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1673. reté de leur vie qu'à la gloire de feur Prince & à leur propre hon

neur.

Les Efpagnols se diftinguerent en cette occafion & leurs Partifans leur en donnerent le principal honneur; mais les Hollandois & fur-tout les amis du Prince d'Orange tâchoient de leur en difputer la gloire en exagerant la valeur & le merite du Chef qui leur procuroit le premier avantage de cetre guerre.

En effet cette entreprise parut af fés sagement concertée, & le tems de fon exécution heureusement choifi; cependant si les Affiégez euffent mieux fait leur devoir, le Duc de Luxembourg qui veilloit à la confervation de ces Places, & qui se hâtoit de rassembler ses Troupes répanduës dans le Pays, en alloit infailliblement hazarder le secours. Des Coureurs de fon avant-garde s'étoient presentés à la vûë du Camp des Affiégeans & leur avoient donné tant d'allarme qu'ils les engagezent à tenter ce grand effort qui leur réuffit.

Le bruit de cette victoire quoi

que

que peu confiderable ne laissa pas de 1673. se repandre par toute l'Europe, & quoique la gloire des Armées du Roi ne dependît pas de la perte ou de la conservation de ce poste, on en fit un triomphe éclatant & les plus moderez en tirerent au moins cette conféquence, que les François n'étoient pas toûjours invincibles.

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On peut même dire que S. м. ne reçut pas agreablement cette nouvelle; cependant son indignation n'alla qu'à faire arrêter quelques-uns des principaux Officiers de cette garnison qui s'étoit si mal défenduë, l'exemple eût été dangereux s'il eut resté impuni: le plus rude châtiment tomba fur Dupas Commandant de cette Place. Le Conseil de Guerre le degrada des Armes, & le chargea de tout l'opprobre qui peut arriver aux gens de sa profession; mais on se contenta de licencier le reste des Troupes qui avoient eû part à cette lâcheté.

Quelques jours avant le Siége de Narden, le Prince de Condé qui s'étoit arrêté aux environs de Lille,' aprenant de plusieurs endroits les pré

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1673. paratifs qui se faifoient en Hollande, & jugeant qu'ils ne pouvoient être que pour attaquer une Place crut qu'il étoit à propos de rassembler toutes ses Troupes dans le dessein de faire quelque diversion, & de donner au moins de l'inquietude aux Espa gnols, puisqu'ils commençoient à ne se plus cacher de fournir aux Hollandois tous les secours qui dépendoient d'eux.

Ce Prince affigna les premiers rendez-vous aux environs de Tournai & de Courtrai, d'où il avança sous Oudenarde. Son Armée se trouva de quinze ou feize mille hommes; il y fie venir de l'Artillerie & un équipage de vivres; ce Camp le long de I'Escaut, commençoit à l'Abbaye d'Ename, & s'étendoit vers Gavre : comme le terrein qu'il occupoit étoit des dépendances de l'Espagne, il sembloit qu'on commençoit les Actes d'Hostilité.

Les défenses qu'on fit d'abord à nos Troupes de prendre autre chose que du fourrage, furent mal obfervées dans la suite; & le dépit con tre les Espagnols, augmentant à me

fure que leurs liaisons avec les Hol- 1673. landois fe découvroient, on ne se mit plus en peine que les Soldats raportaflent au Camp les chofes neceffaires à la vie : le mois de Septembre s'écoula & le Roi de retour de Lorraine laissa aux environs de Laon les Troupes qu'il avoit à sa suite, & reprit le chemin de St. Germain. Le Chevalier de Fourilles qui commandoit ce Corps, eut ordre de le mener en Flandre joindre l'Armée du Prince de Condé, qui selon le train que prenoient les affaires, devoit bien-tôt avoir de nouveaux ennemis fur les bras.

Le Prince d'Orange devenu plus hardi par fa nouvelle Conquête ramenoit fon Armée en Brabant, & tâchoit de perfuader qu'il avoit de nouveaux desseins fur quelque Place; il retourna d'abord vers Grave, d'où remontant la Meuse, il alla jetter un pont sur cette riviere entre Ruremonde & Venlo. Peu de temps après, soit qu'il eût changé de pensée, ou qu'il n'eût point pris de résolution fxe, il retourna vers Breda, & de-là vers Malines, faisant pu

1673. blier par tout que dès que les Efpagnols se feroient declarés contre la France, comme ils le promettoient depuis longtemps, il meneroit hyverner ses Troupes sur les frontieres de ce-Royaume; ce qui paroissoit d'autant plus vraisemblable que celles du Prince de Condé, qui pour la plupart n'étoient que des nouvelles levées, diminuoient confiderablement depuis qu'elles étoient campées, furtout l'Infanterie qui n'étoit point encore accoutumée à supporter les incommodités des arrieres-faifons sous un si fâcheux climat: de forte que ce Prince fut contraint d'en renvoyer la plus grande partie dans les Garnisons, & le paste d'Ename ne lui paroissant plus d'aucune importance pour le reste de la campagne, il le quitta pour aller à Efpierre, & repassant l'Escaut en cet endroit, il mena fon Armée dans la Chatellenie d'Ath que les Troupes d'Espagne sembloient menacer de quelque irruption.

En effet dès le 20 d'Octobre le Prince de Vaudemont engagé dans le parti d'Espagne, se montra aux portes

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