les François la gagnerent. Le Duc Fran çois Sforce, fucceffeur de fon frere Maximilien, qui s'étoit enfermé dans le château de Milan, le céda au Roi avec le Duché, moyennant une fomme d'argent comptant, 30000 ducats de penfion & le chapeau de Cardinal. Le Roi, du même pas, alla trouver le Pape Léon X à Boulogne, & fit avec lui le Concordat, par lequel la Pragmatique-Sanction fut abolie: le Pape donna à ce Prince la nomination des Evêchés & des Abbayes de fon Royaume, & le Roi accorda au Pape les annates, c'eft-à-dire, le revenu d'un an de ces grands bénéfices, à chaque nouvelle provifion. Ferdinand, Roi d'Efpagne, 15 16. mourut, & laiffa l'administration de la Caftille au Cardinal Ximénès, qui gouverna ce Royaume pendant deux années avec une merveilleuse fageffe. 1517. Par le fecours des François, les Vénitiens reprirent Vérone, & firent perdre à l'Empereur Maximilien toutes. les penfées qu'il avoit d'établir fa domination en Italie. Sélim, Empereur des Turcs, rendit la puiffance Othomane toujours plus formidable. Il foumit le refte de la Syrie, & conquit l'Egypte, dont il fit prendre le Soudan. Le Pape craignant que ce torrent ne vînt à inonder toute l'Europe, envoya des Légats à tous les Princes chrétiens, pour les exhorter à s unir contre cet ennemi commun, & fit publier des indulgences pour ceux qui, par leurs aumônes, contribueroient aux frais de cette guerre. C'étoit l'ufage de tout temps d'adreffer ces commiffions aux Auguftins dans l'Allemagne ; néanmoins, Albert, Archevêque de Mayence, donna celle-ci aux Jacobins. Les autres s'en offenferent. Luther, qui étoit un des premiers d'entr'eux, & qui enfeignoit alors la Théologie dans l'Univerfité de Wirtemberg, fe mit à déclamer contre ces Prêcheurs d'indulgences, & contre les indulgences mêmes. Et enfin les chofes furent pouffées fi loin, que ce Moine renonça au Pape & à l'Eglife Romaine ; & fous la protection de Frédéric & de Jean, fucceffivement Ducs de Saxe, il fit une religion que la licence & le déréglement ont depuis établie dans une partie des Royaumes de l'Europe. Comme on ne reconnoiffoit plus d'autre regle que fon propre fens, il se forma une infinité de fectes qui fe combattoient les unes les autres. Zuingle, qui étoit Curé de Zurich en Suiffe, fut un des auteurs de celle des Sacramentaires. Il y avoit en Savoie un Ordre Militaire, qui avoit été autrefois inftitué par Amédée VI, & qui fe nommoit l'Ordre du Collier. Le Duc Charles III y fit quelques aug1518. mentations, & changea le nom de l'Ordre en celui de l'Annonciade. Cependant Charles d'Autriche parut comme un aftre naiffant qui devoit bientôt 1519. porter fa fplendeur aux deux bouts de la terre. A peine étoit-il allé prendre poffeffion des Efpagnes, qu'il fut élu Empereur avant l'âge de 20 ans, après la mort de fon aïeul Maximilien. Ce Prince ayant été obligé de faire un voyage en Allemagne, laissa le gouvernement de fes Royaumes au Cardinal de Tortofe, ci-devant fon précepteur, & à quelques Flamands. Cela donna de la jaloufie aux Efpagnols, qui firent en1520. tr'eux une ligue appellée la fanta Junta, pour l'expulfion de ces étrangers. Au 1521. bout d'un an, cette faction fut diffipée, après la perte d'une bataille. Pendant que les Vices-Rois étoient occupés de ce côté-là, on crut devoir prendre cette occafion de rétablir Henri, fils & fucceffeur de Jean d'Albret, dans fon Royaume de Navarre. François premier y envoya André dé Foix, frere de la Comteffe de Chateau-Briant, & des Seigneurs de Lautrec & de Lescun, qui conquit ce Royaume en peu de temps & le reperdit de même. Ce fut au fiege de Pampelune, qu'Inigo de Loyola d'Ognez, jeune Gentilhomme du pays de Guifpufcoa, qui s'étoit jetté dans cette ville, fut bleffé de l'éclat d'un coup de canon qui lui rompit une cuiffe, dont il demeura boiteux toute fa vie. Cette difgrace le détacha des chofes de la terre, & donna naiffance à la compagnie de Jefus, dont il fut Inftituteur. Vers ce même temps, les Efpagnols étendirent leur domination dans le nouveau monde, & Ferdinand Cortez y fit la conquête du Mexique. Il y avoit tant de difpofition dans les efprits de l'Empereur & du Roi de 1520. France à fe faire la guerre, qu'ils ne purent fe tenir d'en venir aux mains. Le Comte de Naffau, Général de l'armée de l'Empereur, prit Mouzon. Le Chevalier Bayard lui fit lever le fiege 1521. de Mézieres. Le Roi reprit Mouzon, brûla & démantela Bapaume, & réduifit Lendrecy & Bouchain. Henri VIII, Roi d'Angleterre, qui étoit à Calais, voulut accommoder ces deux Princes, & l'on étoit d'accord de tout, lorfque la nouvelle arriva de la prise de Fontarabie par l'Amiral de Bonnivet. Le refus que fit le Roi de rendre cette place, par les confeils de ce Seigneur, trop jaloux de fa conquête, jetta la France dans un abyme de malheurs, & lui caufa des pertes dont elle fe fent encore aujourd'hui. Le Pape & l'Empereur chafferent les François du Milanois & de Gênes, Sforce fut ré1522. tabli dans fon Duché. Il en coûta la vie à Jean de Beaulne Samblançay, vénérable vieillard, que le Roi appelloir fon pere, & qui fut pendu pour avoir ofé foutenir à Madame, mere du Roi, qu'elle avoit diverti les 300000 écus qui avoient été destinés pour les frais de cette guerre. Les Turcs continuoient de s'agrandir. Soliman II, fils & fucceffeur de Sélim, conquit la ville de Belgrade en Hongrie, & arracha l'Ile de Rhodes aux Chevaliers de Saint Jean de Jerufalem. Le Pape Adrien VI, qui eft ce même 1521. 522. |