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ce qu'il y eut de certain, c'est que 1672. les François se remirent dès-lors en poffeffion de toutes les Places de ce Duché, la plupart de ces postes leur étant abfolument necessaires, pour aider à foûtenir la Guerre qui se préparoit.

Tel est l'état où se trouvoient les affaires à la fin de la premiere Campagne de 1672. & comme les pourparlers de Paix s'étoient tout-à-fait évanoüis tous les divers Partis ne témoignerent plus avoir d'autres pensées que celles de se disposer à con

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tinuer la Guerre.

Ce fut alors que toutes les Puiffances liguées contre le Roi, convinrent de former plusieurs Corps de Troupes pour faire diversion, & donner par - là des inquiétudes en differens endroits. L'Electeur de Brandebourg plus animé, fut aussi des premiers à s'ébranler, & s'avançant vers le haut du Rhin, il reçut dans sa route tous les fecours qui le pûrent joindre, furtout celui des Troupes que le Duc de Lorraine avoit rassemblées.

Le Prince d'Orange amassoit fur les frontieres du Brabant, ce que les Hol

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1672. landois avoient de meilleures Troupes; il fortifia ce Corps de tout ce que les Espagnols lui pûrent fournir; de forte qu'il se trouva bien-tôt en état de donner des jalousies aux Places que les François occupoient en Flandres; les Garnisons n'en étoient pas nombreuses & presque toutes composées de nouvelles Troupes. C'é toit l'usage alors de ne faire aucun Siége au mois de Décembre.

Les premieres démarches des Hollandois sembloient les porter vers le Pays de Liege;mais les Espagnols aïant alors beaucoup de crédit dans les Conseils, les Etats pouvoient les engager à faire quelque tentative sur les frontieres de France; le Roi pour prévenir l'effet de ce dessein jugea à propos de faire assembler ses Garnisons, afin que le Comte de Monterey nouveau Gouverneur des Païs - Bas Catholiques, qui n'agissoit peut-être que de fon propre mouvement, songea plûtôt à garantir le reste de ces Provinces d'une nouvelle invasion, qu'a favorifer les vûës du Prince d'Orange. Ainsi, le Maréchal d'Humieres qui commandoit alors en Flandres, eut ordre de raffembler ce qu'il pourroit 1672. tirer de Troupes des Places, & de les faire avancer vers Oudenarde & vers Courtrai: Il alla même pendant une nuit reconnoître la Citadelle d'Ypres, comme s'il eût eû dessein d'y former quelque entreprise, avant que les nouvelles fortifications, qu'on y élevoit, fuffent achevées.

Mais, foit que le Prince d'Orange n'en fût pas affez-tôt averti, ou qu'il eût déja résolu d'attaquer Charleroi; après avoir menacé pendant quelques jours les poftes de Tongres & de Maestrich, que les François occupoient & qu'ils ne gardoient que pour se conferver une communication avec leur Armée de Hollande; il prit fa route par la Chauffée de Bavai, & marchant à grandes journées vers le Hainaut, il se rendit devant Charleroi le 14. Décembre.

Le lendemain sa Cavalerie investit la Place des deux côtés de la Sambre; il fit même avancer des Dragons sur la Chauffée d'un Etang sous le feu du mousquet des Affiégez, du côté de Marchienne au Pont, où ouvrant des Tranchées ils essayerent de se

1672. mettre à couvert.

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Le jour suivant il n'y eut que de legeres escarmouches, mais celui d'après & dès que l'Infanterie Espagnole fut arrivée, les Ennemis aprocherent leurs quartiers & refferrerent leur circonvalation ; le Comte de Montal Gouverneur de la Place en étoit forti depuis peu, pour raffurer Tongres de l'allarme que les Ennemis avoient donnée; mais dès qu'il sçut qu'ils en vouloient à Charleroi, il revint sur ses pas avec cent Chevaux & quelques Officiers pour tenter d'y rentrer; ce qui lui réüffit assez heureusement, profitant de l'heure que les Affiégeans, defcendant du Biouac, étoient un peu moins fur leurs gardes.

On ne sçait pas bien si la réputation du Gouverneur & le bruit du petit secours qu'il avoit mené, firent perdre au Prince d'Orange, l'envie de continuer ce Siége, ou s'il n'étoit pas déja résolu de le lever, comme on le publia dans la fuite; quoiqu'il en foit, les Ennemis affecterent de dire que le Prince n'avoit jamais eu un dessein formé fur cette Place, mais il y a toute apparence qu'ils cher

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choient à éviter le reproche qu'on 1672.
pouvoit leur faire; car les Espa-
gnols fuffifamment informez de la
foiblesse de la Garnifon, & de l'é-
loignement du secours, se préparoient
depuis longtemps à faire un Siége.
Le gros canon, & les munitions qu'ils
avoient remonté par la Sambre, de
Namur à Chasselet les madriers &
les mantelets qu'ils avoient conduits
au même endroit, les Paysans &
les Chariots des Châtellenies voisi-
nes, affemblés dans le Camp avec
des provisions d'outils, & de fafci-
nes, tant de préparatifs marquoient
une entreprise prémeditée.

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Dès que le Comte de Montal fut rentré dans Charleroi, il ordonna une fortie & tâcha à la faveur d'une efcarmouche, de faire entrer dans sa place les fourrages dont il avoit besoin, ce qui ne se fit pas sans perte de quelques hommes de part & d'autre : Louvigny homme de reputation parmi les Troupes d'Espagne reçut en cette occafion un coup de canon au bas de la jambe, qui l'estropia, & dont il fur longtemps à se remettre.

Quoique cette action non plus que

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