ever le fiege, d'avoir un prétexte honorable d'aller prendre poffeffion de la Couronne de Pologne, que les Ambaffadeurs Polonois vinrent lui offrir. Ainfi on donna aux huguenots un Edit de pacification, qui leur accordoit la liberté de confcience, & l'exercice public de leur religion, aux villes de la Rochelle, de Nimes & de Montauban. A peine le Roi de Pologne eut été quatre mois dans fes états, que 1574. Charles IX mourut, laiffant une fille qui lui furvécut encore quatre ans. Le Roi Henri III, ayant reçu la nouvelle de la mort de fon frere, fe déroba de la Pologne, & vint prendre poffeffion de la Couronne de France : nouvel exemple de la loi falique. Comme il étoit à Avignon, pour s'oppofer aux huguenots qui avoient repris les armes, arriva la mort du Cardinal de Lorraine, dont on parla diversement. Pendant ce temps-là, Philippe II, Roi d'Espagne , reçut un grand échec en Afrique. Il y avoit envoyé une armée, pour rétablir un Roi de Tunis que les Turcs avoient détrôné. Il éprouva un fort tout contraire à cefon pere avoit eu lorfqu'il lui que arma pour un pareil deffein. Les Turcs demeurerent les maîtres de Tunis & lui ôterent la Goulette. Ce fut le dernier exploit du regne de Sélim II, qui laiffa par fa mort l'Empire Othoman à Amurat III fon fils. Quand les Polonois eurent perdu l'efpérance de faire revenir le Roi Henri chez eux, ils procéderent à une nouvelle 1575. élection. Les voix furent partagées en tre l'Empereur Maximilien & Sigifmond Bathory, Prince de Tranfilvanie. Celui-ci, plus diligent que fon rival, accourut promptement en Pologne ; & ayant époufé la Princeffe Anne foeur du défunt Roi, il fe mit en poffeffion du trône, où il fut confirmé par le décès de l'Empereur, qui furvint l'année suivante. La guerre civile étoit rallumée en France, & défoloit toutes les Provinces. En Dauphiné, François de Bonne Lefdiguiere, fimple gentilhomme, fuccéda à Montbrun, chef du parti huguenot, & commença à rendre fon nom illuftre. Mais ce qui mit l'état en danger, ce fut l'évafion de François Duc d'Alençon, frere du Roi, auquel fe joignirent les Politiques, qui faifoient un troifieme parti dans le royau❤ me me me. Ils eurent d'abord un mauvais fuccès; car comme Toré, l'un des freres du Maréchal de Montmorency, noit 2000 Reitres & 500 hommes de pied au Duc d'Alençon qui étoit en Berry, le Duc de Guife, Gouverneur de Champagne, les défit auprès de Château- Thierry, & ce fut là qu'il fut bleffé à la joue d'un coup d'arquebufe, dont il lui refta toute fa vie une 1576. marque, qui le fit furnommer le Balafré. On vit une treve. Le Roi de Navarre s'échappa de la Cour. Le Prince de Condé arriva d'Allemagne avec Cafimir & une armée. Il fallut acheter la paix à quelque prix que ce fût. On permit aux huguenots l'exercice de leur religion par tout le Royaume : il fut dit que dorénavant on la nommeroit la religion prétendue - réformée on leur donna des cimetieres pour enterrer leurs morts, & entr'autres, celui de la Trinité à Paris; on leur accorda des chambres mi-parties dans chaque Parlement, & quantité de Villes pour places de sûreté : on donna au Duc d'Alençon, pour augmentation d'apanage, les Provinces de Berry, de Tourraine & d'Anjou, avec le droit d'y Partie II. V : nommer aux bénéfices confiftoriaux, comme fon frere Henri l'avoit eu du temps de Charles IX, & cent mille écus de penfion; au Prince de Condé la jouiffance effective du gouvernement de Picardie dont il avoit dé le titre; & à Cafimir des fommes immenfes d'argent, pour le paiement defquelles il fallut obtenir un confentement du Pape Grégoire XIII pour aliéner jufqu'à 50000 livres de rente du domaine eccléfiaftique. Pierre de Gondy, Evêque de Paris, qui fut envoyé à Rome pour ce fujet, en rapporta une bulle que le Parlement vérifia, sans approuver néanmoins la claufe qui portoit que la diftraction de ces biens fe feroit, même malgré les poffeffeurs. Rodolphe II fuccéda à fon pere Maximilien, & prit les rênes de l'Empire d'Allemagne. La paix que l'on avoit faite en France avec les huguenots ne fut pas de longue durée. La jaloufie que les Catholiques en eurent acheva de les unir plus étroitement pour la défense de l'ancienne Religion; & de plufieurs ligues particulieres qui s'étoient faites, comme nous avons dit il fe forma une ligue générale qui ? caufa de terribles mouvements dans le Royaume. Le Roi même, de peur qu'on ne lui donnât un autre chef que lui, fut obligé de la figner pendant la tenue des états à Blois, & la fit figner 1577. par tous les Grands. Ainfi l'Edit de pacification fut révoqué. On pouffe les huguenots fur mer & fur terre. On leur prend la Charité-fur-Loire, Iffoire en Auvergne, & on oblige même la Rochelle de capituler. Enfin on leur donne un Edit qui reftreint l'exercice de leur religion & l'éloigne de dix lieues de Paris. Cependant la guerre étoit plus allumée que jamais dans les Pays-Bas. Depuis douze ans le Roi d'Espagne y avoit envoyé trois Gouverneurs, qui tinrent des conduites différentes, & ne purent jamais pacifier ces Provinces trop jaloufes de leur li-perté. Cette année elles fe jetterent 1578. entre les bras du Duc d'Anjou (c'eft ainfi que nous nommerons dans la fuite le Duc d'Alençon,) & promirent que fi elles acceptoient un autre Seigneur que le Roi d'Efpagne, elles n'en auroient point d'autre que lui. Toutefois D. Juan d'Autriche, qui en étoit alors Gouverneur, leur auroit fait bien de |