DE CICERON, DE LA VIEILLESSE, SUR L'EDITION LATINE DE GRÆVIUS, Par M. Du Bois de l'Académie Françoise. DERNIERE EDITION. AVEC LE LATIN A COSTE'. Alpha A PARIS, Chez JEAN BAPTISTE COIGNARD M. DCC. VIII. AVEC PRIVILEGE DE SA MAJESTE. A MONSEIGNEUR BOUCHERAT CHANCELIER ET GARDE DES SCEAUX DE FRANCE. M ONSEIGNEUR, Je n'ay pas en à deliberer, sur le choix da Protecteur que je donnerois à cet Ouvrage. Un Livre où l'on entend parler Caton & Lalius, & qui traite de la Vieillesse & de l'Amitié, me conduifoit naturellement à vous; & afin que rien n'y manquât, il falloit que les instruEtions que Ciceron nous y donne fussent animées de vos exemples. S'il a crû que le nom de ces deux excellens Personnages donneroit plus de poids & d'authorité à * Amit. ce qu'il leur fait dire *, j'ay dù croire que le vôtre n'y en donneroit pas moins; ch. 1. * b. 18. que ces admirables leçons auroient tout une autre force, quand on les verroit Soûtenuës de la sagesse qui vous les a toû jours fait si bien pratiquer. Rien ne peut Vieil. mieux verifier ce qu'il nous dit *, du soin qu'on doit avoir de cultiver la vertu dans tout le cours de la vie, & des fruits qu'on en recueille dans la vieillesse, que ce que nous voyons en vous; & ceux qui vous ont observé dans tous les temps ne sont surpris, ny de la dignité où vôtre vertu vous a élevé, ny de tous les autres avantages dont vous luy étes redevable. Rien ne peut mieux justifier la vieillesse des chagrins qu'on luy reproche, & qui ne se font que trop sentir dans la plus. part des vieillards que cette trempe d'ame si tranquille, si égale & fi humaine, qui n'est pas un moindre bonheur pour vous, que pour ceux qui vous approchent; & il ne faut que vous voir Vieil. pour souscrire à ce que dit Caton*, que ch. 3. دو les défauts dont on se prend à la vieillessse font des défauts des personnes, & non pas de l'âge, & qu'on ne les apperçoit point dans les ames bien nées, & nourries, comme la vôtre, dans l'école de la sageffe de la vertu, Qui voudra voir la preuve de ce que peuvent, selon Caton *, la*Vieill. fagesse & ta regle, pour soûtenir la vich. 7. er gueur de l'esprit, aussi bien que celle du corps, jusques dans l'âge le plus avancé ; qu'il confidere cette facilité d'esprit incroyable qui fait que l'application aux affaires ne vous coûte rien; & qui vous rend capable de foûtenir le travail de l'attention, au de là de tout ce que les plus jeunes peuvent faire. Qu'il confidere cette memoire fi fidele, ou les plus po tites choses se confervent comme les plus grandes; & qui fait que vous pouvez dire, aussi bien que Caton*, que vous sçavez non seulement les noms, mais les ch. 7. affaires & les interêts de tout le monde, fans que cet amas infiny de connoissances, fur tout ce qui a rapport aux affaires generales, que tout le monde admire en vous, vous faffe perdre de venë ce qui peut avoir rapport au moindre particulier. Qu'il confidere cette santé si ferme & fi entiere, qui vous tient en état de porter, non seulement sans chagrin * Vieil, |