presque compofée que de nouveaux 1673. Regiments, la plupart des vieux Deplus il menoit une grosse Ar- Les Ennemis travailloient depuis deux ou trois ans à rétablir les anciennes fortifications de cette Ville; ils en faifoient construire de nouvelles dans les endroits les plus expos 1673. les aux aproches: Et enfin ils n'avoient rien oublié pour mettre cette Place en état de résister aux entreprises des François, & d'être le plus ferme appui des Provinces - Unies; ces réflexions eussent peut-être étonné une ame moins ferme que le Roi; mais le desir de la gloire qui l'inspiroit, fit qu'il n'hésita pas un instant à tenter cette Conquête, Il en espera toûjours un heureux succès, quoiqu'il n'eût que sa pénétration pour guide, & fon courage pour confeil. Le Comte de Lorges partit de l'Armée le 4. de Juin, il passa à la vûë de Louvain, & de Tillemont, & dès le 6. au matin il parut devant Mastrich; il poussa d'abord la tête de ses Troupes jusques sur la Meuse au-dessous de la Place, & vis-àvis du Château d'Harem ; la droite se mit en bataille près de cette riviere, & la gauche s'étendit jufqu'à celle du Bars, où les Escadrons du Comte de Lorges finissoient : ceux que le Comte de Montal avoit amenés de Tongres & des autres Garnisons Françoises acheverent de rem. ) plir le terrein qui se trouva depuis 16731 le Bars jusques au bord de la Meufe au-dessus de la Ville, c'est-à-dire, cet espace qu'on apelle le Mont St. Pierre. On n'envoya perfonne ce jour-là du côté de Wyck, mais le lendemain on y fit passer de la Cavalerie du quartier de Montal, & Pilois y arriva presque en même tems avec sa Brigade de Cavalerie, & quatre Bataillons détachés de l'Armée du Vicomte de Turenne, pour garder ce poste, Le Roi qui n'avoit fait que des marches ordinaires avec le reste de ses forces, se rendit à Tongres trois jours après, où il laissa le gros de l'Armée, & ne prenant avec lui que la Gendarmerie & quelques détachemens d'Infanterie, il alla joindre le corps du Comte de Lorges ; le lendemain il visita les differens quartiers que devoient occuper les autres Troupes, ordonnant en même-tems qu'on commençât à travailler aux lignes par la contreyalation, parce qu'il prévoïoit que les forties des Affiegez feroient plus à craindre que les fecours du dehors. Le Roi prit son quartier sous le 1673. canon de la Place, & dans un Village sur le chemin de Tongres. Dès que les ponts de communication eurent été achevés au-dessus & au-defsous de la Ville, on fit encore pafser la riviere à quelques Regimens pour occuper le tour entier de la circonvallation; les Officiers Généraux du côté de Wyck, furent le Comte de Lorges Lieutenant-Général; pour Maréchaux de Camp le Chevalier de Lorrané, & le Marquis de Vaubrun. Tandis qu'on travailloit aux lignes, S. M. s'appliquoit à faire entrer dans le Camp toutes les provifions neceffaires à cette entreprise & faifoit reconnoître la Place par les plus habiles Ingenieurs. Il fut résolu par l'avis de Vauban qu'on n'ouvriroit que deux tranchées & même afsés près l'une de l'autre pour s'entrefecourir au besoin, toutes deux conduifant au front de la Place, entre la porte de Bruxelles & le cours du Bars. Les préparatifs étant achevés, les tranchées furent ouvertes la nuit du 18. au 19. jour de Juin, trois Bataillons mon monterent à chaque attaque, & 800. chevaux furent destinés à les foûtenir, le Duc de la Feüillade le plus ancien des Lieutenans - Généraux les commanda; mais S. M. en fit ellemême les détachemens, & continua ce détail tant que dura le Siége. Les Affiégez ne tirerent presque point cette nuit, soit qu'ils n'eussent point de connoissance du travail, foit qu'ils le crussent encore trop éloigné de leur premiere enceinte, on avança les travaux à cinq ou fix cens pas, & l'on établit trois batteries deux de vingt piéces de canon entre les deux tranchées, & l'autre de fix fur le penchant du Mont St. Pierre; cette derniere découvroit ceux qui fortiroient pour défendre les dehors & battre en flanc les ouvrages attaqués: on ne perdit presque personne pendant les 3. ou 4. jours, parce que les travaux étoient si profonds, & fi bien conduits, qu'on y étoit partout en fûreté. Ces heureux commencemens n'empêchoient pas qu'on ne parlat asses diversement du succès que devoit avoir cette entreprise. Ceux qui D 1673. |