Images de page
PDF
ePub

1673. mieux informé des entreprises de la nouvelle Armée des François.

Pendant ces mouvemens le Roi s'étoit retiré de dessus la Meuse; le peu de Troupes qu'il s'étoit reservées témoignoit affés qu'il alloit bien - tôt abandonner & le Brabant & le Hainault: il ne lui restoit que treize ou quatorze Bataillons avec sa maison, car la Cavalerie legere fut auffi renvoyée en Flandre, ainsi on ne fut point surpris de lui voir prendre le chemin de Sedan, & bien-tôt après celui de Metz, où toute la Cour fe raffembla.

[ocr errors]

Il ne se passa rien de confiderable pendant quelques semaines & la face des affaires ressembloit plûtôt à une suspension d'armes, qu'à une guerre déclarée, soit que l'on emploiât ce tems en négociation pour détruire les cabales qui se formoient contre la France, soit que l'on attendît le succès des premieres démarches des Plénipotentiaires assem blés à Cologne.

Cependant le Vicomte de Turenne se maintenoit toûjours au-delà du Rhin; mais comme les Troupes de

4

l'Empereur continuoient à marcher 1673 de son côté, il avoit pris soin de faire raccommoder le pont d'Andernach, pour y passer avec fon Armée s'il y étoit contraint, ou pour recevoir les secours qu'on lui envoyeroit.

Ce ne fut peut-être que dans cette vûë que le Roi ne mena vers Nanci que sa Maison, il envoya le Marquis de Rochefort dans le Pays de Treves avec les Brigades de Montclar & de la Feüillée, & huit Bataillons. Il détacha d'autres Troupes vers le Rhin, comme s'il n'eut plus douté que le plus grand effort de la guerre feroit deformais du côté de l'Allemagne.

C'est ce qui se passa de plus confiderable dans le mois de Juillet. Les premiers jours d'Août de Prince de Condé ne jugeant pas qu'un plus long séjour dans cette partie de la Campine qu'il occupoit, pûtêtre d'une grande utilité au service du Roi, & croyant que ce qu'il avoit de Troupes seroit neceffaire ailleurs, il envoya en Hollande la Brigade de CaJuo, puis marchant avec le reste juf

1673. qu'à la hauteur de Mastrich, il fie partir St. Clar avec seize escadrons, & deux Regimens de Dragons pour aller du côté d'Andernach aux ordres du Vicomte de Turenne.

Après ces détachemens le Prince n'ayant plus que vingt escadrons, reprit avec eux le chemin de Tourmai, où les devoit joindre un autre Corps de Troupes, que le Maréchal d'Humieres avoit ordre d'assembler; mais en y arrivant, il trouva ces Troupes déja separées, & il y reçut des ordres pour distribuer celles qu'il avoit amenées, dans les Places de la frontiere.

Ces divers mouvemens, ou pour mieux dire, toutes ces précautions devoient plûtôt donner des idées de paix que de guerre, & ceux qui n'en jugeoient que par les apparences ne comprenoient pas ce qui arrêtoit le Roi dans sa course, surtout dans une saison dont il pouvoit profiter. J'ai déja dit qu'il avoit prévû la tempête & qu'il s'appliquoit uniquement ou à se menager des Alliez ou à diminuer le nombre de fes ennemis, puisque la rupture avec les

[ocr errors]

les Efpagnols étoit desormais inévi- 1673. table par l'étroit engagement qu'ils avoient pris avec les Hollandois; ainsi il ne vouloit pas être surpris par les premiers, ni se trouver hors d'état de fe venger de leur mauvaise volonté lorsqu'ils fe feroient declarés.

Le Roi partir de Nancy le 24. d'Août, pour s'avancer en Alface & rendre par sa prefence le calme à cette Frontiere que l'approche des Armées d'Allemagne avoit épouvanrée: ce fut aussi dans le même def fein qu'on envoya le Marquis de Vaubrun du côté de Philisbourg avec cinq ou fix mille hommes, pour ter, s'il se pouvoit, aux Allemands P'efperance d'afsujettir cette Place, qui dans une femblable conjoncture devoit faire le principal objet de leur jaloufie; & pour ne rien omettre de ce qui fembloit necessaire à ce projet, on jetta un pont sur le Rhin, à portée de ce poste, afin de s'en conferver les communications..

D'ailleurs le Chevalier de Fouril les ne s'étoit point éloigné de Treves, depuis qu'il y étoit arrivé, & comme sa négociation n'avançoit

1673. point, il se servoir de ses Troupes pour faire entendre à l'Electeur que la force viendroit bien-tôt au secours. de la raison. En effet dès qu'on n'eût plus aucune esperance de le retenir dans les interêts de la France, on résolut d'affiéger cette Place, & on fit avancer le Marquis de Rochefort & le Comte de Bissy, qui conduifoient chacun quelques Troupes.

Treves est une affés grande Ville fort ancienne & Capitale de l'Archevêché qui porte fon nom: elle eft fituée fur la Mozelle, & dans un Pays propre à faire subsister des Armées; deux ou trois rivieres affés confiderables qui viennent se jetter dans la premiere au-deffus & audessous de la Place, y entretiennent l'abondance, & rendent ce pofte un des plus importans au-deça du Rhin : car il eft comme au milieu de la Lorraine, du Luxembourg, du Pays de Cologne & du Palatinat: celui qui en est le maître peut en tirer de grands avantages, foit pour la campagne, foit pour les quartiers dhyver.

Cette Ville n'avoit alors pour tous

« PrécédentContinuer »