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TYPOGRAPHIE DE FIRMIN DIDOT FRÈRES ET C",

IMPRIMEURS DE L'INSTITUT DE FRANCE,

RUE JACOB N 24.

DE

LA LANGUE FRANÇAISE

EXTRAIT DE LA DERNIÈRE ÉDITION

Du Dictionnaire de l'Académie

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PUBLIÉ EN 1835.

PAR. M. CH. NODIER,

MIMBRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE, BIBLIOTHÉCAIRE DE L'ARSENAL,

ET M. ACKERMANN.

R

Tous les mots donnés par l'Académie ont été conservés: on y a ajouté les étymologies,
la prononciation et un vocabulaire géographique.

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PARIS,
FIRMIN DIDOT FRÈRES ET C",

IMPRIMEURS-LIBRAIRES DE L'INSTITUT DE FRANCE;

L. HACHETTE, LIBRAIRE

DE L'UNIVERSITÉ DE FRANCE.

ISTO

1836.

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INTRODUCTION NÉCESSAIRE.

Il arrive une époque où les langues ne s'enrichissent plus, parce que la richesse réelle des langues consiste à fournir à la pensée tous les instruments dont elle a besoin, et que ce besoin a des bornes rationelles, déterminées par la portée possible de notre intelligence.

Il n'arrive point d'époque où les langues ne puissent s'augmenter, parce que les notions de faits sont inépuisables, et que les faits se présentent sous des aspects infinis.

Le langage ne s'arrête pas devant cette difficulté il ne produit plus de mots nouveaux, car il est défendu à l'homme de produire un mot nouveau qui ne représente pas une idée nouvelle ; · mais il combine des mots anciens, empruntés çà et là, et souvent employés au hasard, pour exprimer un nouveau fait, ou pour en modifier le nom par de nouvelles acceptions.

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Telles sont en général les nouvelles nomenclatures scientifiques, et ce n'est pas ici le lieu de chercher quel intérêt ont les sciences à traduire leurs nomenclatures dans les langues mortes, quand la langue vivante est devenue trop vulgaire. Ce qu'il y a de certain, c'est que tous ces mots survenus à la suite des langues faites composent des argots plus ou moins utiles dans l'usage des langues techniques, mais qu'ils n'appartiennent plus à la série, d'ailleurs assez difficile à fixer, des vocables naturels.

L'Académie française, instituée pour régler et pour conserver la langue, eut la sagesse de circonscrire son travail, et de rester dans ses véritables attributions. Elle laissa une large part à la féconde industrie du lexicographe qui croissait avec toutes les autres, une large part au néologisme et à la fantaisie. Elle se prescrivit de ne rien accueillir qui n'eût l'autorité d'un livre avoué par le public, ou d'une manière de parler confirmée par l'habitude.

Son plan, ainsi restreint, n'admet que la partie eructe de la langue, et c'est pent-être avec cette sobriété scrupuleuse que devait être exécuté le Dictionnaire de l'usage. Il ne nous appartient pas de décider, cependant, si l'Académie aurait pu faire mieux quand elle entra dans l'exercice de son mandat, entre une langue admirable qui n'était déjà plus, et une langue également admirable qui attendait encore ses maîtres et ses modèles. Quoi qu'il en soit, son Dictionnaire, sans doute un peu prématuré, influa d'une manière essentielle sur la langue française, dont il est resté la règle, et dont il sera pour l'avenir le plus précieux document.

Renfermé dans le cadre dont nous parlons, le Dictionnaire de l'Académie est encore, par son étendue, un de ces livres d'étude qui demandent pour être consultés les facilités du pupitre et du bureau; il ne peut guère mieux s'accommoder à la chaise de poste du voyageur riche qu'à la poche du piéton; il a dù pourvoir d'ailleurs à une multitude de difficultés de détail, qui surgissent à tout moment dans une conversation très-développée, ou dans une lecture trèsattentive, mais qui ne sont que d'une importance fort secondaire dans les communications essentielles de la parole. On ne saurait s'en passer pour écrire avec justesse; on peut trouver dans un Abrégé fait avec soin tous les renseignements nécessaires pour s'exprimer correctement. Telle est l'origine de ces Vocabulaires, si multipliés dans le commerce de la librairie, sous des noms justement estimés, et auxquels des additions plus ou moins heureuses ont donné quelquefois un air de nouveauté, mais qui sont toujours calqués, en dernière, analyse, sur le Dictionnaire de l'Académie.

a.

L'éditeur du Dictionnaire de l'Académie a dû penser, par conséquent, à le résumer dans un Vocabulaire usuel et portatif, qui 'aurait, par dessus les autres, l'autorité du grand ouvrage dont il est la plus simple expression possible, et qui serait, en quelque sorte, exécuté sous les yeux de l'Académie elle même. C'est une œuvre d'autant plus difficile que, partout où il y a concurrence, il y a nécessité d'enchérir, et que les Vocabulaires privés dont nous parlons n'ont pas manqué d'enchérir sur l'Académie, en suppléant à l'exiguïté de la définition par des illustrations dont l'Académie, si elle l'avait voulu, pouvait aisément leur enlever l'initiative, comme l'Étymologie et la Prononciation.

Ces deux grandes questions que l'Académie a laissées, presque partout, à l'arbitre du lecteur de son Dictionnaire, en attendant qu'elle eût le loisir ou la volonté de leur consacrer un travail plus vaste et plus lumineux qui l'occupe, dit-on, dès aujourd hui, sont en effet élémentaires dans la connaissance des langues; et on peut même dire absolument que personne n'a le droit de proférer le mot avec autorité, que personne n'est capable de lui donner sa valeur virtuelle, sans en connaitre l'Étymologie et la Prononciation; mais les auteurs de Vocabulaires ont jusqu'ici tranché cette question plutôt que de la résoudre, parce qu'elle est insoluble dans beaucoup de points, et qu'il fallait que la saine raison, qui émane pour nous de quelques excellents écrits, la dégageât d'abord de ses exceptions nécessaires.

Nous admettrons donc ce système d'additions, malgré sa hardiesse, dont aucune théorie écrite n'a pu encore régler les écarts; nous l'admettrons, dis-je, pour ne pas rester en arrière avec les Vocabulaires qui nous ont précédés, et pour jeter un peu de clarté, si nous en sommes capables, dans ce chaos de faits douteux auxquels manquent à la fois les principes et les signes; mais nous avons besoin pour cela de trouver quelque attention dans l'homme qui sent la nécessité d'apprendre, parce qu'il a conçu la ferme volonté de savoir. C'est pour lui seul que ces pages sont écrites, car nous les tenons pour inutiles à l'usage habituel et aux communications vulgaires de la parole.

Nous dirons donc d'abord ce que nous entendons par les Étymologies d'une langue, et de la langue française en particulier.

Nous chercherons ensuite à faire comprendre ce que nous croyons comprendre nous-mêmes de sa Prononciation.

Nous réduirons enfin ces dernières notions à leur expression la plus abrégée, pour fournir à l'étude autant de renseignements qu'il nous est possible de lui en offrir par un rappel commode à l'ordre alphabétique du Vocabulaire.

DE L'ÉTYMOLOGIE.

L'Étymologie, suivant les racines de son nom, c'est la vérité de la langue; et on conçoit à merveille l'intérêt que les hommes ont pu trouver à remonter de plus en plus aux origines de leur parole, pour se rendre compte de ce mystère qu'ils ne connaitront jamais. L'Étvmologie, raison du langage, a donc nécessairement occupé les bons esprits, et son étude a tant d'attraits pour les intelligences inventives et curieuses, qu'il n'est pas étonnant qu'elle en ait égaré plusieurs.

Nous n'entendons rien à l'Étymologie, prise dans son sens absolu, puisque la langue primitive est encore à découvrir. C'est une solution qui résoudrait tout en lexicologie, mais qu'on n'obtiendra point.

Quant aux étymologies d'une langue actuelle, quant à la manière dont les mots s'y sont introduits, c'est une recherche vulgaire, et que nous pouvons entreprendre. Le plan de notre ouvrage ne demande rien de plus.

Soit que tous les peuples aient puisé leurs langues à une source commune, soit que la faculté de les produire et de les modifier ait été subordonnée partout à de certaines conditions de localité qu'on peut assujettir, sans trop d'effort, à des circonscriptions géographiques assez bien déterminées, partout où il s'est formé une société d'hommes il s'est formé une langue. C'est ce qu'on appelle la langue autochthone, la première langue de la patrie. C'est, relativement à chaque langue en particulier, la seule langue primitive où il lui soit permis de chercher ses titres et ses origines.

Mais aucune langue n'avait pu se renfermer dans des limites infranchissables,

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