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DE M. LESAGE,

DIDIER.

THE NEW YORK PUBLIC LIBRARY 817578

ASTOR, LENOX AND

TILDEN FOUNDATIONS

1918

L

CHOISIES

DE NAPOLÉON

BONAPARTE.

OPINIONS

ET JUGEMENS

SUR

LES ANCIENS ET LES MODERNES.

P.

PAOLI (PASCAL). Voy. aux Pensées, NAPOLÉON.

PATRAULT (le Père), minime, professeur à l'école militaire de Brienne, grand-vicaire de Sens, administrateur à l'armée d'Italie, mort à Paris.

LES minimes de Champagne avaient été chargés de l'école militaire de Brienne; leur pauvreté et leur peu de ressources attirant peu de sujets parmi eux, faisaient qu'ils n'y pouvaient suffire; ils eurent recours aux minimes de Franche-Comté; le père Patrault fut un de ceux-ci. Il était professeur de mathématiques et avait pour répétiteur le jeune Pichegru (Voyez PICHEGRU). Ce fut le père Patrault qui détourna Pichegru de se faire minime, en lui disant que cette profession n'était plus du siècle, et qu'il devait songer à quelque chose de mieux: il le porta à s'enrôler dans l'artillerie.

Plus tard ce père Patrault fut sécularisé par M. de Brienne, archevêque de Sens, et cardinal de Loménie, qui en fit un de ses grands-vicaires, et lui confia la gestion de ses nombreux bénéfices.

Lors de la révolution, le père Patrault, d'une opinion politique bien opposée à son maître, n'en fit pas moins les plus grands efforts pour le sauver, et s'entremit à ce sujet avec Danton, qui était du voisinage; mais ce fut inutilement, et l'on croit qu'il rendit au cardinal le service, à la manière des anciens, de lui procurer le poison dont il se donna la mort pour éviter l'échafaud.

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Madame de Loménie, nièce du cardinal, ayant de mourir par le tribunal révolutionnaire, confia au père Patrault ses deux filles encore en bas-âge. Le moment de la terreur passé, madame de Brieńne, leur tante, qui avait échappé à la tempête, et conservé encore une grande fortune, les redemanda au père Patrault, qui les refusa long-temps, se fondant sur ce que leur mère lui avait recommandé d'en faire des paysannes. Il avait la coupable pensée d'exécuter à la lettre ces paroles figuratives, en les mariant à deux de ses neveux. « J'étais alors, disait Napoléon, général de l'armée de l'intérieur; je fus l'entremetteur de la restitution de ces deux

enfans, non sans peine; Patrauit y résistait par tous les moyens du temps. Ce sont celles que l'on a connues depuis sous le nom de madame de Marnésia et de la belle madame de Canésy, duchesse de Vicence. >>>

Le père Patrault s'étant réclamé de son ancien élève, le suivit à l'armée d'Italie, où il se montra plus propre à calculer la courbe des projectiles qu'à en braver les effets. A Montenotte, à Millésimo, à Dego, il fit voir la poltronnerie d'un en

,

fant. Il ne passait pas le temps du combat à prier, à la façon de Moïse, mais bien à pleurer. Le général en chef le laissa dans l'administration des domaines, à Milan, où il fit de bonnes affaires. Au retour de l'Egypte, il vint se présenter à Napoléon ; ce n'était plus un petit minime de Champagne; mais un gros et gras financier possédant plus d'un million. A deux ans de là, il vint retrouver le premier consul à la Malmaison; il était chétif, défait et mal vêtu. « Qu'est-ce? lui dit le premier consul.-Vous voyez un homme ruiné, qui n'a plus rien au monde. Comment? -Oui, des malheurs inouis. » Le premier consul voulut les vérifier par la voie de la police, et il se trouva que le père Patrault avait fait commerce de l'usure. Ce grand calculateur avait tout perdu par des banqueroutes, en prêtant à la petite semaine. « J'ai déjà payé ma dette, lui dit le premier consul, en le renvoyant; je ne peux plus désormais rien pour vous, je ne saurais faire deux fois la fortune d'un homme. » Et il se contenta de lui faire donner une petite pension nécessaire à ses besoins. (L., 1, 154 à 158.)

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