Images de page
PDF
ePub

267. On ne dit pas, une brassière, on dit, des bras sières, subst. fém. pluriel.

268. On ne dit pas, un déjeuner-dinatoire, ni un goûter-soupatoire; on dit, un déjeuner-diner, et un goûter-souper.

269. On ne dit pas, ce mari et cette femme se sont divorcés, ni divorciés; on dit, ce mari et cette femme ont fait divorce, ou ont divorcé.

270. On ne dit pas,

les dixmes et les censes; on dit, les dixmes et les cens, ou la dixme et le cens. Une cense est, dans quelques provinces, une métairie, une ferme.

On appelle une censière, celle qui tient une cense à ferme. Ainsi ce mot n'a point la signification que nous lui donnons.

271. On ne dit plus, cet homme est mol; on dit, cet homme est mou. Ce mot fait toujours mou au masculin.

272. On ne dit pas, huitante; on dirait plutôt octante; mais ce mot est vieux; l'usage est de dire, quatrevingt.

Il vaut aussi mieux dire, soixante-dix et quatrevingt-dix, qne septante et nonante.

273. On ne doit pas prononcer, du bouli, de la boulie; on doit dire, du bouilli, de la bouillie, en mouillant la double ll.

274. On n'appelle pas, ratelet de mouton, la pièce du quartier de devant d'un mouton, lorsque le collet et l'épaule en sont dehors; c'est ce qu'on appelle, un carré de mouton, ou un haut côté.

275. On n'appelle pas, souscarre, cette petite pièce de toile qu'on met à la manche d'une chemise à l'endroit de l'aisselle, on l'appelle, un gousset.

On appelle aussi gousset le creux de l'aisselle, le bourson qu'on met en dedans de la ceinture de la 'culotte, et une espèce de petite console de menuiserie servant à soutenir des tablettes.

276. On ne dit pas, une tourtelette; on dit, une tartelette.

!

Les pièces de pâtisserie que nous appelons ordi nairement des gateaux et des tourtes, sont plutôt des tartes. La tarte n'est point couverte par dessus 4* ou son couvercle est découpé ou composé de bandes de pâte. Il paraît que la tourte a plus de relief et qu'elle est couverte, elle se rapproche davantage du páté. Le gâteau est fait ordinairement avec de la farine, du beurre et des œufs.

Du reste, on ne dit pas, tourte aux pigeonnaux, à la moelle, aux épinards, aux confitures; on dit, tourte de pigeonnaux, de moelle, d'épinards, de confitures.

On dit cependant, tarte à la créme.

277. On ne dit pas, c'est un gros bétard; on dit, c'èst
un gros béta.
278. On n'appelle pas épargne, un instrument qu'on
met dans le chandelier pour hrûler nne chandelle
jusqu'au bout; on l'appelle un binet.
Faire binet,
c'est mettre un bout de chandelle ou de bougie sur
le binet.

279. On n'appelle pas blette, une plante à fleurs hermaphrodites, dont on sert les feuilles accommodées sur nos tables; on l'appelle bette ou poirée.

La blette est une autre plante, qui a des fleurs mâles et femelles séparées, sur le même pied. 280. On n'appelle pas carotte rouge, une plante qui est une variété de la précédente, et dont nous mangeons la racine en salade; on l'appelle betterave ou poirée rouge. Salade de betterave.

La carotte est une plante d'un autre genre, et dont la racine, que l'on mange aussi en salade ou accommodée, est jaune ou rougeâtre; c'est ce que nous appelons ordinairement dans le pays, d'une manière absolue et mal à propos, des racines.

281. On ne dit pas d'un homme qui a les jambes tortues, qu'il est cagneux ou bancal. Le premier de ces mots est français et s'applique à celui qui a les genoux et les jambes tournés en dedans. Un homme

cagneux,

cagneux, une femme cagneuse. On dit aussi, il a les jambes cagneuses, il a les pieds cagneux. Le second n'est français qu'au féminin, mais c'est un terme populaire et de dénigrement; il se dit d'une femme qui a les jambes tortues ; c'est une bancalle; tout comme on dit d'un homme qui est dans le même cas, c'est un bancroche.

Quand ce défaut de conformation, chez un homme ou chez une femme, s'étend à d'autres parties, à l'occasion d'une maladie qui consiste principalement dans la courbure de l'épine du dos et de la plupart des os longs, dans des noeuds qui se forment aux articulations, et dans le rétrécissement de la poitrine, on dit qu'ils sont rachitiques; et la maladie elle-même s'appelle le rachitis. On dit aussi des enfans qui en sont attaqués, qu'ils sont noués.

Le blé est sujet à une maladie qui rend ses tiges tortues et nouées, et l'on dit alors par extension, qu'il est rachitique. La maladie elle-même s'appelle, le rachitisme du blé. 282. On ne dit pas, clédar; un on dit, une barrière. 283. Nommer, ne doit pas se prononcer non-mer, mais no-mer avec l'o bref, et comme s'il n'y avait qu'une m.

[ocr errors]

284. Second, ne doit pas se prononcer segond, mais segond.

285. Recommandation, on ne doit pas prononcer récommandation.

De même repentance, repentir, et non répentance, répentir.

De même religion et non religion.

De même relation, relatif, relativement, et non rélation, rélatif, relativement.

De même je deviens, tu deviens, il devient; et ́ non je déviens, tu déviens, il dévient.

De même deviner, un devin, une devineresse, une devise, un devis, au lieu de déviner, un dévin, etc. On dit quelquefois un devineur, mais il est du style familier.

[ocr errors]

De même enfin dehors et non dehors. Il est allé dehors; cela avance trop en dehors; portez la pointe du pied en dehors.

286. On doit dire remédier et non rémédier; recréation et non récréation; représenter et non rẻprésenter; secrétaire et non sécrétaire ni sécretaire. 287. On doit dire désir, désirer, récit, réciter, et non desir, desirer, recit, reciter.

On doit aussi dire numéro et non numero. 288. On ne dit pas, banderet, on dit, banneret. 289. On n'appelle pas prolation la manière de prononcer un discours; on l'appelle, suivant le cas récitation où déclamation.

290. On ne dit pas qu'un tel a débité son sermon; mais qu'il a prononcé son sermon. On dit cependant

débiter des nouvelles.

On dit aussi qu'un homme a un beau débit, qu'il a le débit aisé, le debit agréable, pour dire qu'il parle avec facilité et avec grâce.

291. On n'appelle pas tractation la manière de traiter un sujet en écrivant.

292. On n'appelle pas dictature ce que l'on dicte pour être écrit en même temps par un seul ou par plusieurs autres; on l'appelle dictée: Voici la dictée d'aujourd'hui, la dictée a été longue.

293. Un marchand ne doit pas dire, qu'on trouvera chez lui telle ou telle marchandise à la continue; pour dire qu'il en sera continuellement ou continuement pourvu.

A la continue est une expression française, mais elle signifie, à la longue, à force de continuer. Il travaille d'abord avec ardeur, mais à la continue il se ralentit; à la continue il se lasse.

294. Le mot battologie, qui est français, et qui signifie la répétition inutile d'une même chose, me détermine à citer une expression analogue, employée quelquefois dans le langage très-familier du pays; mais qui n'est point française; c'est celle de batollier, ou batouiller. Elle ne fait que batollier, c'est une franche batollie.

295. Ceci me rappelle un autre terme familier du pays, c'est celui de virevoute; nous le substituons au mot français virevousse, qui se dit figurément et familièrement par corruption de virevolte. Cet homme fait bien des virevousses.

Virevolte subst. fém. tour et retour faits avec vitesse. Il a fait faire cent virevolies à son cheval. 296. On n'appelle pas serment, le bois que pousse le cep de vigne; on l'appelle sarment.

297. Un homme fatigué ne doit pas dire, je suis lasse; mais je suis las.

298. On ne dit pas, ces haricots sont bonnes; mais ces haricots sont bons. Du reste l'H s'aspire.

299. On ne dit pas, mietter du pain, du sucre; on dit, émietter ou émier. Mr. Dumaine dit que le verbe émietter est neutre; l'Académie et Gattel le font actif comme émier. Je ne me suis donc pas trompé ici. 300. On ne dit pas, la ville et ses alentours, pour la ville et ses environs. On dirait plutôt ses entours. Il s'est assuré des entours de la place.

Mais on dit, tourner à l'entour, les échos d'alentour, les bois d'alentour.

301. On ne dit pas, eccætera, ni eccætra; mais et cætera, en prononçant le T du premier mot. 302. On ne dit pas, la repourvue d'une vacance; on pourvoit à une place vacante, on en pourvoit quelqu'un; mais on ne pourvoit pas la vacance. D'ailleurs le mot repourvue n'est pas français.

303. On n'appelle pas rebrandons où rebrondons, les nouvelles pousses du chou; on peut appeler cela, des rejets de chou.

304. On n'appelle pas banque, ni banche, une sorte de table où il y a communément un tiroir fermant à clef, et dont les marchands se servent, soit pour compter leur argent, soit pour le serrer; ce meuble s'appelle un comptoir; quoique ce dernier mot signifie aussi un bureau général ou une factorerie de marchands, et particulièrement dans les Indes.

« PrécédentContinuer »