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conque, excepté que lors il estoit un peu fascheux par ses vanteries, et tenoit en cela trop de soudard vanteur, qu'il aimoit à racompter ses vaillances: car oultre ce que de lui-mesme il se laissoit facilement aller à ceste vanité de braverie, encore se souffroit il mener par le nez, en manière de parler aux flatteurs. Ce qui estoit bien souvent cause de la ruine des gens de bien qui se trouvoyent autour de lui, lesquels ne vouloyent ny louer en sa présence à l'envy des flatteurs, ny n'ozoyent aussi dire moins qu'eulx des mesmes louanges qu'ilz lui donnoyent, pource qu'en l'un il y avoit de la honte, et en l'autre du danger.

» Après sousper, s'estant de rechef lavé, il s'endormoit bien souvent jusques à midy, et quelquefois tout le long du jour en suyvant (1). Quant à luy il n'estoit aucunement curieux de viandes exquises, de sorte que quand on lui envoyoit des païs voisins de la mer quelques fruits singuliers ou des plus rares poissons, il les envoyoit çà et là à ses amis, sans en retenir bien souvent rien pour

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soy. Toutefois sa table estoit toujours magnifiquement servie, et en augmenta toujours la dépense ordinaire à mesure que ses prospérités et conquestes allèrent en avant, jusques à ce qu'elle montast à la somme de mille écus par jour (1).

Extrait d'Athénée.

Alexandre fesait tous les jours une dépense immense (2). Sa tente contenait plus de cent lits; les colonnes qui les soutenaient étaient incrustées d'or; on en avait encore embelli le plafond avec une variété admirable. Ce prince donnait ses audiences entouré d'une garde nombreuse, et assis au milieu de cette tente sur un trône d'or. Iphippus d'Olinthe ajoute qu'on arrosait le pavé de sa tente avec des liqueurs précieuses et des vins odoriférans, et qu'on brûlait devant lui de la myrrhe et d'autres parfums recherchés ; que tous ceux qui étaient présens applaudissaient à la délicatesse de son goût, ou gardaient un

(1) Grec dix mille drachmes; 7682 francs de notre

monnaie.

(2) Philarq. ap. Athen. 1. 12, p. 539, édit. de Lyon, par Casaub., in-folio, 1612.

silence de crainte (1), parce qu'Alexandre, sous un air mélancolique, recélait un caractère cruel et sanguinaire.

Alexandre aima les adolescens jusqu'à la fureur; Dicéarque écrit qu'il porta sa passion pour l'eunuque Bagoas, au point que dans un sacrifice qu'il offrit, ils parurent couchés ensemble en présence et aux applaudissemens de tous les spectateurs; il ajoute même qu'à l'invitation des assistans, le couple réitéra ses caresses.

Cependant, au rapport de Carystien, 'Alexandre respecta le jeune Charon de Chalcédoine, parce qu'il le savait attaché à Cratérus (2).

Extrait d'Elien.

On voudrait se dissimuler la faiblesse d'Alexandre pour les plaisirs de la table et son penchant à l'ivrognerie (3); mais un de ses généraux, Eumènes de Cardie, ville de la Chersonnèse de Thrace, qui avait fait un journal de ses expéditions, est au nombre

(1) Ibid. p. 537.
(2) Ibid. p. 603.
(3) OElian. Vari. Histor.

des auteurs qui assurent que la moitié de sa vie fut indigne de lui.

En effet, il porta très-loin les plaisirs de la table, dans le cours de ses expéditions. On en peut prendre quelque idée par le luxe qui s'était introduit dans son camp, qu'il tolérait dans ses amis, et dont il donnait luimême le dangereux exemple.

le

Agnon avait des chaussures garnies de clous d'or; Perdiccas et Cratérus, fort épris de la gymnastique, portaient dans leur bagage assez de peaux pour couvrir l'étendue d'un stade, et en former une enceinte dans camp pour se livrer à leurs exercices favoris, ils avaient à leur suite des chevaux chargés de la poudre et de l'huile dont les Grecs fesaient usage pour le combat de la lutte. Léonnatus et Ménélas, qui aimaient la chasse, étaient approvisionnés de toiles en assez grande quantité pour entourer, dans une forêt, l'espace de cent stades. On peut juger par-là de l'étendue du bagage que l'armée traînait à sa suite; mais rien n'approche du luxe de la tente d'Alexandre. Elle pouvait, dit Elien, contenir cent lits: cinquante colonnes dorées soutenaient un plafond pareil, aussi précieux par le travail que

par la variété des ornemens. Cinq cents gardes, tirés du corps des dix mille Perses, vêtus de robes pourpre et jaune, étaient rangés autour de la tente en dedans, avec des lances, à l'extrémité desquelles étaient des pommes d'or; après eux mille archers, vêtus de robes d'écarlate, étaient précédés de trois cents Macédoniens, portant des boucliers d'argent. Au milieu de la tente s'élevait un trône d'or, sur lequel le roi environné de ses gardes, venait s'asseoir pour donner audience. En dehors, dans toute la circonférence , on avait ménagé un espace, toujours occupé par mille Macédoniens et dix mille Perses. Personne n'osait entrer sans permission. Ce faste et cet éclat ajoutaient à l'impression que fesait sur les esprits le seul nom d'Alexandre.

et

Le même auteur ajoute qu'Alexandre se montra souvent jaloux du mérite de ses généraux. Ainsi il haïssait Perdiccas, parce qu'il était grand homme de guerre; Lysimaque, parce qu'il était grand général; et Séleucus, parce qu'il était vaillant. L'élévation des vues d'Antigone, les talens d'Attalus pour le commandement d'une armée, l'affligeaient aussi sensiblement que la souplesse

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