeil de ville qu'on l'exécuteroit tous les ans aux dépens du public. Cette compagnie fut composée d'un chancelier, de fept mainteneurs & de plufieurs maiares. Au prix de la violette on en ajouta dans la fuite deux autres, l'églantine & le fouci. Vers l'an 1540, une dame

de Toulouse appellée Clémence Ifaure, laifla la plus grande partie de fon bien au corps de ville, à condition qu'il feroit faire tous les ans quatre fleurs de vermeil, qui feroient l'églantine, le fouci, la violette & l'œillet; elle inftitua une fête qui fut appellée les jeux floraux, qu'elle voulut qu'on célébrât le premier & troifiéme jour de mai dans la maison qu'elle leur donna, & qui eft aujourd'hui l'hôtel-de-ville. Les prix que l'académie diftribue à présent, font une amaranthe d'or, une églantine, une violette & un fouci d'argent; au refte, c'est au goût que de Basville avoit pour les belles lettres, que cette académie doit fa nouvelle forme.

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Il y a à Toulouse outre les jeux floreaux, une académie des fciences & belles lettres établie par lettres-patentes en 1740. Elle a foixante-quatorze membres, tant honoraires, qu'affociés libres, allociés ordinaires, affociés étrangers, adjoints, correspondans & officiers. Il y a auffi à Toulouse une académie de peinture, fcalpture & architecture, établie par lettres-patentes du 13 janvier 1751.* Mémoires dreffés fur les lieux.

TOUMAN. On appelle ainfi dans le Maurenehar, felon Petis de la Croix, des terres données à des princes ou à des feigneurs, à la charge de fournir dix mille hommes,

&c.

TOUPINAMBAS, peuples fauvages de l'Amérique méridionale, au Bréfil. Ce font les mêmes que les Topinambes. Voyez TUPINAMBAS.

1. TOUQUES, bourg de France, en Normandie, avec château & port de mer. Il eft fitué dans le pays d'Auge diocefe de Lizieux, à trois grandes lieues de Honfleur, & à deux au-deffous de Pont-l'Evêque. Il y a deux paroifles à Touques; l'une fous le titre de faint Pierre, & l'autre fous celui de faint Thomas. Les habitans vont à Pont-l'Evêque pour la jurisdiction; mais il y a un fiége d'amirauté à Touques, où les plus groffes barques remontent avec le reflux de la mer dans le canal de la riviere qui portent le même nom. Elles y viennent charger des beftiaux, des cidres, du bois à bâtir & à brûler, & l'on fait du fel blanc aux en virons dans vingt-quatre falines. Touques eft auffi un titre de baronnie appartenant à l'évêque de Lizieux, qui nomme aux deux cures; ceux du pays difent que ce bourg a porté autrefois le titre de ville, & même que les anciens rois d'Angleterre, ducs de Normandie, y ont fait leur féjour pendant quelque tems, & tenu l'échiquier ; ils appellent encore certains lieux des paroiffes de ce bourg l'échiquier & la justice, & rapportent différens noms des rues, où ils trouvent des reftes de ruines & de fondations. On tient à Touques un gros marché le famedi fous des halles couverte s. Le château eft ancien & a un gouverneur ; il eft bâti fur une éminence, & fes murailles flanquées de huit groffes tours, font accompagnées d'un foffé large & profond. * Corn. Dict. Mémoires dreffés fur les lieux en 1702.

2. TOUQUES, riviere de France, dans la Normandie: elle prend fa fource à une grande lieue au-deffus de Gaffey, qu'elle arrofe. Elle porte le nom de LEZON, dans fon cours qu'elle continue par Pont-Chardon, Ferraque & Lizieux, où elle reçoit la riviere d'Orbec, à la pointe des dominicains, & depuis cette jonction elle porte bateaux & eft appellée ToUQUES, en latin Tulca; elle reçoit aufli la Calone à Pont-l'évêque, au-deffus de l'église paroiffiale de S. Michel, & enfuite le reflux de la mer; & après avoir paffé fous le pont de Roncheville & fous celui du bourg de Touques, elle entre dans la mer au gué de Trouville fur mer, à fix lieues ou environ à l'oppofite du Havre de Grace, chargée de cinq ou fix petites rivieres ou ruiffeaux. Son cours eft de feize lieues.

1. TOUR, mot françois, qui fignifie une forte de bâtiment élevé, rond ou carré, dont on fortifie ordinairement des villes ou des châteaux. Ce mot, qui vient du latin Turris, répond au grec Пupyès, à l'hébreu Migdal.

On appelle une TOUR ISOLEE une tour qui eft détachée de tout bâtiment, elle fert quelquefois de clocher & quelquefois de fort, comme celle qu'on appelle Tour-marine, qui eft une tour bâtie fur les côtes de la mer, pour y mettre des foldats, qui donnent avis par un fignal, lorqu'ils découvrent quelques vaiffeaux ennemis. Ces fortes de touts font d'ordinaire fans portes, & on y entre par des fenêtres qui font au premier ou fecond étage, avec une échelle que l'on tire en haut, quand on eft dedans. L'Ecriture fainte entr'autres, parle de plufieurs tours, (a) comme de la

TOUR

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TOUR DE PHANUEL, de celle de SoccOTH, de celle de
SICHEM, & de quelques autres, qui étoient comme les ci-
tadelles & les fortereffes de ces villes. Voyez MAGDALUM.
La TOUR DE BABEL, dont nous avons parlé fous le nom
de BABEL, devoit être auffi comme la forterefle de Ba-
bylone: Faciamus civitatem & Turrim. (b) S. Jérôme re-
marque que les Septante fe fervent fouvent du mot grec
BARIS, qui eft un terme propre à la Palestine, où l'on ap-
pelloit de ce mot les maifons fermées de toutes parts, &
faites en forme de tours; & c'eft apparemment ce qu'il
nous a voulu marquer dans les Paralipoménes, en difant
que Jofaphat avoit bâti dans Juda des mailons en forme de
tours: Edificavit in Juda domos ad inftar turrium. L'hé-
breu porte Biranioth; ce qui vient de Chaldéen Bira,
un palais. (2) Dom Calmet, Dictionnaire. (b) Genef. 11,
4.5.

2. TOUR, (La) baronnie de France, dans la Cham-
pagne, élection de Rheims, appartient à l'illuftre maison
de Colligny, qui descend des cadets de la premiere mai
fon de Bourgogne, & qui en juftifie la filiation depuis Ma-
naflès I du nom, comte & duc de Bourgogne, qui vivoit
en 888. Tout le monde fait que cette maison a poffédé
en France les premieres dignités, & qu'elle y a eu des
maréchaux de France, des cardinaux, & fur-tout Gaspard
de Colligny, amiral de France. * Baugier, Mémoires his-
toriques de Champagne, t. 2, p. 345.

3. TOUR, (La) bourg de France, dans la Gascogne Touloufaine, au comté de Comminges, élection de ce

nom.

de fable, où l'on peut mouiller, & y être à couvert des vents de nord & nord-eft; on y mouille par quatre à cinq braffes d'eau.

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TOUR DE CORDOUAN. Voyez CORDOUAN. TOUR DE DERMON, tour de France, dans la Provence, fur la côte du golfe de Gênes, dans l'évêché de Graffe, aux confins de l'évêché de Fréjus, fur un petit cap qui forme l'entrée de l'anfe d'Agay. *De l'ife's Atlas.

- TOUR DES GARDES. (La) On trouve fouvent cette maniere de parler dans l'Ecriture fainte: depuis la tour des gardes jusqu'à la ville fortifiée : (*) c'est pour marquer genéralement tous les lieux du pays, depuis les plus petits jusqu'aux plus grands. (b) Les tours des Gardes, ou des Bergers, étoient feules au milieu de la campagne, pour loger les bergers & les autres pafteurs qui gardoient les trou-> peaux, ou pour placer des fentinelles. Le roi Ozias fit bâtir plufieurs tours de bergers dans les déferts, & y fic creufer beaucoup de cîternes, parce qu'il avoit grand nombre (c) de troupeaux. La tour du Troupeau, dont il est parlé dans cette lifte des tours, & la tour dont parle Ifaïe, c.5, v. 2, qui fut bâtie au milieu d'une vigne, étoient de cette forte. (a) IV Reg. 17, 9 & 18, 8. (b) Dom. Calm. Dict. (c) II Par. 26, 10.

TOUR GRISE, bourg de France, dans le Perche, près de Verneueil.

TOUR. ( La grande) Voyez ToULON.

TOUR DE LEANDRE, tour ou petite forterefle de la Romanie, fur le canal de Conftantinople. On la renconTOUR DE BALAGUIER. Voyez TOULON. tre dans le paffage de Pera à Scutari. On ne fait pas pourTOUR DE BELIZAIRE, tour de la Romanie. En al- quoi on la nomme ainfi. Les Turcs l'appellent Kisf-Kolæ lant par mer du château des Sept Tours au ferrail, on ren- c'est-à-dire, la tour des Vierges. Elle eft entre Scudaret & contre à main gauche une tour carrée, qui eft dans la mer le Serrail; mais plus près de la côte d'Afie que de celle de à environ vingt pas des murailles de la ville de Conftan- l'Europe. Elle est très-forte, pourvue de pièces de canon, tinople. Les habitans la nomment la tour de Bélizaire, & qui fervent à tenir en fureté les deux canaux de la mer ils ajoutent que cet illuftre général, pour récompenfe des Noire & de la mer Blanche, qui font des deux côtés da importans fervices qu'il avoit rendus à l'empereur Jufti- bosphore de Thrace. Il y a un puits dans cette tour, dont nien, contre tous les ennemis, tant en Alie, qu'en Afri- l'eau eft très-fraîche, excellente à boire, & que la plûparc que & en Europe, fut renfermé dans cette tour, après croyent être une fontaine fous terre, mais il y a appa avoir été dépouillé de tous fes biens, & réduit à la derrence que ce n'eft qu'une citerne. Elle eft fur un écueil qui niere néceffité; & qu'après qu'on lui eut crevé les yeux, il fut contraint, pour ne pas mourir de faim, de prendre un petit fac au bout d'un bâton, au travers d'une fenêtre, & de crier aux passans : Donnez, s'il vous plaît, une obole au pauvre Bélizaire, que l'envie, & non aucun crime qu'il ait commis, a réduit au trifte état où vous le voyez.* Le Bruyn, Voyage du Levant, t. 1, p. 237.

TOUR-BLANCHE, bourgade de France, dans l'Angoumois, aux confins du Périgord - Noir, fur la route d'Angoulême à Périgueux.

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TOUR DE BOSE, tour de France, dans le Piémont,
au comté de Nice, fur la côte du golfe de Gênes. A une
petite demi-lieue au nord quart de nord-ouest du fort
Saint-Hospice ou Saint-Soupir, on voit une petite pointe,
de l'autre côté de laquelle il y a une tour carrée & une
petite chapelle qu'on appelle la tour de Bofe, devant la
quelle il y a une petite plage; mais il y a plufieurs roches
aux environs de cette pointe. Entre la tour de Bose &
Saint-Soupir, il y a un grand enfoncement, dans lequel
on peut mouiller avec des vailleaux & galéres, venant du
côté de l'eft, & ne pouvant gagner Villefranche, il y a
dix, douze à quinze braffes d'eau; il faudroit s'approcher,
du fort de Saint-Soupir à discrétion, il n'y a que fept à
huit braffes. Vis-à-vis la fortereffe, environ une longueur
de cable, il y a un petit banc de roches à fleur d'eau, qu'il
ne faut pas approcher, ce mouillage n'eft guères fréquen
té, à cause de la proximité de celui de Villefranche. * Mi-
chelot, Portul. de la Médit. p. 85.

TOUR DE BOUC ou D'EMBOUC, petit fort de Fran-
ce, dans la Provence, eft bâci fur un rocher, à l'embou-
chure de l'étang de Martigue, dans la Méditerranée, à fix
lieues à l'occident de Marseille. On appelloit ci-devant cet
endroit Caftel Marseilles.

TOUR DE CÁCHIQUE, tour d'Afrique, fur la côte de la baie d'Alger, près de la ville de ce nom. A l'oueftfud-oueft du cap Cafline, environ dix-huit milles, eft la tour de Cachique, qui eft fur une pointe un peu avancée vers l'oueft, au bout de laquelle il y a quelques écueils hors de l'eau, & fous l'eau proche la terre. Du côté de l'oueft de cette pointe, il y a un peu d'enfoncement, & une plage

a deux cents pas de tour, l'empereur Manuel la fit construire, & en fit bâtir une autre du côté d'Europe, au couvent de S. George, pour y tendre une chaîne qui ferma le canal. Cette tour eft carrée, & terminée par un comble pointu, garnie de quelques pièces d'artillerie; elle eft enfermée dans une enceinte auffi carrée & presque fans défenfe.* Le Bruyn, Voyage au Levant, p. 174.

TOUR DU LAY, (La) prieuré en France, au diocèle de Beauvais, à une lieue ou environ de Beaumont fur Oife, dans l'étendue de la paroifle d'Hedouville.Ce prieuré eft de l'ordre de S. Benoît, & dépend de l'abbaye du Bec, diocèfe de Rouen. Il feroit peu connu fans une ordonnance & une lettre paftorale, que donna à fon sujet l'an 1727 M. de Saint-Agnan, alors évêque de Beauvais. Elles furent imprimées féparément, & se débitoient chez François Joffe & Briaffon. On y lit que ce prieuré avoit primitivement été fondé par un comte de Beaumont, petit-fils de France, fous le titre de Notre-Dame; que par la fuite on y donna un fecond patron que le prélat avoue être inconnu, & qu'il dit être nommé S. Nerlin, dans le titre de fondation qu'il s'en fait exhiber; qu'infenfiblement le peuple a changé le nom de ce faint Nerlin en celui de faint Robert, qu'il s'eft imaginé être le fils du fondateur; qu'on lui a attribué bien des miracles; qu'on a accouru à un tombeau érigé dans la nef de ce prieuré, & à une fontaine du jardin à laquelle on a donné le nom de ce faint Robert, qu'on a cru devoir honorer le 21 avril. C'eft ce culte que M. l'évêque de Beauvais a défendu dans ce prieuré. L'église en eft affez vaste, les bâtimens du prieuré font allez nombreux & bien entretenus, fans religieux cependant. Ce lieu eft environné de quelques petits bois fur une élévation. Le tombeau du faint qui a excité le concours étoit encore élevé de plus de deux pieds, avec une figure de prêtre affez antique, l'an 1732.11 eft fur fix piliers: la rétréciflure du maufolée du côté des pieds, femble indiquer qu'il y a au moins quatre cents ans que cela a été dreffé. On trouve dans le Berri, en quelques collégiales des martyrologes manuscrits, où au 21 avril on lit, Item Roberti abbatis; ce qui marqueroit que le culte de ce faint Robert, qu'on a prétendu être encore plus inconnu que Tome V. Kkkkkk

I

S. Nerlin, n'a pas été borné au diocèse de Beauvais.* Mémoire dreffe fur le lieu en 1732.

TOUR DE PATRIA, tour d'Italie au royaume de Naples. Michelot, Portul. de la Médit. p. 113, dit : De la pointe de Gayette au cap de la Mefa, la route eft le fudeft quart-de-fud, & la diftance de quarante-un milles; & du cap de la Roque au même endroit, la route eft le fudfud-eft environ vingt-cinq milles. Entre les deux il y a un grand enfoncement, des terres balles & des dunes de fable, bordées de plages. Presque par le milieu de cet enfoncement, on voit une tour fur une haute pointe, & on l'appelle la tour du Patria. Près de cette tour du côté du fud, il paffe une riviere ; & il en coule une autre entre la tour de Patria & le cap de la Roque. On la reconnoît par quantité de grands arbres dont elle eft bordée; dans ce même espace, on voit beaucoup de marécages. TOUR DE PEIL, petite ville de Suiffe au canton de Berne, dans le bailliage de Vevay du pays Romand; elle eft fituée au bord du lac de Geneve, & fait un même corps d'églife avec la ville de Vevay, quoiqu'elle en foit féparée, à l'égard du gouvernement civil. On y voit un vieux château à demi démoli, au bord du lac, qui fut bâti l'an 1239, par le comte Pierre de Savoye. Il paroît avoir été fort avant l'ufage du canon. * Etat & délices de la Suiffe,

t. 2, p. 252.

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1. TOUR DU PIN, (La) bourgade de France, dans le Viennois, à deux ou trois lieues du Rhône. Les feigneurs de la Tour du Pin avoient plufieurs terres au-delà de cette riviere, tant dans la Breffe que dans le Bugey; & ils étoient également indépendans des deux côtés du fleuve, excepté à Peroge, & en d'autres fiefs de Brelle, où ils relevoient des archevêques de Lyon. Le premier de ces feigneurs qu'on trouve, eft Berlion, qui vivoit l'an 1107. C'eft de lui que descendoit en ligne directe masculine Humbert, feigneur de la Tour du Pin, qui épousa Agnès, héritiere du Dauphiné; il unit à perpétuité fa baronnie libre de la Tour, à la principauté de fa femme, & obtint de l'empereur Albert d'Autriche, la confirmation de cette union. Les rois de France ont aliéné la propriété de la Tour du Pin, qui eft fortie de leur domaine, il y a longtems. * Longuerue, Description de la France, part. I,

P. 323.

2. TOUR DU PIN, petite riviere de France en Dauphiné, a fa fource dans un lac, paffe par la Verpifie re, fous le pont de la Tour du Pin, & fe jette dans le Rhône.

TOUR DE ROUSSILLON, tour de France, (2) dans le Rouffillon, près de la Tet, à deux milles de Perpignan. Ce font les reftes infortunés de l'ancienne ville de Ruscino, qui a donné le nom à tout le pays. Tite-Live nous apprend que c'étoit une ville célébre du tems d'Annibal, où les petits rois des pays voifins s'affembloient pour conférer & délibérer fur leurs affaires. L'illuftre & favant de Marca, (b) croit que cette ville fut détruite vers l'an 828, lorsque Louis le Débonnaire châtia ceux auxquels la garde de la frontiere avoit été confiée, & qui l'avoient mal défendue contre les Sarrazins. (a) Piganiol, Descript. de la France, t. 7, p. 617. (b) Marca Hispanic. l. 1, p. 20.

TOUR-SANS-VENIN, tour de France, dans le Dauphiné, fur la pointe d'un rocher, à une lieue de Grenoble. Il n'en refte aujourd'hui qu'une muraille. On l'avoit appellée Sans-Venin, parce qu'on n'y a jamais vu d'infectes veneneux, que ceux qu'on y a quelquefois portés, & qui s'en font auffi tôt éloignés. * Piganiol, Descript. de la Fr. t. 4, p. 11.

TOUR DE SILOÉ. (La) C'étoit apparemment une tour voisine de la fontaine de même nom, à l'orient de Jerufalem.

TOUR DE STRATON. C'est le lieu où l'on bâtit de puis la ville de Céfarée de Palestine. Voyez STRATON. TOUR DES SYÉNES. Ezéchiel parle en deux endroits de la TOUR DE SYENES. A Turre Syenes usque ad terminos Ethiopia. Mais nous avons fait voir fous l'article SYÉNE, qu'il faut ainfi traduire l'hébreu. Depuis Migdol ou Magdolum, ville de la baffe Egypte, jusqu'à la ville de Syéne, fituée à l'extrémité de l'Egypte, & fur les fronticres de l'Ethiopie. * Dom. Calmet, Dict.

TOUR DE TANPAN ou TOUR DE TIMPAN, tour de France, dans la Provence, à l'embouchure du Rhône.

Michelot dit : Environ quatre a cinq milles vers le nord de la pointe des Tignes ou l'ifle Baudus, il y a une grolle tour carrée, qu'on appelle Tour de Tanpan, fituée fur un bas terrein, fur le haut de laquelle il y a une espéce de guérite, qui de loin reffemble aux voiles d'un vaiffeau. On découvre cette tour bien plutôt que le terrein des environs, qui eft, comme nous avons dit, extrêmement bas. Elle est également apperçue, foit qu'on vienne de l'oueft ou de l'eft, & c'eft en partie ce qui donne la connoiffance de cette baffe pointe. L'autre entrée du Rhône, qui eft du côté du nord-est de l'ifle Bandus, eft la plus profonde ; & c'est par celle là qu'entrent toutes les tartanes & autres petits bâtimens qui vont à Arles; mais parce qu'il y a plufieurs petits bancs de fable à l'entrée, il eft nécellaire d'avoir des gens pratiques, parce que ces bancs font tantôt d'un côté & tantôt de l'autre, fuivant les débordemens de la riviere, ou des tempêtes qui remuent les fables par-deffous les eaux; auffi y voit on presque toujours brifer la mer, à moins qu'elle ne foit calme, ou que les vents ne foient à la terre. Sur la pointe de la droite en entrant dans le Rhône, il y a plufieurs cabanes de pêcheurs qui en donnent une connoillance, & quelques dunes de fables, qui paroiffent de loin comme de petites ifles. * Michelot, Port. de la mer Méditerranée, p. 60.

Remarques.

On reconnoît encore cette pointe de Tignes, par le changement de couleur que produifent les eaux douces, qui paroiffent blanches fur la furface de la mer, & s'éten dent fort loin, auffi-bien que par les fils des courans, qu'on voit ordinairement par le travers de l'embouchure de cette riviere, dont les eaux vont presque toujours vers le fud-oueft. On peut paffer par un beau tems, pendant le jour, fort proche la pointe de Tignes, y ayant à un mille au large cinq à fix braffes d'eau. Il eft encore à observer, qu'on navigue le long des côtes du golfe de Lyon; il faut avoir égard, autant qu'on le peut, aux différens courans qui y font fort irréguliers; car on remarque, lorsqu'il a fait de grandes pluies, & que les étangs & les rivieres fe dégorgent plus abondamment, que les mers portent plus vivement au large, & qu'au contraire dans le tems des féchereffes que ces mêmes étangs fe rempliffent, les mers portent alors à terre : outre qu'une longue expérience nous fait connoître que les golfes & les plages attirent toujours les vagues de la mer, à quoi il faut que les pilotes ayent égard. On dira peut-être qu'on ne peut pas savoir, venant de loin avec un vaisseau, les tems qu'il a faits dans le golfe, puisqu'ils ne font pas univerfels; mais au moins on fera averti qu'il faut fe précautionner à tout évenement, en fe tenant plus au large, à moins que le vent ne fût du côté de terre.

TOUR DU TROUPEAU ou LA TOUR D'ADER. On dit que cette tour étoit au voisinage de Bethleem, Genefis 35, 21, & que les pafteurs à qui l'ange annonça la naisfance de Notre-Sauveur, (a) étoient près de cette tour, (b) où dans la fuite on bâtit une églife. Plufieurs interprétes prétendent que le paffage de Michée, où il eft parlé de la Tour du troupeau, (c) Et tu Turris gregis, nebulofa filia Sion, défignoit la ville de Bethléem, d'où devoit fortir le Sauveur du Monde. D'autres foutiennent que le prophéte a voulu marquer la ville de Jerufalem. Voyez les commentateurs fur cet endroit. (a) Luc. 2. 8, 13. (b) Hieron. ep. 27. (c) Mich. 4, 8.

TOUR-LA-VILLE, bourg de France, dans la Normandie, du diocèse de Coutances, fous l'élection de Valognes. Ce bourg n'eft féparé de la ville de Cherbourg que par la riviere; il y a de très-beaux moulins; la chapelle de faint Maur eft dans une lande; il y a auffi deux hermitages très propres ; les hermites font prêtres & cordeliers, à la nomination du feigneur de ce bourg. On voit encore dans cette paroiffe, à l'extrémité dans la forêt, une très-belle glacerie, où l'on fait des glaces de miroir qui font brutes, & qu'on embarque par mer à Cherbourg pour les porter à Paris, où on les polit. Il y a un directeur, un contrôleur, un payeur, & autres officiers. Il y a plus de cent ouvriers occupés à différens ouvrages. Il y en avoit autrefois deux cents fix gentilshommes qui n'avoient foin que de couper les glaces de toutes grandeurs. Ils fe relevoient de trois en trois heures, & avoient pour cela douze cents livres d'appoin

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