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élégante et délicate est un des plus beaux ornements d'une lettre.

Les descriptions ornent une lettre lorsqu'elles sont simples et rapides; les citations faites à propos ne les déparent pas non plus.

Il faut être infiniment réservé sur l'usage que l'on fait des proverbes ét des locutions proverbiales; leur application déplacée est toujours une sottise. Un autre défaut, c'est l'emploi des termes dont on ne connait qu'imparfaitement la valeur.

Tous les genres d'écrire peuvent entrer dans le style épistolaire; cela dépend du sujet et de l'auteur de la lettre. Le sublime n'exclut point la simplicité.

C'est dans l'étude de sa langue, dans l'usage du monde, que l'on peut puiser le talent d'écrire avec charme et correction; c'est par la lecture des bons modèles, faite avec discernement, qu'on parvient à se former dans l'art épistolaire. Parmi ces modèles citons Racine, dont les lettres familières surtout brillent du style le plus pur et respirent la plus grande tendresse et la plus franche cordialité; Mme de Sévigné, dont les lettres forment un recueil charmant, image fidèle d'une conversation animée, tantôt badine, tantôt grave, souvent médisante, toujours naturelle et légère: on y trouve tous les tons, toutes les qualités du style.

CHAPITRE III.

DES CONVENANCES.

Par le mot convenance, on entend l'exacte observation des règles particulières de la bienséance et de la politesse, et par lesquelles on témoigne, aux personnes à qui l'on écrit, les égards de civilités, d'affection, d'honnêteté et de respect.

Ainsi, il faut avoir égard à la position de la personne à laquelle on écrit; ne pas prendre le ton de gaieté avec une personne qui est dans la tristesse, un ton de hauteur avec un égal, un ton de familiarité avec un supérieur.

Dans une lettre à une personne au-dessus de nous ou par son âge, ou par son autorité, ou par son savoir, il faut prendre un ton respectueux, mais qui n'ait rien de bas, car on ne doit jamais s'avilir.

Lorsqu'un homme écrit à une femme, même d'un rang inférieur au sien, il doit toujours le faire dans une forme respectueuse.

Quelle que soit la personne à qui l'on s'adresse, il ne faut pas exprimer un sentiment qu'on n'a pas; la franchise et la vérité sont les caractères distinctifs de la probité. Ces qualités sont autant requises dans les lettres que dans la conversation.

Il est prudent de ne jamais parler mal de personne dans une lettre; car une fois cette lettre en

voyée, on n'est plus maître de réparer le tort: ce qui est écrit est écrit.

La politesse ne permet pas qu'on écrive par interrogation à une personne qui nous est supérieure; toutefois, si quelque curiosité nous portait à nous informer d'une chose, on pourrait employer la forme interrogative en l'accompagnant d'un correctif respectueux. Par exemple : Pardonnez-moi, Monsieur, la liberté que je prends de vous demander si.....

Le ton impératif passerait pour une impolitesse, même dans une lettre d'égal à égal. On ne dira pas: Faites que tout soitprêt à mon arrivée ; mais : voudriez-vous bien faire que tout soit prêt, etc.

Si l'on écrivait à un supérieur, on s'exprimerait ainsi: Oserais-je vous prier de donner vos ordres pour que tout soit prêt, etc. Il ne faut jamais faire sentir à un inférieur la supériorité qu'on a sur lui; il faut, au contraire, lui témoigner de la bienveillance; par là on rend l'autorité aimable et l'on fait prendre en bonne part les avis et même les ordres.

S'il arrive d'écrire sous l'impression d'un sentiment de colère, il est sage d'attendre au lendemain pour finir sa lettre. Par ce moyen prudent, on peut conserver des amis qu'un empressement, quelquefois injuste, vous aurait aliénés sans retour.

Il est inconvenant d'écrire à deux personnes dans la même lettre en se servant pour l'une du premier feuillet, pour l'autre du second; de charger une personne digne de respect, de compliments, de commission pour quelqu'un, de se servir d'un grand nombre d'abréviations. Les mots Monsieur et Madame doivent être écrits entièrement. Les chiffres ne s'emploient que pour les sommes et les dates. Les noms d'hommes, de jours, de semaines, etc., s'écrivent tout au long.

Quand une personne se charge d'une lettre pour quelqu'un, il faut la lui donner sans la cacheter; mais cette personne doit la cacheter sous les yeux de celui qui la lui remet. Il en est de même d'une lettre de recommandation; en ce cas, celui qui l'a écrite la lit à la personne qu'il recommande, ou la lui donne simplement fermée, et celle-ci a le droit de la lire.

Violer le secret d'une lettre en la décachetant est une véritable infamie. On ne doit jamais lire une lettre qu'on trouverait ouverte.

Toute lettre mérite réponse est un proverbe de la civilité française, si ce n'est cependant les lettres inconvenantes et injurieuses, auxquelles on ne répond que par le mépris. Il est d'usage dans le commerce d'accuser réception de la précédente lettre du correspondant ou de rappeler celle qu'on lui a écrite, de manière que la correspondance porte en quelque sorte elle-même sa propre histoire. Cet usage, qui exige de l'ordre, est fort bon et prévient une foule d'erreurs.

CHAPITRE IV.

DU CÉRÉMONIAL.

Le cérémonial consiste dans certaines formalités que l'usage a établies, et qui marquent le plus ou moins de respect que l'on a pour les personnes avec lesquelles on est en rapport.

Cette matière n'est pas facile à traiter. Le cérémonial change selon les différents rapports qu'il y a entre ceux qui s'écrivent; mais de commerçant à commerçant il est réduit à sa plus simple expression.

Papier. - Si l'on écrit à un supérieur, le grand format n° 4 est rigoureusement exigé. C'est une impolitesse d'écrire sur un simple feuillet; cependant il est d'usage, dans le commerce, d'écrire les lettres, soit à la suite d'une facture, soit sur une feuille simple grand format sans que l'on regarde cette manière d'agir comme inconvenante.

Date. - La date se place ordinairement en haut et à droite de la première page; mais si l'on écrit à un supérieur, il faut mettre la date au bas de la lettre et à gauche.

Commencement des lettres. - Les lettres commencent ordinairement par les mots Monsieur, Madame, placés à une certaine distance du haut de la page.

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