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PARIS TYPOGRAPHIE DE FIRMIN DIDOT FRÈRES, RUE JACOB, 56.

ANCIENNE

PAR ROLLIN,

ACCOMPAGNÉE D'OBSERVATIONS

ET D'ÉCLAIRCISSEMENTS HISTORIQUES,

PAR M. LETRONNE,

MEMBRE DE L'INSTITUT (ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES.)

SECONDE ÉDITION,

REVUE ET ENRICHIE D'OBSERVATIONS NOUVELLES.

TOME CINQUIÈME.

PARIS,

LIBRAIRIE DE FIRMIN DIDOT FRÈRES,

IMPRIMEURS DE L'INSTITUT,

RUE JACOB, 56.

1848.

MD

LENOX LIBRARD

NEW YORK

DES ÉGYPTIENS,

DES CARTHAGINOIS, DES ASSYRIENS, DES BABYLONIENS, DES MÈDES ET DES PERSES,

DES MACÉDONIENS ET DES GRECS.

LIVRE TREIZIÈME.

SUITE

DE L'HISTOIRE DES PERSES ET DES GRECS,
SOUS LE RÈGNE D'OCHUS.

$I. Ochus monte sur le trône de Perse; ses cruautés. Révoltes

de plusieurs peuples.

Plus la mémoire d'Artaxerxe Mnémon était honorée et respectée dans tout l'empire, plus Ochus croyait avoir à craindre pour lui-même, persuadé qu'en lui succédant il ne trouverait pas des dispositions si favorables dans les peuples ni dans la noblesse, dont il venait de se rendre l'horreur par la mort de ses deux frères. Pour empêcher que cette haine ne lui fit donner l'exclusion, il gagna les eunuques et les autres qui se trouvaient auprès de la personne du roi, et fit cacher sa mort au public. Il commença à prendre le maniement des affaires, donnant des ordres, et scellant des décrets au nom d'Artaxerxe, comme s'il eût toujours été en vie; et dans un de ces décrets il se fit proclamer roi par tout l'empire, toujours par ordre d'Artaxerxe. Après avoir gouverné ainsi près de dix mois2, se croyant assez

Polyæn. Strag. 7 [c. 17].
HIST. ANC. T. V.

2 AN, M. 3644. Av, J. C. 360.

bien établi, il déclara enfin la mort de son père, et monta sur le trône en prenant le nom d'Artaxerxe. L'histoire lui donne néanmoins plus communément celui d'Ochus; et c'est de ce nom que je l'appellerai ordinairement dans toute la suite de cette histoire.

Ochus fut le prince de sa race le plus cruel et le plus méchant. Ses actions le firent bientôt connaître. Dans fort peu de temps il remplit le palais et tout l'empire de meurtres1. Pour ôter aux provinces révoltées le prétexte de mettre sur le trône quelque autre de la famille royale, et se débarrasser tout d'un coup de toutes les peines que les princes ou les princesses du sang pourraient lui causer, il les fit tous mourir, sans aucun égard pour le sexe, l'âge, ou la proximité. Il fit enterrer vive sa propre sœur Ocha2, dont il avait épousé la fille; et, ayant renfermé un de ses oncles avec cent de ses fils et de ses petits-fils dans une cour, il les fit tous tuer à coups de flèches, uniquement parce que ces princes étaient fort estimés par les Perses pour leur probité et leur courage. Cet oncle est apparemment le père de Sisygambis, mère de Darius Codoman; car Quinte-Curce nous apprend3 qu'Ochus avait fait massacrer quatre-vingts frères de Sisygambis avec leur père en un même jour. Il traita avec la même barbarie, dans tout l'empire, tous ceux qui lui donnaient quelque ombrage, n'épargnant aucun de la noblesse qu'il pouvait soupçonner être tant soit peu mécontent.

Les cruautés qu'Ochus avait exercées ne le délivrèrent pas de toute inquiétude. Artabaze, gouverneur d'une des provinces d'Asie, engagea dans son parti Charès, Athénien, qui commandait une flotte et un corps de troupes grecques dans ces quartiers-là; et avec son assistance il défit une armée du roi, de soixante et dix mille hommes, qu'on avait envoyée pour le réduire. Artabaze, en récompense d'un si grand service, donna à Charès de quoi payer tous les frais de l'armement. Le roi de Perse ressentit vivement cette conduite des Athéniens à son égard. Ils étaient pour lors occupés à la guerre des alliés. La menace que fit le roi

1 Justin. 1. 10, сар. 3.

2 Valer. Max. lib. 9, c. 2.

Q. Curt. 1. 10, cap. 5.

4 ΑΝ. Μ. 3648. Av. J. C. 356. Diod.

1. 15, p. 433, 434.

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