par classes, avec ceux des provinces de la France, sont en général plus instruits, et connaissent mieux même la grammaire française. Mais si nous avons à faire moins de chemin pour arriver au but, ne devons-nous pas, par cela même, être plus empressés de chercher à l'atteindre ? Qu'on doive se corriger des locutions décidément vicieuses, des expressions plus ou moins barbares, des fautes de grammaire bien évidentes, c'est ce que personne ne niera sans doute. Qu'il convienne aussi de remplacer, quand cela se peut, des mots purement vaudois, ou des mots français dénaturés, par d'autres mots qui ont réellement la même acception, et que le bon usage a consacrés, cela paraît encore tout-à-fait incontestable. Mais si l'on prend à part les mots du pays qui, d'après les dictionnaires, n'ont décidé ment point de synonymes proprement dits, parce que les objets qu'ils désignent ne sont pas du tout connus à Paris, ou du moins pas avec les nuances que nous y avons introduites, je ne vois assurément aucun inconvénient à les conserver. Dans des cas de ce genre, si j'ai élevé des doutes sur tel ou tel mot, ce n'est point pour qu'il soit absolument banni, proscrit; mais pour qu'on soit averti qu'il est peutêtre entaché de quelque illégitimité, et soupçonné d'avoir usurpé son rang. Du reste, j'avais annoncé, dans ma pre mière édition, que je parlais d'après le Dictionnaire de l'Académie, et que cependant je pouvais m'être trompé quelquefois. Je prévoyais donc des erreurs, mais je ne pouvais être accusé de les avoir commises lorsque je me trouvais bien d'accord avec l'autorité que j'avais choisie, et qui devenait mon seul, guide et mon seul soutien. Pour cette seconde édition, j'ai de plus consulté de temps en temps le Dictionnaire de GATTEL. On voudra donc bien se souvenir que je ne me charge en aucune manière d'accorder entr'eux tous les ouvrages divers qui ont été publiés sur cette matière. Pour terminer, je dois avertir mes lecteurs que, dans cette édition, comme dans la précédente, j'ai rejeté l'ordre alphabétique, parce que je me suis aperçu que cet ordre offrait une lecture des plus sèches et des plus arides; qu'il empêchait d'ailleurs le rapprochement de mots et d'expressions qui avaient souvent entr'eux des rapports intimes, et qu'on aimait à trouver ensemble. Il m'a paru, je l'avoue, la répétition constante des on dit, on ne dit pas, était moins repoussante qu'un A B C. Mais j'ai distribué ines observations par numéros, et j'ai mis au commencement du livre une table alphabétique de tous les mots bons ou mauvais dont il est fait mention dans l'ouvrage. que Mr. le Past. DUMAINE, dans une excellente grammaire française, publiée en 1810, a donné un dictionnaire d'expressions vicieuses, qu'il a tiré en grande partie, comme il le dit, de la première édition de mon opuscule. Il est fâcheux qu'après avoir placé dans une colonne à gauche tel ou tel mot français que nous ne prenons pas dans sa véritable acception, il ait souvent indiqué cette dernière acception dans la même colonne : j'ai remarqué que cela jetait du louche dans l'esprit des lecteurs; car suivant leurs titres la colonne de la gauche ne devrait comprendre que les expressions condamnées, et la colonne de la droite devrait contenir toutes les bonnes expressions. |