Les éditeurs de ce volume se font un devoir d'exprimer toute leur reconnaissance aux écrivains et aux libraires qui ont bien voulu leur accorder, avec l'obligeance la plus entière et la plus gracieuse, les autorisations nécessaires. 46074 1Q93 AVANT-PROPOS 045 1890 Le présent ouvrage n'est pas une nouvelle histoire de la Littérature française. Il y en a de bonnes, il y en a de médiocres, assez pour satisfaire tous les goûts. Il ne saurait être un Manuel préparatoire aux examens. Nous ne pensons pas que le besoin d'un manuel nouveau se fasse beaucoup sentir. Est-il du moins un ouvrage original? Pas davantage. Ni le fond, ni la forme, ni même l'idée du livre n'appartiennent à ses auteurs. Il n'en a pas pour cela moins de valeur au contraire. L'idée, en effet, appartient à Fénelon. Il recommandait de composer une rhétorique avec les plus beaux préceptes d'Aristote, de Cicéron, de Quintilien, de Longin et des autres célèbres auteurs. « En ne prenant que la fleur de la plus pure antiquité, disait-il, on ferait un ouvrage court, exquis, délicieux. » C'est un ouvrage de ce genre que nous avons voulu faire, non sur la rhétorique, mais sur la Littérature française. Introduire dans les classes les Maîtres de la critique contemporaine, les Nisard, les Sainte-Beuve, les Prévost-Paradol, les Cousin, les Taine, les Sacy, les Vinet, les Brunetière et beaucoup d'autres ; leur donner la parole pour qu'ils y professent eux-mêmes leurs plus belles et leur plus saines leçons sur les grandes périodes et sur les chefs-d'œuvre de notre Littérature, n'était-ce pas une application heureuse de l'idée de Féne lon? Jusqu'ici ils ont trop peu pénétré dans ce jeune public. Leurs noms y sont plus révérés que leurs écrits n'y sont connus. Ces écrits ne s'adressant pas à des adolescents ne sauraient parfois, sans quelque danger, être confiés à des adolescents. Les pages les plus intéressantes sont d'ailleurs dispersées dans d'innombrables volumes, et le professeur, condamné aux travaux forcés par un programme exorbitant, ne peut, faute de loisir, se délasser à les lire en classe et à les commenter. Il convenait donc de moissonner les plus belles gerbes dans ce champ immense; de faire un choix des meilleurs morceaux, et de composer ainsi un livre exquis de lecture et d'étude, qui fût vraiment, sous de modestes apparences, le livre d'or de la critique. C'est ce livre que nous pensons avoir fait. De plus, nous avons mis tout notre soin à choisir les jugements qui nous paraissaient à la fois les plus riches en idées générales et en aperçus neufs et les plus propres à servir de modèles de style aux jeunes gens et aux jeunes filles qui, à divers examens, auront tâche d'écrire sur des sujets littéraires. Nous avons ordonné ces jugements d'après un plan d'ensemble, de manière à suivre le mouvement des diverses époques, à faire le tour des hommes et des œuvres, à mettre en lumière leurs qualités et leurs défauts, à présenter enfin sur chaque sujet la fleur la plus pure de la critique, ce qu'il y a eu de mieux pensé et de mieux dit. Les biographies, les dates, les menus faits et les noms secondaires n'avaient pas leur place ici on les trouvera dans les manuels d'histoire littéraire, qui pullulent. Nous avons voulu soustraire la jeunesse à l'air épais de ces manuels, lui faire pratiquer des esprits de haute cime qui élèvent l'intelligence et lui ouvrent de larges perspectives. L'histoire de nos lettres n'est donc pas l'objet du |