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1672. qu'elle fournit à Strada un vaste sujet d'éloge pour ce Général.

Après ces premieres expéditions; le Roi porta ses Armées des deux côtés du Rhin; presque toutes leurs journées furent marquées par quelque nouvelle Victoire, on prit Vezel, Reez, Emmerick, comme en passant de forte que les Troupes se trouvant à l'endroit, où cette Riviere se partage en deux pour former l'Isle de Betuve, & moüille de part & d'autre les fortifications du Fort de Skink, il fallut qu'elles se rejoignissent au-delà, & defcendissent jusqu'à la hauteur du Tolhuys, pour essayer de paffer le plus étroit de ses Bras, c'està dire, celui qui fut joint autrefois à l'Iffel par Drufus, dont le Canal a porté long-temps le nom.

Les difficultés presque infurmontables, qui se rencontroient à jetter des ponts en cet endroit, soit par le reflux de la mer, soit par la rapidité de l'eau, foit par la largeur de son lit, qui demandoit plus de batteaux propres à cet usage que l'on en avoit, auroient rebuté tout autre conquerant que Loüis XIV; mais sa valeur accoû

tumée à furmonter les plus grands ob- 1672 stacles, lui fuggera des facilitez pour ce passage, qu'un courage ordinaire n'eût ofé se promettre.

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Je laisse aux Historiens le soin de faíre valoir à la posterité, & cette témérité judicieuse, s'il est permis de parler ainsi, & ce succès presque sans exemple. Qu'ils mettent, s'il se peut, dans tout son jour, le cours précipité des Victoires de cette Campagne l'on conquit en moins de deux mois plus de trente Places fortifiées, où l'on passa plufieurs fois la Meuse, Ic Rhin, l'Issel, le Wahal, outre une infinité de moindres Rivieres & de Canaux, pour conduire enfin les François chargez de dépoüilles, à la vûe d'Amsterdam, & faire apprehender à cette Capitale toutes les défolations qu'un vainqueur ordinaire auroit traî né sur ses pas.

Une maniere de vaincre si surprenante, & ce torrent de profperitez ne pouvoient pas manquer d'abbattre le cœur aux Hollandois, & d'épouvanter en même temps le reste de l'Europe; auffi les premiers crurentils dès-lors qu'il ne falloit pas differer

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1672. plus longtemps de recourir à la clemence du Roi, qui selon toutes les apparences leur eût accordé la Paix, si leur mauvaise fortune ne les eût P refervez à de plus grandes & de plus longues vengeances.

Ce fut peut-être dans cette vûë d'accommodement que le Roi voulut borner ses Conquêtes à Narden, & qu'il repassa le Rhin & le Wahal, pour retourner en Brabant, où se campant à Boxtel, dans le voifinage de Bolduc, il y attendit quelque-temps le succès des premieres négociations; mais le Prince d'Orange, & sa cabale, qui se promettoient, je ne sçai pourquoi, de grands avantages de la continuation de la Guerre; les offres que les Espagnols firent dèslors de se déclarer contre la France, l'inconstance de l'Electeur de Brandebourg, qui se retiroit du Parti François ; enfin tous les autres fecours qu'on promit encore aux Hollandois de la part de l'Empereur, ou de quelques Princes d'Allemagne, empêcherent alors, selon toutes les apparences, qu'il ne se conclût aucun Traité.

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Cependant le Roi reprit le che- 1672.

min de France, laissant au Prince de Condé & au Vicomte de Turenne la conduite de ses Armées ; le premier demeura quelque temps dans la Province d'Utreck, pour 'achever de la soûmettre; mais le Roi qui vouloir s'en servir ailleurs, l'en rappella, & l'envoya prendre le commandement des Troupes qui s'assembloient sur la Mozelle, pour s'opposer à de nouveaux ennemis, qui menaçoient déja l'Electorat de Treves.

En effet la plupart de ceux à qui les progrès étonnans des Armes Françoises donnoient un peu trop de terreur, se retiroient tous les jours de l'Alliance du Roi & cherchoient à s'unir, pour arrêter, s'il étoit poffible, le cours d'une fortune qui leur taisoit tout craindre.

Le Vicomte de Turenne, se jetta dans le Pays de la Mark, appartenant à l'Electeur de Brandebourg, afin de porter la Guerre chez ce Prince, de le faire repentir de sa legereté. Pendant que la plupart des Troupes Françoises étoient employées dans ces differentes expéditions, le Roi

1672. qui connoissoit l'inquiétude naturelle du Duc de Lorraine, & l'inclination qu'il avoit euë de tout temps à se ranger du parti de ses ennemis, navoit pas voulu laiffer le Duché de ce Prince en fa disposition; ainsi, avant que de faire passer ses Armées en Hollande, il avoit destiné des Troupes pour veiller à la sûreté de la Lorraine.

Elles resterent campées sous Nancy, aux ordres du Comte de Bissy; l'Infanterie n'y fut occupée qu'à travailler au rétablissement des Fortifications, démolies en 1662. par le Traité des Pyrenées ; la Cavalerie tint des Partis fur les frontieres de la FrancheComté, pour observer quelques Regimens Lorrains, qui cherchoient, difoit-on, à paffer par Luxembourg, pour se joindre aux Troupes d'Espagne.

Il n'est pas de mon sujet de blâmer ici le procedé du Duc de Lorraine à l'égard du Roi, non plus que de justifier celui de S. M. envers ce Prince : Ces matieres font refervées pour des gens plus sçavans en politique, & demandent de longues discussions;

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