74. aller de l'une à l'autre, il faloit necessairement suivre les chemins qui traversent le Village, car les deux côtés n'étoient que des fonds coupés de fossez & des marais remplis de bois & de bouës. Le Prince ayant reconnu cette fituation & confideré les obstacles prefqu'insurmontables qui pouvoient empêcher le succès de son dessein, pouvoit alors fe contenter des avantages qu'il venoit de remporter ils étoient plus que fuffisants pour combler tout autre de gloire, mais foit qu'en cette conjoncture il ne pût donner de bornes à sa valeur ou qu'il se crût engagé par ses premieres victoires, à ne laisser que des exemples inimitables, rien ne fut capable de ralentir son ardeur; il fie donner fans relâche toutes ses Troupes à mesure qu'elles arrivoient, tantôt par la tête, tantôt par les côtes du Fay, & se meslant presque à toutes ces differentes charges, il engagea ceux qui le suivoient à combattre partout avec tant d'acharnement qu'à la fin on chassa les Confédérez du-Village Le Champ de bataille commen- 16741 çant alors à s'élargir, les Troupes Allemandes détachées du Corps de bataille se joignirent à celles que l'on avoit repouffées, & ils logerent plusieurs pieces de canon dans les endroits qui le purent permettre ; cet te disposition fit non-feulement perdre l'efperance de les pouffer plus loin, mais nous obligea même de faire retirer les Troupes les plus avancées, & d'abandonner quelques hayes trop proches des postes que gardoient les Alliez. Les François avancerent aussi quelques pieces de canon dans le grand chemin du Fay, mais celles des Ennemis plus groffes & en plus grand nombre, en rendirent l'effet inutile. Cependant le Prince ne se rebutoit point, & ne cessoit de chercher des passages de toutes parts pour faire partout de nouvelles tentatives. Le Duc de Navailles qui comman doit à la gauche, tenta plusieurs fois d'entamer les Alliez par le flanc; mais quoique l'on combattît en cet endroit avec beaucoup de courage, Jes François qui commençoient à s'af 1674. foiblir ne purent arriver à la hauteur occupée par les Alliez, qui supe-rieurs en nombre pouvoient encore rafraîchir à tous momens celles de leurs Troupes qui se trouvoient les plus exposées. Pendant tous ces efforts, le Duc de Luxembourg avec d'autres Troupes filoit sur la droite fon Infanterie passa facilement ces fonds, tout marécageux qu'ils étoient, & chafsa sans beaucoup de peine, ceux des Confédérez qui s'y étoient logés dans quelques maisons; mais sa Cavalerie obligée de se jetter à droite pour trouver des chemins plus faciles perdit beaucoup de tems à fortir de ces défilez, entr'autres la Gendarmerie que commandoit le Marquis de la Trouffe, de forte qu'il n'y eut que cinq Escadrons qui purent traverser la haye du Reux; ainsi ils ne se trouverent pas en état d'aller affronter les deux lignes des Confédérez pos tées dans la plaine. che Le Prince qui revenoit de la gaus voulut essayer s'il pourroit chaffer les Alliez d'une autre émis nence qu'ils occupoient; elle fe com Le Champ de bataille commen- 16741 çant alors à s'élargir, les Troupes Allemandes détachées du Corps de bataille se joignirent à celles que l'on avoit repouffées, & ils logerent plusieurs pieces de canon dans les endroits qui le purent permettre ; cet te disposition fit non-feulement perdre l'esperance de les pouffer plus loin, mais nous obligea même de faire retirer les Troupes les plus 2vancées, & d'abandonner quelques hayes trop proches des poftes que gardoient les Alliez. Les François avancerent aussi quelques pieces de canon dans le grand chemin du Fay, mais celles des Ennemis plus groffes & en plus grand nombre, en rendirent l'effet inutile. Cependant le Prince ne se rebutoit point, & ne cessoit de chercher des passages de toutes parts pour faire partout de nouvelles tentatives. Le Duc de Navailles qui comman doit à la gauche, tenta plusieurs fois d'entamer les Alliez par le flanc; mais quoique l'on combattît en cet endroit avec beaucoup de courage, les François qui commençoient à s'af 5674. mêmes Gardes soit qu'ils fussent las de vaincre, ou que la valeur ait des bornes qu'on ne sçauroit passer, plierent enfin, & fe renverserent fur ceux qui les suivoient. Ainsi le desordre commença à s'y mettre, & les Alliez voulant en profiter, plusieurs de leurs Escadrons prirent le trot pour ne pas donner aux François le tems de se reconnoître. Ce fut alors que le Prince s'animant à la vûe de ce nouveau peril, fit avancer les Regimens de la Mestre de Camp, des Cuirassiers, de Caluo de Nonant, & le reste de cette Brigade, & leur commanda de charger. Ils marcherent fi bravement que paffant fans se rompre au travers de ceux qui s'étoient renversés, ils arrêterent non-feulement les ennemis, mais ils les menerent battant jusques au-delà du Rideau; & fi dans ce moment le Prince eût eu quelques nouvelles Troupes pour seconder les premieres il auroit seurement gagné une bataille • entiere, puisque dans cette épouvante les Alliez farent pouffés au-delà de leur canon. Mais comme l'endroit où l'on combattit |