On ne doit pas non plus appeler banche le lieu dans lequel un notaire ou un procureur travaillent ordinairement, on l'appelle étude. 305. On ne dit pas, de fréquentes érésipèles; on dit, de fréquens érysipèles. Erysipele dartreux, érysipèle flegmoneux. 306. On ne dit pas, il est de delà, pour dire, il est dans l'autre chambre. Si l'on disait que quelqu'un est de delà les monts, cela signifierait, qu'il est d'un pays situé delà les monts, au delà des monts. 307. On ne doit pas dire, une écouvre, pour un écrou de pressoir. 308. On ne doit pas appeler pilon, le vase dans lequel on pile certaines choses, ce vase s'appelle mortier. Le pilon est l'instrument dont on se sert pour piler dans le mortier. Un mortier de fonte. Un mortier de marbre. Le pilon d'un mortier. 309. On ne doit pas dire, cette chambre ici, pour cette chambre-ci. 310. On ne dit pas, pour quelle raison que ce soit; mais pour quelque raison que ce soit. 311. On n'appelle pas bombarde, un petit instrument de fer, qui a une languette au milieu, et dont on tire du son en le mettant entre les dents, et en le touchant avec le bout du doigt, on l'appelle trompe, subst. fém. ou trompe à laquais. Quelques-uns l'appellent aussi une guimbarde, une rebute, même une guitare, comme l'instrument à cordes connu sous ce nom. Le mot gronde subst. fém., indiqué par Mr. Dumaine, n'est, je crois, synonyme de trompe que dans le cas où celui-ci désigne un instrument à vent qui est de cuivre et qui sert à la chasse. Pour tout cela voyez Gattel. 312. On ne doit pas dire, la nuit est si noire qu'on ne voit pas une goutte; mais, la nuit est si noire qu'on ne voit goutte. 313. On ne dit pas, jurisdiction; on dit, juridiction. 314. On ne doit pas appeler carre de pluie, ni tapassée, une pluie subite et abondante, c'est ce qu'on appelle une averse. Nous essuyames une averse. On l'appelle aussi ondée. Il pleut par ondees. Une bonne ondée. Il faut laisser passer l'ondée. Enfin l'on dit encore, une giboulée, ou une guilée. Giboulée de Mars, Guilée de Mars. Il a fait trois ou quatre guilées aujourd'hui.. On dit la carre d'un chapeau, d'un habit, d'un soulier, d'une personne. Voyez ces mots et celui de carrure dans le Dictionnaire de l'Académie. 315. On ne dit pas, bailler aux corneilles; on dit, bayer aux corneilles. 316. On ne dit plus bienveuillant, bienveuillance; on dit bienveillant, bienveillance. 317. On ne dit pas d'un homme qui est louche, qui a un œil ou les deux yeux tournés en dedans, qu'il est bicle; on dit qu'il est bigle. Un homme bigle. Une femme bigle. On dit aussi bigler. Il bigle. Il s'accoutume à bigler. une bise 318. Quelques personnes croient qu'il ne faut pas appeler bise le vent du nord, ce mot est français. Vent de bise. Il fait une bise tranchante, qui coupe. Lieu exposé à la bise. 319. On n'appelle pas millecanton, du fretin, menu poisson, on l'appelle, de la blanchaille. On l'appelle aussi du frai, quoique ce mot désigne ordinairement des œufs de poisson mêlés avec ce qui les rend féconds. du 320. On n'appelle pas raisson, ce qui tombe du bois quand on le scie, on l'appelle sciure. De la sciure de buis. 321. On ne dit pas, récurer de la vaisselle, une chambre, etc., on dit, écurer. On n'appelle pas non plus, récureuse, celle qui écure, on l'appelle écureuse. 322. On ne dit pas, de la baudruche, pour une pelli cule de boyau de boeuf, dont les batteurs d'or se servent, on dit, du baudruche. La bodruche, avec un O, est une sorte de parchemin très-fin, fait de boyau de bœuf. 323. On ne dit pas, foussoyer; on dit, fossoyer. Ce terme est employé par l'abbé Rosier, dans le sens de, fouir la terre. Cependant l'Académie dit que fossoyer, c'est fermer avec des fossés ou des fosses creusées en long. Pré fossoyé. Maison fossoyée. On appelle fossoyeur celui qui creuse les fosses pour enterrer les morts; précisément parce qu'il fait des fosses. Le mot foussoir ou fossoir n'est pas français. L'instrument que nous nommons ainsi, est une houe, soit qu'il n'ait qu'un fer entier plat et plus ou moins large, soit qu'il ait un fer composé de deux branches ou dents d'une certaine longueur. Dans ce dernier cas, on dit, houe à deux branches, ou hoyau. Houer, c'est labourer avec la houe. Il faut houer cette terre, ce jardin. Ce vigneron ne fait que houer toute la journée. 324. On ne dit pas sercler, pour arracher les méchantes herbes; on dit sarcler. On appelle sarcleur celui qui sarcle, sarctures les herbes que l'on a arrachées en sarclant, et sarcloir un instrument propre à ṣarcler. Ce que nous nommons mal à propos sercloret, s'appelle une binette ou une serfouette ou une petite houe. 325. On n'appelle pas bordon, une espèce de grosse abeille; on l'appelle bourdon. On appelle aussi bourdon, le bâton des pélerins; et non bordon, ni dordon, 326. On n'appelle pas bourreaude une femme cruelle. La femme du Bourreau s'appelle Bourrelle; et l'on dit figurement et populairement, d'une mère qui traite ses enfans avec une dureté excessive une véritable bourrelle. ? que c'est 327. On ne dit pas d'une personne qui a perdu quel qu'une des dents de devant, qu'elle est berche; on dit qu'elle est brèche-dent. Cet homme est brèchedent. Cette femme est brèche-dent. Une berche est une petite pièce de canon de fonte verte. C'est un terme de Marine. Dans Mr. Dumaine ce mot se trouve, dans ce dernier sens, placé avec les mots défectueux et écrit en lettres capitales; c'est sans doute une faute d'impression. Le mot espoir de fonte est indiqué comme devant le remplacer; cependant celui-ci n'est, ni dans l'Académie, ni dans Gattel. 328. On ne dit pas d'une personne qui fait les choses sans exactitude et sans réflexion, qu'elle est une breloque, ou une bredouille. Une breloque est une curiosité de peu de valeur. Bredouille est un terme du trictrac. Mais on dit figurément et familièrement, sortir bredouille d'un lieu, d'une assemblée, pour dire, en sortir sans avoir pu rien faire de ce que l'on s'était proposé. Bredouiller, c'est parler d'une manière mal articulée et peu distincte; et l'on appelle bredouilleur, euse, celui ou celle qui bredouille. On n'entend point ce qu'il dit, c'est un bredouilleur. 329. On ne dit pas, le brouillard d'une lettre, on dit, le brouillon. Voilà mon brouillon. Je n'en ai fait qu'un brouillon, 330. On ne dit pas, il sent ici le brûlon; on dit il sent ici le brulé. Cette bouillie sent le brûlé, a un goût de brúlé. 331. Notre patois, faire la buie pour faire la lessive, est presque français, car on dit la buée; mais ce mot est vieux. On appelle une buanderie, un lieu où sont un fourneau et des cuviers pour faire la lessive. C'est ce que nous nommons, une chambre à lessive. Mr. Dumaine met le mot buanderie parmi les expressions vicieuses; c'est sans doute encore une faute d'impression. 332. On ne dit pas, une busque; on dit, un busc. Mettre un busc. Porter un busc. Mr. Dumaine écrit un busque et dit de prononcer un busc. Ni l'Académie, ni Gattel, ne connaissent la première orthographe. 333. On n'appelle pas cadeau un don, un présent du moins l'Académie ne prend pas ce mot dans ce sens. Un cadeau est un repas, une fête que l'on donne, principalement à des Dames. Donner un grand cadeau. On dit figurément et fàmilièrement dans le même sens, je m'en fais un grand cadeau, pour dire, je m'en promets un grand plaisir. Un cadeau est aussi un trait de plume grand et hardi, qui se fait sans lever la main, et qui marque quelque figure. Faire des cadeaux. 334. On n'appelle pas cagnard une espèce de petite alcove. Cagnard est adjectif et substantif et signifie, dans le langage familier, fainéant, paresseux. Il mène une vie cagnarde. C'est un cagnard. On dit aussi, dans le même sens, cagnarder et cagnardise. Cet homme ne fait plus que cagnarder. 335. On n'appelle pas calamande ou calamandre, une étoffe de laine lustrée d'un côté; on l'appelle calmande. 336. On ne dit pas, une pomme calvine; on dit, une pomme de calville. Un calville rouge. Un calville blanc. Voilà de beau calville. 337. On ne dit pas une poire beurrée grise, beurrée rouge, etc.; on dit, une poire beurre gris, beurré rouge, etc. 338. Un ne dit pas camamille; on dit camomille. 339. On ne dit pas, une secoupe, ni une sous-tasse ; on dit une soucoupe. 340. On ne dit pas, faire démortir de l'eau, la faire chauffer un peu; on dit, faire dégourdir de l'eau. Gattel dit: faire dégourdir de l'eau; la faire un peu chauffer, afin qu'elle soit moins froide et moins crue. C'est précisément ce que l'on entend dans le pays en disant: faire démortir de l'eau. |