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s'en fervir pour passer le fleuve du Jourdain. On présente à ses plus proches parens une couronne pareille à la fienne. On chante le Te Deum, & on conduit le moine ainsi couronné à la facristie, après quoi on régale la famille du pere jubilaire & les religieux.

La ville de Valenciennes est du diocèse de Cambrai & de celui d'Arras. C'est l'Escaut qui sépare ces deux évêchés. La partie de Valenciennes, qui est à droite de l'Escaut, est du diocèse de Cambrai; & il y a un chapitre nommé Saint Gery, ou de la Salle, qui est compofé d'un doyen & de quinze chanoines, & dont les prébendes font fort peu de chose pour le

revenu.

Il y a dans la ville de Valenciennnes une justice royale appellée la Prevôté-le-Comte, un magiftrat, la justice de l'abbaye de Saint Jean, une justice des Traites, le magistrat de la Halle-Basse, un conseil particulier, & un conseil général.

La Prevôté-le-Comte, c'est-à-dire, la Prevôté ou Justice du comte de Valenciennes, est une justice royale, composée d'un lieutenant général, de quatre conseillers, d'un avocat & d'un procureur du roi, dont les charges ont été érigées en offices hérédiraires par édit du mois de Mars 1693. La jurisdiction de ce tribunal s'étend sur les vingt-quatre villages de la prevôté, & connoît des cas royaux dans la ville de Valenciennes. L'appel des jugemens de ces officiers est porté au parlement de Douay; le prevôt eft outre cela chef de la Justice criminelle dans la ville, où il fait les fonctions de semonceur, & en fon absence son lieutenant tient fa place.

Le magistrat est composé d'un prevôt, d'un lieutenant & d'ouze échevins, qui font nommés tous les ans par le gouverneur de la ville, & par l'intendant de la province, de deux conseillers-penfionnaires, d'un greffier civil, d'un greffier-criminel, qui est aussi procureur dela ville, & d'un greffier des werps ou nantiffemens. Les offices de ces derniers ont été créés hérédi

nomme batiste. Ces étoffes & ces toiles passent en France, en Espagne & jusques dans les Indes.

Valenciennes a un gouverneur, un lieutenant de roi, un major, deux aides-majors & un capitaine des portes. La citadelle a fon gouverneur particulier, un lieutenant particulier, un major, un aidemajor, & un capitaine des portes.

VALENDAS, Valendanum, village du pays des Grifons, dans la Haute-Ligue, & de la dépendance de la communauté d'Ilantz, au bord oriental du BasRhin. Il y a près de Valendas une fontaine d'eau bitumineuse. * Etat & Délices de la Suiffe, t. 4, p. 17.

1. VALENGIN, comté joint à celui de Neuchâtel, compris parmi les alliés de la Suiffe, dont ces deux comtés occupent une partie des quartiers occidentaux. C'étoit autrefois un fief mouvant du comté de Neuchâtel, & il a eu ses seigneurs de différentes maisons. Après plusieurs révolutions, il fut vendu à Marie de Bourbon, veuve de Léonor, Duc de Longueville, pour la fomme de foixante & dix mille écus d'or. Ce comté tire fon nom d'une ville, selon de Longuerue; mais plutôt d'un petit bourg d'une vingtaine de maisons, qui est dans une situation extraordinaire, dans un vallon étroit & raboteux, entre de hautes montagnes & des rochers, à une lieue au-dessus de Neuchâtel, par un chemin extrêmement rude, où en divers endroits on marche au bord d'un précipice, au pied duquel coule le Seyron, ou Syon, torrent qui paffe à Neuchâtel. Les anciens comtes de Valengin avoient dans ce bourg un château bâti sur un rocher, & il fubfifte encore en partie. Les dépendances de ce comté consistent en cinq grandes vallées, savoir:

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taires, ainsi que celui de trésorier ou massard de cette * Etat & Délices de la Suisse, t. 3, p. 244.

ville, qui ont tous été vendus au profit du roi. Le magistrat connoît en premiere instance de toutes les affaires contentieuses civiles, & de la police de la ville, & par appel des jugemens rendus par le magistrat de la halle-baffe. Ce dernier magistrat est composé d'un prevôt, d'un mayeur, de treize échevins, & de vingt hommes de condition, qui tous ensemble décident de tout ce qui regarde la draperie, & font nommés tous les ans par le magistrat de la ville. Le magiftrat de Valenciennes nomme aussi les cinq Apaiseurs ou pacificateurs de querelles particulieres, qui ne méritent point de peine afflictive; car quant aux autres affaires criminelles, c'est le magistrat qui en prend connoissance. Il en jugeoit autrefois en dernier reffort; mais aujourd'hui on en appelle au parlemement de Douay. Le conseil particulier a l'administration des affaires de la ville qui ne regardent point la justice. Il est composé d'un magiftrat & de vingt-cinq bourgeois. Le conseil général, ou grand confeil, eft composé de deux cens personnes, & il ne s'y peut rien décider qu'il n'y en ait cent au moins, oins, & que les affaires n'ayent paflé auparavant au conseil: c'est le magistrat de la ville qui a le droit de l'assembler, ce qu'il ne fait que pour des affaires extraordinaires, qui regardent le bien public. La justice de l'abbaye de Saint Jean est composée d'un mayeur, de sept échevins & d'un greffier. Cette jurisdiction, qui n'est que fonciere, féodale, & pour le cas de haute justice, s'étend sur le quartier de la ville de Valenciennnes, nommé la Tannerie.

Il est à remarquer que la ville de Valenciennes est le chef de la châtellenie de Bouchain, de plusieurs villages, de celle d'Ath, de la prevôté du Quesnoy, & de quelques terres enclavées dans la châtellenie de Lille, & dans le Cambresis. La justice dans tous ces endroits appartenoit autrefois au magistrat de Valenciennes, qui y conferve encore le droit d'y faire des réglemens, & de juger. l'appel des jugemens rendus dans les justices des lieux qui sont actuellement fous la domination du roi.

Il y a à Valenciennes des manufactures d'étoffes de laine, camelots & bouracans; de toiles fines, qu'on

2. VALENGIN, bourg de Suisse, & le cheflieu du comté auquel il donne fon nom. Voyez l'article précédent.

VALENSES, ou VIOMENSES, Peuple d'Italie, dont il est fait mention dans la vię MS. du Pape 7.acharie, citée par Ortelius. Ce peuple étoit entre Rome & Ravenne.

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VALENSOLE, bourg de France, dans la provence, viguerie de Moustiers au couchant de Riez. Ce bourg a droit de députer aux assemblées générales de la province. Il y a un couvent d'Augustins établi depuis l'an 1600. & un couvent d'Ursulines. On croit que Saint Mayeur, abbé de Cluni, étoit né à Valensole.

VALENTANO, bourg d'Italie, au duché de Castro, environ à deux milles au midi occidental du lac de Bolfena. C'étoit autrefois une ville épiscopale appellée Varentanum, ou Verentum. De là vient Verentani populi, de Pline. * Magin, carte du duché de Castro.

1. VALENTIA, colonie de la gaule Narbonnoise. Ptolomée, L. 2, c. 10. la donne aux peuples fégalauni. Pline, l. 3. c. 4, la met chez les Cavares. Mais Cellarius, Géogr. antiq. l. 2, c. 2. croit quela ponctuation est fautive dans cet endroit de Pline, & qu'au lieu de in Méditerraneo Coloniæ Arelate Sextanorum, Beterræ Septimanorum, Araufio Secundanorum. In agro Cavarum Valentia, Vienna Allobrogum, il faut lire avec de Valois, p. 581. Araufio Secundanorum in agro Cavarum, Valentia, Vienna Allobrogum. En effet on ne fauroit donner au pays des Cavares une fi grande étendue. L'Itinéraire d'Antonin marque cette ville fur la route de Milan à Lyon, entre Allgusta & Urfolæ, à vingt-deux milles du premier de ces lieux, & à égale distance du second. C'est aujourd'hui la ville de Valence. Saint Ambroise, Epist. 27. pour la diftinguer des autres villes de même nom, l'appelle VALENTIA GALLORUM.

2. VALENTIA, contrée de la grande Bretagne, selon Ammien Marcellin, 1. 28, c. 3. Les Pictes, les Ecoffois & quelques autres peuples s'étant jettés sur noise: Ptolomée, l. 2, c. 6. qui la donne aux Contes-fur une éminence voisine de la riviere, quoiqu'elle

la province Romaine, sous l'empire de Valentinien I, ce prince envoya contre eux Théodose l'ancien, qui repouffa ces peuples, s'empara d'une partie de leurs terres, & fit construire deux forts sur l'Ifthme, qui sépare les deux mers, afin de les tenir plus éloignés. Par là les terres des Romains se trouverent augmentées d'un grand pays, dont Théodose fit une cinquieme province à laquelle il donna le nom de Valentia, pour faire honneur à Valentinien. Ce pays faifoit partie du royaume des Pictes, qui par ce moyen se trouva considérablement diminué. Cette province comprenoit la meilleure partie de l'Ecoffe: aussi cette invafion nouvelle irrita tellement les Calédoniens, que jamais ils ne cefferent depuis de harceler les Romains & les Bretons leurs sujets. Tant que l'empire Romain eut affez de force pour se foutenir, leurs efforts furent inutiles; mais d'abord qu'il vint à chanceler, c'est-à-dire, dès le commencement du cinquieme fiecle, les Calédoniens, revenant à la charge, avec une nouvelle fureur, franchirent toutes les barrieres qu'on leur avoit oppofées, & firent de grands ravages dans la province des Romains. Ceuxci les repoufferent quelquefois; mais ayant affez à faire chez eux, il se retirerent dans la province de Valence, & bâtirent de grosses pierres la muraille que l'empereur Severe avoit élevées deux cent trente ans auparavant, entre l'embouchure de la Tyne & celle de l'Eden.

3. VALENTIA, ville du Pont, selon la notice des dignités de l'Empire, fect. 27, où on lit, Cohors prima Theodofianæ Valentiæ.

4. VALENTIA, ville de l'Espagne Tarragon

nommés VALETINIANENSES, dans la notice des dignités de l'empire, tiroient leur nom de cette ville pour y avoir été en garnison. Mais Cellarius, Geogra ant. l. 2, c. 3. prétend que c'est une erreur. Ces foldats, dit-il, ne prirent pas le nom du lieu où ils étoient en garnison, mais celui du prince Valentinien qui les avoit établis. Pour confirmer son sentiment, il ajoute que dans la même notice, ces foldats furnommés Valentianenfes, font joints avecles Gratianen ses & les Honoriani, qu'on ne peut pas dire avoir été ainsi nommés d'aucun lieu où ils ayent été en garnison. Le nom de cette ville dans l'histoire, du moyen âge (car Cellarius regarde fon origine comme fort incertaine) n'étoit pas VALENTINIANE, mais VALENTIANE; & il lui avoit été donné par un fondateur nommé Valens. Sigebert dit ad an. 1006. que l'empereur Henri affiégea Caftrum Valentianis, fitum in Marchia Francia & Lotharingia. De Valoisrapporte les lettres du Roi Clovis III. données à Valencien nes, Valentianis. Eginhard, ad an. 771, dit que le roi Charles tint une assemblée générale in Villa Valentiana. Longueruë n'est pas du sentiment de Cellarius: il veut, comme Cluvier, que les Soldats nommés Valentin anenfes ayent pris leur furnom de cette ville: que le fondateur de Valenciennes foit Valentinien I, ou fon plus jeune fils; & que le nom de VALENTIANE soit corrompu de VALENTINIANE. Voyez VALENCIENNES.

tains, la marque dans les terres. Cependant Pline, l. 3, c. 3. la met dans le pays des Edetains, à trois milles de la mer, & lui donne le titre de colonie. C'est aujourd'hui la ville de Valence, capitale d'un royaume de même nom. Ortelius cite deux auteurs, qui difent que cetre ville fut d'abord appellée ROMA, d'un ancien roi d'Espagne appellé Romus. Il y a dans le trésor de Goltzius une médaille avec ces mots. COL. JUL. VAL. qui pourroient s'entendre de cette ville, en les expliquant par COLONIA JULIA VALENTIA. * Annius in Manethon. P. Ant. Beuterus in Hisp. Chron.

5. VALENTIA, ville d'Espagne. Le consul Junius donna cette ville avec des terres aux soldats qui avoient combattu sous Viriatus. Cette Ville, felon Mariana, étoit sur le Minho; & fon nom s'est conservé jusqu'à présent. C'est aujourd'hui Valença, ville de Portugal, dans la province de Tra-los-montes, fur la rive gauche du Minho, vis-à-vis de Thuy. * T. Livii Epit. l. 55, de reb. H. ft. 1. 3, c. 7.

6. VALENTIA, Voyez VIBO.

7. VALENTIA, ville d'Italie, dans la Messapie, ou la Calabre. L'itinéraire de Jérusalem la marque entre Clipiæ & Civitas Brin.iefi, à treize milles du premier de ces lieux, & à onze milles du second. Au lieu de VALENTIA, un Manuscrit porte VALENTIO; car c'est apparemment le Balentium de la Table de Peutinger, le Baletium de l'Anonyme de Ravenne, le Balefium de Pline, 1. 3, c. 11. & le Valetium de Pomponius Mela, 4. Ce lieu auquel quelquesuns donnent le nom de ville, étoit à l'embouchure du fleuve Pactius, à la droite, felon la table de Peutinger, & à la gauche, felon Cluvier.

1. 2, c.

8. VALENTIA, ville de l'isle de Sardaigne. Prolomée, L. 3, c. 3. marque dans les terres une ville nommée VALERIA Οὐαλερία; mais il rend lui-même ce nom fufpect, en plaçant dans le même quartier un reuple appellé VALENTINI Οὐαλετῖνοι ; & d'ailleurs le nom de Valentia subsiste encore présentement dans l'isle, au milieu des terres, en tirant un peu vers l'orient. C'en est affez pour faire conjecturer que lé nom de cette ville étoit VALENTIA & non VALERIA. Les habitans de cette ville étoient fans doute les VALENTINI de Pline, l. 3, c. 7.

VALENTIANE, nom de la ville de Valenciennes, dans le Hainaut, sur le bord de l'Escaut. Clavier a écrit VALENTINIANE, au lieu de VALENTIANE, parce qu'il s'étoit imaginé que les foldats

1. VALENTIN, maison de plaisance du roi de Sardaigne, dans le Piémont, fur le bord du Pô, au-dessus de Turin. On y vade cette ville par une grande allée couverte & longue d'un demi-mille. La maison eft fituée paroisse en plaine du côté de Turin. L'endroit qui regarde le Pô, a une vue admirable. On entre à droite & à gauche dans une très-longue enfilade de chambres, qui toutes font ornées de tableaux des plus fameux maîtres d'Italie. On monte au fecond étage par un fort beau degré, qui conduit d'abord dans un grand fallon enrichi de peintures, & l'on va encore de lå dans un grand nombre d'autres chambres de plein pied, garnies comme les premieres. Des deux côtés de la cour font deux jardins affez beaux, de l'un desquels on entre dans un grand parc, coupé d'allées, & où l'on voit une grande quantité de daims blancs. * Corn. Dict. Mém. & plans géographiques.

A l'opposite du Valentin, fur l'autre bord du Pô, il y a une vigne qu'on appelle VIGNE DE MADAME. Ce n'est qu'un grand corps de logis, double, fort commode, que madame royale Christine de France a fait bâtir. On descend ensuite dans la VIGNE DE LA PRINCESSE MARIE: cell-ci est petite, mais fort enjolivée. Les jardins fur-tout en font très-beaux.

2. VALENTIN, (le) Maison de plaisance, dans le Dauphiné, près de la ville de Valence. Il y a un très-beau parc, fort propre pour la chaffe. Le châ teau est situé au milieu du parc. L'escalier est beau, & conduit dans un grand appartement, dont les voû tes font charmantes. * Piganiol, Desc. de la France, t. 4, p. 59.

VALENTINE, ville de France, dans le haut Languedoc, près de la rive droite de la Garonne, vis-à-vis Saint Gaudens, au diocèse de Cominges, élection de ce nom. On croit que Philippe le Bel ayant acheté plufieurs terres du comte de Lomagne, fit bâtir la ville de Valentine, joignit toutes fes terres ensemble, les mit de la province de Languedoc, & les sépara de la Guienne qui étoit occupée par les Anglois. C'est de là que ces paroiffes, quoiqu'éloignées du Languedoc, en font partie; c'est aussi par la même raifon, que l'évêque de Cominge a droit d'entrer aux états du Languedoc. On voit à Valentine un reste de colonne de marbre qui prouve que du temps des Romains, ce lieu étoit un pofte confidérable. Il ne l'est pas moins aujourd'hui, puisque c'est un passage pour entrer en Catalogne & en Aragon.

Je ne fai fur quel fondement Hubner, géographe d'ailleurs estimable, s'est avisé de mettre un évêché à Valentine.

1. VALENTINI. Voyez VALENTIA.N 8.

2. VALENTINI, peuple d'Italie, dans la Calabre, selon la plupart des édit. de Pline, L. 3, c. 11. Ortelius s'étoit imaginé que ce Peuple avoit pris fon nom de la ville, Vibo Valentia. Mais le pere Hardouin ayant vû que les manuscrits portoient Valentini, a jugé qu'il falloit lire Uxentini, parce que Ptolomée place dans ce quartier une ville nommée Uxentum.

VALENTINIANOPOLIS. Il est fait mention de cette ville dans le concile de Chalcédoine, dans celui d'Ephèse, & dans le quatrieme synode Romain. Ortelius croit qu'elle étoit dans l'Afie mineure. Il est parlé aussi de cette ville dans la vie de Saint Chrisostome, fcripta per Georg. Alex. Patriarch. où Eufebe est dit évêque de Valentinianopolis, & des lieux appellés CELUIANE, ou peut-être CILBIANE. Voyez CILBANUM.

VALENTINOIS, pay de France, dans le Dauphiné, borné au septentrion par le Viennois, à l'orient par le Diois, & par le bailliage des baronnies, au midi par le Tricastinois, & à l'occident par le Rhône, qui le sépare du Languedoc, comme l'Isere le sépare du Viennois. Les peuples du Valentinois font appellés par Pline, Segovellauni, par Ptolomée, Segalauni, & dans la notice de l'Empire, Segolauni. Quelques-uns croyent que Plancus, dans une lettre à Ciceron, a fait mention de ces peuples, en parlant de Gellius & de ses freres, qu'il dit être Segauviani, qui est le nom d'un peuple, qu'on soutient avoir été corrompu, & qu'on corrige Segolauni; ce qui paroît affez probable, parce que les gens dont il est fait mention en cet endroit, étoient Gaulois, & de la province Romaine.

Du temps des rois, Conrad & Rodolphe, les premiers comtes de Provence, se rendirent propriétaires du Valentinois, & de tous les pays qui font au midi de l'Isere jusqu'à la Méditerranée. Du temps de Rodolphe, tout ce qui est entre l'Isere & la Durance vint au pouvoir du comte de Toulouse, qui portoit le titre de marquis de Provence; & les villes avoient leurs comtes qui relevoient de ce marquis.

On ne ne fait pas les noms des premiers comtes du Valentinois & du Diois; mais on affure seulement, que sous le regne de Phillippe Auguste, & vers la fin du douzieme fiecle, une femme nommée Philippe, étoit Comtesse du Valentinois. Dans ce temps-là, Raymond V,comte de Toulouse, & marquis de Provence, donna le Diois l'an 1189. à un seigneur nom- nmé Aymar de Poitiers, dont on ne sçait pas l'origine. Il obtint du même comte Raymond le comté de Valentinois, ce qui l'obligea à tenir fidélement fon parti durant la guerre des Albigeois. L'historien Pierre de Vaux de Cernay, fait plufieurs fois mention de ce comte Aymar, qui eut pour héritier son fils Guillaume. Les mâles de cette race jouirent toujours des comtés de Valentinois & de Diois, jusqu'à Louis de Poitiers, qui les vendit l'an 1404. à Charles VI, roi de France & dauphin, moyennant cent mille écus d'or; & charles de Poitiers consentit au transport qu'on avoit fait au roi de ces comtés, fur lesquelles ce seigneur de Poitiers avoit des prétentions.

Louis, seigneur de Saint Vallier, fils de Charles de Poitiers, renouvella ses prétentions, & força à main armée le vieux comte Louis de Valentinois, à l'instituer fon héritier universel l'an 1416. Le seigneur de Saint Vallier força le dauphin Charles, de lui remettre les comtés de Valentinois & de Diois; mais les Dauphinois s'étant opposés avec tous les officiers royaux, à l'ordonnance du dauphin, le seigneur de Saint Vallier céda l'année 1423, toutes ses prétentions, moyennant sept mille florins de rente, qui furent réduits l'an 1426, à cinq mille livres de rente en fonds de terre.

Le duc de Savoye avoit aussi des prétentions sur le Valentinois, fondées fur le testament du comte Louis de Poitiers. Le duc les ceda à Louis, alors dauphin, l'an 1446, & le dauphin quitta au Duc l'hommage de la baronnie de Faucigny, qui relevoit du Dauphiné. Ainsi ces comtés de Valentinois & de Diois furent incorporées au Dauphiné. Louis XII, l'an 1498, au commencement de son regne, démembra du Dauphiné le Valentinois & le Diois; il en fit

un duché qu'il donna en pleine propriété à César Borgia, fils naturel du Pape Alexandre VI, tant pour lui que pour ses héritiers; mais César ayant embrassé le parti des ennemis de la France, le même roi, révoqua son don. Céfar avoit laissé une fille nommée Louise, qui avoit épousé claude de Bourbon, baron de Buffet, qui prétendit que le duché de Valentinois lui appartenoit, & fit diverses poursuites, qui furent terminées par une transaction passée sous Charles IX. en 1573, par laquelle le baron de Buffet renonça à son droit, moyennant quarante mille francs qui lui furent payez.

Henri II. donna à Diane de Poitiers sa maîtresse, le titre de duchesse de Valentinois, avec le revenu du duché, durant sa vie.

Louis XIII. donna en pleine propriété, au prince de Monaco, quis'étoit déclaré du parti de la France, & avoit reçu, garnison françoise, plufieurs grands domaines, & entr'autres le duché de Valentinois érigé en Pairie. Cette donation fut faite, parce que le roi d'Espagne confisquoit, ou devoit confisquer fur Honoré de Grimaldi, prince de Monaco, des terres qui lui appartenoient dans le royaume de Naples, & dans le duché de Milan.

Le duché de Valentinois fut déclaré duché femelle, par une déclaration donnée à S. Germain-enLaye le 26 de Janv. 1643, registrée le 6 Fév. suivant. Louise-Hippolyte Grimaldi, fille aînée d'Antoine, prince de Monaco, & de Marle de Lorraine, ayant été mariée en 1715. à François-Léonor Goyon de Matignon, le duché-pairie lui a été cedé; & ce seigneur a obtenu des lettres patentes du mois de Décembre 1715, enregistrées le deux de Septembre 1716, par lesquelles il lui a été permis de se faire recevoir pair de France au parlement de Paris, où il préta ferment le 14. Décembre 1716.

Il y a dans le duché de Valentinois une sénéchaussée divisée en vice-sénéchauffée de Valence, vicesénéchauffée de Creft, & vice-sénéchauffée de Montelimart. Les villes les plus considérables de ce duché font:

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VALEPONGA, ville d'Espagne : l'itinéraire d'Antonin la marque sur la route de Laminium à Tolede, entre ad Putea & Urbiaca, à quarante milles du premier de ces lieux, & à vingt milles du second. Un manuscrit porte Valebiniga, & un autre Valle longa. Ortelius soupçonne que ce pourroit être le lieu nommé Vallis-Ibana, dont il est parlé dans la vie de l'empereur Louis le Débonnaire ; mais Wesseling n'en convient pas.

VALERA, village d'Espagne, dans la Castille nouvelle, au voisinaage de Mérida, à une lieue de Frexenal. C'est près de Valera que font les ruines de l'ancienne Nertobriga. * Délices d'Espagne, p. 115. 1. VALERIA, ville de l'Isle de Sardaigne. Voyez. VALENTIA, n. 8.

2. VALERIA, ville de l'isle de Corse, selon les exemplaires latins de Ptolomée, 1.3, c. 2, qui lui donnent le titre de colonie; mais le texte grec porte Αλέρια, Alteria. Voyez ce mot.

3. VALERIA, contrée de la Germanie, & qui comprenoit une portion de la Panonie. Elle est appellée Valeria Panoniæ,par Ammien Marcellin, 1. 28, c. 4.& Valeria Pannoniorum par S. Ambroise, 1. 2,de Fide, & on lui donne ordinairement un de ces deux furnoms pour la diftinguer d'une autre province,

appellée auffi Valerie en Italie. Galere Maximien, ayant abattu des forêts immenfes, & fait écoulerle lac Peiso (Neufidler-zée) dans le Danube, donna à cette province le nom de sa femme Valerie, fille de l'empereur Dioclétien, comme nous l'apprennent Aurelius Victor, & Ammien Marcellin. La Valerie de Pannonie étoit renfermée, entre le Danube & la Drave, selon Sextus-Rufus.

4. VALERIA, ou VALERIA - CELTIBERORUM, ville de l'Espagne Tarragonnoife. C'étoit, selon Ptolomée, 1.2, c. 6. une des villes des Celtiberes. Ses habitans font nommés Valerienfes, par Pline, 1. 3, c. 3. qui les met au nombre des colonies. Ortelius, fondé, je ne sai sur quelle médaille, veut donner à cette ville le titre de Colonia Julia Valeria. Mais outre que ni le P. Hardouin, ni Vaillant ne connoiffent point cette médaille, il y a grande apparence que l'inscription Col. Jul. Val. est la même qu'il a expliquée dans un autre endroit, par Colonia Julia Valentia. Vasæus cependant, dit que cette Ville fut anciennement appellée Colonia Julia Valeria, & que c'est aujourd'hui la ville de Cuença, sur le Xucar; mais, felon Saint Ambroise Moralès, Valeria n'est pas Cuença même, mais un bourg nommé aujourd'hui Valera la Veja, sur le même fleuve, à sept lieues de Cuença. Dans le neuvieme concile de Tolede, Stephanus se qualifie Valerianus Episcopus. Elle étoit bâtie sur une coline. Du temps des rois Goths, cette ville étoit riche & puissante; mais elle fut ruinée par les Maures, & Cuença s'est élevée de ses débris. D'autres disent que ses ruines ont servi à construire les trois Villages appellés Valera Quemada, Valera de Suzo, & Valera la Veja. Ils font dans la nouvelle Castille, fur le Xucar, à fix lieues de Cuença, où l'on a transferé l'évêché de l'ancienne Valeria. * Délices d'Espagne, p. 354.

5. VALERIA, province d'Italie: Paul diacre, De Geftis Longob. c. 20, dit que la Valerie étoit la treizieme province d'Italie, que la Nursie lui étoit annéxée, & qu'elle étoit entre l'Umbrie, la Campanie & le Picenum. Il ajoute qu'il croit qu'elle comprenoit aussi le pays des Marses, & leur lac appellé Fucinus. Ce qui fonde, dit-il, cette conjecture, c'est que les anciens n'ont point fait mention du pays de ces peuples, en donnant le nom des provinces de l'Italie.

6. VALERIA, ville d'Italie: Strabon, 1.5, p. 238. la place dans le Pays Latin, sur la voie Vale

rienne.

7. VALERIA, château du Vallais, près de la ville de Sion, fur une montagne. C'est la demeure des chanoines de Sion, qui ont tout auprès l'église de S. Pierre, où ils font plus souvent l'office, qu'à la cathédrale de Notre-Dame. Sur la même montagne est le château Turbel ou Tourbillon, dans lequel l'évêque fait sa demeure en Eté. * Longuerue, Descr. de la France, part. 2. p. 305.

8. VALERIA, ville d'Italie, dans l'Abbruzze ultérieure, au duché de Marfi. Elle est remarquable pour avoir été la patrie du pape Boniface IV, qui obtint de l'empereur Phocas le Pantheon de Rome, & le changea en une église, appellée présentement Notre-Dame de la Rotonde. Il fut élevée au pontificat le 18. de Septembre 607, & mourut le 7. de Mai 615. On voit fon épitaphe dans l'Eglise de S. Pierre, où il fut enterré.

VALERIA - AUGUSTA, Voyez au mot AUGUSTA, l'article AUGUSTA-VALERIA.

VALERIA-BACCARUM, lieu de la seconde Mæfie. La notice des dignités de l'Empire, Sect. 29, le compte au nombre des garnisons de cet pro

vince.

VALERIA-ZABDENORUM, lieu de la Mésopotamie, selon la notice des dignités de l'Empire, Sect. 26, qui le compte au nombre des garnisons de cette province.

VALERIA-VIA. Voyez, au mot VIA, l'article VIA VALERIA. VALERIANA-VILLA, Vopiscus parle de cette maison de campagne, in Aureliano. C'est la même que Ciceron appelle P. Valerii Villa, Gabriel Barri

dit qu'elle étoit dans le Brutium, auprès de la ville de Rhegium.

VALERY, ou VALLORI, Valeriacum; château de France, dans le Gatinois, à deux lieues de la riviere d'Yone, au couchant, & à cinq lieues de Montereau, au midi. Ce fut Catherine de Luftrac, veuve du maréchal de Saint-André, qui dans l'efperance d'épouser Louis de Bourbon, premier du nom, prince de Condé, lui donna la terre de Valleri, avec les meubles magnifiques, dont le château étoit orné. Depuis ce temps-là les princes de Bourbon-Condé, ont choisi Valery pour le lieu de leur sépulture. Il y a près de ce château un bourg de même nom, & qui est assez considérable. * Piganiol, Descr. de la France, t. 3, p. 102.

VALETIUM. Voyez BALESIUM.

1. VALETTE, (la) Valetta, abbaye d'hommes, en France, de l'ordre de Citeaux, dans le Limousin, au diocèse de Tulles, fur la rive gauche de la Dordogne, quatre lieues au-dessus d'Argentac, & à fix lieues de Tulles, au levant d'hiver, entre Maurillac, qui n'est pas loin de la Dordogne, & Argentac. Le monastere, nommé vulgairement le Prestre, & autrement Doumis foutro ; c'est-à-dire en patois Auvergnac, la Maison d'au-dessous, n'est éloignée que de deux lieues de la Valette, qui y eft foumise. Begon fut le pere Abbé des religieux du prestre; mais à la sollicitation de Geraud, évêque de l'église de Limoges, il passa à la Valette en 1145. Cette abbaye fut fondée en 1143. l'abbé jouit de deux mille cinq cens livres de revenu, & les religieux de quinze cens livres.

2 VALETTE, (la) ville de France, dans l'Angoumois, à quatre lieues au midi d'Agoulême. Cette petite ville est le chef-lieu d'un duché-pairie, érigé en 1622. en faveur du duc d'Epernon. Il y a treize paroisses & quarante fiefs, qui en dépendent. Cette terre appartient aujourd'hui à madame la maréchale de Noailles; mais le titre de duc est éteint. Ce lieu s'appelloit auparavant Villebois.

3. VALETTE. (lacité dela) C'est la plus grande des trois parties, qu'on entend communément sous le nom général de ville de Malte. Les Italiens l'appellent Terra nuova, & les François Villeneuve. Elle tient le premier nom de fon fondateur. Jean de la Valette, grand-maître de Malte, après que les Turcs eurenr levé le siege de l'ifle résolut d'en rétablir les fortifications, & de construire une nouvelle Forteresse dans la presqu'ifle qui sépare les deux forts. On avoit remarqué durant le fiege, que la mieux fituée de toutes les fortifications de Malte, étoit le fort de Saint Elme: il étoit comme la clef des deux ports; le grand-maître, fans abandonner le soin des autres places, forma le dessein d'agrandir ce fort, d'y ajouter de nouveaux ouvrages, & de construire sur la même langue de terre une ville revêtue de toutes les fortifications que l'art pourroit inventer, & d'y transporter ensuite le couvent & la résidence des chevaliers. Pour réussir dans cette entreprise, il falloit de grands secours, qu'on ne pouvoit esperer que des principaux souverains de la Chrétienté. Le grand maître envoya des ambassadeurs au pape, aux rois de France, d'Espagne & de Portugal, & à différens potentats d'Italie, pour leur représenter que ce n'é toit pas assez d'avoir sauvé Malte dans la derniere occafion, par une courageuse résistance, fi, pour se maintenir dans l'ifle, on ne rétablissoit promptement les fortifications des places que l'artillerie des infi deles avoit ruinées. Ces ministres étoient chargés de leur communiquer le dessein de la Valette, pour la construction d'une nouvelle ville, & de leur demander en même-temps les secours nécessaires pour com mencer un fi grand ouvrage. Le pape promit quinze mille écus; le roi de France cent quarante mille lia vres, dont il assigna le payement sur les dixmes.de fon royaume; Philippe II, roi d'Espagne, quatrevingt-dix mille livres; le roi de Portugal trente milles Cruzades; & la plupart des commandeurs de l'ordre, par un autre désintéressement, se dépouillerent de leurs biens, & même de leurs meubles, les plus précieux, dont ils firent passer la valeur à Malte.

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Le grand-maître, foutenu de ces secours, fit venir des ingénieurs & des ouvriers de différens endroits de l'Italie; & après qu'on eut pris les alignemens nécessaires, ce prince, en habit de cérémonie, accompagné du conseil, & fuivi de tous les chevaliers, se rendit au mont Sceberras, où il mit la premiere pierre de la cité nouvelle, & fur laquelle on avoit gravé en latin le décret du conseil, conçu à peu près en ces temes: L'Illuftriffime & Révérendiffime Seigneur, Frere Jean de la Valette, Grand-Maitre de l'Ordre Hospitalier, & Militaire de Saint Jean de Jerufalem, confiderant tous les périls ausquels ses Chevaliers & Son peuple de Malte ont été exposés par les infideles au dernier fiecle, de concert avec le Chef de P'Ordre, & pour s'opposer à de nouvelles entreprises de la part des barbares, ayant formé le dessein de construire une ville fur le Mont Sceberras, aujourd'hui Jeudi vingt-huit du mois de Mars 1566, après avoir invoqué le Saint nom de Dieu, & demandé Pintercession de la Sainte Vierge ja mere, & de Saint Jean-Baptiste, Patron titulaire de l'Ordre, pour attirer la bénédiction du Ciel fur un ouvrage fi important, le Seigneur GrandMaître en a posé la premiere pierre, fur laquelle on a gravé ses armes, qui font de gueule au lion d'or, & la nouvelle ville, par son ordre, a été nommée la Cité de la Valette. * De Vertot, Histoire de l'Ordre de Malte, 1. 14.

Pour conferver à la postérité la mémoire d'un événement fi considérable, on jetta dans les fondemens un grand nombre de médailles d'or & d'argent, qui représentoient cette nouvelle ville, avec cette inscription: MELITA RENASCENS, Malte renaissante; & à l'exergue, on avoit mis l'année & le jour de sa fondation.

L'on vit tout le monde s'empreffer à l'envi de travailler à če grand ouvrage; le chevalier au milieu d'un riche & d'un pauvre habitant rangeoit les pierres, & fourniffoit du secours aux ouvriers: le grandmaître les animoit tous par sa présence, & souvent par son exemple. Lorsque l'argent manquoit pour payer les ouvriers, il faisoit frapper de la monnoie de cuivre, à laquelle il attachoit une différente valeur, selon la grandeur différente dont elle étoit taillée. D'un côté on voyoit deux mains entrelafsées, qui se touchoient, & de l'autre les armes de la Valette écartelées, avec celles de la religion, & pour légende ces mots latins : NON AES SED FIDES; Faites moins attention au métal qu'à la parole inviolable qu'on vous donne de le reprendre. En effet, on ne manquoit jamais, fi-tôt qu'on avoit reçu de l'argent, de retirer cette monnoie; & par cette exactitude la confiance parmi le peuple s'établit fi folidement, que le travail ne fut jamais, ni discontinué, ni même ralenti.

La cité de la Valette est bâtie sur un roc, dans un lieu affez rude & élevé, qui sépare le port de Marsa Muffeto, du grand port, ou Marza. Elle est située fur une presqu'isle, ou péninsule battue des flots de la mer par trois endroits, & comme séparée du reste de l'isle par un grand fossétaillé dans le roc. Sur la pointe ou l'extrémité du même rocher, est placé le château appellé Saint Elme. C'est une belle & forte place, entourée de fossés taillés dans le roc, & défendue de bons bastions, & par plusieurs autres ouvrages à la moderne. Le dedans eft orné de rues belles, grandes, longues & droites. Les principales sont Strata Réale, ou la grande rue, & Strata Mercanti, la rue des mar chands. Les maisons font hautes & bâties de pierres de taille, au nombre d'environ deux mille; & leurs toits font en plate-forme, à la maniere des orientaux. Chaque maison étoit autrefois pourvue d'une bonne citerne, pour recevoit l'eau de pluie; mais les étrangers se fervent aujourd'hui pour la plus grande partie, de l'eau d'une fort belle fontaine, située près de la porte del Monte, au bord de la mer, où elle est portée par des aqueducs de huit lieues de longueur. Cet ouvrage est dû aux foins du grand-maître Alof de Vignacour, qui trouva heureusement cette invention, & y fit travailler au grand avantage, tant des habitans que des étrangers, dont les vaisseaux sont à la rade devant la ville; car en ouvrant dans la cité un robinet, l'eau fort tout près du rivage; & par le moyen

d'un tuyau, ou conduit, on la peut faire couler par dessus le bord des vaisseaux, jusques dans les futailles, qu'on remplit ainfi en peu de temps.

Cette ville a trois portes, dont l'une a fon issue vers le bord de la mer & sur le port: on l'appelle porta del Monte. Les deux autres font du côté de terre; l'une s'appelle porta Réale; & l'autre porta Boucheria; à cause qu'elle est tout près de la boucherie. Il y a sept Eglifes. La principale ou la cathédrale, eft celle de faint Jean, patron & protecteur de l'Ordre, & on y garde la main droite de ce Saint. Les autres Eglises sont celles de faint Augustin, de faint Dominique, de Sancta Maria Jesus, de San-Paulo, de la Madona de Carmine, le Collegio de Jefu, & de la Madama de la Vittoria.

Il y a sept palais qu'on nomme auberges, & oùреиvent manger tous les religieux, foit chevaliers, ou freres servans, tant les profès que novices des sept langues. Les commandeurs qu'on fuppose affez riches pour subsister des revenus de leurs commanderies ne s'y présentent guere: chaque chef ou pilier de l'auberge y occupe un appartement confidérable. Le tréfor de l'Ordre lui fournit une somme, foit en argent, foit en grains, ou en huile, pour les alimens des religieux de son auberge : mais comme il ne tire pas fuffisamment du tréfor pour fubvenir à cette dépense, il y supplée de ses propres fonds, & cela toujours avec honneur, parce que ceux qui tiennent auberge ont droit à la premiere dignité vacante dans sa langue. Si l'auberge est vacante par la mort, ou la promotion du pilier à une dignité supérieure, le plus ancien chevalier de la langue y entre à sa place. Il est indifférent s'il est commandeur ou fimple chevalier, il fuffit qu'il foit le plus ancien de sa langue, qu il ne doive rien au trésor; & en cas qu'il poffede des biens de l'ordre, qu'il ait fait fes améliorissemens & le papier terrier, qu'il ait dix ans de résidence au couvent, enfin, qu'en vertu de fon droit d'ancienneté, il ait requis la dignité vacante, qui, toute onéreuse qu'elle eft, ne laisse pas d'être recherchée, parce qu'elle sert toujours de passage à une autre, qui par ses revenus dédommage amplement des frais qu'on a faits. Ces auberges font:

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Il y avoit autrefois P'auberge d'Angleterre, Bergia di Angliterra; mais elle est préfentement abolie.

On voit outre cela plusieurs couvens, comme ceux de sainte Urfule, de sainte Catherine & 'dés Repenties. Le palais du grand-maître, est entre le château de S. Elme & l'église de faint Jean. On y remarque une grande & belle falle, où le Grand-maître tient ordinairement fon confeil, & où s'affemblent fes conseillers, ou chevaliers grand-croix, pour déliberer des affaires: on l'appelle pour cette raison la falle des affemblées. Sur le derriere du palais on remarque deux têtes de marbre de demi bas relief, placées dans la muraille, & plus grandes que le naturel. Sur l'une on lit ces mots: ZENOBIA ORIENTALIS DOΜΙΝΑ, & fut l'autre PENTESILEA, Elles furent trouvées à Malte l'an 276. Il y a dans ce quartier une place ou marché, où les paysans portent vendre fur leurs anes toutes fortes de fruits & de grains, des oiseaux, des moutons, des chevres, des pourceaux, &c. En été à cause des grandes chaleurs, on tient le marché avant le lever du soleil, & il commence aussi à finir à mesure que le soleil fe couche.

Près du château faint Elme, est un hôpital, ou Hôtel-Dieu. C'est un bâtiment d'une structure magnifique, fur-tout depuis l'agrandissement qui y fut fait en 1664. Chaque malade y a sa petite chambre à part, dans une grande fale de trente pas de long, & de dix de large, où elles font angées lune à côté de

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