national fera immédiatement, par l'entremise de son bureau, des démarches auprès des gouvernements et des autorités publiques, pour que l'emploi de la céruse soit interdit dans les travaux que ces gouvernements et ces autorités entreprennent.>>> Le Congrès de Cologne avait donc abouti, non sans peine, à des décisions pratiques et appréciables. Elles ne restèrent pas œuvre théorique. Dès le mois d'août 1903, l'Office international publiait en deux volumes les rapports documentaires rédigés sur les questions mises à l'étude, et au mois de septembre 1903, la commission instituée par le Congrès se réunissait à Bâle, en discutait les conclusions, et adoptait des résolutions qui peuvent se résumer ainsi : a) En ce qui concerne le phosphore blanc dans l'industrie des allumettes, elle chargeait le bureau de l'association de s'adresser au Conseil fédéral de la confédération Suisse pour le prier de prendre l'initiative d'une conférence internationale ayant pour but l'interdiction, par voie de convention internationale, de l'emploi du phosphore blanc dans la fabrication des allumettes. b) En ce qui concerne le plomb et les couleurs de plomb, la commission estimait qu'il n'était pas nécessaire de procéder par voie internationale. Elle invitait les sections nationales à poursuivre énergiquement dans chaque pays l'interdiction d'employer la céruse dans les travaux de peinture publics et privés. Elle les engagea également à procéder à des enquêtes sur les mesures de nature à protéger la santé des travailleurs du plomb et de ses composés, et sur les produits qui peuvent être substitués aux composés plombiques dont l'emploi ne serait pas indispensable. c) En ce qui concerne l'introduction du travail de nuit des femmes dans l'industrie, la commission chargeait le bureau de l'Association de s'adresser au Conseil fédéral de la Confédération suisse pour le prier de bien vouloir prendre l'initiative d'une conférence internationale ayant pour but l'interdiction, par voie de convention internationale, du travail de nuit des femmes dans l'industrie. Des mémoires devaient être remis aux gouvernements sur la question, où serait précisé que l'interdiction du travail de nuit des femmes doit consister à assurer à toutes les ouvrières de l'industrie un repos de 12 heures consécutives du matin au soir. La commission prévoyait que des dispenses pourraient être accordées pour cas d'accident imminent, ou survenu, ou pour certaines industries travaillant des produits d'altération très rapide. La réduction transitoire du grand repos de nuit à dix heures devait permettre aux industries saisonnières et à celles dont les besoins sont analogues de trouver les heures supplémentaires dont elles peuvent avoir besoin dans l'état actuel de leur organisation. Des délais à déterminer pouvaient être accordés pour la réalisation des réformes. d) Enfin la commission émettait le vœu qu'une enquête fût instituée dans les divers pays concernant le travail industriel à domicile et en particulier concernant l'influence de la législation actuelle pour le protection des travailleurs sur ce travail. Par la précision des renseignements groupés et grâce au discernement très soigneux apporté dans le choix des questions étudiées et des solutions proposées, le résultat espéré fut acquis au moins en partie Le gouvernement fédéral accepta de provoquer la conférence internationale désirée. Dès à présent, l'Allemagne, l'Autriche, la Belgique, la France et l'Italie y ont adhéré. Elle se tiendra probablement à Bâle au mois de mai 1905. C'est là un résultat appréciable à l'honneur de la jeune association. * S'il lui a été possible de l'obtenir, c'est en très grande partie grâce à l'appui qu'elle a trouvé dans les sections nationales qui ont pu lui fournir tous les éléments scientifiques qui lui étaient nécessaires et travailler selon leurs forces, chacune dans son domaine, à la propagande en faveur de la législation du travail. La section française, une des premières constituées, a vu le chiffre de ses adhérents croftre, sinon autant qu'elle l'eût souhaité, au moins dans des conditions assez appréciables. Il est actuellement d'environ 300. Une section provinciale s'est organisée à Lyon. La section française est arrivée à grouper des éléments sociaux et politiques assez hétérogènes et compte dans son sein, avec des députés siégeant aux côtés opposés de la Chambre, des professeurs, des inspecteurs du travail, des représentants de syndicats ouvriers, des patrons, des publicistes et des savants d'ordre et d'opinion très divers. Par l'organisation de réunions et de conférences, par l'envoi de circulaires, par la publication d'articles de journaux et de revues, elle s'est efforcée d'intéresser l'opinion publique aux questions de la législation du travail. Elle a provoqué des enquêtes sur les matières que mettait à l'étude l'Association internationale et en a spontanément entreprises, sur diverses questions qui lui étaient posées ou qui lui semblaient s'imposer à l'examen. Ces enquêtes ont donné lieu à la rédaction de rapports qui pour la plupart ont été soumis à la discussion dans des réunions auxquelles étaient invités non seulement les membres de l'association, mais diverses personnalités qui, à des titres divers, pouvaient s'intéresser aux questions débattues. Il a paru à la section que ces réunions constituaient pour elle un moyen appréciable de propagande et qu'en donnant la plus large extension possible à la discussion, elle fortifiait davantage l'autorité des conclusions adoptées. Un grand nombre de ces discussions ont été d'un réel intérêt et ont trouvé de l'écho jusqu'à la tribune du Parlement. Ce sont précisément quelques-uns des rapports suscités par la section et quelques-unes des discussions qui les ont suivis qu'on trouvera reproduits dans le présent volume, le premier d'une collection dont la section compte poursuivre annuellement la publication et qui constituera le résumé abrégé de ses travaux. Tels ont été dans leur ensemble les résultats de l'activité de l'Association internationale pour la protection des travailleurs et de sa section française. Assurément il ne faut pas les exagérer, et il y aurait peut-être quelque témérité à appliquer dès maintenant à la jeune société le qualificatif d' «Internationale de la paix », que lui donnait d'avance un de ses fondateurs. Mais à qui sait les difficultés qu'il y a à mettre sur pied une telle organisation, à la faire fonctionner et à l'imposer à l'attention des gouvernements, les points acquis seront loin de paraître à dédaigner.. On peut affirmer dès maintenant qu'elle a échappé tout d'abord au grand danger que court toute institution de cette espèce, et qui est de demeurer une organisation sur le papier ou encore une petite chapelle fermée, sans rapports avec la réalité extérieure, dont les délibérations ont un caractère académique ou technique, et n'arrivent pas à toucher l'opinion. publique. Grâce à la très grande sagesse avec laquelle ont été choisis les points sur lesquels elle a d'abord exercé son activité, la nouvelle association a su, dès le premier jour, pourrait-on dire, revêtir un caractère sérieux et pratique. En s'attachant à des questions à peu près mûres et dans lesquelles il était relativement aisé de faire l'accord, telles que celles de l'emploi de certains poisons industriels et de l'interdiction du travail de nuit des femmes, elle a montré sa volonté de s'abstenir de tout caractère utopique et révolutionnaire, celle de réaliser le progrès de la législation du travail par les voies les plus prudentes qui sont souvent les plus rapides. Ce n'est pas un mince succès pour une société aussi récente d'être arrivée à déterminer les gouvernements à consentir à une conférence internationale, qui à coup sûr, par le seul fait de son existence, aura une influence morale considérable et dont sans doute les conséquences pratiques seront également appréciables. Et il n'est sans doute pas non plus exagéré de faire honneur, pour une petite part, à l'Association internationale, sinon de la conclusion du récent traité de travail franco-italien, au moins de la faveur avec laquelle il a été accueilli et du bruit qui s'est fait autour de lui. L'Association, on peut le dire, a commencé et continue de propager l'état d'esprit européen ou mondial qui est la condition de l'avancement de la législation internationale du travail et la garantie du succès de cette législation. Elle paraît, d'autre part, avoir triomphe de l'une des grandes difficultés que ne méconnaissaient pas ses organisations: celle qu'il y avait à réunir et surtout à maintenir réunis les représentants des opinions les plus diverses dans les partis politiques des différents pays. Comment, à la première discussion approfondie, des éléments aussi disparates ne se laisseraient-ils pas entraîner à des sécessions définitives? II ne paraît pas jusqu'ici que ces craintes aient été justifiées. Et pour nous en tenir à la section française, nous avons pu constater que professeurs, patrons, inspecteurs du travail, représentants de syndicats ouvriers, députés de la droite, du centre et de la gauche, ont su jusqu'ici faire abstraction de ce qui les séparait pour étudier et débattre avec calme les questions sur lesquelles il était possible d'arriver à un accord. Il n'y aurait d'autre résultat à attendre de cette association que le rapprochement de personnalités aussi disparates, qu'il y aurait déjà lieu de lui tenir gré d'un phénomène aussi peu banal à l'heure actuelle dans notre pays. Mais l'expérience de ses trois années d'existence nous paraît démontrer qu'il est permis légitimement d'espérer de la nouvelle association d'autres bienfaits et d'un caractère plus général. Si, sans doute, au fur et à mesure que son activité s'élargira, les difficultés, les résistances, les occasions de division ne manqueront pas de se multiplier, il lui deviendra également plus facile d'en triompher à mesure que les premiers succès auront assuré son autorité, formé l'opinion publique et créé cet état d'esprit européen qui seul peut garantir et étendre le succès de la législation du travail. Le très court passé de l'association est suffisant pour faire bien augurer de son avenir. M. Scherrer, actuellement président de l'Association, disait, il y a quelques années, au congrès de Zurich: |