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humaine, les yeux se révulsèrent le traître était mort!

Vivienne jeta un cri, et laissant le poignard dans la plaie, elle tomba inanimée dans les bras d'un des hommes qui étaient venus lui servir son effroyable et juste vengeance.

Deux jours plus tard, une grande feuille de parchemin était clouée, au moyen d'une dague espagnole, toute poisseuse de sang coagulé, sur le portail de l'église Saint-Cernin, à Toulouse, et sur toute la feuille une main experte avait écrit succinctement, mais d'une manière précise et complète, l'histoire de l'exécution de Dominique Arnaud, à Aigrefeuil.

Les Dominicains enquêtèrent, mais les cinq exécuteurs étaient gens prudents et avisés, qui sans doute savaient aussi tenir leur langue, car si les Dominicains trouvèrent, se putréfiant, le cadavre de Dominique Arnaud, jamais ils ne purent savoir quels avaient été ses exécuteurs, ce qu'étaient devenus ses deux domestiques, et dans quel lieu s'était réfugiée l'infortunée Vivienne.

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CHAPITRE IV

Les flagellés de Raymond Gros

Un des drames les plus singuliers et les plus significatifs de cette campagne d'abjurations forcées et de délations, fut celui qui eut pour point de départ le vice secret de Raymond Gros, chef préfére de la secte cathare dans la région toulousaine.

Ce Raymond Gros avait, en 1237, quarante-cinq ans ; depuis vingt ans il était un hérétique « parfait » et tous ses coreligionnaires l'honoraient de la plus entière confiance.

Or, l'on ignorait que, dans sa première jeunesse, avant de se fixer à Toulouse comme notable commerçant et de se convertir à la religion cathare, il avait suivi une horde de croisés à demi barbares venus des bords du Danube. Avec eux il avait fait campagne sur les côtes sauvages de la mer Adriatique; et en compagnie de ces hommes, il avait pris certaines habitudes sexuellement passionnées dont le souvenir et le désir troublaient ses nuits et combattaient, en son cœur, la vertu imposée par ses nouvelles croyances religieuses.

Parfois, il ne pouvait pas résister à son désir morbide; le tableau des scènes de voluptueuse sauvage

rie, dont les Danubiens lui avaient donné l'exemple et le goût, se présentaient si nettes et si excitantes dans sa mémoire et devant ses yeux, qu'il serait mort de rage et de désir insatisfaits s'il n'avait brusquement cédé à l'irrésistible tentation.

Alors, il se rendait dans un bouge du quartier chaud de Toulouse. La matrone ne le connaissait point de nom, car en fait elle ignorait tout de la situation sociale et religieuse de Raymond Gros; mais il était de ses clients, non pas le plus assidu, puisqu'on ne le voyait en réalité que très rarement, mais certainement le plus bizarre et le plus fructueux.

Raymond Gros, que la matrone appelait « le Frappeur », était conduit discrètement dans une chambre en retrait tout en haut de la maison et à laquelle on ne pouvait accéder qu'en passant par le grenier; ni le personnel ni les clients du bouge ne voyaient ce << frappeur »>.

Et la matrone lui amenait un jeune homme et une jeune femme, toujours les mêmes, qui, moyennant une somme relativement importante, consentaient à souffrir du vice de ce personnage et à garder le secret le plus absolu.

Demeuré seul avec ses deux victimes, Raymond Gros attachait l'un à l'autre les poignets de la femme mise nue, passait la corde dans un anneau fixé au plafond, et il en enroulait l'extrémité à une cheville plantée dans le mur, cela de manière que la corde fût bien tendue et que la femme, les bras tirés au-dessus de la tête, reposât tout juste les pieds sur le plancher.

Ensuite, il armait le jeune homme d'une discipline monacale à sept lanières; et lui-même, Raymond, saisissait une autre discipline plus lourde, dont les lanières se terminaient par des nœuds.

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