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qu'ils pourroient donner. On en eft perfuadé au Brefil, mais comment forcer des gens qui habitent dans des rochers inacceffibles, & qui ajoutent fans ceffe de nouvelles défenses aux paffages qu'ils ne croyent pas affez fortifiés par la nature? Les Pauliftes ne marchent qu'en troupe de loixante ou quatre-vingts hommes armés de fléches & de fufils, dont ils ont fu conferver l'usage. Je ne fais, dit Corcal, Voyages, t. 1, p. 247, s'ils en favent faire; mais on affure qu'ils n'en manquent pas. Comme ils ont le renom de détrouffer les voyageurs qui s'écartent, & qu'ils reçoivent beaucoup de négres fugitifs, il fe peut que par ce moyen ils amaflent beaucoup d'armes à feu. On affure qu'il y a parmi eux des aventuriers de toutes les nations européennes, & quantité de Flibustiers. Quoi qu'il en foit, ils font des courfes de quatre ou cinq cents lieues dans l'intérieur des terres. Ils vont jusqu'aux rivieres de la Plata, & des Amazones, & traverfent même tout le Brefil. Les peres jéfuites du Paraguay ont fait tout ce qu'ils ont pu pour entrer dans les terres des Pauliftes, & pour s'y établir; mais ils n'ont pu y réuffir jusqu'à préfent. Lorsque les fugitifs fe préfentent pour devenir habitans ou citoyens de la république, on leur fait faire une espèce de quarantaine, non pour les purger du mauvais air du Brefil, mais pour favoir auparavant à quoi on pourra les employer; & pour voir fi ce ne font pas des traîtres & des espions. Après un long examen on les envoye faire de longues & de pénibles courses, & on leur impofe pour tribut deux Indiens par tête, qu'ils doivent amener pour esclaves. On employe ces esclaves aux mines, & à cultiver les terres. Si l'on ne foutient pas bien l'examen, ou fi l'on vient à être furpris en défertion, on eft affommé fans miféricorde. Quand on eft enrôlé parmi les Pauliftes, on y eft ordinairement pour toute la vie, car ils n'accordent qu'avec beaucoup de difficulté la permiffion de fe retirer ailleurs.

15. SAINT-PAUL, (la baye de ) baye de l'Amérique leptentrionale, fur la côte feptentrionale, ou, pour parler comme les marins, à la bande du nord du fleuve SaintLaurent, à l'iffue du paffage de l'ifle aux Coudres, en remontant à quinze lieues plus bas que Québec, & à cent cinq de l'embouchure du fleuve. Il y a un village à deux lieues au-deffus, au bord d'une petite riviere. Les terres de cette baye produisent d'excellentes pinieres, d'où l'on enleve de très-beaux mats. Il y a un moulin qui fait marcher des scies pour scier des planches, & on y en fait jusqu'à vingt mille par an.

16. SAINT-PAUL DE PIRATININGUE, ville du Brefil, dans la province de Saint-Vincent, qui a pris ce furnom du canton où elle fut bâtie, & qui fe nommoit Piratininga. Elle eft fituée fur la cime d'un rocher escarpé, dont il eft fort aifé de défendre les approches à une grande armée. Les habitans de cette ville ayant époufé pour la plupart des Indiennes, devinrent bien-tôt plus débauchés & plus barbares que ceux avec qui ils avoient contracté cette alliance; se rendirent même en quelque façon indépendans des gouverneurs généraux du Brefil; & leurs brigandages les firent nommer Mamelus, à caufe de leur reffemblance avec les anciens Mamelus d'Egypte. Ils parcoururent long-tems le Paraguay, pour y faire des esclaves, qu'ils vendoient enfuite au Brefil; ruinerent & dépeuplerent presque toutes les églises indiennes que les jéfuites avoient fondée entre le Brefil & Rio de la Plata; ce qui a obligé les rois d'Espagne de permettre à fes nouveaux chrétiens l'ufage des armes à feu. Depuis ce tems-là, les Mamelus n'ont pas ofé fe mefurer avec ces braves néophytes. * Hift. du Paraguay du pere de Charlevoix.

17. SAINT-PAUL, ou SAN-PAULO, bourgade de l'Amérique méridionale, fur le bord méridional de la riviere des Amazones, à trois journées à l'eft de Pevas. C'est la premiere des miffions portugaifes. Elle eft deffervie par des religieux de l'ordre du Mont-Carmel. Depuis Pevas jusqu'à Saint-Paul on ne rencontre aucune habitation fur le bord du fleuve, qui, dans cet intervalle, fe trouve en quelques endroits large de neuf cents toifes : les maifons & autres édifices ne font point en rofeaux comme à Pevas & dans les autres lieux ; elles font en maçonnerie de terre & de briques; & les murailles font blanchies très-proprement. Les habitans ont à leur ufage des toiles, couteaux, cifeaux & autres petits meubles d'Europe, qu'ils fe procurent tous les ans au Para, dans les voyages qu'il y font pour y porter le cacao, qu'ils recueillent, fans culture, fur les bords du

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fleuve. Saint-Paul eft presqu'entierement peuplé d'Omade la même nation que les habitans de Saint-Joachim, les uns ayant fuivi les Espagnols quand ils furent chaflés de Saint-Paul en 1710, & les autres étant restés parmi les Portugais. Il y a un évêché érigé depuis peu par le pape, Benoît XIV, en 1745. Voyage en Amérique par de la Condamine.

18. SAINT PAUL EN VALLÉE, abbaye d'hommes, ordre de faint Benoît, dans la baffe Carinthie, à la gauche de la Drave, vers les frontieres de la basse Stirie.

19. SAINT-PAUL, petite ville de France, dans le haut Languedoc, au diocèle de Lavaur fur l'Agout. Cette ville fut détruite durant les guerres de religion, & il n'y a plus que quelques maifons disperfées, avec une collégiale. SAINT-PAULIEN, bourg de France, en Auvergne, au diocèse du Puy, dans l'élection de Brioude. On croit que c'eft l'ancienne Rueffium, Revefio ou Reveffio, capitale du peuple Vellavi, & fiége de l'évêché de ce peuple; ce qui la faifoit appeller civitas Vellavorum. Depuis on l'appella Civitas Vetula, dans le neuviéme fiècle, pour la diftinguer de la nouvelle ville d'Anis ou Anicium, qui commençoit à s'augmenter, & dans laquelle on a transféré le fiége de l'évêque. Dans le fiécle fuivant, après cette tranflation, l'ancienne ville a pris le nom de Saint-Paulien, d'un de ces anciens évêques, qui y eft honoré comme l'apôtre du pays, & qui y a été enterré. La poffeffion des princes différens qui ont partagé les provinces de France dans le tems de la foibleffe des rois, ayant changé l'étendue & les bornes des pays, Saint-Paulien s'eft trouvé de l'Auvergne pour le temporel.

SAINT PAYO ou PELAGE, abbaye de filles, de l'ordre de faint Benoît, en Espagne, dans la Galice, au diocèfe d'Oviedo.

SAINT PÉ DE GENEREZ, abbaye d'hommes, ordre de faint Benoît, dans la Bigorre, au diocèle de Tarbes, fur le gave de Pau. L'abbé a droit de prélider aux états de la province, après l'évêque de Tarbes.

SAINT-PETRONEL. Voyez SAINTE-PETRONILLE.

1. SAINT-PHILIPPE, fortereffe de l'ifle de Minorque, au-deffus du port Mahon, fur un rocher proche de la côte. Les rois d'Espagne l'ont fait bâtir le fiècle paffé, pour la défenfe de cette place.

2. SAINT-PHILIPPE, fort des Pays-Bas, dans la Flandre hollandoife, fur la digue, entre l'Eclufe & Iffendick, où eft auffi le fort de Sainte-Catherine. Le prince Maurice prit ces deux forts en 1604, lorsqu'il se préparoit à faire le fiége de l'Ecluse.

3. SAINT-PHILIPPE, ville de l'Amérique feptentrionale, dans la nouvelle Espagne, au pays de Mechoacan. Elle eft à cinquante lieues de celle de Valladolid vers le nord, & à foixante-deux de Mexico vers le nord-ouest. Le terroir où elle eft fituée eft froid & maigre. Le vice-roi Louis de Velasco la fit bâtir auffi - bien que la ville de SaintMichel, pour arrêter les incurfions des Tarasques & des Otomites qui habitent ces provinces. Quoique le terroir circonvoifin foit froid, il ne laiffe pas d'être propre à nourrir toutes fortes de bétail.

dans

4. SAINT-PHILIPPE, fortereffe des Portugais la Nigritie, fur un bras de rio San Domingo. 1. SAINT-PIERRE, ville de France, dans le Languedoc, au diocèfe de Vivier.

2. SAINT-PIERRE, bourg de France, en Saintonge dans l'ile d'Oleron. Il y a quatre mille foixante habi

tans.

3. SAINT-PIERRE, bourg de France, dans l'An jou, dans l'élection de Montreuil-Bellay. Il y a deux millè fept cents foixante habitans.

4.

..SAINT-PIERRE ou L'ISLE DE SAINT-PIERRE, ifle de France, en Provence, auprès de la ville d'Arles, à une lieue & à l'orient d'été de cette ville. Elle eft formée par les canaux qui ont été creufés à l'orient du Rhône, depuis la Durance jusqu'à la mer.Elle eft remarquable par l'abbaye de Mont-Majour, ordre de faint Benoît; on en attribue la fondation à faint Trophime. Quelques-uns nomment l'ifle même Mont-Majour. Voyez au mot MONT l'article MONT-MAJOUR.

5. SAINT-PIERRE D'ARLANZA, abbaye d'hommes, ordre de faint, Benoît, de la congrégation de Valladolid, en Espagne, dans un bourg de même nom, ay diocèfe & à huit lieues de Burgos.

6. SAINT PIERRE AUX MONTS DE CHÂLONS, abbaye de France, en Champagne, dans la ville de Châlons. On l'a rebâtie tout de neuf depuis quelques années.

7. SAINT PIERRE ou SAINT PERE d'AUXERRE, abbaye de France, ordre de faint Auguftin, dans la ville d'Auxerre.

8. SAINT PIERRE DE BEZE, abbaye d'hommes, ordre de faint Benoît, enclavée dans la Bourgogne, quoique du gouvernement de Champagne, au diocèfe de Dijon. Sa manfe abbatiale a été unie à l'évêché de cette

ville.

9. SAINT PIERRE DE CARDENA, abbaye d'hommes, ordre de faint Benoît, de la congrégation de Valladolid, en Espagne, dans le bourg de même nom, au diocèfe & à huit lieues de Burgos.

TO. SAINT PIERRE DE GUMIEL, abbaye d'hommes, ordre de cîteaux, de la congrégation de Leon, en Espagne, dans la vieille Caftille, au diocèse d'Osma. 11. SAINT PIERRE DE CAUNES, abbaye de France, au Cambrefis, près de Cambrai, ordre de faint Auguftin. Elle a été bâtie en 1183, par Hugues d'Olfiac, feigneur de Cateau-Cambrefis.

12. SAINT PIERRE DE GENERES, abbaye de France, dans le Béarn, au diocèfe de Tarbes, aux confins du Béarn & de la Bigorre. Elle eft de l'ordre de S. Auguftin, dans le lieu de Lallu, au confluent du ruiffeau de Generes, dont elle porte le nom, & du gave de Pau, à cinq lieues de Pau & de Tarbes. Elle a été fondée l'an 1020, par Sanche, duc de Gascogne. Elle a depuis été unie à la congrégation de faint Maur. Elle étoit autrefois du diocèfe de Lescar. La magnifique église de ce monastère ne fut dédiée que long-tems après la mort de fon fondateur. Mais la cérémonie s'en fit en présence d'une nombreuse aflemblée de feigneurs & de prélats l'an 1096, & elle fut mife fous l'invocation des apôtres faint Pierre & faint Paul. Tous les feigneurs de la province, & principalement Béatrix, comteffe de Bigorre, & Gafton, vicomte de Béarn, la noblefle des environs, & après eux Asnove, comte de Figeac & Augier, comte de Miremont, confirmerent à cette abbaye toutes fes conceffions, tous fes dons & fes priviléges, par un ferment folemnel qu'ils prêterent tous par ordre de rang & de naiffance les uns après les

autres.

13. SAINT-PIERRE-EGLISE, bourg de France, en Normandie, au diocèfe de Coutances, dans le petit canton nommé VALDE CER, mot abrégé de Val de Cerès, à trois lieues de Cherbourg, à quatre de Valogne, & à quatorze de Coutances. Il eft grand & accompagné d'un château. On y tient marché tous les mercredis, particulierement pour le fil, dont il s'y fait un grand débit, le terroir étant très-propre pour le lin, dont il croît beaucoup dans les paroiffes du voifinage. La terre y eft auffi très-bonne pour le bled, & c'eft apparemment l'origine du nom de Valdecer. Il y a un hôpital pour les malades & pour les pauvres. On y tient plufieurs foires par an. Il y a dans le voisinage quelques petites forêts royales.

10. SAINT-PIERRE LE MOUSTIER, (prononcez Moûtier) fancti Petri monafterium, ville de France, dans té Nivernois, dont elle eft la feconde ville, avec un bailliage & une fénéchauffée. On ne voit point qu'elle ait jamais dépendu des comtes ou ducs de Nevers, ayant appartenu d'ancienneté aux abbés de faint Martin d'Autun, qui y établirent un prieuré, dont le titulaire avoit droit de juftice dans la ville & fes dépendances, ce qui dura jusqu'en TT6s. Alors l'abbé de faint Martin aflocia Louis le jeune

à la feigneurie & à la juftice de ce lieu, afin de s'attirer fa protection. Mais cette affociation ne dura pas long. tems; car le roi fe mit en poffeffion de toute la juftice dans la ville de Saint Pierre le Moutier, laiffant au prieur te droit de juftice dans fon prieuré & dans quelques villages. Dans la fuite, lorsque les rois établirent des baillifs & fénéchaux fixes & perpétuels, ils établirent un bailliage à Saint Pierre le Moûtier, pour juger des cas royaux & privilégiés de l'Auvergne, du Bourbonnois & du Nivernois, ces provinces étant poffédées en propre par plufieurs princes & feigneurs. Les appels des juftices de l'évêque & du chapitre de Nevers, reffortiffent au bailliage de SaintPierre le Moûtier, parce que l'églife cathédrale de Never's ne reconnoît pour le temporel d'autre feigneur que le

roi, qui a droit de régale. Cette ville de Saint-Pierre le Moûtier eft petite & mal faine, étant près d'un étang bourbeux. Le bailliage de Saint-Pierre le Moûtier eft fort étendu. Il renferme dans fon reffort Cencoins en Berry, le comté de Chatelchinon, le bailliage de la Charité fur Loire, les juftices de Pouilly & le Ray en Berry, la juftice de l'évêque & du chapitre de Nevers, le bourg de SaintEtienne de Nevers, qui a été aliéné en faveur de Louis de Gonzague, mais à la charge d'indemnifer le roi en resfort; ce qui n'ayant pas été exécuté, le bourg eft du resfort du bailliage de Saint-Pierre le Moûtier; la juftice royale de Cuffet, mais feulement pour les cas au premier & fecond chef de l'édit des préfidiaux. Outre ce reffort ordinaire, la jurisdiction du bailliage de Saint-Pierre le Moûtier, s'étend pour tous les cas royaux, tant civils que criminels, & pour les eccléfiaftiques, dans tout le Nivernois, à l'exception néanmoins du Donziois, dont le préfidial d'Auxerre eft en poffeffion de prendre connoiffance. Le bailli de Saint-Pierre le Moûtier eft d'épée, & la juftice fe rend en fon nom au bailliage. Il convoque & commande l'arriere-ban, & trouve dans les anciens mémoires, que fes appointemens étoient de dix-huit cents livres par an: mais on ne voit point fur quel fond ils étoient payés. Le bailli de Cuffet eft auffi d'épée, & fa charge étoit héréditaire avant les arrêts du confeil du roi des 26 octobre & 26 décembre 1719, par lesquels le roi a fupprimé l'hérédité qu'il avoit accordée à plufieurs charges de baillis & fénéchaux d'épée. Il a d'ailleurs les mêmes fonctions que celui de Saint-Pierre le Moûtier, & quatre cents cinquante livres d'appointemens payés fur les fonds du domaine.

Le préfidial de Saint-Pierre le Moûtier eft de la premiere création. Le prieur de faint Pierre le Moûtier en est de droit le premier confeiller, à caufe de l'affociation de la juftice faite avec le roi en 1165. Les officiers ont fait trois tentatives pour être transférés à Nevers ; mais Louis XIV ne voulut jamais le permettre.

Quant à la ville, elle eft petite, à fept lieues de Nevers, fur le grand chemin de Paris à Lyon, au pied de la chausfée d'un étang, & dans un fond environné de montagnes de tous côtés, hormis de celui du midi, ce qui la rend mal faine comme on a dit. Outre le prieuré, qui eft de l'ordre de faint Benoît, & qui donne le nom à la ville, il y a un couvent d'auguftins & un d'urfulines. La ville n'a que quatre cents feux & environ quinze cents perfonnes.

11. SAINT PIERRE DE MONTES, abbaye d'hommes, ordre de faint Benoît, de la congrégation de Valladolid, en Espagne, dans la ville de Castille, au diocèse d'Avila.

12. SAINT PIERRE EN VALLÉE, abbaye en France, de l'ordre de faint Benoît; autrefois elle étoit près de la ville de Chartres, aujourd'hui elle y eft renfermée. Elle fut fondée vers l'an 974, & rapporte quinze mille livres.

13. SAINT PIERRE LE VIEUX, ancien monastère d'Alface, près de Strafbourg, dans une des ifles du Rhin. Elle étoit bien établie dès le tems de Charles le Gros, qui lui fit une donation l'an 884. Le fleuve ayant rongé le ter rein où elle étoit, en forte qu'il n'en reftoit plus aucun vestige, les chanoines obținrent la permiffion de s'établir â Strafbourg, où ils occuperent le choeur de faint Pierre, & en prirent le nom. L'ifle où ils étoient d'abord, s'appelloit Hannau, à deux lieues de Strafbourg; ils allerent enfuite à Rheinau, d'où ils pafferent à Strasbourg l'an 1398.

14. SAINT-PIERRE SUR DIVE, bourg de France, en baffe Normandie, avec une abbaye de l'ordre de faint Benoît, à fix lieues de Caen, au diocèfe de Séez, entre Falaife & la mer, au-deffus de Sainte-Barbe en Auge. On y tient marché toutes les femaines, & deux foires dans l'année. L'abbaye de faint Pierre far Dive a été auffi nommée Notre-Dame, Beata Maria ad Divam ou fuper Divam, felon Corneille. Elle fut fondée l'an 1060 par Efteline, comteffe d'Auge, ou, felon d'autres, par Guillaume, comte d'Auge en 1040. Elle fe réforma en 1668, & eft de la congrégation de S. Maur. Son église eft belle & a de fort groffes cloches.

IS. SAINT-PIERRE, bourg & fortereffe de l'Amérique, dans l'ifle de la Martinique, à fix ou fept lieues au nord-nord-ouest du Fort Royal par terre, & à neuf par mer. Il a pris fon nom de celui d'un fort, bâti en 16655

par M. de Clodocé, gouverneur de la Martinique, pour le roi, fous l'autorité de la feconde compagnie, qui étoit propriétaire de toutes les Antilles. On le fit pour réprimer les fréquentes féditions que les habitans faifoient contre la compagnie. C'est un carré long, dont un des long côtés eft fur le bord de la mer; il eft percé de plufieurs embrafures pour le canon, & défend la rade. Le côté oppofé eft fur la place d'armes : il eft flanqué de deux tours rondes, avec des embrafures pour mettre quatre canons à chacune la muraille qui joint les tours eft percée de meurtrieres, fans foflé, chemin-couvert, ni paliffades. Un des petits côtés, qui regarde l'oueft, eft lavé par la riviere de Loxelane, appellée à préfent la riviere de Saint-Pierre ou du fort. Il y a quelques canons fur ce côté, qui battent dans la rade. La porte du fort eft dans le côté qui regarde l'eft. Elle eft couverte par une longue cour murée du côté de la mer avec des meurtrieres, & paliffadée du côté de la place. Le côté de la cour oppofé à la porte du fort, eft occupé par un corps de garde, une chapelle & un petit logement pour le chapelain. Ce fort eft commandé de tous les côtés, excepté de celui de la mer. L'ouragan qui arriva en 1695 avec la grofle mer qui l'accompagna, cmporterent la moitié du côté qui regarde la mer avec la batterie de l'angle, à côté de la riviere. On s'eft contenté de relever le mur, & de faire une platte-forme fur l'angle, au lieu des bâtimens qui y étoient, qui fervoient en partie de logement au gouverneur général. La place d'armes, qui ett devant le fort, peut avoir cinquante toifes en carré. Le fort, comme je viens de dire, fait un des côtés, les trois autres font environnés de maifons, avec cinq rues qui y répondent. * Labat, Voyage de l'Amérique, t. I, part. 2, p. 25 & fuiv.

Ce bourg a trois quartiers. Celui du milieu eft proprement celui de Saint-PIERRE; il commence au fort & à l'églife paroiffiale de ce nom, qui étoit deffervie par les jéfuites, & va jusqu'à une côte de la montagne, du côté de l'oueft, où il y a une batterie à barbette d'onze canons, qu'on appelle la batterie de Saint Nicolas, du nom de M. Gabaret, gouverneur de l'ifle, fous le gouvernement duquel elle a été réparée & augmentée.

Depuis cette batterie jusqu'à celle de Saint-Robert, qui est à l'extrémité du côté de l'ouett, eft le quartier du Mouillage, parce que tous les vaiffeaux mouillent devant ce lieu; l'ancrage y eft excellent, & les vaiffeaux y font plus à couvert, & plus en fureté que devant le fort Saint-Pierre. L'églife des jacobins, dédiée à Notre-Dame de Bon-Port, fert de paroifle pour ce quartier & pour les habitans qui demeurent fur les mornes; c'eft ainfi qu'on appelle les petites montagnes dans les ifles.

Le troifiéme quartier fe nomme LA GALERE; c'étoit une longue rue au bord de la mer, qui commençoit au fort Saint-Pierre, & alloit jusqu'à un fortin ou batterie fermée, qui étoit à l'embouchure de la riviere des jéfuites. L'ouragan de 1695 en a emporté plus de deux cents maifons, n'en ayant laiffé que trois ou quatre avec le magafin de la compagnie de Guinée, qui avoit un bon parapet de maçonnerie, qui le garantit de la violence de la mer : on l'a rebâti depuis ; il étoit de la paroiffe des jéfuites. Il y avoit dans les deux paroiffes qui comprennent ces trois quartiers, environ deux mille quatre cents communians, & autant de Négres & d'enfans, comprenant dans le premier nombre les foldats & les flibuftiers.

L'églife paroiffiale de faint Pierre eft de maçonnerie : fon portail de pierre de taille eft d'ordre dorique, avec un attique qui fert de fecond ordre. Cette églife a cent vingt pieds de longueur, fur trente-fix de largeur, avec deux chapelles qui font la croifée; les autels, les bancs, la chaire du prédicateur font très-propres. La maifon de l'intendant, du gouverneur particulier, le palais de juftice, la prifon, les fours & les magafins de l'amunition, le bureau du domaine du roi, le monaftère des urfulines, la rafinerie de madame la marquife de Maintenon d'Angennes, & les marchands les plus confidérables font dans la paroiffe faint

Pierre.

L'églife conventuelle des Jacobins qui fert de paroiffe pour le mouillage, eft auffi de maçonnerie : fon portail eft ruftique, affez fimple; elle a quatre-vingt-dix pieds de longueur, fur trente de large, avec deux chapelles de vingtquatre pieds en carré, qui font la croifée. L'églife eft au milieu du cimetiere, qui eft environné de murailles, &

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dont la porte répond à la principale rue du mouillage : à côté du cimetiere il y avoit une allée d'orangers qui conduifoit au couvent, éloigné de la rue d'environ trois cents pas. Cette allée étoit coupée par deux autres, compofées de mêmes arbres qui avoient cent pas de longueur. ( Le pas de mefure à la Martinique eft de trois pieds & demi de Paris.) C'étoit d'abord toute la largeur du terrein : mais on l'a augmenté d'autant en 1700, par l'achat d'une place contiguë, qui appartenoit aux héritiers du fieut Lusi

gnan.

15. SAINT-PIERRE, ( le fort de) fortereffe de l'Amérique feptentrionale, dans l'ifle du Cap Breton & dans la baye de Saint-Pierre. Ce fort eft bâti au pied d'une monta gne, qui cft presque toute droite. Les navires n'en peuvent approcher que de trois lieues, à cause de quantité de roches qui font fous l'eau. Les barques y peuvent venir; mais il faut bien favoir le canal qui ferpente, & qui eft trèsdangereux. * Denis, Desc. de l'Amérique feptentrionale,

t. I, c. 6.

16. SAINT PIERRE, (lac) dans l'Amérique feptentrionale. Il eft formé par le fleuve Saint-Laurent, deux lieues au-deffus de trois rivieres. Il a fept lieues de long, fur quatre de large: c'eft le premier & le plus petit des lacs de ce beau fleuve ; il s'y éleve de fi grands vents, que fouvent les barques qui y vont au large y fombrent fous les voiles. Les canots ne font qu'en cotoyer les bords; c'eft l'endroit le plus abondant de la nouvelle France en poiffons. Les pêcheurs laiffent geler leurs poiffons, pour les garder enfuite. Il y a dans ce fac les ifles de Saint-François & de Ri

chelieu.

17. SAINT-PIERRE (riviere de ) dans l'Amérique feptentrionale, dans la Louisiane, au pays des Sioux ou Iffatis. Elle fort du lac des Tintons; & après un cours d'environ foixante & dix lieues, elle se jette dans le Miffiffipi à la bande de l'oueft, auprès du haut Saint-Antoine, après avoir reçu plufieurs petites rivieres, entr'autres la riviere Verte & la riviere de Saint-Remy.

18. SAINT-PIERRE, (riviere de) dans l'Amérique feptentrionale dans la Louiliane. Elle eft petite, & prend fa fource près de celle de la riviere Saint-Jean, & fe jette dans le golfe du Mexique, à la baye d'Apalaches, à douze lieues au nord de la riviere Saint-Martin.

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19. SAINT-PIERRE & SAINT-PAUL, riviere de l'Amérique. Elle prend fa fource dans les montagnes de Chiapa, qui font avancées près de vingt lieues dans le pays, & qui portent le nom de la ville de Chiapa, qui n'en eft pas fort éloignée. Cette riviere coule d'abord affez lentement vers l'eft, où elle trouve des montagnes qui la font tourner vers le nord jusqu'à douze lieues de la mer, & enfin elle fe divife en deux branches. Celle de l'oueft fe jette dans la riviere de Tabasco, l'autre fuit fon cours jusqu'à quatre lieues de la mer, & alors elle fe divife de nouveau. La branche la plus avancée vers l'eft, fépare l'ifle des bœufs du continent, & fe décharge dans le lac des Guerriers. L'autre garde fon cours & fon nom jusqu'à ce qu'elle foit reçue dans la mer, entre l'ifle des Boeufs & celle de Tabasco. Il y a une barre à fon entrée, dont les voyageurs ne marquent point la profondeur. Ils fe contentent de dire que les bâtimens y peuvent paffer avec le fecours de la marée. Lorsqu'on eft au-delà, on trouve quinze ou feize pieds d'eau & un très-bon ancrage. Les boucaniers qui ont rencontré cette riviere, difent qu'elle eft fort large avant que de fe divifer, & que plus loin dans le pays, il y a plufieurs grandes villes indiennes bâties fur fes bords, dont la principale eft Summa Senta; qu'on y trouve auffi quantité de vaftes allées de cacaos & de plantains, & que le pays eft extrêmement fertile. La terre inculte eft chargée d'arbres fort hauts, principalement de ceux qui portent le chou & le coton. On y voit même des bocages entiers de ces premiers arbres; & dans quelques endroits, fur-tout à une médiocre diftance du bord de la riviere, il y a des grandes favanas remplies de bœufs, de chevaux & autres bêtes, entre lesquelles la vache montagnarde eft fort remarquable. Elle eft de la groffeur d'un taureau de deux ans, & reffemble à une vache par le corps; mais la tête eft beaucoup plus groffe, plus ramaffée, plus ronde, & n'a point de cornes. Son mufle eft court, & les yeux ronds, pleins, & d'une grandeur extraordinaire. Elle a de groffes babines, mais moins épaiffes qu'une vache commune. Ses oreilles font larges à proportion de fa tête : fa queue eft

થી

allez longue, peu garnie de poil & fans toufe au bout. Elle a le corps tout couvert d'un gros poil clair-femé, & fa peau eft à peu près de l'épaiffeur de deux pouces : fon cou eft épais & court, & fes jambes font aufli fort courtes. Cette vache montagnarde a une chair rouge, dont le grain eft fort menu. Sa graiffe eft blanche,& le tout ensemble eft un manger fain & de bon goût. Il y en a qui pefent jusqu'à fix cents livres. On trouve toujours cet animal dans le bois auprès de quelque grande riviere. Il fe nourrit d'une forte d'herbe ou mouffe longue & déliée, qui croît au bord des rivieres; mais il ne paît jamais dans les favanas, ni dans les pâturages où il y a de bonne herbe, comme font les autres boeufs. Lorsqu'il eft raffafié, il fe couche pour dormir tout au bord de la riviere, & au moindre bruit il fe jette au fond de l'eau, quelque quantité qu'il y en ait, & il y marche comme fur un terrein fec. Il ne peut courir fort vite, auffi ne s'éloigne-t-il jamais beaucoup de la riviere, dont il fait toujours fon afyle en cas de danger. Ainfi il n'y a pas moyen de le tirer, à moins qu'on ne le trouve endormi. On voit auffi de ces vaches dans les rivieres de la baye de Honduras, & dans tout le continent, depuis cet endroit jusqu'à la riviere de Davien.

20. SAINT-PIERRE & SAINT PAUL, ville des Moluques, dans l'ifle de Ternate, entre Maleye & Nueftra Senora del Rofario. C'est une place affez forte, où il y a toujours garnison, & qui eft fournie de munitions & d'artillerie, felon Corneille. Il cite Davity, qui a écrit d'après des auteurs qui en parloient ainfi, lorsque les Portugais étoient maîtres des ifles Moluques.

21. SAINT PIERRE ou SAINT PETER, abbaye d'hommes, ordre de faint Benoît, en Suabe, dans le Brisgaw, à trois lieues au nord-eft de Fribourg. Elle a été fon

dée vers la fin 'du onzième fiécle.

22. SAINT PIERRE D'ESLONCA, abbaye d'hommes, ordre de faint Benoît, de la congrégation de Valladolid, en Espagne, dans le royaume & au diocèfe de

Léon.

1. SAINT-POL EN ARTOIS. Voyez SAINT-PAUL. 2. SAINT-POL DE LEON. Voyez LEON. SAINT-POLTEN, en latin fancti Hippolyti oppidum : quelques-uns ont dit Sampoltanum oppidum, petite ville d'Allemagne, dans la baffe Autriche, fur le ruiffeau de Drafam, qui tombe dans le Danube près de Holnbourg. Elle prend fon nom d'une églife, qui, fi l'on en croit André de Ratisbonne, dans fa chronique de Baviere, fut fondée par les comtes Albert & Ottocare de Baviere du tems de Pepin, pere de Charlemagne. Hundius, au troifiéme tome de fa métropole de Saltzbourg, nomme les fondateurs de cette églife Albert & Ottogerion, comtes de Warngew & de Tegernsée. Si cela eft, il faut que la ville ait été bâtie bien long tems après l'églife, car ce même Hundius rapporte que l'empereur Rodolphe I premit en 1276 à l'évêque de Paffau d'entourer de foflé & de murailles à fa volonté, fes villages de Saint-Polten, d'Everding & d'Ambftetten. Cette ville eft à trois milles du Danube, & à fix de Vienne. Elle appartient à l'évêque de Paffau.

SAINT POLYCARPE, abbaye de France, au diocèfe de Narbonne, du côté de Carcaffonne. Elle eft d'hommes, de l'ordre de faint Benoît. Sa fituation eft dans un fond environné de montagnes. On prétend conferver dans ce monaftère un bras du grand faint Polycarpe, évêque de Smyrne, & martyr.

1. SAINT PONS DE GEMENOS, abbaye de France, en Provence, proche de la ville d'Aubagne. Elle eft de l'ordre de cîteaux, & occupée par des religieufes. Le monaftère d'Almanarre, & celui de Notre-Dame du mont Sion, en font iffus. Un évêque de Marfeille, avec le chapitre de cette ville, en jetterent les premiers fondemens, & donnerent à Garfende, fon abbeffe, plufieurs fonds entre autres la maifon de faint Pons, appartenances & dépendances, avec l'église paroiffiale de faint Martin de Gecnini. Pierre, roi d'Aragon, fut auffi un de fes bienfaicteurs. Ce fut l'an 1 207, que Sacriftana, dame de très-haute naissance, donna aux religieufes de faint Pons le lieu appellé Mologèfe, pour y bâtir un couvent qui a été ensuite réuni à fainte Croix d'Apt vers l'an 1220. On prit une partie des religieufes de faint Pons pour fonder le monastère d'Almanarre, fous le titre de faint Pierre. Il fut enfuite transféré à Hierres. L'an 1242, une autre colonie de faint

Pons fervit à fonder le monaftère du mont Sion ; & l'an 1358, les religieufes de faint Sauveur fe retirerent à Marfeille.

2. SAINT-PONS, petite ville de France, dans le bas Languedoc, quartier de Narbonne. Elle eft fituée dans un vallon entouré de hautes montagnes, très - fécondes en carrieres & en beaux marbres, ce qui lui a fait prendre le nom de Saint-Pons de Tomieres, du mot grec Tomos, inftrument de fer avec lequel on coupe & on taille, quod in Tomeriarum territorio marmora exscindantur: la petite riviere de Jaur paffe par le milieu, & il s'y fait une confommation de laine affez considérable; mais il n'y a qu'une juftice ordinaire, appartenante à l'évêque, qui en eft le feul feigneur. Cette ville n'étoit autrefois qu'une abbaye de l'ordre de faint Benoît, connue fous le nom de monafterium Tomorienfe, fondée en 936, fous le regne de Louis d'Outremer, par Ponfe I, comte de Toulouse, & par Garfinde fa femnie, afin qu'ils puffent, comme dit l'acte de la fondation, evadere gehenna incendii flammas & panas & infernorum clauftra. Orgarius avoit été pour lors élu abbé de ce fameux monastère par plufieurs évêques, & par les religieux, compofés de ceux que Pons avoir fait venir de Auriliaco beati Gerardi cœnobio, qui eft le monastère de faint Gérard d'Aurillac. La réputation de cette abbaye devint fi grande, qu'en 1093, Sanche, roi d'Aragon, calore fancti Spiritus fuccenfus, y offrit Ramire, fon troifiéme fils, ea devotione & fide qua obtulit Abraham filium fuum Ifaac Deo, fuivant l'acte de donation en faveur de l'abbaye de plufieurs droits & propriétés, fituées principalement dans le terroir de Huesca. C'eft ce Ramire, qui après avoir été religieux profès un peu plus de quatre ans, fut tiré de l'abbaye avec dispenfe du pape Anaclet, pour fuccéder au royaume en 1134, à caufe de la mort de Pierre & d'Alphonfe fes freres, décédés fans enfans. Quoiqu'il fut pretre, il lui fut permis par cette dispenfe de fe marier, & il époufa Agnès, fœur de Guillaume, duc de Guienne. Les auteurs Espagnols l'appellent El Rey, dom Ramire, El Monje ou El Frayle. Plufieurs ont cru que cette abbaye, qui porte le nom de Saint-Pons de Tomieres, à caufe de Pons fon fondateur, d'où la ville de Saint-Pons eft appellée quelquefois Pontiopolis, devoit sa fondation à un Raimond comte de Toulouse; & cela eft vrai, parce que Pons affectoit quelquefois de prendre le nom de Raimond, & quelquefois tous les deux enfemble: Ego Raimundus qui & Pontius, dit-il dans un acte qu'il fit au fujet de cette fondation. L'abbaye de faint Pons fut érigée en évêché en 1318, par le pape Jean XXII. La cathédrale eft dédiée fous l'invocation de S.Pons. Le chapitre eft compofé de trois archidiacres, d'un facristain, d'un précenteur, & de feize chanoines, qui furent fécularifés en 1611 par Paul V. Le diocèse n'a que quarante paroiffes. Il eft fitué entre ceux de Caftres. d'Albi, de Narbonne & de Befiers; & fes places font Creffonne, Ferrals, Saint-Chignan de la Corne, Siran, Menerbe, Château-Anglès, Châtellenie Royale; la Salvetat, où fe fait le meilleur beurre du Languedoc; Olargues, Baronie & Crufi. Ramire, qui avoit pris l'habit dans cette abbaye, & qui en fut tiré pour regner, y retourna enfuite, & y mourut. Selon Longuerue, Saint-Pons eft dans l'ancien territoire de Narbonne, & a été de ce diocèfe jusqu'au pontificat de Jean XXII, qui, en l'érigeant en évêché, le foumit à la métropole de Narbonne, dont il avoit été diftrait pour la jurisdiction épiscopale.

SAINT-POURÇAIN, en latin Caftrum fancti Portiani Mirandenfis, ville de France, dans la baffe Auvergne, au diocèfe de Clermont. Cette ville a dix-huit cents habitans. Elle eft fituée au bord de la Sioule, entre Moulins & Clermont, aux dernieres extrémités de la baffe Auvergne, presque enclavée dans le Bourbonnois. Elle doit fon origine à une ancienne abbaye de l'ordre de faint Benoît, dont elle a pris fon nom. Le titre de cette abbaye a été fupprimé il y a plus de huit cents ans ; ce n'eft plus à préfent qu'un prieuré, dépendant de Tournus : il eft occupé par des peres de la miffion, qui en font feigneurs. Son commerce confifte en vins. L'abbaye étoit connue dès avant faint Grégoire de Tours. On veut que l'églife en ait été bâtie par Charlemagne. On croit que les fépultures qu'on y voit font des princes & des princeffes de la famille de cet empereur. Il y a, outre le prieuré, une églife paroiffiale, dédiée à faint Georges; un couvent de cordeliers, un de bénédictins réformés, u de bénédictines non réformées, & un hôpital. On voit

dans l'églife de faint Georges un ecce homo d'une feule pier re, que les curieux regardent comme un chef-d'œuvre de fculpture. On croit que c'eft la patrie de la maifon de Se

guier.

SAINT-POURQUIER, bois de France, dans le Languedoc. Il eft de la maîtrise de Touloufe, & a treize cents vingt-huit arpens & demi.

SAINT-PRIEST, en latin Caftrum fancti Prajecti, petite ville de France, dans le Forez, au diocèfe de Lyon. Cette ville a trois cents quatre habitans. Elle eft chef-lieu de la feconde baronnie du Forez. Cette baronnie vaut quatre à cinq mille livres de revenu fixe, & autant de cafuel. Elle contient quatre paroiffes, du nombre desquelles eft la ville de Saint-Etienne. Elle appartient préfentement à la maifon de Chalus originaire du Languedoc.

1. SAINT PRIX, abbaye de France, en Picardie, au diocèfe de Noyon: ce font des bénédictins non réformés.

2. SAINT - PRIX, village de France, dans l'Ifle de France, élection de Paris. Il y a une églife paroiffiale fous l'invocation de faint Prix, envers lequel le peuple des environs a beaucoup de dévotion : il y a deux prieurés, dont l'un fe nomme le Bois Saint Pere.

SAINT PRUDENCE DE RIOSECO, abbaye d'hommes, ordre de cîteaux, de la congrégation de Leon, en Espagne, dans la vieille Caftille, au diocèfe de Burgos.

1. SAINT-QUENTIN, ville de France, en Picardie, capitale du Vermandois, au diocèfe de Noyon, de l'intendance d'Amiens, & du parlement de Paris. On la nomme en latin Quintopolis,& Augufta Veromanduorum. Ce dernier nom eft celui de l'ancienne capitale du peuple Veromandui, de laquelle, felon la tradition du pays & l'opinion de beaucoup de favans, Saint-Quentin occupe aujourd'hui la place; mais cette opinion, quoiqu'appuyée des fuffrages d'Hadrien Valois & de l'abbé de Longuerue, paroît fi peu fondée, qu'il eft bien difficile de ne pas fe ranger à l'avis de Clavier & de Sanfom, qui veulent que le bourg de Vermand foit le refte de l'ancienne Augufta Veromanduorum. Voyez VERMAND. Les habitans d'Augufta, lorsque cette ville fut faccagée en 531 par les Barbares, & que leur évêque, faint Médard, fe fut retiré à Noyon, ville trop petite alors pour les recevoir tous, les recevoir tous, fe retirerent dans un autre licu, où ils transporterent & cacherent le corps de faint Quentin. Il y bâtirent une ville, à laquelle, fans doute, ils transporterent le nom de la leur qui ne fubfiftoit plus. Comme dans la fuite on retrouva dans la nouvelle ville, le corps de faint Quentin, on lui donna le nom de ce faint martyr ; & comme on favoit qu'originairement ce faint avoit été enterré dans la ville Augufta Veromanduorum, & qu'il ne s'étoit point confervé d'actes de fa tranflation, on s'imagina que la nouvelle ville étoit cette ancienne capi

tale.

La ville de Saint-Quentin a près de dix mille habitans. Elle fe garde elle-même, & fon maieur ou maire, a le commandement des armes dans la ville. Elle a une coutume particuliere & une élection, une prévôté non reffortiflante, un bailliage, un grenier à fel une maîtrise des eaux & forêts, & une maréchauffée. Elle eft fituée fur la Somme, à fix lieues de Péronne, à cinq de Guife, & à trente de Paris. Elle paffe pour une des plus fortes places de la Picardie. Les Espagnols la prirent d'allaut en 1557, après la fatale journée de S. Laurent, où l'armée de France fut battue, & la plûpart de la nobleffe tuée ou prife: elle fut rendue deux ans après. Hors de la ville eft l'abbaye de faint Quentin en l'Ifle, où font les reliques du faint. Elle eft de l'ordre de faint Benoît, & de la congrégation de faint Maur. L'abbé jouit de trente mille livres de rente, & les religieux de huit mille. Il y a dans la ville l'abbaye de faint Prix, qui fut fondée en 940 par Albert II, comte de Vermandois. Louis XI la transfera dans Saint-Quentin, parce qu'elle fe trouvoit dans le deffein des fortifications. Elle eft auffi de l'ordre de faint Benoît: fon abbé jouit de quatre mille livres de rente. L'églife collégiale & royale de faint Quentin, qui eft une des plus belles de France, jouit des mêmes droits dont jouiffent les cathédrales pendant la vacance du fiége épiscopal. Le chapitre eft compofé de cinquante-fix chanoines. Le roi en eft le premier chanoine, & en confere les prébendes, dont le revenu eft de quinze cents livres. Il y a quatre-vingt- trois chapelains, dont quarante vivent en communauté. Il y a encore une collégiale dans la paroiffe

de fainte Perine. Elle eft de douze chanoines, qui tous ensemble ont deux mille livres. On fabrique une trèsgrande quantité de toile de batiste très-belle à Saint-Quentin, & aux environs. Le commerce qu'on en fait, monte à près de deux millions en tems de paix. Il ne roule que fur vingt-cinq marchands de cette ville. Elle eft fituée, fur une petite éminence, qui a d'un côté la riviere de Somme, & de l'autre une vallée presque toute escarpée, fi ce n'est du côté de la porte de Saint-Jean, où l'on a élevé un grand baftion, avec plufieurs demi-lunes.

2. SAINT-QUENTIN DES PREZ, village de France en Picardie, au diocèse de Beauvais. Cette paroiffe eft de cent vingt-quatre habitans. Il y a une abbaye d'hommes, de l'ordre de faint Auguftin, fondée en 1064, par Guy, évêque de Beauvais. L'abbé jouit de huit mille livres de

rente.

1. SAINT-RAMBERT, S. Regnabertus, auparavant Occiacum, ville de France, dans le Forez, au diocèse de Lyon. Cette ville eft petite. Elle eft fituée au bord de la Loire, où elle a un pont, à quatre lieues de Montbrilon, & à trois de Saint-Etienne. Il y a un chapitre, dont les prébendes font à la collation de l'abbé de l'Ifle - Barbe. Il eft compofé d'un prieur, qui a fept cents livres ; d'un facriftain, qui en a quatre cents, & de dix chanoines, qui ont en tout deux mille livres à partager entre

eux.

2. SAINT-RAMBERT DE JOUX, ville de France, dans le Bugey, ainfi nommée à caufe d'une abbaye de bénédictins, fous l'invocation de faint Rambert ou Ragnebert. Elle eft voifine d'une branche du mont Jura ou mont Joux. Piganiol de la Force, Desc. de la France, t. 3, p. 539, dit: La dévotion des peuples pour les reliques de ce faint, a donné lieu à la fondation de la ville & de l'abbaye de faint Rambert : cette derniere eft de l'ordre de faint Benoît, & de la congrégation de Clugni. La ville n'eft point fermée de murailles, & eft fituée dans un vallon, entre deux montagnes fort hautes. Elle n'a qu'une grande étendue, au milieu de laquelle paffe un ruiffeau qu'on a détourné, par le moyen d'une éclufe de la riviere d'Albarine. Il n'y a qu'une paroiffe, un collége, où il y a deux régens, & un petit hôpital, qui n'a d'autre revenu que les aumônes des particuliers. II y avoit autrefois un château au milieu des deux montagnes, qui commandoit la ville & l'abbaye, & que le maréchal de Biron fit rafer après le traité de Lyon de l'an 1601. La juftice mage & d'appel de toutes ces terres s'exerce à Saint-Rambert. La police eft exercée par un maire, deux fyndics, un procureur du roi, qui font nommés & pourvûs par fa majefté. La fondation de la ville eft d'une époque fort incertaine : on fait feulementt le monastère étoit très considérable, & que Renier, fon abbé, commença à en démembrer la feigneurie, en cédant à Amedée ou Amé Il comte de Savoie, le château de Cornillon l'an 1096, à la charge que le comte défendroit l'abbé, & lui feroit hommage des fonds qu'il inféodoit. L'abbé affocia auffi le comte à la feigneurie de Saint-Rambert. Les comtes & les ducs de Savoye ont donné de grands priviléges à cette ville. Le duc Philibert Emanuel l'érigea en marquifat en faveur de fon bâtard Amé de Savoye, qui céda au duc de Nemours ce marquifat, & ce duc en fit hommage à Henri IV roi de France, l'an 1605, lequel approuva l'inféodation d'Amé VIII, & la vente faite au duc de Nemours. L'abbé de faint Rambert a fa justice & feigneurie diftinguée de celle du marquis. L'une & l'autre juftices font du reffort du parlement de Dijon, comme le refte de la Breffe & du Bugey. La ville députe aux affemblées du Bugey: elle eft auffi le fiége d'un mandement. * Longuerue, Desc. de la France,

p. 301.

que

1. SAINT-REMY, petite ville de France, en Provence, au diocèfe d'Avignon : elle n'a que deux cents foixantecinq habitans: elle eft fituée à quatre lieues d'Arles, près de Baux, entre des étangs. On croit que c'eft l'ancienne Glanum. Son territoire eft fort abondant. Les états de la province fe font tenus fouvent en cette ville. Elle a droit de députer aux assemblées générales, qui repréfentent les états. Il y a dans cette ville une églife collégiale, fondée en 1330, par Jean XXII. Son chapitre eft compofé de douze chanoines & un curé. Ils prétendent avoir des reliques de faint Remy, archevêque de Rheims. Cette ville eft la patrie de Michel Noftradamus, & de Jean fon frere. Le roi Louis XIII a donné le domaine de cette ville au prince de Mona

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