de ces deux auxiliaires et leurs oreilles et leurs yeux. céron lui reprocha le calme de son visage, la langueur de sa voix, la mollesse de son style dans une accusation de cette nature; et en même temps qu'il mettait à découvert les imperfections de l'orateur, il sut en faire un argument de la dé fense, qu'il termina par cette apostrophe: Si tu disais vrai, Calidius, est-ce donc ainsi que tu t'exprimerais?» (An de R. 687.) DE LA VOIX ET DU GESTE, CHEZ LES ÉTRAN 1. Mais prouvons cette vérité par l'exemple de quelques illustres personnages; et citons un jeune orateur, C. Gracchus, dont l'éloquence fut plus heureuse que les vues politiques, puisqu'un si ardent génie, qui pouvait tant pour le bien de la république, ne conçut que le dessein impie de la troubler. Toutes les fois qu'il haranguait le peuple, il avait derrière lui un esclave, habile musicien, qui, sans être vu, réglait, au son d'une flûte d'ivoire, les intonations de sa Démosthène était là-dessus du même sentivoix, et en ranimait la faiblesse ou en modérait ment. « Quel est, lui demanda-t-on un jour, le la force intempestive. Car la chaleur et la véhé-plus puissant moyen de l'orateur? » mence naturelles à Gracchus ne lui laissaient pas assez d'attention pour garder, de lui-même, une telle mesure (An de R. 630). 2. Q. Hortensius, qui attachait une si grande importance à la grâce du geste, mettait peut-être plus de soin à composer le sien qu'à rechercher l'éloquence même. Aussi l'on ne saurait dire si ceux qui accouraient à ses plaidoyers étaient plus avides de l'entendre ou de le voir: tant l'aspect de l'orateur donnait de charme à sa parole, et sa parole à son aspect! Un fait constant, c'est qu'Esope et Roscius, les plus habiles acteurs de l'époque, venaient souvent, lorsqu'il plaidait, se mêler à ses auditeurs, afin d'enrichir la scène de gestes empruntés au barreau. 3. Enfin Cicéron, dans son plaidoyer pour Gallius, a fait sentir assez l'importance des deux qualités dont nous parlons. L'accusateur M. Calidius prétendait que le prévenu avait voulu l'empoisonner; et comme il offrait de le prouver par témoins, pièces d'écriture, interrogatoires, Ci et convenienti motu corporis consistunt. Quibus quum se instruxit, tribus modis homines aggreditur, animos eorum ipsa invadendo, horum alteri aures, alteri oculos permulcendos tradendo. 1. Sed ut propositi fides in personis illustribus exhibeatur, C. Gracchus eloquentiæ, quam propositi, felicioris adolescens, quoniam flagrantissimo ingenio, quum optime rempublicam tueri posset, perturbare impie maluit; quoties apud populum concionatus est, servum post se musicæ artis peritum habuit, qui occulte eburnea fistula pronuntiationis ejus modos formabat; aut nimis remissos excitando, aut plus justo concitatos revocando: quia ipsum calor atque impetus actionis attentum hujusce temperamenti æstimatorem esse non patiebatur. 2. Q. autem Hortensius plurimum in corporis decoro motu repositum credens, pæne plus studii in eodem elaborando, quam in ipsa eloquentia affectanda impendit; itaque nescires, utrum cupidius ad audiendum eum, an ad spectandum concurreretur : sic verbis oratoriiis adspectus, et rursus adspectui verba serviebant. Itaque constat, Æsopum Rosciumque, ludicræ artis peritissimos viros, illo causas agente, in corona frequenter adstitisse, ut foro petitos gestus in scenam referrent. 3. Jam M. Cicero quantum in utraque re, de qua loquimur, momenti sit, oratione quam pro Gallio habuit, si GERS. - " L'ac tion,» répondit-il. Interrogé une seconde et une troisième fois, il fit toujours la même réponse, reconnaissant qu'il devait à cette arme presque tous ses triomphes. Aussi rien de plus juste ça le mot d'Eschine. Il avait quitté Athènes aps ce fameux débat qui avait tourné à sa honte.til s'était retiré à Rhodes, où, à la demande des hibitants, il débita, d'une voix sonore et harm nieuse, d'abord son discours contre Ctesiphon, puis celui de Démosthène en faveur de l'accuse. Tout l'auditoire admira l'éloquence des deus plaidoyers; mais on loua surtout celui de Demosthène : Hé! que serait-ce donc, leur di Eschine, si vous l'aviez entendu lui-même? ■ Un si grand orateur, un ennemi naguère si acharné, avait une telle idée de la véhémence de son adversaire et du feu de sa parole, qu'il se déclarait incapable de lire ses ouvrages; avait trop éprouvé ce que pouvaient l'énergiqe vivacité de ses regards, l'air imposant et terrib de son visage, le son de sa voix si bien assortia " gnificavit, M. Calidio accusatori exprobrando, quod pra paratum sibi a reo venenum, testibus, chirographs, quæstionibus se probaturum affirmans, remisso vuln, et languida voce, et soluto genere orationis usus esset: pariterque et oratoris vitium detexit, et causæ periclitantis argumentum adjecit, totum hunc locum ita claudendo: Tu istud, M. Calidi, nisi fingeres, sic ageres? DE PRONUNTIATIONE ET APTO MOTU CORPORIS IN EXTERNIS Consentaneum huic Demosthenis judicium : qui quue interrogaretur, quidnam esset in dicendo efkcacissmum, respondit, úжóxplots. Iterum deinde et terti› interpellatus, idem dixit, pæne totum se illi debere co fitendo recte itaque Eschines, quum propter judicialem ignominiam, relictis Athenis, Rhodum petisset, atque rogatu civitatis suam prius in Ctesiphontem, deinde De mosthenis pro eodem orationem clarissima et suavissim voce recitasset, admirantibus cunctis utriusque volumns eloquentiam, sed aliquanto magis Demosthenis: Quid & inquit, ipsum audisselis! Tantus orator, et modo tama festus adversarius, sic inimici vim ardoremque dicens suspexit, ut se scriptorum ejus parum idoneum lectore esse prædicaret; expertus acerrimuni oculorum vigoret, terribile vultus pondus, accommodatum singulis verið sonum vocis, efficacissimos corporis motus; ergo etsi opo. chacune de ses paroles, l'irrésistible effet des | mouvements de son corps. Aussi, quoiqu'il soit impossible de rien ajouter à ce chef-d'œuvre, il manque toutefois à Démosthène une grande partie de lui-même on le lit, mais on n'entend point sa voix. CHAPITRE XI. DES EFFETS EXTRAORDINAIRES DE LA SCIENCE Le récit des merveilleux effets de la science peut aussi procurer quelque plaisir; ce sera en même temps montrer l'utilité de ses inventions, et produire au grand jour des choses dignes de memoire; et la peine que ce travail aura coûté à l'écrivain ne sera pas sans fruit. funeste à l'empire romain. Il avait averti C. César de se tenir sur ses gardes, en lui représentant comme sinistres les trente jours qui allaient suivre, et dont le dernier tombait aux ides de mars. Dans la matinée du trentième jour, le hasard les ayant réunis tous deux chez Calvinus Domitius, auquel ils rendaient visite, César dit à Spurina : Eh bien, ne sommes-nous pas aux ides de mars? >> Eh bien, répondit Spurina, sont-elles passées?» L'un avait banni toute crainte, comme s'il eût vu s'écouler le terme de l'époque fatale; l'autre pensait que le dernier instant même pouvait recéler tout le péril. Plût au ciel que l'aruspice eût été dupe de sa science, plutôt que le père de la patrie victime de sa sécurité! (An de R. 709.) -(( DES EFFETS EXTRAORDINAIRES DE LA SCIENCE ET DES ARTS, CHEZ LES ÉTRANGERS. 1. La passion de Sulpicius Gallus pour tous les genres de connaissances fut très-utile à la ré1. Mais considérons les exemples étrangers. publique. Il était lieutenant de L. Paullus dans Une éclipse de soleil, qui enveloppa tout à coup a guerre contre le roi Persée. Au milieu d'une d'épaisses ténèbres la ville d'Athènes, y jeta l'ébelle nuit, il survint une éclipse de lune, et nos pouvante, chacun voyant dans ce phénomène oldats, épouvantés de ce phénomène comme céleste un présage de ruine. Périclès, s'avançant l'un prodige menaçant, tremblaient d'en venir alors au milieu de tous, donna sur le cours du ux mains avec l'ennemi. Mais Gallus leur ex-soleil et de la lune les explications qu'il avait liqua si habilement le système planétaire et la ature des corps célestes, qu'il les fit marcher leins d'ardeur au combat. Ce fut donc sa noble science qui ouvrit le chemin à l'éclatante victoire le Paul-Émile; car si le savant n'eût d'abord riomphé de la frayeur du soldat, le général l'aurait pu triompher de l'ennemi (An de R. 80). 2. L'habileté de Spurina dans l'art d'interrojer les dieux se révéla par un événement trop lius adjici nihil potest, tamen in Demosthene magna ars Demosthenis abest, quod legitur potius, quam auitur. CAPUT XI. DE EFFECTIBUS ARTIUM RARIS APUD ROMANOS. Effectus etiam artium recogniti possunt aliquid afferre oluptatis : protinusque et quam utiliter excogitatæ sint, atebit,'et memoratu dignæ res lucido in loco reponentur, labor in iis edendis sno fructu non carebit. 1. Sulpicii Galli maximum in omni genere litterarum cipiendo studium plurimum reipublicæ profuit; nam um L. Paulli, bellum adversum regem Persen gerentis, gatus esset, ac serena nocte subito luna defecisset, eoe veluti diro quodam monstro perterritus exercitus ster, manus cum hoste conserendi fiduciam amisisset, celi ratione et siderum natura peritissime disputando, acrem eum in aciem misit: itaque illi inclytæ Paullianæ ctoriæ liberales artes Galli aditum dederunt, quia nisi e metuin nostrorum militum vicisset, imperator [roanus] vincere hostes non potuisset. 2. Spurinæ quoque in consectandis deorum monitis effiVALÈRE MAXIME. reçues de son maître Anaxagore, et il ne laissa pas ses concitoyens plus longtemps en proie à de vaines terreurs (Av. J.-C. 430). 2. Quel honneur le roi Alexandre ne faisait-il point aux arts, en ne permettant qu'à Apelle de le peindre, qu'à Lysippe de faire sa statue? 3. Quiconque visite Athènes s'arrête étonné devant un Vulcain, sorti des mains d'Alcamène. Entre autres signes de perfection qui frappent d'abord à la vue de cette œuvre, on admire jus cacior scientia apparuit, quam urbs Romana voluit. Prædixerat enim C. Cæsari, ut proximos dies xxx quasi fatales caveret, quorum ultimus erat idus Martiæ. Eo quum forte mane uterque in domum Calvini Domitii ad officium convenisset, Cæsar Spurinæ, Ecquid scis, inquit, idus Martias jam venisse? et is, Ecquid scis, illas nondum præleriisse? Abjecerat alter timorem, tamquam exacto tempore suspecto: alter ne extremam quidem ejus partem periculo vacuam esse arbitratus est. Utinam haruspicem potius augurium, quam patris parentem securitas fefellisset! DE EFFECTIBUS ARTIUM RARIS APUD EXTERNOS. 1. Sed ut alienigena scrutemur, quum obscurato repente sole inusitatis perfusæ tenebris Athenæ sollicitudine agerentur, interitum sibi cœlesti denuntiatione portendi cre. dentes, Pericles processit in medium; et quæ a præcep tore suo Anaxagora pertinentia ad solis et lunæ cursum acceperat, disseruit; nec ulterius trepidare cives suos vano metu passus est. 2. Quantum porro dignitatis a rege Alexandro tributum arti existimamus, qui se ct pingi ab uno Apelle, et fingi a Lysippo tantummodo voluit? 3. Tenet visentes Athenas Vulcanus Alcamenis manibus 49 qu'à l'habileté avec laquelle l'artiste a fait entrevoir la démarche boiteuse de Vulcain, sous une draperic qui la déguise; de sorte que le défaut ne choque pas comme une difformité, mais, ennobli par l'art, n'est plus que le trait distinctif et particulier du dieu. 4. Dans un temple de Cnide, est placée ou plutôt respire une statue en marbre de Vénus, ouvrage de Praxitèle, et dont la beauté provoqua les lascifs embrassements d'un impudique. On doit donc trouver d'autant plus naturelle l'erreur de ce cheval qui ne put s'empêcher de hennir, à la vue d'une cavale en peinture; de ces chiens, qui aboyèrent devant l'image d'une chienne; de ce taureau qu'on vit, à Syracuse, s'enflammer d'une amoureuse ardeur pour une génisse d'airain, dont la parfaite ressemblance irritait ses désirs. Faut-il s'étonner que l'art trompe ainsi des êtres privés de raison, quand on voit les gracieux contours d'une pierre insensible exciter dans un homme une passion sacriJége? 5. Mais si la nature permet souvent à l'art de rivaliser de puissance avec elle, parfois aussi elle le laisse s'épuiser en efforts inutiles. C'est ce qu'éprouva le pinceau d'un artiste éminent, d'Euphranor. Il peignait, dans Athènes, les douze grands dieux, et il avait, grâce au choix des couleurs, représenté Neptune dans tout l'éclat de la majesté, se flattant de donner à Jupiter plus de grandeur encore. Mais l'inspiration s'était épuisée sur le premier ouvrage; et, malgré ses efforts, il ne put, dans le second, s'élever jusqu'où il voulait. 6. Que dire de cet autre peintre(1) également f meux, qui, représentant le cruel sacrifice d'Iphi génie, et après avoir placé autour de l'autel Calchas attristé, Ulysse abattu, Ajax poussant des cris et Ménélas des plaintes lamentables, couvrit d'un voile la tête d'Agamemnon? N'était-ce pas reconnaître que l'art ne saurait exprimer la plus profonde et la plus amère des douleurs? Son tableau nous montre un aruspice, des amis, u frère en pleurs, et il l'a mouillé de leurs larmes mais il a laissé à l'âme du spectateur à juger de l'affliction du père. 7. Ajoutons encore un exemple, fourni pr la peinture. Un artiste d'une grande célébrité 2 avait déployé toutes les ressources de son art dans le tableau d'un cheval sortant du mans? ; l'animal semblait vivre. Il voulut peindre l'écume autour des naseaux, mais tout se lent vint échouer contre ce petit détail;l longtemps, à plusieurs reprises, tous an vain. Cédant enfin au dépit, il saisit près couleurs, et il la jeta contre le tableau, son éponge, encore imprégnée de toutes sese pour détruire son ouvrage; mais la fortune dirigea sur les naseaux mêmes du cheval, et produisit ce que le peintre avait si longtemps cherché. Ainsi, une imitation que l'art avait tente vainement fut l'œuvre du hasard. (1) Timanthe. (2) Néalcès. fabricatus; præter cætera enim perfectissimæ artis in eo præcurrentia indicia, etiam illud mirantur, quod stat dissimulatæ claudicationis sub veste leviter vestigium repræsentans; ut non tamquam exprobratum vitium, ita tam. quam certam propriamque dei notam decore significans. 4. Cujus conjugem Praxiteles in marmore quasi spirantem in templo Gnidiorum collocavit, propter pulchritudinem operis a libidinoso cujusdam complexu parum tutam. Quo excusabilior est error equi, qui visa pictura equæ, hinnitum edere coactus est; et canum latratus adspectu pictæ canis incitatus; taurusque ad aniorem et concubitum æneæ vaccæ Syracusis nimiæ similitudinis irritamento compulsus. Quid enim vacua raționis animalia arte decepta miremur, quum hominis sacrilegam cupiditatem muti lapidis lineamentis excitatam videamus? 5. Cæterum natura quemadmodum sæpenumero æmulam virium suarum artem esse patitur, ita aliquando irritam fesso labore dimittit; quod summi artificis Euphranoris manus senserunt; nam quum Athenis XII deos pingeret, Neptuni imaginem quam poterat excellentissi mis majestatis coloribus complexus est, perinde ac Jovis, aliquanto augustiorem repræsentaturus, sed omni impetu cogitationis in superiori opere absumpto, posteriores ejus conatus assurgere, quo tendebant, nequiverunt. 6. Quid, ille alter æque nobilis pictor, luctuosum im molata Iphigenia sacrificium referens, quum Calladı tristem, moestum Ulyssem, clamantem Ajacem, ki lantem Menelaum circa aram statuisset, caput Agamem nis involvendo, nonne summi mororis acerbitate exprimi non posse confessus est? Itaque pictura ejus, lan spicis, amicorum, et fratris lacrimis madet; patris fe spectantis affectui æstimandum reliquit. 7. Atque, ut ejusdem studii adjiciam exemplum, pr puæ artis pictor equum ab exercitatione venientem, m non vivum, labore industriæ suæ comprehenderal; naribus spumas adjicere cupiens, tantus artifex in tapa vula materia multum ac diu frustra terebatur: ind tione deinde accensus, spongiam omnibus imbutamo ribus forte juxta se positam apprehendit, et, veluti rupturus opus suum, tabulæ illisit; quam fortuna ad equi nares directam, desiderium pictoris coegit expe itaque quod ars adumbrare non valuit, casus imita CHAPITRE XII. QUE, DANS LES ARTS, IL FAUT s'en rapporter Chacun, dans son art, sait donner et les meileurs conseils et les meilleures raisons : c'est une vérité que nous allons appuyer de quelques exemples. Q. Scévola, cet illustre et infaillible oracle de a jurisprudence, ne manquait pas, quand on pas sans raison : c'est, pour la richesse et l'élégance, un ouvrage admirable. Philon, qui en fut l'architecte, rendit compte de son travail en plein théâtre; et il le fit en si beaux termes, que le peuple le plus éclairé de l'univers n'applaudit pas moins à son éloquence qu'à son talent dans l'architecture. 3. J'admire aussi cet artiste (1), qui, pour un de ses tableaux, écouta volontiers les avis d'un cordonnier sur la chaussure, et qui l'arrêta tout court lorsqu'il voulut s'élever au-dessus du pied et critiquer même la jambe (Av. J.-C. 342). CHAPITRE XIII. MAINS. enait le consulter sur un point de droit relatif des propriétés rurales, de renvoyer à Furius tà Cascellius, versés tous deux dans cette pare de la science; et cette conduite faisait plutôt DES VIEILLESSES MÉMORABLES, CHEZ LES ROonneur à sa modestie qu'elle ne portait atteinte son autorité, puisque c'était avouer que ces rtes de questions ne pouvaient être mieux rélues que par ceux qui en avaient une pratique urnalière. Dans toute profession, le plus sage t donc celui qui n'a de son propre talent qu'une șinion modeste, et qui sait le mieux apprécier dui des autres. CE, DANS LES ARTS, IL FAUT S'EN RAPPOR- 1. Cette vérité ne pouvait non plus échapper à laton, cet esprit si riche de savoir. Les entrepreeurs d'un autel sacré voulurent le consulter sur forme et le plan de l'édifice : il les renvoya au éomètre Euclide, déférant ainsi à sa science, 1 plutôt à sa profession. 2. Athènes est fière de son arsenal, et ce n'est CAPUT XII. TIMIS ARTIUM MAGISTRIS CONCEDENDUM ESSE, UT FACTUM Suæ autem artis unumquemque et auctorem, et dispu- Q. Scævola, legum clarissimus et certissimus vates, PTIMIS ARTIUM MAGISTRIS CONCEDENDUM ESSE, UT FACTUM 1. Platonis quoque eruditissimum pectus hæc cogitao attigit : qui conductores sacræ aræ, de modo et forma Jus secum sermonem conferre conatos, ad Euclidem eometram ire jussit, scientiæ ejus cedens, immo profesoni. 2. Gloriantur Athena armamentario suo, nec sine Nous avons déjà parlé dans cet ouvrage, de l'extrême vieillesse à laquelle sont parvenus parmi les exemples de l'application au travail, quelques hommes célèbres. Consacrons toutefois à cet âge un chapitre séparé, distinct, et sachons éviter le reproche d'avoir refusé un honorable souvenir à ce qui atteste la faveur particulière des dieux immortels. Que la vieillesse trouve à la fois, dans l'espoir d'une vie encore plus longue, un soutien, un appui, et, dans l'image d'un bonheur fidèle à de vieux ans, une raison de porter plus gaiement le poids des siens : qu'enfin la confiance assure la tranquillité de notre siècle, le plus fortuné qui fut jamais; et qu'il se promette de voir les jours d'un prince si nécessaire à la patrie, prolongés jusqu'au terme le plus reculé de l'existence humaine. (1) Apelle. causa; est enim illud opus et impensa et elegantia visendum, cujus architectum Philonem ita facunde rationem institutionis suæ in theatro reddidisse constat, ut disertissimus populus non minorem laudem eloquentiæ ejus, quam arti, tribueret. 3. Mirifice et ille artifex, qui in opere suo moneri se a sutore de crepida et ansulis passus, de crure etiam dispu tare incipientem, supra plantam adscendere vetuit. CAPUT XIII. DE SENECTUTE MEMORABILI IN ROMANIS. Senectus quoque ad ultimum sui finem provecta, in hoc eodem opere, inter exempla industriæ, in aliquot claris viris conspecta est; separatum tamen et proprium titulum habeat, ne, cui deorum immortalium præcipua indulgentia adfuit, nostra ornata mentio defuisse existimetur; et simul spe diuturnioris vitæ, quasi adminicula quædam dentur, quibus insistens, alacriorem se respectu vetustæ felicitatis facere possit; tranquillitatemque seculi nostri, qua nulla unquam beatior fuit, subinde fiducia confirmet, salutaris principis incolumitatem ad longissi mos humanæ conditionis terminos prorogando. 1. M. Valérius Corvus vécut cent ans. Quarante-sept années s'écoulèrent entre son premier et son sixième consulat. Une vigoureuse constitution lui permit non-seulement de soutenir les plus glorieux emplois de la république, mais aussi de se livrer assidûment à la culture de ses terres; admirable modèle et du citoyen et du père de famille. 2. Métellus fournit une aussi longue carrière. Quatre ans après son dernier consulat, il fut, dans un âge fort avancé, créé souverain pontife, et il présida pendant vingt-deux ans aux cérémonies religieuses, sans que jamais sa langue ait hésité en prononçant les prières, sans que jamais sa main ait tremblé en faisant les sacrifices (An de R. 511). 3. Q. Fabius Maximus exerça pendant soixante-deux ans les fonctions d'augure; et il était déjà dans la force de l'âge quand il obtint ce sacerdoce. Si l'on réunit ces deux portions de sa vie, on trouvera qu'elles remplissent l'espace d'un siècle. 4. Que dirai-je de M. Perperna, qui survécut à tous les sénateurs qu'il avait convoqués sous son consulat, et qui n'en laissa après lui que sept de ceux dont il avait dressé la liste pendant sa censure avec L. Philippus? Il vécut ainsi plus que tout le corps dont il était membre. 5. Pour Appius, qui vécut aveugle un nombre infini d'années, je terminerais sa vie où commença son infortune, si, malgré ce cruel accident, il n'avait dirigé avec une fermeté admirable quatre fils et cinq filles, une nombreuse clientèle, et la république elle-même. Bien plus: accablé déjà sous le faix des ans, il se fit porter 1. M. Valerius Corvus centesimum annum complevit cujus inter primum et sextum consulatum quadraginta septem anni intercesserunt; suffecitque integris viribus corporis non solum speciosissimis reipublicæ ministeriis, sed etiam exactissimæ agrorum suorum culturæ, et civis, et patrisfamilias optabile exemplum. 2. Cujus vitæ spatium æquavit Metellus, quartoque anno post consularia imperia, senex admodum pont. max. creatus, tutelam cærimoniarum per duos et viginti annos, neque ore in votis, nuncupandis hæsitante, neque in sacrificiis faciendis tremula manu, gessit. 3. Q. autem Fabius Max. duobus et sexaginta annis auguratus sacerdotium sustinuit, robusta jam ætate id adeptus; quæ utraque tempora si in unum conferantur, facile seculi modum expleverint. 4. Jam de M. Perperna quid loquar? qui omnibus, quos in senatum consul vocaverat, superstes fuit: septem quoque tantummodo, quos censor collega L. Philippi legerat, e patribus conscriptis reliquos vidit, toto ordine amplissimo diuturnior. 5. Appii vero ævum clade metirer, quia infinitum numerum aunorum orbatus luminibus exegit, nisi quatuor filios et quinque filias, plurimas clientelas, rem denique publicam, hoc casu gravatus, fortissime rexisset : quin etiam fessus jam vivendo, lectica se in curiam deferri en litière au sénat, pour empêcher la conclusion d'une paix honteuse avec Pyrrhus. Comment don ner le nom d'aveugle à un homme qui, dans ces jours où la patrie voyait à peine le chemin de l'honneur, sut le lui montrer? 6. On a remarqué aussi dans beaucoup de femmes une pareille longévité; il me suffira d'e citer brièvement quelques-unes. La femme de Livius Rutilius vécut quatre-vingt-dix-sept ans. Térentia, qui fut celle de Cicéron, en compta cent trois et Clodia, épouse d'Aufilius, laquee avait perdu quinze fils, parvint à l'âge de cant quinze années. DES VIEILLESSES MÉMORABLES, CHEZ LES 1. A ces exemples je joindrai ceux de dar rois dont la longue carrière fut très-avant au peuple romain. Hiéron gouverna la Sij qu'à l'âge de quatre-vingt-dix ans. Ma roi de Numidie, alla plus loin encore; s embrassa soixante années, et la vigueurs vieillesse le rendit le plus étonnant des hores C'est un fait constant, comme le rapporte Cre ron dans le livre qu'il a écrit sur la vieilles, qu'en aucun temps ni la pluie, ni le frod purent le forcer à se couvrir la tête. On dit a qu'il se tenait debout des heures entières a i même place, les pieds immobiles, jusqu'a qu'il eût fatigué des jeunes gens dans cette d.%cile épreuve. Mais si les affaires demand qu'il fût assis, il demeurait souvent toute journée sur son trône, sans changer une fois de posture. En campagne, il passait q quefois, à la tête de ses armées un jour jussit, ut cum Pyrrho deformem pacem fieri prolaber Hunc cæcum aliquis nominet, a quo patria quod stum erat, per se parum cernens, coacta est pervide 6. Muliebris etiain vitæ spatium non minus log in compluribus apparuit; quarum aliquas strictím lisse me satis erit: nam et Livii Rutilii septimum et gesimum, et Terentia Ciceronis tertium et centesi et Clodia Aufilii, quindecim filiis ante amissis, qui decimum et centesimum explevit annum. DE SENECTUTE MEMORABILI IN EXTERNIS. 1. Jungam his duos reges, quorum diuturnitas p Romano fuit utilissima: Sicilia rector Hiero ad simum annum pervenit; Masinissa, Numidice rex, modum excessit, regni spatium sexaginta annis en vel ante omnes homines robore senectæ admiralt Constat eum, quemadmodum Cicero refert libre que senectute scripsit, nullo unquam imbre, nullo frigure caput suum veste tegeret, adduci potuisse : eunde runt aliquot horis in eodem vestigio perstare solitas, ante moto pede, quam consimili labore juvenes fi set; at si quid agi a sedente oporteret, toto die numero nullam in partem converso corpore in scho rasse; ille vero etiam exercitus equo insidens, diei plerumque jungendo duxit; nihilque omnino et " |