1674. long de la Meuse, il alla se poster entre Aix-la-Chapelle, & Mastrich. Là, foit qu'il eut ordre d'attaquer les Châteaux de Navangue, & d'Argenteau, soit qu'il ne voulût que donner de nouvelles jaloufies aux Confédérez, ou qu'enfin il n'eut deffein que d'occuper ses Troupes en attendant le tems de joindre le Prince: de Condé, il employa quelques jours à se rendre maître de ces deux pof ECS. : Argenteau fut le premier attaqué:: ce Château bâti sur le haut d'un ro--cher escarpé de trois côtés, & dont = il occupe toute la cime par fon élevation, domine fur le cours de la Meuse, qui coule au pied; il est des dépendances de Liege; mais les Espagnols l'ayant trouvé propre à foû tenir leurs projets, ils s'en étoient saisis depuis peu, & prétendoient qu'en y tenant Garnison, ils pourroient interrompre le commerce deLiege & de Mastrich. : La situation de ce Château est affes avantageuse pour pouvoir se défendre longtems, & fi la Garnison : n'cut pas voulu se rendre, il eût éta difficile de la forcer ; car après la 1674 capitulation l'on cut affés de peine à trouver le moyen de l'en tirer & d'y faire entrer les Troupes qu'on y mit, ce qui fit peut-être refoudre dès-lors la ruine d'un pofte fi inacz ceffible. Après la prise de ce Château, le Maréchal campa devant Navangue; ce Fort, autrefois la maison d'un Gentilhomme, est situé dans une prairie sur le bord de la Meuse, & avoit été construit par les Espagnols quelque-tems après qu'ils eurent pris Mastrich, après le fameux Siége de 1632, & comme ils vouloient toujours fe conferver un passage fur cet te riviere entre Liege & Mastrich pour y faire payer les tributs qu'ils y prétendoient ils y firent élever quatre Baftions & quelques demi-lunes, de forte qu'il y falut ouvrir la tranchée dans les formes en deux differens endroits. L'Armée du Prince de Condé s'afsembloit cependant aux environs de Tournai, où le Général étant arrivé dès les de Mai, il en partit cinq ou fix jours après, en tirant vers 1674. Ath, d'où laissant Mons à sa droite, il gagna la chauffée de Bavay aux environs de Binche, & s'avança jufques à Gemblours. Il'aprit là qu'un affés gros corps de Troupes: Imperiales commandé par Sporck avec quelques autres Troupes des Alliez marchoit ensemble vers le Maréchal de Bellefonds dans le deffein de le combattre. Cette nou velle l'empêcha de se reposer comme il sembloit l'avoir résolu, & l'o bligea même de doubler fa marche, pour arriver plûtôt à Freren Village fur le Sars, éloigné de deux lieucss de Navangue, d'où il détacha le Comte de Choiseul Lieutenant-Général, avec deux mille chevaux, avec ordre d'avancer fur les hauteurs de la Meuse, afin de faire croire aux François aussi-bien qu'aux Confédé rez qui se trouvoient au-delà de cette riviere que c'étoit la tête de l'Armée. Ce secours parut affés à pro pos pour empêcher Sporck de s'opiniâtrer à fuivre son premier def fein: car quelques-uns de ses Efcadrons commençoient de paroître à la vûë des Affiégeans, & les Cou 1 reurs des Allemands en avoient déja 1674. pouffé les Gardes; mais dès que Sporck eut apris que l'Armée Fran çoise éroit à portée de soûtenir les Affiégeans, il prit le parti de la retraite.. Le détachement François alla des le même jour camper sur la hauteur de Liechtemberg, & confirma aux Alliez par les feux qu'il alluma', & qu'on apercevoit de loin, la verité de l'approche du Prince; on continua l'attaque du fort, sans allarme,, & les Troupes du Maréchal se trous verent en fûreté. On avoit commencé d'attaquer Na-vangue le. 19 du mois, & les Affié-gez s'étoient affés bien défendus pen. dant les deux ou trois premiers jours de l'ouverture de la tranchée; mais dès qu'ils sçurent que leur fecours s'éloignoit, & que l'Armée du Prince étoit campée sur le bord de la Meuse, leur résistance devint plus molle, & leurs dehors furent emportés la nuit suivante, ils demanderent à capituler & se rendirent presqu'en mê me-tems. Le Prince grossit alors fon Armée, des Troupes qui revenoient 1674. de Hollande, & dont le Maréchal de Bellefonds quitta le commandement, il décampa presqu'en mêmetems des environs de Mastrich, & reprenant le même chemin qu'il avoit tenu, il se raprocha du Hainault. Son premier séjour à Ville-fur-Haifne, Village éloigné de Mons d'une bonne heure de chemin, allarma d'abord cette grande Ville, & pendant quelque tems elle eut lieu de croire qu'on l'alloit affiéger; mais sa crainte se diffipa, dès que les Habitans s'aperçurent qu'on laissoit les derrieres de la Place libres, & qu'on ne faifoit aucune des approches necessairés pour une entreprise de cette importance. D'ailleurs pour peu qu'on examinât l'état des affaires presentes, il étoit aisé de juger que le Roi ne feroit pas attaquer une Place fi forte, pendant qu'il étoit hors du Royaume dans un engagement indispenfable d'achever la Conquête de la Franche - Comté ; car la meilleure partie des Places de ce Pays se défendoit encore, & ne laissoit pas même efperer une Victoire fi promte; |