Chefs-d'œuvre de P. Corneille ...

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Raymond et Ménard, 1816
 

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Page 229 - De la compassion les chagrins innocents M'en ont fait sentir la puissance ; Mais je n'ai point encor senti ce que je sens. Je ne sais ce que c'est, mais je sais qu'il me charme, Que je n'en conçois point d'alarme; Plus j'ai les yeux sur vous, plus je m'en sens charmer.
Page 148 - Je n'appelle plus Rome un enclos de murailles Que ses proscriptions comblent de funérailles; Ces murs, dont le destin fut autrefois si beau. N'en sont que la prison, ou plutôt le tombeau : Mais, pour revivre ailleurs dans sa première force. Avec les faux Romains elle a fait plein divorce; Et, comme autour de moi j'ai tous ses vrais appuis, Rome n'est plus dans Rome, elle est toute où je suis.
Page 7 - La tendresse et les passions, qui doivent être l'âme des tragédies, n'ont aucune part en celle-ci ; la grandeur de courage y règne seule, et regarde son malheur d'un œil si dédaigneux qu'il n'en saurait arracher une plainte. Elle y est combattue par la politique, et n'oppose à ses artifices qu'une prudence généreuse, qui marche à visage découvert, qui prévoit le péril sans s'émouvoir, et ne veut point d'autre appui que celui de sa vertu, et de l'amour qu'elle imprime dans les cœurs...
Page 31 - II n'est rien qui ne cède à l'ardeur de régner; Et depuis qu'une fois elle nous inquiète, La nature est aveugle, et la vertu muette.
Page 229 - Moi de qui la pudeur devrait du moins attendre Que vous m'expliquassiez le trouble où je vous vois ? Vous soupirez , seigneur, ainsi que je soupire : Vos sens comme les miens paraissent interdits. C'est à moi de m'en taire , à vous de me le dire ; Et cependant c'est moi qui vous le dis.
Page 10 - Ce héros de ma façon sort un peu des règles de la tragédie, en ce qu'il ne cherche point à faire pitié par l'excès de ses infortunes ; mais le succès a montré que la fermeté des grands cœurs, qui n'excite que de l'admiration dans l'âme du spectateur, est quelquefois aussi agréable que la compassion que notre art nous ordonne d'y produire par la représentation de leurs malheurs.
Page 100 - Boyer et des Pradon. Ainsi Molière se soutiendra toujours, et sera le père de la vraie comédie, quoique ses pièces ne soient pas suivies comme autrefois par la foule. Ainsi les charmants opéras de Quinault feront toujours les délices de quiconque est sensible à la douce harmonie de la poésie, au naturel et à la vérité de l'expression, aux...
Page 5 - Espagnols, comme on l'a déjà dit, sont les inventeurs de ce genre, qui est une espèce de comédie héroïque. Ce n'est ni la terreur ni la pitié de la vraie tragédie ; ce sont des aventures extraordinaires, des bravades, des sentiments généreux et une intrigue dont le dénouement heureux ne coûte ni de sang aux personnages, ni de larmes aux spectateurs. L'art dramatique est ,une imitation de la nature, comme l'art de peindre.
Page 97 - Après tant de tragédies peu dignes de Corneille, en voici une où vous retrouvez souvent l'auteur de Cinna; elle mérite plus d'attention et de remarques que les autres. L'entrevue de Pompée et de Sertorius eut le succès qu'elle méritait, et ce succès réveilla tous ses ennemis. Le plus implacable était alors l'abbé d'Aubignac, homme célèbre en son temps, et que sa Pratique du théâtre, toute médiocre qu'elle est, fesait regarder comme un législateur en littérature.
Page 212 - Pour vouloir d'un œil sec voir mourir ce qu'on aime ; L'effort en est barbare aux yeux de l'univers, Et c'est brutalité plus que vertu suprême.

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