tremise auprès du Roi pour faire é- 1672. couter des propositions d'accommo, dement. Cette retraite presque générale des Confédérés sembla faire renaître quelques dispositions à la Paix, & la Suede s'étant déclarée Médiatrice, la plûpart des Confédérés convinrent d'envoier leurs Ambassadeurs à Cologne, qu'on choisit pour les Conferences : Cependant on ne discontinua nulle part à travailler aux recries; on donna de nouvelles commissions pour augmenter le nombre des Troupes. Le Prince de Condé partit de la Cour au mois d'Avril 1673. pour al- 1673. 1er commander l'Armée Francoise en Hollande. Elle étoit demeurée pendant l'hyver, sous les ordres du Duc de Luxembourg: Comme je n'y étois pas, je me dispenserai selon mon premier projet, d'écrire les grandes choses qui s'exécuterent sous les ordres de ce Général, parce que je craindrois de n'en rapporter pas fidellement toutes les circonstances, & de diminuer par - là ses belles actions: les Auteurs qui nous donneront l'Histoire de cette Guerre, y suppléront sans doute. C2 1673. Le fecours de Woërden, que le Prince d'Orange attaquoit avec toutes ses forces, l'entreprise du Duc de Luxembourg de pénétrer jusques à Leiden, en menant ses Troupes sur les glaces, dont le dégel seul empêcha tout le succès, Bodegrave qu'il força par une valeur surprenante pour s'ouvrir le chemin du retour, paroîtront toûjours des faits trop extraordinaires, pour n'être pas rapportés exactement à la posterité, & on n'oubliera pas de rendre aux Chefs, & aux Troupes, l'honneur & les louanges qu'ils s'efforcerent d'y mériter. Le Vicomte de Turenne continué dans le commandement de l'Armée d'Allemagne, eut pour LieutenantsGénéraux le Comte de Soiffons, qui mourut de maladie pendant la Campagne, le Comte de Guiche qui eut peu de tems après le même fort, le Comte du Lude, Foucault & St. Abre : Les recruës des regimens qui compofoient cette Armée filoient cependant du côté de Metz, où s'embarquant sur la Mozelle, defcendoient le long du Rhin pour y joindre plus aisement leurs Corps. Les nouvelles levées prenoient pour la plupart la mê- 1673. me route, pendant que d'autres Troupes repassoient en France, fous prétexte d'y venir se rafraîchir. La Maison du Roi, & quelque autres Brigades de Cavalerie étoient en Lorraine, celles de la Feuillée, de St. Clar & de Coulanges sur la Sambre, ou fur la Somme, dans la vûë, disoit-on, de former une Armée, que le Roi commanderoit en personne, pour des entreprises qu'on laissoit à deviner. Le rendez-vous de ces Troupes fut assigné aux environs de Courtrai; St. Pouange nommé Intendant de cette Armée, se rendit à Lille dès les premiers jours de Mai, pour ordonner les provisions necessaires à leur subsistance & faciliter en même-tems la marche de la Cour qui devoit s'y rendre. Suivant ce projet le Roi partit de St. Germain le premier jour de Mai; mais en ne faisant que de petites journées & en séjournant même souvent, il donna le temps aux Troupes éloignées d'arriver à Harlebeck, presque auffi-tôt que la Cour. 1673. Pendant cette marche, on couvrit les rivieres du Lis & de l'Escaut de bateaux chargés de munitions pour 1'Armée, on embarqua fur cette derniere l'Artillerie qui descendit jusques à Oudenarde; de maniere que suivant les apparences, les deffeins de la Campagne se tourneroient sur les Places que les Hollandois occupoient en terre ferme aux extrémitez de la Flandre. Le Duc de laFeuillade comme le plus ancien Lieutenant Général, fut detaché avec 1500. Chevaux moitié Gem darmerie & moitié Cavalerie & 300. Dragons; dès que l'Armée fut assemblée, ce détachement fortit du Camp la nuit du 22. Mai, & prenant le chemin de Deynse pour trouver un pont fur le Lis, les Troupes y pafferent cette riviere, puis tirant vers Bellem, Village fur le Canal de Gand à Bruges, elles y arriverent le lendemain à midy; mais le pont s'étant trouvé rompu, & ce Parti n'ayant point les provisions neceffaires pour le raccommoder, quelques Officiers voyant que ce Canal n'étoit pas bien large, propoferent de paffer à la nage. D'adord on le fit fonder par des 1673. gens commandés, enfuite quelques Gardes du Roi & quelques Mousquetaires s'étant jettez dans l'eau fans confiderer si la fortie en feroit facile, ils se trouverent dans un affez grand peril; car outre que le Canal étoit profond, les bords en avoient été relevés pour fervir non-feulement de digue contre les inondations, mais aussi de parapet, pour en défendre le passage. Le Duc de la Feuillade ni les prineipaux Officiers ne jugerent pas cependant ces obstacles infurmontables, ils voulurent en essayer eux-mêmes la possibillté; de forte que le premier pouffant fon cheval dans l'eau, il y fut auffi-tôt fuivi par le Chevalier de Fourilles Mestre de Camp, Général de la Cavalerie, par le Chevalier de Hautefeüille Brigadier de la Gendarmerie, par le Marquis Dangeau Aide de Camp du Roi, & par quelques VoIontaires. Mais soit que l'eau de ce Canal ne portât pas comme celles des grandes rivieres, ou que leurs chevaux ne fussent pas bons nageurs, de vingt ou vingt-cinq Cavaliers qui tenterent ce |