Cardinal Tortofe dont nous venons de parler, & qui cette année avoit fuccédé à Léon X, leur donna fa ville de Viterbe pour retraite. On remarque qu'à fon avénement au pontificat, il ne voulut point changer fon nom, ce qui n'eft arrivé qu'une autre fois, & dans ce même fiecle, depuis le temps de JeanXII. On commença alors à ordonner des fupplices contre les nouveaux fectaires. Jean le Clerc, cardeur de laine, eut le fouet & la fleur-de-lis à 1523. Meaux, pour avoir dit que le Pape étoit l'antechrift, & fut brûlé à Metz pour y avoir abattu des images. Deux Auguftins du pays de Brabant fouffrirent une pareille mort à Bruxelle. Le Roi François I avoit un extrême defir de recouvrer le Milanois. La révol te du Connétable de Bourbon, que Madame avoit dépouillé de fes biens par un dépit amoureux, la perte de. Fontarabie, que Franget rendit à la premiere attaque, & une defcente des Anglois en Picardie ne purent lui faire perdre cette penfée. Il y envoya l'Amiral de Bonnivet, qui d'abord eut quelques bons fuccès. Depuis il fut obligé de lever le fiege de Mi 1 lan ; & ayant été bleffé dans une retrai1524. te, il en donna la charge au Chevalier Bayard, qui fauva l'armée aux dépens de fa propre vie. On dit que le Connétable de Bourbon, Général de l'armée de l'Empereur, ayant trouvé cet illuftre Guerrier expirant au pied d'un arbre, lui témoigna qu'il plaignoit fon infortune; mais que l'autre lui répondit: » qu'il étoit lui-même vien » plus à plaindre de porter les armes » contre fa patrie, & de vouloir met»tre le poignard dans le fein de celle qui lui avoit donné la naiffance & l'é»ducation.» Parmi tant de difgraces, & d'autres plus grandes encore qui fuivirent, on doit faire peu de compte de la découverte & de la conquête qui furent faites en ce temps-là par les François, du Canada dans l'Amérique, fous la conduite de Jean Verrazano Florentin, Charles de Bourbon entra en France, & y auroit caufé une dangereufe révolution,fi l'Empereur, de certaines raisons, ne l'eût affujetti à faire le fiege de Marseille. Il y trouva une forte réfiftance, & fut contraint de fe retirer promptement. Le Roi, qui s'étoit avancé jufqu'à pour Avignon, réfolut de le fuivre. Lorfqu'il étoit prêt de fondre fur les ennemis, qu'il leur tenoit, pour ainfi dire, l'épée dans les reins, l'avis de l'A- 1625. miral Bonnivet, oppofé à celui des plus vieux Capitaines, l'arrêta devant Pavie. La perte de la bataille qui y fut donnée, la prife du Roi, & tout ce qu'un fi grand malheur entraîne après lui, furent les fuites de ce méchant confeil, qui fut en particulier fatal à fonauteur. Dans cette étrange extrémité, la jaloufie que le Roi d'Angleterre conçut des profpérités de I'Empereur, fut une des premieres caufes du falut de la France. D'autre part, les Princes d'Italie avoient intérêt d'empêcher que ce Prince ne devînt fi puiffant parmi eux.L'Empereur ayant fu qu'ils avoient fait une ligue contre lui,qui alloit même à lui ôter le Royaume de Naples, fe fervit de ce prétexte pour dépouiller Sforce, comme étant coupable du crime de félonnie. Il lui prît toutes fes places ; & ce Duc,qu'il réduifit à fe renfermer dans le château de Milan, fut encore obligé, l'année fuivante, de le lui rendre. Pendant que Charles fe couronnoit de gloire, la fortune lui préparoit des richeffes immenfes par la conquête du Pérou, que François Pifarre fit dans l'Amérique. Il arriva alors un changement dans l'Ordre de Saint François. Matthieu de Bafci, Frere Mineur-Obfervantin au couvent de Montefalconi, fe tailla un capuchon long & pointu, & s'étant retiré avec dix ou douze de ses compagnons dans une folitude, fut auteur de la réforme des Capucins. Cependant on traitoit à Madrid de 1526. la délivrance de François I. Les principaux articles du traité furent, que le Roi, qui depuis deux ans étoit veuf, épouferoit Eléonore, fœur de l'Empereur, & veuve d'Emmanuel, Roi de Portugal; qu'il céderoit à l'Empereur fes droits au Royaume de Naples, & au Duché de Milan; qu'il lui abandonneroit le Duché de Bourgogne en toute fouveraineté, & qu'il perdroit celle des Comtés de Flandre. & d'Artois. Sous ces conditions & quelques autres, il fut délivré, & fes deux fils furent donnés en ôtage pour sûreté de l'exécution du traité. Cette même année, les Turcs firent une grande irruption en Hongrie : : Hongrie ils y gagnerent la bataille dé Mohatz. La prife de Bude fut le fruit de cette victoire ; & la mort du Roi Louis qui périt dans cette bataille, les conduifit à de plus amples conquêtes. Le traité de Madrid étoit fi injufte, que les Espagnols mêmes jugerent qu'il n'auroit point d'exécution; & le Chancelier Gattinara refufa de le figner. Le Roi François I protefta hautement contre la violence qui lui avoit été faite. Il fe ligua avec le Pape Clément VII, fucceffeur d'Adrien, avec les Vénitiens, les Florentins & Sforce, pour procurer la délivrance de fes enfants, & chaffer les Espagnols de l'Italie. Quelques-uns difent même qu'il traita fecretement avec le Connétable de Bourbon, qui de fa part n'avoit pas trop fujet d'être content de l'Empereur. Quoi qu'il en foit, Bourbon ayant quelque grand deffein en tête, ayant befoin d'argent pour l'exécuter & pour payer fes troupes qui fe mutinoient contre lui, réfolut de faccager Rome ou Florence pour en avoir le butin, Le bon ordre qu'il trouva à Flotence, le fit tourner du côté de Rome. Au troisieme affaut qu'il y fit Partie II. & 1527. |