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mi - lune, déja tant de fois difputée. 1673
L'effet en fut tel qu'ils le pouvoient
fouhaiter; ils remonterent hardiment
fur les ruines de cette derniere fou-
gade, & en chafferent encore ceux des
François qui voulurent s'y opposer;
le Duc de Montmouth, Artagnan
& quelques autres Officiers, & ce qu'il
y avoit de meilleures Troupes dans
la tranchée accoururent au bruit, &
chargerent fi brusquement les Enne-
mis, qu'ils reprirent enfin ce pofte
pour la troifiéme fois.

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Tous ces combats furent affés fanglants, & le nombre des morts & des bleffés y fut confiderable; je ne sçai même si les François n'y perdirent pas autant d'Officiers que de Soldats parce qu'il fallut y venir souvent aux mains, & que l'on y fut presque toujours mêlé. Artagnan y fut tué : ce vieil Officier que le Roi aimoit particulierement, avoit été tiré du Regiment des Gardes pour commander la premiere Compagnie de Mousquetaires, le Regiment du Roi, ceIui de Dauphin, un Bataillon de Fufilliers, & les détachements des autres Corps qui se trouverent dans ces

1673. occafions y fouffrirent beaucoup, & peu d'Officiers revinrent sans blessu

res.

On reffera le lendemain les travaux & on affura les logemens ébranIés par le canon, & par la violence de tant de fourneaux.

Les Brigades de Cavalerie de Montauban & de Cateu avec quelque Infanterie, detachées de l'Armée du Prince de Condé, vinrent renforcer encore les Affiégeans; on fit courir le bruit que ces Troupes s'étoient aprochées, sur l'apprehenfion qu'un Corps d'Espagnols & d'Hollandois ne voulût tenter de faire passer quelque secours aux Affiégez, ce qui n'étoit gueres vraisemblable, ces deux Puissances ne paroissant pas en état de former de pareils desseins; quoiqu'il en soit, l'exactitude du Biüoüac redoubloit tous les jours, & l'on n'oublioit rien de tout ce qui pouvoit avancer la prise de cette Place.

Il parut alors que la défense des Affiégez se ralentissoit, surtout depuis la prise de la demi-lune, dont j'ai parlé, foit qu'ils commençassent à se laffer des fatigues du Siége, ou

que

que l'espoir du secours n'animât plus 1673. leur résistance.

Aussi, on n'usa plus de tant de circonfpection, & dès que l'on pût raisonnablement juger que les fourneaux que poussoit Caftelan, jusqu'aux angles de la contrescarpe, étoient en état de mettre le feu, le Roi réfolut de ne perdre plus de temps à s'assurer cette conquête, il commanda qu'on insultât le reste des dehors opposés aux attaques; & comme les ennemis étoient encore maîtres du premier chemin couvert de la gauche, le Regiment des Gardes Françoises de tour pour la tranchée, laissa la droite aux autres Troupes, & prit la gauche comme le poste où l'on pourroit acquerir plus d'hon

neur.

Le soir étant venu & les préparatifs de cette exécution ayant été disposés, on mit le feu au fourneau, ce fut le fignal de l'attaque, l'effet n'en fut pas si grand qu'on l'avoit esperé; toutesfois les détachemens des Mousquetaires, ceux des Gardes du Corps, & des autres Regimens donnant par divers endroits en même tems, ne trouve

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1673. rent presque personne dans la pre miere envelope, & peu de gens dans la seconde. Ainsi se trouvant postés fans beaucoup de peine sur le fossé de l'ouvrage à corne, ils entreprirent de le forcer & les uns coulant à droite & les autres à gauche, le long des côtés deffendus de cette fortification pendant que quelques Soldats coupoient les palissades du fond du fossé; l'attaque fut si vive, que rien ne les pût empêcher de monter par plusieurs endroits sur le parapet & de chasser de cet ouvrage ceux qui le défendoient.

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La défense de ce poste avoit été commise dès le commencement du Siége, au Regiment Italien, des Troupes d'Espagne; aussi ne ceda-t-il pas fans combattre, il n'abandonna ce poste qu'après y avoir perdu plusieurs Officiers, & les plus hardis de leurs Soldats. Les Hollandois furent encore pouffés plus loin, & comme quelques-uns des fuïards tâchoient de rentrer dans le Ravelin qui couvroit la porte de Tongres, peu s'en fallut que le Marquis de Florensac Cornette de la seconde Compagnie des Mouf quetaires, suivi de son détachement 1673 n'y entrât pêle-mêle avec les Affićgez.

Une partie des Hollandois se reti ra dans les ouvrages de la porte de Bruxelles, d'où vint dans la fuite le plus grand mal; car il en fortit peu de tems après autant de feu de mour quet, ou de grenade, qu'il est poffible d'en voir dans une défense : les Gardes Suises qui n'avoient été jettés sur cette gauche, que pour y donner de la jalousie, perdirent peutêtre plus d'hommes, qu'ils n'eussent fait en attaquant tout de bon.

Tandis que la gauche étoit aux mains, la droite ne demeura pas inutile; le Chevalier de Fourilles qui la commandoit y fit attaquer avec les Regimens des Vaisseaux & d'Alface, le reste des dehors que les Hollandois occupoient de ce côté-là, & comme on y trouva pas moins de résistance qu'il y en avoit cû à l'ouvrage à corne, ce ne fut qu'après des efforts souvent redoublés que les Affiégeans demeurerent maî tres de ce terrain.

Les logemens qu'on avoit faits se

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