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SAFIE, ville d'Afrique, dans la Barbarie, au Maroc, fur la côte de l'Océan, à l'extrémité de la province de Duque'a. Elle eft ancienne, & on tient qu'elle a été bâtie par les naturels du pays. Les Afriquains la nomment ASFI, & les Portugais AZAFIE. Quelques uns la prennent pour une de celles qu'Hannon, Carthaginois, bâtit en Libye par les ordres du fénat, & qu'on appella par cette raifon Liby-Phéniciennes. Elle a de bonnes murailles avec quatre-vingt-fept tours, & contient plus de quatre vingts mille maifons. Elle n'eft pas forte, étant commandée par plufieurs hauteurs. Du côté de l'occident, on voit un château un peu relevé, qui donne fur une petite baye, où il y a beaucoup de rochers, & qui n'eft affurée que contre les vents de nord. Cette ville & toute la province de Duquela a toujours été fujette à fes princes; mais fur le déclin du regne des Benimerinis, Muley Nacer Buchentuf, de la tribu de Mucamoda, étant demeuré maître de cet état, plufieurs fe fouleverent, à caufe de fa foibleffe, & Safie entra dans leur parti par le moyen des Benifarhons, citoyens illuftres, qui l'érigerent en république fous leur autorité. L'un d'entr'eux la gouvernant, fut tué par fon neveu Abderrame, qui ayant gagné le peuple par fon crédit & par fon adreffe, trouva moyen de fe faire fouverain. Cet Abderrame, après un affez long regne, fut aflaffiné à fon tour par Ali Ben-Guecimen, auquel s'étoit joint Yahaya Ben Tafuf. Le peuple, ayant approuvé leur action, les élût pour gouverneurs, criant que c'étoit à eux qu'il devoit fa liberté. Comme ils eurent befoin de fecours contre les parens du mort, Ali alla demander celui d'Emanuel, roi de Portugal, qui au commencement de l'année 1507, envoya Gonçale Mendez, avec quatre caravelles, pour fe rendre maître de la ville, dans l'espérance de s'emparer enfuite de tout le royaume de Maroc. Gonçale étant arrivé à Safie avec deux cents arquebufiers ou arbalêtriers, & plufieurs volontaires, concertà avec les Maures, qu'ils déclareroient à Ali & à Yahaya, que, pour éviter la divifion, il falloit que l'un des deux prit le gouvernement de la ville, fous l'autorité du roi de Portugal. Chacun le cédoit par honneur à fon compagnon, & il demeura enfin à Yahaya, mais la jaloufie s'étant mife entr'eux, les Portugais en profiterent fi bien, qu'ayant demandé les clefs du château & des portes, les Maures fe virent contraints de les donner & de fe rendre vallaux du roi de Portugal. Ce fut ainfi qu'il fut maître de Safie, où il entretint bonne garnifon jusqu'en 1641, qu'il quitta la place volontairement, voyant qu'elle lui coûtoit plus à conferver qu'elle ne valoit, outre qu'elle étoit cominandée par des montagnes voilines, & qu'il n'étoit pas aifé de la fecourir par aner, à caufe de fon mauvais port: avant de l'abandonner il fit abattre une partie des tours & des murailles. Le cherif la repeupla auffi-tôt de Maures, & y mit un gouverneur avec deux cents arquebufiers. Le pays d'alentour eft fertile en bled & en troupeaux, quoique les habitans ne prennent foin que de leurs jardins qui font autour de la ville. Le trafic y eft affez bon, depuis que le roi de Portugal l'a abandonnée, à cause du grand nombre de Juifs qui s'y retirent. Cependant elle étoit encore beaucoup plus marchande avant qu'elle fût aux Portugais, puisque les Espagnols y apportoient des draps, de la toile & d'autres marchandifes, qu'ils échangeoient contre des cuirs, de la cire, de l'indigo, de la gomme, & autres chofes du

pays.

SAFRA ou ZAFRA, petite ville d'Espagne, au royaume de Léon, dans l'Eftramadure, fur une petite riviere, qui de-là ferpentant vers le nord-oueft, va tomber avec d'autres ruiffeau dans la Guadiana. Dans les dernieres guerres d'Espagne contre les Portugais, qui s'étoient déclarés contre le roi d'Espagne, en faveur de l'archiduc, on fortifia cette ville: elle avoit déja un château. Elle eft à trois lieues de Féria, & dans un canton abondant en bled, en vins, en gibier. Il y a douze cents, feux, & de la nobleffe. La paroiffe eft collégiale, & confifte en un abbé, quatre dignitaires, douze chanoines, huit prébendiers, & autant de chapelains. Il y a deux couvens de religieux, & cinq de religieufes. On y rient foire tous les ans le 24 juin, le jour de faint Jean, & une autre en février. L'auteur de la poblacion general de Espana, p. 80, fol. verf. croit que c'est la Restituta Julia des anciens. Ce font les Maures qui lui ont donné le nom moderne. Ferdinand III la reprit fur eux en 1240, & la peupla de chrétiens.

SAFSAF, château de la Turquie, en Afie, dans la Natolie. Les Turcs le nomment BELEGEK. Al Raschid V khalife de la race des Abatlides, le prit fur les Grecs; & ceux-ci l'ayant repris fur les Arabes, Othoman, premier fultan des Turcs, s'en rendit le maître l'an 699 de l'égire.* D'Herbelot, Biblioth. orient.

SAGA, ancienne ville d'Italie, dans l'Etrurie, felon Orrelius, qui cite ce paffage de port. Caton: Interiit Saga oppidum Etruscorum, uti & Atria à quo mare Atriaticum. Elle ne fubfiftoit donc déja plus. Ortelius, Thefaur. conjecture qu'elle devoit être vers les bouches du Pô.

SAGALA, ville de l'Inde, en-deça du Gange, felon Pro. lomée, l. 7, c. 1, qui la nomme aufli Eutymedia ; c'cft la Sangala d'Arrien,

SAGALASSUS, ville de Pifidie, quoique Ptolomée l'ait mife mal-à propos dans la Lycie; en quoi il fe trompe, comme cela eft vifible par le confentement général de tous les anciens que nous citerons enfuite. Pline, I. 5, c. 27, la nomme Sagaleffus, Suidas Sagalleffus, Strabon Sagalaffus, & Segelfus, Hiéroclès Agalaffus, par la faute d'un copilte qui a oublié la premiere lettre du nom. Sagalaflus eft le véritable, comme on le voit par une médaille de Vespafien, fur laquelle ont lit zara^azzнnon. Ptolomée, l. 5, c. 3, qui la donne à la Lycie, la met beaucoup plus à l'occident qu'il ne faut. Strabon compte une journée de chemin entre cette ville & Apamće; il dit, l. 12, p. 569, qu'elle étoit du département de l'officier du département de l'officier que les Romains avoient établi gouverneur du royaume d'Amyntas, & que pour aller de la citadelle à la ville, il y avoit une descente de trente ftades. Cette Apamée; comme le croit Cellarius, Geogr. Ant. l. 3, c. 4, elt l'Apamea Cibotos, en Phrygie. Arrien, dans fes guerres d'Alexandre, 1. 4, donne Sagalaffus à la Pifidie. C'étoit, dit-il, une affez grande ville habitée par les Pifidiens. Tite-Live, l. 38, c. 15, décrivant la route que fuivit le conful Manlius, pour paffer de la Pamphylie dans la Phrygie, dit : En revenant de Pamphylie, il campa au bord du fleuve Taurus le premier jour, & le lendemain à Xyline-comé, delà il alla, fans s'arrêter, jusqu'à la ville de Cormafa. Celle de Dafa n'étoit pas loin, les habitans s'en étoient enfuis, il y trouva des vivres en abondance. Marchant enfuite le long des marais, il reçût les foumiffions de la ville de Lyfinoé qui lui envoyoit des députés. On arriva dans le territoire de Sagalaffus, où il y avoit quantité de grains. Les habitans font des Pifidiens, les meilleurs foldats de tout ce pays; ce qui joint à la fécondité de la terre, à la multitude d'un peuple nombreux & à la fituation de la ville extraordinairement fortifiée, enfle leur courage.

SAGAN, Saganum, ville d'Allemagne en Siléfie, dans la principauté dont elle eft la capitale, & à laquelle elle donne fon nom. C'étoit autrefois une grande ville bien peuplée au confluent du Bober, & de la Queiff. Quelques-uns dérivent fon nom du peuple Saca, d'autres du verbe allemand Segen, Bénédiction d'autres difent que dans l'endroit où eit la ville, il y avoit originairement un bureau de douane où les commis difoient aux voituriers: Sage an was fuyreft du? Dis donc, qu'as-tu là? ou Que menes-tu là ? Les Polonois la nomment SEGAN, c'est-à-dire, Zeige an, montre. On ne trouve pas qu'il foit fait mention de cette ville avant l'an 1164. Il y a à remarquer dans cette ville le château ou le burgk, deux couvens, & la paroiffe fous l'invocation de Notre-Dame. Sagan fut brûlée en 1351 & 1369. En 1472, le duc Jean, furnommé le Tyran, affiégeant fon frere Balthazar, qui s'y étoit renfermé, fit tirer fur la ville à boulets rouges, & y mit le feu qui confuma tour. Elle fut rebâtie & brûlée de nouveau entierement en 1486. Cette ville enfin cut fa part des malheurs que cauferent les longues guerres civiles d'Allemagne.

LA PRINCIPAUTÉ DE SAGAN, ou le DUCHÉ DE SAGAN. Saganenfis Ducatus. Elle a au couchant la baffe Luface, la marche de Brandebourg, & la feigneurie de Soraw; au levant la principauté du grand Glogau, au midi la principauté de Javer, & au nord la principauté de Croffen. Outre fa capitale, elle a la petite ville de PREBUS OU PRIBUS, & NAUMBOURG fur le Bøber : quelques-uns lui donnent auffi Freywalde. Les rivieres qui l'arrofent font le Bober, la Queiff, le Tschirn & laNeiffe. Autrefois ce territoire dépendoit de Glogau; mais il en fut détaché, & eut des princes particuliers, d'où on lui donne fouvent le nom de principauté. Les princes réfidoient dans le château de Sagan,

en 1672. Le duc Jean ayant mis la ville en cendres la vendit, avec la principauté, aux deux freres Erneft & Albert, électeur & duc de Saxe, pour cinquante cinq mille ducats, Et Matthias, roi de Hongrie, qui poffédoit alors la Siléfie, confirma cet achat. Dans un partage entre les deux fils d'Albert, Sagan échut à l'aîné George le riche ou le barbu, duc de Saxe, qui en jouit jusqu'à fa mort en 1539; Son frere Henri, que les luthériens de Saxe ont furnominé le pieux, à caufe de fon zéle pour le lutheranisme, lui fuccéda, & fit recevoir à Sagan la religion qu'il profeffoit. Ferdinand I, roi de Bohême en 1549, ayant, au fujet de Jean Frédéric, électeur de Saxe, alors prifonnier, reclamé EIDENBOURG, & quelques autres lieux de Misnie, comme des fiefs appartenans à la Bohême, il y eut un échange entre lui & l'électeur Maurice, fils de Henri dont on a parlé, & par cet échange on remit à Ferdinand la principauté de Sagan, dont la maifon de Saxe avoit joui 77 ans. Aufiitôt les eccléfiaftiques catholiques de la ville, qui s'étoient entretenus comme ils avoient pû de leur patrimoine, demanderent d'être remis en poffeffion de leur paroiffe, & d'y pouvoir faire le fervice qui avoit été aboli depuis dix ans. Le magiftrat fut obligé de la leur rendre, & d'évacuer le couvent des cordeliers que le duc Henri lui avoit donné. Cela ne dura que quatre ans : car en 1553, Ferdinand remit cette principauté avec les feigneuries de Biberftein, Soraw, Tribel, Fridlan, &c. à George Frédéric, margrave de Brandebourg, à la place d'Oppelen & de Ratibor, qui avoient été engagées au margrave George fon pere, pour une fomme d'argent ; & qu'il retiroit pour les donner à Elizabeth, reine de Hongrie, qui lui avoit cédé la Transylvanie. Trois ans après, le margrave, qui par cet échange poffédoit la principauté de Sagan, ordonna en 1557, aux catholiques de rendre la paroiffe au magiftrat, & d'abandonner aux eccléfiaftiques luthériens & aux maîtres des écoles, les revenus ordinaires, ce qui fut exécuté. Mais en 1558, le margrave fut remboursé, & rendit le pays. Les catholiques formerent leur plainte, & obtinrent en 1560, que la ville rendroit l'églife, & payeroit les revenus des eccléfiaftiques; & les magiftrats obtinrent de leur côté que les bourgeois de leur religion pourroient élargir la chapelle des récollets. Sifroi de Promnitz eut auffi cette principauté par engagement, & enfuite Albert Waldstein, duc de Fridland, la compta au nombre de ses domaines. Ce fut fous fa protection que Jean Kepler, fameux mathématicien, demeura quelque tems à Sagan, où il publia une partie de fes éphémérides. Un prince de Lobkowitz acheta de l'empereur en 1646 cetre principauté, & elle eft encore entre les mains de fes héritiers.* Zeyler., Topogr. p. 175.

SAGANAC, ville d'Afie, dans la Tartarie, au Capchac. L'hiftorien de Timur-Bec, l. 2, c. 32, la met à vingt-quatre lieues d'Otrar: c'eft la même que SAGNAC. SAGANEUS. Voyez SALGANEA.

SAGANUS, riviere de la Carmanie, felon Pline, l. 6, c. 25. Ptolomée, 1.6, c. 8, & Ammien Marcellin, 1.23, en font auffi mention. On croit que c'eft aujourd'hui Balivi.

SAGAPA. Prolomée, l. 7, c. 1, appelle ainfi la bouche la plus occidentale du fleuve Indus.

SAGAPENI. Strabon, l. 16, p. 745, appelle ainfi un peuple d'Afie; s'il ne le faifoit pas voifin des Elyméens, je dirois que ce peuple demeuroit au voifinage de cette embouchure du fleuve Indus.

SAGAR, montagne d'Espagne, au royaume de Grenade, auprès de la petite riviere de Guadadar, qui tombe dans le Guadalentin; au pied de cette montagne eft la ville d'Huescar ou Guescar, autrefois Galicula. Cette montagne eft bien marquée dans la grande carte d'Espagne, chez Jaillot, mais elle n'y eft pas nommée.

Cette montagne ne s'appelle pas Sagar, mais SAGRA. SAGARÆI, ancien peuple d'Afie. Ælien, dans fon histoire des animaux, l. 12, c. 34, dit, que ce peuple célébroit tous les ans un combat de chameaux en l'honneur de la déesse Minerve. Ce qu'il ajoute, fait voir que ce combat confistoit en une course; c'eft, dit-il, chez eux que naiffent les chameaux les plus légers à la courfe Apuntara apa nou aniora. La verfion latine d'Alien nomme ce peuple SAGARENSES, le grec porte Zayapało, SAGARÆI. SAGARI, (le) riviere de la Natolie. De l'Ile écrit ZAGARI, dans fa carte de la Turquie; & dans une au

tre, SACARI. Tournefort, voyage du levant, lettre 16, t. 2, p. 84, l'appelle riviere d'Ava ou d'Ayala. (De l'lfle nomme Ada un lieu fitué à l'orient de fon embouchure.) Tournefort continue ainfi : 1left furprenant que les Turcs ayent retenu l'ancien nom de la riviere d'Ava, car ils l'appellent Sagari ou Saçari, & ce nom vient fans doute de SANGARIOS, fleuve affez célébre dans les anciens auteurs, lequel fervoit de limites à la Bithynie. Voyez SANGar. SAGARICUS SINUS. Voyez l'article qui fuit. SAGARIS, riviere de la Sarmatie, en Europe. Ovide, de, Ponto, l. 4, Eleg. 10, v.45 & feqq. dit en nommant divers fleuves qui avoient leurs embouchures dans la mer Noire: Adde quod hic clauso miscentur flumina ponto,

Vimque fretum multo perdit ab amne fuam. Huc Lycus,buc Sagaris, Peniusque, Hypanisque, Cratesquo, Influit, & crebro vortice tortus Halys: Partheniusque rapax & volvens faxa Cynapes

Labitur & nullo tardior amne Tyras.

Si Ovide n'avoit mis dans cette lifte que des rivieres de la côte feptentrionale, ce paffage feroit décifif: mais il y en met comme l'Halis qui font de la côte méridionale. C'est pourquoi l'abbé de Marolles eft excufable d'avoir crû qu'il étoit queftion ici du fleuve Sungarius. Il eft cependant bien plus naturel de croire que le Sagaris, dont parle ici Ovide, eft la riviere, dont l'emboucure en forme de golphe, eft nommée Sagaricus Sinus par Pline, l. 4, 6. 12. Ce nom le trouve dans Ptoloméc, l. 3, c. 5, mais eftropié & privé de fa premiere lettre. Cet auteur met dans la Sarmatie Européenne, l'embouchure du fleuve Agaros, avec un promontoire nommé Agaron, entre le Gerrus & le Lycus. Le pere Hardouin croit néanmoins que l'Agaros de Ptolomée eft le Flumen Rhode de Pline. Sagaris s'appelle aujourd'hui le SAGRE. Voyez ce mot.

SAGARTIÁ, presqu'ifle, près de la mer Caspienne, selon Etienne le géographe. Elle pourroit bien avoir du rapport avec le peuple de l'article qui fuit, mais le mot de presqu'ifle n'y convient pas.

SAGARTII, ancien peuple de la Médie, à l'orient du mont Zagros, felon Prolomée, l. 6, c. 2.

Il n'y a aucune apparence de presqu'ifle en cet endroit, & au lieu de ce mot dans Etienne le géographe, il y avoit peut-être contrée, pays, ou quelqu'autres mot équivalent qu'Hermolaus ignorant & étourdi à fon ordinaire, aura changé en celui de presqu'ifle, qui a bien l'air d'être de la façon de ce grammairien.

SAGASOUN, château de Perfe, dans le Courdistan, près de la riviere d'Achai, felon l'hiftorien de Timur-Bec, t. 3, c. 29.

SAGAVANA. Voyez SAUBAANA.

SAGDE ou SAGDECH, ville d'Afie, dans l'Arabie heureuse, dans les états du cherif de la Mecque, felon Corneille. Baudrand dit au mot SABATHRA OU SABATHA, que c'est une ville royale de l'Arabie heureuse dans les terres, felon Pline, que c'eft préfentement SABARA felon Molet, & SAGDE felon d'autres. Ces quatre noms font également inconnus à Pline: il devoit citer Ptolomée, fur lequel Molet a travaillé. En effet dans l'édition de Molet on trouve Sabatha Metropolis (Sobotale Plinio,) Sabara regnum, en quoi il y a faute; car la conjecture des interprétes ne fauroit être vraie, fi la ville de Ptolomée eft Sobotale, not inconnu à Pline, qui nomme Sabota, & c'est ainfi qu'il falloit écrire. Les manuscrits de Ptolomée n'ont point Sabatha, mais Saubatha & Saudatha. Voyez. SAUBATHA. SAGDE & SAGDECH font des noms inconnus aux géographes orientaux.

SAGEDA. Voyez SAGIDA.

1. SAGENA, lieu d'Italie, dans la Campanie, au voisinage de Puzzoles. Il en eft parlé dans la vie de faint Sofie, diacre. * Ortelius, Thefaur.

2. SAGENA, dans l'ifle de Corfe. Voyez SCAONE. SAGESTIN. Voyez SEGESTAN.

SAGHALEN, ville de la Tartarie chinoife, orientale dans le gouvernement de Teitcicar, fur la rive droite de Saghaliens, au sod de latitude, dans une plaine fertile. Buache, Carte de la mer du fud.

SAGHIZGAN, lieu d'Afie, au Mogoliftan, près de l'Irtisch, avant l'entrée de ce fleuve dans le lac d'Etragheul qu'il traverse. C'est un paffage entre les montagnes pour en

entrer du haut Turkeftan au royaume de Gété, & on y payoit autrefois une douane. * Hift. de Timur-Bec, l. 3, c. 6. SAGIDA ou SAGEDA, ancienne ville de l'Inde, en-deça du Gange. C'étoit la capitale du peuple Adisathri, felon Ptolomée, 1.7, c. I.

SAGIENSIS, ecclefia ou antiftes, l'églife ou l'évêque de Seez. Voyez ce mot.

SAGIS. Du tems de Pline, entre autres bouches du Pô, dans la mer Adriatique, il y en avoit deux qu'il nomme Caprafie, & Sagis. Le terrein où elles étoient eft bien changé par les marais de Comachio : il y en a maintenant une grande nommée Porto di Magnavaca; mais il n'eft pas aifé de dire à laquelle des deux embouchures répond ce port, nifi toutes les deux s'étant fermées avec le tems, le Pô ne s'en eft pas ouvert une troifiéme, qui n'eft ni l'une ai l'autre de celles que les anciens ont vûes.

SAGITTA. Le moine Robert, cité par Ortelius, Thef. nomme ainfi la ville de Seide, qui eft l'ancienne Sidon. Voyez SEIDE.

SAGIUM, nom latin de la ville de Seez, fiége épiscopal de France, en Normandie.

SAGHAMNDAH, ville d'Afrique, dans la Nigritie, dans la province de Vancarab, felon d'Herbelot, bibliothéque orientale. Elle eft fituée au bord d'un lac qui forme le Niger, & que les Arabes nomment Bahr Alhalou, c'est-àdire la mer douce. Cette ville eft, dit cet auteur, à huit journées de Caravane de la ville de Samarah, & à neuf de celle de Ragbil, villes qui appartiennent pareillement à la province de Vancarah, & qui obéiffent au même prince. D'Herbelor a pris ces détails d'auteurs orientaux déja anciens. Au refte ce pays de Vancarah eft fur la rive feptentrionale du Niger, & eft nommée Ouangara par de l'isle dans fon Afrique de 1722.

SAGNAC ou SAGANAC, ville d'Afie, au Turquestan, Marawalnahr. Atfiz fultan de Kouarezm fubjugua les pays de Sagnak & de Gionder, l'an 547 de l'Hégire, & Toctamisch attaqua Tamerlan par les villes de Sagnac & d'Otrar. * D'Herbelot, Bibliot. orient.

SAGNINI, ancien peuple d'Italie, entre les Vosques, felon Port. Caton cité par Ortelius, Thefaur.

SAGONE, ville de l'ifle de Corfe, dans fa partie occi dentale, dans une plaine, à quatre milles de la côte & de l'embouchure de la riviere de Limone, entre Calvi au feptentrion & Adjaccio au midi, & environ à feize milles de chacune. Elle avoit un évêché fuffragant de l'archevêché de Pife. Le titre s'en conferve encore, quoique la ville foit entierement ruinée, & qu'on en voye à peine quelques veftiges. L'évêque réfide à un bourg voifin nommé Vico, où l'on a transporté la cathédrale, felon Antonio Pietro Philippini, cité par Baudrand, édit. 1705. Corneille dit qu'on la nomme auffi Sagena Diftructa. Il devoit dire Sagona Dis

trutta.

SAGONTE. Voyez SAGUNTHUS & SAGuntum. SAGORA, petite ville de la Turquie, en Europe, fur la mer Noire, entre Stagnara & Sifopoli. On croit que c'eft la Thynias des anciens, auprès d'un cap de même nom. SAGRA, riviere de la grande Gréce, dans la Locride. Cette riviere, dit Pline, l. 3, c. 10, eft mémorable. Strabon en parle auffi, & remarque que ce nom eft du mas culin, ce qui eft en effet allez rare dans les noms de riviere. Sur le bord de cette riviere étoit un temple des deux freres Caftor & Pollux: où dix mille Locres affiftés des habitans de Rhegium, défirent cent trente mille Crotoniates en bataille rangée delà vint le proverbe employé, quand quelqu'un refufe de croire une chofe, Cela eft plus vrai que la bataille de Sagra. Strabon ajoute : On fait un conte à ce fujet ; on dit que le même jour la nouvelle en fut portée à ceux qui affiftoient aux jeux olympiques. Cicéron ne laiffe pas de répéter ce conte dans fon livre de la nature des dieux ; il eft vrai qu'il l'accompagne d'un on dit. Il dit auffi le proverbe dont parle Strabon, l. 6, p. 261. Barri & Baudrand prétendent que c'eft l'Alaro, & c'eft le fentiment le plus reçu.

:

1. SAGRE, ancien peuple d'Ethiopie, felon Phavorin,

Lexic.

2. SAGRE, (LE) petite riviere de la Tartarie Crimée. Elle a fa fource à trois lieues de Mancup, vers le nord; & coulant vers le couchant, elle fe décharge dans le golfe de Nigropoli, felon Baudrand. C'eft le Sagaris d'Ovide, & l'Agaros de Ptolomée.

1. SAGRES (le cap de ) Sagre ou Saint-Vincent, promontorium Sacrum, en Portugal, dans la partie la plus occidentale de l'Algarve, à une lieue & demie de la ville de même nom. Les anciens n'ont connu d'autre cap dans cette partie du Portugal que le promontorium Sacrum, dont on a dont on a fait par corruption le mot de Sagres. Quelques modernes, comme de l'Ifle, Bellin, ont eu tort de diftinguer le cap de Sagres de celui de Saint-Vincent. M. Robert n'en met qu'un, ainfi que le pere Placide.

2. SAGRES, ville de Portugal, dans l'Algarve. Elle paffe pour une des meilleures places du royaume, & des mieux munies de canon. Ce fut l'infant don Henri, fils de Jean I, roi de Portugal, qui la fonda vers le commencement du quinziéme fiècle. Il en aimoit le féjour à caufe du port, qui n'eft qu'à une lieue & demie du cap de SaintVincent. Ce cap a été connu des anciens fous le nom promontorium Sacrum, le promontoire Sacré ; & ce nom s'eft confervé dans celui de cette ville. L'infant don Henri, à qui le Portugal eft redevable de toute fa grandeur, par l'heureux fuccès de fes entreprises, qui valurent à cette nation fes grandes acquifitions en Afrique, en Afie & en Amérique: ce prince, dis-je, envoyoit de Sagres des flottes pour chercher de nouvelles routes vers les Indes orientales, dont on ne tiroit auparavant les marchandifes que par le Levant & par la Méditerranée. Elle a une fortereffe dans laquelle on tient une garnifon confidérable. * La Neuville, Hift. générale du Portugal. Délices d'Espagne & du Portugal, p. 814.

SAGRUDGE, village d'Asie, dans la Tartarie, au Mawaralnahr, à fix lieues de Samarcande. * Hiftoire de TimurBec, l. 3, c. 3.

SAGRUS. Voyez SARUS.

1. SAGUENAY, (LE) riviere de l'Amérique feptentrionale, dans la nouvelle France, au Canada, proprement dit. Elle fort du lac Saint-Jean, où le rendent diverfes rivieres, favoir; celle de Necouba, celle de Kakigaoufipi, qui vient du lac de Miftafin, dont la principale décharge fe rend dans la baye de Hudfon, & enfin celle de Periboca, qui tire la plus grande partie de ses eaux de plufieurs lacs, qui en envoyent auffi dans la même baye d'Hudfon. Elle fe rend dans le grand fleuve de Saint-Laurent, à Tadouffac: elle eft fpacieuse, profonde de quatre-vingts à cent braffes. Elle n'a guères qu'un quart de lieue de largeur à fon embouchure; mais en la remontant on trouve qu'elle est bien plus large; c'eft ce rétreciffement qui lui donne sa grande rapidité. Elle eft telle, qu'elle empêche la marée d'y entrer, & conferve fon cours presque jusqu'à fon embouchure. Elle reçoit de l'un & de l'autre côté quantité de rivieres, dont quelques-unes font navigables. Il y a quelques ifles dans le Saguenay, mais elles font fort défertes: ce ne font la plupart que des rochers & des lieux couverts de fapins & de bruyeres. Cinquante lieues au-deffus de fon embouchure, eft une chute d'eau qui tombe d'un lieu fort élevé, avec une extrême impétuofité. Le bord de la riviere eft entrecoupé, & il s'y éleve à droite & à gauche de hautes montagnes, des rochers & des lieux couverts d'arbres fort épais. La contrée qu'elle traverse eft une vraye folitude & une terre fort défagréable, tant à caufe de fa ftérilité qu'à caufe du froid âpre & continuel. Les forêts n'y nourriffent que de petits oiseaux. * Corn. Di&t. De Laet, Descr. des Indes occid. 1. 2, c. 8.

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2. SAGUENAY, province de l'Amérique feptentrionale, au bord feptentrional du grand fleuve de Saint-Laurent. Elle eft bornée au nord-eft par les Kiliftinons ou Chriftinaux, au nord-oueft par les Esquimaux, au fud-eit par le fleuve de Saint-Laurent, & au fud-oueft par la riviere, l'embouchure de laquelle eft le lieu appellé les trois rivieres. Elle s'étend depuis ce lieu jusqu'au fond de la baye des fept ifles. Les environs de la riviere font fort mauvais; auffi la premiere colonie françoife, ayant malheureusement été établie à Tadoussac, y fut expofée à de très-grandes miferes ; & ces mauvais fuccès retarderent long-tems l'établiflement du Canada. On étoit dégouté par la mauvaise qualité du pays; mais on monta jusqu'à Quebec, qui eft dans cette province, & on trouva dequoi fonder des espérances, qui n'ont point été démenties. Les principaux lieux de Saguenai font:

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P. Charlevoix, t. 3.

SAGUNTHUS ou

1. SAGUNTIA, ancienne ville d'Espagne, dans la Bétique, au pays des Turdetains, felon Ptolomée, 1. 2, 6. 4. C'eft apparemment la même que Pline, l. 3, c. 1, met au département de Cadix, in Gaditano conventu.

On croit que Gisconza, village de l'Andaloufie, tient fa place.

2. SAGUNTIA ou SEGUNTIA, ancienne ville de l'Espagne tarragonoife, au pays des Arevaques, felon Pline, 1.3, c. 3. Ptolomée ne la connoît point; mais Tite-Live la nomme Seguntia Celtiberum. Une inscription, au recueil de Gruter, p. 324, n. 2, porte:

C. ATILIO C. F. QUIR. CRASSO. SEGONTINO.

Antonin met cette Seguntia, & encore une autre ville de même nom, fur la route de Mérida à Sarragoffe, la premiere qui eft celle-ci, entre Complutum, Alcala de Henarès, & Bilbilis; voyez ce mot. Voyez les diftances des lieux voifins:

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La premiere de ces deux villes eft aujourd'hui Siguença, ville d'Espagne, fituée aux confins de la vieille Caftille & de l'Aragon, près de la fource du Henarès, riviere qui coule à Complutum, aujourd'hui Alcala, qui par diftinction en prend le fur-nom de Henarès. Quant à la feconde, voyez SEGONTIA, no. 2.

SAGUNTUM, ancienne ville d'Espagne, au pays des Hedetains, felon Ptolomée,l. 6, c. 2. Elle étoit à près de trois milles de la mer, fi on en croit Tite-Live, l. 21, c. 7, & à trois milles entiers, felon le calcul de Pline, l. 3, c. 3. Rien de plus fameux, que le fiége & la prife de Sagonte dans l'hiftoire romaine. Ce fut par fes hoftilités qu'Annibal engagea la feconde guerre Punique. Les Carthaginois la poffederent huit ans : les Romains la reprirent fur eux, & en firent une colonie romaine. C'eft pourquoi elle eft nommée par Pline, l. 3, c. 3, Saguntum, civium romanorum oppidum, fide nobile. Sa fituation près de la mer, eft marquée fur une médaille de Tibére; on y voit une galere, avec ce mot Sag. & les noms des Duumvirs; & fur un autre médaille du cabinet du roi, alléguée par le P. Hardouin, on lit Sagunt, avec une galere de même. Cette ville s'appelloit également Saguntum & Saguntus. Strabon, 73, P. 159, Pline & Ptolomée difent Saguntum. Pomponius Mela, l. 2, c. 6; Florus, l. 2, c. 6, Silius Italicus, & une inscription de Gruter, p. 499, n. 2, difent Saguntus. Cette inscription porte SAGONTUS PATRONIS VI. Silius Italicus, l. 1, v. 502, dit:

Cunclamant utrimque acies, ceu tota Saguntos,
Igne micet.

Cette ville étoit fort ancienne; & on en attribuoit la fon-
dation à Hercule. Silius profitant de cette tradition, toute
fauffe qu'elle étoit, fait prier ainfi un Sagontin, v. 505.
Condito Alcide, cujus veftigia facra,
Incolimus, terra minitantem averte procellam.

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Ceux qui ne donnoient point dans cette chimere, en rapportoient l'origine aux peuples de Zante. Strabon, 1. 3, p.159, dit: Saguntum à Zaeynthiis conditum. Les Rutulois y avoient envoyé une colonie d'Ardeates, & Silius Italicus, . 2, v. 603, traite ainfi ces deux antiquités en deux vers:

Armaque dulichia proavis portata Zacyntho
Et prisca advectos Rutulorum ex urbe Penates.

Sagonte avoit une forte de terre dont on faifoit de la vaisfelle, qui avoit un grand debit. Martial dit dans une de ses épigrammes, l. 8, Epigr. 6.

Filla Saguntino cymbia malo luto.

Et Lib. 14, Epigr. 108.

Sume Saguntino pocula ficta luto.

La ville de Morvedre occupe à-peu-près la place de l'ancienne Sagonte.

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SAGYLIUM, ville d'Afie, dans la Phazemonitide petite contrée du Pont, au voifinage du territoire d'Amafa, felon Strabou, l. 12, p. 560. Cette place étoit fur une montagne fort haute & fort escarpée, fur le fommet de laquelle étoit une citadelle qui avoit de l'eau en abondance. Cette place étoit naturellement très forte. Les Romains la négligeoient; mais du tems des rois de ce pays-là elle étoit une ville de conféquence.

SAHAB-MARGA ou MANGAR, plaine d'Afrique, au royaume de Fez, dans la province de Cuzt, entre les montagnes du grand Atlas. Elles s'étendent en longueur, dulevant au couchant, l'espace de quatorze lieues fur dix de large; tous les côteaux d'alentour font pleins de bocages épais, où la ville de Fez le fournit de bois & de charbon, .& ces plaines font couvertes d'une ardoife noire & unie où il ne croît pas même de l'herbe. Il n'y a point d'habitation, mais feulement quelques hutes de branchages pour les bucherons & pour les charbonniers. * Poblation Gen. de Espana,p. 5o.

SAHAGUN, (prononcez SAHAGON,) ville d'Espagne, au royaume de Leon, fur la riviere de CEA, à fept lieues de Palencia, dans une plaine fertile en grains, en vignes, en jardinages, en gibier, & dans une fituation commode pour la pêche. Il y a neuf paroiffes, un couvent de religieux franciscains, & un monaftère royal de faint Benoît, dont nous parlerons dans la fuite. Cette ville n'a que cinq cents familles. Ce fut en cet endroit familles. Ce fut en cet endroit que faint Facundus fouffrit le martyre, le 27 novembre 140, felon Dexter 139; d'autres difent 180. Il y fut inhumé ; & c'eft de fon nom qu'eft venu, par corruption, le nom de Sahagun. La premiere fyllabe tient lieu du mot faint, & on fait que le génie de la langue espagnole tient à changer l'F des latins en H. Ferrum, Hierro, Formofus, Hermofo, Facere Hazer, &c. L'an 756, fous Alphonfe I, cette ville fut fondée. Le Monaftère de faint Benoît, nommé enfuite el real de San Benito, fubfiftoit déja depuis long-tems; car l'an 1074, Alphonfe VI, dit le Vaillant, le rebâtit fous l'invocation du faint martyr Facundus, & de faint Primitif, fon compagnon. Il y fit venir des moines d'Andaloufie, & le premier abbé fut un Alphonfe. Cette abbaye fubfifta jusqu'à l'an 986, que les Maures la detruifirent. On la releva dans la fuite, & elle fut floriffante. Sanche II, de Caftille, y renferma par force fon frere Alphonfe, à qui il fit prendre l'habit de moine. Ce prince s'enfuit delà auprès d'Ali Maymont, roi de Tolede; mais ayant été rappellé dans le royaume par la mort de fon frere Sanche, qui fut affaffiné, il prit plaifir à agrandir & à embellir le monastère royal où il avoit été, & y choifit fa fépulture. Cette abbaye a une place dans le chapitre de Tolede, & lorsqu'un de fes religieux y affifte, le chapitre lui donne la diftribution or dinaire des chanoines depuis l'an 1096. On croit que c'eft une conceffion de l'archevêque Bernard, qui avoit été religieux de cette abbaye. Ce roi Alphonfe envoya de nous veaux habitans à Sahagun, & à fon exemple Urraca, reine de Caftille, l'augmenta & accorda de nouveaux priviléges, qui en firent une ville de conféquence. * Corn. Dict. & Marmol, Afrique, l. 1, c. 13 & 14.

SAHAR. Voyez SоHAR.

SAHARA ou SARA OU ZARA OU ZAARA. On appelle ainfi les déferts d'Afrique, qui font entre la Barbarie au nord, & la Nigritie au midi. Ceux qui étendent le Biledulgerid depuis le lieu où il eft effectivement, jusqu'à l'Ocean occidental, le mettent entre la Barbarie au nord, & le Sahara au midi, & parconféquent placent le Sahara entre le Biledugerid au nord, & la Nigritie au midi. Mais dans le vrai, le Sahara & le Biledulgerid n'ont aucune borne commune, & font féparés par d'autres pays.

Le Sahara a entre lui & l'Océan les Zanagha, & en fuppofant qu'ils foient encore du Sahara, en ce cas le Sahara s'étend depuis la riviere d'Albach, vis-à-vis des Canaries, jusqu'à l'embouchure du Senega. Delà, une ligne qui s'écarte un peu de cette riviere vers le nord, fait la féparation du Sahara & de la Nigritie jusqu'au mont Amedede, qui continue jusqu'à l'Egypte. Les bornes du nord ne font pas fi fenfibles. Le Sahara a au nord les royaumes de Tafilet, d'Huerguela & du Faifan, le RAS-SEM ou le Pays petrifié, & la république de Siouha. C'est la Lybie intérieure de Ptolomée, dans laquelle il comprend auffi une partie de la Numidic & de la bafle Ethiopie. Le Sahara eft fort ftérile, fort pauvre, ne contient que des déferts arides & fablonneux, & le plus fouvent inhabitables, où l'on fait quelquefois cent & deux cents lieues fans trouver une goute d'eau; ainfi les habitations y font très rares & fort éloignées les unes des autres, en des lieux où il y a quelques lacs & quelques marais, & où l'air eft le plus tempéré. Ceux qui y demeurent font groffiers. Les plus confidérables du pays font vers la partie occidentale, près de l'océan & du Niger. Il y a des lieux fermés de murailles, de terre. Les peuples de la partie occidentale du Sahara étoient anciennement appellés Sabathéens, de Saba, fils de Chus, qui s'y habituá, & ceux de la partie orientale Futhéens, de Futh, fils de Cham, dont les anciens appellerent Futheya la partie d'Afrique, qui fut depuis nommée la Libye Cyrenaïque. (Il eft bon d'avertir en paffant de ne pas compter beaucoup fur ces conjectures: de pareilles recherches n'étoient guères le fait de Marmol.) Il n'y a dans le Sahara

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d'autre cau que celle des lacs ou de quelques puits falés, qui font fi rares, que les marchands qui partent de Batbarie pour aller dans la Nigritie, outre les chameaux qu'ils menent chargés de marchandises, en ont encore d'autres qui ne fervent qu'à porter de l'eau. Cela arrive particulierement lorsqu'ils veulent aller du royaume de Fez à Tombut, ou de celui de Tremecen à Agadez, ou quand ils vont au Caire, par un chemin qui traverse tout ce défert, & qui paffent le long d'un grand lac, dont les bords font habités de négres de Ceu & de Gorhan', qui font de la baffe Ethiopie. Sur cette route, principalement fur celle de Geneoha & de Tombut, il fe trouve quelques puits que l'on a creusés dans les déferts, & de peur que les fables ne les comble, on les environne par dedans d'os de chameau, faute de pierre, & on les couvre de la peau de ces animaux. Il arrive fouvent que les voyageurs ne peuvent trouver ces puits à caufe de la quantité de fables qui les couvre; de forte qu'ils meurent quelquefois de foif. Le feul remede dans cet extrême befoin, eft d'égorger leurs chameaux, pour boire l'eau qui eft dans leur ventres car ces animaux boivent pour douze ou quinze jouts, & fans cela on ne pourroit faire ce voyage. Cela fupplée au défaut de l'eau jusqu'à ce qu'ils viennent au lieu où il y en a, s'ils ne meurent en chemin. Les faifons ne font pas femblables en ce pays tous les ans ; s'il pleut depuis la mi-août jusqu'en février, l'herbe y croît en abondance, & il y fait bon pour les troupeaux qui paiffent le long des lacs. Quand les marchands font leurs voyages après ces pluies, ils ont l'avantage de trouver plufieurs lacs, & quantité de lait & de beurre à grand marché; mais fi elles manquent, ils fouffrent beaucoup, auffi bien que les habitans du pays; outre que ces fecherelles font toujours accompagnées de grands vents qui transportent des monts de fable. La récolte du Sahara eft fort petite, parce qu'on n'y feme que de l'orge; encore n'eft-ce pas par-tout, ce qui fait qu'on y vit miféra blement. Marmol, Afrique, 1.4, c. 125.

Voici une table géographique du Sahara ou Sara, avee fes divifions, felon les dernieres cartes de de l'lfle:

Les lieux remarquables font:

Et les Lemptans

Le défert de Berdoa

Sur l'Océan,

Dans les Terres,

Ses peuples & cantons.

Au refte le Sahara fait, à proprement parler, la partie méridionale de la Barbarie, & n'en eft différent, que comme les landes font différentes de la Gascogne; auffi de PIfle, dans fa derniere carte de l'Afrique, l'appelle-t-il le défert de Barbaric.

SAHAVEDRA. Voyez BIDIMA.

SAHIA, ville de Syrie, à douze lieues de Hama, & à treize de Mediez. Elle eft élevée fur un rocher escarpé de tous côtés, ce qui la rend d'un accès très-difficile, & d'autant plus forte, que la riviere d'Affi, qui en lave le pied, lui fert de fortes. Il lui fert de foffés. Il y a un pont de cent cinquante pas de longueur, avec quelques rouages, qui font monter l'eau dans des aqueducs. Ces aqueducs la portent aux jardins du

contiennent

contiennent

Le R. de GIBADOU, où font les villes

comprend

{les deferts de

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fauxbourg de Sahia, lequel confifte en cinquante maisons avec un kan, où les étrangers peuvent loger, mais fort peu commodément. * Corn. Dict. Jouvin de Rochefort, Voyage de Turquie.

SAHID ou SAID OU ZAÏD. (LE) Ce mot, en arabe, fignifie un lieu plus haut & plus élevé qu'un autre, & on s'en fert en Egypte pour fignifier la haute Egypte, qui a auffi été appellée la Thébaïde, à caufe de Thèbes fa capitale. Les Arabes la nomment encore Vogh il Ard, c'est-àdire la face du pays, parce que ce pays eft au midi de l'Afrique, & que les Hogias ou prêtres mahométans se tournent de ce côté quand ils appellent les autres à la priere, ce qu'ils font par rapport à la Mecque, qui eft au midi

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