Images de page
PDF
ePub

1667. clure cette Paix, la bonne foi qui parut dans l'exécution du Traité, & l'exactitude qui s'observa dans le licenciment de nos Troupes, étonnerent fans doute ceux qui se mêIoient alors d'étudier la Politique de France.

[ocr errors]

Les uns demandoient ce qui pouvoit avoir obligé le Roi, dont les prétentions sur la plupart de ces Provinces sembloient si légitimement établies, d'en abandonner la Conquê te, lorsqu'il étoit sur le point de la finir. Pourquoi, disoient les autres s'être donné tant de peine pendant une fâcheuse saison, à soumettre la Franche-Comté pour la rendre deux mois après aux Espagnols qui n'ofoient presque la redemander? Enfin ajoûtoit-on, pourquoi se contenter de trois ou quatre Places dans la Flandre-Vallonne, ou dans le Hainaut, si le droit de dévolution à la Reine, étoit aussi bien fondé qu'on venoit de le publier?

Il faut demeurer d'accord qu'à ne regarder les choses que dans ce point de vûë, ces questions ne paroiffoient pas faciles à réfoudre, & que fi la fui

re des grands événemens que l'on a vů, n'eût pleinement justifié la prudence du Roi, peut-être n'auroit-on pas eû pour sa conduite, toute l'admiration qu'elle a si justement meri

tee.

Mais quand on sçaura que la Paix qui se conclut alors, étoit absolument necessaire à l'acheminement des def seins de Sa Majesté ; & que c'étoit le vrai moyen de rendre inutile la triple alliance, que venoient de faire l'Angleterre, la Suede, la Hollande, on n'aura plus sujet de désaprouver sa sagesse, qui lui fit differer de quelques années l'exécution de ses projets.

Cette ligue sembloit n'avoir pour objet que de conserver à l'Espagne le reste des Païs-Bas; cependant fon principal but étoit d'engager indiretement toute l'Europe à prendre garde aux démarches du Roi, & de faire connoître à tous les Princes de l'Europe qu'il étoit temps de s'unir, pour s'opposer avec plus de force, aux entreprises qu'il méditoit.

1

Dans ce deffein les Ennemis pu blioient que le Roi n'aspiroit pas à

moins qu'à la domination univer selle de l'Occident, & les Agens des Hollandois sembloient avoir particulierement entrepris de le perfuader à tous les voisins de la France. Qu'on ne foit donc plus surpris, si prévoyant toute l'opposition & la jalousie que lui alloient attirer ses justes demandes, il se servit en cette conjoncture de toute fa moderation, & dissimula pour un temps fon ressentiment contre les mauvaises intentions de quel ques-uns des Chefs des ProvincesUnies.

Cette Republique, qui devoit fon affermiffement & fon repos, à Henri le Grand, & au secours qu'elle reçut depuis de Louis XIII. par une ingratitude aussi naturelle aux Corps des Etats, qu'aux particuliers qui les compofent, fembloit alors avoir oublié combien elle étoit redevable à la France; & comme si le bonheur de ce Royaume lui eût fait apprehender la diminution de son crédit, ses Ambassadeurs parurent beaucoup plus ar dens que ceux des autres Souverains à décrier les premieres démarches du Roi, & à faire craindre tout l'éclat que fon Regne annonçoit.

Si ce mauvais procedé & d'autres raisons, ne furent pas les seuls mo tifs qui le déterminerent à commencer cette Guerre il est aumoins vraisemblable que se trouvant piqué de la hardiesse de leurs écrits, & de leurs fecrétes cabales, il ne crut pas qu'il fût indigne de fa gloire, de fonger à punir leur infolence. Peutêtre que d'abord l'entreprise ne lui parut pas aisée, & que ne voulant pas lever le bras fans en faire fentir le coup,il crût qu'il avoit besoin de tems pour se préparer à cette exécution.

Je ne prétends pas marquer ici précifément en quel temps le Roi forma le dessein de cette entreprise ; mais on peut au moins assürer qu'il en parut quelque chose dès l'année 1669. foit par les soins qu'il prît de tenir ses Troupes en bon état & d'en augmenter insensiblement le nombre, foit par les dépenses qu'on fit, tant à rétablir les places de la frontiere, qu'à achever celles dont il vouloit appuyer ses nouvelles Conquêtes, soit enfin par le choix des plus éclairez de ses Sujets qu'il envoya dans les

16697

1670. 1671. 1671. Cours étrangères, travailler à rompre les liaisons qu'on formoit contre lui, ou à établir des nouvelles alliances utiles à ses interêts.

د

Tout sembla même concourir à favorifer ses projets, & l'Espagne malgré sa défiance ordinaire loin de paroître allarmée de ces préparatifs, sembloit se faire un plaifir d'efperer qu'elle verroit bien - tôt réprimer P'orgueil de ses Sujets rébelles. L'Empereur s'engagea par un Traité fecret à ne prendre aucun parti dans le cours de cette Guerre.

L'Anglois se retira non-seulement de la triple alliance, mais il montra même de l'empressement à se déclarer des premiers ennemis de la Hollande, dans l'efperance de profiter de cette occafion, pour réprimer le pouvoir que cette République s'établisfoit fur la mer.

La Suede ne se défendoit plus de rentrer dans ses premiers engagemens avec la France, qu'elle n'avoit apparemment rompus que faute de bien entendre ses interêts; le Duc de Baviere accepta dès lors la neutralité qu'il entretint pendant cette Guerre.

« PrécédentContinuer »