Espagnols se difpofoient à déclarer 1675 la guerre à la France, parce que la perte de Mastrich leur étoit plus préjudiciable qu'aux Hollandois, & que ce poste voyant à revers tout le Brabant Espagnol, il sembloit que les autres forteresses de leur frontiere leur feroient deformais inutiles. Tandis qu'on fe battoit en terre ferme les Armées de mer n'étoient pas demeurées dans l'inaction, & l'on eut nouvelles qu'en fort peu de jours il s'étoit donné deux ou trois combats entre les Flottes de France & d'Angleterre jointes enfemble & celle des Etats Généraux ; mais soit qu'il n'y eût pas de grands avantages remportés de part ni d'autre, ou qu'on en déguifat la verité, chaque parti publia qu'il étoit demeuré le maître de la mer: on difoit même que les Anglois fe preparoient à faire une defcente du cô té de l'écluse, sous le commandement du Duc d'Yorck, ce qui marquoit affés que les Hollandois n'é toient pas les plus forts sur les côtes : on ajoûtoit que pour preffer cette defcente, le Roi envoyoit en Ans 1673. gleterre le Comte de Schomberg, un des Lieutenans-Généraux de fon Armée; ce Comte s'étoit acquis beaucoup de réputation dans les dernieres guerres de Portugal, & fon expérience & fa conduite avoient affermi la Couronne de ce Royaume fur la tête de ses Princes légitimes Presque en même tems le Maréchal de Bellefonds eut ordre d'aller à Tournai, où la Reine étoit encore, & quoiqu'il ne parut chargé que d'af. faires particulieres, on ne laissa pas de croire que c'étoit à dessein d'observer de plus près ce qui se passoit en Flandre, d'où le Roi fongeoit à s'éloigner: car les Espagnols ou pour cacher leurs deffeins ou pour faire ceffer les soupçons qu'on pouvoit prendre de leur conduite, firent alors courir le bruit, qu'ils licencioient une partie de leurs Troupes, pour avoir lieu d'en faire passer sur un prétexte si spécieux un plus grand nombre au service des Hollandois. د En effet ces derniers prirent autant d'Officiers & de Soldats qu'ils en pu rent avoir, & s'en fervirent à remplacer leurs Garnisons au-delà de la : Meufe. Cette conduite parut une preuve certaine de la disposition où étoient les Espagnols, de déclarer la guerre à la France dès que la campagne finiroit, c'est-à-dire dès que la faifon feroit plus avancée; perfuadés que le Roi ne pourroit rien entreprendre dans les Pays-Bas, aux approches de l'hyver. D'ailleurs il étoit tems de prendre des mesures avec les Etats, s'ils avoient résolu de foutenir leur parti : peut-être même avoient-ils formé le dessein d'empêcher que l'on ne commençât les négociations pour lesquelles la plupart des Plénipotentiaires des Princes engagés dans cette guerre s'étoient déja rendus à Cologne, où on n'attendoit plus que ceux de l'Empereur & du Roi Catholique ; mais les Politiques ne pouvoient accorder ces difcours avec les démarches des Troupes de l'Empereur, car s'avançant toûjours du côté du Rhin, elles ne pouvoient avoir d'autre but ou que d'obliger le Vicomte de Turenne à repasser cette riviere, ou de foûtenir de plus près ceux des Cercles, qui s'étoient engagés à se déclarer contre le Roi. 1675 1673. On n'en douta plus peu de tems après qu'une partie des Troupes Imperiales entrerent dans Coblents & dans Hermanstein, Places de l'Archevêque de Treves & d'une extrême importance pour les desfeins des Confédérés; de forte que le Roi qui n'ignoroit pas à quoi tendoient toutes ces démarches, se voyant enfin maître de Mastrich, ne crut plus être obligé de le diffimuler. En effet deux jours après qu'il eut quitté cette Place, il renvoya le Chevalier de Fourilles du côté de Treves peu de Troupes à la verité, parce qu'il n'étoit pas tems de faire éclatter ses défiances, ni de laisser penetrer à fes voisins, qu'il s'appercevoit de toutes les allarmes que leur donnoit sa nouvelle Conquête. avec Avant que de décamper d'auprès de Vizet, le Roi détacha encore fous les ordres du Comte de Lorges, les Brigades de Cavalerie de Montauban, de St. Clar & de Cateu avec fix Compagnies de Dragons du Roi pour aller joindre le Prince de Condé aux environs de Grave, où il devoit se trouver : il forma dès lors le Corps d'Armée qu'on destinoit 16732 pour le Brabant, depuis que le Prince d'Orange s'étant approché de ces quartiers, avoit commencé d'y affembler des Troupes. د Le Prince de Condé vint au rendez-vous avec la seule Brigade de Cavalerie de Caluo & le reste des Dragons du Regiment du Roi, ayant laisse le reste des Troupes dans le pays d'Utrecht sous les ordres du Duc de Luxembourg. où Aufsi-tôt que le Prince eut reçu le renfort, il marcha vers Bolduc, & prit le poste de Beerlicum il séjourna quelque temps, pour observer le parti que prendroient les Hollandois fur cette nouvelle démarche. Le Prince d'Orange ne tarda pas d'en marquer de l'inquietude; car peu de jours après il acheva de faire passer la Meuse à sa Cavalerie, il la joignit ensuite à l'Infanterie que les Espagnols lui avoient envoyée & forma un Corps d'Armée de cinq ou fix mille chevaux, & d'environ autant de gens de pied. Avec ces Troupes il alla camper entre Heusden & Breda, où il fit mine de vouloir s'arrêter en attendant qu'il für 2 |