naux, surtout dans la Sacrée Congrégation de l'Inquisition romaine et universelle, fussent purement honorifiques, de représentation pour ainsi dire mondaine, et sans aucun pouvoir temporel, il abolit les prérogatives attachées à certains titres, et il mit à l'encan les trente et un chapeaux de pourpre devenus libres à la suite des exécutions consécutives au complot. Parmi la foule des riches fils de famille, clercs ou laïcs, qui sollicitèrent à prix d'or la pourpre magnifique, Léon X choisit les trente et un cardinaux qu'il lui fallait; les uns pour leur bel argent, les autres par amitié éprouvée ou parenté d'un dévouement certain. Et telle était la terreur qu'il avait inspirée par son impitoyable énergie, lors du complot, que personne n'osa élever la voix contre cette assemblée cardinalice tout entière sous sa dépendance. Ce fut alors que, par une suprême ironie, et n'ayant aucune opposition à redouter, Léon X se lança dans la grande spéculation qu'il préparait depuis trois ans le commerce largement organisé des absolutions et des indulgences. Il convoqua en secret la Sacrée Congrégation de l'Inquisition romaine et universelle, et, en une séance qui, peut-on dire, fut la consécration définitive de l'abaissement du Saint-Office, il prescrivit que l'on dressât un catalogue des taxes auxquelles seraient soumis tous les péchés possibles, si les coupables voulaient éviter, d'une part, la dénonciation aux autorités répressives, et d'autre part, les flammes du Purgatoire et de l'Enfer. Alors fut rédigé une sorte de catalogue avec prix courant de toutes les fautes, crimes et péchés que peuvent commettre les hommes et les femmes. Ce livre s'appela : Taxa cancelaria apostolicæ et taxe sacræ pœnitentiario Rome. Traduction : Taxes de la chancellerie apostolique et taxes de la sacrée pénitencerie romaine. Et dans toute la chrétienté, particulièrement en Italie, mais surtout dans la Romagne, chaque confesseur devint une sorte de marchand de pardon et un calculateur d'argent. Voici quelques extraits bien significatifs du sens, de la portée et des conséquences de l'ingénieuse idée papale : Art. 1. - Pour l'absolution de celui qui a connu charnellement une femme dans une église. 6 gros. Art. 2. Pour l'absolution de celui qui a connu charnellement sa mère, sa sœur ou une autre femme de ses parents.. 7 gros. Art. 3. Pour l'absolution de celui qui a défloré une vierge ... 6 gros. Pour l'absolution d'un prêtre concubi 7 gros. 7 gros. naire.. Art. 5. niaque... Art. 6. Pour l'absolution du parjure... 8 gros. Art. 7. Pour l'absolution d'une femme qui, en employant des breuvages ou d'autres moyens, se fait avorter 5 gros. Pour l'absolution d'un prêtre simo Art. 8. Pour l'absolution d'un clerc qui a tué un moine, un clerc, un abbé, ou tout autre ecclésiastique d'un moindre rang qu'un évê de 7 à 9 gros. ... 8 gros. Art. 9. Pour l'absolution d'un laïque qui a tué un laïque.. 5 gros. Art. 10. Pour l'absolution d'un prêtre dans le même cas Art. 11. Pour l'absolution de celui qui a tué son père, sa mère, son frère, sa sœur, sa femme, ou tout autre de ses parents laïques. de 5 à 6 gros. Si la personne assassinée était ecclésiastique de haut rang, le meurtrier était tenu de visiter le siège apostolique, où on le rançonnait d'importance, le meurtre d'un prélat étant, aux yeux de la cour de Rome, un crime beaucoup plus grand que le parricide. Art. 12. voleur Pour l'absolution d'un incendiaire, d'un 8 gros. Art. 13. — Pour l'absolution d'un riche qui a acquis sa fortune par le pillage ou autres voies illicites.... 50 gros. Notons que « le gros » était d'une valeur de huit sois. Le prix des absolutions aux mourants, aux personnes mortes en état de péché mortel ou d'excommunication, aux usuriers, aux faux témoins, etc., etc... et le prix des dispenses de jeûne et d'abstinence, de mariage aux degrés interdits, variaient de douze à vingt-sept gros. Pour être dispensé de tenir ses serments, quel qu'en fût le nombre, il suffisait de payer, une seule fois, au pape, trente et deux livres cinq sols. Une bulle pontificale garantissant contre toute poursuite et absolvant de toute infamie coûtait cent trente et une livres quatorze sols et six deniers. La vente en gros des indulgences et des dispenses coûtait moins cher que la vente en détail; il y avait donc profit à traiter en bloc pour tous les membres de la même famille. Le cardinal Pucci, premier ministre des indulgences, prit une carte d'Europe et la divisa par zones. Il calculait, d'après la richesse du pays, ce qui devait lui revenir là des grâces du ciel et de celles du SaintSiège. Ce cardinal avait disposé toutes choses pour mettre en fermage le salut de tous les chrétiens. Ce fut une grande foire de pardons, ouverte en plein soleil sous la commandite du Saint-Siège. Le P. Maimbourg parle ainsi de ces trafics honteux : « Comme l'épargne de Léon X était épuisée par les dépenses excessives qu'il faisait en toutes sortes de magnificences qui étaient beaucoup plus d'un puissant monarque que du vicaire de Celui dont le royaume n'est pas de ce monde, il eut recours aux ventes d'indulgences qu'il fit publier partout. On dit que le pape ne fit pas difficulté de donner à la princesse de Cibo, sa sœur, le revenu de ces indulgences en Saxe. »> Léon X était en villégiature à Cervetri, chez sa sœur Madeleine, qu'il aimait tendrement. Un jour, entre deux chasses, il concéda à cette jeune femme, mariée au prince Franceschetto Cibo, fils naturel du pape Innocent VIII, « l'émolument et l'exaction des indulgences » non en Saxe, mais dans les pays adjacents. Pour en tirer un meilleur parti, Madeleine afferma cette récolte annuelle à un ancien marchand génois nommé Arcemboldo, alors évêque dans un district du Bas-Rhin « et qui avait conservé toute l'adresse de son premier état ». Les moines augustins avaient toujours vendu les indulgences en Saxe et en Allemagne. Ne trouvant |