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viennent fe brifer en mugiflant; un foldat jette une corde au pilote pour contenir le bateau, & l'on faifit l'inftant où les flots l'élevent pour fauter fur les dégrés. La Conchée a deux batteries comme un vaiffeau de ligne, l'une à fleur d'eau, l'autre fur la plate-forme, qui eft en outre munic de très-beaux mortiers de fonte. L'abord en eft fort difficile, & la mer y eft fi furieufe, même en été, que fouvent on ne peut relever la garnison. Un bénédictin a modelé ce fort en carton, avec toutes les proportions géométriques. Ce joli morceau fe voit à la bibliothèque de faint Benoît, à Saint-Malo. Les remparts de la ville font les plus beaux & les plus folidement bâtis qu'il y ait en Europe. On admire, fur-tout, le mur Saint Vincent, & la batterie à barbette nommée la Hollande, qui domine la rade. Les remparts font la promenade ordinaire ; l'immenfe étendue de mer que l'œil découvre, offre un fpectacle toujours amufant & toujours varié. Le château, fans être vaste, eft d'une construction bien entendue, par rapport à fa fituation. Il commande au loin, & plufieurs de fes batteries enfilent la digue ou chauffée.

du

Saint-Malo eft un gouvernement particulier de place, gouvernement militaire de Bretagne, avec état major. Il y a garnifon dans le château. Les forts & les poftes de la côte font gardés par les invalides, ou par les troupes; mais la garde de la ville & des portes eft confiée à la bravoure & à la fidélité des feuls Malouins.

Saint-Servais, (vulgairement Saint-Servan,) eft féparé de Saint-Malo par un bras de mer, au midi, & il en a été déclaré le fauxbourg, par un arrêt du confeil en 1753. Il est très-vafte & très-bien bâti. On voit s'élever dans toute la campagne voifine de très-belles maifons, où les Malouins yont paffer une partie de l'été, ce qui les a fait appeller Malouinieres. Le port de Solidor, fitué à une des extrémités de Saint-Servan, & à l'entrée de la riviere de Dinan, eft fûr, commode & à l'abri des ouragaus. Les vaiffeaux y font toujours à flot; ces avantages déterminent les armateurs à y faire mouiller les gros navires. C'eft à Saint-Servan, fut une pointe qui fe nomme encore la pointe de la Cité, qu'étoit fituée l'ancienne ville d'Aleth. C'eft une hauteur qui domine fur toute la ville, & d'où l'ennemi pourroir aisément la canonner & la bombarder. Ces confidérations ont déterminé à y conftruire un très-beau fort avec follé, chemin couvert & glacis. Du côté qui regarde la mer, une batterie de gros cañons plonge fur la rade, & fes feux croifent avec ceux des baftions de Saint-Malo & des batteries de la côte oppofée.

Saint-Malo fait commerce avec l'Angleterre, la Hollande & l'Espagne. Les Anglois, fur-tout les habitans des ifles de Gerfey & Guernesey, enlevent beaucoup de toiles, des thés boux, &c. & apportent en échange des laines d'Angleterre, des draperies & de l'argent. Le commerce de Hollande fournit des bois en planches, des mats, des chanvres & du gaudron; mais les Hollandois font euxmêmes leur retour. Les Malouins n'envoyent guères direc

tement en Hollande.

Le commerce d'Espagne eft le plus lucratif & le plus confidérable: il confifte en toiles, tirées de tous les cantons du royaume, en caftors, en fatins de Lyon & de Tours, en étoffes d'or & d'argent, &c. Toutes ces marchandifes font envoyées à Cadix, & de-là elles paffent aux Indes. Le nombre des vaiffeaux qu'on employe à ce commerce n'eft point réglé. Le tems de leur départ de France, fe détermine fur les avis qu'on reçoit de la préparation des flottes d'Espagne. Les retours des Indes font toujours en argent, ou en marchandifes, comme cuirs, cochenille, indigo, bois de campêche, &c. Ces retours, quoiqu'un peu longs, font fi avantageux, qu'on compte telle année, avant la guerre, où il a été rapporté douze millions en espéces, & jamais moins de fix à fept, fans compter les retours de hafard des vaiffeaux qui, revenant de la Méditerranée, fe chargent à Cadix de cent ou deux cents mille piattres, ce qui arrive plufieurs fois par an. Ce profit imengage les négociants des plus confidérables villes de France, & même les étrangers, à prendre intérêt dans

menfe

ce commerce, & dans les manufactures de France.

qu'ils ne peuvent fournir les marchandises néceffaires aux Indes, ils font obligés d'avoir recours aux étrangers pour les cargaisons. Il arrive de-là que ceux-ci vendent aux Espagnols, à la groffe aventure, moyennant un certain profit, ou qu'ils empruntent le nom des Espagnols pour faire pafler leurs marchandifes. Alors il faut employer le nom de l'Espagnol dans les factures &les actes de vente ; & dans ce cas le commerce fe fait, abfolument fur la bonne foi de celui qui prête fon nom, enforte qu'il eft abfolument le maître de l'envoi & du retour, fans que l'étranger puiffe en demander comppte, ni former aucune plainte en cas de malversation: car, outre la confiscation du fond contesté, on courroit risque de perdre tous les autres effets qu'on pourroit avoir fous la domination espagnole, & de fouffrir une longue prifon, d'où l'on ne fort qu'à prix d'argent.

Les Malouins envoyent à Terre-Neuve, environ cinquante vaifleaux, en tems de paix, pour la pêche de la morue. Le nombre des hommes employés à cette pêche eft de plus de fix mille. C'eft dans ces voyages pénibles que fe forment ces habiles marins, connus par-tout & employés, par préférence, dans les expéditions périlleufes. Lorsque les vaiffeaux font à trente ou trentecinq lieues de leur deftination, ils envoyent des bateaux au travers des glaces, pour choisir leurs havres, & ces bateaux font mis toutes les nuits avec des palans fur les glaces, où l'on fait du feu pour apprêter à manger. Les navires destinés à cette pêche font ordinairement du port de cent à trois cents tonneaux : quand elle ne fuffit pas à leur charge, des particuliers en font magafin. Ces navires par tent en février, & reviennent en novembre à Marseille. où ils font leur vente, & chargent en retour pour la Manche, en denrées & fruits de Provence.

On pêche auffi de la morue fur le grand banc de TerreNeuve. Saint-Malo y envoye environ douze ou quinze bâtimens. Cette pêché eft affez finguliere : le vaiffeau est fous voile, & les pêcheurs font placés en dehors, chacun dans une barrique, le long du navire. C'eft fur le grand banc que fe prend cette morue blanche que Pon mange Paris.

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La pêche du Petit-Nord employe jusqu'à cinquante vailleaux; ce voyage eft fort incommode : la côte est déferte; les équipages ne trouvent aucun rafraîchissement; la pêche et incertaine, & elle manque quelquefois. Le poiffon de cette côte n'eft bon qu'en Espagne, en Italie, & en Provence. On en rapporte des fruits, des favons, de la foude qu'on charge à Civita-Vecchia, & qui fe débitent fort avantageufement. Le profit de ce commerce eft affez cafuel.

Les Malouins entreprirent la pêche de la baleine en 1688; mais la guerre les empêcha de continuer. Quoique le miniftère ait voulu, par la fuite, favorifer cette branche de commerce, il n'a pû réuffir. Les Hollandois font leur pêche à bien moins de frais que nous, & font, parconféquent, en état de vendre à meilleur marché. Cette nation employe jusqu'à quatre cents bâtimens à la pêche de la baleine, & connoît mieux que toute autre les avantages du débit.

Les habitans des villages qui font fur la côte, depuis la riviere de Couesnon jusqu'à celle de Logne, près SaintBrieux, font une pêche confidérable de maquereaux. Cent petits bâtimens, depuis fix jusqu'à vingt tonneaux, fortent le matin & reviennent le foir. Quand la pêche et bonne le poiffon fe débite frais ; mais on le fale pour l'ordinaire, & on le transporte en Normandie, où il s'en fait une gran de confommation.

Lorsque la guerre interrompt le commerce, les Malouins ceffent d'être négociants; ils deviennent guerriers. Tous les bâtimens font armés pour courir fur les ennemis, & l'on fait combien de richelles ils leur ont enlevées. Deux bombardemens inutiles ont prouvé la jaloufie des Anglois. Ils brulerent en 1758 plus de cent vailleaux vis-à-vis de la ville, qu'ils n'attaquerent pas. Les Malouins, malgré cette perte immenfe, chercherent l'ennemi fur de frêles navires, petits vaiffeaux ils ont fait de grandes chofes. Dans les tems fâcheux du dernier regne, lorsque les finances épuifécs mirent l'état à deux doigts de fa perte, les Malouins potterent des fommes confidérables au pied du trône. Leur

Il faut convenir, que ce commerce ne fe fait jamais fans quelques dangers. 11 eft défendu en Espagne, à tous les font feuls admis: mais, comme ils ne font point affez opuétrangers, de commercer dans les Indes : les Espagnols lens pour charger à leur compte les flottes espagnoles; & fang & leurs tréfors ont toujours été dévoués à la patrie.

Saint-Malo eft la patrie de Jacques Cartier, le typhis des Argonautes bretons, qui découvrit le Canada en 1534; du célébre du Guay-Trouin, qu'on pourroit appeller le Turenne de mer, & de M. Moreau de Maupertuis, préfi dent de l'académie de Berlin, & de l'académie royale des fciences. On ne parlera pas des gens célébres vivans. Autrefois, lorsque les portes de la ville étoient fermées, on lâchoit un certain nombre de dogues, qui gardoient les dehors; mais on les détruifit lors de la defcente des Anglois à Cancale, au mois de feptembre 1758; & il n'v a pas d'apparence qu'on rétabliffe cette patrouille auffi dispendieufe qu'inutile. Mémoires dreffés fur les lieux.

2. SAINT-MALO DE BAGNON, ou BAIGNON, bourgade de France, en Bretagne, au diocèfe de SaintMalo. Corneille en fait une ville, quoiqu'elle n'ait que foixante-six habitans. Elle eft fur une petite riviere, à fept lieues de Rennes & à dix de Ploermel. Elle n'eft remarquable que parce que l'évêque de faint Malo y a une belle mai fon de campagne.

SAINT-MAMMET, village de France, en Gâtinois, au diocèle de Sens. C'eft un hameau confidérable de la paroiffe de Moret. Il eft fitué fur le rivage gauche de la riviere de Seine ; il tire fon nom du prieuré de faint Mammet ou faint Mamert, abbé à Auxerre, Mamertinus. Il n'y a plus de religieux, & les lieux réguliers en font entièrement détruits. Il n'y demeure qu'un religieux de l'ordre des mendians, pour acquitter les charges & recevoir les offrandes des peuples. Il y a auffi en ce lieu un bureau pour recevoir les droits des marchandifes que l'on voiture par eau. La riviere de Loin fe jette dans la Seine à côté de ce petit vil lage.

1. SAINT-MARC, prévôté du duché de Luxembourg, dans les Pays-Bas, comprend feize villages.

2. SAINT-MARC. Voyez SAN MARCO.

3. SAINT-MARC, d'Apalache, baye, riviere & fort de la Floride espagnole, fitués par le 30d& 20 à 24' de latitude feptentrionale. C'est par erreur que la carte de de l'Ifle, marque Sainte-Marie pour Saint-Marc. Les Espagnols ont eu autrefois un établiflement confidérable en cet endroit : ils l'avoient enfuite abandonné; mais en 1722, le P. de Charle voix y trouvá un petit fort, où il y avoit une garnifon fort peu nombreuse, & l'officier qui y commandoit, lui dit qu'on étoit réfolu à fortifier ce pofte, & à le peupler. Le pays eft fort beau, & on y trouve dans les grandes plaines qu'arrofe la riviere qui eft affez confidérable, quantité de chevaux les premiers Espagnols y en ayant laiffés quelquesuns qui y ont fort multipliés. Voyez Apalache. Journal du

:

P. de Charlevoix.

SAINT-MARCEAU, l'un des fauxbourgs de Paris. 1. SAINT-MARCEL, petite ville ou bourg de France, en Languedoc, au diocèse de Narbonne.

2. SAINT-MARCEL, prieuré de France, en Bourgogne, au diocèfe de Châlons fur Saone : il eft de l'ordre de faint Benoît, & a été fondé en 577, par le roi Gontran, qui y a été enterré. Il donne le nom à un village où il est fitué, & qui n'est qu'à demi-lieue de Châlons.

3. SAINT-MARCEL, bourgade de France, dans le Querci. Il doit fon nom & fon origine à une abbaye de l'ordre de cîteaux, fille de Cadouin, & fituée auprès de Réal, ville fur la petite riviere de Lere. Elle avoit été d'abord fondée dans le bourg de Sept-Fonts, piès de Cauffade en

1130.

4. SAINT-MARCELD'ARDESCHE,petite ville de France, dans le bas Vivarais,à une lieue fur la gauche de cette riviere,& autant du Rhone. On y compte environ deux mille ames. La feigneurie de cette ville poffédée en partie par PhilippeCharles-François de Pierre de Bernis, a été érigée en marquifat avec plufieurs fiefs des environs, fous le titre de Pierre de Bernis, par lettres du mois d'avril 1751, en faveur du même Philippe-Charles François, frere de l'abbé de Bernis, comte de Lyon, de l'académie françoife, ambaffadeur de France à Venife, nommé en 1757 miniftre d'état, & archevêque d'Alby en 1764.

1. SAINT-MARCELLIN, petite ville de France, dans le Dauphiné, au diocèfe de Vienne, avec une bailliage. Elle eft dans une fituation très-agréable, au pied d'une colline, près de l'Ifere, à deux lieues de Saint-Antoine, à quatre de Romans, à fept de Grenoble & de Valence. Il y a dans cette ville un couvent de carmes, qui y tiennent le collège pour les humanités; le couvent des urfulines très

bien bâti, eft dans la grande place. On y voit un autre moi raftère de filles de la vifitation, & un prieuré de chanoines réguliers, de l'ordre de faint Antoine : ils deflervent la cure de l'églife paroiffiale du titre de faint Marcellin. Le couvent des récollets eft hors des murs, & de l'enceinte de la ville. La ville a quatre portes, de belles fontaines d'eau vive, un cours planté d'arbres, un mail & de fort charmants dehors. On y fait commerce de foyeries écrues ; & fon territoire produit de bons vins, des bleds & des pâturages. * Corneille, Dictionnaire. Mémoires dreffés fur les lieux.

2. SAINT-MARCELLIN, petite ville ou bourg de France, dans le Forez. Il y a treize cents foixante habitans. 1. SAINT-MARCOU, feigneurie & château de France, en Normandie, fur la côte, au diocèle de Coutances. Le marquis de Fontenay y fait fa réfidence ordinaire. Il y a plufieurs gentilshommes qui y ont des fiefs: il y a aufli des chapelles titrées. On voit à deux lieues de là dans la mer les ifles de Saint-Marcou. C'eft où faint Marcou a vécu long-tems dans le cinquième siècle, & c'est ce qu'on appelloit autrefois Nanteuil, abbaye où il y avoit avec lui des religieux, & qui étoit alors en terre ferme. Mais la mer l'a miné peu à peu depuis ce tems-là. Il y a dans cette paroiffe, le jour de la fête de ce faint que l'on y célébre le mai, un grand concours de peuple.

2. SAINT-MARCOU, (LES ISLES DE ) ifles de France, fur la côte de Normandie, à deux petites lieues de la côte du Cotentin, entre les Vay & la Hougue. Il y en a deux favoir l'ifle d'Amont & l'ifle d'Aval. Il y avoit autrefois dans celle d'Amont un monaftère, ou du moins un hermitage dédié à faint Marcou, & on voit encore une partie de la chapelle. On dit que faint Marcou y a demeuré quelque tems, & que c'eft delà qu'elles ont pris le nom de ce faint. Le pâturage de ces ifles eft affez bon: on y porte du bétail qui s'y engraille. Ces ifles font pleines de lapins, mais défertes.

SAINT-MARCOUL, bourg de France, en Picardie, au diocèse de Laon. Il dépend de l'églife de faint Remi de Rheims : on tient que les rois de France y doivent faire un voyage auffi-tôt qu'ils font facrés, & que c'eft en ce lieu-là qu'ils reçoivent le pouvoir de guérir des écrouelles. Du Hailan rapporte dans la vie de Charles VII, qu'au fortir de Rheims, ce prince alla à faint Marcoul, felon la coutume & la dévotion des rois fes prédécefleurs. * Corn. Dict. Duchesne, Antiq. des villes de France.

SAINT-MARIN. Voyez SAN-MARINO.

1. SAINT-MARTIN, ville & fortereffe de France, dans l'ifle de Ré. Voyez RÉ.

2. SAINT-MARTIN, bourg de Savoye, au duché d'Aofte fur la Doria Baltea, aux confins du marquifat d'Yvrée, un peu au-deffous de Bardi. Ce bourg qui n'est pas fort grand, a pourtant deux parties, dans l'une desquelles on parle françois, & dans l'autre italien, felon Cor neille.

3. SAINT-MARTIN, petite ville des Pays-Bas dans la république des Provinces-Unies, dans la Želande, dans l'ille de Tolen, à une lieue de Ter-Tolen. Elle cft entourée des eaux d'un des bras de l'Escaut, & il y a tout à l'entour des arbres où il vient tous les ans une grande quantité de hérons pour y conftruire leurs nids. La feigneurie de cette ville a appartenu autrefois aux feigneurs de Borffele; elle pafla enfuite aux comtes d'Egmon & de Buren, & l'an 1551, à Guillaume I, prince d'Orange, en vertu de fon mariage avec Anne d'Egmon, dame de Buren, Leerdam, faint Martin, &c. Il y avoit autrefois un chapitre de chanoines, fondé en 1400, par Franco feigneur de Borffele & de Zuylen ; & augmenté en 1450, par Frédéric de Borflele. On y voyoit auffi un prieuré de chanoines réguliers, de l'ordre de faint Auguftin, fondé en 1411, par Florent de Borsfele; mais tout y a été détruit durant les guerres pour la religion.

Les gens du pays nomment cette ville SAINT-MERTENSDYCK, (prononcez Sant Martens-deik) quelques-uns écrivent Saint Martindick, comme l'auteur du dictionnaire géographique des Pays Bas. Baudrand écrit Saint Martins-dick, autre ortographe vicieuse.

4. SAINT MARTIN DE LA BATAILLE, fameufe abbaye d'Angleterre, au comté de Suffex. Elle fut fondée fur le champ de bataille où Guillaume le conquerant avoit défait Harold fon competiteur. Cette bataille, dont nous

parlons

y a

parlons à l'article HASTINGS, fut nommée la journée de Haftings. Mais Guillaume y ayant fondé une abbaye fous l'invocation de faint Martin, on la nomma faint Martin de la Bataille. Les Anglois appellent ce lieu Battel, mot corrompu de celui de Bataille. Il eft à quelques milles de Winchelfey. La bataille fe donna en 1066. 5. SAINT-MARTIN, ifle de l'Amérique, l'une des ifles du Vent, ou Antilles, du golfe du Mexique : elle eft fituée au nord-ouest de l'ifle de faint Barthelemi, & au fud-oueft de l'Anguille, par 184 de latitude: on lui donne dix-huit lieues de tour: elle n'a ni port ni riviere ; il n'y a que quel ques fontaines, qui tariffent dans les grandes féchereifes; alors on n'ufe que de l'eau de cîterne. Le fond des terres n'eft pas fi bon que dans les autres ifles, & l'on n'y cultive que du manioc, du tabac, du rocou & des pois. Il plufieurs falines. Les François y avoient une colonie dès 1637, & même un gouverneur. Les Hollandois s'y introduifirent peu à peu, avec le confentement des François, qu'ils furprirent dans la fuite, & ils fe rendirent maîtres de l'ifle: mais le gouverneur de Porto-Rico les étant venu attaquer, les Espagnols emmenerent les Hollandois & les François, & refterent maîtres de l'ifle jusqu'en 1648, que la dépenfe de cette garnifon leur paroiffant inutile, ils abandonnerent cette ifle, après avoir détruit le fort, & toutes les habitations. Dans le tems de leur retraite, quelques François & quelques Hollandois s'étant fauvés dans les bois, fe rencontrerent fortuitement au nombre de quatre François, cinq Hollandois, & un Mulatre: ils réfolurent enfemble d'habiter l'ifle, & la partagerent: le côté de l'ifle qui regarde l'ifle de l'Anguille, échut aux Hollandois. Ces derniers s'étant chargés d'avertir de cet accord le gouverneur hollandois de l'ifle de Saint-Euftache, & M. de Poincy, commandant françois de l'ifle de Saint-Chriftophle, ils manquerent à ce dernier article, & le gouverneur hollandois envoya prendre poffeffion de l'ifle au nom des fes maitres, en 1648, & foumettre les quatre François qui y étoient reftés. Le bailli de Poincy ayant été averti de cette feconde ufurpation, y envoya un de fes neveux, qui obligea les Hollandois à s'en tenir à l'accord qu'ils avoient fait avec ces quatre François, & les deux nations refterent en bonne union jusqu'à la derniere guerre du fiécle paffé, que les gouverneurs généraux des ifles françoifes obligerent les habitans de Saint-Martin, & ceux de Saint-Barthelemi, de fe retirer à Saint-Chriftople jusqu'après la paix de Ryswyck, qu'ils y retournerent. On leur donna alors un lieutenant de roi, qui n'y demeura que jusqu'en 1702, que les gouverneurs généraux voulurent encore obliger les habitans de Saint-Martin de fe retirer dans quelques autres colonies françoifes; mais ceux-ci ayant renouvellé leur concordat avec les Hollandois, font reftés dans l'ifle, & ont vécu avec tranquillité, fans permettre qu'aucun vaiffeau de l'une ou l'autre nation fit infulte à l'une des deux. La colonie françoife étoit en 1705, d'environ deux cents perfonnes, & le bourg de SaintMartin compofé d'une vingtaine de maisons, avec une églife, & un prefbytére, quoiqu'il n'y eût pas pour lors de prêtre.

6. SAINT-MARTIN, (la riviere de) riviere de l'Amérique feptentrionale, dans la Louifiane. Elle fe jette dans le golfe du Mexique, à la baye d'Apalaches, à l'entrée de la presqu'ifle.

7.SAINT-MARTIN, (le morne de ) colline de l'Amérique, dans la partie feptentrionale de la Martinique, dans la paroiffe du Prêcheur.

8.SAINT-MARTIN, (LE GOLFE DE) petit golfe d'Afrique, dans la Cafrerie, fur la côte occidentale, près de la baye de fainte Helene.

9. SAINT-MARTIN, ifle de l'Océan britannique, comprife parmi les ifles Sorlingues. * Etat préf. de la grande Bretagne, t. I.

10.SAINT-MARTIN AUX BOIS ou RURICOURT, abbaye de chanoines réguliers de la congrégation de France ou de fainte Geneviève, en Picardie, au diocèfe de Beauvais. La manfe abbatiale a été unie au collège des jéfuites de Paris, l'an 1678.

11. SAINT-MARTIN DE CHORE ou CURE, abbaye d'hommes, ordre de faint Benoît, en France, dans le Nivernois, fur la Cure.

12. SAINT-MARTIN DE CASTAGNERA, abbaye d'hommes, ordre de faint Benoît, de la congrégation de Valladolid, au diocèse d'Avila.

13. SAINT-MARTIN DE CASTAGNEDA, abbaye d'hommes, ordre de cîteaux, en Espagne, dans le royaume de Léon, au diocèfe d'Astorga.

14. SAINT-MARTIN - LE - CHÂTEAU, bourg de France, dans la Breffe, paroiffe du diocèse de Lyon, avec titre de marquifat. * Garreau, Desc. de la Bourgogne, édit. 1734.

SAINT-MARTINSBERG, ville affez jolie de la basse Hongrie, qu'on trouve en allant de Raab à Dotis. C'est une très-forte place, fituée fur le haut d'une montagne extrêmement élevée, d'où l'on découvre tout le pays qui eft

aux environs.

1. SAINT-MATHIEU, petite ville de l'Amérique, dans la Floride, fur la côte orientale. Elle est fituée du côté qui eft battu par la mer du nord, près du cap de Sainte-Helene. Il n'y a que douze lieues de diftance de la ville de Saint-Auguftin à celle-ci. La Havane en eft à cent lieues.

2. SAINT-MATHIEU, ifle fituée plus à l'occident que celle de Sainte-Helene, qui eft à trois cents cinquante lieues du cap de Bonne Espérance, felon ce que rapporte de la Croix dans fa relation de l'Afrique. Il la met à id so' de latitude méridionale, & dit qu'elle a été appellée ainsi par les Portugais, à caufe qu'ils la découvrirent le jour de la fête de ce faint; il ajoute qu'elle eft déferte, quoiqu'il y coule un ruiffeau de fort belle eau fraiche. Garcias de Loaifa, gentilhomme de Biscaye, commandant la flotte que l'empereur Charles-Quint avoit fait équiper à la Corogne, pour aller faire la conquête des Moluques, étant abordé à l'ifle de Saint-Mathieu, avant qu'il eut doublé le cap de Saint-Auguftin, la trouva inculte, & toute pleine de grands orangers. On y vit des poules, & l'on trouva fur l'écorce des arbres des preuves que les Portugais y avoient paffé; c'étoient des inscriptions en leur langue. Non-feulement les Portugais y ont paffé, mais même ils y ont de meuré plufieurs années, felon Dapper.

3. SAINT-MATHIEU, bourg & marquifat de France, dans le Poltou.

SAINT-MATHURIN, ou SAINT-MATHURIN DE LARCHANT ou de LARGE CHAMP, petite ville de France, en Gâtinois, dans une plaine fablonneufe, & presque ftérile, à deux lieues de Nemours, & à feize de Paris, au bas d'une montagne. On y révére faint Mathurin, que l'on invoque en faveur des infenfés, & on y en mene de tous les endroits du royaume. Baillet dit que ce lieu s'appelloit Larchant avant que d'avoir pris le nom du faint à qui on prétend qu'il donna la naiffance dès le quatrième fiécle, & la fépulture après fa mort. Le culte du faint l'a rendu célébré : ce culte y continue toujours, quoique les religionnaires du feiziéme fiécle ayent brûlé & diffipé fes reliques.

1. SAINT-MAUR LES FOSSÉS, ancienne abbaye de France, au diocèfe de Paris, fur la Marne, à deux lieues de Paris. Elle fut établie par faint Babolein vers le milieu du feptiéme fiécle, & fut d'abord appellée Saint Pierre des foffés, monafterium Foffatenfe. Du tems de Charles le Chauve, le corps de faint Maur, abbé de Glanfeuil, y fut transporté d'Anjou. Elle fut fécularifée en 1533, puis changée en églife collégiale de chanoines, la manfe abbatiale a été unie à l'évêché de Paris. La collégiale vient d'être unie à celle de faint Louis du louvre à Paris, & les reliques de faint Maur qui ont toujours été dans une grande vénération ont été transférées folemnellement à l'abbaye de faint Germain des Prés à Paris, le 30 août 1750. Blidegifile, diacre de l'églife de Paris, jetta les premiers fondemens de ce monaftere fur les débris du CHÂTEAU DES BAGAUDES, in Bagaudarum caftro, par l'autorité & les libéralités de Clovis II, qui fuccéda à fon pere Dagobert l'an 638. On y fit venir faint Babolein de Luxeuil ou de Solignac, pour en être le premier abbé. Ce château avoit été rafé par l'enpereur Maximilien Hercule, en 286.

2. SAINT MAUR LES FOSSÉS, bourg & château de France, auprès de l'abbaye don; il eft parlé dans l'article précédent. Ce bourg autrefois confidérable à caufe de l'ab. baye à laquelle il devoit fon origine, recommandable par le château que l'on y voit, étoit autrefois la maifon des abbés; & le cardinal du Bellay, évêque de Paris, qui a été le dernier abbé commendataire, & le premier doyen de faint Maur, en fit fermer le parc de murailles, après avoir fait élever un fuperbe bâtiment du deffein de Philibert de

Lorme, dont il reste encore la facade du côté de la cour. On y voit les marques de la reconnoiflance de ce prélat pour François I fon bienfaiteur, & le reftaurateur des fciences & belles lettres en France, dans une inscription fur un marbre noir, en forme de dédicace ou confécration: En voici les termes :

Hunc tibi Francisce, affertas ob Palladis artes,
Seceffum, vitas fi forte Palatia, Grata
Diana, & Charites, & facravere Camena.

Sur la plinthe de cet ancien château fe lit gravé en lettres d'or, & entrecoupé de plufieurs branches de laurier, ce vers du fixiéme livre de l'Enéïde:

Carpe manu, namque ipfe volens facilisque fequetur Si te fata volent.

Quelques-uns, fans vouloir faire réflexion que ce bâtiment eft l'ouvrage d'un cardinal, qui par ce vers vouloit faire allufion au génie naturel, fans lequel on ne réuffit jamais dans aucune fcience, & fur-tout dans la poëfie, ont prétendu y trouver un monument de la reconnoiffance que la reine Catherine de Médicis avoit confervée, de ce que le grand Fernel, fameux médecin, l'avoit aidée de fon art, pour la rendre mere de tant de rois; & ils fe font égayés fur l'application qu'ils ont faite de ce vers à l'infâme dieu des jardins, dont ils fuppofent contre toute vérité, que cette princeffe avoit fait mettre l'immodefte figure dans un bas-relief qui eft au-deffus de la porte, & où l'on ne voit que les trois graces & les neuf mufes, qui ont un rapport naturel avec les vers de l'inscription, qui dédient cet agréable féjour à François I, dont le bufte en bronze eft placé dans le timpan, au-deffus du bas-relief. Ce qui a fervi de prétexte à cette imagination, c'est que la reine Catherine de Médicis a été maîtreffe de ce château, qu'elle acquit en 1563, d'Eustache du Bellay, fucceffeur du cardinal du Bellay à l'évêché de Paris & au doyenné de faint Maur, & qu'elle y fit commencer un magnifique palais, qui eft long-tems demeuré imparfait. Cette terre, qui a le titre de baronnie, a depuis paffé dans la maifon des princes de Condé, qui l'acquirent des créanciers de cette princeffe, & qui l'ont rendue un des beaux lieux de plaifance des environs de Paris. Le château eft dans une des plus belles fituations qu'il y ait aux environs de Paris. Le grand appartement eft beau & magnifiquement meublé; la vûe en eft charmante. Les autres ne font pas à beaucoup près fi fuperbes, mais ils font encore plus heureufement disposés. Le feu prince de Condé, pere du feu duc de Bourbon, a joint à cette belle maifon celle de la Touanne. Le jardin & la terraffe font admirables par la vûe & la propreté : un pont fépare les deux jardins. Le grand eft une promenade trèsagréable.

3. SAINT-MAUR SUR LOIRE, abbaye de France, en Anjou, au bord méridional de la Loire, entre Angers & Saumur, & à quatre grandes lieues de la premiere de ces deux villes. On l'appelloit anciennement GLANFEUIL, Glanafolium. Elle a quitté ce nom pour prendre celui de fon fondateur, qui étoit disciple de faint Benoît, & vivoit vers le milieu du fixiéme fiécle. Cette abbaye eft en regle, & a embraffé la réforme de la congrégation de faint Maur. Il n'y a que douze moines. Le bourg porte auffi le même nom que l'abbaye. Il eft de l'élection de Saumur, & a fept cents quarante-fix habitans.

1.SAINT-MAURICE, ou, comme les Suiffes écrivent, SAINT-MAURIS, bourgade de Suiffe, à l'extrémité du bas Valais, fur le Rhône, au gouvernement duquel elle donne fon nom. L'abbé de Longuerue, Description de la France, part. 2, p. 306, dit que c'eft une bourgade qui a pris le nom d'un martyr, commandant de la légion thébaine, que l'on croit avoir été tué avec fes compagnons en ce même lieu par l'ordre de l'empereur Maximien Hercule, parce qu'ils étoient fermes dans le chriftianisme. Sigismond, roi des Bourguignons, fit bâtir en ce lieu, nommé Agaunum ou Acaunum, un monaftère qu'il commenca l'an 15, felon la chronique de Marius, évêque d'Avence, & qui fut achevé l'an 522.

Čes moines avoient un inftitut particulier, & plufieurs les imiterent en ce qu'ils fe partageoient en plufieurs trou

pes, pour chanter alternativement & fans ceffe les louanges de Dieu jour & nuit. Le monaftère d'Acaune ou Agaune étoit contigu à une ville nommée Tarnades ou Tarnates, bien marquée dans l'itinéraire d'Antonin; c'eft pourquoi on donna aufli le nom de Tarnates à ce monastère, & la regle qui y étoit obfervée, a été appellée regula Tarnatenfis ramaffée avec plufieurs autres par faint Benoît, abbé d'Agnane, qui cite plufieurs fois la même regle, & toujours fous le nom de regle des Tarnates, dans fon ouvrage de la concorde des regles.

Il paroît qu'il y avoit eu avant Sigismond un monastère au même lieu; car faint Avit, évêque de Vienne, prêcha une homélie fur la fondation que le Roi Sigismond avoit faite à Agaune, laquelle eft appellée en ce lieu renouvellement: In innovatione monafterii Agaunenfis. L'abbaye après plufieurs changemens, & avoir été brûlée par les Sarrazins, établis en Provence dans le dixiéme fiécle, d'où ils ravageoient toutes les Alpes jusqu'à la fource du Rhône, fut donnée aux chanoines réguliers l'an 1128, par Amedée III, comte de Maurienne, qui dispofoit auparavant à fa volonté de cette églife, où il y avoit des féculiers qui ne faifoient aucun office canonial. Le pape Honorius II confirma cette année l'établiffement des chanoines réguliers dans ce monaftère : & le comte ayant renoncé à la prévôté de faint Maurice, qui fut unie au couvent l'an 1143, les chanoines réguliers y élurent un abbé, comme ils ont toujours fait depuis.

Saint-Maurice eft au pied d'une haute montagne, qui paroît fe joindre avec celle qui ett vis-à-vis de l'autre côté du Rhône, qui y eft extrêmement ferré, & il y a un grand & beau pont d'une feule arche. Enfin ce lieu eft comme une porte qui ferme le paflage de la vallée, & duquel l'abbé de faint Maurice eft maître.

Cette abbaye fut presque entierement confumée par le feu l'an 1692, & l'on faifoit monter la perte à douze mille louis d'or. Au bout de quelques années on a commencé à la rebâtir & la rendre plus belle & plus réguliere qu'elle n'étoit auparavant. Le feu épargna un corps de logis avec l'églife, qui eft au pied du rocher, & qui le touche. On y garde l'épée de faint Maurice dans une gaine d'argent. On y voit auffi par dedans & par dehors plufieurs belles antiquités, & fur-tout nombre d'inscriptions romaines. Près du grand autel, on voit un beau pavé à la mofaïque, & dans une chapelle trois colonnes de marbre, qui font un ouvrage antique. Voici trois autres inscriptions que l'on voit encore à Saint-Maurice. * Etat & délices de la Suiffe, t. 4, p. 212.

M. Scheuchzer prétend que les deux premieres n'ont été rapportées par aucun auteur. La premiere fe voit dans la muraille du cimetiere. C'est un monument élevé à l'honneur de l'empereur, par les peuples Nantuates.

P. CAESA

O DIVI. P. AUGUST. COs. XI. TRIBUN. POTEST ONTIFICI.... MAX

NANT... SPA TRON.

Celle-ci fe lit fur la porte de la tour:

D. M.

IT IN CIVI RE

CUND. ONIM

BUS HONORI IIS

ΝΟΙΟ

SONIA. M. R. JU BOOO.... O. VON-MARITU.

La fuivante fe voit dans Simler & dans Plantin, mais avec tant de différence, qu'il est à propos de la rapporter telle que M. Scheuchzer, témoin oculaire, nous l'a don

née.

M. PANSIO COR. AUL. FILIO SEVERO II VIRO FLAMINI JULIA DECUMINA MARITO.

2. SAINT- MAURICE, abbaye de France, dans

la haute Auvergne, ordre de faint Benoît, à trois lieues de la ville de Saint-Flour, au couchant.

3. SAINT-MAURICE, petite ville de Savoye, dans la Tarantaife, au pied du petit Saint-Bernard, entre la ville de Moutier & celle d'Aoufte fur l'Ifere.

3. SAINT MAURICE, abbaye de France, dans la Bretagne. Voyez CARNOUET.

SAINT-MAURIN, bourg de France, dans l'Agénois. Il y a une abbaye de l'ordre de faint Benoît, fituée dans une petite & abondante vallée, aux frontieres du diocèle d'Agen, vers celui de Cahors, & à quatre lieues d'Agen. On ignore le tems de fa fondation, qui eft avant l'an 1056. Elle a été foumise à l'abbaye de Moiffac. Les guerres des Albigeois dans le douzième siècle, lui ont donné beaucoup à fouffrir: aufli-bien que celles des Anglois dans le milieu du quatorziéme. Elle n'a pas moins fouffert de la part des calviniftes dans le feiziéme fiécle. Elle fut presque entierement détruite. Ses ruines ont été relevées par M. Pierre de Villamont, au commencement du dix-feptiéme fiécle. Elle a été réunie à la congrégation de faint Maur l'an 1651. On y comte jusqu'en 1705 vingt-cinq abbés. Elle vaut à fon abbé quatre mille livres.

1. SAINT-MAXIMIN, ville de France, en Provence, diocèfe d'Aix, à fix lieues de la ville de ce nom, à huit de Toulon, & à deux de la Sainte-Baume, fur la riviere d'Argens, dans une grande plaine, voifine de hautes montagnes. Cette ville, dit l'abbé de Longuerue, Description de la France, partie 1, page 558, a commencé par un monaftère de bénédictins, qui étoit une filiation de l'abbaye de faint Victor de Marfeille. Charles, prince de Salerne, fils aîné de Charles I, roi de Sicile, étant venu demeurer en Provence l'an 1279, ouit dire que le corps de la Madelaine étoit enterré ou caché dans une chapelle, ou cave fouterreine de l'églife de faint Maximin, depuis les premiers ravages des Sarrazins, quoique cela ne fut attefté par aucun mémoire authentique, il fit ouvrir cette chapelle, où on trouva des reliques ou offemens qu'on dit alors être de la Madelaine ou d'autres faintes. Deux ans après, ce prince fit venir à Saint-Maximin, Grimier, archevêque d'Aix, , avec plufieurs évêques & abbés, en préfence desquels on mit dans une châlle d'argent ces reliques, qui atqui.attirerent un grand nombre de gens à Saint-Maximin.

Le prince Charles fon fils, fit fortir les bénédictins de Saint Maximin, & mit en leur place des dominicains, qui donnerent un grand crédit à ces reliques nouvelles. Quelques-uns s'établirent dans une caverne nommée la Baume, appellée depuis la Sainte Baume, qui eft au milieu d'une montagne de trois lieues de haut, & de dix d'étendue du levant au couchant, étant entourée d'une grande & épaiffe forêt entre les villes de Saint-Maximin & de Toulon. On foutient en Provence que la Madelaine, fœur du Lazare, y a vécu trente ans en pénitence. Des auteurs célébres ont travaillé à réfuter cette hiftoire de la Madelaine, qui a été défendue avec chaleur par les Provençaux; les plus habiles parmi eux ayant foutenu la vérité des reliques de la Madelaine, celles de Sainte Marthe à Tarascon, & celle du Lazare à Marseille.

Selon Corneille, cette abbaye étoit fous la regle de Caffien, & fut donnée aux dominicains pour les récompenfer de ce qu'ils avoient trouvé le corps de fainte Madelaine. Il ajoute que leur fupérieur ne dépend d'aucun évêque, & qu'il a l'autorité de baptifer, de marier & de porter les facremens aux habitans de la ville. Leur églife eft grande, bien éclairée, & d'une architecture qu'on eftime fort. Elle eft ornée en dedans de plufieurs belles colonnes de marbre, & particulierement le maître-autel, qui est un van de Louis XIII, & qui paffe pour un des plus magnifiques de France. Tout le refte de l'églife eft tapiffé d'un grand nombre d'ex voto en peinture, de la main des plus habiles peintres, & chaque autel eft enrichi de toutes fortes de vafes, de chandeliers, de lampes & autres ornemens d'or & d'argent. Les reliques, que l'on dit être de fainte Madelaine, font dans une châlle de porphyre, fous un petit dôme, foutenu de quatre colonnes de marbre devant le grand autel. Dans une cave ou chapelle qui est fous la nef, où l'on descend dix ou douze marches, eft un chef, que les gens du pays affurent être celui de cette fainte, couvert d'un cryftal. On y remarque encore fur le front la place de deux doigts de largeur en chair, tirant un peu fur le roux, fans être corrompue. C'eft l'endroit où

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Notre Seigneur la toucha, quand il lui dit Noli me tangere. Ce chef elt dans une châffe d'or qui repréfente le col & les épaules, & qui a été donnée par le comte de Provence, Charles II, roi de Sicile. Elle est entourée de quelques petits anges qui en forment l'ornement en la foutenant. Il y a un petit vafe de crystal, dans lequel on voit quelque peu de terre, que l'on dit avoir été trempée du fang de Notre Seigneur Jefus-Chrift, & que la Madelaine recueillit au pied de fa croix. On dit que le jour du vendredi faint le fang fe fépare miraculeufement de la terre, & bouillonne en s'élevant visiblement. Quoique ce lieu foit fort étroit, il renferme quatre tombeaux, favoir de fainte Madelaine, de faint Maximin, de faint Marcel & de faint Sidoine. Ils font d'un marbre qui paroît noir à la foible lumiere de quelques lampes qui brûlent continuellement dans cette cave. Dans une chapelle qui eft tout proche, on fait voir plufieurs reliques de faints, qui font enfermées dans des armoires, entre autres une épaule de S. Laurent, le chef de fainte Sufanne, des cheveux de la Madelaine, dont elle fe fervit pour effuyer les pieds de Notre Seigneur, un de fes bras richement enchâflé, d'une longueur proportionnée à la groffeur de la tête que l'on croit être la fienne, ce qui fait juger qu'elle étoit d'une grande' taille. On croit, ajoute enfin Corneille, que l'ancien nom de la ville de Saint-Maximin étoit Via Lata. Il y a une belle place publique, & une fontaine au milieu la maifon de ville avec fon horloge eft à un de ses côtés.

2. SAINT MAXIMIN, abbaye d'Allemagne, dans l'életorat de Tréves, à un quart de lieue de Tréves. Elle eft de l'ordre de S. Benoît. Il y a des hiftoriens qui difent qu'elle fut fondée du tems de l'empereur Conftantin. Le roi Dagobert lui a donné de grands biens. Les abbés ayant eu de longues conteftations pour l'immédiateté, avec les électeurs de Tréves par qui elle leur étoit disputée, on porta l'affaire à la chambre de Spire , qui en ajugea l'exemption fine onere à l'électeur, par arrêt de l'an 1570. Depuis ce tems-là, le pape Urbain VIII ayant caffé l'élection d'Agrice, que les moines avoient nommé fans fon confentement après la mort de pierre de Freudenberg, donna l'administration de cette abbaye à Jean-Guillaume Husman, doyen du chapitre de Tréves, qui la remit à l'électeur Philippe- Chriftophle de Soteren. Les religieux refuferent de le reconnoître, & lui intenterent procès au confeil aulique; l'affaire fut portée à la chambre de Spire par ordre de l'empereur. Il leur fut enjoint fous de groffes peines d'acquiescer à l'arrêt qui avoit été rendu en 1570. L'électeur de Tréves s'étant mis quelque tems après dans l'intérêt de la France, l'empereur Ferdinand III prit fous fa protection l'abbé de S. Maximin, & en 1640, il le fit convoquer à la diéte. Nonobftant cet avantage, l'élec teur de Tréves eft demeuré en poffeffion de la fouveraineté de cette abbaye, & en paye le contingent des charges de l'Empire.

SAINT MEDARD, abbaye d'hommes, ordre de faint Benoît, en France, au diocèfe & près de la ville de Soisfons. Cette abbaye, qui eft très-riche, fait monter fa fondation au milieu du fixième siècle, auprès du palais de nos rois.

SAINT-MEHEN DE GAEL, ou SAINT-MEEN DE GAEL, OU SAINT-JEAN DE SAINT - MEEN, bourg de France, dans la haute Bretagne, au diocèfe de Saint-Malo, à huit lieues de la ville de Rennes, vers l'occident, & à fix de Moncontour; il a pris fon nom d'une abbaye d'hommes, de l'ordre de faint Benoît, fondée en 565, par Judicael. Charlemagne en confirma enfuite la fondation; mais en 1640, , on la donna aux peres de la miffion de faint Lazare, qui y ont un féminaire.

SAINT MENGE, abbaye de France, au diocèfe de Chaalons fur Marne. Elle eft de l'ordre de faint Augustin,

au fud-eft de Chaalons.

SAINT-MENOUX, bourg de France, dans le Bourbonnois, au diocèfe de Bourges. Ce bourg eft fitué fur le ruiffeau de la Rofe, qu'on nomme auffi de Saint-Menoux. Il eft à trois lieues de Moulins, & à deux de Bourbon l'Archambaud. Ses terres font fortes, à froment, feigle & avoine, & de bon rapport. Les foins font abondans & graffifs, les pacages refferrés. Les habitans font un commerce affez confidérable. Il y a quelques vignes de bon produit quelques bois modernes & quelques étangs. La taille eft perfonnelle, & la cure à penfion. Il y a cinq foires, le 3

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