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V. Les grands prix de la valeur de 10,000 fr. seront au nombre de neuf, et décernés : 1° aux auteurs des deux meilleurs ouvrages de science; l'un pour les sciences physiques, l'autre pour les sciences mathématiques; 2° a l'auteur de la meilleure histoire ou du meilleur morceau d'histoire, soit ancienne, soit moderne; 3° à l'inventeur de la machine la plus utile aux arts et aux manufactures; 4° au fondateur de l'établissement le plus avantageux à l'agriculture ou à l'industrie nationale; 5° à l'auteur du meilleur ouvrage dramatique, soit comédie, soit tragédie, représentés sur les théâtres français; 6° aux auteurs des deux meilleurs ouvrages, l'un de peinture, l'autre de sculpture, représentant des actions d'éclat ou des événemens mémorables, puisés dans notre histoire; 7° au compositeur du meilleur opéra représenté sur le théâtre de l'Académie impériale de musique.

VI. Les grands prix de la valeur de 5000 fr., seront au nombre de treize, et décernés: 1o aux traducteurs de dix manuscrits de la bibliothèque impériale ou des autres bibliothèques de Paris, écrits en langues anciennes ou en langues orientales, les plus utiles, soit aux sciences, soit à l'histoire, soit aux belles-lettres, soit aux arts; 2° aux auteurs des trois meilleurs petits poëmes ayant pour sujet des événemens mémorables de notre histoire, ou des actions honorables pour le caractère français.

VII. Ces prix seront décernés sur le rapport et la proposition d'un jury composé des quatres secrétaires perpéfuels des quatre classes de l'Institut, et des quatres présidens en fonctions dans l'année qui précédera celle de la distribution.

— Jeudi, S. A. I. la princesse Louis a donné le jour à un prince. L'archi-chancelier de l'empire a été présent à sa naissance.

-Une lettre de S. E. le ministre de la police générale de l'empire, rappelle aux préfets l'exécution du décret impérial du 3 messidor, relatif à la suppression de plusieurs associations : « Jamais (dit son excellence le ministre) sa majesté l'empereur ne permettra l'établissement des Jésuites en France; son intention est de ne reconnaître d'autres ministres du culte catholique que des prètres séculiers. >>

- Hier, l'empereur est arrivé à onze du matin à Saint-' Cloud. Plusieurs salves d'artillerie ont annoncé son relour.

Nous apprenons que le ministre batave a reçu ordre de quitter Stockholm. La Hollande, comme alliée de la France, partage la disgrâce où celle-ci est tombée auprès du monarque suédois; mais de même que la France, elle compte ne faire aucune espèce d'attention aux démarches de ce jeune prince.

(Journal de Paris.)

On dit que le jour du couronnement, le cortégo passera par la Pace et la rue de la Concorde, et suivra les boulevards jusqu'à la Porte Saint-Martin, d'où il se rendra directement à Notre-Dame. Au sortir de Notre-Dame, le cortége suivra les quais pour se rendre aux Invalides, et ensuite au Champ-de-Mars.

Extrait d'une lettre d'un ecclésiastique de Paris, à M. S. P. N., habitant d'Altona.

Je ne puis, monsieur, vous faire mieux connaître l'esprit qui anime notre clergé, qu'en vous rappelant les sentimens et les opinions que j'ai eu souvent occasion de manifester devant vous. Vous m'avez fait l'accueil le plus touchant. Depuis, vous avez prodigué les témoignages du même intérêt à plusieurs prêtres malheureux et fugitifs, comme je l'étais alors; et vous êtes protestant ! Croyez que nous ne sommes entrés dans la maison hospitalière qui s'ouvrait à nous, que parce que nos cœurs avaient juré dès long-temps paix à vos frères. Ua de vos aieux fut banai de France par la révocation de l'édit de Nantes ; vous évitiez de nous en parler: vous nous avez entendu gémir de cette mesure funeste, fruit d'une politique imprudente et d'un zèle mal éclairé. Rentrés dans notre patrie, sous les auspices de la concorde, nos sentimens sont restés les mêmes. La paix de l'Evangile a passé toute entière dans le concordat: elle est devenue l'invariable loi de l'église et la constante pensée d'un grand homme immuable dans les desseins qu'il a profondément médités. L'empereur et ses ministres ne nous parlent que de cette loi de paix ; les pontifes l'exécutent et la benissent. La prière, la charité, la douce patrie, l'amour de ses loix, la gloire de son chef, un même intérêt au calme, voilà les liens qui nous attachent encore aux protestans. Sur d'autres points malheureusement trop importans, il existe une séparation, mais sans rivalité, mais sans combat. Nous avons des conquêtes à faire; mais c'est sur-tout sur des cœurs que le malheur et le repentir ouvrent à nos consolations. Mille systèmes de morale ont été inventés, essayés, abandonnés : nous offrons la morale de l'Evangil.

J'ai mieux aimé opposer ce tableau à vos alarmes, que d'entrer en discussion sur les dé bats qui les ont fait naître.

Mais quoi! vous paraissez croire aussi à des inquiétudes politiques en France! Combien je voudrais, monsieur, ea écartant de vous ce soupçon, l'arracher en même temps du cœur des Français qui sont encore auprès de vous, et de ceux sur-tout que vous verrez à Londres dans le voyage que vous vous proposez d'y faire bientôt ! Dites-ieur non pour irriter leur désespoir, mais pour empêcher qu'il ne leur soit encore une fois funeste, que les annales de l'antique monarchie

n'offrent à aucune époque l'image d'une paix plus profonde que celle qui règne aujourd'hui pa mi nous. Dites-leur que les Français ont été conquis à la nouvelle dynastie par le bonheur que Bonaparte leur a rendu. D'autres peuples, après tant de malheurs et de combats, a'eussent succombé qu'à la lassitude; les Français ne se rendent qu'à l'admiration et à la reconnaissance.

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L'empereur est absent de la capitale, et son génie n'en plane pas moins sur elle et sur tout l'empire. Voyez un même caractère dans toutes ses entreprises. Un code uniforme de lox est donné à ja France; efe va jouir, dans quelques jours, d'un régime uniforme d'éducation. Que ceux qui ont concouru à ces deux ouvrages disent quel est l'homme qui a porté le plus de zèle; quel est celui dont l'imagination vive, impétueuse, a su le mieux consulter la sagesse, se placer mieux entre des théories va tes et séduisantes, et l'expérience qui rejette les unes et midifie les autres ! L'empereur s'occupe des travaux publics: il n'a pas encore conçu le projet d'an seul monument qui n appartînt qu'au luxe. La spl ndeur que, chaque jour, il ajoute à la ca sitafe, no le distrast p int des routes et des canaux par lequ Is il vivifie la France. Il n'a point Torgueil de créer partout où la sagesse demande qu'on "répare. Je le vo's tantôt au milieu des soldats a ixquels il a promis la plas importante des victores, et tantôt au milieu de ces nouveaux Français auxquels il fait oublier les malheurs de la guerre et des conquête. Au bruit de mile' acclamations, fans la soleanté la plus auguste, il va s'asseoir sur le trône impérial; et qui sait si le soir mên: de cette fète mémorable, a ne consacrera pas encore une longue veille à des projets de loix, à des impôts qu'! vest adoucir ou régler? La même main qui trace le plan de la plus veste négociatiói, ne dédaigne point de tracer un code de commerce. Le besoin des peuples ennoblit tout à ses yeux.

Qu'on me cite une des querelles que plusieurs révolutions agglos, mérées l'une dans l'autre avoient fait niitre; Bonaparte en est le pacificateur. De tant de partis qu'il a conciliés; qu'on en cite un qil ait tenu dans l'oppression ! chacun d'ens a fait l'échange d'une domination inquiète, alternative, signalée dans tout son cours pår d'atroces vengeances, terminée proinptement par an cruelle persé cution, contre un calme permanent, et qui n'a point les langueurs de la servitude. La révolution avoit détruit la distinction des titres, de la naissance et de la fiveur, et leur droit exclusif aux fonctions publiques. Bonaparte a fait cesser une distinction plus odieuse que la révolution avait fait naître ; c'est celle des partis auxquels on a appartenu.

Jugez, monsieur, combien doivent être chères à nous, de paix, l'autorité, la gloire et la grandeur qui le dirigent sans cesse ministrea yers la conciliation! Il nous a prévenus, il ne nous a point lissé lavantage d'ètre les précurseurs de ses intention à cet égard: notre facile, notre sainte mission est de les seconder.

Il m'est doux de vous faire le tableau de notre situation, à vons qui chérissoz toujours dans la France la pátrie de vos ancêtres; a vous qui avez pressenti de si loin les destinées de Bonaparte ; à vons qui avez dit, dès ses premières victoires: Il regnera; à vous qui avez' fit, dès les préliminaires de Léobeu Il règnera comme le monarque le plus éclairé et le plus juste!

(No. CLXXVI.) 26 BRUMAIRE an 13. (Samedi 17 Novembre 1804.)

MERCURE

DE FRANCE.

LITTÉRATURE.

POÉSI E.

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L'ABSENCE DE NELAHÉ.

ÉLÉGIE.

Sous un ciel pur, qu'un demi-jour éclaire,
Le char des Nuits roulait paisiblement,
Et le Sommeil, en ce moment,

Caressait les mortels de son aile légère.
Seul alors dans les bois j'errais triste et pensif;
Au charme consolant de la mélancolie

J'abandonnais mon ame recueillie :
J'écoutais du ruisseau le murmure plaintif.
Ce calme heureux de la nature,
Cette lumière douce et pure

Qui se répand sur la voûte des cieux;
Cet éclat imposant des astres radieux,
Et le frémissement de la feuille tremblante;

Le bruit lointain de l'onde turbulente,

Y

Qui bondit, tombe et roule sourdement,
Tout disposait mon ame à ce recueillement.
Penché sur le ruisseau qui fuit avec paresse,
Je me livrais à des rêves charmans,.
L'illusion m'offrait ses plaisirs séduisans.
Heureux l'amant qui près de sa maîtresse,
S'égare, vers la nuit, dans le bois retiré !
Ce jour faible et douteux, ces heures si paisibles,
Ce calme attendrissant, plaisent aux cœurs sensibles.
O Nelahé ! quand pourrai-je à mon gré

Fouler auprès de toi l'herbe tendre et fleurie?
Mais ces bois, ce ruisseau que murmure toujours,
Ces prés fleuris, l'oiseau qui chante ses amours,
Ne flattent plus mon cœur privé de mon amie,
Je ne peux que me plaindre et pleurer et gémir.
Voici cette heure fortunée'

Où dans mes bras doucement enchaînée,
Nelahé m'inspirait tous les feux du desir.
Tantôt d'une bouche timide

Elle m'effleurait mollement;

Et l'œil ardent d'amour, tantôt ma bouche avide
Prolongeait sur la sienne un baiser imprudent:
Ou souvent dans mes bras nonchalamment placée,
Elle arrêtait sur moi ses yeux appesantis,
Ses yeux par la langueur tendrement embellis,
Et qui trahissaient sa pensée.

D'un bonheur qui n'est plus, souvenir douloureux !
Mais quel transport brûlant et n'agite et me trouble?
Tous mes sens sont émus, mon ivresse redouble. L
Dieux ! quel égarement ! quel délire fougueux !
L'amour est dans mon cœur, et je sens tous ses feux.
L'œil égaré, l'ame éperdue,

J'appelle Nelahé, loin de moi retenue;

Pour apaiser mon cœur de desirs consuiné,

Pimplore son baiser; mais, ô douleur cruelle !
Nelahé n'entend point la voix du bien-aimé,

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