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blir le pont qui étoit rompu, de for- 1675. te que passant ce defilé dans un grand filence, il trouva moyen de s'approcher de l'efcadron d'Augé sans être aperçû; cette Troupe surprise ne firs aucune résistance, la plupart des Officiers & des Cavaliers n'ayant pas eu le tems de monter à cheval.

Ce premier avantage de Masfiete fit si peu de bruit, que la garde ordinaire qui n'étoit pas éloignée en eut à peine l'allarme; cependant les Ennemis qui l'allerent charger y trouverent plus de fermeté qu'au premier efcadron, les Officiers & les Soldats s'étant longtems défendus & n'ayant cedé qu'au plus grand nombre; le Capitaine y fut tue, & les trois autres Officiers blessés ou faits prifonniers, auffi-bien que la plupart des Cavaliers.

L'escadron de Servon fit encore mieux son devoir; car entendant du bruit vers la garde ordinaire, il fe mit en marche, & s'avança du côté que venoit l'allarme; mais quelque bonne mine qu'il pût faire, la partie étoit trop inégale pour la soûtenir: Montgommery eut fon cheval tué

1675. des premiers coups, & ni toute la vigueur que montra Entragues qui commandoit, ni celles des autres Officiers n'empêcherent pas qu'ils ne fussent mis en defordre, & presque tous tués, ou pris.

Ainsi ces trois gardes furent enlevées en moins d'une heure, & si se crétement que le Comte de Schomberg n'en put avoir de connoissance que par les fuyards; il eut beau détacher de ses Troupes après les Efpagnols pour effayer de les atteindre, sa bonne volonté fut inutile Masfiete eut affez de tems pour ramener ses Troupes dans Leuve avec cent ou fix vingt prifonniers.

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&

Cette avanture surprit le Roi, comme elle étonnera toûjours ceux qui scauront la guerre, & l'on ne comprendra jamais que trois Troupes de Cavalerie dans un pays découvert & presqu'en vûë l'une de l'autre, fe foient laillé furprendre jusqu'à n'avoir pas eu le tems de se retirer.

Après les premiers jours de marche de l'Armée Françoise, le mauvais tems continuant, & les vivres ne venant au Camp qu'avec beaucoup

?

d'embarras, on résolut de s'approcher 1675.
de Charleroi; peut être aussi que le
Roi méditoit déja son départ, ou que
scachant alors que cette partie des
Confédérez qui s'étoit aprochée de
Treves se préparoit à faire le Siége
de cette Place, S. M. voulut rame-
ner son Armée vers la Sambre pour
en faire plus commodement les dé-
tachemens qu'il destinoit au secours
des Affiégez; depuis Vicarem les
François ne s'arrêterent qu'à Fleurus
proche de Charleroi, & ce fut de ce
Camp qu'on envoya des Troupes au
Maréchal de Crequi.

Ce Général après la prise de Lim-
bourg éroit retourné vers la Mozelle
avec ses Troupes, mais les Alliez s'en
étant aprochés peu de tems après
il ne se trouva pas affés fort pour te-
nir la campagne devant eux : on lui
envoya le Marquis de la Trousse avee
fix bataillons & douze escadrons qui
fervirent en même tems d'escorte au
Roi, qui repassoit en France, soit que
les affaires du dedans du Royaume
l'y rapellassent, soit qu'il ne crut plus
convenable à sa gloire de paroître à
la tête d'une Armée qui ne devoit

1675. plus rien entreprendre ; les Alliez étoient alors puissans de tous côtez, & furtout en Allemagne, où plufieurs Nations sembloient n'être accouruës que pour partager entr'elles les dépoüilles des François.

Le Roi quitta l'Armée vers la fin de Juillet; mais afin qu'on ne s'aperçût pas tant de son abfence, & que les Confédérez esperassent moins d'en profiter, il remit au Prince de Condé le commandement général de fes Troupes dans le Pays-Bas.

Le Prince d'Orange campé derFriere le Demer n'étoit pas faché qu'on crût que par cette contenance il empêchoit le Roi de conquerir le reste du Brabant; mais dès qu'il eut apris le départ de S. M. C de combien de Troupes il avoit affoibli son Armée, il commença à-fe réveiller, & à faire passer à ses Troupes la riviere dont il les avoit cous

vertes.

J

Il ne fut pas aifé de juger de ses projets par ses premiers pas; il entra dans le Brabant, & s'arrêta quelque tems aux environs de Louvain, les differents bruits qu'il fit répan

dre de ses desseins témoignerent af- 1675. sez son irrésolution; mais la marche qu'il prit au travers des bois de Soignies, ne laissa plus douter qu'il ne voulût paffer en Flandre.

Si-tôt que le Prince de Condé en cut avis, il décampa des environs de Fleurus, & s'avançant à grandes journées, il reprit le poste de Brugel, dont il avoit reconnu les avanrages l'année précédente, & outre la facilité de tirer ses vivres d'Ath, le - Camp-le mettoit encore en état de ne combattre que quand il voudroit, & toûjours à fon avantage; les Alliez de leur côté se camperent aux environs de Notre-Dame de Hall & firent voir par le repos qu'ils s'y donnerent, que le plus grand profit qu'ils attendoient de ce mouvement feroit d'avoir éloigné l'Armée Françoise de la Meuse, afin que n'étant plus à portée d'envoyer des secours vers la Mozelle, & vers le Rhin, les autres Confédérez y fiffent. de plus grands progrès.

Les choses parurent tout-à-fait être alors dans cette disposition; le Vicomte de Turenne, loin d'attendre

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