ECLAIREZ MONSIEUR, dans le sens d'apporter de la lumière pendant la nuit; dites éclairez à Monsieur, ou simplement éclairez. Eclairer un tel signifie, ou donner de la clarté à son esprit, ou l'épier, observer ses actions. EMBROUILLAMÍNI; dites brouillamini. EXCUSES (JE VOUS, DEMANDE); dites je vous fais mes excuses, ou je vous prie de m'excuser, je vous demande de m'excuser. La personne offensée peut excuser, ou accepter des excuses, mais ce n'est pas à elle à en fournir. FIXÉ (JE L'AI), dans le sens de regarder; dites je l'ai regardé en face, j'ai fixé les yeux sur lui. Fixer c'est rendre fixe. FLAIRER, dans le sens d'exhaler une odeur; dites fleurer. Les personnes flairent et les choses Aeurent Flairer une rose un œillet. Cela fleure bon. Sentir a les deux significations précédentes. Sentir une tubéreuse. Il est enrhume il ne sent rien. Cela sent bon, mauvais. Cela sent le serpolet. Cela sent le brûlé. Quand on dit absolument cela sent, on sousentend toujours mauvais, Son haleine sent. Cette viande commence à sentir. On dit aussi il sent bon ici, il sent mauvais ici. Il sent telle chose dans cette chambre, FRANCHIPANE; dites frangipane, HYMNE est en général masculin. Seigneur! quels hymnes de louange ne vous devons-nous point? Un bel hymne en l'honneur d'Apollon, en l'honneur de Cérès. Mais hymne s'emploie ordinairement au féminin pour certains chants d'Eglise. Entonner une hymne. Chanter une hymne. Une belle hymne. reçu. JE FUS LE VOIR CE MATIN ET IL ME REÇUT BIEN; dites j'ai été le voir ce matin et il m'a bien J'IMAGINE QUE CELA EST AINSI; dites je m'imagine que cela est ainsi. J'IMITE L'EXEMPLE D'UN TEL; dites j'imite un tel, ou je suis l'exemple d'un tel. J'imite les actions d'un tel. IL M'EN IMPOSE, pour il m'inspire du respect, il me donne de la timidité; dites il m'impose. Il m'en impose, signifie il me trompe, il me dit un mensonge.. JOUIR D'UNE MAUVAISE RÉPUTATION, ne peut se dire, parce qu'il n'y a là aucune jouissance. On dit, étre en mauvaise réputation. JOUIR D'UNE MAUVAISE SANTÉ, n'est pas plus recevable. Avoir une mauvaise santé n'est guères meilleur parce qu'il y a opposition entre ces deux mots. II vaut mieux dire; n'avoir pas une bonne santé, ou n'avoir point de santé. LAIDRON (CETTE FEMME EST UN VÉRITABLE); véritable laideron. 9 dites une Là où JE DEMEURE (C'EST); dites c'est là que je demeure. De même pour Là où JE VEUX ALLER, etc. LARRONNE (UNE); dites une larronnesse. LINTAUX (SERVIETTES À); dites serviettes à liteaux 9 (Voyez No. 167), MARCS (UNE BALANCE ET SES); dites et ses poids; le marc n'est que la demi-livre. MINABLE (IL EST, IL A L'AIR); ce mot n'est pas français, il faut chercher une autre expression. MIDI (LES), LA MINUIT, LES MINUIT; dites le midi, le minuit. Je me rendrai là à midi sonnant, sur le midi, Midi est sonné, Minuit est sonné. Sur le minuit. En plein minuit. On ne peut pas dire la minuit, ni lä mi-nuit, quoiqu'on dise la mi-Mai, la mi-Août, etc. MOUSSEUX (CE MORCEAU DE BOIS EST), CETTE PIERRE EST MOUSSEUSE; dites moussu, moussue. Le vin de Champagne est mousseux, la bière est mousseuse. NOCE DE PAIN, DE VIANDE, etc., (UNE); dites une bouchée de pain, de viande, etc. Une bribe est l'opposé, c'est un gros morceau. Il a mangé une bribe de pain bis ; et non un campigneau, ni un chiquet. PAREPLUIE, PARESOL; dites parapluie, parasol. PERCLUS, PERCLUE; dites perclus, percluse, Elle est percluse de tous ses membres. PECTO (IN); dites in petto. PLEURS (LES PREMIÈRES); dites les premiers pleurs. PLEURS (DE JOIE); dites larmes de joie. On dit cependant pleurer de joie. PLEUVIGNER, faire une petite pluie; dites bruiner. PLURÉSIE (UNE); dites une pleurésie. PROVIGNURE (UNE, DES), rejeton d'un cep de vigne provigné; dites un provin, des provins. Voilà des provins qui viennent bien. Les provins ne rapportent pas la première année. QUINQUERNE (UNE), instrument de musique à cordes de boyau, à touches et à manivelle; dites une vielle. Jouer de la vielle. Vielle commune. Vielle organisée; elle prend ce nom quand on y a joint un petit orgue. QUINQUERNE (C'EST UNE), IL NE FAIT QUE QUINQUERNER, dans le sens d'user de longueurs inutiles dans ce que l'on fait dites il est long, elle est longue comme une vielle, il ne fait que vieller, (Voyez No: 217). QUINQUERNE MAGIQUE; dites lanterne magique. RAISONNE (CETTE CHAMBRE ); dites résonne: RANCUNEUX, EUSE; dites rancunier, ière. RÉCIPISSÉ (UN); dites un récépissé. SAIGNE (UNE, LA); dites une saignée, la saignée. SANS DESSUS DESSOUS SANS DEVANT DERRIÈRE; dites sens dessus dessous, sens devant derrière. SOIR (HIER), DEMAIN SOIR; dites hier au soir, demain au soir. On peut dire cependant hier matin, demain matin; mais il vaut mieux aussi y joindre au. SUBSTANTER, nourrir; dites sustenter. OBSERVATION. Gattel admet les mots blancherie pour blanchisserie cadeau pour don, chauffe-lit, et chauffe-pieds, (Voyez No. 260. 333. 205. 204). FIN. AVERTISSEMENT SUR LES PIÈCES SUIVANTES. LA première édition de mon opuscule avait donné naissance à deux petites pièces fugitives bien écrites, qui se présentaient comme des critiques de mon travail. Les auteurs de ces prétendues critiques sont du nombre de nos compatriotes qui ont le plus d'esprit, qui con→ naissent le mieux la langue, et dont le style est le plus pur et le plus correct. Je savais positivement que, tout en feignant de jeter quelque blâme sur mes observations, ils abondaient cependant dans mon sens. J'ai donc ri le premier de leurs ingénieuses plaisanteries et je crois devoir les reproduire ici pour égayer un peu une matière qui par elle-même est aussi sèche et aussi aride que possible. J'y joindrai une autre pièce composée, quatre ans plus tard, par un poète de Genève, pour signaler quelques expressions vicieuses, plus ou moins usitées dans cette ville. LETTRE ADRESSÉE AU REDACTEUR DU JOURNAL SUISSE, EN SEPTEMBRE 1808, PAR M. LOUIS CASSAT, A l'occasion des Observations sur le langage du Pays de Vaud. CE petit ouvrage qui nous manquait, et dont le besoin se faisait sentir depuis long-temps, est une nomenclature bien faite et à-peu-près complète des locutions vicieuses de la Suisse française. Il n'était pas possible de poser d'une main plus sûre, ni avec plus de goût et de sagacité, les limites souvent indécises du bon et du mauvais usage; aussi ne doutons-nous pas que ce recueil ne devienne le manuel de tous ceux de ios jeunes gens qui seront jaloux de parler leur langue correctement et avec quelque exactitude. C'est un guide aussi sûr qu'éclairé qu'ils peuvent suivre avec confiance et sans risque de s'égarer. Le torrent grossissait et il était temps de l'arrêter. Grâces en soit rendues à M. Develey, c'est lui qui le premier a signalé le danger; mais en indiquant le mal, il a le soin de placer le remède à côté ainsi plus d'excuses; et si désormais nous bronchons, ce sera pure malice à nous, car nous voilà dûment avertis. On nous montre l'écueil; c'est à nous maintenant d'y prendre garde. Observons, en passant, que c'est moins encore des mots proprement dits que nous avons à nous défendre, que de certains tours de phrase légèrement barbares qui nous décèlent inhumainement à la première vue en imprimant en quelque sorte sur notre front le cachet fidelle du Pays-de-Vaud. |