Une meute de chiens nombreux, Au milieu des toiles perfides Pousse un sanglier vigoureux, Ou force les lièvres timides.
Il cache des piéges secrets Sous l'appât qu'il offre à la grive, Et des oiseaux dans ses filets Il retient la troupe captive.
Au sein de ces amusemens, Où s'abandonne la paresse,
Qui n'oublierait jusqu'aux tourmens Que l'amour cause à la jeunesse ?
Que si le ciel à ces présens Joint une épouse tendre et sage, Qui prenne soin de ses enfans Et de son rustique ménage;
(Telle que l'histoire nous peint Ces Sabines laborieuses, Dont le soleil hâlait le teint, Beautés chastes et vertueuses. )
Qui conduise au parc les troupeaux, Sous la garde des chiens fidèles, Et fasse couler à grands flots Le lait des traînantes mamelles ;
Qui destine à l'époux bien las Des fatigues de la journée, Des mets qu'elle n'achète pas, Un bon feu, du vin de l'année;
Pourrait-on desirer alors Les turbots qu'une mer lointaine Rejette parfois sur nos bords, Le faisan, la poule africaine ?
Ces mets valent-ils un agneau Qu'on dérobe au loup en furie, L'olive fraîche, le chevreau, L'oseille dans les prés cueillic?
Cependant le troupeau bêlant Rapidement passe en revue; Le soc renversé, d'un pas lent Les bœufs ramènent la charrue.
Autour des Pénates joyeux, Comme un riche essaim qui fourmille, On voit des esclaves nombreux Folâtrer la jeune famille....
Après ce discours, Alphius 'Allait habiter le village, Mais il fait rentrer ses écus,
Et de nouveau prête sur gage.
Lx voici donc ce moment que j'abhorre! Tu pars, Naïs, tu fuis sous d'autres cieux! Ah! loin de toi, pourrai-je vivre encore, Moi que le sort enchaîne dans ces lieux ? Je n'aurai plus de plaisir sur la terre, Dans la douleur je coulerai mes jours; Mais toi! qui sait si fidèle et sincère, Ton cœur de moi se souviendra toujours ?
Triste et pensif, dans les vallons sauvages, Errant au loin sur les bords des torrens, J'irai gémir; et l'écho des rivages
Répétera mes douloureux accens.
Rien, de Naïs ne pourra me distraire, Son souvenir remplira tous mes jours; Mais toi qui sait si fidèle et sincère, Ton cœur de moi se souviendra toujours? Souvent aussi j'irai dans ces bocages, Où je te vis, où tu reçus ma foi. Combien alors j'aimais leurs frais ombrages! J'étais heureux, car j'étais près de toi. De ces momens l'image triste et chère Sera partout le tourment de mes jours; Mais toi! qui sait si fidèle et sincère, Ton cœur de moi se souviendra toujours?
Là, sur ces bords, dira ma voix plaintive, Son doux regard de courroux s'anima; Mais rassurant ma tendresse craintive, A mes baisers sa main s'abandonna. Là réunis, nous soupirions naguère; Là, l'espérance embellissait nos jours. Ah Dieux! qui sait si fidèle et sincère, Ton cœur de moi se souviendra toujours ? D'amans flatteurs une troupe volage S'empressera dans ton nouveau séjour; Ils t'offriront avec un doux langage Leur foi trompeuse et leur perfide amour. Oh Dieux ! qui sait si leurs soins pour te plaire Ne feront point écouter leurs discours? Oh Dieux! qui sait si fidèle et sincère, Ton cœur de moi se souviendra toujours?
Objet chéri des plus tendres alarmes, Je n'aurai plus la douceur de te voir;
Ah! songe au moins, qu'adorant tant de charmes, Daphnis t'aima, qu'il t'aima sans espoir.
Songe, Naïs, à la douleur amère
Dont ces adieux vont remplir tous mes jours.
Songe..... Ah! qui sait si fidèle et sincère, Ton cœur de moi se souviendra toujours ?
COLAS, l'insipide Colas,
Adorait la jeune Lucète,
Qui franchement ne l'aimait pas. Tout dévoré de sa flamme indiscrète, Il lui disait un jour : Hélas! Que ta froideur me désespère ! De grace, au lieu de toujours rudoyer, Quitte une fois ce ton sévère, Et daigne au moins me tutoyer. Vous tutoyer? ce n'est pas une affaire : Eh bien! va-t-en, répondit la bergère.
PONCET-DELPECH, ex-constituant
AFIN de remplir certain vide,
La précaution m'a posté
Au seuil d'un réduit où réside
Un agent de la volupté.
Le fer me fait une blessure,
Toutes fois qu'on veut m'en bannir. Alors un bruit d'un bon augure,
Bientôt suivi d'un doux murmure
Donne le signal du plaisir.
LOGO GRIPHE.
LECTEUR, pour mes amans je n'ai point de tendresse ; Cependant je gagne le cœur
Des prétendans que la gloire m'adresse: Et rarement la plus belle maîtresse
Aussi long-temps captive son vainqueur, Ma dot parfois me donne certains charmes; Souvent, pour m'obtenir, on en vient aux combats, Mais de Mars les funestes armes N'ensanglantent point ces débats;
Et, jeune ou vieux, mon héros, sans alarmes, Aux yeux de ses rivaux, triomphe dans mes bras. Maintenant veut-on me connaître ?
De six pieds différens est composé mon être ; De la nature il offre un grand agent, Que nos simples aïeux appelaient élément; Une machine utile et même nécessaire, Pour disputer jadis les prix dans la carrière; Un titre bon à tout, ailleurs comme à Paris; Ce qui donne au coursier sa noblesse et son prix; Des animaux le langage ordinaire ;
La passion qui fronce nos sourcils; Pour la bête féroce une douce pâture;
Une pierre blanche et peu dure; Un mal qui va rongeant les trésors de Cérès; Le lieu qui les reçoit au sortir des guérets; Du moine pénitent la plus rude tunique; De plus, une conjonction
Assez peu sonore; un pronom; Certaine note de musique;
Une ville d'Egypte; un suc très-précieux. Enfin, lecteur, pour me deviner mieux,
Tu pourras me voir à ton aise
Aux lieux où maint docteur pose mainte hypothèse.
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