pureté, la clarté, la précision, le naturel et l'harmonie en constituent les qualités indispensables, soit que l'on parle ou que l'on écrive. Partout où ces qualités ne se rencontrent pas, il y a imperfection de langage, c'est-à-dire ou barbarisme, ou solécisme, ou équivoque, ou amphibologie. Barbarisme. - Le barbarisme est une faute contre la pureté du langage; on fait un barbarisme: 1° en employant un mot qui n'est pas adopté; 2o en prenant un mot dans un sens différent de celui qui lui est assigné par l'usage; 3o en mettant des prépositions, des conjonctions ou d'autres mots où il n'en faut pas. Solécisme. - Le solécisme viole les règles établies par la syntaxe. Exemple : Leurs pleurs sont amères au lieu de leurs pleurs sont amers. Equivoque. - On appelle équivoque toute expression, toute phrase qui a un double sens ou est susceptible de plusieurs interprétations. L'emploi de qui, que, dont, est une source d'équivoques, parce que n'ayant pas eux-mêmes ni nombre ni genre déterminé, la relation en devient nécessairement douteuse, pour peu qu'ils ne tiennent pas à leur antécédent. Amphibologie. - On appelle amphibologie la phrase obscure dont le sens est difficile à saisir et qui peut donner lieu à interprétation. L'équivoque n'a ordinairement qu'un double sens; l'amphibologie peut en avoir plusieurs. L'amphibologie vient de la tournure de la phrase, c'est-à-dire de l'arrangement des mots plutôt que de ce que les termes sont équivoques. sv. Des ornements du style. On appelle ornements du style certains tours moins communs, certaines expressions choisies qui servent à donner au discours plus d'agréments et à le rendre plus insinuant et plus persuasif. 0 Les ornements du style consistent: 1o dans le choix et l'arrangement des mots; 2° dans l'emploi des épithètes; 3o dans l'usage des figures. Les ornements du style sont, comme nous l'avons dit, du domaine de la rhétorique. § V. - Du style épistolaire. En général, le style épistolaire doit être simple, facile, coulant, clair, concis, sans apprêt, sans phrases à effet et sans verbiage inutile. C'est au naturel que doit tendre ce style: des mots qui semblent s'être mis d'eux-mêmes à la place qu'ils occupent, des pensées qui prennent le coloris du sentiment, voilà le style épistolaire. Les pointes d'esprit, les phrases prétentieuses et maniérées ou emphatiques y sont déplacées et ridicules. Les hommes, en général, ont un penchant pour l'extraordinaire et pour le brillant; c'est ce qui rend souvent leurs lettres obscures et guindées. Ce défaut est celui de la plupart des jeunes gens. Mme de Maintenon répondit à un jeune ecclésiastique pour qui elle s'intéressait : « Je crois votre lettre exacte et dans toutes les << règles de l'art de bien dire; mais elle ne me << parait pas conforme aux règles du bon goût; je << l'aurais voulue plus simple. Votre bon cœur est << poussé de reconnaissance et de bonté pour moi, « je vous permets de le dire, car je suis fort tou<< chée de ces sentiments; mais il fallait le dire <<< sans chercher des termes et des expressions plus << propres à une déclamation qu'à une lettre. » Les femmes saisissent mieux que les hommes ces tours aisés, gracieux, négligés, badins, ingénieux qui rendent si bien ou le sentiment de la plaisanterie ou l'expression du cœur. Le style épistolaire, nous le répétons, doit être simple, naturel et ne recevoir que l'empreinte fidèle de notre âme, c'est-à-dire que nous devons être vrais et n'écrire que ce qui est le reflet de ce qui se passe dans notre esprit et dans notre cœur. On remarque souvent, dans la correspondance, que les uns péchent en travaillant trop leur style et les autres en ne le travaillant pas du tout; c'est peut-être parce qu'ils ont entendu dire que les lettres ne doivent pas être travaillées. On a tort, sans doute, de les travailler outre mesure et de faire de ce travail la gêne et le tourment de l'esprit. Si nous disons qu'il faut travailler ses lettres, nous n'entendons pas qu'il faille sortir du naturel. Ainsi lorsque vous aurez à écrire une lettre, suivez d'abord, en écrivant, le jet de votre imagination. Laissez aller votre plume; ne consultez que le naturel; cherchez à exprimer clairement vos sentiments et vos pensées. Parlez à la personne à qui vous écrivez, avec le même naturel que si vous étiez en sa présence; soyez gai ou triste selon que vous seriez affecté devant elle; mais, en écrivant, usez de la réflexion pour corriger vos pensées et pour leur donner une forme aimable, le tout sans tiraillement, sans effort, sans recherche; ne craignez pas de raturer un mot, de substituer une épithète plus convenable, de remplacer une phrase par une autre phrase plus claire, plus coulante, plus laconique, plus harmonieuse, plus sentimentale, selon le sujet que vous traitez; continuez jusqu'à ce que votre plume s'arrête. Alors relisez votre lettre la plume à la main et soyez votre juge, votre critique le plus sévère. Ce travail, qui vous oblige à recopier votre lettre, est surtout nécessaire dans le jeune âge, lorsque l'esprit a besoin de se perfectionner, ou lorsqu'on écrit pour la première fois à une personne dont on veut mériter l'estime; car une lettre influe énormément sur le jugement que les hommes portent de Les personnes dont l'esprit est perfectionné par l'étude et par l'usage d'écrire, n'ont pas besoin de revenir sur ce qu'elles ont fait. Il en est qui gâteraient leur style si elles y retouchaient. nous. Le style des lettres doit varier selon les personnes, les circonstances et les sujets. Si vous écrivez à un père, à une mère, à un instituteur, à une institutrice, l'expression des sentitiments doit conserver le caractère d'une affection respectueuse, d'une tendre et obéissante confiance. Quand une jeune personne écrit à des compagnes, à des amies de pension, sa lettre n'aura pas ce ton de déférence qu'on ne doit qu'à des supérieurs; elle pourra prendre un ton enjoué, amical, et se livrer avec confiance aux épanchements de l'amitié. Enfin, si vous écrivez à des inférieurs, une bonté facile, une aimable simplicité doivent seuls caractériser le style de votre lettre. Il faut encore approprier son style à la matière qu'on a à traiter et aux personnes à qui l'on s'adresse. Ainsi, gardez-vous bien de mêler à un style sérieux des plaisanteries de mauvais goût; ayez soin en même temps de ne pas vous écarter, un seul moment, des égards que vous devez à la personne à qui vous écrivez. En général, cherchez toujours à exposer votre pensée d'une manière agréable et animée, qui instruise, touche et persuade; une simplicité facile, |