« Les relations internationales se développent d'année en année à mesure que les points de contact entre les différents peuples se sont multipliés. Après les traités d'amitié et d'établissement sont venus les traités de commerce; pourquoi ceux-ci ne seraient-ils pas suivis des traités industriels? Les États ont conclu entre eux des conventions relatives à l'hygiène, à l'agriculture, à la pisciculture, à la poste, au télégraphe, aux chemins de fer, à la propriété intellectuelle, au droit international privé. On parle déjà d'un droit international de transports, d'un code de commerce international. Et il serait impossible de régler à la satisfaction générale certaines questions relatives à la production industrielle? >>> Il semble que la conclusion du traité de travail francoitalien nous achemine dans cette voie et que la nouvelle association puisse activer ce mouvement. Dès maintenant elle mérite d'être classée en bonne place parmi ces organismes dont le nombre va croissant, grâce auxquels s'affirme et se consolide la nation pacifique de solidarité humaine, et qui peu à peu amènent et amèneront de plus en plus les nations à s'assurer mutuellement contre un certain nombre de maux qui constituent peut-être un surcroft inutile de la misère humaine. André LICHTENBERGER. LA PROTECTION LÉGALE DES FEMMES avant et après l'accouchement Dans la séance du 29 janvier 1903, M. le Dr Fauquet a présenté à l'Association nationale française pour la protection légale des travailleurs le rapport suivant, sur la Protection légale des femmes avant et après l'accouchement. Rapport de M. le Dr G. Fauquet C'est à la Suisse que revient l'honneur d'avoir pour la première fois introduit dans la législation industrielle une disposition spéciale en faveur des femmes enceintes ou récemment accouchées. L'article 15 de la Loi fédérale du 23 mars 1877 ainsi conçu : «..... Après et avant leurs couches, il est réservé un espace de temps de huit semaines en tout, pendant lequel les femmes ne peuvent être admises au travail dans les fabriques. Elles ne sont reçues dans la fabrique qu'après qu'elles ont fourni la preuve qu'il s'est écoulé six semaines au moins depuis le moment de leurs couches. Le Conseil fédéral désignera les branches d'industrie dans lesquelles les femmes enceintes ne peuvent être admises à travailler.>>> Le 15 mars 1890, la Conférence convoquée par l'empereur d'Allemagne, à la suite de l'initiative première du Gouvernement suisse, se réunissait à Berlin, et les quinze nations représentées à cette Conférence adoptaient à l'unanimité la résolution suivante : « Il est désirable que les femmes accouchées ne soient admises au travail que quatre semaines après leurs couches. » A l'heure actuelle, tous les États européens ont donné satisfaction au vœu exprimé par la Conférence de Berlin, à l'exception toutefois de la France, de la Suède, de la Russie et des États balkaniques (moins la Roumanie) (1). En France, la question, posée pour la première fois devant le Parlement en 1887, fut sur le point d'aboutir en 1892. Un projet rapporté par M. Dron fut adopté en première lecture, mais la Chambre se sépara sans avoir passé à la deuxième délibération. Avant d'examiner ce projet et les diverses propositions présentées depuis, nous exposerons les fortes raisons sur lesquelles s'appuie l'unanimité des hygiénistes pour réclamer en faveur des femmes que les conditions sociales actuelles astreignent au travail, des mesures spéciales de protection avant et après l'accouchement. Utilité du repos avant et après l'accouchement La résolution de la Conférence de Berlin et la plupart des législations industrielles ne s'occupent que du repos de la femme récemment accouchée. Le repos de la femme avant l'accouchement n'est prévu d'une façon obligatoire que dans la législation suisse. Cependant, des études poursuivies dans ces dernières années ont montré, d'une façon indiscutable, que le repos de la femme enceinte pendant les derniers mois de la grossesse avait, tant au point de vue de la mère que de l'enfant, une importance capitale. Dans une note communiquée à l'Académie de Médecine, le 26 novembre 1895, le Professeur Pinard démontrait pour la première fois que les femmes qui se reposent mettent au monde des enfants plus gros que celles qui ne se reposent pas. Des observations très nombreuses, réunies et classées suivant une méthode très rigoureuse, ont mis en lumière ce fait que l'ouvrière qui s'est reposée pendant 2 ou 3 mois avant sa délivrance, accouche d'un enfant dont le poids dépasse en moyenne d'au moins 300 grammes, celui de l'enfant dont la mère a travaillé debout jusqu'à l'accouchement. La différence (1) Voir la note 1, page 8. est assez sensible: il s'agit d'une différence d'au moins 10 pour 100. Nous empruntons à la thèse du D'F.-Ch. Bachimont (1) les éléments du tableau suivant : J'ajouterai aux indications de ce tableau que parmi les femmes travaillant assises, un certain nombre travaillaient à la machine (22 primipares et 55 multipares) et cette circonstance a suffi pour abaisser le poids moyen de leurs enfants à 2 k. 950 pour les primipares et 3 k. 200 pour les multipares. D'autre part, Madame Sarraute-Lourié, en comparant plusieurs séries d'observations (au nombre total de 3.100) a constaté que d'une façon constante, dans toutes les séries comparées, la durée de la gestation chez les femmes qui s'étaient reposées dépassait de 20 jours et plus la durée de la (1) Dr FR.-CH. BACHIMONT. Documents pour servir à l'histoire de la puériculture intra-utérine. Thèse Faculté Méd. Paris, 18971898. Tome III. Voir également D' LETOURNEUR. De l'influence de la profession de la mère sur le poids de l'enfant. Thèse Paris 1896-97. Tome XXVIII. gestation chez les femmes ayant travaillé jusqu'à l'accouchement (1). J'ai rapproché les constatations de Mme Sarraute-Louriè de celles de M. Bachimont, parce qu'elles se complètent les unes les autres: le poids moyen des enfants des femmes qui ne se reposent pas est inférieur à la moyenne parce que, entre autres raisons, la durée de la grossesse est abrégée par le surmenage (2). Faute d'avoir pu se reposer, un très grand nombre de femmes dans la classe ouvrière mettent au monde (1) Dr Mme SARRAUTE-LOURIÉ. De l'influence du repos sur la durée de la gestation. Th. Paris, 1898-99. Tome XLV. (2) L'influence du repos sur l'évolution de la grossesse est à ce point puissante qu'elle apparaît même dans les conditions exceptionnelles des grossesses gémellaires. Le D' ALEX. BACHIMONT. (De la puériculture intra-utérine dans les grossesses gémellaires. Thèse Paris, 1898 99, Tome 11), a relevé parmi les 18.700 accouchements survenus à la Clinique Baudeloque depuis sa fondation, 225 observations de grossesses gémellaires. Après avoir éliminé 11 cas de grossesses pathologiques, il a retenu 161 observations dans lesquelles les femmes avaient donné des renseignements sur leurs occupations pendant leur grossesse. Parmi ces 161 femmes, 112 s'étaient reposées pendant les derniers mois ou les dernières semaines avant l'accouchement, 49 avaient déclaré ne s'être pas reposées. L'influence du repos ressort très nettement de la comparaison des chiffres suivants, A leur sortie de la clinique: 1tr enfant, 2640 2030 2 enfant. 2580 2025 |